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de gaulle

  • Un quarteron de généraux...

    Les éditions Perrin viennent de publier une étude historique de Bernard Zeller intitulée Un quarteron de généraux avant le putsch. Fils du général André Zeller, polytechnicien, Bernard Zeller a fait sa carrière dans les industries de défense et de l'espace. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont L'Autre Visage d'Edmond Michelet (Via Romana, 2012), préfacé par Michel Déon, et Le Procès du commandant de Saint Marc (Nouvelles éditions latines, 2011).

     

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    " 22 avril 1961 : les généraux Challe, Zeller, Jouhaud et Salan déclenchent un putsch à Alger.
    Le lendemain, le général de Gaulle s'adresse à la nation : " Un pouvoir insurrectionnel s'est établi en Algérie [...]. Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite. Il a une réalité : un groupe d'officiers, partisans, ambitieux et fanatiques. Ce groupe et ce quarteron possèdent un savoir-faire expéditif et limité. " Si l'événement a été largement décrit, les motivations des putschistes sont restées dans le flou. Comment ces généraux, appelés aux plus hautes responsabilités par le général de Gaulle à l'issue de carrières menées sous le signe de la discipline et du service, ont-ils pu être amenés à déclencher un tel mouvement, totalement étranger à la tradition militaire française ?
    L'auteur, s'appuyant sur des sources non exploitées à ce jour et ayant eu accès aux archives privées des protagonistes de l'événement, restitue leurs trajectoires depuis leur engagement dans l'armée jusqu'au sommet de la hiérarchie militaire et fournit les pistes qui expliquent comment, en dépit de leurs différences de parcours et de tempérament, ils ont décidé de franchir le Rubicon. Ce faisant, il restitue tout un pan de l'histoire militaire française, de la guerre de 1914 – à laquelle ont participé Zeller et Salan – à celle d'Algérie.
    Un cheminement à nul autre pareil pour ces quatre serviteurs de la France, des champs de bataille à la prison de Tulle.
    Un ouvrage édifiant et nécessaire. "

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  • Benoît Chervalier : « Ne soyons pas trumpistes, mais soyons courageux et audacieux. »

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Benoît Chervalier, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la politique de Trump qui privilégie l’intérêt des États-Unis, pour le service exclusif du peuple américain. Benoît Chervalier est chef d'entreprise et enseignant à l'ESSEC.

     

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    Et si Donald Trump était un gaulliste qui s’ignore ?

    Mettre sur la même photo le Général de Gaulle, personnage emblématique de l’histoire de France, respecté pour son courage, sa droiture et une certaine idée de son pays, et Donald Trump, magnat de l’immobilier controversé et président réélu des États-Unis peu adepte des nuances et de culture, peut paraître osé, voire incongru. Pourtant, à y regarder de près, Trump pourrait bien être gaulliste sans le savoir, avec son discours sur la grandeur (au nom de la grandeur passée : « great again ») et son souci constant de l’intérêt des États-Unis, pour le service exclusif du peuple américain.

    Malgré la violence verbale et la brutalité des premières annonces de Trump, sa présidence amène le monde, l’Europe et la France en particulier, à s’interroger sur des choix fondamentaux dans les domaines constitutionnels, économiques et politiques que les gouvernements successifs ont effectués, consciemment ou non, depuis près de 50 ans.

    Trump a décidé de s’attaquer frontalement, nominalement, juridiquement et financièrement à la Cour pénale internationale, un organe judiciaire supranational reconnu par 126 États, mais ignoré par les nouvelles puissances telles que la Chine, l’Inde, l’Indonésie, la Russie, la Turquie ou les États-Unis. Beaucoup de pays et de juristes s’en émeuvent. Pourtant, cette décision soulève une question politique majeure : les décisions d’une organisation ou juridiction internationale peuvent-elles être supérieures au droit national ?

