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  • Feu sur la désinformation... (474) : Le putsch politico-médiatique !

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Lucas Chancerelle.

     

                                           

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine :   le clip de rap ultraviolent contre le RN promu par les médias.

    Dossier du jour :   l’alliance du système allant de l’extrême gauche à l’extrême centre pour empêcher Jordan Bardella d’être premier ministre.

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    Pastilles de l’info :

    1) Macron, Baffie et L'agence tous risques !
    2) Débat Trump-Biden : le fiasco démocrate
    3) Un journaliste de beIN Sports licencié après avoir insulté les électeurs RN ?
    4) Un nouveau Crépol occulté ?
    5) Hollande et la gauche caviar

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Julian Assange, le courageux lanceur d’alerte qui vient d'être libéré !

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  • Le calme avant la tempête ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur Geopragma et consacré à ce qu'elle analyse comme l'usure des Occidentaux face au jusqu'au-boutisme du président ukrainien...

    Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019). Elle a créé en 2017, avec Hervé Juvin, entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

     

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    Le calme avant la tempête

    On aimerait penser à autre chose. A la coupe du Monde de football qui débute au Qatar, aux fêtes de Noël qui approchent, à la crise qui s’installe, et même aux échauffourées politiques dérisoires qui animent parfois pathétiquement notre Assemblée nationale et paraissent bien insignifiantes au regard des enjeux de fond et de l’avenir de notre pays. Mais la guerre, une fois lancée, ne connait pas de répit et elle prend en Ukraine, des tours inquiétants avec la reprise des bombardements sur la centrale nucléaire de Zaporojie qui en vient à alarmer même le très tempérant directeur de l’AIEA, et dont il demeure difficile d’imaginer que c’est la Russie qui les initie contre ses propres forces…

    Que faire pour conduire le président Ukrainien à rompre avec son jusqu’au-boutisme suicidaire ? Les courants ultranationalistes qui l’environnent, le terrifient sans doute et le contrôlent ainsi que ses forces armées, le placent face à un tragique dilemme de style « loose-loose » : Négocier un compromis territorial avec Moscou, donc consentir peu ou prou à une partition du territoire ukrainien, comme l’enjoignent désormais à mi mots de le faire Américains et Britanniques ? Impossible sauf à se mettre lui-même en danger vital face à la fureur des ultras.  Maintenir ses positions de plus en plus intenables au regard de la réalité militaire sur le terrain, et prétendre reprendre tous les territoires conquis par Moscou, jusqu’à la Crimée, en espérant provoquer enfin l’engagement de l’OTAN, comme le montre son insistance à vouloir accréditer la responsabilité russe dans la pénétration d’un missile sur le territoire polonais contre toute évidence et malgré les démentis circonstanciés de Washington ? Cette attitude pourrait bien précipiter son lâchage par ses plus grands pourvoyeurs d’armements et de subsides. A-t-il compris que sa survie politique dépendra de sa capacité à retomber sur terre, à admettre que l’armée russe est en train de préparer son offensive d’hiver, que le rapport des forces est sans équivoque en sa défaveur, bref qu’il ne peut gagner militairement mais va devoir négocier un compromis s’il veut préserver le peu qui reste de son pays plongé dans le noir, le froid, le délabrement économique et dont même le système de télécommunications est de plus en plus aléatoire ?

    Bref, V. Zelinsky est entre le marteau et l’enclume. Il sait bien, comme d’ailleurs les Polonais, que seule une zone d’exclusion aérienne au-dessus du ciel ukrainien aurait une chance peut-être de préserver ce qu’il lui reste de forces. Mais c’est hors de question pour Washington. Ses alliés occidentaux semblent d’ailleurs connaitre une phase de lassitude et d’inquiétude devant le jusqu’au-boutisme de plus en plus désespéré de leur proxy. Les stocks européens et même américains d’armements sont en train de fondre, et nos armées vont bientôt refuser de s’affaiblir davantage pour le renforcer. Les armes qui sont données à Kiev de toute façon ne renverseront pas la donne militaire. « On » ne le peut ni surtout ne le veut pas, et le jeu des postures commence à montrer ses limites. Le premier ministre britannique Richie Sunak est venu le dire à Kiev il y a quelques jours. Rien n’a filtré de l’entretien qui a dû être désagréable aux oreilles de Zelenski…

