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jean-luc mélenchon

  • Le parrain rouge...

    Les éditions Plon viennent de publier Le Parrain rouge - Pierre Lambert, les vies secrètes d'un révolutionnaire, une biographie du père du lambertisme signée par François Bazin. Journaliste et écrivain, François Bazin est l'ancien chef du service politique du Nouvel Observateur.

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    " La personnalité de Pierre Lambert (1920-2008) est longtemps restée un mystère. Seize ans après sa mort, pas un jour sans que la presse ne signale la puissance de son héritage et le rôle, réel ou fantasmé, de ses héritiers, de Lionel Jospin à Jean-Luc Mélenchon.
    Homme de coulisses, Pierre Lambert était aussi agent d’influence. Leader à poigne de la plus puissante organisation d’extrême gauche que la France ait jamais connue, animateur d’un réseau d’une rare diversité dans le monde syndical, le « parrain rouge » se voulait le gardien de la tradition trotskiste. Ce qui ne l’empêchait pas de soutenir Mitterrand ou de négocier avec Chirac.
    La vie de Lambert est un miroir dans lequel se reflètent tous les événements d’un xxe siècle plein de bruit et fureur : les totalitarismes, la décolonisation, le dérèglement progressif des démocraties libérales et la montée des religions identitaires.
    Analyste et observateur hors pair de notre vie politique, François Bazin livre ici une biographie de premier ordre fondée sur une enquête riche de multiples révélations. "

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  • Alain de Benoist : « Il faut s’attendre à une paralysie institutionnelle quasi totale, à de l’instabilité, à de la violence sans doute »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à la revue Monde & Vie, cueilli sur le site de la revue Éléments, dans lequel celui-ci donne sa lecture des résultats des élections législatives.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021), L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021), L'exil intérieur (La Nouvelle Librairie, 2022) et, dernièrement, Nous et les autres - L'identité sans fantasme (Rocher, 2023).

     

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    Législatives : « L’incroyable spectacle de centristes faisant élire des communistes ou des fichés S et d’une extrême gauche hystérique appelant à soutenir les fondés de pouvoir du grand capital ! »

    MONDE&VIE. Alain de Benoist, vous êtes chef d’école, mais vous êtes aussi un des meilleurs analystes politiques sur la place de Paris. Avez-vous vécu la soirée électorale du 7 juillet comme une surprise, annonçant éventuellement un grand bouleversement politique, ou bien plutôt avez-vous pris ce scrutin comme un simple effet de tectonique des plaques électorales, au nom de l’impératif antifasciste, toujours de sortie ?

    ALAIN DE BENOIST : J’ai bien sûr été surpris, comme tout le monde. Mais aussi et surtout consterné de voir, dans les réactions qui ont suivi, les affects prendre immédiatement le dessus sur les nécessités de l’analyse scientifique. D’un côté une sorte d’affliction désespérée (« tout est foutu ! »), de l’autre un lâche soulagement assorti de forfanterie (« on a gagné ! »). Or, si l’on regarde les choses d’un peu près, aucune de ces deux réactions ne permettait de comprendre ce qui s’est passé. Ma conclusion personnelle est bien différente. Elle tient plutôt dans les deux constats suivants : le Rassemblement national continue à progresser, et la France est devenue ingouvernable.

    Sur le premier point, les chiffres sont parlants. En 2017 le RN avait seulement 6 députés à l’Assemblée nationale. Aux législatives de 2022, il avait bondi à 89 députés (ce qui avait été considéré, à juste titre, comme un extraordinaire succès). Le 7 juillet dernier, il en a obtenu 143, ce qui est tout le contraire d’un échec (Bardella n’a pas eu tort de parler de « la percée la plus importantes de l’histoire » de son parti) ! Il a également recueilli près de 10 millions de suffrages (en 2022, il n’en avait obtenu que 4,2 millions), contre 7,4 millions pour le Nouveau Front populaire et 6,5 millions pour Ensemble, la coalition électorale du centre macronien. Parler d’un « recul du RN » est, dans ces conditions, parfaitement grotesque.

    Certes, le RN n’est pas parvenu à atteindre la majorité absolue (289 sièges sur 577), contrairement à ce que laissaient prévoir ses excellents résultats (plus de 34 % des voix) obtenu aux dernières élections européennes et au premier tour des législatives, résultats qui s’expliquent avant tout par le sentiment de dépossession des couches populaires toujours plus confrontées aujourd’hui à l’insécurité, à l’immigration, à l’inflation, à la baisse du pouvoir d’achat et à la précarité.

    Cet échec s’explique par les particularités du scrutin majoritaire à deux tours, qui autorise entre les deux tours tout une série de tractations et de marchandages qui ont l’étrange caractéristique de ne pas favoriser les gagnants du premier tout mais la coalition des perdants. Au total, 224 candidats de la gauche et du centre se sont retirés ou désistés dans le seul objectif d’empêcher le RN d’emporter la majorité qui aurait normalement dû lui revenir. On a alors assisté, sous prétexte de « faire barrage à l’extrême droite », et dans un climat d’hystérie entretenu par les grands médias, qui présentaient l’arrivée du RN comme la version moderne de l’Apocalypse, à une série d’alliances contre-nature – Jordan Bardella a parlé d’« alliance du déshonneur » – entre des personnalités et des partis que tout opposait la veille encore, à seule fin de priver le Rassemblement national, arrivé très souvent en tête au premier tour, de la victoire qu’il aurait dû obtenir. Incroyable spectacle des centristes faisant élire des communistes ou des fichés S et d’une extrême gauche hystérique appelant à soutenir les fondés de pouvoir du grand capital !