    La France, avec l’évolution de la jurisprudence du Conseil d’État et le fameux arrêt Nicolo en 1989, a reconnu la supériorité du droit international sur le droit national. Cela s’est accompagné de transferts de souveraineté. De Gaulle, en 1966, n’hésita pas à jouer la chaise vide, estimant que le compte n’y était plus, et s’était toujours opposé à toute forme de supranationalité. C’est le ressort profond du Brexit. C’était l’un des messages du référendum de 2005, qui a été ignoré : reprendre le manche pour que le seul intérêt souverain prime. La montée de tous les populismes en Europe et aux Etats-Unis est la traduction politique de cette mise à l’écart.

    Trump a également choisi de faire du chantage à ses partenaires commerciaux, notamment la Chine, le Canada et le Mexique, en augmentant les droits de douane arbitraires, estimant que le compte n’y était plus pour le citoyen américain. Il provoque ouvertement son voisin en invitant le Canada à rejoindre les États-Unis, ce qui aurait des conséquences politiques et institutionnelles auxquelles l’administration américaine n’a sans doute même pas pensé. De Gaulle ne changea-t-il pas les codes de la communication politique, lui qui parla d’un Québec libre ? La manière de faire de Trump et les mots qu’il choisit peuvent heurter, mais, là encore, l’essentiel réside ailleurs : il défend avant tout l’intérêt de ceux qui l’ont élu. Qui peut nier que les États-Unis affichent de larges déficits commerciaux avec leurs principaux partenaires ? Qui peut dénier le droit de reprendre le volant lorsque la trajectoire n’est plus la bonne ? La méthode et les choix de Trump sont discutables, mais ils ont le mérite de faire bouger les lignes. Les Européens et les Français attendent à leur tour une reprise en main de leur destin.

    Trump a aussi pris la décision de sortir de l’Organisation mondiale de la santé. Bien que cette décision puisse être largement contestée, car cette organisation est par essence au service du bien commun, elle soulève néanmoins une question sous-jacente d’une ampleur tout autre : l’adhésion d’un pays à une organisation sert-elle ou non ses intérêts ? En attaquant également l’Agence de développement américaine (USAID), l’administration Trump invite à dépasser le cadre national et à réfléchir à l’utilité et à l’efficacité du système multilatéral tel qu’il existe aujourd’hui, appuyé sur ces institutions internationales. Servent-elles réellement l’intérêt de la France et de l’Europe ?

    Il serait erroné de considérer que Trump est le seul « bad guy ». Les États-Unis, qu’ils soient dirigés par des démocrates ou des conservateurs, sont mus par leur intérêt national. Ainsi le président Obama avait-il refusé de rejoindre la Banque internationale asiatique pour les infrastructures, créée en 2014 par la Chine, estimant que c’était une organisation alternative aux institutions de Bretton Woods. Les pays européens, quant à eux, ont préféré pour des raisons diverses monter dans ce train. Des pays comme la France ou l’Allemagne ont rejoint cette institution pour un coût élevé (un milliard d’euros fut déboursé à cette fin par les contribuables français), et pour un bénéfice politique et institutionnel qui peut être discuté.

    Au-delà de cette organisation, la France est souvent prisonnière de son universalisme atavique et de son ambition d’être une puissance d’équilibre. En voulant être partout, on finit par être nulle part, surtout dans un environnement budgétaire de plus en plus contraint. Rien ne sert de courir sur toutes les balles, il faut savoir gagner des points (et surtout des matchs). Il est donc essentiel d’évaluer les coûts et les bénéfices de nos décisions, en ayant une vision claire de leurs effets directs et induits. Le tableau global pour la France et pour l’Europe doit être nuancé, mais les évolutions sont rapides et la trajectoire nous est défavorable, particulièrement du fait de notre démographie et de nos performances économiques médiocres.

