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  • Feu sur la désinformation... (370)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 - L'image de la semaine
      La réalité dépasse parfois la fiction. Le tournage de Lupin, série Netflix dédiée à un Arsène Lupin contemporain joué par Omar Sy, a été cambriolé par une vingtaine d'individus le mois dernier. Cette semaine, "sept jeunes ont été mis en examen". Jean-Yves Le Gallou revient avec humour sur la novlangue de l'AFP.
    • 2 - Le scandale McKinsey : ceux qui gouvernent vraiment
      Un véritable scandale d'État entremêle liens d'intérêts, évasion fiscale et Macronie ... Les médias ne mènent pas l'enquête sur cette révélation qui pourrait faire basculer la campagne présidentielle. I-média le fait donc pour vous, et commence à poser les questions qui fâchent.
    • 3 - Revue de presse
      Un meurtre signé extrême-droite, les profs déboulonnent un dissident soviétique, des militants du RN et de Reconquête agressés ... Retour sur l'actualité française de la semaine.
    • 4 - Sondages : bons ou bidons ?
      Faut-il se fier aux sondages commandés par les médias pour cette campagne présidentielle ? L'élection est-elle jouée d'avance ?

     

                            

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  • Le marketing fossoyeur du politique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Henri d'Avirac cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré aux sondages électoraux, comme symptômes d'une démocratie minée par le marketing politique.

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    Sondages et communication : le marketing fossoyeur du politique

    Sur le front des épidémies, il en est une dont le pic est bien loin d’être atteint : la « diarrhée sondagière »… L’expression est lâchée et avec elle, cette avalanche de commentaires sur la frénétique quête du trône, qui placent en permanence le politique sous monitoring. Les études présenteraient l’immense avantage d’offrir une photographie quasi scientifique de l’opinion, invitant les candidats à intégrer les thèmes porteurs, attisant compétitions, alliances ou renoncements. En bref, un sondage faiseur de rois, de royaumes, d’éléments de langage, priorisant, disqualifiant, à deux doigts de ringardiser définitivement la véritable consultation démocratique.

    Le sondage, thermomètre ou symptôme ?

    Le chiffre, l’échantillon, l’institut impressionnent… un parfum d’objectivité mathématique plane sur les plateaux et dans les rédactions dès lors qu’un patron d’officine, ayant pignon sur rue, nous invite à nous départir des polémiques, du débat politique, pour nous en remettre à la Vérité absolue, livrée par un pourcentage de l’échantillon représentatif.

    Mais qu’en est-il au juste de cette Vérité ? Comme toujours, toute médiation « informe » le réel, une carte aussi fidèle soit-elle n’est jamais le reflet exact du territoire. Une cohorte de biais méthodologiques, volontaires ou non, pollue immanquablement enquêtes d’opinions, études quantitatives ou qualitatives, jusqu’à forger parfois de véritables armes de manipulation massive. Un rappel au décryptage et à la lucidité s’impose donc :

    – Qui a commandité le sondage ? Une première question essentielle car quoi que puisse être l’impératif méthodologique et déontologique du sondeur, les marges de manœuvres du client pour « orienter » l’affaire restent considérables. Prenons la formulation des questions (segmentation du questionnaire, choix des thèmes sur un questionnaire fermé etc.). Éric Zemmour faisait assez justement remarquer que dans les sondages présentant le pouvoir d’achat comme priorité des Français, les autres choix proposés (immigration, insécurité/terrorisme, identité française) faisaient l’objet d’une segmentation génératrice d’un biais majeur. En effet, le bloc pouvoir d’achat ne totaliserait que 45 % face à un bloc identité/sécurité qui regrouperait 59 %… Encore fallait-il les rassembler ! ou émettre à minima cette hypothèse de regroupement des items…

    La plupart des médias s’empresse ainsi de relater cette pseudo vérité influençant de facto l’électeur sensible aux préoccupations des médias dominants et finissant par la rendre auto-réalisatrice.

    – Quel est le cadre méthodologique de l’enquête ? Le commanditaire de l’étude peut aussi, ici ou là, exercer son influence sur le choix de l’échantillon. L’intégrité du sondeur sera sauve si celui-ci exprime simplement le cadre exact de l’enquête et le profil des personnes sondées, ce qui est toujours le cas mais ce que personne ne lit !

