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  • Les dessous du conflit israélo-iranien...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Gauthier cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré  à la guerre ouverte déclenchée par Israël contre l'Iran...

     

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    Benyamin Netanyahou et les dessous du conflit israélo-iranien

    En attaquant l’Ukraine, le 22 février 2022, Vladimir Poutine ne savait peut-être pas à quelle point cette équipée brouillonne, qui devait alors se conclure en quelques semaines, allait bouleverser la géopolitique mondiale. Les attaques israéliennes contre l’Iran, déclenchées ce 13 juin, en sont aujourd’hui la conséquence logique.

    Ainsi, en se concentrant tous ses efforts sur Kiev, Moscou laisse le champ libre à d’autres initiatives, toutes aussi hasardeuses, dont celle du Hamas, le 7 octobre 2023, ayant entraîné les massacres qu’on sait. Dès lors, l’enchaînement est inéluctable et la réponse de l’État hébreu aussi prévisible qu’impitoyable : Tel-Aviv peut alors se déchaîner sur le Hezbollah libanais tout en commençant, déjà, à menacer l’Iran. Principe d’opportunité oblige, ce qui demeure de Daech en Syrie en profite pour mettre à bas le régime de Bachar el-Assad. Là, ce n’est pas en deux semaines, mais seulement en quelques jours. En effet, le Hezbollah n’est plus en mesure de lui venir en aide ; pas plus que le Kremlin, bien trop occupé en Ukraine.

    Résultat ? L’arc chiite qui allait de Téhéran à Beyrouth en passant par Damas n’est plus ; privant ainsi la République islamique d’Iran de toute profondeur stratégique. Pour tout arranger, Donald Trump négocie en direct avec les Houthis yéménites, l’ultime allié de l’ayatollah Khamenei. Ce principe d’opportunité, qui a profité aux Syriens de Daech, Israël le fait sien à son tour, en attaquant l’Iran à un moment d’autant plus idoine que le revenant de la Maison-Blanche n’a, malgré ses dénégations, rien à refuser à Benyamin Netanyahou.

    Trump et Netanyahou : qui donne les ordres, qui les reçoit ?

    La preuve en sont ces révélations d’Adrien Jaulmes, correspondant du Figaro à Washington, ce 14 juin : « Les négociations entre les États-Unis et l’Iran, rouvertes par Trump à la surprise générale en avril dernier, avaient d’abord semblé déjouer les plans de Netanyahou, depuis longtemps favorable à une action militaire contre le programme nucléaire iranien. » Mais, toujours selon la même source : « Donald Trump et ses conseillers auraient fait semblant de s’opposer publiquement à des frappes israéliennes. L’objectif était de convaincre l’Iran qu’aucune attaque n’était imminente et de s’assurer que les militaires et les scientifiques iraniens figurant sur les liste des cibles d’Israël ne prendraient pas de précautions particulières. Pour parfaire la couverture, des collaborateurs de Netanyahou avaient même déclaré aux journalistes israéliens que Trump avait tenté de retarder une frappe israélienne, lors d’un appel téléphonique, le lundi 10 juin. » Citant l’International Crisis Group, think thank américain, Adrien Jaulmes note néanmoins : « Cela n’était pas conforme à la stratégie du président américain. Netanyahou a clairement forcé la main à Trump. » Bref, de l’attelage américano-israélien, on ne saura jamais vraiment qui tient la laisse ; qui est le maître et qui est le chien.

    L’incontestable supériorité technologique d’Israël

    D’un strict point de vue militaire, l’opération israélienne est un indéniable succès. Pourtant, il y a une dizaine d’années, un diplomate iranien assurait à l’auteur de ces lignes : « Avec les missiles S-300 fournis par les Russes, l’Iran est sanctuarisé. Si cent avions israéliens viennent nous attaquer, seule une vingtaine en réchapperont. » C’est en 2010. Un an avant, Gérard de Villiers, dans La Bataille des S-300, un SAS redoutablement bien documenté, écrit strictement la même chose. Seulement voilà, c’était il y a quinze ans et la technologie a fait des progrès depuis et, en la matière, l’écrasante supériorité israélienne est indubitable. Ainsi, les deux cents chasseurs partis bombarder l’ancienne Perse, ce vendredi 13 juin, sont tous rentrés intacts à leurs bases respectives. Certes, la riposte iranienne n’est pas mince, mais demeure strictement anecdotique, comparée aux dégâts causés par la partie adverse.

