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apartheid

  • Le naufrage de l'Afrique du Sud...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan consacré au naufrage de l'Afrique du Sud, vingt-cinq ans après les premières élections multiraciales, qui consacraient la fin de l'apartheid. Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont  Osons dire la vérité à l'Afrique (Rocher, 2015), Histoire de l'Afrique du Nord (Rocher, 2016), Algérie - L'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2017), Heia Safari ! - Général von Lettow-Vorbeck (L'Afrique réelle, 2017) et Mai 68 vu d'en face (Balland, 2018).

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    27 avril 1994 : le début du naufrage de l’Afrique du Sud

    En Afrique du Sud, le 27 avril 1994, il y a donc 25 ans, se tinrent  les premières élections multiraciales. Grâce à elles, l’enfer de l’apartheid allait être oublié et le paradis sur terre allait advenir puisque,  des fontaines de la démocratie non raciale allaient couler le lait et le miel. Alléluia !

    Vingt-cinq ans plus tard, les illusions ont été dissipées et le pays a sombré :
    - Taux de chômage officiel, 27,7% (taux officieux 40%).
    - Chômage des jeunes âgés de 15 à 34 ans, 38,8% selon le  taux officiel.
    - PIB en chute libre : 3,5% en 2011 ; 2,6% en 2012 ; 1,9% en 2013 ; 0,6% en 2016 ; 1,3% en 2017 et 0,8% en 2018, alors qu’il faudrait 7% durant plusieurs décennies pour simplement stabiliser la pauvreté.
    - Economie entrée en récession technique depuis  2018.
    - Revenu de la tranche la plus démunie de la population noire inférieur de près de 50% à celui qu’il était sous le régime blanc d’avant 1994.
    - Un habitant sur trois survivant  grâce aux aides sociales, le Social Grant.
    - A l’exception de l’agriculture, branche encore contrôlée par les Blancs, tous les secteurs économiques sud-africains sont en recul ou en faillite, à commencer par les industries de main d’œuvre (textile, vêtement, chaussures), qui n’ont pu résister aux importations chinoises. Quant aux secteurs de la mécanique dans lesquels, avant 1994, l’Afrique du Sud produisait la majeure partie des pièces dont ses industries avaient besoin, ils sont moribonds.
    - Les mines ont sombré. En raison des pertes de production et des coûts d’exploitation en hausse constants, nombre de puits secondaires ont fermé, entraînant  la  mise à pied de dizaines de milliers de mineurs. Pour maintenir la production, il aurait fallu investir des sommes colossales, mais le climat social, la corruption et l’insécurité ont découragé les investisseurs qui ont préféré faire glisser leurs activités vers des pays moins incertains.
    - L’industrie minière est pénalisée par les coupures de courant à répétition car la compagnie publique Eskom, littéralement pillée par ses nouveaux dirigeants nommés par l’ANC a vécu sur l’héritage laissé par le régime blanc sans procéder aux investissements indispensables. Résultat : les mines qui représentent aujourd’hui 10% du PIB sud-africain, qui emploient 8% de la population active et qui sont le premier employeur du pays avec 500.000 emplois directs, ont  perdu plus de 300.000 emplois depuis 1994.
    - La criminalité  fait de l’Afrique du Sud un des pays les plus dangereux au monde.
    - L’exceptionnel maillage médical a disparu.

    Face à ce désastre, regardons en arrière. En 1994, quand, après avoir menti à son peuple, le président De Klerk hissa au pouvoir un Nelson Mandela bien incapable de le conquérir par les armes, il légua à l’ANC la première économie du continent, un pays doté d’infrastructures de communication et de transport à l’égal des pays développés, un secteur financier moderne et prospère, une large indépendance énergétique, une industrie diversifiée, des capacités techniques de haut niveau et la première armée africaine.
     
    Libérée de l’ « oppression raciale », la « nouvelle Afrique du Sud » fut immédiatement la proie du parti prédateur ANC dont les cadres, aussi incapables que corrompus, eurent comme objectif principal leur propre enrichissement. Caricature du corrompu, le président Zuma fut évincé par un coup d’Etat interne à l’ANC qui mit au pouvoir  le vice-président Cyril Ramaphosa. A cette occasion, le monde médiatique entonna son habituel péan: débarrassée du « maffieux » Zuma remplacé par le « vertueux »  Ramaphosa, l’Afrique du Sud allait pouvoir renouer avec l’héritage de  Nelson Mandela. 
     