    Cette approche doit conduire la France, ainsi que l’Europe, à mener une analyse lucide sur les organisations et institutions dont elle est membre ou actionnaire, et qui coûtent cher au contribuable ou génèrent des normes contraignantes. Il ne s’agit sûrement pas de jeter le bébé avec l’eau du bain. La France n’est pas les États-Unis, et Trump n’est pas de Gaulle. « Ne soyons pas trumpistes, mais soyons courageux et audacieux. »

    Il est temps de remettre ces questions fondamentales sur la table, d’affronter la réalité et de faire des choix clairs que nous devons assumer pour dessiner la trajectoire politique et historique que le pays souhaite suivre, et en exposer clairement les enjeux au peuple souverain.

    Benoît Chervalier (Figaro Vox, 14 février 2025)

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  • Ces chênes qu’on veut abattre...

    Nous reproduisons ci-dessous une tribune d'André Rougé cueilli sur Breizh-Info et consacré aux scandaleuses réquisitions du parquet lors du procès contre Marine le Pen et les députés européens du RN dans l'affaire des assistants parlementaires.

    André Rougé est député européen du RN et responsable du cercle des Horaces.

     

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    Procès RN / Marine Le Pen. Ces chênes qu’on veut abattre

    Certains procès résonnent comme des aveux. Ainsi, de celui intenté par le Parlement européen à Marine Le Pen et, à travers elle, n’en doutons pas, aux 11 millions de Français qui, en votant en faveur du Rassemblement national, entendent remettre l’Union européenne à l’endroit. Comprendre : au service des peuples. Tout est décidément mis en œuvre pour les réduire au silence, comme jadis les dissidents dans l’empire soviétique.

    Que nous reproche, en effet, l’ancien président socialiste du Parlement européen, Martin Schulz, dont la plainte, déposée en 2015, est à l’origine du procès ouvert le 30 septembre dernier devant le Tribunal correctionnel de Paris ? D’avoir utilisé, en toute transparence, (et non « détourné » comme le prétendent ses amis avec tout ce que ce terme suggère de dissimulation) les crédits alloués par le Parlement aux eurodéputés pour recruter, non des bénis oui-oui de de la cause fédéraliste mais, en l’espèce, des collaborateurs en adéquation avec les valeurs du Rassemblement national. Nul doute que si Marine Le Pen avait puisé dans le vivier du Mouvement européen ou de la Fondation Robert Schumann pour naviguer entre Strasbourg, Bruxelles et Paris, ces derniers ne seraient suspects de rien et ne se verraient pas contraints de justifier jusqu’à leur emploi du temps !

    Or nous le revendiquons haut et fort : nos assistants ont été recrutés pour faire de la politique, comme l’attendent nos électeurs. Et c’est bien ce que prétendent leur interdire nos censeurs, au nom d’une lecture antidémocratique des textes qui, si elle avait force de loi, transformerait les collaborateurs de tout eurodéputé en employés purs et simples des institutions européennes ! Que resterait-il alors des droits de l’opposition — dont nous sommes les seuls vrais représentants — si ses membres n’avaient plus la liberté d’affecter leurs collaborateurs aux tâches qu’ils jugent les plus utiles à leur mandat ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Nulle part, de fait, il n’est reproché à quiconque d’avoir profité d’un système d’emplois fictifs sans rapport avec la nature foncièrement politique de leurs fonctions ni a fortiori constitutif d’un enrichissement personnel. Ce qui est scandaleusement mis en cause, c’est la nature du travail effectué et même, si l’on pousse à bout la logique intrusive — et j’ose dire : quasi-policière — de cette procédure : le lieu où il l’exerce !

    D’emblée, le Rassemblement national avait pourtant annoncé la couleur : la source de ses ennuis judiciaires n’est rien d’autre qu’un organigramme officiel faisant apparaître qu’un certain nombre de collaborateurs de députés européens occupent des fonctions bénévoles au sein du mouvement. Et c’est là qu’intervient le caractère odieusement unilatéral de cette procédure. Reproche-t-on aux assistants des élus socialistes, PPE, Verts ou LFI de s’investir légitimement dans leurs partis respectifs ? Faut-il, pour être un collaborateur exemplaire aux yeux de l’administration du Parlement européen, renoncer à tout militantisme sur son temps libre et, comme dans certaines sectes, transformer sa vie privée en désert ?