    Par certains aspects, cette guerre n’est pas comparable aux autres conflits ayant ensanglanté le Proche et le Moyen-Orient, les deux belligérants n’ayant aucune frontière en commun. L’avantage revient donc plus à celui qui maîtrise au mieux les avancées scientifiques permettant de frapper de loin qu’à celui capable d’aligner le plus de soldats pour aller se battre de près. Pour tout arranger, ce qui demeure d’aviation à Téhéran relève du domaine du dérisoire. Dans celui de la guerre du futur, l’État hébreu a déjà marqué des points décisifs. L’opération des téléphones portables piégés, fomentée dix longues années durant par les maîtres espions du Mossad et ayant décapité nombre de cadres du Hezbollah, a durablement marqué les esprits. Celle ayant intoxiqué le gratin militaire de l’armée iranienne, pour le pousser à se rassembler en un lieu et à une date évidemment connue du Mossad, afin de mieux pouvoir les atomiser, ce même vendredi 13 juin, demeure une autre remarquable manipulation.

    La « menace existentielle » d’Israël fondée sur une manipulation médiatique ?

    Après, quels sont les motifs de cette guerre ? Israël excipe évidemment de sa « survie », faisant de la République islamique d’Iran une « menace existentielle », surtout quand au bord d’acquérir l’arme nucléaire. À l’époque des missiles S-300 plus haut cités, il ne s’agit pourtant pas d’une priorité pour l’ayatollah Khamenei, pas plus que le président d’alors, Mahmoud Ahmadinejad n’entend « rayer Israël de la carte », tel que soi-disant prétendu lors d’une conférence prononcée le 25 octobre 2005. À croire que tout cela puisse participer d’une autre manipulation, médiatique, celle-là ; ce que semblait croire Le Point, à l’époque et qui, pourtant, n’est pas connu pour être un hebdomadaire furieusement antisioniste.

    Quand Tel-Aviv écoutait Téhéran…

    Ainsi, le 26 avril 2012, peut-on lire, sous la signature du journaliste Armin Arefi : « Le vent est-il en train de tourner sur l’Iran ? Présentée comme inévitable il y a encore quelques semaines, le risque de frappes israéliennes – et même d’une guerre régionale – semble inexorablement s’éloigner. Le revirement date du jour qui a vu deux responsables israéliens en exercice – le ministre de la Défense Ehud Barak et le chef d’état-major Benny Gantz – annoncer publiquement que la République islamique n’a pas décidé de se doter de la bombe atomique. Une information en réalité connue depuis plusieurs années des divers services de renseignement américains, mais aussi israéliens. » Bigre. Cela qui signifie que si les accords irano-américains sur le nucléaire iranien avaient suivi leur cours, peut-être que cette République islamique n’essaierait pas, aujourd’hui, de véritablement se doter de l’arme fatale en question…

    D’ailleurs, cela aurait-il été aussi grave pour la paix dans le monde ? Après tout, au siècle dernier, l’État hébreu s’est lui aussi équipé de l’arme nucléaire, en toute illégalité et ce dans le plus grand secret. Que l’Iran rétablisse ce déséquilibre n’aurait peut-être pas été non plus un péril pour la région. C’est en tout cas ce qu’estimait Jacques Chirac, le 29 janvier 2007, cité par Le Monde : « Je dirais que ce n’est pas spécialement dangereux. (…) Ça veut dire que si l’Iran poursuit son chemin et maîtrise totalement la technique électronucléaire, le danger n’est pas dans la bombe qu’il va avoir et qui ne lui servira à rien. Il va l’envoyer où, cette bombe ? Sur Israël ? Elle n’aura pas fait deux cents mères dans l’atmosphère que Téhéran sera rasé de la carte. »

    Ce que Tel-Aviv n’avait pas à craindre, Le Point officialisant, le 26 avril 2012 toujours, ce qui s’écrivait dans des rédactions moins en vue : Mahmoud Ahmadinejad, par une erreur de traduction en anglais, dont on ne sait si elle fut ou non volontaire, a vu ses propos déformés. D’où la tardive mise au point de cet hebdomadaire : « Dans une interview à Al Jazeera, reprise par le New York Times, Dan Meridor, ministre israélien du Renseignement et de l’Énergie atomique, a admis que le président iranien n’avait jamais prononcer la phrase “Israël doit être rayé de la carte”. Il a tout de fois ajouté : “Mahmoud Ahmadinejad et l’ayatollah Khamenei ont répété à plusieurs reprises qu’Israël était une créature artificielle et qu’elle ne survivrait pas.” » Dans le registre de ces « créatures artificielles », le président iranien incluait par ailleurs l’URSS, dont il disait : « Qui pensait qu’un jour, nous pourrions être témoins de son effondrement ? » Et Le Point de rappeler : « Pourtant, c’est bien cette première citation erronée qui a été reprise en boucle par les médias du monde entier, attisant d’autant plus les soupçons autour du programme nucléaire iranien. »