    Ce sont ces désistements qui expliquent que le RN n’a pu gagner que 93 duels de second tour sur les 353 où il était représenté.

    Ce système profondément antidémocratique, il faut le souligner, est une particularité française : avec les modes de scrutin qui existent en Grande-Bretagne ou en Allemagne, Jordan Bardella, qui a encore battu son record des élections européennes en remportant 37 % des voix, serait aujourd’hui à Matignon !

    On peut comprendre bien sûr la déception de ceux qui, au RN, se voyaient déjà « aux portes du pouvoir ». Mais les portes en question étaient en fait des fourches caudines. Je suis de ceux qui se félicitent que Jordan Bardella n’ait pas eu à assumer la tâche de Premier ministre d’un gouvernement de cohabitation. La cohabitation était un piège très intelligemment tendu par Macron pour amener le président du RN, qui aurait eu à faire face à la fois aux chausse-trappes du chef de l’Etat et aux manœuvres obliques du Conseil constitutionnel, de mesurer son impuissance et d’apparaître comme incapable. La cohabitation revenait à lui confier les clés d’un camion sans roues ni carburant. Pour Macron, c’était le plus sûr moyen d’empêcher le RN de gagner la présidentielle de 2027.

    MONDE&VIE. Peut-on dire qu’Emmanuel Macron, en imposant cette dissolution de l’Assemblée le plus tôt possible après les européennes, a pris de court le RN, qui demeure le premier parti en voix, mais devient le dernier des trois blocs en nombre de sièges. Il paye donc, avec la culture antifasciste, son manque d’ancrage local. Et quoi d’autre ?

    ALAIN DE BENOIST : Le Rassemblement national n’a pas commis de faute majeure, sinon de croire qu’on pouvait vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. On peut en revanche lui reprocher d’avoir trop vite (et trop mal) sélectionné ses candidats, dont un bon quart, sinon un tiers, n’avaient pas les capacités ou le profil. Gilles Pennelle, qui avait été chargé de ce travail, a d’ailleurs remis sa démission. Il est vrai que la dissolution a pris tout le monde de court, à commencer par ceux qui l’avaient réclamée à grands cris sans y croire, et qu’une campagne aussi courte permettait difficilement de trouver en quelques jours les hommes idoines. Quant à l’ancrage local du mouvement, il est bien meilleur qu’à l’époque du Front national, quand Jean-Marie Le Pen s’en désintéressait complètement, mais il est encore très insuffisant. Ces choses-là prennent du temps.

    Le « front républicain » fonctionne encore, mais de moins en moins. La preuve en est que nombre de candidats RN ont perdu sur le fil, avec des écarts de voix très faibles. Avec le temps, la culture « antifasciste » ne pourra plus qu’apparaître que comme un simulacre. Les gens savent bien que ce n’est pas en agitant le spectre des « années noires », en leur parlant du pétainisme ou du petit peintre bavarois, qu’on va résoudre les problèmes qui empoisonnent leur vie quotidienne.

    MONDE&VIE. Quelles leçons pour l’avenir le RN doit-il tirer de sa défaite ?

    ALAIN DE BENOIST : En tout premier lieu, qu’il doit tout faire pour ramener le centre à sa plus simple expression : le « bloc bourgeois » doit être pour lui l’ennemi principal.  Qu’il doit privilégier l’analyse et la formation plutôt que de ne marcher qu’à l’enthousiasme ou à l’indignation. Qu’il doit comprendre que la recomposition politique entamée il y a quinze ans se poursuit, mais qu’on ne peut pas brûler les étapes. Et surtout que la seule faute qui ne lui sera jamais pardonnée serait de décevoir les classes populaires et les classes moyennes qui ont mis et continuent à mettre en lui tous leurs espoirs. Tous les sondages montrent que sur des questions-clés comme l’insécurité, le pouvoir d’achat et l’immigration, 70 % des Français sont d’accord avec lui.

    MONDE&VIE. A quel avenir politique peut prétendre Eric Ciotti après son coup d’état chez les Républicains ?

    ALAIN DE BENOIST : Son avenir politique va maintenant se confondre avec celui du Rassemblement national, mais il peut jouer un rôle de passerelle non négligeable en direction des membres de LR qui n’ont pas encore fait le même choix que lui.

    MONDE&VIE. Que signifie le succès au second tour de Marine Tondelier ? Un simple feu de paille lié aux manœuvres électorales du Nouveau Front populaire ou un retour de l’écologie sur la scène politique ?

    ALAIN DE BENOIST :L’écologie a conquis tous les esprits, mais les écologistes se sont discrédités. Le cas de Marine Tondelier relève pour l’instant de l’anecdote. Comme Sandrine Rousseau, j’ai tendance à voir en elle un personnage plutôt pittoresque, sinon burlesque.

    MONDE&VIE. Malgré les prophéties, le parti présidentiel sauve les meubles et semble désormais inscrit pour longtemps dans le paysage politique français. Qu’en pensez-vous ?

    ALAIN DE BENOIST : Il ne sauve nullement les meubles !  Il va certes s’efforcer de débaucher quelques LR non ciotistes et quelques sociaux-démocrates modérés, mais je doute que cela lui serve à grand-chose. Je le vois plutôt comme le grand perdant. Il avait justifié sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale par un souci de « clarification ». En fait de clarification, il a créé une situation totalement opaque et chaotique. En fait de dissolution, il a d’abord dissous son ancienne majorité, il a dissous le macronisme et il s’est en quelque sorte dissous lui-même.

