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  • Le nouvel âge de la bêtise...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°215, août - septembre 2025) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré au nouvel âge de la bêtise, on découvrira l'éditorial, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec Sylvain Gouguenheim, Arta Moeini, Monette Vacquin, Artur Abramovych ou Bernard Rio...

    Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, de Nicolas Gauthier, d'Aristide Leucate, de David L'Epée, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli, d'Ego Non et de Bernard Rio...

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    Au sommaire :

    Éditorial
    Le découplage, par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien
    Sylvain Gouguenheim : le vrai visage des croisades, propos recueillis par Thomas Hennetier

    Cartouches
    L’objet disparu : Les colleurs d’affiches, par Nicolas Gauthier

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Cinéma : les nazis, inusables méchants du cinéma, par Nicolas Gauthier

    Curiosa Erotica : le baiser et la fessée, Rousseau et la sensualité des chastes, par David L’Épée

    Champs de bataille : au bonheur du fana mili (II/III), par Laurent Schang

    Uranie, l’énergumène (7), par Bruno Lafourcade

    Littérature Les choix d’Anthony Marinier

    Un homme, un site : Oublieuse postérité, propos recueillis par Olivier François

    Le droit à l’endroit : le droit à mourir, triomphe du libertarisme juridique, par Aristide Leucate

    Économie, par Guillaume Travers

    Jules Verne, maître du burlesque, par Olivier François

    Bestiaire : l’homme, l’alcool et le singe, par Yves Christen

    Sciences , par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées
    Feu sur la mégamachine : du polythéisme des valeurs à l’uniformité globale, par Alain de Benoist

    Arta Moeini : « L’Iran n’a plus d’autre choix que la dissuasion nucléaire », propos recueillis par Daoud Boughezala

    Stablecoins : l’autre révolution crypto, faux jumeau qui défie le dollar, par Guillaume Travers

    Monette Vacquin : les technosciences contre le sexe , propos recueillis par Daoud Boughezala

    L’empire intérieur de Jean Raspail, cartographie des royaumes perdus, par François Bousquet

    Bernard Rio : « Les druides pensaient fabuleusement le monde, propos recueillis par Alain Lefebvre

    Rousseau et la contre-révolution : histoire d’un malentendu, par David L’Épée

    Artur Abramovych : quand le judaïsme allemand choisit l’AfD, propos recueillis par Alain de Benoist

    Reliefs de Jean-Claude Milner : l’Europe, les Juifs et la France, propos recueillis par Daoud Boughezala

    La nudité sans tentation, brève histoire du naturisme, par David L’Épée

    L’opéra total selon Laibach, propos recueillis par Thomas Gerber

    Le vice et la grâce : Graham Greene, excavateur de l’âme, par Daoud Boughezala

    Dossier
    Sociologie de la bêtise contemporaine

    Salut à toi, Dame Bêtise… Le nouvel âge de la débilocratie, par Slobodan Despot

    Les 13 familles de la bêtise contemporaine, par François Bousquet et Xavier Eman

    Quand l’intelligence recule : l’effet et le contre-effet Flynn, par François-Xavier Consoli

    Le complotisme, nouvelle ère du soupçon : un wokisme de droite ? Par François de Voyer

    Le gouffre de la bêtise : une inépuisable source d’inspiration littéraire, par François-Xavier Consoli

    Enrichissez-vous, abêtissez-vous : Blaise Pascal contre le crétinisme capitaliste, par Alphonse de Clénay

    Intelligence artificielle, bêtise naturelle, par Christophe A. Maxime

    Panorama
    La leçon de philo politique : Gaetano Mosca et les élites, par Ego Non

    Un païen dans l’Église : sur le fil de l’épée à Caen, par Bernard Rio

    Éphémérides

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  • Vers la fin de la suprématie occidendale...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°211, décembre 2024 - janvier 2025) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré à la fin de la suprématie occidentale, on découvrira l'éditorial, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec Stephen Mennell, Henry Laurens, Auron MacIntyre ou Emmanuel Lincot...

    Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, de Nicolas Gauthier, d'Aristide Leucate, de David L'Epée, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli, d'Ego Non, de Michel Marmin et de Julien Rochedy...

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    Au sommaire cette semaine :

    Éditorial
    Dépolitisation, par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien
    Stephen Mennell : « Les USA ont une perception faussée d’eux-mêmes et du monde », propos recueillis par Thomas Hennetier

    Cartouches
    L’objet disparu : la carte postale, par Nicolas Gauthier

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Bons sentiments ? Par Nicolas Gauthier

    Un homme, un site : Yann Vallerie présente Breizh Info

    Curiosa Erotica : la pygophilie ou le fétichisme des fesses, par David L’Épée

    Champs de bataille : l’autre bataille de Fontenoy (1/2), par Laurent Schang

    Uranie, le crime de Jean-Marie Gustave (3), par Bruno Lafourcade

    Le droit à l’endroit : la Constitution, statut politique ou norme juridique ? Par Aristide Leucate

    Économie, par Guillaume Travers

    Anatole France éducateur, le regard d’Olivier François

    Bestiaire : le poisson se voit dans le miroir, pas le cartésien, par Yves Christen

    Sciences, par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées
    Henry Laurens : Israël-Palestine, aux racines du conflit, propos recueillis par Daoud Boughezala

    Vers la fin de l’exceptionnalité historique de la Shoah ? Par Lucie Marin

    Thomas Hennetier et « Krisis » : regards croisés sur l’Islam et l’Occident, propos recueillis par François Bousquet

    Antiracisme, la nouvelle chasse aux hérétiques, par François Bousquet

    Auron MacIntyre, propos recueillis par Ethan Rundell

    Entre continents et cultures avec Alain Le Pichon, propos recueillis par Hervé Juvin

    Éveiller l’Europe à la puissance avec Pierre-Romain Thionnet, propos recueillis par Gabriel Piniés

    MeToo : Bégaudeau et Fourest sur la corde raide, par Daoud Boughezala

    L’amour socialiste face aux lois du marché, par David L’Épée

    Madame Angot, mère & fille : opéra-comique pour famille funeste, par Christophe A. Maxime

    Le surréalisme, pour quoi faire ? Enquête par Olivier François

    « Juré n° 2 » : le dernier verdict de Clint Eastwood, par Thomas Gerber

    La Renaissance orientale : comment la Terre devient ronde, par Christopher Gérard

    L’enthousiasme selon Rémi Soulié : comment habiter poétiquement le monde, par Alexandre Nantas

    L’art de la correspondance selon Patrice Jean et Bruno Lafourcade, propos recueillis par Anthony Marinier

    La littérature croate au-dessus des nationalismes ? Par Gérard Landry

    Le désarroi de Robert Musil, témoin de l’agonie d’une civilisation, par Jean Montalte

    Dossier
    Vers la fin de la suprématie occidentale

    Vers un monde multipolaire : la fin des illusions occidentales, par Michel Geoffroy

    La plus grande offensive russe n’est pas en Ukraine : les BRICS redessinent le monde, par Nikola Mirković

    Guerre d’usure sur le front de l’Est : perspectives pour l’après-guerre en Ukraine, par Michel Chevillé

    Emmanuel Lincot : la Chine et les routes de la soie au centre du jeu, propos recueillis par Daoud Boughezala

    Comment conjurer notre déclin ? Plaidoyer pour l’Europe civilisationnelle, par David Engels

    Panorama
    La leçon de philo politique : Mikhaïl Bakounine, par Ego Non

    Un païen dans l’Église : Saint-Riquier dans la Somme, par Bernard Rio

    Anachronique littéraire : Un Voltaire brechtien ? Par Michel Marmin

    Rochedytorial : danger sur le marché de l’information, par Julien Rochedy

    Éphémérides

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  • Les fondements de l'éthologie...

