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peter jackson

  • Un triste Hobbit...

    Nous reproduisons ci-dessous la critique éclairée de Ludovic Maubreuil consacrée au deuxième volet du film Le Hobbit, de Peter Jackson, et publiée dans la revue Éléments (n°150, janvier - mars 20014). Si les trois films que Peter Jackson avaient tiré de l’œuvre de J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux, étaient contestables , voire irritants, ils ne manquaient pas d'un réel souffle épique, avec quelques très belles scènes, et des paysages magnifiques. Le Hobbit, en revanche, n'est qu'un film d'action à la sauce hollywoodienne, dans lequel tout l'esprit de l’œuvre originale a disparu. Dommage...

    On peut lire les critiques de films et de livres de Ludovic Maubreuil sur son blog Cinématique.

     

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    Le Hobbit

    Comme il l'avait fait pour son adaptation du Seigneur des Anneaux (2001-2003), Peter Jackson dans sa nouvelle trilogie inspirée cette fois du Hobbit (2012-2013), invente des personnages et des situations presque autant qu'il en oublie. Ainsi remodèle-t-il l'épopée à sa guise, construisant à force d'ajouts et d'omissions, un tout autre récit que celui inventé il y a plus d'un demi-siècle par l'écrivain britannique JRR Tolkien.

    Dans Un voyage inattendu (2012), apparaît ainsi un certain Radagast, absent du roman. Celui-ci n'est toutefois pas inventé par Jackson, puisqu'il est cité par Tolkien dans Le Seigneur des anneaux et les Contes et légendes inachevés, mais c'est sa présentation qui pose question. Celui-ci appartient en effet, comme Gandalf et Saroumane, à la mystérieuse caste des Mages, lesquels font partie des Maiar, qui comptent parmi les premiers êtres du monde et sont apparentés à des divinités. S'il est à peine décrit chez Tolkien, Radagast rivalise ici de mimiques grotesques et de balbutiements hébétés, des fientes d'oiseaux plein les cheveux. Ce qui a pour conséquence, non pas d'amener un peu de légèreté (car règne ici un redoutable esprit de sérieux et la plupart des scènes gaies ou cocasses du roman sont gommées), mais bien d'altérer la taxinomie de Tolkien et de brouiller ses classifications. Montrer un Mage farfelu au lieu d’imposant, c'est du même ordre que faire d'un Nain comme Thorin, dans La Désolation de Smaug (2013), un individu noble et courageux, plutôt que pompeux et grippe-sou. Et ce, en complète contradiction avec le roman qui n'a jamais fait dire à ce descendant de roi qu'il venait reprendre son royaume, mais bien en premier lieu son trésor ! Là où Tolkien s'est attaché, pour chacune de ses créatures, à établir des caractéristiques et des spécificités, le compresseur hollywoodien ne veut voir que des humains interchangeables, faillibles et attachants, gentiment déguisés. Sur ce principe syncrétiste, l'Elfe Tauriel et le Nain Kili peuvent alors se faire les yeux doux sans grand dommage, alors que ceci demeure inconcevable dans l'univers tolkienien. Selon une logique de complémentarité bien comprise, les différentes communautés n’y coopèrent en effet qu’en fonction de ce qui les sépare. Passer outre la barrière d’espèce ne peut en aucune manière constituer une routine mais bien une dramatique exception, comme en témoigne la tragique histoire d’Arwen et Aragorn. 