    Exiger que l’activité d’un assistant parlementaire s’exerce exclusivement au sein de l’hémicycle, ce n’est pas seulement adopter une logique totalisante — pour ne pas dire totalitaire ; c’est, subrepticement, porter atteinte aux droits fondamentaux de l’opposition, reléguée dans une fonction structurellement subalterne et presque ancillaire. Que serait une démocratie dans laquelle l’activité de ladite opposition se limiterait à proposer des amendements condamnés par l’arithmétique à se voir enterrés, tout en se trouvant privée d’exercer, par les moyens appropriés, sa fonction tribunicienne, autrement dit sa capacité de militer auprès de ses électeurs – donc dans le cadre national – en faveur d’une alternance ?

    Si nous faisons de la politique, c’est pour contester le fonctionnement du système communautaire en vigueur, non pour l’enraciner dans ses travers. Il n’appartient pas à ceux dont nous dénonçons la politique de choisir à notre place les voies et les moyens de faire entendre notre voix. Et encore moins d’accuser un assistant de contrevenir à ses obligations parce qu’il milite bénévolement pour son propre parti dans le cadre national, cadre qui, ne l’oublions pas, constitue la circonscription unique du parlementaire pour lequel il travaille !

    S’en prendre à Marine Le Pen qui n’a jamais caché sa volonté de recruter des collaborateurs engagés dans notre combat pour une autre Europe n’est donc rien d’autre qu’un authentique procès politique. Et ce doublement. Car ceux qui espèrent sa condamnation ne se contentent pas d’instrumentaliser la justice française au service d’un combat partisan — celui déclenché, voici neuf ans, par les socialistes du Parlement européen contre les élus du Rassemblement national ; ils tentent, aussi et surtout de barrer la route de la magistrature suprême à la seule personnalité politique incarnant une alternative, non seulement française mais européenne, au système qui conduit notre continent à la faillite après l’avoir précipité dans la désindustrialisation et l’immigration de masse.

    L’histoire démontre que les systèmes aux abois sont ceux qui se défendent le mieux, jusqu’à ce que l’évidence impose ses sanctions. Mais entre-temps, que de malheurs ! La Quatrième République en est un bel exemple qui, désavouée par une majorité d’électeurs dès son avènement, déploya des trésors d’ingéniosité pour se maintenir douze ans, en mobilisant contre le général de Gaulle et son Rassemblement du Peuple Français toutes les ressources du « régime des partis ». C’est ainsi que, fort de 40% des voix à l’issue des municipales de 1947, le RPF fut tenu à l’écart des responsabilités par l’odieux système dit des « apparentements », ébauche du pseudo « front républicain » actuel permettant à des forces notoirement minoritaires d’accéder au pouvoir dans le seul but d’empêcher une véritable alternance.

    Écœuré par ce déni de démocratie, Georges Bernanos, qui allait mourir sans assister au retour au pouvoir de l’Homme du 18 juin, avait alors confié à plusieurs de ses amis : « Ne vous en faites pas, la France a inventé Jeanne d’Arc, elle a inventé Richelieu, elle a inventé Clemenceau, elle en inventera d’autres, c’est son affaire ». Mais pour ajouter aussitôt : « La nôtre, ce serait d’éviter qu’on les brûle » ! Ou qu’on les abatte tels les chênes du « bûcher d’Hercule » chers à Malraux citant le père Hugo…

    André Rougé (Breizh-Info, 15 novembre 2024)

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  • Le Pancapitalisme, le retour du social dans le national...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Gérard Fugnat, cueilli sur le site de l'Institut Georges Valois et consacré à la participation et au pancapitalisme...