    L’actuelle rhétorique eschatologique de Benyamin Netanyahou ne reposerait donc que sur du vent, au même titre que les sempiternels appels à un « droit international » tout aussi fumeux que paradoxalement des plus solides, depuis le temps que tant de nations s’assoient régulièrement dessus. Et la suite des événements ? Quid d’une éventuelle solution politique ? Le Premier ministre israélien parait n’en avoir guère plus à Téhéran qu’à Gaza. Certes, il compte sur l’apathie des États sunnites voisins, finalement pas mécontents de voir leur concurrent chiite dans la tourmente. Malgré ses protestations, la Russie devrait se cantonner dans la posture verbale, même si la Chine pourrait éventuellement hausser le ton, étant dépendante en grande partie du pétrole importé d’Iran.

    Renverser le régime iranien de l’intérieur : une chimère ?

    Et puis, il y a ce rêve de moins en moins inavoué consistant à renverser, de l’intérieur, le régime des mollahs. Là, il y a peut-être loin de la coupe aux lèvres, tel que souligné par Delphine Minoui, journaliste franco-iranienne et spécialiste incontestée de son pays natal, dans Le Figaro de ce 16 juin : « La société est divisée en trois groupes. Le premier, minoritaire, applaudit les frappes israéliennes. Le deuxième reste fidèle au régime, pour des raisons idéologiques ou d’intérêt économique. Le troisième, majoritaire, ne soutient ni la République islamique ni les frappes israéliennes. Il se réjouit de la mort des commandants corrompus des gardiens de la révolution, mais rejette toute forme d’agression contre le territoire et toute tentative d’imposer un système politique venu de l’extérieur. » Voilà qui est bien court pour subvertir le régime de l’intérieur…

    De son côté, notre confrère Régis Le Sommier, dans Le Journal du dimanche, n’écrit pas fondamentalement autre chose : « L’ère du carpet-bombing est révolue, mais Netanyahou y croit toujours, pour satisfaire une partie de son opinion publique. » Et surtout jouer la montre, histoire de repousser son inévitable comparution devant la commission d’enquête qui l’attend, négligeant qu’il a été devant le massacre commis par un Hamas ayant réussi à bousculer Tsahal, armée pourtant donnée pour toute puissante, le 7 octobre 2023.

    Posséder l’hégémonie technologique sur le temps court est une chose. Avoir une vision politique sur le temps long en est une autre. Tôt ou tard, Benyamin Netanyahou pourrait l’apprendre, fut-ce à ses dépens.

    Nicolas Gauthier (Site de la revue Éléments, 17 juin 2025)

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  • Édouard Philippe à la rescousse du « bloc central » ? C’est pas gagné !

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Gauthier , cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à Édouard Philippe, l'homme providentiel du centre mou, progressiste et raisonnable...

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    Le prix de ses mensonges...

     

    Édouard Philippe à la rescousse du « bloc central » ? C’est pas gagné !

    Ce n’est pas l’imagination qui tuera les représentants du « bloc central ». La preuve par Le Prix de nos mensonges. (JC Lattès), livre programmatique d’Édouard Philippe, l’ancien Premier ministre mirifique qu’on sait. À le lire, notre homme serait « en colère ». On en tremble déjà. Et derrière ce « nos mensonges », ne s’agirait-il pas surtout des « siens » ?

    En effet, le voilà qui se fâche tout rouge en écrivant : « Si nous voulons avancer, arrêtons de nous mentir ! ». Et peut-être de mentir aux électeurs, au passage ? Si l’homme à la capillarité fluctuante – un jour clone de Kung-fu Panda et l’autre, sosie officiel du défunt Michel Blanc – il a néanmoins de la suite dans son manque d’idées, affirmant, lors d’un entretien accordé au Point, ce 29 mai : « Nous ne sommes pas suffisamment conscients de ce que nous vivons, et nous aimons nous présenter la réalité d’une façon qui nous plaît, plutôt que de nous confronter à ce qu’elle est vraiment. » Ce subit accès de lucidité serait-il à prendre comme une sorte de contrition, ce « nous » le concernant au premier chef, sachant que ce sont « eux », ces fameux « partis de gouvernement », qui sont au pouvoir depuis tant de décennies ? Évidemment que non. Lorsque l’hebdomadaire lui fait remarquer qu’il ne cite « nommément aucun responsable » et qu’il aurait pu tout aussi bien titrer de la sorte son essai, « Et si Macron avait été courageux ? », il préfère éluder, expliquant que « tel n’est pas son état d’esprit ».