    Arrêtons-nous sur Tauriel. Inventée de toutes pièces, sa présence sert évidemment un objectif commercial, puisque si le livre est totalement dépourvu de personnages féminins (exception faite des Araignées voraces), un film de cette ampleur financière doit permettre l'identification du plus grand nombre. Mais cette Elfe des bois est surtout un tribut payé au cinématographiquement correct, lequel tient à ses quotas. Elle s'inclut dans toute une série d'entorses aux descriptions du roman, comme ce Roi des Elfes résolument queer, ce nain obèse (Bombur) décimant ses ennemis non pas malgré son surpoids mais bien grâce à lui, ces visages enfin noirs parmi les Hommes habitant Lacville. Ce dernier détail, rien moins qu'anodin, associé au fait que le plus cruel des Orques est albinos, s'emploie à récuser  tout racisme, accusation qui commençait à poindre devant cette opposition trop systématique au goût de certains, entre la noblesse des «blancs» et l’indignité des «noirs» ! Oui, Tauriel est bien une héroïne idéologique de plus. Reprenant à son compte des attributs classiquement masculins comme la bravoure ou les capacités décisionnelles, tout en conservant des valeurs féminines de protection et de soin, elle prouve que la dé-genrisation des comportements sert avant tout la domination d'un nouveau sexe, et sous une forme inédite : le maternage autoritaire.

    C'est toutefois la place démesurée réservée à Azog qui modifie profondément l'âme du récit. L'anachronique histoire de vengeance entre cet orque et le Nain Thorin qui l'aurait blessé autrefois, transforme les pérégrinations des héros en fuite en avant. En rajoutant cette meute à leurs trousses, l'histoire contée tient alors davantage de la traque que de la quête. Ainsi contrairement au roman, n'y a t-il pas jamais d'attente, d'hésitation ou de rumination avant la Rencontre initiatique, car celle-ci se réduit à une succession d'obstacles, vite surmontés et vite oubliés. Chez Tolkien, la durée du trajet est capitale : c'est par le temps passé à prendre conscience de ce qu’on a perdu ou à espérer en ce qui va renaître, que l'on s'aguerrit. Ce n'est pas pour rien que des combats peuvent y être relatés en quelques lignes et des errances sur plusieurs pages (les films à l'inverse démultiplient les premiers et sacrifient les secondes). Remplacer la quête par la traque, c'est déclasser l'épiphanie du moment présent au nom de la crainte phobique de ce qui pourrait nous rattraper. C'est privilégier l'accumulation maladive qui refoule le passé aux épreuves de maturation qui le cristallise. C'est ne vivre l'événement que selon un principe de diversion, plutôt que d'y goûter une expérience précieuse. Poussée par les conséquences d'une faute (d'un péché?) autrefois commise, la course éperdue des héros jacksonniens leur interdit l’essentiel : considérer avec gravité ce qui s’effondre tout en s’inclinant devant les prévenances du Destin.

    Homogénéisation forcenée sous couvert de diversité parodique, utilitarisme névrotique comme seul manière d’être au monde, voilà donc le Hobbit de Jackson. On ne peut faire plus contraire à l'esprit tolkienien. Privilégiant l'interdépendance entre toutes les manifestations de la Nature, et donc entre le «bien» et le «mal», interdépendance rendue efficiente par la différenciation même de chacune de ses parties, défendant une éthique de l'audace et de la responsabilité, faisant tout autant fi du remords et de la honte que de l'orgueil et de l'envie, celui-ci se révèle tout simplement irréductible à la morale volontariste et manichéenne d'Hollywood.

    Ludovic Maubreuil (Éléments n°150, janvier - mars 2014)

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  • Tolkien l'enchanteur...

    A l'occasion de la sortie prochaine du premier volet du film de Peter Jackson, Le Hobbit, tiré de l'oeuvre de J.R.R. Tolkien, Le Figaro sort un numéro hors-série, sous la direction de Michel de Jaeghere, consacré à l'oeuvre de l'auteur du Seigneur des anneaux. Comme toujours dans ce type de revue, l'iconographie est particulièrement soignée.

