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  • "Nos agriculteurs n'ont même pas l'élégance de mourir en silence"...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 11 février 2016 et consacrée à la crise agricole...

     


    "Nos agriculteurs n'ont même pas l'élégance de... par rtl-fr

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  • Les origines nordiques de l'Iliade et de l'Odyssée...

    Les éditions astrée viennent de publier un ouvrage de Felice Vinci intitulé Homère dans la Baltique - Les origines nordiques de l'Odyssée et de l'iliade, avec une préface d'Alain de Benoist. Ingénieur nucléaire, passionné par l’œuvre d'Homère, Felice Vinci a publié ce livre après plusieurs années de recherches, en particulier sur le terrain.

     

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    " Le livre de Felice Vinci résout une question qui a depuis longtemps intrigué les spécialistes de la période homérique : comment se fait-il que les nombreuses et précises indications géographiques données par Homère ne semblent pas du tout correspondre avec le monde méditerranéen ? S’il est impossible de reporter les aventures d’Achille et d’Ulysse sur une carte de la Méditerranée, c’est peut-être parce que celles-ci se sont déroulées bien plus au nord, dans le monde de la Baltique et de la mer du Nord...

    « Je viens de lire votre livre et je suis profondément impressionné. Vos argumentations géographiques et météorologiques sont très fortes, et je prévois que, après la période habituelle d’hésitation, les spécialistes de l’antiquité classique les accepteront » (Theo Vennemann, Université de Munich) "

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  • Jihadisme et rien-à-voirisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son site Huyghe.fr et consacré à la cécité volontaire dont font preuve les hommes du système face à l'islamisme. Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information et directeur de recherches à l'IRIS, François Bernard Huyghe vient de publier La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015).

     

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    Jihadisme et rien-à-voirisme

    "Rien à voir", "Pas d'amalgame", ces deux slogans sont devenus l'alpha et l'omega du discours officiel sur le jihadisme. On présuppose que les motivations de tueurs de janvier et novembre comme de tous leurs imitateurs obéissent à un besoin inavoué sans rapport avec le message du véritable islam. Du coup on voit des laïcs militants comme le ministre de l'intérieur qui nous expliquent en quoi consiste l' interprétation orthodoxe du Livre sacré et fassent l'exégèse.

    La religion "en soi" serait indemne de toute potentialité mortifère et d'ailleurs une pure affaire de vie privée comme le décide la laïcité républicaine ? Les jihadiste ne pourraient donc croire que le texte impose de tuer que sous l'effet d'une stupidité exceptionnelle (ils n'y comprennent rien et se laissent dicter des interprétations délirantes que par des manipulateurs qui profitent de leur solitude, de leur ressentiment, de leurs désirs inavoués, du manque d'autorité du père, ou de n'importe quelle explication qui exclue la religion). D'autres préféreront pimenter d'explications plus sociologisantes : la stigmatisation, la frustration, l'exclusion sociale qu'auraient subi ces malheureux. Les premiers ont tendance à préconiser de soigner les jihadistes, les seconds de créer un monde parfait, sans chômage ni pulsion identitaire, par exemple, où les causes structurelles du jihadisme disparaîtraient en même temps que toutes les aliénations.

    D'où une exception méthodologique surprenante : il est recommandé en sciences sociales de faire un lien entre la religion des gens et leur vote, leur sexualité ou leur pratique du capitalisme, mais pas avec la violence politique. Inversement, il est permis de mettre en rapport ladite violence jihadiste avec des pulsions sexuelles, de la solitude, du ressentiment social, des positions de classe, un imaginaire médiatique, les inégalités induites par la modernisation, mais il est tabou de soutenir qu'une des expériences anthropologiques les plus anciennes de l'humanité -se relier à des textes sacrés, mais aussi de se relier à une communauté de frères partageant le même code spirituel - puisse avoir aucun impact sérieux sur une guerre qui se dit sainte. Bref un mur conceptuel sépare religion "vraie" et politique.

