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  • Halal à tous les étals...

    Nous vous signalons la parution de Halal à tous les étals, une enquête de Michel Turin consacré à l'abattage halal. Journaliste, Michel Turin a oeuvré pendant dix ans aux Echos et est l'auteur de plusieurs essais dont Profession escroc (François Bourin, 2010).

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    "Ce qui se passe dans les abattoirs est un des derniers tabous de notre société. L’insoutenable y est la norme, et l’intérêt bien compris de la filière viande est de cacher ce sang que nous ne saurions voir. Ce tabou en recouvre un autre, plus strict encore : celui des abattages rituels musulman et juif, qui sont censés être strictement codifiés, encadrés et contrôlés. Par dérogation, la loi autorise dans ces cas un égorgement des animaux sans qu’ils soient étourdis au préalable, comme c’est la règle pour l’abattage « traditionnel ». Cela induit de grandes souffrances, surtout quand l’abattage est opéré par des sacrificateurs sans formation. 
       Saviez-vous que dans les faits c’est plutôt la règle que l’exception, comme l’est d’ailleurs l’abattage rituel lui-même ? Ainsi nous mangeons tous halal ou cacher sans le savoir, et l’émoi suscité par cette révélation pendant la campagne présidentielle de 2012 n’y changera rien, car c’est toute la filière viande qui, par commodité ou simplement pour survivre, s’est « convertie » au tout-rituel. 
       Ce qui n’empêche pas les consommateurs musulmans de se voir souvent proposer des produits qui n’ont de halal que le nom, car l’absence de toute norme officielle ou autorité reconnue comme légitime favorise la prolifération de certifications frauduleuses, opportunistes, ou simplement bâclées, ce dont toute la filière semble s’accommoder. C’est que des intérêts financiers majeurs sont en jeu… 
       Le statu quo risque donc de durer. Ce sont les consommateurs de toutes croyances ou sans croyance qui en font les frais, mais aussi et surtout les animaux d’abattoir, qui continuent à mourir, toujours plus nombreux, dans d’atroces souffrances. 
       Une partie de la classe politique s’est emparée du halal et en a fait un thème de campagne en 2012. Mais la question, qui déchaîne les passions, mérite plus et mieux : une véritable enquête, sans oeillères, préjugés ni arrière-pensées sur « l’extension du domaine du halal » qui affecte nos vies de façon parfois inattendue. La voici."

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  • Une « guerre contre le terrorisme », version François Hollande ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue très clair de Jean-Dominique Merchet, cueilli sur Marianne et consacré à la volonté du gouvernement français de criminaliser, sans le nommer pour ce qu'il est, l'ennemi qu'il a choisi, au demeurant légitimement, de combattre. Néo-conservatisme, quand tu nous tiens...

    Jean-Dominique Merchet, journaliste à Marianne, est, par ailleurs, l'animateur de l'excellent blog Secret défense.

     

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    La « guerre contre le terrorisme », version François Hollande

    Au Mali, nous voilà donc en guerre contre les « terroristes » : c’est en tout cas ainsi que le chef de l’Etat désigne nos ennemis, ceux que les hélicoptères et les avions français attaquent. Mieux, ce sont des « terroristes criminels », martèle le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius.

    Au Mali, nous voilà donc en guerre contre les « terroristes » : c’est en tout cas ainsi que le chef de l’Etat  désigne nos ennemis, ceux que les hélicoptères et les avions français attaquent. Mieux, ce sont des « terroristes criminels », martèle le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius. 
     
    Dans les conflits contemporains, la manière de nommer son ennemi en dit long On se souvient de la « guerre contre le terrorisme », la Global War On Terror de George W. Bush, au lendemain du 11 septembre. Barack Obama abandonna ses mots, sans pour autant se monter faible. A-t-il eu tort ?
     
    Désigner notre ennemi comme « terroriste » présente un avantage : il évite de le définir plus précisément ! Or, qui sont les hommes que nous combattons au Sahel ? Des islamistes radicaux, des djihadistes, majoritairement d’origine arabe et touareg. Mais les « éléments de langage » des dirigeants français évitent avec le plus grand soin de le dire : les mots « islamistes » ou « djihadistes » ne sont pas employés. Comme si, par souci de ne pas « stigmatiser » les musulmans, il ne fallait surtout pas utiliser de mots trop « connotés » ! 
     