    Or, comme je l’ai dit à l’époque, en dehors du fait qu’un Venda allait remplacer un Zulu, cette révolution de palais n’allait rien changer au pays. A un Jacob Zuma lié au gang indien Gupta, succédait en effet l’ex syndicaliste Cyril Ramaphosa qui avait trahi ses camarades mineurs en se vendant au patronat blanc. C’est en effet dans les conseils d’administration des sociétés minières au sein desquels il fut adoubé pour contrer les revendications des mineurs dont il avait été le représentant avant 1994, qu’il édifia sa colossale fortune !!!
    Pris entre les pressions des milieux d’affaires pro-occidentaux dont il était la créature, et celles des tendances radicales-racialistes lourdes qui constituent le fonds de commerce de l’ANC et des partisans de Julius Malema, le nouveau président se trouva vite paralysé. Et, comme d’habitude, il utilisa l’habituel joker des politiciens de l’ANC aux abois, à savoir la dénonciation du bouc-émissaire représenté par les fermiers blancs.

    25 ans après les premières élections multiraciales, et comme l’a dit avec justesse Julius Malema: « En Afrique du Sud, la situation est pire que sous l’apartheid  la seule chose qui a changé, c’est qu’un gouvernement blanc a été remplacé par un gouvernement de Noirs ».
    Avec une différence cependant : avant 1994 les Noirs ne mouraient pas de faim, ils étaient gratuitement soignés et éduqués, l’électricité fonctionnait, les pénuries d’eau étaient inconnues et la police faisait son travail.
     
    Mais, tout cela appartient au passé car, entre 1994 et 2019, l’ANC, le mouvement de Nelson Mandela, a conduit l’Afrique du Sud vers un naufrage. Selon la Banque Mondiale, et bien que réalisant ¼ du PIB de tout le continent, le pays est aujourd’hui devenu un des 5 pays « les moins performants » d’Afrique, juste devant les Comores, Madagascar, le Soudan et le Swaziland…
    En 25 ans de pouvoir, l’ANC a donc ruiné un pays prospère, le transformant en un Etat du « tiers-monde » dérivant dans un océan de pénuries, de corruption, de misère sociale et de violences.
     
    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 27 avril 2019)
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  • Terrorisme, déradicalisation et culture de l’excuse...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur le site du Nouvel Economiste et consacré à la culture de l'excuse, qui amène ses tenants à expliquer le phénomène djihadiste par la pauvreté, le racisme et l'appartheid...

     

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    Terrorisme, déradicalisation et culture de l’excuse

    Dans l'antiterrorisme, notre gouvernement a pratiquement cessé de penser. Face à la déferlante terroriste moyen-orientale, il titube entre sociologisme au rancart et idéologie caduque. Invinciblement, il retourne à l'inepte couple “politique de la ville” plus “culture de l'excuse”, alpha et oméga de ce qu'il peut encore imaginer.

    Hier encore (Libération, 13 mai 2016), un Diafoirus-sociologue nie toute “exception marseillaise” : “Tous ces problèmes socio-économiques sont un élément majeur. Le niveau d'exclusion sociale par l'échec scolaire puis par le chômage est faramineux. Quand des collèges affichent 60 % d'échec au brevet et que le même quartier enregistre 60 % de chômage, la violence des chiffres est là”. Le catéchisme y passe en entier : fragilités familiales… échec scolaire… quartier dégradé… nulle perspective d'emploi… ville pauvre…

    Analogue radotage officiel : en mars 2015, à la conférence sur la prévention de l'extrémisme violent de Genève, le secrétaire général du comité interministériel de prévention de la “délinquance” décrit les terroristes comme des “jeunes en situation d'échec social, de fragilité psychologique, de marginalisation”. C'était d'ailleurs déjà la “ligne du parti” au comité interministériel Égalité et citoyenneté de mars 2015, trois semaines après Charlie Hebdo et l'Hyper-cacher : le terrorisme djihadi est d'origine sociale et disparaîtra avec “l'apartheid territorial, social, ethnique” qui accable nos banlieues.