    Le paradoxe n'est pas moins étonnant vu du côté adverse : les jihadistes passent leur vie à dire que ce qu'ils font résulte de l'impératif coranique et uniquement de cela, ils répètent la liste de leurs griefs historiques contre l'Occident, ils redisent que leur vision du monde ne laisse pas la moindre place pour une politique séparée de la religion, sinon comme crime. Et nous, nous leur disons que tout ce qu'ils racontent est faux, pire que c'est de l'islamophobie stigmatisante que de croire au moindre "rapport". Bref qu'ils sont débiles.
    - C'est ce que Pierre Birnbaum appelle avec drôlerie "rien-à-voirisme", et dont il fait la critique (de l'intérieur) dans sa version de gauche : être incapable de voir dans le religieux autre chose que le déguisement d'intérêts matériels (ceux des possédants qui imposent l'ordre religieux, ceux des dominés qui puisent dans leur foi une énergie révolutionnaire) mais dans tous les cas, n'y voir que des fariboles qui ne peuvent être crus que par des niais. La critique de Birnbaum est excellente et invite à renoncer à cette tradition de réduction du religieux à tout sauf le religieux' Si les acteurs agissent souvent pour des motifs qu'ils ne discernent pas eux-mêmes, ceux auxquels ils disent se soumettre ne peuvent pas être rangés dans boîte opium du peuple ou illusion idéologique sans rapport avec le débat.
    - Quant au pasdamalgamisme, il introduit une dimension stratégique : il s'agirait de faire la sourde oreille à tout ce que disent les jihadistes pour éviter de donner raison à ceux qui les écoutent pour de mauvais motifs. Puisque les islamophobes esentialisent la religion, en font une cause magique et font semblent de croire que les tueurs savent pourquoi ils tuent et que leur loi décide de leurs actes, ce doit être tout le contraire.

    L'alibi du déni s'ajoute ainsi à la pratique de la pseudo déconstruction pour suggérer un traitement psychologico-économico-pédago-médiatico n'importe quoi pour éviter de s'interroger sur les motivations explicites des jihadistes pour les remplacer par d'implicites fournies par des experts en sciences humaines. et des spécialistes de la sécurité.
    On notera que, suivant ce raisonnement, les pires des islamophobes seraient les jihadistes qui passent leur temps à affirmer que cela a à voir avec la religion (à vrai dire, ils passent leur temps à dire que tout a à voir avec la religion) et qui désirent ardemment être "amalgamés" avec leurs frères de l'Oumma.

    Mais au fait, si nous demandions leur avis aux jihadistes eux-mêmes ? Or voici que Dar al Islam, la revue en ligne de Daesh publie un dossier spécial "attentats sur la voie prophétique" (un jeu de mots presque digne de Libé) avec photo de la tour Eiffel. On y traite de la légitimité islamique des attentats de Paris (ceux passés et sans doute ceux à venir, car il y a pas mal d'effet d'annonce). Notamment lorsque la revue précise "les seules questions pertinentes concernent les prochaines cibles et dates", se moque l'incapacité de nos services de renseignement et les rodomontades de nos politiques. Ou lorsqu'elle désigne, sous une photo de manifestation du Front National, ces "idôlatres" comme une "cible de choix".

    Dar al Islam est clair : "C'est toujours la même rengaine. À chaque fois qu'une attaque a lieu contre les mécréants que ce soit au cœur de leur terre ou dans les pays des musulmans, on voit apparaître une flopée de responsables religieux, de politiques, d'analystes spécialisés et autres qui nous expliquent que "ces attentats n'ont rien à voir avec l'islam".

    Non sans contradictions remarquent les jihadistes, puisque d'une part, on demande aux musulmans "qui n'ont aucun rapport" de condamner cette barbarie tandis que les "soi-disant représentants de la communauté musulmane de France." martèlent que leur religion qui n'a rien à voir avec ces crimes et d'en préconiser une version occidentalo-compatible. Et le rédacteur de ricaner sur ces mécréants qui donnent aux vrais croyants (eux, les salafistes qui sont restés fidèles aux pieux ancêtres) Ils se vantent au contraire de la rigueur doctrinale de leur propre argumentaire, du consensus des savant. Et les pages se succèdent où l'on réclame un "débat universitaire" qui leur permettra de prouver leur légitimité de leur position avec forces références coranique' des éclaircissement sur la méthodologie, la hiérarchie des textes, le modes de preuve etc.

    On prend ces gens au sérieux quand ils tuent, on devrait aussi les prendre au sérieux quand ils écrivent.

    Par quelle aberration, en lisant ces textes, et les multiples témoignages qui montrent que les tueurs de Janvier ou de novembre se souciaient de qui il était légitime de tuer (en fait qui était "coupable") ou de leur conformité de leurs actes à la Loi, en arrive-t-on à conclure que toute cela est un bruit vain ? Qu'ils n'en croient pas un mot "en réalité" et qu'ils sont agis de façon par des mécanismes ou des appétits qui échappent totalement à leur conscience.