    C’est assez ridicule et potentiellement dangereux. Assez ridicule, car nos ennemis ne se battent pas au nom du « terrorisme », mais bien d’une vision de l’Islam – une vision contestée par nombre de musulmans. Les djihadistes sont une minorité dangereuse mais numériquement faible. Faisons l’effort de les écouter, de les comprendre, ne serait-ce que pour mieux les combattre !  
     
    Le terrorisme n’est pas une idéologie, c’est une méthode, une technique d’usage de la violence. Qui n’a pas été terroriste ? Yasser Arafat ne fut-il pas un terroriste, comme le furent les chefs de l’Irgoun en Israël ? Les indépendantistes irlandais ? Et les résistants français,  aux yeux de Vichy et de l’occupant allemand ?  Notre histoire devrait nous inciter à une certaine prudence de langage.
     
    Car, en l’occurrence, depuis la semaine dernière, nous n’avons pas à faire à des terroristes, mais à des combattants réguliers. Des « maquisards », des « guérilleros », comme on disait en d’autre temps et d’autres lieux.  Au Mali, ils ne commettent pas d’attentats et ne conduisent pas des opérations clandestines. Ils se battent à découvert, à la loyale, avec leurs colonnes de 4X4 très bien armés et, semble-t-il, bien commandés. Nous avons à faire à des soldats  – qui, certes, propagent une  vision du monde que nous rejetons, mais à des soldats quand même.
     
    Certes, les combattants djihadistes que nos forces affrontent ne sont pas des enfants de chœur. Ils sont, pour une part, liés à Al-Qaïda et n’hésitent pas à tuer, à prendre des otages, voire à commettre des attentats – s’ils en avaient les moyens. Mais par plus d’un trait, ils ressemblent aux Talibans afghans : ce sont des fanatiques, mais ils ne sont pas étrangers dans leur pays.  Ainsi, leur chef, Iyad ad Ghali, est chez lui là où il combat : c’est un touareg malien, pas un combattant internationaliste venu du Moyen-Orient ou d’une banlieue française.
     
    Les qualifier de « terroristes criminels », c’est, au fond, emprunter à la rhétorique du discours néo-conservateur. Les guerres d’aujourd’hui sont toutes marquées par le « criminalisation » de l’ennemi. Les opérations militaires finissent par devenir des opérations policières contre des « hors la loi », contre des gens qui violent la morale commune.  La guerre n’est plus la continuation de la politique par d’autres moyens, elle est devenue la poursuite de la Justice par d’autres moyens. Or, on le voit en Irak, en Afghanistan et désormais au Mali, il ne peut y avoir de solutions durables que politiques – qui passent, à un moment, par la discussion avec l’ennemi. Mais peut-on discuter avec des « terroristes criminels » ?
     
    Jean-Dominique Merchet (Marianne, 14 janvier 2013)
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  • La France orange mécanique...

    Les éditions Ring publient cette semaine La France orange mécanique, un document percutant de Laurent Obertone, qui bénéficie d'une préface de Xavier Raufer. Journaliste à la plume acérée, Laurent Obertone est un des chroniqueurs habituels du site Ring.

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    "Nul n'est censé ignorer la réalité : ces derniers jours, un charmant individu, que nous nommerons Vladimir, a ramassé 30 ans pour le meurtre de sa compagne. Période de sureté de 22 ans, soit un an le coup de marteau. Ledit Vladimir, quelques semaines plus tôt, était jugé dans le cadre de la désormais célèbre « affaire des tournantes », où la justice a expliqué aux françaises, sans trembler, qu'on pouvait être un violeur en réunion et s'en tirer avec du sursis. Sur 14 prévenus, Vladimir était l'heureux élu, le seul à prendre de la prison ferme. Un an. Pendant ce temps-là, une dame âgée de cent ans a été poussée au sol et gravement blessée par « plusieurs personnes ». Une montre et un collier, ça valait le coup. Pendant ce temps là, une jeune femme qui refusait d'enlever sa burqa, qui a agressé des policiers, qui n'a pas pris d'avocat, qui a boudé son audience, a été condamnée à 6 mois de sursis et 100 euros d'amende. Si vous êtes flashé à 51km/h dans un village, sans burqa ni contestation, vous vous en tirez pour 10 euros de moins. Les policiers seront ravis d'apprendre que leur agression vaut 10 euros, TTC. Neuf fois moins qu'un km/h de trop. Pendant ce temps-là, on apprend que Christine Taubira, Ministre de la Justice, veut « rompre avec le tout-carcéral », qui n'existait pas sous Nicolas Sarkozy. Pendant ce temps-là, dans notre société de confiance et de civisme, on apprend que les barquettes de viande vendues dans un supermarché de Lille sont protégées par des antivols. Pendant ce temps-là, un policier de la BAC a été lynché dans une « cité sensible » de Montpellier. Pendant ce temps-là, un Toulousain a eu l'idée pas très vivre-ensemble de klaxonner derrière un véhicule qui bloquait la chaussée d'un « quartier populaire ». Vigilants, vingt riverains lui ont administré une correction citoyenne, à coups de chaises et de tessons de bouteilles. Alors, pourquoi ce livre ?