    Son projet de rupture ? Continuer comme avant !

    Ça, c’est finaud. Aussi finaud qu’un camion-benne, mais finaud tout de même. Au fait, tant qu’à dévaster les forêts pour imprimer des carabistouilles, autant en apprendre un peu plus sur le programme du potentiel futur Président de 2027 ; ce d’autant plus que le programme en question serait du genre « massif », allant jusqu’à évoquer « un projet de rupture », toujours à en croire Le Point. Bref, un machin propre à faire « bouger les lignes » et à donner dans le « disruptif », comme disent généralement les cons.

    Soyons justes, nous ne sommes pas déçus, ce « projet de rupture » consistant en ceci : « Il s’agit des éléments qui me paraissent prioritaires, l’école, le modèle social et son financement, la réforme de l’État, la justice. Je proposerai une transformation massive aux Français. Je dirai ce qui me paraît nécessaire pour le pays. » Pour « disrupter », ça va « disrupter », et pas qu’un peu, mais à fond les manettes. Il n’y a pas à barguigner : on sent l’homme « en colère », prêt à se battre à mains nues contre la première rame de TGV venue.

    Bon, bien sûr, il y a l’insécurité galopante ; mais il n’en parle pas, ou si peu.

    Toujours plus d’immigrés…

    Évoquer l’immigration ? On le sent dans l’exercice obligé : « Les démagogues professionnels et angoissés du grand remplacement racontent n’importe quoi lorsqu’ils prétendent se fixer l’objectif d’une “immigration zéro”. Il est au contraire absolument certain que la France encore besoin, à l’avenir, de laisser s’installer sur son territoire des étrangers, sans quoi il ne sera pas possible de faire tenir notre modèle économique et social. » Pourquoi ? « Parce que nous aurons besoin d’ingénieurs, de techniciens, d’ouvriers agricoles, de cuisiniers. » Avec un demi-million d’immigrés débarquant en France chaque année, cela devrait pourtant suffire à Édouard Philippe pour faire son marché. Mais non. Il lui en faut toujours plus. Certes, voilà qui devrait faire le bonheur d’une extrême gauche immigrationniste, mais surtout celui du grand patronat, toujours plus avide de main d’œuvre taillable et corvéable à merci. Histoire de jouer aux érudits, il lui faut bien évidemment en appeler aux mannes de Charles Péguy : « La vérité n’est pas toujours sexy, mais je cite souvent Charles Péguy, “Il faut toujours dire ce que l’on  voit ; surtout, c’est plus difficile, voir ce que l’on voit.” ».

    Édouard Philippe vu par Karl Marx…

    Nous, ce que l’on voit, c’est qu’un autre auteur, Karl Marx en l’occurrence et ce avec plus d’un siècle d’avance, dans Le Manifeste du Parti communiste, voyait mieux que bien qui est et ce que représente Édouard Philippe : « La bourgeoisie a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité traditionnelle, dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d’échange… La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu’on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages. La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n’être que de simples rapports d’argent… La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les conditions de la production, c’est-à-dire les rapports sociaux… Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelle distinguent l’époque bourgeoise de toutes les précédentes… Tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d’envisager leurs conditions d’existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés… » Ite missa est, si l’on peut dire, en évoquant cette homélie marxiste.

    Le énième avatar de la gauche rocardienne…

    Pour ceux qui ne s’en seraient pas doutés, Édouard Philippe, à l’instar de tant d’autres nuisibles, tel Dominique Strauss-Kahn, l’un des plus emblématiques, a usé ses fonds de culotte à l’école de Michel Rocard. On ne dira jamais assez le mal causé par cette « Deuxième gauche », ou « Gauche américaine » étant parvenu à ce tour de force ayant consisté à éloigner la gauche de ses traditionnels combats sociaux tout en contaminant la droite pour l’embringuer dans des luttes sociétales ; tout cela au nom de l’économie de marché.

