Les éditions La découverte viennent de publier un essai de Thierry Paquot intitulé Désastres urbains - Les villes meurent aussi. Professeur de philosophie, Thierry Paquot enseigne à l'Institut d'urbanisme de Paris.
" La planète s’urbanise à une vitesse galopante ; partout, des gratte-ciel sont érigés, d’immenses centres commerciaux, tous identiques, sont bâtis, des résidences sécurisées cachées derrière de hauts murs, des autoroutes et des voies pour trains à grande vitesse construites… Le capitalisme globalisé façonne cette uniformisation des paysages et produit des « plateaux technologiques » (clusters, hubs, technopôles, data cities, « villes intelligentes »…) où entreprises, laboratoires, immeubles ou aérogares sont branchés et débranchés en fonction des seuls critères de profit. Il ne s’agit plus d’habiter la terre, mais de rentabiliser des territoires entièrement désincarnés et interconnectés. Ce processus s’accompagne de ce qu’il faut bien appeler des désastres « urbains » : le grand ensemble, le gratte-ciel, le mall, la gated community, le « grand ceci et le grand cela »… Ces « objets » architecturalo-urbanistiques propres à la société productiviste amplifient les déséquilibres sociaux, économiques, écologiques et communicationnels, et provoquent d’insoupçonnables dégâts au nom même du « progrès » et de la « marche de l’histoire » ; sans compter qu’ils se combinent aujourd’hui aux désastres dits « naturels » (ouragans, tsunamis, séismes, inondations…), engendrant une instabilité et une dangerosité sans équivalent historique. Dans ce livre alarmant, Thierry Paquot examine ces « objets » un par un et démontre que, contrairement aux idées reçues, ils ne « font » pas ville. Bien au contraire, ils déshumanisent les lieux, privatisent le commun, spectacularisent le politique et altèrent profondément les écosystèmes. Ainsi contribuent-ils à l’effacement de l’esprit des villes et à la déterritorialisation de la cité. "