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mainstream

  • Art contemporain et Etat culturel...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Aude de Kerros, cueilli sur Contrepoint et consacré à l'art contemporain, un "art" très largement subventionné en France...

    Aude de Kerros est l'auteur de plusieurs essais consacré à la question de l'art, comme L'art caché - Les dissidents de l'art contemporain (Eyrolles, 2007), Sacré Art Contemporain (Jean-Cyrille Godefroy, 2012) ou 1983-2013 Années noires de la peinture (Pierre-Guillaume de Roux, 2013), avec Marie Sallantin et Pierre-Marie Ziegler.

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    Aude De Kerros : « L’Etat culturel a détruit la création française »

    Qu’est-ce que l’art contemporain ? Quelle est sa caractéristique principale ?

    L’art contemporain est une forme de création centrée, contrairement à l’art, sur le concept. Depuis les années 60 il a connu plusieurs métamorphoses Aujourd’hui l’AC veut être une expression de la mondialisation. Pour cela il doit être hyper-visible et rentable. Ainsi l’artiste d’AC1 est devenu un concepteur d’objets, mis en forme par des designers, fabriqués en « factory », sous différents formats et en nombres adaptés aux stratégies de diffusion. Ces objets sont conçus pour habiter tous les circuits de consécration, de l’espace urbain au musée et à la galerie. Cette adaptabilité à chaque lieu assure sa visibilité et sa vente. L’objet destiné aux Institutions et au grand collectionneur rapporte souvent moins que la vente de tous les produits dérivés et des droits sur l’image. Aujourd’hui l’AC fonctionne comme un produit financier composite, fondé sur un produit manufacturé sur mesure. Ce produit financier voit fabriquer sa valeur en réseau dont le centre est le grand collectionneur et ses amis. Ce système fonctionne comme un trust et une entente réunis. Il satellise marchands, salle des ventes, institutions et médias. Son privilège sur les autres marchés financiers est de ne pas être régulé.

    Sur quelles structures repose l’art contemporain ?

    La consécration de « l’art » se faisait lentement par la reconnaissance des pairs, des amateurs et d’un marchand. « L’art contemporain » a changé la donne, sa valorisation se fait en réseau. Au début des années 60, la consécration devient rapide grâce à des réseaux centrés autour de grandes galeries qui lancent un nom en deux ans. A partir de la fin des années 90 c’est autour des grands collectionneurs que se fabrique la valeur, cette fois-ci en réseau fermé. Il faut y appartenir pour collectionner sans risques mais pour ce faire il faut une fortune hors normes. Le marché de l’AC comprend un deuxième cercle de « suiveurs », collectionneurs solitaires qui ont les moyens de « se faire plaisir ». Ils se veulent découvreurs, à leurs risques et périls d’artistes « émergeants » encore accessibles parce que non cooptés par le premier cercle. Grâce à cela, ils côtoient le monde prestigieux des grandes fortunes internationales. Certains manifestent ainsi leur candidature à entrer dans la cour des grands.

    Le troisième cercle, celui des « innocents » appartiennent à ceux qui croient en l’AC comme on croit à une religion. Ils pratiquent le culte en achetant l’œuvre d’artistes candidats à l’émergence.

    Comment expliquer que c’est l’art contemporain qui est devenu cette clé d’accès ? Qu’est-ce qui le caractérise ?

    C’est un art visuel accessible au-delà des langues et des cultures car il a adopté les images de la grande consommation culturelle, dite « mainstream ». L’AC a capté les codes des marques internationales, du pop, de toutes les représentations partagées d’un bout de la planète à l’autre. L’AC acquiert ainsi un pouvoir fédérateur grâce à ce langage minimum, non verbal. C’est une communion dans le presque rien. Son contenu est souvent critique, nihiliste et dérisoire, il permet un consensus négatif et passe ainsi par dessus les obstacles liés à la foi religieuse, aux goûts culturels, à l’attachement national, aux convictions intellectuelles et politiques.