    – Vous avez dit redressements ? Un vote réputé « sous-déclaré » comme l’intention de vote pour le RN fera l’objet d’un redressement, c’est-à-dire d’un plus ou moins x % destiné à compenser une réalité cachée (!). Au gré des moments de la vie politique, un commanditaire « orienté » aura intérêt à faire pression sur son prestataire pour renforcer ou rabaisser le score de la formation politique en question, évidemment dans la limite d’un redressement et d’une marge d’erreurs « raisonnables ».

    – Quid du commentaire de l’étude ? Une source inépuisable d’affirmations manipulatoires, sous couvert d’expertise, avec en toile de fond un respect bien naturel dû au client qui ne manquera pas de passer à la moulinette les propos du chargé d’études.

    Halte aux sondages : la prise de consciences des médias

    Souvenons-nous de l’information fracassante (IFOP 2018) selon laquelle 40% des Français seraient favorables à un régime autoritaire… Cette alerte instillée par les commentateurs de tout poil et de tout bord reposait sur une confusion entre « Régime totalitaire » et « autorité de l’Etat » que l’introduction préalable au questionnaire administré (totalement occultée par les commentateurs) levait en grande partie. Ce ne sont là que quelques exemples de dérives assez classiques d’une sondo-médiacratie prétendument affublée des attributs d’une science exacte.

    Il y a depuis peu une timide prise de conscience (réelle ou affichée ?) de quelques médias. Depuis Ouest France jusqu’au journal Le Monde, les rédactions semblent prendre leur distance allant jusqu’à infiltrer dans des enquêtes (IPSOS, IFOP, KANTAR, BVA, Opinion Way, HARRIS, GFK) des reporters maisons, tel Luc Bronner, grand reporter au Monde, pour mettre en lumière les fausses déclarations d’identité des sondés, biaisant la nature de l’échantillon !

    Discrédits méthodologiques, recrutements bidon, clairvoyance tardive (« les sondages participent à la fabrique de l’opinion au détriment d’un vrai débat » nous dit le rédacteur en chef de Ouest France). Ces états d’âme prendront-ils le pas sur l’impérieuse nécessité de vendre du papier ou de faire du clic… Il est permis d’en douter.

    Autre point de vigilance dans le camp des sondeurs qui leur pourrit véritablement la vie au quotidien : l’extrême versatilité de l’électeur/consommateur néophile et éternel insatisfait. Plus il est « millénium » (18-40 ans) et citadin, plus il zappe. Son inconstance déclarative est sa marque de fabrique. Exit donc les baromètres d’opinions fondés sur des blocs stables et homogènes, exit donc les liens forts, les tendances lourdes et la prospective socio-comportementale sur le moyen et long terme : l’Homo-Oeconomicus est devenu liquide dans un monde liquide.

    Savoir aujourd’hui ce que vous voterez demain

    La machine macronienne aura inauguré avant l’élection présidentielle de 2017 la première campagne digitale de l’histoire de notre pays. Héritée des méthodes américaines mises en œuvre sur les campagnes d’Obama en 2007 et 2012, elle s’est fondée sur la constitution de bases de données consultables en temps réel sur les réseaux sociaux et la mise en place de nouveaux logiciels d’analyses du Net. Tout comme dans les concertations citoyennes abusivement qualifiées de démocratie participative, qui consacrent la démission du politique en tant que force de proposition, la formulation d’éléments programmatiques d’un candidat ne dépend plus de ses engagements, de sa vision du monde, mais bien d’un champ d’attentes pré-identifié et calibré en temps réel, qui transforme l’offre politique en offre miroir.

    Des instituts tels BVA travaillant pour l’Elysée planchent non seulement sur le volet enquêtes d’opinion et tendances, ce qui était déjà le cas lors des précédents mandats et peut donc influencer des thématiques de campagne, mais également sur l’approche socio-comportementale en « dynamisant » les éléments de langage issus en première intention du cabinet du Président, à la lumière de tests, de techniques de marketing comportemental jouant ainsi efficacement sur les peurs et le cerveau reptilien de nos concitoyens. La gestion de la crise COVID depuis novembre 2020 en est une superbe illustration, avec en point d’orgue l’annonce inquisitoriale du chef de l’état le 12 juillet 2021, dont le bénéfice politique devrait se confirmer.