    Trois grands blocs de taille comparable vont demain coexister à l’Assemblée nationale. Mais aucun ne possède une majorité lui permettant de gouverner. Avec 168 députés, Ensemble est loin de retrouver les 250 députés que possédait Macron dans la précédente législature, pour ne rien dire des 350 députés qu’il avait fait élire en 2017. Le Nouveau Front de gauche, de son côté, avec 182 députés, se situe encore en dessous des 250 macroniens qui siégeaient au Parlement ces derniers mois.

    Par ailleurs, alors que le Rassemblement national, avec ses alliés républicains regroupés autour d’Eric Ciotti, forme un bloc relativement unifié, ses deux concurrents sont tout sauf unis. Ce sont des agrégats hétéroclites, c’est-à-dire des coalitions de circonstance. Nous entrons dans une période d’instabilité, de rivalités incessantes et de discussions permanentes, où les gouvernements successifs risquent de ne pas durer plus longtemps que sous la IVe République, le tout sur fond de guerre en Ukraine et de tensions internationales d’une gravité exceptionnelle. Au parlement, le groupe Renaissance a déjà commencé à se disloquer. Les Républicains vont connaître de nouvelles scissions avant de disparaître définitivement. Le Nouveau Front de gauche se cassera en morceaux à la première occasion.

    Quel que soit le Premier ministre qu’Emmanuel Macron décidera de nommer, il aura le plus grand mal à trouver une majorité pour gouverner (d’autant que les « grandes coalitions » à l’allemande ne sont pas dans la tradition française). Le chef de l’État, dont les proches ont déjà commencé à s’éloigner – à la façon dont les rats quittent un navire en train de couler – a clairement perdu la main. Il a réussi une sorte de coup d’État institutionnel, mais il risque d’emporter la France dans son échec. Il a fait perdre au RN une bonne centaine de circonscriptions, mais il n’est pas arrivé à enrayer sa progression. La dynamique reste nettement du côté du Rassemblement national, qui est aujourd’hui le premier parti de France.

    MONDE&VIE. LFI restera-t-il le parti extrême que ses ennemis veulent qu’il soit ? Ne va-t-il pas plutôt se fondre dans le paysage politique, en devenant une succursale française de la gauche américaine et de son appel à la colère et au désordre ?

    ALAIN DE BENOIST : Je ne le vois pas se fondre dans le paysage politique, ni se rallier à une gauche américaine déjà éminemment représentée par Raphaël Glucksmann. Au soir du second tour, Mélenchon a prononcé un grand discours lyrique d’où il ressortait que LFI avait remporté la victoire. En réalité, LFI est aujourd’hui minoritaire au sein du Nouveau Front de gauche, ce qui n’était pas le cas à l’époque de la NUPES. Mais Jean-Luc Mélenchon, qui est moins mauvais stratège qu’on ne le croit, raisonne visiblement sur long terme. Il n’a sans doute pas tort.

    Le centre étant appelé à s’éroder progressivement, s’il est à la fois attaqué par le RN et par LFI (dont les intérêts coïncident sur ce point), la logique voudrait qu’à la prochaine élection présidentielle, Marine Le Pen (ou Jordan Bardella) se retrouve au second tour face à un homme comme Jean-Luc Mélenchon. Elle aurait toutes chances de sortir vainqueur d’un tel duel, d’autant que la situation du pays se sera encore dégradée, tandis que la frustration et la colère de ses partisans aura continué d’augmenter. D’ici là, il faut s’attendre à une paralysie institutionnelle quasi totale, à de l’instabilité, à de la violence sans doute. La Ve République n’avait encore jamais connu cela. C’est une situation inédite. 

    Alain de Benoist, propos recueillis par Guillaume de Tanoüarn (Monde et Vie, 21 juillet 2024)

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  • Nouveau Front populaire : anatomie d’un monstre...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Camille Galic, cueilli sur le site de Polémia et consacré au Nouveau Front populaire qui s'est constitué pour faire face au "péril fasciste" qui rappelle, bien entendu, les heures les plus sombres de notre histoire...

     

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    Nouveau Front populaire : anatomie d’un monstre

    Néo-Front populaire contre contre front national

    De Lille à Papeete le 14 juin, et à l’appel d’une partie de la presse (les journalistes de BFMTV s’étaient même mis en grève pour participer aux réjouissances), des élus de gauche et de tous les représentants des « forces laborieuses », de SUD-Rail au Syndicat de la magistrature regroupant hélas 32 % des magistrats, on a compté 265 000 manifestants selon le ministre de l’Intérieur et même 630 000 selon la CGT familière des grands chiffres.

    Motif de ces rassemblements qui en annoncent sans doute bien d’autres d’ici au 7 juillet : faire barrage au « péril fasciste » et surtout remettre dans le droit chemin, fût-ce contre son gré, le peuple souverain, qui s’est égaré lors des élections européennes en donnant la préférence à la liste Bardella. Incompréhensible, et scandaleux, aux yeux des démocrates patentés.

     Il était d’autant plus vital d’agir que, simultanément, une rafale de sondages créditait le « rassemblement des Droites » composé du RN renforcé par soixante-dix élus Les Rpublicains ayant suivi leur président Eric Ciotti d’un nombre record d’intentions de votes au premier tour des législatives : avec un électorat sûr de son vote à 87 %, le RN pourrait en effet obtenir 235 à 265 sièges, contre 89 actuellement avec 29,5 % selon le Cluster 17 du Point, 34 % pour l’institut Opinion Way et même 35% pour l’IFOP, résultat selon Le Journal du dimanche des « deux coups politiques réussis en à peine une semaine : récupérer Marion Maréchal en écrasant Éric Zemmour et faire exploser les Républicains avec le ralliement d’Éric Ciotti ».