    Certes il y a, aux États-Unis, les faucons démocrates néoconservateurs forcenés autour du secrétaire d’État Blinken et de son Département… Mais ils sont eux aussi de plus en plus en butte aux réserves, pour dire le moins, du Pentagone. Le Secrétaire d’État à la défense Lloyd Austin a très récemment rappelé lors d’une conférence à Halifax (où Zelenski est apparu pour dire qu’un cessez-le-feu n’avait aucune chance de durer, ce qui est probablement vrai à ce stade du conflit), que « la Russie disposait d’une armée puissante et d’armes impressionnantes ». Il a aussi dit l’indicible : « l’issue de la guerre en Ukraine définira les contours du monde du 21eme siècle » ! Rien de moins. Le CEMA américain, le Gal Milley a lui clairement affirmé que la seule issue à ce conflit est la négociation. Quant au secrétaire général de l’OTAN, il a abondé en rappelant qu’une défaite de l’Ukraine serait aussi celle de l’Alliance. Barak Obama lui-même, en 2016 déjà, avait reconnu que la Russie disposait d’une incontestable « dominance dans la capacité d’escalade ». Il parlait d’or. Mais cette soudaine lucidité arrive bien tard.

    Si l’enjeu est celui d’un retour à la réalité à Kiev comme à Washington, Londres ou Paris, le conflit des perceptions et surtout des « informations » brouille cette prise de conscience urgentissime. Les médias occidentaux persistent à voir dans les quelques avancées des forces ukrainiennes (par retrait des troupes russes) comme à Kharkov ou Kherson, les prémices d’une grande victoire militaire ukrainienne. On en est pourtant loin. Kherson, cadeau empoisonné, devient très difficile à approvisionner et les forces ukrainiennes toujours sous le feu russe depuis la rive est du Dniepr, commencent à appeler les habitants à la quitter. Les pertes sont lourdes, et les forces armées de Kiev sont de plus en plus suppléées par des troupes polonaises voir américaines présentes au nom d’une discrète « coalition des bonnes volontés » sans pour autant vouloir le moins du monde provoquer de trop une Russie en train de se préparer à une offensive d’hiver et d’injecter méthodiquement ses 300 000 réservistes récemment mobilisés. La Russie se prépare à durer et poursuivre sa guerre d’attrition avec des objectifs de moins en moins limités. L’échec de la politique de sanctions et la description récente par le vice-premier ministre russe de son pays comme d’une « île de stabilité » dans un monde chaotique, même si elle doit être évidemment pondérée, traduit une réalité douloureuse. Le fantasme des néoconservateurs américains de détruire l’économie, l’armée et le pouvoir russes a explosé en vol. Les USA et plus encore l’Europe se sont laissé entrainer par l’hubris belliqueux de certaines de leurs composantes gouvernementales et politiques dans un piège dont l’issue pourrait bien être la démonstration éclatante du déclin de l’Occident et la fin de l’hégémon américain.

    En fait, nous faisons face à la nécessité douloureuse de sortir de notre rêve- abattre la Russie- avant que la déroute ne soit trop humiliante. Deux méthodes s’offrent pour cela aux Américains : la méthode « douce », consistant à laisser Zelenski s’enfoncer en le lâchant progressivement et en lui disant que c’est à lui de décider quand il faudra négocier avec Moscou ; la méthode « radicale », en fait plus bénéfique dans ses effets pour le pays et le peuple ukrainien : négocier directement avec Moscou un compromis territorial et surtout stratégique (c’est-à-dire la neutralisation définitive de l’Ukraine), assécher brutalement le flux d’armes et d’argent  pour imposer les termes d’un accord réaliste à Zelenski qui devra faire de nécessité vertu et y trouverait une « excuse » auprès des ultras qui l’entourent.

    Dans un monde en noir et blanc tel que nous aimons le voir, supporter que « le méchant » gagne n’est pas facile. Mais c’est ce qui nous préserverait de pire encore. On pourrait inscrire une telle négociation dans une vaste refondation intelligente des équilibres de sécurité en Europe et reconstruire à grands frais l’Ukraine pour se faire pardonner de l’avoir instrumentalisée…Mais pour avoir le courage d’une telle approche, qui douchera les opinions publiques occidentales, il faudrait des hommes d’État capables de prendre ces décisions douloureuses et salutaires. Or, c’est une espèce en voie de disparition en Occident, où les politiques à courte vue appuyés sur des médias peu critiques, bercent complaisamment les peuples d’illusions et de « narratifs » engageants mais faux, pour obtenir leur consentement à l’affrontement tout en leur promettant qu’il ne leur en coutera pas grand-chose.  Cette fois-ci pourtant, ce mensonge devient trop gros : Les sanctions sont un échec, les Européens ont froid, voient leur richesse fondre à vue d’œil et commencent à se demander s’ils ne seraient pas les dindons ultimes de cette farce.