    Jouer sur les peurs et déceler aujourd’hui, à grands renforts d’algorithmes, ce que vous consommerez/voterez demain est devenu le privilège d’une certaine élite dans un Monde déjà post démocratique.

    « Un peu moins de tests et un peu plus de testicules »

    Christophe Guilluy nous rappelle que « dans les stratégies électorales, les partis ne s’adressent plus qu’aux catégories supérieures et aux retraités ». Il existe donc un bloc majoritaire non représenté, enfumé par les élites, qui, confortées par les études et une sémantique ciselée, jouent sur les peurs. Peur de la pandémie, peur du retour du fascisme, peur du réchauffement climatique, peur du peuple… Ultime perversion : parvenir à convaincre le peuple qu’il doit avoir peur de lui-même. Désactiver l’électeur au moment de l’élection. Préférer au référendum d’initiative citoyenne, des ersatz de démocratie, des sondages, des concertations avec des participants professionnels tirés au sort ou issus d’associations. Fustiger le populisme trop populeux, trop populaire, imprévisible et anxiogène.

    Prétendre savoir, avant que vous ne choisissiez, ce que vous allez choisir est bien la marque ultime du mépris des peuples, un mépris de sachant, promoteur d’une expertocratie, cynique, à fort relent totalitaire. Invitons les politiques dissidents, désireux de s’opposer à ce marketing stérilisant, à faire leur cette formule inattendue lancée il y a un peu plus de 30 ans par Jacques Lendrevie, éminent professeur de marketing à HEC, à ses étudiants dont j’étais : « Mes chers amis, les études marketing sont vraiment très importantes pour savoir où l’on en est ou pour éventuellement tester un concept, mais pour sortir du lot, il faut parfois un peu moins de tests et un peu plus de testicules ».

    Jean-Henri d'Avirac (Site de la revue Éléments, 17 janvier 2022)

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  • Feu sur la désinformation... (134)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Les sondages se trompent-ils ou vous trompent-ils ?
      Election présidentielle, les instituts de sondages donnent leur classement des 11 candidats. Malgré le Brexit et l’élection de Donald Trump, les observateurs n'ont pas retenu la leçon. Ils se basent encore et toujours sur ces chiffres et façonnent ainsi l’opinion. Une influence des sondages trop importante qui fausse le jeu démocratique.
    • 2 : Le zapping d’I-média
      A quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, Macron envoie des messages vocaux à des dizaines de milliers d’abonnés SFR. Un démarchage facilité par les liens étroits entre le fondateur d' En Marche et le groupe Drahi.
      Bruno Roger Petit fait son cinéma sur CNews lors d’un débat consacré au vote des catholiques de France. Le père Laurent Stalla Bourdillon a rappelé que pour l'Eglise l’avortement était un crime. Scandale pour l’éditorialiste de Challenges qui a monopolisé la parole pendant plusieurs minutes pour éviter toute contradiction.

    • 3 : Émotion sélective en Syrie
      Attentat en Syrie samedi : 126 syriens évacués d’une ville pro Assad ont été tués. Parmi eux, 68 enfants. Mais ou est passée l’émotion médiatique ? Pas de Une, pas de morts sur les photos. Quand l’indignation des journalistes est sélective.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Inversion accusatoire sur France Info : Quand Gilbert Collard, le député RBM du Gard, est agressé en allant au meeting de Marine Le Pen au Zénith à Paris, France Info titre « Le député du Gard déclenche des insultes et des jets de projectiles ». Pour manipuler l’opinion, certains journalistes n'hésitent pas à faire passer l’agressé pour l'agresseur.
    • 5 : Empire médiatique : le cas de Niel
      Nouvelle rubrique dans I-Média : Empire médiatique. A qui appartient la presse française ? Jean Yves le Gallou vous dépeint l’empire industriel de Xavier Niel, entrepreneur et propriétaire de presse.

