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animalité

  • Philosopher à l'arc...

    Les éditions Lignes viennent de publir un essai de Jean-Paul Curnier intitulé Philosopher à l'arc. Philosophe, écrivain, Jean-Paul Curnier est l'auteur d’essais et d’un grand nombre d’articles sur l’actualité, l’image, l’art, les médias.

     

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    " Chasser à l’arc, c’est apprendre à disparaître. La portée courte des flèches obligeant à s’approcher au plus près des bêtes, il faut impérativement connaître d’elles tout ce qui peut s’en apprendre et en tirer toutes les conclusions pour se rendre pratiquement inexistant à leurs yeux. Mais à cela il y a une conséquence : à force de se rendre insignifiant, de quitter toute apparence humaine, on cesse aussi d’être soi. On devient, pour partie au moins, ce que l’on traque. Se tenir au plus près des bêtes c’est aussi fréquenter au plus près l’animalité, sa propre animalité originelle ; enfouie et pourtant toujours si proche.

    Confondu avec l’arc, avec la cible et avec tout ce qui l’entoure, livré à la seule vision et à la seule sensation pour toute prise avec le monde, l’archer n’est plus seulement un individu qui pense, qui raisonne et tente de maîtriser ce qui advient, il devient le théâtre de combinaisons de sens et de significations jusqu’alors tenues pour étrangères les unes aux autres. Il se fait lui-même scène d’un collage, d’un rendez-vous imprévu de significations et de décisions qui semblent se prendre hors de lui et de sa volonté.

    « Philosopher à l’arc » c’est, en somme, laisser se développer les pensées qu’appelle et mobilise cette expérience à la fois physique et mentale, archaïque et actuelle, de la présence au monde. Expérience où défilent et se côtoient une succession de visions, de présences et de réminiscences, où rôde la sensation d’une origine retrouvée. "

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  • Dérégulation, désanimalisation, déshumanisation...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré, au travers de l'affaire des raudes sur les viandes hachées, aux rapports de notre société avec l'animal...

     

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    L'animal unidimensionnel à l'image de l'homme

    La substitution de viande de cheval à de la viande de bœuf dans des lasagnes vendues comme plats cuisinés dans les grandes surfaces passe sans doute pour un problème de riches. On ne manquera pas de faire remarquer que, quelle que soit l’origine de l’animal abattu et commercialisé en pièces détachées, la platée de protéines enrobées de pâtes ferait le bonheur de toute une famille misérable d’un coin du globe délaissé par la société de consommation. Ces repus sont bien difficiles.

    Ils sont surtout bien chatouilleux et veulent en avoir pour leur argent. Leurs caprices sont ceux d’enfants grugés, plutôt que de citoyens sourcilleux. Ils pardonneront moins une tromperie sur la marchandise qu’une promesse non tenue ou une trahison de la part d’un élu. La preuve est qu’ils votent toujours pour les mêmes candidats, quoique ces derniers ne manquent pas une occasion de rouler le peuple dans la farine. En revanche, tout tricheur avéré ou fournisseur défaillant dans le monde a priori fort louche du commerce sera inévitablement inquiété ou lynché. Il n’est pas de secteur où une anomalie n’est payée au prix fort, et n’exige, comme parfois dans l’industrie automobile, des gestes nécessaires et généreux, sous peine de sanction immédiate de la part du marché. Le même destin attend les fautifs actuels.

    C’est toujours un spectacle assez paradoxal que cette moralisation affichée, judiciarisée et politisée à l’extrême, dans un monde où le mensonge publicitaire est la base d’un édifice pétri de rapacité et de mystification, et pas seulement dans le commerce. Encore faut-il bien que l’impression d’honnêteté universelle s’impose pour que, derrière la façade, les affaires continuent.