     

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    Le Pancapitalisme, le retour du social dans le national

    Prime d’intéressement, prime de participation, plan d’épargne entreprise si comme 11 millions de salariés, vous êtes concernés alors ces dénominations vous sont familières. Ceux pour qui cela reste un mystère, ces termes désignent tous une forme de redistribution des bénéfices des entreprises à leurs salariés, soit sous forme de prime, soit sous forme d’épargne et d’actionnariat salarial. Mais savez-vous que tout ceci n’est qu’une forme lointaine et atténuée d’un projet économique bien plus ambitieux cherchant à redistribuer équitablement les moyens de production sans porter atteinte au principe de propriété privée ? Ce projet fut connu sous le nom de « Participation », fer de lance de la doctrine économique du gaullisme dans les années 1960, mais la théorie économique à la base de ce projet d’envergure se nommait « pancapitalisme » et c’est de cela dont nous allons parler en détail dans cet article.

    Mais avant de rentrer dans le cœur de cette doctrine économique, un peu d’histoire. Le principe d’alliance entre le capital et le travail, d’actionnariat salarial ou de participation aux bénéfices de l’entreprise ne date pas du gaullisme. On en retrouve des traces dès les XIXème siècle, notamment chez les catholiques sociaux et les figures d’Albert de Mun ou encore de René De la Tour du Pin et même chez certains libéraux comme Tocqueville ou encore chez des socialistes comme Jaurès.

    Mais les traces les plus concrètes et les plus formelles se trouvent dans le syndicalisme jaune et notamment au sein de la Fédération nationale des jaunes de France (FNJF) et leur programme économique nommé le « propriétisme ». La FNJF, active de 1902 à 1912, entretint d’étroites relations avec les milieux nationalistes, dont l’Action française ou Edouard Drumont et son journal La Libre Parole. Ce syndicat jaune considérait que la corporation était le meilleur modèle de défense sociale pour les travailleurs. Ils prônaient donc le « propriétisme » une forme d’association « capital-travail » où les travailleurs devenaient propriétaires de leurs moyens de production via l’acquisition d’actions de leur entreprise. On y voit déjà la colonne vertébrale de l’idée pancapitaliste. Ils défendaient aussi le système des « chambres de capacité », sortes d’assemblées locales où les représentants du monde professionnel pouvaient discuter des affaires socio-économiques du pays et servaient de contre-pouvoir à l’Assemblée nationale.

    Malgré la disparition de ce syndicalisme jaune et avec lui, la disparition de la doctrine « propriétiste » l’association entre le capital et le travail comme base d’une doctrine économique continua de faire son bout de chemin. Et c’est au sein des cadres des Croix-de-Feu puis du Parti Social Français (PSF) que survit cette idée de participation des masses prolétaires aux bénéfices des entreprises. Vue comme une forme de « proto-gaullisme » par certains historiens, et dont certains membres s’inspirèrent du catholicisme social, il n’est donc pas anormal d’y rencontrer une défense de ce principe de participation parmi les cadres de ce mouvement.

    Maintenant, faisons un saut dans le temps jusqu’aux Trente Glorieuses. Un certain Marcel Loichot polytechnicien, fils d’instituteur, pied-noir, PDG de la 1ère entreprise française de conseil économique et gaulliste social, a, durant cette décennie, réfléchi à un modèle socio-économique novateur pour offrir une troisième voie qui protégerait les travailleurs de l’aliénation capitaliste libérale tout en protégeant les entreprises et les entrepreneurs de la collectivisation soviétique castratrice pour l’innovation et le progrès technique et économique.

    En 1966 sortit son livre La réforme pancapitaliste dans lequel il écrit ceci : « En un mot, le Pancapitalisme propose que le travailleur le plus humble bénéficie non plus théoriquement, mais effectivement, de la fonction économique et sociale de l'investissement. C'est-à-dire qu'il reçoive sa part dans la création des richesses futures ou, si l'on veut, des moyens supplémentaires de production qu'il contribue à créer par son travail. Et cette manière d'obtenir la désaliénation conserve intégralement la notion de propriété, tant pour le salarié que pour le possédant antérieur. »

    Voilà comment Marcel Loichot résuma le principe pancapitaliste. Il élargit le principe de propriété généralisée à la France industrialisée des Trente Glorieuses. Il effectua sans le savoir une actualisation du principe proudhonien de petite propriété pour tous, élargit aux entreprises de plus de 10 salariés, la taille des usines et entreprises ne permettant plus à un petit nombre restreint de posséder dans l'intégralité leurs outils de travail. Sans spolier les investisseurs antérieurs, le pancapitalisme propose d'élargir la propriété de l'entreprise à tous les travailleurs via la possession d'actions. De cette manière, chacun devient partiellement propriétaire de son outil de production.