                              

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  • Feu sur la désinformation... (132)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Le grand débat de BFM a-t-il servi Macron ?
      Lors du grand débat pour la présidentielle sur BFM TV, Macron jouait à domicile au milieu des 10 autres candidats. Pour les journalistes et les sondeurs le plus convainquant était, comme d’habitude…. Emmanuel Macron.
    • 2 : Le zapping d’I-média
      Raciste et dangereux, le dernier film -« A bras ouvert » - de Philippe de Chavreron est victime de critiques de "violences inouïes". Sur RTL, Pascal Praud a dénoncé un procès en sorcellerie. Quand Christian Clavier caricature un bourgeois catholique dans « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu », il n’y a pas de problème. Mais « A bras ouvert » s’attaque à un dogme de l’antiracisme : on ne rit pas de la communauté Rom.
      Lundi 03 mars Jean Michel Aphatie recevait sur France-Info Raquel Garrido, porte-parole de la France Insoumise. Faisant référence à la phrase « Rendre la France aux Français » prononcée par Jean Luc Mélenchon sur TF1, Jean Michel Aphatie s'interroge, "ça nous a un peu écorché l’oreille, pour tout vous dire. On croyait que ce slogan était à un autre parti. » Qu'importe si l'intention n'est pas la même, les mots de Marine le Pen sont proscrits.

    • 3 : Syrie, Russie : Tous les morts ne méritent pas de Unes !
      Emotion médiatique après l'attaque chimique en Syrie : une seule version dans les médias : Bachar Al Assad est responsable.
      Libération publie en Une du jeudi 06 avril des corps d’enfants morts. D’après les témoignages recueillis par les journalistes de Libération, aucun doute possible : Bachar Al Assad est responsable de ce massacre. Le hic, les témoins sont partiaux et engagés dans le conflit syrien. Le quotidien ne voit pas de bonne issue possible à ce conflit. « Bachar Al Assad a perdu la raison, et les américains sont gouvernés par un fou »
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Brice Teinturier, directeur général délégué de l’institut de sondages IPSOS, refuse de faire des sondages concernant le deuxième tour de l'élection présidentielle opposant Jean-Luc Mélenchon à Marine le Pen pour éviter d’influencer les électeurs.
      Dualité dans la presse de gauche : la société des journalistes de Challenges dénonce un trop grand nombre d’articles pro-Macron imposé par la direction.
    • 5 : Onde migratoire
      I-Média évolue et vous présente « Onde migratoire » : Comment les médias traitent la question de l’immigration en France? C’est la revue de presse de Nicolas Faure.

     

                                             

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  • A propos des sondages et de l'opinion publique...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque, en cette période d'élections, la question des sondages et de la "mesure" de l'opinion publique... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist vient de publier Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017).

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    Alain de Benoist : Sondages - « l’opinion publique » est toujours fantomatique !

    C’est devenu un lieu commun de dénoncer la « dictature des sondages », d’autant qu’ils sont toujours plus nombreux. Mais de plus en plus souvent, le candidat arrivé gagnant à l’élection n’est pas celui qui avait été donné vainqueur. « Dictature » toute relative, donc ?

    Depuis leur apparition aux États-Unis au milieu des années 1930, et en France en 1965, à l’initiative de Jean Stoetzel, les critiques des sondages sont toujours les mêmes. L’une des plus communes correspond à ce que vous dites, en l’occurrence qu’il arrive aux sondages de se tromper. On l’a bien vu, naguère, avec l’élection présidentielle de 1995 (Balladur était donné gagnant par rapport à Chirac) ou celle de 2002 (Chirac devait affronter Jospin au second tour) et plus récemment avec le Brexit ou l’élection de Donald Trump. Observons, quand même, qu’il leur arrive aussi de ne pas se tromper – et que c’est même le cas le plus fréquent. Les sondages disent, en fait, très souvent la vérité, même s’ils peuvent aussi être manipulés, soit que les questions sont biaisées, soit que les réponses sont interprétées de façon tendancieuse.