    Les États-Unis devraient aussi se demander pourquoi ils se sont engagés si loin et finalement ont accéléré la bascule du monde et notamment des pays du sud à leur détriment ? Sans doute auraient-ils eu plus à gagner en poussant les Ukrainiens à appliquer les Accords de Minsk 2 au lieu de les en dissuader, et plus encore à négocier un traité honnête et équilibré sur la sécurité en Europe avec la Russie quand celle-ci le demandait à toutes forces, encore en décembre dernier, au lieu de franchir la ligne rouge ukrainienne la fleur au fusil…des Ukrainiens.

    Nous sommes désormais engagés dans une longue guerre d’attrition et l’Occident risque d’en sortir avec un discrédit politique, stratégique et militaire massif. Ne parlons pas de l’OTAN…Quant à l’Europe, ainsi que l’a rappelé le Général de Villiers, cette guerre n’est pas de son intérêt, encore moins de celui de la France, qui doivent entretenir des relations normales et apaisées avec la Russie. Est-il trop tard pour casser cette spirale dangereuse et sortir de ce piège ? Il faudrait que Washington choisisse vite la méthode dure évoquée plus haut. Comme l’a récemment rappelé Dimitri Medvedev, les puissances occidentales sont piégées dans un soutien à un gouvernement irresponsable qui ne peut lui-même, sans précipiter sa propre perte, négocier le compromis indispensable ; car celui-ci va devoir se discuter « sur la base de la réalité existante » ainsi que récemment rappelé par Serguei Lavrov, c’est-à-dire sur la base du contrôle de plus en plus avancé des 4 oblasts intégrés formellement à la Fédération de Russie. Évidemment, en Europe et dans certains cercles de pouvoir à Washington, « la réalité existante » est un déni de la réalité militaire, c’est-à-dire un recul des forces russes dont on veut croire qu’elles sont exsangues…. Il faut souhaiter que dans ces querelles des chapelles washingtoniennes, les réalistes et les militaires l’emportent et entament une négociation directe avec Moscou. La récente rencontre entre les chefs du renseignement américain et russe est peut-être un heureux présage. Il faut le souhaiter pour le malheureux peuple ukrainien mais aussi pour notre sécurité à tous.

    Caroline Galactéros (Geopragma, 21 novembre 2022)

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  • Présidentielle américaine : un saut qualitatif dans la guerre médiatique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Didier Beauregard, cueilli sur Polémia et consacré au coup de force du système médiatique dans l'élection présidentielle américaine.

     

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    Présidentielle américaine : un saut qualitatif dans la guerre médiatique

    Si le coup de force médiatico-judiciaire a réussi en 2016 en France à faire triompher la candidature d’Emmanuel Macron au détriment de François Fillon, il est clair, cependant, que la victoire électorale de Biden, même si elle est in fine entérinée par l’appareil judiciaire, a montré les limites du progressisme conquérant de par sa dépendance totale à l’outil médiatique. Celui-là depuis des années ne cesse de perdre sa puissance de conviction et, comme un triangle inversé, ne repose plus que sur sa pointe : celle forgée par des minorités activistes dont la force de frappe dépend du contrôle qu’elles exercent sur l’univers médiatique. Ce dernier, au fil des dernières décennies, s’est imposé comme le lieu quasi unique où le pouvoir, sous toutes ses formes, fonde sa légitimité et discrédite ce qui le conteste.

    Le réel et sa représentation

    Le jeu de la représentation politique via l’élection, qui porte le principe démocratique, a été subverti par la mise en scène des représentations médiatiques qui créent une surréalité plus puissante que la réalité elle-même par un processus de conditionnement mimétique des esprits. Cette tension entre la réalité et ses représentations est le fil conducteur du conflit idéologique moderne*. Cette confrontation incessante entre réalité et représentation est un espace instable où se joue un virulent travaille de retraitement du réel qui s’affirme comme le principal enjeu du pouvoir, c’est-à-dire de la domination des masses.