    Face à ce déferlement, qui devra toutefois être vérifié dans les urnes le 6 juin, le parti présidentiel et ses alliés du Modem et d’Horizons jouent les utilités avec au mieux 19%, loin devant Les Républicains tendance Bertrand-Larcher-Wauquiez, réduits à 9%, mais loin derrière le Nouveau Front populaire (NFP) crédité au maximum par les sondeurs de 28,5% des intentions de vote. Mais qu’est donc ce conglomérat concocté à la va-vite après la victoire de Jordan Bardella aux élections européennes et la dissolution par Macron de l’Assemblée nationale qui s’ensuivit?

    Le choix de la référence au Front populaire constitué en 1936 par le socialiste Léon Blum peut sembler curieux puisque Jean-Luc Mélenchon, qui se sent « capable » d’être Premier ministre, affirme lui-même que quand le vénérable Blum arriva au pouvoir, « il n’avait pas le niveau qu’ont aujourd’hui Manuel Bompard et Mathilde Panot », deux des députés les plus frénétiques de La France Insoumise.

    Glucksmann cocufié

    D’autre part, nombre de sénateurs et de députés membres de cette coalition devaient quatre ans plus tard voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Ce souvenir ne gêne-t-il pas Raphaël Glucksmann qui, tête de liste de Place publique/PS, faisait figure le 9 juin au soir de vainqueur à gauche du scrutin européen avec 13,83 %, à peine moins que la candidate macronise Valérie Hayer, quand LFI devait se contenter de 9,89 % des suffrages, Europe Écologie les Verts de 5,50% et le PC de 2,36 %?

    Mais la Roche tarpéienne est proche du Capitole et, star des plateaux télés pendant quelques dizaines de minutes, Glucksmann devait s’effacer sitôt après l’annonce de la dissolution. Avec Manon Aubry et François Ruffin appelant aussitôt à l’union sacrée contre l’« extrême droite », La France Insoumise reprenait la main et c’est autour d’elle que s’édifiait le nouveau rempart contre « la petite bête qui monte, qui monte » jusqu’au sommet, comme prophétisait Jean-Marie Le Pen.

    Cela n’est pas allé sans réticences. Présidente de l’Occitanie mais ayant des visées sur la mairie de Toulouse et, dit-on, l’Élysée, Carole Delga renâclait ainsi que d’autres hiérarques socialistes ou EELV tel leur ancien patron Yannick Jadot. Mais, quelques heures après sa rédaction, la pétition unitaire lancée par François Ruffin recueillait plusieurs centaines de milliers de signatures, et 350 « personnalités » suivaient le mouvement en publiant dans Le Monde une tribune dont les premières signataires étaient Esther Duflo, prix Nobel d’économie, et Annie Ernaux, prix Nobel de littérature. Du beau linge. Car il fallait mettre la pression en prévision des législatives souverainement fixées par Emmanuel Macron aux 30 juin et 7 juillet, la campagne électorale la plus courte dans l’histoire de la Vème République. Devant l’urgence de faire front contre le Rassemblement national et son nouvel allié Eric Ciotti, président de Les Républicains — destitué par ses pairs mais reconduit dans ses fonctions par la Justice qu’il avait saisie —, tout était rapidement bouclé.

    Le 11 juin, Delga cédait et, le 14 juin, Glucksmann qui avait le 11 repoussé les conditions imposées par La France Insoumise, se résignait à les accepter. Au grand désarroi de ses électeurs modérés, mais l’essentiel était que l’on pouvait produire une séduisante photo de famille. D’ailleurs uniformément blanche, ce qui est surprenant de la part d’une gauche qui a pour mots d’ordre inclusion et diversité.

    Un programme commun pour les Français ou pour les immigrés ?

    Regroupant finalement autour des pères fouettards LFI les écologistes, le PS, le PC, Place Publique, la Gauche républicaine et jusqu’au Nouveau Parti anticapitaliste (issu de la Ligue communiste révolutionnaire d’Alain Krivine), aux ultras basques de Euskal Herria Bai, aux indépendantistes polynésiens d’Oscar Tomaru ou aux Maghrébins de Génération.s, ce rassemblement de bric et de broc a fini par s’accorder sur un programme commun attrape-tout assorti d’un « contrat de législature » et surtout à se distribuer les rôles afin de présenter avant la date fatidique du 16 juin pour le dépôt des candidatures un candidat dans les 577 circonscriptions de France et d’Outre-mer— dont 229 pour les mélenchonistes qui se sont taillé la part du lion.

    Comme on pouvait s’y attendre, figurent dans ce programme commun des mesures financières extravagantes ou démagogiques comme la généralisation du « remboursement du sport sur ordonnance » et d’autres carrément inquiétantes. Ainsi de la promesse de donner à la justice encore plus de « moyens pour poursuivre et sanctionner les auteurs de propos ou actes racistes, islamophobes et antisémites » (pas un mot évidemment sur les actes antichrétiens, de loin les plus fréquents) ou du « remplacement de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et de l’Inspection générale de la Gendarmerie nationale (IGPN) par un nouvel organisme indépendant rattaché au Défenseur des droits » — autorité administrative créée en 2008 par un certain Sarkozy et disposant de prérogatives particulières en matière de promotion des droits de l’enfant, de lutte contre les discriminations, du respect de la déontologie des des activités de sécurité et d’orientation et de la protection des lanceurs d’alerte. Sauf ceux d’« extrême droite », bien sûr, traqués et condamnés avec la plus extrême sévérité— voir le site Asla.fr qui organise la « résistance judiciaire » pour défendre les nationaux.