    À tous les titres, l’impétrant est donc le plus capé pour incarner ce foutu « bloc central », même si aujourd’hui singulièrement vacillant. Ce qui ne signifie pas forcément que le triomphe sera au rendez-vous, loin s’en faut.

    Ainsi, et ce sans surprise, Éric Ciotti, ancien cacique LR rallié à Marine Le Pen, quand Le Parisien du 1er juin lui demande s’il serait un jour prêt à « travailler » avec lui, répond sans ambiguïté : « En aucun cas. Édouard Philippe incarne ce magma central, sans audace et sans courage, qui a tiré la France vers le fond. Nous n’avons pas besoin d’un robinet d’eau tiède, de la poursuite du “en même temps”. » De son côté, Le Figaro remarque, le 26 mai : « Si Édouard Philippe reste le meilleur atout du bloc central pour se hisser au second tour de l’élection présidentielle et espérer l’emporter, quelle que soit l’identité du prétendant RN, les sondages ne traduisent aucune dynamique en sa faveur. »

    La mémoire longue des Gilets jaunes ?

    Il est vrai qu’Édouard Philippe, c’est un peu le canard sans tête dans une impasse en sens interdit, ne disposant, pour seule réserve électorale que la droite des macronistes et la gauche de ce qui demeure des LR. LFI viendra-t-il à sa rescousse en cas de second tour ? Rien n’est moins sûr. Quant à l’autre « bloc », celui de la France d’en bas, on les voit mal plébisciter celui par lequel la grande jacquerie des Gilets jaunes est arrivée. Ce d’autant plus que le bougre persiste dans l’erreur, affirmant au Figaro, le 20 mai, qu’il ne regrette rien de la baisse de la vitesse sur les routes nationales à 80 km/h, même si concédant : « Peut-être que je le ferais différemment. (…) Je n’ai probablement pas réussi à expliquer, c’est ma responsabilité, que cette mesure n’était pas pour emmerder le monde ou gagner de l’argent, mais pour éviter des accidents. » « Sauver des vies » ? Le propos semble des plus baroques en une société où l’on tue les enfants à naître dans le ventre de leur mère, tandis qu’on s’apprête à zigouiller les vieux en passe d’atteindre la date de péremption. Mais, au fait, l’autre raison de la colère des Gilets jaunes n’était-elle pas la hausse des taxes sur le diesel, décidée par notre sauveteur en chef ? Si. Mais on doute qu’une telle mesure ait été mise en place pour « sauver des vies ».

    Édouard Philippe, tout polytechnocrate soit-il, a encore beaucoup à apprendre. Sur la vie, justement.

    Nicolas Gauthier (Site de la revue Éléments, 3 juin 2025)

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  • La Meute : procès Mélenchon et règlements de comptes à l’extrême gauche...

    Nous reproduisons ci-dessous la chronique politique de Nicolas Gauthier cueillie sur le site de la revue Éléments, qui revient sur l'enquête consacrée à Jean-Luc Mélenchon et à LFI qui vient d'être publiée et qui fait grand bruit.

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    La Meute : procès Mélenchon et règlements de comptes à l’extrême gauche

    Le microcosme politico-médiatique a parfois des émerveillements d’enfant, telle qu’en témoigne la sortie de La Meute, l’essai de Charlotte Belaïch et Olivier Perou (Flammarion), consacré à Jean-Luc Mélenchon et à la manière dont il dirige son parti « gazeux », La France insoumise. Ainsi y apprend-t-on que la Méluche se comporterait en autocrate et que les insoumis n’auraient que cette alternative : se démettre ou se… soumettre. Le trotskisme serait donc violent, surtout dans sa variante lambertiste ? Décidément, on nous cache tout et on ne nous dit rien.

    Notons que les deux auteurs ne sont pourtant pas les perdreaux de l’année, Charlotte Belaïch officiant à Libération et Olivier Perou au Monde. Alors, de deux choses l’une : ce qu’ils font mine de dévoiler, ils l’ignoraient et les perdreaux en question font figure de pintades ; ou ils le savaient depuis belle lurette et ce sont des faisans. Car tout cela est quasiment tombé dans le domaine public depuis la création de l’Organisation communiste internationaliste (OCI), par Pierre Boussel (dit Lambert), le 23 novembre 1953. Rappelons que l’’OCI, lointain ancêtre de LFI, fut longtemps la grande rivale de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), dont Alain Krivine demeure la figure historique. De leur côté, les “lambertistes” de l’OCI sont en lutte permanente contre la LCR, les “pablistes”, du nom de Michel Raptis, l’un de ses fondateurs, dit “Pablo”. Ce qui peut expliquer certaines choses.