    Une autre critique, très ancienne elle aussi, porte sur les effets politiques des sondages. Beaucoup soutiennent qu’en faisant connaître l’opinion publique à l’opinion publique, on la transforme. C’est le côté performatif des sondages : ils rendraient vrai ce qu’ils annoncent et « fabriqueraient » ainsi le scrutin, certains sondés penchant automatiquement vers le vainqueur du sondage précédent. On remarque tout de suite que cette critique est contradictoire par rapport à la précédente : si les sondages « fabriquent » les résultats, on comprend mal qu’ils puissent se tromper, et s’ils se trompent, c’est qu’ils ne les « fabriquent » pas. En réalité, la publication des sondages peut aussi bien amplifier la mobilisation en faveur du mieux placé que susciter l’attitude inverse (« faire mentir les sondages »).

    Mais comment fonctionnent exactement les sondages ?

    Les instituts de sondage ont aujourd’hui pour la plupart abandonné la méthode dite aléatoire (on tire les sondés au sort) pour se rallier à la méthode des quotas, qui se fonde sur des échantillons de population jugés représentatifs. On présume que les résultats seront d’autant plus fiables qu’un plus grand nombre de personnes seront interrogées. Dans les faits, un sondage portant sur 1.000 ou 2.000 personnes bien choisies est censé donner des résultats extrapolables à l’ensemble de la population. Des techniques dites de « redressement » visent à donner du poids aux catégories sous-représentées dans l’échantillon retenu ou à compenser le phénomène de l’« électeur honteux » (celui qui n’ose pas dire aux sondeurs quelles sont ses préférences réelles).

    Ces méthodes statistiques sont généralement fiables. Cependant, même lorsque l’échantillon est représentatif, il y a toujours une marge d’erreur – généralement de 2 à 3 %.

    Lorsque cette marge est égale ou supérieure à l’écart séparant les favoris (ce qui est très souvent le cas), les sondages n’indiquent plus rien : il est mathématiquement faux, par exemple, de dire qu’un candidat va l’emporter sur un autre par 51 % contre 49 %. La vérité est qu’on n’en sait rien !

    Dans le meilleur des cas, un sondage ne donne qu’une photographie d’un rapport de force ou d’un état de l’opinion à un moment donné : par exemple, le résultat des élections si celles-ci avaient lieu le jour même. Cette photographie n’est en aucun cas une prédiction. Elle est même d’autant plus éloignée du résultat final qu’elle se situe plus largement en amont du scrutin, d’abord parce que les intentions de vote peuvent fluctuer, ensuite parce que, plus on est éloigné de l’élection, plus le nombre de « non-réponses » est élevé. Or, c’est une énorme erreur d’assimiler ceux qui n’ont pas encore fait leur choix à de futurs abstentionnistes, car il y a aussi une évolution du niveau de mobilisation électorale.

    En outre, si précis qu’il soit, un sondage n’équivaudra jamais à une élection – et ne pourra donc jamais la remplacer –, car l’élection implique une démarche publique, tandis que les sondeurs ne recueillent que des opinions privées. C’est ce qu’observait Jean-Pierre Dupuy, il y a déjà plus de vingt ans : « Le discours sur la scientificité des sondages laisse entendre que le vote est une procédure rationnelle. Croire cela, c’est se tromper de genre. L’élection est un immense rituel, chargé de sacré, ce que ne pourront jamais être les sondages. »

    Il est évident que la sphère médiatique a longtemps participé de l’opinion. Mais on l’a dit aussi des sondages. Quel est leur rôle par rapport à l’opinion publique ?

    L’opinion publique est, à bien des égards, un fantôme. On se souvient, notamment, du célèbre article de Pierre Bourdieu, « L’opinion publique n’existe pas », publié en 1973 dans Les Temps modernes. Il ne faut pas perdre de vue que les sondages ont recours à deux types de questions différentes, qu’il ne faut pas confondre. Les unes portent sur des opinions, tandis que les autres visent à saisir des intentions de comportement. Or, les secondes n’ont qu’une valeur prédictive très faible, à la fois parce que beaucoup de gens sont mis en demeure de répondre à des questions qu’ils ne se posaient pas, et parce qu’il y a toujours une marge entre les attitudes et les comportements. Les sondages d’opinion ne sont pas moins problématiques dans la mesure où ils cherchent à faire émerger des jugements, des valeurs ou des représentations qui sont, par définition, changeants. Ils indiquent comment se répartissent les choix, pas ce que pensent les gens.