    Les éditions Flammarion viennent de rééditer un essai de Konrad Lorenz intitulé Les fondements de l'éthologie. Biologiste et zoologiste autrichien, prix Nobel de physiologie, Konrad Lorenz (1903-1989), est l"auteur notamment de L'Agression, une histoire naturelle du mal (Flammarion, 1977), de L'envers du miroir : une histoire naturelle de la connaissance (Flammarion, 1975) et de L'Homme dans le fleuve du vivant (Flammarion, 1981). 

    Pour découvrir, la pensée et l’œuvre de Konrad Lorenz, on pourra utilement faire appel au court essai d'Yves Christen intitulé Konrad Lorenz - Un biologiste au chevet de la civilisation (La Nouvelle Librairie, 2023).

     

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    " Ce livre est l’œuvre maîtresse de l’un des principaux pionniers de l’éthologie, cette science née de la volonté d’appliquer au comportement animal et humain les interrogations propres à la recherche en biologie.
    Un tel objectif exige une méthodologie qui statue sur les compétences requises pour la recherche et sur les différentes modalités expérimentales : la perception comme moyen de connaissance, l’observation des animaux en liberté, en captivité ou simplement apprivoisés, etc.
    On a souvent reproché à Lorenz d’appliquer un peu trop rapidement à l’homme les résultats de ses recherches. Mais n’y a-t-il pas une foule de comportements plus anciens que les nôtres, qui existent en nous et jouent un rôle considérable dans nos actes et dans l’exercice de nos facultés cognitives ? L’édifice lumineux mais fragile de notre rationalité, nous avertit-il, repose sur un terrain d’instincts primordiaux que nous partageons avec des créatures bien plus primitives dans l’échelle de l’évolution et avec qui nous devons compter. "

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  • Pourquoi le rire est passé à droite ?...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°209, août 2024 - septembre 2024) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré au retour du rire à droite, on découvrira l'éditorial, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec Wolfgang Streeck, Jeremy Carl, Victor Davis Hanson, David Engels, Vali Nasr, Morgan Sportès, Yves Christen, Olivier Eichenlaub et Henri Levavasseur, Julien Hervieux, Greg Tabibian et Karine Dubernet ...

    Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, de Nicolas Gauthier, d'Aristide Leucate, de David L'Epée, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli, d'Ego Non, de Slobodan Despot, de Michel Marmin et de Julien Rochedy...

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    Au sommaire :

    Éditorial
    Se passer du passé ? Par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien
    Wolfgang Streeck face à la crise du capitalisme contemporain. Propos recueillis par Thomas Hennetier

    Cartouches
    L’objet disparu : les collections de timbres. Par Nicolas Gauthier

    Une fin du monde sans importance. Par Xavier Eman

    Cinéma : les vices de Sergio Martino. Par Nicolas Gauthier

    La lumière de Jean-François Mattéi. Par Christopher Gérard

    Curiosa Erotica : La Fontaine, fabuliste moralisant ou conteur immoral ? Par David L’Épée

    Champs de bataille : Finis Hungariae ? (2/2). Par Laurent Schang

    Uranie, uchronie woke (1). Par Bruno Lafourcade

    Le droit à l’endroit : le recours à la légitime défense. Par Aristide Leucate

    Économie. Par Guillaume Travers

    Années 1930, la nouvelle grande peur des bien-pensants. Le regard d’Olivier François

    Bestiaire : corneilles pythagoriciennes. Par Yves Christen

    Sciences Par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées
    Le RN et la France bleu-blanc-jaune : la revanche des « ploucs émissaires». Par François Bousquet

    L’immigration au secours du capitalisme. Par Guillaume Travers

    Vers un « génocide culturel » ? Le racisme anti-blanc vu par Jeremy Carl. Propos recueillis par Ethan Rundell

    Histoire et prospective des civilisations avec Victor Davis Hanson. Propos recueillis par Laurent Schang

    Leçon d’hespérialisme avec David Engels. Propos recueillis par Pierre Saint-Servant