    Captifs de poncifs idéologiques désormais dédaignés, nos officiels ignorent, aux deux sens du terme, toute analyse ou étude contradictoire : ils ne savent pas qu'elles existent, ou les négligent. Cependant, il en existe d'impeccablement scientifiques. Voyons la plus notoire d'entre elles.

    Après les attentats du 11 septembre 2001, la Maison-Blanche veut savoir : la misère sociale génère-t-elle la terreur ? Cette explication (celle des Diafoirus-sociologues) permettrait-elle de prévenir ou résorber le terrorisme ?

    Cette recherche est confiée à l'un des grands économistes mondiaux, le professeur Alan B. Krueger, docteur en économie de Harvard, titulaire de la chaire d'économie de l'université de Princeton et membre du fort officiel National Bureau of Economic Research.

    Elle étudie des groupes terroristes palestiniens ou libanais, des réseaux terroristes juifs des territoires occupés, des groupes terroristes allemands, italiens, irlandais, japonais, turcs, etc. De multiples tableaux, dix pages de références et de sources (voir en fin d'article).

    Conclusion : “Les données analysées exposent peu de liens directs entre pauvreté, éducation et activisme terroriste” – dans les pays étudiés, les deux tiers des terroristes identifiés sont d'origine bourgeoise ! “On ne trouve nul lien entre pauvreté et terrorisme et pas d'indice contradictoire fort… Nulle origine sociale spécifique, nul niveau d'enseignement donné ne semble prédisposer au terrorisme.”

    Autre lubie officielle : le racisme subi par Merah, Coulibaly & co. les pousserait au terrorisme. Là encore, dans le pays où les homicides de jeunes Noirs sont les plus fréquents et médiatisés, qu'en est-il vraiment ?

    Aux États-Unis, les hommes noirs forment 6 % de la population, et (chaque année) 40 % des victimes d'homicides.

    - En 2015 (dernière disponible), 36 Noirs désarmés sont (inexcusablement) abattus par la police.

    - Mais en 2014, sur 2 451 hommes noirs assassinés, 90 % (2 205) l'ont été par un autre Noir, d'usage lors de guerres de gangs.

    Même si tous les 36 Noirs désarmés sont victimes du racisme (en oubliant les cas de panique, maladresses, etc.), cela fait 1,5 % des assassinés. À voir cet ensemble, où est le racisme là-dedans ?

    Peut-on demander à notre gouvernement, 150 morts plus tard, de bien vouloir fonder sa stratégie antiterroriste sur des analyses réalistes et non sur de risibles poncifs ? Cela contribuerait à sa crédibilité.

    Xavier Raufer (Le nouvel Economiste, 20 mai 2016)

     

    Sources :

    • National Bureau of Economic Research, Cambridge, Mass. July 2002 - NBER Working Paper Series - Working Paper 9074.
    • Journal of Economic Perspectives, Fall 2003, Vol. 17, N°4 - "Education, poverty and terrorism: is there a causal connection ?"

     

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  • Les migrants sont un cliché...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique saignante de Richard Millet, cueillie sur son site et consacrée à la question des migrants.

    Richard Millet vient de publier Tuer aux éditions Leo Scheer.

     

     

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    Les migrants sont un cliché

                À l’imbécile qui avait jugé bon de m’aborder, hier, dans le RER, afin de m’expliquer que je fais le jeu du « fascisme rampant » en déclarant que puisque je ne lis pas la presse ni ne regarde la télévision, je devrais dès lors m’abstenir de parler de façon « haineuse » de mon époque, et particulièrement des migrants, je n’ai rien répondu, réfrénant mon envie de gifler cette figure tout à fait représentative d’une belle âme de gauche, à tendance masochico-narcissique ou socialo-vertueuse, ce qui est presque la même chose. Ce crétin, qui portait Libération sous le bras comme un appendice sexué, a fait glousser un couple de jeunes homosexuels très branchés dont la conversation me distrayait un peu du morne voyage souterrain, et qui ne comprenaient pas l’ire du « vigilant », lequel appartenait à la génération qui a environ 35 ans : une génération perdue, car persuadée par la Propaganda Staffel que la culture se doit tout entière à l’expiation des fautes de nos pères, à l’antiracisme, au multiculturalisme, à la haine de soi relookée en cool attitude.