    Ce rituel s’affiche ostensiblement, et non sans hystérie médiatique, à chaque fois que l’occasion se présente, une fraude, un empoisonnement ou un cerveau qui devient spongieux. Cela n’empêche pas les clins d’œil appuyés, comme ne manquaient pas de le faire les Augures en se regardant, aux dires de Cicéron. Car, dit-on en gens prévenus, si les consommateurs savaient ce qui se trouve dans leurs assiettes…

    Ce qui est surprenant, semble-t-il, c’est que le débat ait porté uniquement sur une tromperie. Au moins aurait-on pu remettre en question la « naïveté » des pouvoirs publiques qui semblent plus laxistes dans les congélateurs que sur les routes de France. Certes, l’on a entendu quelques voix qui s’élevaient contre les circuits étonnants que prend la viande, entre abattoirs, traders, intermédiaires, distributeurs etc. Une véritable odyssée, moins poétique cependant que celle d’Ulysse. Mais la dérégulation, l’ouverture des frontières et la sacro-sainte religion des flux ne souffrent pas d’excessives sévérités en matière de contrôle, ni même d’éthique. La quantité impose sa loi, et le ventre des masses sa religion. Messer Gaster est sans doute le premier servi, mais le dieu Ploutos aussi. Chacun y trouve son compte, et c’est là le problème.

    Il est fort probable que les lasagnes incriminées n’aient rien à voir avec celles dont on se délecte en Italie. Du reste, il n’est pas difficile de tenter l’expérience avec tous les plats dits « typiques », dont les saveurs et la consistance sont en général savamment élaborées par de diligents laborantins. Il n’est guère possible qu’il en soit autrement dans une logique de cantine et de réfectoire. La nourriture n’y est pas, assurément, aussi insipide que dans 1984, mais un tel régime de gastronomie formatée entraîne rapidement satiété et dégoût, même si l’on ignore les ingrédients que l’on ingère, leur origine et les processus qui ont abouti à ce qui se présente, fumant et engendrant des exhalaisons artificiellement  « authentiques ».

    Le bruit de lave vaisselle, au demeurant, après les pétards du mariage homo, est bien opportun pour faire oublier le démantèlement du droit du travail et les autres « trahisons » d’une gauche qui n’a rien à envier à la droite en libéralisme.

    Hasard ou non, c’est justement au moment où ce scandale fait la une que l’on apprend que la farine animale est autorisée de nouveau pour les poissons, et le sera à terme pour porcs et volailles. On sait que le prochain Traité transatlantique de libre-échange nous réserve des surprises de ce genre.

    La question cruciale, qui n’a pas été posée, est pourtant très claire : quel rapport a-t-on avec les animaux ? Et pour cause, car cette question en cache une autre, qui est de savoir dans quel monde on vit. Ce non-dit, honteusement dissimulé depuis des siècles, à mesure que l’être humain se prétend « seigneur et maître » de l’univers, s’avère pourtant le point central de la contestation du monde déraciné, uniformisé, déstructuré et déshumanisé contemporain. La désanimalisation de l’animal va de pair avec la déshumanisation de l’homme.

    La relation de l’homme et de l’animal n’a pas été, depuis le néolithique, sans influence mimétique pour celle d’homme à homme. La domestication des animaux, du mouton au cheval, en passant par le chien, a probablement favorisé la domination d’homme à homme, et la gestion, par l’Etat naissant, de masses humaines de plus en plus importantes. Le parcage des troupeaux a pu également modéliser la ville, avec ses exigences géométriques et arithmétiques.

    On parle désormais de « minerai » pour les stocks de viande. L’indifférenciation de cette matière, issue portant d’êtres vivants différenciés, jette une lueur lugubre sur les consciences capables de penser ce qui ne relève plus du monde d’antan, où la bête était abattue et consommée dans la ferme ou le village. La complicité pour ainsi dire existentielle entre des êtres qui passaient encore pour vivants n'est plus qu'un conte archaïque.

    Il est inutile de rappeler les conditions innommables d’élevage industriel, de transport et d’extermination des animaux destinés à la boucherie. De nombreux documents, souvent horribles, sont à la disposition de tous, pour peu qu’on veuille lever la tête de son assiette. Le sort que l’on fait subir aux bêtes évoque irrésistiblement ce que les hommes ont infligé à d’autres hommes. Mais là, ce n’est pas une aberration épisodique de la barbarie humaine, mais un état permanent, et quasi quotidien.

    Les grandes tendances qui président à la quantification et à la désanimalisation de l’animal se retrouvent dans ce qui menace l’homme. Nous y voyons en effet agir les méfaits destructeurs de l’industrialisation, aggravés par la mondialisation qui favorise la standardisation et la massification, la technicisation du vivant, qui tend à rentabiliser la matière pour en extraire tout le profit, quitte à prendre de grandes libertés avec les lois naturelles, et la perte complète de tout sentiment de normalité autre que celle du marché.