    Les ressorts messianiques de la colonisation israélienne. Par Daoud Boughezala

    La géopolitique du Moyen-Orient décryptée par Vali Nasr. Propos recueillis par Daoud Boughezala

    Le décapant tour des immondes avec Morgan Sportès. Propos recueillis par Daoud Boughezala

    La dénonciation de l’écofascisme, un épouvantail bien pratique. Par David L’Épée

    Ernst Haeckel, père de l’écologie vu par Yves Christen. Propos recueillis par Thomas Hennetier

    Hommage à Jean-François Michaud. Par ses amis et ses enfants

    Olivier Eichenlaub et Henri Levavasseur présentent le Pôle Études de l’Institut Iliade. Propos recueillis par François Bousquet

    Drôle d’histoire : Julien Hervieux présente l’Odieux Connard. Propos recueillis par Laurent Schang

    Jack Kerouac, un réac chez les hippies. Par François-Xavier Consoli

    Dossier
    Humour : la droite qui rit, la gauche qui pleure

    Pourquoi l’humour et la transgression sont-ils passés à droite ? Par François Bousquet

    Greg Tabibian, Monsieur « J’suis pas content ». Propos recueillis par Daoud Boughezala

    Le rire périphérique : humour des villes contre humour des champs. Par Xavier Eman

    L’humour explosif de Karine Dubernet. Propos recueillis par Marielle et Christophe Belleval

    Le rire contre le ricanement : persistance du sarcasme français. Par Christophe A. Maximel

    Panorama
    L’œil de Slobodan Despot

    Reconquête : Avalon. Par Slobodan Despot

    La leçon de philo politique : Feliks Koneczny et la guerre des civilisations. Par Ego Non

    Un païen dans l’Église : Notre-Dame de Bruyères-et-Montbérault. Par Bernard Rio

    Anachronique littéraire : Regulus et Don César de Bazan. Par Michel Marmin

    Rochedytorial : la grande sensiblerie. Par Julien Rochedy

    Éphémérides


     

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  • Yves Christen : « Konrad Lorenz reste un personnage iconique »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Yves Christen au site de la revue Éléments et consacré au grand biologiste et éthologue Konrad Lorenz.

    Biologiste, ancien chercheur dans le domaine de l'immunologie, Yves Christen, qui est l'auteur de plusieurs ouvrages sur les animaux, dont Le peuple léopard (Michalon, 2000) et L'animal est-il une personne ? (Flammarion, 2009), a récemment publié un court essai intitulé Konrad Lorenz - Un biologiste au chevet de la civilisation (La Nouvelle Librairie, 2023).

     

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    Yves Christen : « Konrad Lorenz reste un personnage iconique »

    Éléments : Quel héritage représentent les travaux scientifiques de Lorenz dans la biologie contemporaine ?

    Yves Christen. Konrad Lorenz reste un personnage iconique. Par l’importance de son apport à la recherche mais aussi à cause de ses réflexions sur l’homme, sur la civilisation et sur la société. Son look, son sens de l’anecdote, plus généralement sa personnalité donnaient à la richesse de son enseignement un style et une force remarquables. Il est clair que, de ce point de vue, comparé à son alter ego avec qui il a partagé le Prix Nobel, Niko Tinbergen, il laisse une trace beaucoup plus forte.

    Lorenz reste, aux yeux de tous, comme le fondateur de l’éthologie bien que lui-même n’ait pas revendiqué ce titre, mettant au contraire en avant ses propres précurseurs. Plus important selon moi : il a posé les bases d’une réflexion sur l’instinct chez l’animal et l’homme, sur l’importance des comportements innés mettant à mal la représentation d’un humain compris comme une page blanche sur laquelle l’environnement inscrirait sa marque. Cette vision des choses a démontré son efficacité en psychologie dans la mesure où aucun spécialiste ne peut aujourd’hui se représenter les facultés cognitives sans tenir compte du fait qu’elles reposent sur une forme de prédisposition elle-même matériellement constituée dans le cerveau qui n’a rien de la boîte noire imaginée par les behavioristes, mais qui produit un esprit selon une détermination neuronale précise. Lorenz a aussi eu le mérite de donner à l’évolution des comportements une interprétation darwinienne qui est aujourd’hui celle de la psychologie évolutionniste.