    Les purges comme une seconde nature…

    À ce jeu, scissions, purges et exclusions ont toujours été leur passe-temps favori. Dans Le trotskisme dégénéré*, Patrick Gofman, repenti de l’OCI, et désormais bien connu des auditeurs de Radio courtoisie, affirme « qu’à propos de la LCR, on parlait des pédés de la Ligue ». Ce dernier ne sera pas récompensé de son zèle dialectique, quand foutu dehors du Parti à coups de manche de pioche pour avoir écrit un roman sans autorisation de la direction. L’ouvrage ne brillait pourtant guère par ses prétentions révolutionnaires, puisqu’intitulé : Les Blondes préfèrent les cons. C’est dire l’ambiance festive. En effet, si les “pablistes”, sont plus impliqués dans les luttes sociétales, immigrés, cannabis et homosexuels en vente libre ; les “lambertistes” privilégient un combat social, autrement plus austère. À côté, Lutte ouvrière (le troisième compère trotskiste emmené par Arlette Laguiller), c’était Woodstock.

    Cela n’a pourtant pas empêché un Jean-Luc Mélenchon ou un Jean-Christophe Cambadélis de rallier le Parti socialiste, ces « sociaux-traitres » honnis entre tous, au mi-temps des années 80. François Mitterrand, lui, savait qui “ils” étaient ; tout comme il n’ignorait pas plus que Lionel Jospin venait de la même écurie. La droite de gouvernement, aux fraises comme toujours, ne comprenait rien à ce micmac passablement talmudiste. Rien de plus normal pour elle : l’économie étant la seule discipline sérieuse, alors que la culture et la politique, simple hobby, on pouvait l’abandonner à la gauche en toute quiétude. Toujours visionnaires, les lascars…

    Résultat ? Mélenchon, un trotskiste au Sénat, ce qui fait à peu-près aussi tache sur un CV avant-gardiste que le financement du trotskisme européen par la CIA, par le biais du syndicat Force ouvrière d’André Bergeron, histoire de lutter contre l’influence soviétique. Mais voilà qui n’a pas empêché les camarades de jadis de continuer le combat sous d’autres formes, les temps ayant bigrement changé.

    L’immigration, le peuple de remplacement…

    Le premier à avoir fait ce constat demeure Jean-Luc Mélenchon : les luttes sociales ont fait leur temps, depuis que les ouvriers ont trahi le prolétariat en demandant asile politique au Rassemblement national. Comme on sait, l’immigration fera figure de peuple de remplacement. Un combat qu’Edwy Plenel (LCR), a longtemps porté au Monde, avant de le poursuivre à Mediapart, tandis que son meilleur ennemi « lambertiste » faisait de même dans les urnes. Tout aussi logiquement, les voilà une fois de plus réunis dans leur compagnonnage avec ces Frères musulmans, souvent et non sans raison, tenus pour être les « trotskistes de l’islam ». Mais ce compagnonnage ne saurait occulter les luttes ancestrales.

    Et ce n’est sûrement pas pour rien que les deux auteurs de ce cet essai en peau de lapinou viennent du Monde et de Libération. Avec Edwy Plenel, ce premier quotidien fut longtemps l’une des chasses gardées de la Ligue, tandis que le second n’a jamais renié ses origines maoïstes, autre tribu de l’extrême gauche française. Une véritable histoire de famille, en quelque sorte. Mais alors, pourquoi tant de haine ?

    Il y a évidemment la question de l’antisémitisme. Au défunt Daniel Bensaïd, juif sépharade et idéologue de la LCR, on a souvent prêté cette phrase : « Si je n’avais été là, les bureaux politiques de la Ligue auraient pu se tenir en yiddish… » Nombre de ses coreligionnaires d’alors sont devenus néo-conservateurs ; soit le contraire d’un Jean-Luc Mélenchon, dont le moins qu’on puisse prétendre est qu’il ne caresse pas actuellement l’État hébreu dans le sens du poil. De ce fait, l’extrême gauche se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, tant l’antisionisme de LFI et de ses alliés islamistes flirte dangereusement avec le traditionnel antisémitisme de gauche. Le gourou insoumis aurait-il été trop loin en ce registre plus que glissant ? Craindrait-il de subir le même sort qu’un Jeremy Corbyn, son homologue anglais, chassé du mouvement travailliste pour de semblables raisons ? La question mérite d’être posée.