               J’aurais pu, si l’aversion qu’il m’inspirait eût été moindre et sa haine plus discrète, répondre à cet epsilon moins (pour reprendre l’utile classification d’Aldous Huxley) que les migrants sont devenus, sous ce label anglophone, le grand lieu commun de l’année, voire de notre époque, comme autrefois les boat people. Le prurit éthico-politique (on me pardonnera ces mots-valises, mais ce sont des cocktails Molotov utiles, en ce temps d’inversion générale) a trouvé là de quoi se gratter ad libitum. J’aurais aussi pu avancer que, nonobstant la répugnance que m’inspirent la tête des journalistes de télévision, je venais de regarder, par hasard, un reportage sur l’accueil de migrants irakiens dans je ne sais quelle petite ville de Seine-et-Marne, où un appartement flambant neuf était mis à leur disposition, le frigo rempli, le four à micro-ondes en état de fonctionnement. Ces braves musulmans avaient l’air bien nourris, vêtus à la dernière mode, tenant le minimaliste discours de remerciement à ceux qui les accueillaient sous l’œil vigilant de la Propagande et des humanistes athées, la femme m’intrigant néanmoins par le piercing qu’elle arborait à l’arcade sourcilière – ce qui m’a fait me demander s’il ne s’agissait pas d’intermittents du spectacle loués pour l’occasion. Car une musulmane enfoulardée avec un piercing, ça n’est pas très hallal, surtout en Irak. Même son de cloche, dans un récent numéro de la Pravda, avec des réfugiés syriens, cette fois, accueillis en grande pompe à Saint-Etienne, ville où un ami libanais me disait récemment avoir compris le drame de la France à travers le nombre de Maghrébins agressifs qu’il y avait croisés, et qui, cette ville, ne demandait pas mieux que d’accueillir encore plus de musulmans. Car le problème que posent ces migrants, c’est qu’ils sont, pour la plupart, des musulmans qui viendront s’ajouter au nombre déjà excessif de mahométans dans une Europe où ces derniers sont déjà trop nombreux pour s’assimiler, créant ainsi l’autre front de la guerre de cent ans qui s’est ouverte, il y a quarante ans, au Liban, et qui fait plus que jamais rage au Proche-Orient et en Afrique. 

                Le Spectacle, c’est une supercherie qui trouve dans la sensiblerie un argument politique ; c’est aussi une ruse du capitalisme mondialisé qui, au nom de l’universel « humain », refuse de voir la destruction de l’universalisme catholique en ses particularismes nationaux. Le migrant est irréfutable, comme l’éléphant de Vialatte. C’est qu’il est un lieu commun, un cliché spectaculaire : une épiphanie du déni. Il est le stade suprême et trendy de la mauvaise conscience post-européenne. Le migrant-migrant (car, une fois immigré, il n’intéresse plus personne, demeurât-il dans la misère de l’exil) n’est en réalité qu’un envahisseur d’écran, autant dire un emmigreur, me disait un ami qui fait profession d’être l’ennemi du genre humain et qui ne comprend pas pourquoi on n’ouvre pas, par exemple, le dernier vendredi du mois, le tunnel sous la Manche afin de laisser ce grand collecteur aspirer les migrants-migrants en direction du paradis britannique, où ils sont attendus avec impatience.

                J’ai souvent dit qu’il faut vivre, en France, sur le mode de l’apartheid volontaire pour ne ressembler ni à un epsilon moins ni à un migrant-migré ; je crains néanmoins que cette position soit devenue intenable et que la seule solution soit de migrer à mon tour, oui, de devenir un migrateur et me réfugier hors du grand cliché : en France, c’est-à-dire dans le territoire qui commence après les banlieues des grandes villes.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 13 octobre 2015)

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