    L’actuelle séquence des élections américaines illustre au plus haut point cette réalité. Elle représente même un saut qualitatif décisif, où l’univers médiatique, massivement mobilisé, prend en charge l’élection d’un nouveau président, et le désigne comme vainqueur avant même la fin du cycle électoral. La réalité construite par les médias, celle d’un peuple en liesse qui se libère d’un bouffon tyrannique, doit s’imposer comme la réalité définitive, en dehors et au-delà du contexte réel de l’élection. Elle doit triompher comme une réalité qui ne peut plus être déconstruite une fois perçue comme un réel indestructible. Triomphe définitif de la représentation sur le réel qu’elle façonne, enfin, à son image et impose à la conscience collective.

    Et pourtant, à l’encontre du matraquage médiatique, Trump a montré une incroyable capacité de résistance. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le président sortant, par rapport à 2016, gagne des points dans quasiment tous les segments de la société ; tout particulièrement auprès des hommes noirs (de 13 à 17%) et des hommes hispaniques qui lui donnent un très bon score de 35%, contre 32% en 2016. Chez les femmes noires qui représentent le segment le plus hostile à sa personne, sa performance, cantonnée à un très faible niveau, a tout de même doublé passant de 2 à 4%. Paradoxalement, la seule catégorie où son résultat a baissé est celle des hommes blancs, à 57% contre 62% en 2016, à comparer à une légère progression de 2 points à 54% pour les femmes blanches.

    Le parti pris médiatique, dans ce contexte de tension extrême, ne fait même plus vraiment l’effort de dissimuler ses engagements, tant l’hostilité au camp Trump est manifeste. Outre la litanie du vocabulaire dépréciatif pour décrire le candidat républicain, la mise en scène médiatique est systématiquement orientée. Le plus frappant, classiquement, est le déséquilibre au niveau des intervenants extérieurs ; quasi exclusivement anti-Trump. Le corps enseignant de Science Po est largement mobilisé à cet usage. Il doit bien pourtant exister, quelque part, quelques personnalités académiques favorables à l’actuel président. Mais pour le public français, le savoir et la raison sont forcément les ennemis du Trumpisme. Hasard ou nécessité, les représentants du parti républicain sur les plateaux télé s’expriment souvent dans un français très approximatif, quand les représentants démocrates maîtrisent parfaitement la langue de Molière !

    le langage corporel en dit tout aussi long, avec des sourires moqueurs et complices, ou des mines agacées, entre gens de bonne compagnie, quand on parle du rustre de la Maison Blanche, tandis que le ton devient grave et emphatique quand on évoque ses adversaires : « Sleepy Joe » devient un vieux sage poli par les ans et bonifié par les épreuves (il comprend si bien les gens qui souffrent, lui qui a tant souffert) et Kamala Harris, issue d’une lignée de grande bourgeoisie, devient une icône cool de la diversité bienheureuse, si proche des autres. Enfin, les commentaires des journalistes sont directement normatifs, ne prenant même plus la peine d’être formulés de manière interrogative : dès l’annonce des recours judiciaires contre les fraudes lancées par la Maison-Blanche, la question était tranchée ; le dossier est vide, Trump ne possède aucune preuve sérieuse. Comme si la constitution d’un dossier aussi complexe pouvait se construire en quelques heures ! Le commentaire, même absurde, est répété à l’infini et aucun propos contraire est sollicité.

    Réseaux sociaux vs médias mainstream : une guerre asymétrique

    Ce principe de non-contradiction est désormais la norme médiatique. On vient de le voir à l’œuvre avec la séquence du film hold-up sur la crise sanitaire. Face au succès foudroyant du documentaire, la machine médiatique s’est mise en branle avec une puissance de feu écrasante. Les commentateurs, sans exception, ont utilisé le vocabulaire codé de la doxa médiatique, sur le mode « fake news » et « complotisme ». Mais surtout, dans ce genre de procès d’exécration médiatique, la parole de l’accusé n’est jamais présentée au public*. On peut toujours rêver d’une confrontation en directe entre les auteurs du documentaire dénonciateur et ceux qui les accusent de mensonge et manipulation : face à face, arguments contre arguments, preuves contre preuves, c’est la seule méthode qui permet, sur la distance, d’évaluer la pertinence et l’honnêteté des thèses qui s’affrontent. Les principes de confrontation libre et contradictoire qui fonde le fonctionnement de la Justice, doivent également s’imposer dans l’espace médiatique qui pratique la chasse en meute, sans opposant.

    Des leçons à tirer

    De cet état de fait quelques leçons capitales peuvent être tirées qu’illustrent parfaitement l’exemple des élections américaines :

    Un basculement politique majeur s’avère quasi impossible dans la sphère occidentale tant que l’appareil médiatique dominant soutient inconditionnellement le système en place.