    Car aujourd'hui, un simple regard peut tuer."

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  • Descendants d'esclaves ou de maîtres d'esclaves ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue particulièrement réjouissant de Jean-Yves Le Gallou, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la question des demandes en réparation formulées par de pseudo-descendants d'esclaves pour les préjudices subies par leurs lointains ancêtres... Quelques vérités qu'on a plaisir à lire !

     

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    Descendants d'esclaves ou de maîtres d'esclaves ?

    À grand renfort de publicité médiatique, une Française d’origine guadeloupéenne, Rosita Destival, vient d’assigner l’État pour « crime contre l’humanité » en tant que « descendante d’esclave ».

    Le site Negro news nous apprend que sa « généalogie est incontestable » et que le CRAN — Conseil représentatif des associations noires — la soutient.

    Voilà une plainte bien dans l’air du temps. Les oligarchies médiatiques et judiciaires raffolent de ces histoires en noir et blanc. Où les Blancs sont noircis. Et les Noirs blanchis. Les premiers parce qu’ils seraient coupables, forcément coupables, du « racisme » et de l’esclavage. Les seconds parce qu’ils en seraient victimes.

    Au nom de ce principe, il devient possible de faire payer les uns pour les autres. Ainsi, si l’État français était condamné, je devrais payer, en tant que contribuable, des « réparations » à Madame Destival et à ses « Brothers », ses frères et sœurs de race.

    Je ne suis pas d’accord ! Car j’ai regardé ma généalogie. J’y ai trouvé des Bretons (de l’Argoat, l’intérieur des terres), des Bourguignons, des Italiens des Apennins : nulle trace de maître ou de commerçant d’esclave. Et d’ailleurs, mes ancêtres ont dû attendre les années 1960 et les Trente Glorieuses pour connaître un début d’aisance. L’immense majorité des Français sont dans ce cas : ils n’ont pas à payer des réparations imaginaires pour des crimes hypothétiques que leurs ancêtres n’ont pas commis.

    D’autant que ceux qui réclament des « réparations » ne sont pas blanc-bleu. Le CRAN prétend parler au nom des Antillais qui sont, pour la plupart d’entre eux, des métis. Tout comme à l’évidence le sont les présidents successifs du CRAN, Patrick Lozès et Louis-Georges Tin. En tant que mulâtres, ils sont issus à l’origine de l’union d’un parent blanc et d’un parent noir. Le plus souvent d’un maître blanc (ou de son fils) lutinant une jeune esclave noire plus ou moins consentante. On ne peut aujourd’hui que condamner de telles strausskhaneries. Mais les faits sont là ! Ceux qui réclament bruyamment des dédommagements moraux et financiers sont peut–être des descendants d’esclaves mais aussi des descendants de… maîtres d’esclaves. Et parfois d’ailleurs des descendants de commerçants d’esclave : car s’il y eut du commerce triangulaire, c’est bien parce qu’on trouvait sur les côtes d’Afrique des Africains qui vendaient d’autres Africains !

    Il n’y a donc aucune raison de faire aujourd’hui payer de toutes ces choses des Français de souche dont les ancêtres sont parfaitement innocents et qui n’en ont en rien profité, à l’exception peut-être de quelques riches familles de Bordeaux, Nantes ou Le Havre.

    Allons plus loin :

    Toutes les civilisations ont pratiqué l’esclavage.

    Seuls les Européens l’ont aboli.

    Soyons fiers de notre passé.

    Balayons les délires de la repentance et les simagrées mémorielles !