    L’actuel Défenseur des droits (concept imaginé par… Gracchus Babeuf !) est la journaliste Claire Hédon, ancienne présidente d’ADT Quart Monde, en pointe justement contre les contrôles d’identité « au faciès » ou les « violences policières » ; elle s’était d’ailleurs déchaînée après l’«exécution» du délinquant récidiviste Nahel Merzouk, le « petit ange » dont la mort consécutive à un refus d’obtempérer fut le prétexte des émeutes de juin 2023 avec leurs cortèges d’incendies et de destructions aveugles d’écoles ou de médiathèques flambant neuf — coût : plus de 900 millions d’euros.

    Naturellement, le programme et le contrat de législature du NFP abordent longuement la question des immigrés. Ils prévoient ainsi la régularisation des « travailleurs, étudiants, parents d’enfants scolarisés », la « création d’un statut de “déplacé climatique” », l’instauration d’une « voie légale et sécurisée d’immigration » avec « mise en place d’une agence de sauvetage en mer et sur terre » et un « accès garanti à l’Aide médicale d’État » qui nous coûte déjà 1,2 milliard par an.

    À combien la note s’élèverait-elle si la Marine nationale recevait l’ordre d’amener à bon port (français) toutes les cargaisons exotiques acheminées par les passeurs et s’il nous fallait-il accueillir tous les réfugiés climatiques ?

    Les Insoumis sont-ils d’extrême gauche ? Un simple “ressenti”

    Mais que le bon peuple se rassure et que les milieux financiers s’apaisent : il est erroné de considérer La France Insoumise comme d’extrême gauche. C’est du moins le quotidien gratuit 20 minutes (qui a renoncé à sa version papier mais reste très actif sur « la Toile » où il affiche ses partis-pris sociétaux, en faveur des immigrés et des LGBT notamment) qui l’assurait le 16 juin, dans un entretien avec Aurélien Dubuisson. Pour ce chercheur associé au Centre d’histoire de Sciences po, LFI est « un mouvement réformiste qui ne vise pas une rupture nette avec le capitalisme mais désire plutôt, au moins dans un premier temps, l’adoption de mesures limitant les effets des formes débridées du libéralisme économique actuel ». C’est donc « une erreur » que de le cataloguer à l’extrême gauche alors que les fondateurs, dirigeants et militants du Rassemblement national, eux, « inscrivent indubitablement l’histoire de ce parti dans la filiation de l’extrême droite française ». «Erreur notamment provoquée par la droitisation de l’échiquier politique ces dernières années ».

    En somme, si vous vous méfiez de LFI, c’est seulement du « ressenti », comme pour la météo ! Même si Mélenchon a tenu absolument à investir à Lyon le voyou Raphaël Arnault, porte-parole du mouvement antifa La Jeune Garde, tabasseur de jeunes royalistes dont l’un fut sérieusement blessé puis agresseur d’Alice Cordier, présidente du groupe d’action identitaire et alterféministe Némésis — et dont les interventions furent très appréciées en février dernier lors de notre cérémonie des « Bobards d’or ». Ces exploits n’avaient d’ailleurs pas empêché le camarade Arnault d’être invité le 3 avril dernier à l’Assemblée nationale pour débattre de « la lutte contre le terrorisme d’extrême droite », en dépit des protestations de divers élus de droite… tel Éric Ciotti.

    Rififi à LFI

    Et si vous n’êtes pas convaincu, vous pouvez toujours vous consoler avec l’espoir de l’implosion — moins grave toutefois que celle qu’a connue Reconquête — de ce parti après l’exclusion de cinq de ses députés sortants, les « mutins » Danielle Simonnet, dont Sophia Chikirou, la muse de Mélenchon — qui l’avait fait élire en 2022 député de Paris, s’est réjoui publiquement d’avoir « enfin eu la peau », Hendrik Davi et Frédéric Mathieu ainsi que les époux Alexis Corbière et Raquel Garrido — la Franco-Chilienne devant céder sa circonscription, où elle se maintient, de Seine-Saint-Denis au bénéfice du Franco-Gambien Aly Diouara. Pendant la campagne des élections européennes, ce fonctionnaire de la mairie de Drancy s’était pourtant distingué par des tweets vengeurs contre « le candidat sioniste de la droite libérale de gôche » Raphaël Glucksmann ; lequel, apparemment sonné, n’a pas moufté devant ce choix délibérément insultant à son égard (2). Pas de réactions non plus du côté du revenant François Hollande qui, investi dans son ancien fief de Tulle sous l’égide du NFP, rêve de revenir à l’Assemblée et, « pourquoi pas ? », selon ses termes, de décrocher Matignon pour se venger du « traître » Macron… dont lui-même avait fait un fleuron de son quinquennat et favorisé le vedettariat.

    Macron : moi ET le chaos

    Nul n’ignore cependant que les « forces de gauche » savent mieux que celles de droite préserver leurs intérêts et donc leur unité. Si hétéroclite, bancal — et profondément amoral — soit-il, nous ne serons donc pas de sitôt débarrassés du Nouveau Front populaire qui, s’il parvenait par malheur à ses fins, ruinerait notre nation, voire l’annihilerait dans son essence même.

    Mais à qui la faute ? La dissolution ne fut pas une foucade de « l’enfant roi » trônant à l’Élysée mais une stratégie longuement méditée. C’est lui-même qui l’a reconnu — et avec quel cynisme en un tel lieu ! — le 10 juin dernier, lors de la solennelle commémoration de la tragédie d’Oradour-sur-Glane. Interrogé sur les difficultés de la situation, il répondit en effet en s’esclaffant : « Mais pas du tout ! Je prépare ça depuis des semaines, et je suis ravi. Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent ! »cité par Le Monde, qui n’a pas été démenti.