    Mais pourquoi ce réseau s’est-il structuré autour d’un art ? Après tout, les associations de riches ne sont pas récentes…

    Après la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide culturelle, l’AC a été « reprogrammé ». Il est devenu à la fois produit financier, industrie culturelle, divertissement planétaire. Il a été le prétexte le plus adapté d’évènements et de fêtes destinées à une hyper-classe internationale liée par des intérêts d’argent. Lieux de rencontre aux quatre coins du monde, occasions périodiques, sans qu’aucune idée commune ne soit nécessaire à partager… Quoi rêver de mieux ? En résumé l’art contemporain, c’est le réseau social des très riches.

    Pour autant, lorsque l’on regarde la nouvelle génération d’entrepreneurs (Marc Zuckerberg, Elon, Musk, Richard Bronson, Jeff Bezos et en France Xavier Niel), semble-t-elle répondre aux mêmes codes comportementaux ? N’y a-t-il pas chez eux un rejet de ce type de réseau ?

    Il m’est difficile de juger ces personnes, il faudrait que je les connaisse mieux. Cependant je constate que l’hégémonie culturelle américaine en vigueur depuis la chute du mur de Berlin, se trouve confrontée à une résistance de plus en plus forte de la part des pays émergents qui ont l’ambition de développer leur singularité culturelle. Si l’Amérique défend « le multiculturalisme dans tous les pays », les pays qui ont les moyens financiers souhaitent créer leurs propres industries culturelles et exprimer leur identité sur leur propre sol et rayonner au-delà en particulier auprès des pays du même « bassin culturel ».

    Dans votre livre vous expliquez qu’il y a un problème spécifiquement français. Pouvez-vous nous expliquer ce dont il s’agit ?

    Marie Sallantin, Pierre Marie Ziegler et moi-même avons décrit, dans « 1983-2013 – Les Années Noires de la Peinture – Une mise à mort bureaucratique ? » 2, le système si particulier qui régit l’art en France. Nous avons évoqué avec précision le domaine des arts plastiques mais il n’en demeure pas moins que l’interventionnisme radical est aussi appliqué dans les autres domaines de l’art.

    La situation actuelle est le résultat d’une longue histoire qui a mis la France au cœur de la guerre froide culturelle après la 2ème guerre mondiale. Son pouvoir de référence et son prestige devaient disparaître au profit des deux grandes puissances en conflit. L’Amérique a gagné cette guerre en faisant de New York la place de consécration financière de l’art dans le monde et en rendant obsolète toute autre forme de consécration.

    En France à partir de 1983, le Ministère de la Culture se transforme en Ministère de la création. En l’espace de trois mois sont créées des institutions bureaucratiques dotées d’un budget conséquent qui vont permettre l’encadrement de la vie artistique.

    Pendant trente ans, cette administration, grâce à l’action d’un nouveau corps de fonctionnaires : les « inspecteurs de la création », a dit promouvoir un art d’avant-garde, révolutionnaire, d’essence conceptuelle. En réalité ces « experts » ont dépensé, pendant 30 ans, 60% du budget destiné à acheter des œuvres à des artistes vivants, à New York, dans des galeries newyorkaises, d’artistes « vivant et travaillant à New York ». Ainsi mourut la place de Paris.

    Pourquoi cette exclusion de la peinture ?

    La peinture, la sculpture, la gravure, ne surgissent pas de nulle part, elles sont la suite d’une longue histoire. C’est vrai de tous les lieux qui ont produit un grand art. L’exception française réside en ce que tous les moments de la peinture y ont été reçus et assimilés… un avenir de la peinture y est donc possible.