    Il est vrai que l’émergence et le développement de la sociobiologie ont désormais braqué les projecteurs sur la recherche anglo-saxonne. Ce mouvement a aussi conduit à préciser la vision darwinienne du monde, en particulier à travers le concept de gène égoïste, plus conforme à la science actuelle, mais sans éclipser le rôle de Konrad Lorenz.

    Éléments : Y voyez-vous autant d’outils face au déconstructivisme triomphant de l’époque postmoderne dont les déclinaisons sont entre autres la théorie du genre ?

    Yves Christen. Sans beaucoup s’avancer, on peut tenir pour acquis que Lorenz aurait dénoncé ce genre de dinguerie. Il est d’ailleurs affligeant que, des décennies après son enseignement et après tant de travaux de recherche en génétique, en éthologie, en physiologie, etc., puisse fleurir une idéologie à ce point contraire à la réalité, qui plus est dans un cadre universitaire. Une fois encore, Lorenz est le champion de la critique de la page blanche. C’est la raison de son opposition frontale au behaviorisme et il n’y a pas de doute qu’il a remporté la guerre avec cette école de pensée. Ironiquement, à cette dernière qui reposait sur des éléments scientifiques (certes fautivement interprétés), s’est substituée une forme de délire pur et simple dont l’arme principale est la dénonciation de ceux qui n’y adhèrent pas.

    Éléments : Vous êtes l’auteur de L’Animal est-il une personne ? Comment Konrad Lorenz aurait-il réagi face à un autre chapitre de la déconstruction : l’anti-spécisme ?

    Yves Christen. Difficile de faire parler les morts. Je me garderais bien de me prononcer sur la façon selon laquelle Lorenz aurait accueilli mes réflexions, y compris les critiques relatives à certains de ses propos, ce dont je ne fais pas mystère dans le petit ouvrage au sujet duquel vous m’interrogez. J’ose espérer qu’il les aurait considérées avec bienveillance. Concernant mes réflexions sur l’animal, notamment dans l’ouvrage que vous mentionnez (mais aussi dans L’animal est-il un philosophe ?, paru chez Odile Jacob), elles s’écartent de son discours au moins sur un point : Lorenz considère l’homme comme un animal mais pas seulement comme un animal, alors que je le vois comme un animal et strictement rien d’autre. Je ne comprends d’ailleurs même pas ce que, concrètement, pourrait être un animal qui ne soit pas seulement un animal (un robot ? un extra-terrestre ? un ectoplasme ?). J’effectue ce détour afin de mieux cerner ce que l’on entend par anti-spécisme. Il est clair que les sociétés humaines ont souvent (mais pas toujours) une fâcheuse tendance à mépriser les autres espèces et à leur nuire. C’est une pratique tout à fait semblable au racisme. Il n’en reste pas moins vrai que, dans une perspective darwinienne, l’univers du vivant est par nature compétitif et que l’on ne saurait faire du bien et uniquement du bien à tout le monde. Pour ma part, je pense que les sociétés ont le droit (mais est-ce le bon mot ?) de défendre leurs intérêts, y compris en nuisant à d’autres. Mais je ne vois aucun absolu dans un droit de l’homme à se rendre maître des autres animaux. Disons que je ne suis pas humaniste et même, pour reprendre votre terminologie, que, au risque de vous paraître trop proche de Derrida, je souhaite déconstruire l’interprétation humaniste consistant à placer notre espèce sur un piédestal d’autant plus qu’à mes yeux, s’il existe des hommes, il n’y a rien de tel que l’homme (si ce n’est bien sûr en tant qu’espèce zoologique, l’Homo sapiens). En outre, j’estime nécessaire l’empathie à l’égard des autres formes de vie et je considère qu’il existe un devoir de protection de la biodiversité. Comment Lorenz aurait-il réagi dans le cadre du débat actuel ? À coup sûr, il aurait partagé mon empathie pour le monde animal. Aurait-il adhéré à ma critique assez radicale de l’humanisme (je désigne ainsi la philosophie attribuant à l’homme des droits absolus sur les autres vivants) ? Je l’ignore. Se serait-il proclamé anti-spéciste ? Je ne le crois pas mais peut-être aurait-il adopté une autre forme d’anti-spécisme sans se vouloir lui-même déconstructeur…