    Heidegger évoque le devoir de gardien de l’être, que devrait saisir l’homme s’il veut se ressaisir. Il n’existe pas de domaine séparé dans la vie. Le sort subi par les animaux dans un monde qui tente, parfois de façon grotesque, de compenser sa cruauté par un surplus de sensiblerie à l’égard d’animaux de proximité, que l’on fait proliférer et qu’on personnalise comme des humains, tout en les abandonnant parfois comme on recompose sa famille, nous envoie au visage la vérité de ce que nous sommes. Il ne s’agit pas là de nier la loi de la nature, qui veut qu’il y ait des prédateurs et des proies, et qui ne va pas sans cruauté. Mais cette sauvagerie appartient au Nomos, à la loi du Cosmos, de ce qui est et doit être, de toute éternité. L’homme, par une sorte d’hybris insensée, modèle la nature selon ses propres règles, qui attentent à tout ce qui est décent et devrait ne pas être. La folie technique, la massification de la société, l’avidité, la perte des valeurs métaphysiques, c’est-à-dire transcendantes, transforment la terre en enfer. Dante se trouve dépassé, le progrès a plus d’imagination que lui.

    La radicalité de la contestation du monde contemporain ne doit pas s’arrêter aux revendications utilitaires. C’est une révolution sur soi-même qui est vitale, et si l’on veut se retrouver soi-même, recouvrer l’humanité propre, il faut se réapproprier ce qui existait avant que l’on ne vide le monde de son sens .

    La part d’animalité vraie que l'on porte en soi, dont toute recherche apporte des vertiges de sagesse, nous rapproche de l’animal, nous le fait comprendre et estimer, quel qu’il soit, araignée ou lion, vache ou chat, et nous lie à lui dans une sorte de fraternité mystérieuse, proche du divin. Les Anciens possédaient cette prescience, qui nous octroyait la connaissance inestimable de la mesure et de la beauté.

    Claude Bourrinet (Voxnr, 16 février 2013)

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  • Une renaissance mythologique à l'ère digitale ?...

    « L'animalité revient à pas de loup au fur et à mesure que la jungle digitale gagne du terrain. »

    Les éditions Bourin viennent de publier Ren@issance mythologique - L'imaginaire et les mythes à l'ère digitale, un essai de Thomas Jamet, préfacé par Michel Maffesoli. De la pop sociologie qui part dans tous les sens, mais beaucoup d'intuitions intéressantes et d'idées amusantes !

     

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    Internet, téléphone mobile, jeux vidéo, réseaux sociaux : la mutation digitale est aussi celle, radicale, de notre quotidien. Mais pas seulement : les nouvelles technologies nous incitent à retrouver instinctivement des réflexes archaïques qui ne nous ont jamais quittés. Notre quotidien est riche de résurgences des plus grands mythes : Lady Gaga recrée le personnage de la déesse-mère, Facebook le forum des civilisations antiques, les consoles de jeux Wii ou Kinect des moments de transe chamanique, tandis que l’iPad, les écrans tactiles ou encore l’étonnant réveil des vampires de Twilight nous renvoient à notre propre animalité.
    De manière savoureuse et perspicace, Thomas Jamet nous permet de mieux comprendre les tendances du moment grâce à un décryptage pop et post-moderne des nouvelles technologies. Grâce à lui, nous comprenons que nous vivons les prémices d’une réinvention du monde qui prend sa source dans l’imaginaire collectif.
     
    Table des matières :

    Préface de Michel Maffesoli : L’archaïsme revisité

    Avant-Propos : N’ayons pas peur
    Nouveaux médias, par-delà le bien et le mal / Le digital, une nouvelle réalité postmoderne / Ren@issance / Retour aux mythes / Storytellings mythologiques (Schwarzenegger et Star Wars) / Éternels retours

    Chapitre premier – Le retour aux autres
    L’universalité de la sociabilité humaine et les mythes / Le monde a toujours été virtuel / Le mythe de Tron / Google et l’économie relationnelle / Les médias digitaux, le rêve des mystiques / Facebook, le Léviathan / Twitter, la figure mythique du tragique / Foursquare, le retour du lieu mythologique

    Chapitre II – La fête archaïque
    Ambiance dionysiaque / Homo Ludens, la revanche du réel / Foules sentimentales / Transcendances postmodernes (le rock, la musique du Diable, Lady Gaga, la déesse-mère, les mèmes et le Diable, l‘anti-art et le digital)