    Bien entendu, nous ne soutenons pas que nos actes ont uniquement les motivations que nous leur prêtons et que nos pulsions ou déterminants sociaux ne jouent pas. Il est totalement légitime en sciences sociales de chercher du non-dit, mais il est absurde de se boucher les oreilles à ce qui se dit. Donc de faire représentations , de ce en quoi en croit, le seul élément non pertinent. Il n'est pas indifférent que l'on choisisse le matérialisme historique ou la religion cao-daiste. Le choix de soumette à une loi peut dissimuler de la sublimation ou de la haine de soi, n'empêche qu'elle guide la praxis. Le dénier c'est s'imposer le handicap de rendre l'adversaire imprévisible et irrationnel, alors qu'il est tout le contraire. C'est le convaincre que c'est nous qui sommes dans le déni, l'hypocrisie et l'idéologie (aliénation qui, pour eux se confond avec le sécularisme). Prendre un air supérieur et suggérer au jihadiste de s'allonger sur le canapé du psy ou d'aller chez l'assistante sociale, pour renoncer à ces billevesées qui lui encombrent l'esprit, il se pourrait bien que ce soit cela la véritable islamophobie.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 7 février 2016)

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  • Malaise dans la démocratie...

    Les éditions Stock viennent de publier un essai de Jean-Pierre Le Goff intitulé Malaise dans la démocratie. Philosophe et sociologue, Jean-Pierre Le Goff a récemment publié La France morcelée (Folio, 2008), La gauche à l'épreuve : 1968 - 2011 (Tempus, 2011) et La fin du village (Gallimard, 2012). Il anime également le club de réflexion Politique autrement.

     

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    " Les bouleversements qui se sont produits des années 1960 à aujourd’hui et la « révolution culturelle » qui les a accompagnés ont entraîné des fractures dans les pays démocratiques révélant des conceptions contradictoires du rapport au travail, de l’éducation, de la culture et de la religion. 
    Ce livre met en lumière les postures et les faux semblants d’un conformisme individualiste qui vit à l’abri de l’épreuve du réel et de l’histoire, tout en s’affirmant comme l’incarnation de la modernité et du progrès. Il montre comment une nouvelle conception de la condition humaine s’est diffusée en douceur à travers un courant moderniste de l’éducation, du management, de l’animation festive et culturelle, tout autant que par les thérapies comportementalistes, le néo-bouddhisme et l’écologisme. Une « bulle » angélique s’est ainsi construite tandis que la violence du monde frappe à notre porte.
    Faute d’affronter ces questions, les démocraties se condamnent à demeurer aveugles sur leurs propres faiblesses internes qui les désarment face aux nouveaux désordres du monde et aux ennemis qui veulent les détruire. Camus disait : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. » Cet impératif est plus que jamais d’actualité. "

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  • Quand les élites bradent l’industrie française...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Jean-Michel Quatrepoint, cueilli sur Causeur et consacré à la responsabilité de nos "élites" dirigeantes dans le déclin de l'industrie française. Journaliste spécialiste des questions économiques et internationales, Jean-Michel Quatrepoint a récemment publié Le choc des empires: États-Unis, Chine, Allemagne : qui dominera l'économie-monde ? (Gallimard, 2014) et Alstom, scandale d'Etat (Fayard, 2015).

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    Quand les élites bradent l’industrie française

    Pour l'auteur du livre "Alstom, scandale d’Etat", nos dirigeants, politiques comme hauts fonctionnaires, ont une responsabilité majeure dans le déclin de l'industrie française. Il en veut pour preuve les cas Alstom, Vallourec ou bien encore ST Microelectronics.
     
    Eléonore de Vulpillières : Areva, Alstom, Alcatel mais aussi Vallourec ou STMicroelectronics sont en difficulté. Quels sont les points communs et les différences qui existent ?
    Jean-Michel Quatrepoint : La France avait autrefois le triple A de l’excellence industrielle avec Areva, Alstom et Alcatel. Il s’est désormais mué en un triple zéro. La partie énergie d’Alstom a été vendue à General Electric. Alcatel avait déjà été fusionnée avec le groupe américain Lucent. A l’intérieur du groupe fusionné, les Américains ont pris le pouvoir et ont appliqué leurs normes, leur façon de voir, y compris au profit de services américains. Alcatel étant devenue l’ombre d’elle-même, elle a été rachetée par Nokia. Elle était pourtant l’un des leaders mondiaux des équipements de télécommunications au début des années 1990, et même numéro un avec 13,5% de la part de marché des télécoms. Aujourd’hui, la France est sortie de ce marché.