    Immaturité, perversité, malheur au pays dont le prince est un enfant. Mais la culpabilité doit aussi être partagé par tous ceux, politiques ou journalistes, syndicalistes ou grands patrons, obédiences maçonniques et dignitaires religieux qui, agitant l’épouvantail Le Pen, avaient concouru en 2022 à la reconduction de ce psychopathe se prenant pour un démiurge. De même d’ailleurs que les électeurs « raisonnables » qui, redoutant la peste mariniste, avaient opté pour le choléra morbus macronien. Espérons qu’ils ne referont pas en juillet cette erreur diabolique.

    Camille Galic (Polémia, 17 juin 2024)

     

    Note :

    (1) Hostile au contraire à « une extrême gauche qui est sous l’emprise de La France Insoumise avec des relents antisémites et un violent antisionisme », Serge Klarsfeld a déclaré le 15 juin sur LCI : « En cas de duel avec la gauche lors des législatives, je voterai pour le Rassemblement national. » Pour savourer ce virage, se souvenir que le fondateur du lobby Fils et filles de déportés juifs de France fut à l’origine de maints procès contre des journaux, en particulier Rivarol pour une interview de Jean-Marie Le Pen accusé par Arno Klarsfeld de « négationnisme ».

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  • Feu sur la désinformation... (450) : La grande faillite de l’école...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Lucas Chancerelle.

     

                                            

     

    Au sommaire cette semaine :

    L’image de la semaine : le “déjà” fiasco du gouvernement Attal quelques jours après sa nomination. 

    Dossier du jour : la faillite de l’Education nationale qui se manifeste par le classement PISA et le terrible aveu de la ministre Oudéa-Castéra qui critique l’école publique

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    Pastilles de l’info :

    1-Les problématiques liées à démographie française en berne

    2- Les Corses résistent à l’immigration !

    3- Il fait froid ! les médias infantilisent les Français

    4- La fille des députés LFI Garrido et Corbière en garde à vue pour apologie du terrorisme

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Ruth Elkrief, qui a récemment fait l’objet d’une fatwa lancée par Jean-Luc Mélenchon.

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  • Conflit israélo-palestinien : à quoi joue Mélenchon ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Rodolphe Cart, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré au positionnement choisi par Jean-Luc Mélenchon et son mouvement dans le nouvel épisode du conflit israélo-palestinien auquel nous assistons.

    Rodolphe Cart est l'auteur d'un essai intitulé Georges Sorel - Le révolutionnaire conservateur (La Nouvelle Librairie, 2023).

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    Conflit israélo-palestinien : à quoi joue Mélenchon ?

    Après l’anéantissement de la Commune, Thiers affirmait que la France était « débarrassée du socialisme ». En politique, annoncer la fin d’un courant ou d’une personnalité est toujours un pari risqué. Suite aux déclarations sur le conflit israélo-palestinien du président de LFI, une grande partie du monde politique et médiatique n’a pas hésité à parler d’une « stratégie électoraliste », d’un « scandale », voire d’une « mort annoncée ». Du côté des Insoumis, on persiste et signe. Revenant sur le déplacement de la présidente de l’Assemblée nationale en Israël, le député David Guiraud (LFI) commente : « Madame Braun-Pivet appuie un nettoyage ethnique à Gaza. » Au-delà de l’agitation de la classe médiatique et de la condamnation morale, il faut essayer de faire la généalogie de telles prises de position.

    Le traumatisme de l’abstention

    Le 20 septembre dernier à l’Institut la Boétie, Thomas Piketty et Julia Cagé sont venus présenter leur dernier livre (Une histoire du conflit politique, 2023) devant des personnalités du parti comme Mélenchon ou des députés dont Mathilde Panot et Manuel Bompart. La thèse du livre est la suivante : les questions d’« identité communautaire » ne jouent pratiquement aucun rôle dans les votes, tandis que la « géolocalisation sociale » est véritablement déterminante dans les choix des électeurs. Cela tombe bien puisque Mélenchon, dans son dernier livre (Faites mieux ! Vers la Révolution citoyenne, 2023), reprend cette analyse pour expliquer que le territoire est une production sociale qui se fait à chaque époque aux normes du modèle économique dominant.

    L’utilisation de ce type de vocabulaire politique purement social a fait dire à certains commentateurs que le politicien reprend ses anciens accents populistes – en l’occurrence ceux de la campagne de 2017. À vrai dire, le ripolinage social s’efface très vite devant l’aspect « communautaire » de la nouvelle stratégie. Lors de cette même conférence, le leader de LFI – même s’il réaffirme qu’il fallait « aller chercher les milieux ruraux déclassés » – tonne que le « gros de la troupe » se trouve dans les « quartiers populaires », « où on vote pour nous à 80 % mais où seulement 30 % vont voter ». Il ajoute que si les banlieues montent à un niveau égal à celui de la participation du reste de la société, alors « nous avons gagné ».