     

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    "L'adaptation de ses œuvres a fait de Tolkien, le professeur de vieil anglais aux passions désuètes, l'une des plus belles cash machine de la décennie. L'enfant d'Oxford, sans jamais quitter le décor médiéval de son université, a conquis, par la magie du cinéma, la Californie et le monde entier. La sortie du film de Peter Jackson est l'occasion de se replonger dans une œuvre prodigieuse qui a les dimensions d'une planète, s'étend sur des milliers d'années, voit se croiser des elfes, des dragons, des hommes et des Hobbits. Quels sont les liens de parenté entre Bilbo et Frodon Sacquet? Sam Gamegie est-il un bon jardinier? Gandalf a-t-il du cœur et Aragorn du courage? La Comté est-elle plus agréable à vivre que Fondcombe? Est-il prudent de visiter la Moria? Pourquoi les Orques ont-ils des jambes et ne vont pas sur l'eau? Les Hobbits sont-ils des Nains et les Elfes meurent-ils comme les Hommes?

    Personnages, espèces, géographie ; Le Figaro hors-série publie un numéro exceptionnel sur Tolkien l'enchanteur. On y retrouve tout ce qui a fait de Bilbon le Hobbit et du Seigneur des Anneaux , un phénomène culturel majeur de notre temps. Magnifiquement illustré par les plus belles images du film de Jackson, et les œuvres de John Howe, Allan Lee, et Ted Nasmith, il est le guide indispensable pour celui qui veut parcourir la Terre du Milieu."

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  • Tolkien de A à Z !...

    Les éditions du CNRS publient cette semaine un Dictionnaire Tolkien, établi sous la direction de Vincent Ferré. Universitaire, spécialiste incontesté de l'auteur du Seigneur des Anneaux, Vincent Ferré, qui a notamment publié Tolkien : sur les rivages de la terre du milieu (Bourgois, 2001), a rassemblé pour cet ouvrage près de 340 notices, établies par une soixantaine d'auteurs !...

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    "Une œuvre monde, avec ses langues, sa mythologie, sa géographie, ses villes et ses royaumes peuplés d’Elfes, de Hobbits, de mages et autres créatures imaginaires. Qui, toutes générations confondues, ne connaît pas Bilbo ou Frodo ? Écrivain, poète, critique, philologue, médiéviste, J.R.R. Tolkien est devenu, dès les années 1960, avec Le Seigneur des Anneaux puis récemment, avec les adaptations cinématographiques de Peter Jackson, un phénomène de société.

    Ce dictionnaire est le premier en français à donner une vision globale de cette oeuvre unique en son genre : personnages, sources d’inspiration, lieux, religion, politique, poésie, postérité, jeux vidéo ou de rôles… À côté de l’écrivain, le lecteur fera connaissance avec le Tolkien illustrateur, père de famille, médiéviste érudit. Y sont également interrogés le prétendu conservatisme de Tolkien, son projet de mythologie pour l’Angleterre…

    Un dictionnaire encyclopédique prenant en compte les acquis des recherches les plus récentes et des traductions nouvelles ; découvrant toutes les facettes d’une œuvre à l’imaginaire débordant, le travail constant d’un créateur-artisan soucieux du moindre détail, et le développement d’un univers en constante expansion.

    Un dictionnaire à la mesure de l’œuvre de Tolkien."

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  • Bilbo le Hobbit...

    Nous proposons à tous ceux qui ont aimé  Le Seigneurs des Anneaux , le livre de J.R.R. Tolkien, et qui ont apprécié son adaptation cinématographique, de visionner ci-dessous la bande annonce de Bilbo le Hobbit. Cette adaptation du premier roman de Tolkien par Peter Jackson devrait sortir en salle au mois de décembre 2012 ...

    Nous en profitons pour souhaiter à tous nos lecteurs un excellent Noël !

     
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  • Tolkien aujourd'hui ?...

    Les Presses universitaires de Valenciennes viennent de publier Tolkien aujourd'hui, un ouvrage collectif dirigé par Michaël Devaux, Vincent Ferré et  Charles Bridoux.

    A Michaël Devaux, on doit déjà la direction de l'ouvrage collectif intitulé Tolkien, les racines du légendaire (Ad solem,  2003), à Vincent Ferré l'essai Sur les rivages de la terre du milieu (Bourgois, 2001) ainsi que la direction de l'ouvrage collectif Tolkien, 30 ans après, quant à Charles Ridoux, il est déjà l'auteur d'un essai intitulé Tolkien, Le Chant du Monde (Encrage, 2004)...