    Areva était le géant de la filière nucléaire, aussi bien pour le traitement et l’enrichissement d’uranium, le traitement des déchets avec l’usine de La Hague, et toute la partie de construction des centrales nucléaires. Aujourd’hui, Areva est au bord de la faillite. On oblige EDF à reprendre en catastrophe une partie de ses activités, alors même que la santé d’EDF est médiocre.
    Alstom était un des quatre grands fabricants mondiaux de turbines servant à équiper les centrales. Il a été bradé à General Electric. Ce qui est commun à tous ces dossiers, c’est la faillite du management. Une génération de nos hyper diplômés a mal géré l’évolution de l’industrie. On pourra toujours évoquer la crise ou les aléas économiques. Mais la responsabilité des dirigeants et celle de l’Etat sont écrasantes.

    Tous ces cas particuliers témoignent-ils de la faillite de l’industrie française ?
    L’industrie française est, à de rares exceptions près, sur le déclin. Prenons l’exemple de Sanofi, qui a vendu Merial, la pépite vétérinaire du groupe à l’Allemand Boehringer. Désormais, la France, pays dont l’agriculture est un secteur stratégique, n’est plus en pointe sur le secteur des produits vétérinaires. Or, quand on veut conserver une grande agriculture, il faut préserver un laboratoire capable de développer et d’innover dans le secteur vétérinaire. Le nouveau PDG de Sanofi, Olivier Brandicourt, est arrivé avec un golden hello, une prime d’embauche, alors même que le groupe licencie 600 personnes et sabre dans sa recherche. Pour obéir à une vision financière et court-termiste des marchés il vend Merial pour en retirer 4,7 milliards d’euros et devenir le leader mondial du médicament sans ordonnance. Merial était la part la plus rentable du groupe : on vend ce qui rapporte et ce qui est stratégique pour l’agriculture de demain, et ce, dans le seul but de financer un plan de rachat d’actions. BlackRock, patron du plus gros gestionnaire d’actifs au monde a dénoncé cette vision court-termiste de la gouvernance d’entreprise. Les plans de rachat d’actions sont une aberration industrielle. C’est une destruction de valeur et de capital : le « capitalisme autophage ». Quand on a du cash, on investit.

    Dans votre livre, Alstom, scandale d’Etat, vous dénonciez la cession de la branche énergie d’Alstom à General Electric. Un plan de licenciements massifs est en préparation. Que pensez-vous de l’évolution du dossier ?
    Sur le dossier Alstom, j’ai rarement vu des gens mentir avec autant d’effronterie. M. Immelt avait promis la création de 1 000 emplois industriels en trois ans. Le 24 septembre 2015, à Belfort, il avait même parlé de 1 500 emplois. C’était la contrepartie pour obtenir la garantie de la Coface pour des contrats en Arabie saoudite et au Brésil. Une fois la fusion entérinée le 2 novembre 2015, on a annoncé un plan de suppression de 6 500 emplois en Europe, soit 20% des effectifs d’Alstom-Energie. Nos autorités se gargarisent en estimant que nous sommes moins touchés que les autres, avec une suppression de 831 postes en France. Nos amis allemands, dont deux usines sont très touchées, apprécieront ce relativisme… On nous avait expliqué que l’alliance avec Siemens serait un bain de sang social. Or, le bain de sang social il est avec GE.

    Les emplois supprimés ne concernent pas seulement les fonctions support (200 seulement) mais des emplois industriels dans la partie nucléaire et les installations de Massy et Levallois. En fait Immelt s’est engagé auprès de ses actionnaires et des marchés à atteindre un taux de retour sur investissement de 16% (ce qui est très élevé). Pour atteindre ce pourcentage, il faut faire 3 milliards de synergies. En fait 3 milliards d’économies. D’où les licenciements. D’où également le rabais de 300 millions sur le prix de vente, consenti subrepticement cet été par Patrick Kron. Quant aux promesses des emplois créés, elles n’ont engagé que ceux qui voulaient y croire. Le temps passe et les promesses s’oublient. GE ne respectera pas ses engagements de création d’emploi. Il n’y aura plus de garant français de cette promesse. Mme Gaymard vient d’être remerciée de son poste de directrice de GE France, après avoir bien servi les intérêts du groupe américain. Patrick Kron est parti avec armes et bonus. Tout comme Grégoire Poux-Guillaume, qui avait initié la négociation avec GE parti en novembre pour prendre la direction de Sulzer. On dénonce souvent le discours anti-élites qui ferait le jeu des populismes. Mais quand les élites se comportent de cette façon, difficile de ne pas les dénigrer !