    La ligne du parti est claire. Bompard, sur son blog, reprend l’analyse de son supérieur en mentionnant que le niveau des votes (ou de l’abstention) des quartiers populaires tient en main leur victoire ou défaite aux élections. Pour obtenir une « majorité absolue, dit le député, il aurait fallu inverser le résultat de 138 seconds tours afin d’élire 289 députés de la NUPES. Le nombre de députés macronistes aurait alors été réduit à 133 et le nombre de députés d’extrême droite serait descendu à 63. Pour y parvenir, il aurait fallu mobiliser environ 400 000 électeurs supplémentaires. […] La stratégie du 4e bloc est donc une stratégie de victoire possible ! » Puis il s’interroge : « Mais à quelle condition est-il possible de ramener davantage d’électeurs aux urnes ? »

    Les dernières prises de position fournissent une réponse à cette question. Si on peut douter des résultats à court terme, il est certain que LFI prépare sa stratégie pour des échéances plus lointaines et renforcées par certaines dynamiques comme les changements démographiques (en 2022, 26 % des nouveau-nés ont au moins un parent étranger), le vote musulman (ce vote est passé de 27 % en 2017 à 68 % en 2022 pour Mélenchon) et le vote des jeunes (42 % des 18-24 ans ont voté NUPES aux dernières législatives). Tout cela conforte, pour le candidat probable de LFI aux élections de 2027, une dépendance électorale croissante envers l’électorat musulman. Georges Kuzmanovic, ancien cadre du parti, a expliqué cette radicalisation sur les thématiques ethniques et religieuses en parlant de « prendre le feu » pour ensuite finir en « pole position ».

    Le spectre de la guerre civile

    Depuis que les forces militaires islamistes du Hamas ont attaqué l’État hébreu, la classe politique française est quasi unanime sur la condamnation des violences. Le député apparenté LR Meyer Habib a notamment salué la réaction des membres du Rassemblement national : « À la différence de certains, le RN est rentré dans le camp républicain. » Sur le même ton, l’ancien député socialiste Julien Dray a affirmé que le leader de LFI a franchi une « ligne rouge » en renvoyant dos à dos le Hamas et le gouvernement israélien, commettant par là même une « grave faute politique et morale ». En revanche, depuis les bombardements israéliens sur Gaza, les discours critiques, autres que ceux de la gauche radicale [LFI, Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Révolution Permanente (RP), etc. ], se font de plus en plus récurrents. Dans un entretien sur BFMTV, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin alerte sur le « piège tendu par le Hamas », tout en appelant les Occidentaux à éviter le « deux poids deux mesures » sur le soutien aux populations civiles. Et Hubert Védrine, dans un article du Figaro, rappelle qu’il ne faut pas « soutenir le gouvernement israélien inconditionnellement », car « ce serait disculper Netanyahou et sa politique du pire ».

    Si certains se sont réjouis que la classe dirigeante « tienne bon », d’autres se sont montrés moins enthousiastes. Parmi eux, Arno Klarsfeld, qui remarquait, lors de la manifestation en soutien à Israël (9 octobre), qu’« il n’y avait pratiquement que des Juifs et des politiques ». Sur ce rassemblement, il y eut même une polémique lorsque Sarah Saldmann, avocate et chroniqueuse dans l’émission des “Grandes Gueules” (RMC), déclara « qu’il n’y avait pas beaucoup de goys ». En tout cas, le peu de « succès populaire » de ce rassemblement tranche avec la dynamique indéniable des manifestations propalestiniennes – plusieurs milliers de personnes encore ce 28 octobre –, et cela malgré les interdictions du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

    Même s’il est évident qu’il faut relativiser ces mouvements spécifiquement urbains et bien rodés par des organisations coutumières du fait (syndicats, associations, partis politiques), il se joue aussi quelque chose de plus profond. Ce décalage entre société civile et monde politico-médiatique fut confirmé à demi-mot lors d’une réunion, à l’Élysée, qu’Emmanuel Macron organisa avec les chefs des partis pour évoquer la situation du pays à l’aune de la guerre entre Israël et Hamas. Après que Jordan Bardella et plusieurs participants eurent réclamé au chef de l’État la dissolution de certaines organisations « politico-religieuses » où se côtoient « croyants modérés et croyants radicaux », le Président de la République aurait répondu qu’une telle mesure risquerait de conduire le pays « à la guerre civile ».

    Mélenchon, idole du pays réel

    Chère aux maurrassiens, une analyse nous vient directement en tête : celle entre le pays réel (société civile) et le pays légal (gouvernement, institutions et partis). Pour preuve, lors d’une récente manifestation propalestinienne (22 octobre), Mélenchon déclarait sur X (ex-Twitter) : « Voici la France. Pendant ce temps Madame Braun-Pivet campe à Tel-Aviv pour encourager le massacre. Pas au nom du peuple français ! » Il est certain que Mélenchon, à travers l’utilisation de tels mots ou expressions, place directement le clivage entre un microcosme « politique et légal » et un mouvement « populaire et réel ».

    Pour l’homme de gauche, le pays réel a un nom : l’union populaire (comprendre l’alliance des « Beaufs et des Barbares », comme le dit le titre du dernier livre d’Houria Bouteldja). Pour ce faire, la stratégie consiste à radicaliser le débat national en s’opposant au discours qui criminalise les banlieues et montre du doigt la jeunesse des « quartiers périphériques » ; puis, dans les territoires ruraux et en circonscription, à avoir un discours plus mesuré et tempéré pour ne pas effrayer les électeurs de gauche moins concernés par ces questions, mais aussi pour empêcher qu’émerge une « essence identitaire rurale » constitué sur la nostalgie d’une « France profonde », « de souche », opposée à la France issue des migrations.

    Cela explique pourquoi, dans une optique de réintroduire un clivage droite/gauche dans le champ politique national, c’est bien Éric Zemmour qui se présente comme le meilleur faire-valoir du chef de LFI. D’ailleurs, le président de Reconquête ! avait reconnu dans son livre, Je n’ai pas dit mon dernier mot, cet accord tacite entre les deux hommes. Avant leur débat sur BFMTV du 23 septembre 2021, Zemmour relatait cet échange téléphonique avec Mélenchon qui lui conseillait : « C’était déjà comme ça en 2017 : c’est parce que j’étais le plus radical à gauche que j’ai aspiré l’électorat tenté au départ par Hamon. Tu ne dois pas hésiter à faire la même chose à droite. Les électeurs seront attirés par toi si tu es le plus radical, surtout quand la Marine ne dit rien et que LR n’est pas audible… » Personne ne fut donc surpris de voir les deux hommes dos à dos sur la question géopolitique du Proche-Orient. Si Mélenchon plaide en faveur du non-alignement de la France et d’une demande de « cessez-le-feu immédiat », Zemmour réplique en affirmant qu’il n’est pas d’accord avec la « trêve humanitaire » et que le « combat d’Israël est celui de notre civilisation ».