    La direction étatique de la création en France, cas unique dans un Etat non totalitaire, a eu pour conséquence l’existence d’un art officiel. L’administration a fait le choix exclusif du conceptualisme et a donc rejeté de façon systématique la peinture, comme n’allant pas « dans le sens de l’Histoire ». En peu de temps l’Etat est devenu le seul réseau de consécration en France. Il a satellisé grands médias, université et quelques collectionneurs, mécènes et galeries. Ce qui est surprenant c’est que la peinture n’a pas été simplement exclue mais diabolisée. Nous en apportons la preuve dans les « Années Noires ». La conséquence a été que les marchands du secteur privé n’ont pas pu supporter la concurrence déloyale de l’Etat. L’invisibilité médiatique, la disparition des commandes et achats de l’Etat ajoutés à la condamnation officielle de la peinture ont rendu toute consécration impossible par des circuits privés.

    Pour que l’art conceptuel puisse être « le seul art contemporain » il fallait que la peinture disparaisse. Pour que cela soit définitif, l’administration a interrompu la transmission du grand métier, en changeant le contenu des enseignements des Ecoles d’Art dépendant de l’Etat,

    En 1983 l’Etat français a nationalisé banques et assurances mais a échoué dans sa tentative de monopole de l’éducation en raison d’un soulèvement populaire. La « nationalisation » de l’Art a eu lieu sans provoquer une telle indignation. Aujourd’hui le conformisme de droite et de gauche s’en accommode. Il est vrai que les médias ont occulté systématiquement tout débat sur ce sujet pendant trente ans (exception faite entre novembre 1996 et mai 1997). Les élites françaises sont peu intéressées par ce sujet dont ils ne comprennent pas les tenants et aboutissants et en ignorent l’Histoire.

    Les banques et les sociétés d’assurance ont été re-privatisées mais l’art est resté en France un monopole d’Etat. Les « inspecteurs de la création » sont toujours là alors que les « ingénieurs des âmes » créés par Staline pour remplir les mêmes fonctions d’encadrement et de distribution de subventions ont disparu depuis un quart de siècle.

    Ne voyez-vous aucun signe d’amélioration ces toutes dernières années ?

    Les médias ont célébré en 2013 le trentième anniversaire des institutions culturelles crées en 1983 : trente ans d’art dirigé donc ! Ils y ont interviewé les fonctionnaires. Ceux-ci ont ajouté un zeste élégant d’autocritique. Colloques, rapports et écrits faisant un bilan critique de cette longue administration n’ont eu de visibilité que sur Internet, malgré la sollicitation qui a été faite aux grands médias d’en tenir compte où de publier dans leurs « pages débat » des points de vue plus critiques.

    Ce positionnement dans le refus du débat concerne également les grands médias de droite où de gauche. De même, si la dissidence française dans le domaine de l’art a produit une critique cultivée et approfondie du système en place, c’est en dehors d’un positionnement politique. C’est un problème de liberté nécessaire à l’art.

    Il y a cependant progrès puisque le débat sur l’art est aujourd’hui présent sur Internet de façon intense. Les internautes ont le choix, je citerais entre autres les sites : « Sauvons l’art », « Face à l’Art », « Les chroniques de Nicole Esterolle », « Le grain de sel » de Christine Sourgins, etc.

    Le débat sur l’art est accueilli par ailleurs, à droite comme à gauche, par les différents sites d’information générale, de Médiapart à Causeur en passant par Contrepoints et tant d’autres supports représentant enfin le kaléidoscope de l’opinion française.

    Aude de Kerros , propos recueillis par PLG (Contrepoint, 22 mars 2014)

     

    Notes

    1. AC, acronyme de Art contemporain employé par Christine Sourgins dans « Les Mirages de l’Art contemporain », aux Editions de la Table Ronde. Cela permet de distinguer cet art conceptuel qui se dit seul contemporain avec tout l’art d’aujourd’hui et la peinture notamment.

    2. Editions Pierre Guillaume de Roux, 2013. 

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  • Vogue la galère !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant de Bertrand Renouvin, cueilli sur son blog et consacré au fonctionnement de l'oligarchie qui domine notre pays...