    La force grandissante des réseaux sociaux et de l’internet dans l’espace public ne permet pas, à ce stade, de contrecarrer la puissance d’influence des médias dominants. Deux raisons principales expliquent cette situation. Les médias alternatifs n’ont aucune cohérence idéologique et de reconnaissance qualitative qui les distinguent les uns des autres. Ils n’ont donc pas acquis de valeur légitimante auprès d’une large proportion du public, notamment les seniors qui n’ont pas nécessairement intégré la culture du net. Ils sont donc vulnérables face aux attaques déligimantes du système qui a su imposer l’accusation disqualifiante de complotisme dans les consciences collectives. Mais, surtout, l’information en ligne est consommée de façon éparpillée et individualiste, et ne provoque pas le même effet de masse que l’action concertée des médias mainstream, capable de toucher dans le même espace/ temps des foules considérables. On a pu voir les effets radicaux de cet affrontement asymétrique avec la contre-offensive massive lancée par le système médiatique contre le documentaire hold-up. La multiplication du même point de vue entre les différents médias produit un effet de sidération collectif qui annihile l’esprit critique. La puissance mimétique de l’unanimité devient irrésistible. Dans le jeu de la guerre médiatique, l’information dissidente sur internet joue un rôle similaire à celui de la guérilla dans les conflits armés. Elle inquiète et affaiblit l’ennemi, mais elle ne peut porter le coup décisif à l’adversaire.

    Fake news et occultation

    En conséquence, s’il est vain d’attendre un souci éthique de l’objectivité ou de la neutralité de l’univers médiatique institutionnel, ou une reconnaissance par le système de la valeur d’une info alternative sur le net, il ne faut cependant jamais renoncer à exercer une critique systémique sur l’espace médiatique dans le cadre exploitable du débat public. Toute occasion doit être saisie pour en souligner les partis pris et les méthodes de manipulation. La première d’entre elle, plus que la fausse information, la fameuse « fake news » disqualifiante, est la simple occultation de l’information qui dérange la vérité officielle. Comme le système a crée un délit de fake news, il faut aussi créer un délit d’occultation. Pour marketer ce nouveau concept par un anglicisme incontournable, on pourrait le qualifier de « fake reality ».

    Le système médiatique doit être mis sous la pression constante de courants d’opinion puissants qui prennent le public à témoin de ses dysfonctionnements. Tous les canaux d’expression possible doivent être utilisés à cette fin. Le combat pour une juste parité des points de vue dans le cadre des débats contradictoires doit s’imposer comme une exigence première. Il ne devrait plus être possible, pour exemple, d’assister à des débats sur les Etats-Unis ou la Russie, avec des participants qui expriment quais systématiquement des positions anti-Trump ou anti-Poutine.

    Dans l’affrontement idéologique contemporain le combat pour la légitimité médiatique est le plus décisif et donc le plus virulent. Trump est le premier dirigeant occidental a avoir assumé un conflit frontal avec l’univers médiatique. Cela lui a couté cher en termes d’image et peut lui valoir la perte de sa réélection ; ce qui n’est pas, en dépit de l’unanimisme des commentateurs, encore acté. Toutefois, sur la durée, les médias ne sortent pas indemnes de ce bras de fer. Leur image ne cesse de se dégrader aux yeux d’un public de plus en plus critique et ils sont poussés à radicaliser leurs engagements pour défendre leurs positions idéologiques. Cette dynamique les contraint à dévoiler leurs partis pris et les expose d’autant. Chacun a pu constater que la vague bleu annoncée était une illusion médiatique et que le dénigrement obsessionnel du personnage Trump, s’il avait radicalisé ses ennemis et probablement influencé les indécis, n’avait nullement entamé l’engagement de ses partisans. En conditionnant l’opinion mondiale à l’idée d’une défaite irréversible de Trump, les médias, alors que la bataille judiciaire n’était pas encore vraiment engagée, ont pris un risque majeur, qui entrainerait un effet dévastateur pour eux, si les tribunaux renversaient la sentence médiatique. L’apparente victoire des médias sur « l’ogre » de la Maison Blanche restera peut-être dans la mémoire collective comme un point de basculement dans l’histoire tumultueuse de la manipulation des foules.

    Didier Beauregard (Polémia, 20 novembre 2020)

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  • Feu sur la désinformation... (305)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Nicolas Faure.