    Dans le pancapitalisme, la moitié des bénéfices serait utilisée pour autofinancer les innovations de l'entreprise et dépendre au minimum d'investissements étatiques, privés ou étrangers. La seconde moitié des bénéfices serait partagée à 50%/50% dans la génération d'actions pour les actionnaires antérieurs et la génération d'actions pour les travailleurs. Celles-ci seraient distribuées proportionnellement au salaire et à la place dans l'entreprise de chacun. De cette manière, aucune spoliation ne prendrait place. Durant les Trente Glorieuses, la croissance économique annuelle moyenne d’une entreprise était de 6%, avec ce taux, il n’aurait fallu que 25 ans aux travailleurs pour devenir actionnaires majoritaires. De nos jours, les PME de plus de 10 salariés, composant la majorité de notre tissu économique, ont eu un taux de croissance annuel de 3,5% en 2022, il faudrait alors une quarantaine d’années pour que les travailleurs deviennent actionnaires majoritaires.

    En plus des dividendes générés par ces actions, la possession de ces dernières ouvrirait l'accès au Conseil d'Administration (CA) et donc à la participation aux prises de décisions de l'entreprise pour les travailleurs. La participation salariale serait totale, tant économique, que politique au sein de l'entreprise. On vivrait alors une réelle émancipation des travailleurs et une réelle décentralisation et organicité de l'appareil économique des grandes entreprises.

    Les idées de Marcel Loichot ont pu, et peuvent toujours, sembler candide. Elles n'ont d'ailleurs ni survécus à l'ordonnance de 1967, ni au référendum de 1969, référendum dans lequel le Général De Gaulle souhaitait implanter politiquement la Participation. La faute tant à la bourgeoisie qui n'a pas vu d'un bon œil que les classes moyennes et populaires puissent s'asseoir à la même table qu'eux dans le champ économique. Mais également la faute de la gauche vivant de la rente de la lutte des classes, car le pancapitalisme était vu tant par ses promoteurs que par ses détracteurs, comme un outil efficace pour supplanter la lutte des classes, faisant travailler main dans la main patronat et prolétariat dans un seul et même but avec les mêmes outils.

    Plus proche de nous, Claude Mineraud, ancien PDG d’entreprise du CAC40, a lui aussi développé sa vision de la Participation et du pancapitalisme à travers son ouvrage « Le capitalisme populaire ». Sa volonté est claire, contrer le néo-libéralisme, et fort de son expérience de terrain, il a écrit ce petit guide à destination des (futurs) chefs d’entreprises nationalistes.

    Lui aussi se base sur trois axes pour développer son modèle économique :

    1. Actionnariat salariale : 20% des actions sont destinées aux cadres fondateurs de l’entreprise, 55,1% aux travailleurs et 24,9% des actions sont réservées aux actionnaires extérieurs.

       

    2. Participation au conseil d’administration de l’entreprise : 40% des voix sont détenues par les cadres fondateurs, 35,1% par les travailleurs et 24,9% par les actionnaires extérieurs.

    3. Grille salariale limitée : le chef d’entreprise ne peut gagner plus de 8 fois le salaire de l’employé le plus bas dans la hiérarchie.

    Ce livre est un parfait guide technique et juridique pour les entrepreneurs ou patron voulant se lancer dans une aventure pancapitaliste. Une large partie de l'ouvrage est très technique et juridique. Claude Mineraud a réussi à s'accommoder des législations en vigueur pour adapter à sa manière les principes théorisés par Marcel Loichot 60 ans plus tôt. Véritable guide politique et économique pour toute personne cherchant à actualiser la pensée économique nationaliste et populaire au sein de son appareil économique.