    Bref Tolkien aujourd'hui doit figurer dans la bibliothèque de tous les inconditionnels de Tolkien !

     

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    "A-t-on tout dit de J.R.R. Tolkien, l’auteur du Seigneur des Anneaux, repris et imité par les littératures de l’imaginaire depuis un demi-siècle, avant d’être adapté au cinéma et oscarisé ?
    Certainement pas ! Des spécialistes français et européens font ici le pari de confronter leurs approches et leurs lectures, pour révéler des aspects moins étudiés de son oeuvre, en croisant littérature, musique, cinéma, théologie, philosophie, histoire et jeux, afin de replacer Tolkien dans son époque et dans le genre qu’il a contribué à refonder, la fantasy. Sont ainsi examinés, de manière neuve et ambitieuse, le dialogue de Tolkien avec Lewis, S. King ou encore Wagner, la place des femmes et des Hobbits, la tentation et l’héroïsme. Par ces approches inédites, cet ouvrage entend ainsi montrer à quel point Tolkien est actuel et protéiforme, éloigné des clichés auxquels on le réduit trop souvent :Tolkien aujourd’hui est une formidable invitation à découvrir sous un angle nouveau un univers qu’on pensait bien exploré."
     
     
    Au sommaire :
     
    Dédicace à Christian Bourgois
    Introduction – Michaël Devaux, Vincent Ferré et Charles Ridoux
    Thomas Honegger : A good dragon is hard to find ; or from draconitas to draco
     

    Lectures spirituelles de Tolkien

    Michaël Devaux : L’esprit de l’espoir chez Tolkien. Considérations sur l’Estel
    Sébastien Hoët : Des corps épuisés. L’effort et la fatigue dans le Seigneur des Anneaux
    Annie Birks - J.R.R. Tolkien et C.S. Lewis : deux approches du thème de la tentation
    Christian Chelebourg : « ‘Subcreation’ in a special way » : Métalecture du Professeur Tolkien
    Sébastien Marlair : Le Seigneur des Anneaux ou l’art du palantίr. Considérations sur l’art du récit tolkiénien -
    Laurent Alibert : L’héroïsme chez Tolkien. Une étude de Farmer Giles of Ham
    F. Guglielmo Spirito : Gandalf the Wiser. Trough the Wisdom of the Desert Fathers
    Charles Ridoux : Le Légendaire d’Âge en Âge

    Sources et filiation

    Leo Carruthers : Ælfwine de Leithian et la Chronique anglo-saxonne
    Angela Braito : La question de l’influence wagnérienne dans l’oeuvre de Tolkien -
    Anne Besson : Fécondités d’un malentendu : la postérité de Tolkien en fantasy
    Chrystel Bourgeois : Le système tripartite dans le Seigneur des Anneaux -
    Antoine Dauphragne : Le jeu de rôles et la Terre du Milieu
    Grégory Bouak : De la high à la dark fantasy : Tolkien et Stephen King -
    Thomas Fornet-Ponse : Intertextuality in Tolkien and the (un)informed reader : The Lord of the Rings & The Silmarillion

    Peuples et figures

    Mirella Vadéan : L’entrée royale d’Aragorn II, roi du Gondor et d’Arnor, dans la cité de Minas Tirith
    Aurélie Brémont : Les Hobbits dans le Seigneur des Anneaux
    Marie Burkhardt : La représentation des personnages féminins dans The Lord of the Rings : de Tolkien à Jackson
    Eric Flieller : Évolution et permanence de la figure des Nains dans le Légendaire -

    Conclusion

    Anne Larue : Tolkien ancêtre de lui-même ?
    Isabelle Pantin : Tolkien et l’histoire littéraire : l’aporie du contexte
    Vincent Ferré : Cinq ans après Trente ans après… Post-scriptum sur les recherches francophones

     
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