    Comment pourrait-on, d’ailleurs, définir et mesurer l’« opinion publique » sur la seule base d’une somme d’opinions individuelles privées ? Une collectivité est toujours plus que la somme de ses parties. En se bornant à agréger des réponses individuelles, on a toutes les chances de donner de l’opinion publique une représentation qui ne correspond pas une expression collective organisée.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 27 février 2017)

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  • Du pain, des jeux et des sondages !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Randa, cueilli sur son site Francephi.com et consacré au déferlement désormais quotidien des sondages sur tous les sujets...

     

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    Du pain, des jeux et surtout des sondages

    Pourrait-on se passer des sondages ? Difficilement, à les voir désormais omniprésents sous toutes les formes possibles et imaginables à tout moment de notre existence.

    À croire que s’exprimer ou entendre les uns ou les autres donner une opinion parfois incertaine, généralement péremptoire, est devenue vital à notre bonheur terrestre.

    Mange-t-on trop/pas assez de viande ? Regarde-t-on trop/pas assez la télévision ? Faisons-nous trop/pas assez de sport ? Doit-on retourner sur la lune ? Pensez-vous qu’Obama soit réélu ? Pippa Middleton est-elle plus coquine que sa sœur Catherine (épouse du prince William, duc de Cambridge) ? Craignez-vous davantage les OGM que les Martiens,  les Islamistes que les pannes sexuelles ou les embouteillages que les radars ? Préférez-vous le RER au Métropolitain ou passer vos vacances à Mulhouse plutôt qu’à pétraouchnock-sur-bettrave ? etc., etc., etc.

    La débilité des questions semble avoir imprégné jusqu’aux organes sensés nous informer des grands événements du Monde en général et de notre pays en particulier.

    Ainsi, Le Figaro… Le quotidien demande chaque jour à ses lecteurs de s’exprimer sur un sujet d’actualité… Et quels sujets ! Les plus pertinents, bien sûr… Celui de ce jour, même si la question est brutale, est excitant en diable, jugez-en : « Hollande devrait-il impliquer davantage Royal dans sa campagne ? » C’est « oui » ou c’est « non », les sondés n’ont même pas l’alternative de répondre que ce ne sont pas leurs oignons…

    Qu’une telle question concernant la campagne présidentielle du candidat socialiste, soit posée aux lecteurs d’un média jugé le « plus à droite » de la presse française quotidienne – et perçu sans doute comme cela par la plupart de ses lecteurs qui n’ont pas réalisé que l’époque où Robert Hersant le dirigeait était belle et bien révolue et depuis fort longtemps – ne manque pas de piquant. Quoique l’expression plus populaire de « foutage de gueule » conviendrait mieux.

    Poser une telle question à un lectorat probablement fort peu sensible à la réthorique progressiste, revient au même qu’à demander aux lecteurs de Charlie Hebdo si Marine Le Pen devraient porter des tailleurs de préférence à des robes ou se coiffer comme-ci plutôt que comme-ça, à ceux de L’Humanité de savoir si François Bayrou serait plus seyant avec moustache et catogan… ou encore à ceux de L’Express ou du Point si Nathalie Artaud et Philippe Poutou devrait faire un petit ensemble pour que Lutte ouvrière et le Nouveau Parti anticapitaliste se réunissent…

    À Rome, l’obsession des dirigeants étaient de donner au peuple du « pain et des jeux » pour qu’il se tienne tranquille. La recette avait fait ses preuves, nul ne le contestera et on en a ensuite usé et abusé. Mais autre temps, autres mœurs, on demande aujourd’hui au citoyen-électeur de donner son avis à tort et à travers pour qu’il se croit acteur du jeu. Ça doit lui suffire, à lui aussi. Et puis, c’est plus facile à organiser et ça coûte moins cher. Que du bonheur !

    Philippe Randa (Francephi, 5 avril 2012)

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