    L’accélérationnisme Terra Nova

    Le retour des accents populistes peut se comprendre comme la volonté de s’opposer au retour d’une opposition entre banlieues et campagnes. Mélenchon connaît trop bien l’histoire du socialisme et ce conflit entre paysans et ouvriers qui avait permis, par exemple, d’opposer les uns et les autres lors du Front populaire. C’est pour cela qu’en plus de ses sornettes autour d’un monde allant tout droit vers la créolisation et le modèle des mélanges ethniques et culturels qu’incarne la ville moderne, il est obligé de reprendre le logiciel populiste de base (clivage vertical haut/bas) centré cette fois-ci l’accès aux différents « réseaux » – ensemble des aspects matériels (eau, électricité, internet) et immatériels (relations interpersonnelles). Mais comme le soutient Jérôme Sainte-Marie, ce grand écart idéologique est difficile à tenir ; et finalement, ce sont les « positions radicales » qui l’emportent et qui œuvrent « à la division des catégories populaires face au bloc élitaire ».

    L’idée de créolisation cache mal la haine que porte Mélenchon pour ce peuple old school et qu’il considère comme un électorat perdu, voire hostile. Sa « révolution citoyenne » est avant tout une révolution « urbaine », « métissée ». Sur les ondes de la radio Hit Radio en 2018, il manifestait déjà son incapacité « à survivre lorsqu’il n’y a que des blonds aux yeux bleus ». Il est plus que probable que le leader de LFI a fait sien deux constats : non seulement la démographie des peuples français et européen est en train de changer, mais aussi que le fossé tend à s’accroître entre les grandes villes et les provinces, entre autres par l’ethnie, le vote et le rejet de part et d’autre. Le 17 septembre sur BFMTV, il affirmait, qu’avant la fin du siècle, la France allait devenir le pays le plus peuplé d’Europe – occasionnant, selon son expression, une situation « rock’n’ roll » pour le Vieux Continent.

    La reviviscence de son populisme n’est que le faux-nez du renforcement de la stratégie que définissait en 2011 la célèbre note de Terra Nova. C’est-à-dire du principe d’une alliance privilégiée entre les nouvelles classes moyennes des grands centres métropolitains et les différentes « minorités » sexuelles, ethniques ou autres. Il n’y a alors rien de surprenant à voir Mélenchon voler au secours de Karim Benzema après que Darmanin eut accusé le footballeur d’entretenir des liens avec les Frères musulmans. Dans un post sur X, Mélenchon prend le parti de « Monsieur Benzema » en expliquant qu’il est le « petit-fils de gens traités eux aussi de “Français de papier” par les pétainistes qui retiraient leurs papiers à ceux qui étaient français depuis moins de dix ans, je sais que la France appartient à tous ceux qui la choisissent. »

    Le basculement mélenchoniste (de franc-maçon laïcard à défenseur des islamistes banlieusards) n’est que l’écume de phénomènes bien plus préoccupants : l’électoralisme communautariste, l’entrisme islamiste et la corruption des « élites ». En réalité, toute une partie de la classe politique actuelle – même de droite – s’adonne à ces pratiques, car, pour ces gens, le bon islam est celui que l’on achète et que l’on noie sous l’argent pour préserver la paix sociale. Et même le président Macron, à la suite de la mort de Samuel Paty, avait annoncé dans son discours sur « les séparatismes » que la France était assignée à devenir « un pays d’excellence dans l’étude des civilisations musulmanes » pour forcer les Français à comprendre mieux « les civilisations qui de fait cohabitent sur notre sol compte tenu de ce qu’est devenu aujourd’hui le peuple français ».

    Au-delà des nombreux rassemblements en faveur de la Palestine dans les villes européennes (Londres, Madrid, Berlin, Rome, etc.), l’exemple politique de cet entrisme islamique est flagrant dans d’autres pays d’Europe. Un article de Libération, intitulé « Face au Hamas, la Belgique engluée dans le piège communautariste », est revenu sur le cas belge, où une partie de la classe politique, « qu’elle soit de droite ou de gauche, a adopté une attitude proche de celle de LFI et du NPA ». Au Royaume-Uni, le Labour, principal parti de gauche, est aussi sous pression de son électorat musulman. Sir Keir Starmer s’est aliéné de nombreux électeurs musulmans du parti travailliste après avoir dit qu’Israël était dans son droit d’imposer un siège à Gaza (en 2017, 87 % des musulmans avaient voté pour le parti travailliste). 150 conseillers travaillistes musulmans ont écrit à Starmer, exigeant son soutien à un cessez-le-feu immédiat. Il se peut donc que l’attaque du Hamas ait seulement obligé Mélenchon à devoir se dévoiler plus vite qu’il ne pensait (voulait).

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  • Jean-Luc Mélenchon, chef émeutier et commandeur des croyants...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique de François Bousquet dans l'émission Ligne Droite sur Radio Courtoisie, datée du 12 juillet 2023, dans laquelle il évoque l'opportunisme gauchiste de Jean-Luc Mélenchon...

    Journaliste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a aussi publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017), Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2020) et Biopolitique du coronavirus (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

                                              

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