    Ces expériences, intellectuelles pour Marcel Loichot et pratiques pour Claude Mineraud, sont les preuves qu’une forme de « troisième voie française », adaptée à notre époque, à notre système économique et notre système juridique, est possible. Dans une France qui cherche à s’émanciper du carcan néo-libéral, où les Gilets Jaunes nous ont rappelé que le peuple français existe et aspire à plus de liberté, mais également plus de justice, où chaque crise sociale nous rappelle que les Français cherchent à reformer des corps sociaux jugés illégitimes et non-représentatifs de leurs aspirations. Le pancapitalisme est un outil crucial pour que nous, nationalistes français, repensions la question sociale et économique au sein de nos organisations et surtout, au sein de notre pays.

    Gérard Fugnat (Institut Georges Valois, 14 octobre 2024)

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  • L'appel du Roi...

    Les éditions de Paris viennent de publier un roman uchronique de Frédéric Le Moal intitulé L'appel du Roi. Docteur en histoire contemporaine et élève du professeur Georges-Henri Soutou, Frédéric Le Moal, qui enseigne au lycée militaire de Saint-Cyr, est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Histoire du fascisme (Perrin, 2018) ou Les hommes de Mussolini (Perrin, 2022).

     

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    " 1939, la France ne peut faire autrement que déclarer la guerre à l’Allemagne nazie. Une France qui n’est pas une république mais une monarchie constitutionnelle depuis que le comte de Chambord a accepté le drapeau tricolore. Cet ouvrage est une uchronie romanesque sur la défaite de 1940 et la Seconde Guerre mondiale dans laquelle l’auteur, s'inspirant des exemples européens de cette époque, imagine le cours qu'aurait pris l'histoire si la France avait été une monarchie, avec à sa tête un roi qui, à la place du général de Gaulle, aurait lancé le fameux appel. Comment se seraient comportés De Gaulle, Pétain ou Laval, si un roi avait été la pierre angulaire d’une France tourmentée par l’Occupation ? Un roman qui montre combien les personnalités se révèlent face aux intrigues lorsqu’elles sont confrontées à l’Histoire. "

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  • Katanga !...

    Les éditions Perrin viennent de publier une étude historique de Maurin Picard intitulée Katanga ! - La guerre oubliée de la Françafrique contre l'ONU. Journaliste et auteur d’essais historiques, Maurin Picard est correspondant aux États-Unis depuis 2011. Il couvre la politique américaine, ainsi que les opérations de maintien de la paix des Nations unies.

     

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    " Septembre 1961. Dans une province sécessionniste de l’ex-Congo belge, le Katanga, paradis géologique riche en cuivre et en uranium, un régime minier pro-occidental défie l’ONU et ses casques bleus. Le conflit qui éclate oppose « soldats de la paix » et mercenaires endurcis. Surprise : il s’agit d’ex-officiers d’élite de l’armée française, des « durs » capables de lancer leurs groupes mobiles contre un adversaire dix fois supérieur en nombre. Il s’avère que, loin d’être « perdus », cette poignée d’hommes se trouvent en mission commandée, sur ordre du gouvernement français, en particulier de la « cellule des Affaires africaines et malgaches » de l’Élysée dirigée par Jacques Foccart. Ils infligèrent à l’ONU et ses 16 000 hommes une défaite militaire retentissante, s’appuyant sur des méthodes de guérilla et de contre-guérilla éprouvées en Indochine et en Algérie, avant de battre en retraite sur ordre. Loin d’être une simple escapade de mercenaires, le projet visait à étendre le pré carré de la France, se tailler une part du gâteau de l’ex-Congo belge, contrer la pénétration soviétique et coiffer sur le poteau les Anglo-Saxons pour l’exploitation des ressources minières stratégiques, tout en présentant le Katanga comme un poste avancé de la lutte anticommuniste mondiale."

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