     

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      50 ans après sa mort, le général de Gaulle fascine toujours autant..
    • 2 : Fraude électorale : médias menteurs, médias fainéants
      Face au déluge de mensonges et à la paresse des médias, retour sur la prétendue absence de fraude électorale aux États-Unis.
    • 3 : Revue de presse
    • 4 : L’incroyable hystérie médiatique anti-Trump
      La prétendue victoire de Joe Biden dans l’élection présidentielle américaine a provoqué une incroyable hystérie médiatique contre Donald Trump.

     

                                        

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  • Le trumpisme n'a pas perdu la guerre...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque les enseignements qui peuvent être tirés, à ce stade,  des élections présidentielles américaines. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019) et La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020).

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    Alain de Benoist : « Trump a perdu une bataille, mais le trumpisme n’a pas perdu la guerre ! »

    a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle américaine. , qui ne s’avoue pas vaincu, crie à la fraude et s’apprête à engager une bataille judiciaire. Quelle est votre analyse ?

    L’essentiel n’est pas là. Tout le monde admet, maintenant, que les sondages qui annonçaient une déferlante démocrate se sont, une fois de plus, trompés, puisque Biden, pour autant que sa victoire soit confirmée et que les soupçons de fraude soient infondés, ne l’a emporté que d’extrême justesse. Mais ce constat ne suffit pas. Ce que les sondages n’avaient pas prévu, c’est que Donald Trump réunisse sur son nom entre 7 et 10 millions de suffrages supplémentaires par rapport à 2016. L’idée véhiculée par les médias était qu’il y a quatre ans, la « démagogie trumpienne » avait abusé un électorat naïf et que celui-ci s’en repentait désormais amèrement (d’où la déferlante annoncée). C’est le contraire qui s’est passé. Non seulement ceux qui avaient voté pour Trump en 2016 ont confirmé leurs votes, mais des millions d’anciens électeurs démocrates sont venus les rejoindre.

    La participation au vote ayant été considérable – ce qui est rare, outre-Atlantique –, le fait massif, incontestable, est que la moitié des Américains sont aujourd’hui « trumpiens », en clair qu’ils campent désormais sur des positions populistes. Trump a perdu une bataille, mais le trumpisme n’a pas perdu la guerre ! Le système bipartite traditionnel s’en trouve bouleversé : l’électorat républicain n’a plus rien à voir avec ce qu’il était autrefois. Et comme une inimitié farouche prévaut de part et d’autre, et que les vieilles bases de l’identité collective américaine ont disparu, les États-Unis se retrouvent coupés en deux comme ils ne l’avaient jamais été depuis la guerre de Sécession. Un quotidien danois parlait, ces jours-ci, d’un « abîme de division, de colère et de haine ». Une révolution dans un pays jusque-là réputé plutôt « unanimiste » pour ce qui est de ses valeurs et de ses institutions.

    Comment caractériser les deux camps ?

    Contrairement à ce qu’on s’imagine souvent, à droite comme à gauche, la division n’est pas fondamentalement ethnique. On a accusé Trump d’être le « président des Blancs », voire souhaité qu’il le soit, mais si cela avait été le cas il aurait été beaucoup plus nettement (et plus sûrement) battu. Les tensions raciales sont évidentes, outre-Atlantique comme ailleurs, mais elles ne résument pas tout. Les conditions de vie des « minorités » (qui sont en passe de devenir une majorité) se sont beaucoup plus améliorées sous Donald Trump que sous Obama. C’est ce qui explique que Trump ait amélioré son score auprès d’elles en remportant 17 % du vote chez les Noirs, contre 13 % en 2016, et 35 % chez les Latinos, contre 32 %. Le mouvement Black Lives Matter, on l’oublie trop souvent, n’est d’ailleurs pas né sous Donald Trump mais sous le second mandat d’Obama…

    Si le trumpisme se renforce, ce n’est pas parce que les électeurs de Trump sont des « suprémacistes blancs » ou parce que, acquis aux thèses complotistes, ils s’imaginent que Hillary Clinton dévore des enfants vivants au cours de sombres cérémonies « pédo-satanistes ». Ce qui sépare les deux camps qui se retrouvent aujourd’hui face à face, ce sont des appartenances de classe et des conceptions de la société totalement opposées. On a, d’un côté, les représentants de l’Establishment, appuyés par la quasi-totalité des médias, de l’autre, des Américains attachés à leurs racines, à leur sociabilité propre et à des valeurs partagées. Les sédentaires qui sont de quelque part et les nomades qui sont de nulle part, les gens ordinaires des classes populaires et des classes moyennes en voie de déclassement (ceux que Hillary Clinton appelait les « déplorables ») et les lobbies « hors-sol » qui considèrent la montée du populisme comme un phénomène aussi incompréhensible que scandaleux. C’est très semblable à ce qu’on observe dans les pays européens : une lutte frontale entre les habitants des villes mondialisées et ce que nous appelons la « France périphérique ». Avec, dans le cas des États-Unis, un détail géopolitique d’importance : les États les plus favorables à Trump sont concentrés au centre du pays, ils appartiennent à l’Amérique continentale, tandis que les bastions de Joe Biden appartiennent à l’Amérique maritime : les grandes métropoles de la côte est et la Californie. La Terre et la Mer, toujours.