    Jean-Yves Le Gallou (Boulevard Voltaire, 11 janvier 2013)


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  • Un nouveau culte du corps ?...

    Les éditons François Bourin publient cette semaine Le nouveau culte du corps - Dans les pas de Nietzsche, un essai de Yannis Constantinidès. Philosophe, Yannis Constantinidès a déjà publié plusieurs livres consacré au philosophe de Sils-Maria dont une anthologie Nietzsche, textes essentiels (Hachette, 2001) et Nietzsche l’Éveillé (Ollendorff & Desseins, 2009).

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    "Il s’est passé quelque chose avec notre corps dont nous n’avons pas encore pris toute la mesure. Il était le « tombeau de l’âme » pour Socrate, la source du péché pour les chrétiens, ce dont il fallait apprendre à se détacher parce qu’il nous voue à la souffrance, à la maladie et à la mort.
    Ayant gagné quarante ans d’espérance de vie en un siècle, nous voyons au contraire dans le corps le lieu de notre salut. Il n’est plus notre ennemi, mais notre double : nous l’écoutons, nous le consultons, nous demandons à la science et aux technologies, mais aussi au droit et à la politique, de l’entretenir et de le protéger, au sport d’augmenter sa puissance, à la mode de l’embellir, au cinéma de le glorifier… Notre époque aurait-elle accompli la « divinisation du corps » que Nietzsche appelait de ses voeux ?
    Cet essai intempestif, nourri d’une très intime fréquentation de l’oeuvre nietzschéenne et portant un regard aiguisé sur les transformations de notre sensibilité, soutient que le corps est bien plutôt devenu une nouvelle idole, un fétiche idéalisé en regard duquel notre corps réel, fini, souffrant, multiple et obscur, se sent toujours en défaut, inaccompli, coupable même. Reste alors à imaginer, au-delà de tout moralisme, ce que serait l’existence d’un individu qui se conformerait vraiment à la formule de Zarathoustra : Je suis corps tout entier et rien d’autre. »"

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  • Sécurité nationale : retour aux fondamentaux...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur le site du Nouvel Economiste et consacré à la nécessité d'une réaction ordonnée et forte de l'Etat face à l'explosion de la délinquance, en particulier étrangère...

     

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    Sécurité nationale : retour aux fondamentaux

    Une mise en ordre du “continuum pénal” s’impose à l’Etat, qui doit reprendre en main son appareil de sécurité

    Lors d’un début de cycle, début 2013 donc, retour aux fondamentaux, vitaux pour pouvoir bâtir sur un socle solide. En matière de sécurité, les Français vivent encore dans un Etat-nation, communauté de destins dont l’objet même est d’assurer qu’un territoire (ici, la France) vit “respecté à l’extérieur, en paix à l’intérieur”, selon la brillante formule de Raymond Aron. Telle est la mission fondamentale, la raison d’être de cette lourde et coûteuse machine. Qui ne fut pas fondée pour fixer la date des soldes ou le salaire de nuit des infirmières, mais pour que ceux qui l’entretiennent – et parfois meurent pour elle – vivent sans crainte de l’étranger, ni du chaos intérieur.

    Mondialisation, libéralisme, Union européenne : de gré ou de force, l’Etat-nation européen évolue – plutôt dans la bousculade et sous la contrainte. Mutant cahin-caha en Etat-marché, l’Etat-nation hérite ainsi d’une contrainte nouvelle et transversale, nationale et internationale à la fois : assurer la fluidité optimale des flux humains, marchands, financiers, traversant son espace.

    A cet effet, l’appareil d’Etat doit maîtriser quelques cruciales capacités : prévoir, comprendre, déceler (c’est-à-dire, en fin de compte : nommer), puis prévenir ou sanctionner (ce qui dans un Etat de droit signifie : juger). Ceci rappelé, venons-en à notre prévision criminologique, concernant la sécurité intérieure.

    Dans la France du début 2013, cette sécurité intérieure est mauvaise – et tout montre hélas qu’elle ne saurait s’améliorer bientôt, sans une profonde révision des doctrines et pratiques du présent gouvernement. Au-delà de toute chicane sur la valeur des chiffres, leur mode de collecte, etc. – même grossiers et flous, ceux-ci montrent une indéniable augmentation des violences physiques, vols et fraudes diverses. Et puisqu’on parle désormais de sécurité des flux, une explosion des vols et actes violents commis sur le réseau ferré et sur ceux des autobus.