    Comment s’articule cette double responsabilité – que vous imputez aux dirigeants des grands groupes et à l’Etat – du déclin de l’industrie française ?
    M. Kron a fourgué Alstom à GE. M. Tchuruk a d’abord fourgué Alcatel à Lucent, puis ses successeurs ont laissé un Alcatel moribond être repris par Nokia. Quant à Areva, Mme Lauvergeon a fragilisé son entreprise ; les autres patrons de la filière énergétique, Alstom et EDF, n’ont pas su coopérer avec elle. Les querelles d’ego de cet establishment français ont coûté cher au pays.

    Le cas de Vallourec est également significatif. Son PDG, Philippe Crouzet, énarque, n’a pas su anticiper les évolutions du marché, n’a pas pris les bonnes décisions au bon moment, a minimisé l’ampleur des bouleversements apportés par les gaz de schiste. Il se tourne alors vers l’Etat pour renflouer l’entreprise. En toute logique, avec un tel bilan, l’Etat aurait dû exiger son départ, avant de mettre la main à la poche. Il n’en a rien été. Il a été reconduit à la tête du directoire. Serait-ce parce qu’il est le mari de Sylvie Hubac (ENA promotion Voltaire) qui fut trois ans directrice du cabinet de François Hollande ?

    Il n y a pas que Vallourec, mais aussi ST Microelectronics qui connaît de grandes difficultés !
    STMicroelectronics est une société franco-italienne créée en 1987 qui fabrique des composants électroniques. L’entreprise a reçu beaucoup d’argent public, semble-t-il mal employé. Elle est aujourd’hui en grande difficulté. Son patron, Carlo Bezotti a pris de mauvaises décisions mais les deux Etats actionnaires (à 13,5 %chacun) n’ont pas joué leur rôle de garant des intérêts collectifs, et de stratège. Sans doute parce qu’en France, les mentalités de la haute fonction publique ont évolué. Il y a toujours autant d’énarques. Ils sont toujours arrogants mais, hier, ils étaient un peu plus compétents. Et surtout il y avait dans les autres ministères des hauts fonctionnaires, des techniciens qui savaient ce qu’était une industrie, qui connaissaient les filières, les produits. Depuis que le ministère de l’Industrie a été absorbé par Bercy, l’Etat s’est transformé en banquier d’affaires avec une vision purement financière des entreprises. En outre l’Etat n’a plus les moyens d’anticiper. Il n’agit plus qu’en pompier avec une approche comptable et politicienne de l’industrie.
    La direction de ST Micro va supprimer sa division DPG qui fabriquait des puces. Plus de 1 500 licenciements dont près de 500 en France et l’usine Crooles II de Grenoble est menacée. L’ancien maire socialiste de Grenoble, Michel Destot, ainsi qu’une partie des élus locaux s’en étaient inquiétés auprès de François Hollande qui leur avait répondu… que le dossier resterait suspendu jusqu’aux régionales. Celles-ci passées… on ferme et Bercy a refusé d’examiner des solutions alternatives pour préserver l’activité de cette division qui est pourtant hautement stratégique. Altis avait pourtant proposé de reprendre une partie des activités menacées pour créer un pôle de composants souverains.