    Aussitôt élu, Joe Biden a proclamé sa volonté d’être un « président qui rassemble ». A-t-il des chances d’y parvenir ?

    Je ne le pense pas. Passons sur la falote médiocrité du personnage. Que les démocrates aient choisi pour champion un politicien sénile, expert en gaffes et solidement corrompu en dit déjà long sur la crise que traverse le parti démocrate qui, de surcroît, vient de perdre des sièges à la Chambre des représentants et n’a pas pu remporter le Sénat. Le camp de Biden est profondément désuni et sa marge de manœuvre sera très étroite. Donald Trump a été, pour les démocrates, un bouc émissaire providentiel : c’est seulement la haine de Trump (cette même haine qu’ont manifestée 90 % des médias européens) qui les a réunis. Si Trump n’est plus là, toutes leurs divergences vont apparaître en pleine lumière, tandis que la colère du peuple continue à gronder. Et si, comme il est très possible, sinon vraisemblable, Kamala Harris, représentante de l’aile gauche du parti, succède à Biden en cours de mandat, le fossé qui sépare les deux Amérique va s’agrandir encore plus. Jusqu’à quel point ? Dans un pays où plus de 350 millions d’armes à feu (plus qu’il n’y a d’habitants) circulent librement, le pire pourrait bien être à redouter.

     

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  • Ce qui se joue le 3 novembre en terre américaine...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Thibaud Cassel, cueilli sur le site de l'Institut Iliade et consacré aux élections présidentielles américaines et à leur enjeu du point de vue des Européens qui résistent au Nouvel Ordre mondial. Thibaud Cassel est l'auteur d'une anthologie poétique, Le Chant des Alouettes (Pierre-Guillaume de Roux, 2017).

     

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    Ce qui se joue le 3 novembre en terre américaine

    Le 3 novembre 2020, le président sortant Donald Trump sollicite les suffrages d’environ 250 millions d’électeurs afin de reconduire la majorité républicaine de grands électeurs contre les démocrates menés par Joe Biden. L’Institut Iliade ne s’occupe guère de politique, encore moins de péripéties électorales. Mais quand la métropole du monde occidental entre en convulsion, c’est un évènement significatif pour l’Europe. Et quand les masses blanches aux États-Unis forment le socle de la résistance au projet mondialiste, c’est une leçon décisive que doivent méditer les peuples autochtones d’Europe.

    « Silent majority ! », la longue descente aux enfers de la majorité silencieuse

    Le président sortant tweete régulièrement « Silent Majority ! » sur son compte personnel suivi par plus de 87 millions d’abonnés. De quoi est-il question ?

    Il est vrai que l’histoire s’écrit depuis 1945 d’une main américaine et sur le dos de l’Europe. Mais le tournant idéologique des années 1960 se fait, de part et d’autre de l’Atlantique, au détriment des peuples blancs. En Amérique sur fond de culpabilisation au regard de l’esclavage, en Europe sur fond de repentance liée à la Deuxième Guerre mondiale. Dans les années 1980, cette même majorité sidérée subit le tournant néo-libéral : l’aliénation économique prolonge logiquement la déchéance des peuples coupables.

    Enfin en 1990, l’effondrement du bloc de l’Est permet l’avènement de l’unipolarité américaine. Mais c’est l’heure du dollar qui a sonné, pas celle du peuple américain. Le boy du Texas ou de Virginie est bon à mourir en Afghanistan, ou à révérer la « discrimination positive » pour végéter dans un emploi précaire. Du dénigrement au silence et à la mort : majorité abattue, majorité tue, majorité tuée – c’est-à-dire remplacée.