    Cambriolages en rafale, rapines et petits braquages en série : depuis 2011, la France périurbaine et rurale est mise au pillage systématique ; même la campagne profonde n’y échappe désormais plus.

    La police, la gendarmerie sont-elles fautives ? Ont-elles démissionné ? Non. Nos forces de l’ordre sont efficaces et affûtées – preuve : l’importance des interpellations et affaires résolues. Mais à elles seules, ces forces ne suffisent pas : la sécurité intérieure d’un Etat moderne forme un continuum débutant par une décision politique et continuant par le renseignement, puis par l’action policière de terrain. Viennent ensuite la justice, et enfin, le travail social ou le pénitentiaire. Ces divers éléments sont les régiments d’une armée : leur entente, leur coordination, sont cruciaux pour gagner la bataille. Or, depuis 2012, cette armée-là est désunie, on y tire à hue et à dia – pire, on y entend parfois que tout va bien et qu’il n’y a pas lieu de se battre.
    Pourquoi ? Reprenons nos deux termes cruciaux.

    Nommer: formidable est le pouvoir la nomination : “Le nom fait faire connaissance… Nommer dévoile… Par la vertu de l’exhibition, les noms attestent leur souveraineté magistrale sur les choses” (Martin Heidegger). Or le “politiquement correct” interdit de nommer le problème ou l’adversaire. En médecine, ne pas nommer une maladie grave condamne le patient ; en stratégie, ne pas nommer la menace condamne celui qui est attaqué. Refouler toute nomination aveugle l’Etat en lui interdisant la prévision ; met en péril ceux qui le servent, les empêche in fine d’accomplir leurs missions. Car le plus vite, le plus précisément possible le fauteur de violence est nommé et désigné – donc le diagnostic fait -, le plus tôt et le plus chirurgicalement possible ce malfaiteur est interpellé, le mieux cela vaut – et c’est justement cette voie que le “politiquement correct” condamne.

    Observons maintenant la criminalité qui ravage la France : vols à la tire, explosion ; vols en bande organisée dans les résidences principales et secondaires, explosion ; vols par effraction dans les commerces, explosion. De partout, villes, syndicats de transports et de commerçants crient à la “suractivité de la délinquance roumaine et bulgare”.

    Mais là, des dirigeants politiques prosternés devant les Tartuffes médiatiques, étouffés par le politiquement correct et l’idéologie gnan-gnan-abbé-Pierre, s’interdisent de nommer, désigner, dire.

    Ils ne peuvent publiquement révéler qu’il ne s’agit en rien de “Roumains” ou de “Bulgares” en général – qui vivent en Roumanie et en Bulgarie – mais de clans nomades criminalisés issus de l’Europe du Sud-Est, dont les infractions précitées constituent la très exacte signature prédatrice. Comment conduire un appareil de l’Etat en lui désignant sa mission, ses “clients”, par des euphémismes de précieuses ridicules, ou des finasseries sémantiques ? C’est bien sûr impossible. Et voilà les forces de l’ordre déjà paralysées, avant même d’avoir pu agir.

    Juger: c’est à l’évidence la mission de la justice. Or en France, sous l’impulsion d’une garde des Sceaux enivrée de “culture de l’excuse”, la justice part en vrille. Là aussi les plaintes affluent, citons celles de la RATP : “De nombreuses affaires transmises à la justice parisienne sont restées en jachère.” Et tandis que des délinquants, voire des criminels, ressortent hilares de tribunaux impotents, la ministre nourrit le rêve pathétique de mettre à des racailles des bracelets électroniques que ceux-ci exhibent ensuite fièrement ; voire de taxer des bandits nomades, ou planqués dans des coupe-gorge où, depuis belle lurette, nul ne paie plus impôts, ni taxes, ni loyers.

    Une mise en ordre du “continuum pénal” s’impose donc à l’Etat, qui doit reprendre en main son appareil de sécurité. Contraindre aussi la DCRI à s’intéresser aux vraies menaces, non aux lubies de son goût. Bref : il doit gouverner. S’il ne le fait pas, et vite, 2013 sera, en termes de sécurité, un annus horribilis par excellence.

    Xavier Raufer (Le Nouvel Economiste, 10 janvier 2013)

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