    Éléments : Dans le chapitre VII (p. 61) de Konrad Lorenz.Un biologiste au chevet de la civilisation, vous revenez sur Les Huit péchés capitaux de votre civilisation, un ouvrage publié par le biologiste autrichien en 1973. Parmi ces péchés, « la dévastation de l’environnement » est dénoncée de manière prémonitoire. N’incarne-t-il pas une sensibilité écologiste de droite que nous gagnerons à réhabiliter ?

    Yves Christen. Ce n’est pas fondamentalement une affaire de positionnement à droite. Tous les gens de bon sens devraient être favorables à la protection de l’environnement. Et sans doute le sont-ils, en paroles en tout cas, puisque, dans les faits, beaucoup contribuent à sa dévastation. Ceci étant dit, il me semble évident que la sensibilité écologiste est, par nature, plutôt de le fait des conservateurs, de ceux qui entendent préserver.

    Peut-être devrais-je ici ne pas dissimuler ce qui, me concernant, peut apparaître comme une contradiction. Contrairement à la plupart des rédacteurs d’Éléments, je n’ai en effet pas renoncé à une vision prométhéenne du monde, ce qui ne m’empêche pas de dénoncer l’hubris de notre civilisation moderne. Je garde ma fidélité à Louis Rougier enseignant que le mythe de Prométhée est la préfiguration de la civilisation européenne (lui parlait de civilisation occidentale). C’est une pensée darwiniennement conforme, qui voit dans la marche de l’évolution la marque de la compétition. C’est de ce processus que découlent les désastres écologiques du monde moderne. La sélection naturelle est bien la source de l’hubris. Mais nous lui devons aussi notre existence. C’est tragique mais c’est ainsi. Cependant, rien ne nous oblige à consentir aux conséquences négatives du « progrès », de même que rien ne nous oblige à continuer à prendre un médicament dont les effets secondaires l’emportent sur les effets bénéfiques sans préconiser pour autant l’arrêt de tout recherche pharmacologique.

    Éléments : « La dégradation génétique » est dénoncée comme un autre péché capital. Comment Lorenz aurait qualifié notre déclin anthropologique actuel, à l’heure où les avancées de la génétique confirment pleinement ses intuitions ?

    Yves Christen. Le propos de Lorenz est clair. Il n’aurait sans doute rien eu à soustraire à ses écrits en la matière même s’il va sans dire que le déclin anthropologique dont vous parlez ne relève pas seulement de la génétique. Assurément nous vivons une époque risquée…

    Yves Christen, propos recueillis par Arnaud Varades (Site de la revue Éléments, 4 mars 2024)

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  • Onze événements qui ont changé le monde !...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°204, octobre - novembre 2023) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré à onze événements qui ont changé le monde, on découvrira l'éditorial, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec Jean-Marc Berlière, Bernard Lugan, Jean Szlamowicz, Fabrice Balanche, Marco Tarchi, Nicolas Battini  et Hubert Calmettes...

    Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, de Nicolas Gauthier, d'Aristide Leucate, de David L'Epée, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli, d'Ego Non et de Slobodan Despot...