    Car la majorité silencieuse – en plus largement : l’humanité pulvérisée en individus – n’est que le carburant du « nouvel ordre mondial » annoncé par George Bush au début des années 1990. Les désastreuses années Obama, dans le contexte de la crise systémique de 2008, ont ouvert les yeux à beaucoup outre-Atlantique et permis la victoire inattendue de Donald Trump en 2016.

    « America First »

    Désormais, un large pan du peuple américain donne le spectacle d’une foule affranchie des tabous du politiquement correct.

    La question du comment est inconfortable pour les Européens. Car l’Amérique a puisé dans ses entrailles les capacités de riposte à un système doté de moyens financiers et médiatiques à peu près illimités. Ce que révèle Donald Trump, c’est que l’esprit national américain recélait assez de sève et d’esprit pour animer un oligarque contre sa caste et au service des « déplorables ». Aussi vulgaire que cela puisse paraître, l’homme choisi par les circonstances est un marchand de béton. Le roi Arthur est toujours un personnage inattendu. À lui « l’épée magique qui fait pâlir les monstres et les tyrans », – dont parlait Ernst Jünger.

    Bien sûr l’Europe suit un chemin moins dégagé que l’Amérique, tant elle demeure meurtrie par la guerre civile de 1914–1945. Raison de plus pour affronter le devenir sans s’embarrasser des formes et des fantômes du passé. La nécessité d’en finir avec les mensonges du progressisme et les subterfuges de l’universel, voilà les ressorts communs d’un Trump ou d’un Orban : « Notre pays d’abord ».

    Nouveau monde et fractures raciales

    Ce qui est en jeu, c’est l’affirmation d’une alternative au « nouvel ordre mondial ». Les empires ne s’effondrent jamais qu’en leur centre. Trump est le syndicat de faillite de l’Amérique globalisée comme Gorbatchev fut le liquidateur de l’URSS. Ou — qui sait ? — peut-être comme Staline qui mit un terme à la « révolution permanente » des trotskystes. La situation reste indécise, et il paraît que les États-Unis ne sortiront de l’ambiguïté qu’à leur dépens.

    Donald Trump travaille à enrayer une involution américaine, mais ne peut rétablir la situation antérieure. D’évidence, le président américain ne lutte pas pour les Blancs. Pas outre-Atlantique et moins encore de l’autre côté de l’océan. Il met un coup d’arrêt à une politique agressive envers les Blancs en réaffirmant l’égalité des citoyens devant la loi, dans un même État multiracial. La tendance de droite alternative « alt-right » récuse cette promiscuité conflictuelle. Alors que les minorités raciales flattées depuis des décennies font l’objet d’une manipulation pernicieuse de la part des démocrates. L’Amérique se divise, et Donald Trump se trouve démuni face à cette fragmentation durable.

    Les Blancs américains forment encore 60% de la population étatsunienne. Ils sont les immigrés les plus anciens et les plus nombreux. L’Europe n’est pas une colonie perpétuelle comme l’Amérique du Nord, mais le havre historique de peuples autochtones.

    L’histoire a horreur du vide

    Donald Trump nous rappelle seulement que l’histoire est ouverte ; il est un camouflet pour les pessimistes et un trompe l’œil pour les optimistes. Aux yeux des hommes de bonne volonté, il s’impose dans le pugilat actuel comme le point de ralliement de la majorité « décente » et le point de fuite hors de l’État profond délabré que Joe Biden incarne de manière caricaturale.

    La victoire de Trump est moins improbable qu’en 2016 ; mais le vote par anticipation et d’énormes soupçons de fraude rendent impossibles les pronostics. Si des irrégularités massives sont démontrées, la majorité silencieuse et flouée n’en sera que plus tentée de tourner le dos aux institutions fédérales – comme autrefois les colons envers la couronne britannique.

    75 ans de colonisation nord-américaine ne laissent pas l’Europe indemne. Au point que la tendance acquise aux Démocrates domine dans la quasi-totalité des pays de l’UE, dans les institutions européennes et à travers les médias. Le grand enjeu des élections américaines, du point de vue européen, consiste à briser la chape du plomb du fatalisme. Car rien ne sort de rien : si le bon sens le plus élémentaire est ruiné dans les masses, il n’y aura pas de renouveau.

    En cas de victoire de Trump, une atmosphère moins lourde se répandrait aux deux bords de l’Atlantique. En nos pays, les voiles d’Arthur se gonfleraient d’un air plus vif. Pour balayer une oligarchie apatride et corrompue, grevée de toutes les tares du progressisme et entraînant notre continent dans l’abîme.

    Thibaud Cassel (Institut Iliade, 28 novembre 2020)

     

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