    Des purges sans fin…

    Voilà qui expliquerait la raison de la promotion de ce livre, vanté par tous les médias de gauche dominants, alors qu’il ne révèle finalement pas grand-chose, l’histoire de la France insoumise ayant toujours été celle d’une purge sans fin. Du temps du gourou Pierre Lambert, il y eut des Charles Berg et des Stéphane Just. Au siècle d’après, les éléments souverainistes ont ouvert les festivités, Georges Kuzmanovic et consorts, puis le couple Alexis Corbières et Raquel Garrido ; sans oublier les autres, partis avant d’être chassés, Clémentine Autain et François Ruffin. Si, comme on dit, le loup est un loup pour l’homme, il peut aussi arriver que les rats se bouffent entre eux.

    Nicolas Gauthier (Site de la revue Éléments, 13 mai 2025)

     

    *https://francephi.com/livre/le-trotskisme-degenere

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  • Les anars de droite...

    Le magazine Valeurs actuelles publie un nouveau numéro hors-série intitulé Les anars de droite. Un numéro introduit par Olivier Dard dans lequel on trouvera notamment des articles de Jean-Jacques Mourreau, d'Olivier Maulin, de Nicolas Gauthier, d'Eric Letty, de Bruno de Cessole, d'Alexandre Nantas, de Jérôme Leroy et de Michel Marmin !...

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    " Ils ont été, de tout temps, les sonneurs de tocsin contre la décomposition et la déconstruction. Mais sans jamais se prendre au sérieux. Irrésistiblement français ! Et animés d’un goût prononcé pour la provocation…

    C’est aux anars de droite, écrivains, polémistes, artistes, qu’est consacré ce nouveau hors-série de Valeurs actuelles : du dandy précurseur Barbey d’Aurevilly aux répliques d’Audiard et piques de Desproges, de Céline à Brassens, des Hussards à Tesson, en passant par Bloy et Raspail, Gérard de Villiers, le père de SAS, BB et Sardou… Un dossier présenté par l’historien Olivier Dard. "

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  • L'Histoire interdite, la suite...

    Le magazine Valeurs actuelles publie un nouveau numéro hors-série intitulé L'Histoire interdite. Un numéro dirigé par Arnaud Folch dans lequel on trouvera des articles de Jérôme Besnard, d' Eric Letty ou de Nicolas Gauthier.

     

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    " Après le formidable succès, il y a un an, de L´Histoire interdite 1ère partie, présentée par Jean Sévillia, voici enfin la suite ! 132 pages de faits, de portraits et d´évènements de toutes les époques occultées par l´histoire officielle et étayés par de nombreux documents inédits, allant à rebours du wokisme et du "politiquement correct". Le tabou des "intellectuels" de gauche pro-pédophiles ; De Proudhon à Jaurès, les socialistes antisémites ; l´épopée des croisades ; Louis XVI réhabilité ; Le "Who´s who" de la Francisque ; Darlan, l´assassinat mystère ; Les SAS en Algérie, au service de la population ; l´Odysée sanglante des barbouzes ; De Gaulle et le comte de Paris ; entretiens secrets ; Le faux attentat de Mitterrand ; Pierre Goldman, le braqueur héraut de la gauche ; Giscard-Chirac, les coulisses d´une guerre... "

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  • Macron est-il un Président « normal » ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Gauthier cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à l'état psychologique d'Emmanuel Macron...

     

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    Le doute commence à gagner ses partisans : Macron est-il un Président « normal » ?

    Y aurait-il un problème Macron, psychologiquement s’entend ? On est en droit de se le demander, tant ça se murmure des comptoirs de bistrot jusque dans les colonnes du Figaro. Bref, grande est l’impression que le premier des Français a tendance à exercer le pouvoir dans une solitude grandissante et de plus en plus aléatoire.

    Ainsi, quand il s’adresse directement aux Français, lors du Salon de l’agriculture, c’est un peu comme s’il se parlait à lui-même. À ce détail près qu’en la circonstance, Emmanuel paraît contredire Macron, tel qu’en témoigne l’invitation lancée aux Soulèvements de la Terre, annulée au dernier moment pour éviter que le dialogue promis avec les syndicats paysans ne tourne à la foire d’empoigne.