     

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    Au sommaire :

    Éditorial
    Oui, la démocratie – Par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien
    Jean-Marc Berlière. Vichy a-t-il protégé les Juifs nés Français ? Propos recueillis par Daoud Boughezala

    Cartouches
    L’objet disparu: les disques pirates – Par Nicolas Gauthier

    Une fin du monde sans importance – Par Xavier Eman

    Cinéma: Richard Fleischer, un maître oublié – Par Nicolas Gauthier

    À bientôt, Jacques Julliard ! Par Alain de Benoist

    Curiosa Erotica: pourquoi aimons-nous tant les lesbiennes? Par David L’Épée

    Champs de bataille: Portugal, petit pays, grand empire (2) – Par Laurent Schang

    Les Diafoireux (2e partie) – Par Bruno Lafourcade

    Le droit à l’endroit: la police ou la violence par essence – Par Aristide Leucate

    Vingt-cinq ans avec Éléments! – Le regard d’Olivier François

    Économie – Par Guillaume Travers

    Bestiaire: le rire est le propre du rat – Par Yves Christen

    Sciences – Par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées
    Bernard Lugan: « Si je devais provoquer quelqu’un en duel, ce serait Edwy Plenel » – Par François Bousquet

    Les leçons de Julien Freund: symptomatologie de la décadence – Par Laurent Vergniaud

    L’âge de fer de la décadence – Par Julien Freund

    Marco Tarchi: « Meloni n’a pas respecté ses promesses en matière d’immigration » – Propos recueillis par Alain de Benoist

    Véra Nikolski contre le « féminisme de la doléance » – Par David L’Épée

    Jean Szlamowicz: « Le jargon inclusiviste ne décrit pas, il incrimine » – Propos recueillis par Olivier François

    Fabrice Balanche: Syrie, Liban et Irak au révélateur ethno-religieux – Propos recueillis par Daoud Boughezala

    Salade russe: des Français sur le front – Par Christian Rol

    Nicolas Battini: pour une critique positive du nationalisme corse – Par Pascal Eysseric et Patrick Lusinchi

    Le retour en grâce des Seiz Breur, renouveau des arts bretons – Par Alain Lefebvre

    Hubert Calmettes: le marketing de la dissidence face à la propagande – Propos recueillis par François Bousquet

    Charlotte & Jane: jumelles contraires – Par Christophe A. Maxime

    Jean Dutourd, immortel français – Par Thomas Hennetier

    Dossier
    Onze dates qui ont changé la face du monde

    La domestication du cheval en Europe: – 3000 – Par Gabriel Piniés

    La conversion de saint Paul et l’invention de l’universalisme: entre 31 et 36 – Par Lionel Rondouin

    La réforme grégorienne, aux origines de la « vue-du-monde » occidentale: 1075 – Par Guillaume Travers

    Le cadran et la naissance du temps quantifié: 1271 – Par Alain de Benoist

    Chute de Constantinople: Byzance invente les mathématiques: 1453 – Par Olivier Rey

    La mort de Charles le Téméraire changea le visage de l’Europe: 1477 – Par Laurent Schang

    Calvin et la naissance du capitalisme: 1536 – Par Thomas Hennetier

    Charles Darwin est passé aux aveux avec L’Origine des espèces: 1859 – Par Yves Christen

    Fascismes: ces hommes qui aimaient le nationalisme plus que la nation: 1933 – Par David L’Épée

    Avènement de la cybernétique, nouveau gouvernement du monde: 1947 – Par Baptiste Rappin

    Le regroupement familial et le Grand Renversement: 1976 – Par Renaud Camus

    Panorama
    L’œil de Slobodan Despot

    Reconquête: chants de travers – Par Slobodan Despot

    La leçon de philo politique: Alexis de Tocqueville – Par Ego Non

    Les 50 ans d’Éléments: une revue pas comme les autres – Par Pascal Eysseric

    Éléments face à Woke-World – Par Michel Durance

    Quand les caricaturistes croquaient Éléments

    Dans les archives d’Éléments: 1979 : La réponse d’un directeur – Par Michel Marmin

    Éphémérides

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