     

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    Vogue la galère !

    Des amis personnels, hauts fonctionnaires en poste, souvent à l’étranger, m’interrogent sur l’attitude des principaux personnages de l’Etat. C’est flatteur : je suis censé connaître les raisons profondes des décisions prises, évitées ou reportées, des aberrations constatées, de l’indifférence plus ou moins polie des oligarques à l’égard de ceux qui leur apportent des informations pertinentes et des solutions permettant de sortir de l’impasse ultralibérale. Hélas ! Mes explications ne parviennent pas à satisfaire ces amis, qui ont pour la plupart voté à gauche avec un mince espoir et qui voient de très près comment les intérêts français sont si peu et si mal défendus. A partir d’observations directes ou indirectes, je voudrais cependant résumer mon point de vue par quelques mots.

    Carrière. Quand le service de l’Etat est inscrit dans un plan de carrière qui est lié aux rapports de force à l’intérieur d’un parti, les pensées et les actes sont ramenés à la médiocrité des calculs personnels.

    Communication. Quand l’action politique est soumise aux critères de la communication, la capacité de juger est perdue aussi sûrement que le fameux « contact » avec le « terrain » : on fait ce qui est convenable pour bien paraître dans les médias sans vouloir comprendre qu’ils n’assurent pas la relation entre le pouvoir et le peuple.

    Clôture. L’oligarchie est un monde clos, dans lequel l’adhésion populaire et les sentiments des subordonnés ne comptent pas plus que la morale commune : le politique cherche l’estime du grand industriel qui guette celle du banquier que le patron de médias sollicite. L’argent irrigue l’ensemble, sans qu’on se préoccupe des sources. La corruption n’est plus ressentie comme telle.

    Dogmatisme. Les oligarques de droite et de gauche évoluent dans la même bouillie idéologique, tellement touillée en petits comités qu’elle leur paraît naturelle. Le libre-échange, l’euro, la spéculation, la Commission européenne, l’Occident et la prééminence américaine ne sauraient être mis en question. La nation passe donc à l’arrière-plan – celui des discours de campagne électorale.

    Opportunisme. Dans un monde clos, riche en jeux de miroirs, les idées sont réduites à des formules sans importance. Seuls comptent les rapports de force dans une microsociété qui se croit réaliste en oubliant que les idées font naître les réalités. J’observe que les oligarques ont raison de penser ainsi : les jugements critiques et les idées neuves n’ont pour le moment aucune force et il est facile d’en conclure qu’il n’y a point de menace – hormis les scandales qui frappent quelques éminences.Vogue la galère !

    Si l’on additionne le carriérisme, la communication, l’entre-soi, le dogmatisme et l’opportunisme, on aboutit à un premier constat qui permet d’expliquer l’inexplicable : l’oligarchie ne pense pas, elle n’est plus dans l’histoire de la nation, elle ignore tout du Politique et elle justifie son irresponsabilité en prétendant que l’intérêt national passe par un « intérêt européen » qu’elle serait bien en peine de définir. D’autres décident, à Bruxelles, à Francfort, à Berlin, à Washington selon les « dossiers » à traiter, en tout cas « en Occident » (1) et l’on s’en tient à une défense minimaliste – par exemple sur l’exception culturelle – qui permet de faire accepter des abandons majeurs comme on le verra lors des négociations sur la libéralisation des échanges entre l’Union européenne et les Etats-Unis.

    Il n’y a donc rien à comprendre, sinon que les oligarques français suivent la tendance dominante – le mainstream – dans leur Occident fictif afin de conserver l’estime des clubmen qu’ils rencontrent lors des sommets internationaux et dans les conseils européens.