    D’invitation officielle, il n’y aurait donc pas eu. Enfin si, tout de même un peu, cette association écologiste assurant l’avoir reçue ; ce qui est plus que plausible. De deux choses l’une : ou Emmanuel Macron a demandé à ses services d’envoyer ladite invitation ; et, du coup, il ment. Ou ces derniers l’ont fait sans le consulter, et cela ne fait pas très sérieux.

    Un perpétuel pas de deux

    La même remarque vaut pour ce qui est de savoir si le Rassemblement national fait partie ou non du fameux « arc républicain ». Pour Emmanuel, c’est oui. Mais pour Macron, c’est non, à en croire l’entretien accordé à L’Humanité, à l’occasion de la panthéonisation de Missak Manouchian ; tandis qu’histoire de faire bonne mesure, son Premier ministre, Gabriel Attal, affirme dans l’intervalle que le RN fait bel et bien partie de l’arc en question.

    Du coup, Patrick Vignal, député Renaissance de l’Hérault, avoue au Figaro : « Emmanuel Macron est un Président brillant, qui travaille beaucoup et dort peu. Mais il ne peut pas tout faire, être à la fois Président, ministre, parlementaire, maire et président de conseil départemental. Disons qu’il a un excès de générosité dans sa volonté de régler les problèmes. » Voilà qui est élégamment suggéré, mais qui laisse aussi entrevoir le malaise grandissant des proches du pouvoir, selon une source qui se réfugie dans l'anonymat : « Pour la première fois, dans des cercles macroniens, la question du comportement du Président est clairement posée. Il y avait un tabou et il est levé. »

    Il est vrai que la nomination de Gabriel Attal fut le fait du prince, alors que son premier cercle - Richard Ferrand, ancien président de l’Assemblée nationale, au premier chef - était vent debout contre. Il est tout aussi vrai que le remaniement ministériel y afférent fut un autre grand moment d’amateurisme, avec la nomination d’Amélie Oudéa-Castéra à l’Éducation nationale, avant de s’en faire débarquer quelques semaines plus tard.

    Et que dire d’une Valérie Hayer, catapultée en tête de liste du parti présidentiel, parfaite inconnue dont les premières interventions médiatiques seraient... comment dire... plus que balbutiantes ?

    Une politique internationale des plus brouillonnes…

    Mais encore ne s’agit-il là que d’affaires propres aux arrière-cuisines politiciennes. Car dans le domaine régalien, Emmanuel Macron s’est à deux fois surpassé. Tout d’abord en proposant la création d’une coalition internationale contre le Hamas, à la suite des événements du 7 octobre dernier, sans avoir au préalable consulté un seul de ses homologues. Résultat ? La France a été ridiculisée, tandis que le Quai d’Orsay était proprement consterné par une telle annonce.

    Puis cette autre sortie, lancée encore sans la moindre concertation avec les autres chefs d’État du bloc occidental, selon laquelle l’envoi de troupes au sol en Ukraine pourrait être une hypothèse à ne pas négliger.

    Une fois de plus, la France devient la risée du monde. Celle de Vladimir Poutine et des chefs d’État du « Sud global » ; soit ces nations représentant plus de la moitié de la planète. Mais également celle de nos alliés présumés : Allemagne, Italie, Royaume-Uni et même Pologne... c’est dire. Pire encore, ce sont les USA qui sifflent la fin de la récréation.

    D’où cette question qui doit tarauder les derniers de ses proches : cet homme est-il encore à la hauteur de sa fonction ? A-t-il aussi un problème d’ordre psychologique ? Est-il en proie à un sentiment de puissance allié à des troubles dysfonctionnels ? Cette question que personne n’osait poser, il y a encore quelques mois, devient donc de plus en plus insistante. Des voix se lèvent. Elles se lèvent d’autant plus fort que la prochaine échéance présidentielle est dans trois ans, que le résident de l’Élysée ne sera pas en mesure de se représenter et que la fidélité au « marcheur » se fait chaque jour plus relative. D’où, peut-être, ce comportement des plus désordonnés qui est en train de devenir sa marque de fabrique, la perspective de peut-être devoir remettre un jour les clefs du château à une certaine Marine Le Pen n’arrangeant rien.

    Outre-Atlantique, on appelle ça le « syndrome Barack Obama », obligé de léguer celles de la Maison-Blanche à Donald Trump. On serait survolté et dépressif à moins, surtout pour un homme pas tout à fait connu pour être né le jour de la Saint-Modeste.

    Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 6 mars 2024)

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