    L’indépendance de la France se joue-t-elle aussi sur le plan industriel ?
    Nous sommes de plus en plus dépendants en matière de composants électroniques dits de souveraineté. A chaque fois que nous vendons un Rafale à l’exportation, nous sommes obligés d’envoyer une délégation aux services de défense américains pour obtenir l’autorisation. Il y a en effet quelques composants du Rafale fabriqués par les Américains. Ils se sont arrogé le pouvoir de délivrer ou non cette autorisation, au nom des normes ITAR. Ainsi, ils ont bloqué l’exportation de satellites français à la Chine. Il serait impératif que la France reconstitue une capacité de fabrication des composants de souveraineté, notamment ceux qui équipent nos systèmes d’armements. On pouvait le faire à partir de STM. Le ministère de la Défense y était favorable. Mais comme Bercy a refusé d’étudier le dossier, rien n’a été fait.
    Cette nouvelle génération de hauts fonctionnaires et d’énarques ne s’intéresse pas à la politique industrielle. Ils n’ont aucune idée de la notion d’intérêt national. Ils ont été biberonnés au lait de l’atlantisme. Pourquoi vouloir l’indépendance en matière de haute technologie ? Autant s’en remettre aux Américains…

    Dans une interview du 3 février au Figaro, le ministre de l’Economie a pourtant plaidé pour un Etat stratège… 
    Emmanuel Macron définit l’Etat comme ne devant être ni « un actionnaire imprévisible et arbitraire, ni un actionnaire interventionniste et brutal, ni un actionnaire complaisant dont le rôle se bornerait à nommer des copains à la tête des entreprises. » Mais que ne l’a-t-il fait quand il s’est agit de reconduire Philippe Crouzet à la tête de Vallourec… Que ne l’a t-il fait sur le dossier Alstom ? Que ne le fait-il sur le dossier ST Microelectronics ? Vanter les mérites du numérique et des start-ups est bien. Faire en sorte que nos savoir-faire, nos brevets, nos hommes, qui ont permis à notre pays d’être leader dans bien des technologies, ne soient pas bradés, serait encore mieux.
    Toutes ces erreurs de management, cette absence de vision stratégique par l’Etat se sont traduits par des centaines de milliers de suppressions d’emplois qualifiés, par des déficits commerciaux abyssaux, par une perte de substance de notre pays.
    S’imaginer que l’on va s’en sortir et résorber le chômage de masse grâce aux emplois aidés, au tourisme (en recul avec les attentats) et aux services aux personnes est une vue de l’esprit. A moins que ces élites n’aient intériorisé notre déclin.

    Jean-Michel Quatrepoint, propos recueillis par Eléonore de Vulpillières (Causeur, 9 février 2016)

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  • La Hache des steppes...

    Les éditions Via Romana viennent de rééditer le magnifique recueil de nouvelles de Jean Raspail intitulé La Hache des steppes, qui avait été publié initialement en 1974. Aventurier, journaliste et romancier, Jean Raspail a notamment écrit Le Camp des Saints, grand roman visionnaire, mais aussi Le tam-tam de Jonathan, Septentrion, Sire, Sept cavaliers et de nombreuses autres œuvres dont la richesse ne doit pas masquer la profonde unité.

     

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    " « Dans le trésor emblématique de Jean Raspail figure une hache de pierre noire qui venait du fond des temps, du fond des steppes.
       Gage de vie, gage de mort, la possession de la hache noire conduit jusqu'à nous, par miracle, des peuples perdus et des minorités oubliées, rescapés de temps révolus. Parfois, il ne s'agit plus que de leur souvenir, recueilli comme un dernier souffle, lien impalpable entre morts et vivants. Aïnos blancs du Japon, Ghiliaks de Sakhaline, Catholiques des catacombes du Kyu Shiu, Urus demi-dieux des Andes, Wisigoths du Languedoc, Caraïbes, Taïnos et Lucayens des Antilles, Guanaquis d'Amazone, descendants de hussards de Napoléon réfugiés dans la grande forêt russe, Huns survivants des Champs Catalauniques… Peuples d'ombres que Jean Raspail évoque après vingt-cinq années passées à suivre leurs pistes effacées.
       À la fois grave et stimulant, La Hache des steppes réveille en nous des échos profonds. Les hommes perdus qu'il évoque, ce sont nos frères, c'est nous-mêmes – venus du fond des temps, du fond des steppes, serrant dans notre main la hache immortelle. »
       Ce texte figure, au même emplacement, dans la première et unique édition publiée chez Robert Laffont en 1974 et devenue, par la suite, introuvable.
       Il nous semble aujourd’hui que La Hache des steppes, paru un an à peine après Le Camp des Saints (1973), en est, au final, le début et la conclusion, et l’auteur lui-même en convient. Tout l’univers de Jean Raspail y est concentré, ces minorités qui disparaissent, ces précieux modes de vie qui s’éteignent, avec, pour clore le cortège, notre vieille Europe à son tour menacée… "

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