    Aucune indignation, aucune exhortation ne les conduira à changer d’attitude puisque le rapport des forces joue en leur faveur dans les principaux pays de l’Union européenne. Des syndicats divisés et parfois complices. Des mouvements protestataires dépourvus de stratégie cohérente. Dans les classes moyennes et populaires, des citoyens partagés entre l’accablement et l’exaspération… Les oligarques peuvent, non sans bonnes raisons, se sentir hors d’atteinte. C’est ce sentiment d’invulnérabilité qui est pour eux le principal danger.

    Bertrand Renouvin (Blog de Bertrand Renouvin, 17 juin 2013)

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  • Le milieu journalistique : incestueux et conformiste...

    Vous pouvez visionner ci-dessous un extrait de l'entretien donné par Alain de Benoist à la revue Médias, entretien publié intégralement dans le numéro actuellement en kiosque (et qui sera malheureusement le dernier, comme l'a expliqué récemment Robert Ménard, fondateur de cette revue...).


    Alain de Benoist : "A l'ère de la surveillance... par revue-medias

     

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  • L'anglais impérialiste mais "cool" !...

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    Fréderic Martel, l'intellocrate qui monte dans les médias, est l'auteur récent de Mainstream, Enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde  , un essai consacré à la mondialisation de la culture du divertissement, publié en 2010 chez Flammarion. Défenseur conséquent de la civilisation américaine, il a récemment vidé son sac dans un article du Point (8 juillet 2010) intitulé "Français, pour exister, parlez English !". Tout un programme !... On notera que Frédéric Martel était membre jusqu'en 2010 du Centre d'analyse et de prévision du Ministère des Affaires étrangères (français...), organisme sensé présenter au ministre des recommandations ou options politiques stratégiques. Voilà qui laisse perplexe...

    Il n'en reste pas moins que l'hebdomadaire Marianne, en la personne du journaliste Jack Dion, a adressé une bonne réponse à cet ami des Etats-Unis.

     

    L'anglais impérialiste mais « cool » !

    Dans un article publié par le Point, l'essayiste Frédéric Martel s'en prend avec virulence à ce qu'il appelle « cette francophonie poussiéreuse et ringarde qu'on veut nous imposer ». Alors que la planète est envahie par une novlangue anglo-saxonne, une sorte de sous-anglais imposé par le monde du business, l'auteur de Mainstream lance un pathétique appel ainsi résumé par l'hebdomadaire: « Oui à l'impérialisme cool de l'anglais. »

    L'écrivain s'explique, avec des exemples qui iront droit au cœur de ceux qui se font une certaine idée de la France, de l'Europe, et de la diversité culturelle: « La marque Monoprix est vieillotte, mais le Daily Monop, la nouvelle enseigne de Monoprix, est beaucoup plus trendy ... Le café Starbucks est plus cool, même si son café est plus mauvais que [celui du] bar français du coin ... Dans l'univers du tourisme, un trip ou même un travel, c'est mieux qu'un "voyage", et on vous vend un package, car vous ne voudriez pas d'un "paquet". »

    On reconnaîtra ici la marque de fabrique intellectuelle de cette petite « élite mondialisée » vilipendée par le sociologue Zygmunt Bauman. Dans ce club très fermé, il est de bon ton de prendre Washington pour la nouvelle Sparte, de rêver d'un monde américanisé, de considérer le petit peuple comme une masse de miséreux obtus, et de voir le français comme «notre dernier bastion nationaliste» .

    Du temps de l'URSS, l'enseignement du russe était obligatoire pour tous les élèves des pays de la zone d'influence soviétique. De l'autre côté du mur de Berlin, à l'époque, les intellectuels s'offusquaient d'une volonté de domination dont la pointe linguistique n'était que la partie émergée de l'iceberg. Aujourd'hui, le Français Frédéric Martel rêve d'un monde où le sabir angliciste serait devenu le russe de l'Occident. C'est le monde (impérialiste) à l'envers.

    Jack Dion (Marianne, du 17 au 23 juillet 2010)

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