    Chapitre III – La pulsion digitale
    Pulsion digitale, animalité et mythe / Tactile, vision et concupiscence / L’érotique du net (Pornographie et sacrifice, Extimité et nudité, Apple, le péché originel, Wikipédia, l’arbre de la connaissance, Wikileaks, le strip-tease et la mort du secret, Publicité, marques, mythes et désirs)

    Chapitre IV – L’attrait du sauvage
    La sauvagerie à l’ère digitale / Retour à l’animal / Les monstres antiques et modernes : de la Bête du Gévaudan à Ben Laden / Rites initiatiques et « digital natives » / Trois miroirs mythologiques du monstrueux : le vampire, le zombie et l’OVNI

    Conclusion : Quel avenir pour les mythes ?
    Technologie et risques / L’homme prévaudra, malgré tout / Cinq paris pour l’avenir

    Petite Bibliographie Mythologique

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  • Apologie du carnivore !...

    La publication de l'essai de Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ? (L'Olivier, 2011), a été l'occasion d'une violente offensive des milieux bobos-végétariens pour s'attaquer au principe de la consommation de viande animale. Le philosophe Dominique Lestel, spécialiste de la question animale, avec Apologie du carnivore, un essai publié chez Fayard, revient sur ce débat avec beaucoup d'intelligence...

     

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    "Vous aimez manger de la viande et vous en avez assez de vous entendre accuser par les végétariens de mépriser les animaux?
    Ce livre est fait pour vous.
    Dans cet essai mordant, Dominique Lestel pousse le raisonnement des végétariens « éthiques » à l’extrême. Loin de remettre en cause l’empathie pour l’animal, essentielle à notre humanité même, il montre que le carnivore est en fait plus proche de l’animal qu’aucun végétarien ne le sera jamais. Pourquoi ? Parce qu’en mangeant de la viande il assume sa propre nature animale, quand le végétarien manifeste, lui, le désir de supprimer l’animalité et de réactiver le statut d’exception accordé à l’humain.
    Cet éloge du carnivore à contre-courant du discours dominant n’empêche pas le philosophe de reconnaître l’urgence éthique d’aujourd’hui : ce n’est pas l’abolition de la consommation de viande qu’il faut obtenir, mais celle des élevages industriels intensifs, véritable ignominie des temps modernes. Et il appelle végétariens et carnivores à s’unir dans ce combat."

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  • Des animaux et des hommes...

    Poursuivant la réflexion entreprise dans le numéro 134 de la revue Eléments (janvier-mars 2010), dédié à la question animale, Alain de Benoist vient de publier aux éditions Alexipharmaque, Des animaux et des hommes - la place des animaux dans la nature. Un passionnant contrepoint philosophique au livre du biologiste Yves Christen, L'animal est-il une personne ? (Flammarion, 2009).

     

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    "En 1755, dans son Traité des animaux, Condillac écrivait : « Il serait peu curieux de savoir ce que sont les bêtes, si ce n'était pas un moyen de savoir ce que nous sommes ». Depuis l'Antiquité, le regard porté par l'homme sur le vivant nourrit une interrogation qui, au fil des siècles, depuis Aristote jusqu'à Descartes, puis jusqu'à nos jours, a suscité une multitude de débats philosophiques, scientifiques, idéologiques et religieux. A date récente, le développement de la recherche a conduit à se demander si les animaux ne sont pas des personnes. Il s'agit en fin de compte de savoir quelle est la place de l'homme dans la nature. 

    Konrad Lorenz disait que ceux qui refusent d’admettre que l’homme est un animal ont tort, mais que ceux pour qui il n’est rien d’autre qu’un animal ont tort également. Entre les hommes et les animaux, y a-t-il une différence de nature ou une différence de degré? Par rapport aux sociétés animales, quelle est la spécificité des sociétés humaines? Plus généralement, comment faut-il comprendre la façon dont s’articulent la nature et la culture? Quelles leçons tirer des plus récentes découvertes scientifiques? Peut-on encore jeter les bases d’une véritable anthropologie philosophique? C’est à ces questions que s’efforce de répondre ce livre, à partir d’un survol de l’histoire des idées et d’une enquête sur l’état actuel du  savoir."

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