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Métapo infos - Page 88

  • Guillaume Travers : « La pensée des “communs” permet un renouveau de la pensée identitaire »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Guillaume Travers au site de la revue Éléments pour évoquer le dossier du dernier numéro de la revue consacré aux communs, qu'il a dirigé.

    Professeur d'économie, Guillaume Travers est chroniqueur à la revue Éléments et fondateur du laboratoire d’idées Champs Communs. Il a déjà publié Pourquoi tant d'inégalités ? (La Nouvelle Librairie, 2020), Économie médiévale et société féodale (La Nouvelle Librairie, 2020), Capitalisme moderne et société de marché (La Nouvelle Librairie, 2020) et La société de surveillance, stade ultime du libéralisme (La Nouvelle Librairie, 2021). Il est aussi l'auteur dans la collection Qui suis-je ?, aux éditions Pardès, d'un Werner Sombart (2022) et d'un Ernst Kantorowicz (2023).

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    Guillaume Travers : « La pensée des “communs” permet un renouveau de la pensée identitaire »

    ÉLÉMENTS : Qu’est-ce que les communs ? En quoi sont-ils importants dans notre vision du monde ? Et qu’est-ce qui les distingue du communisme ?

    GUILLAUME TRAVERS. La réflexion sur les « communs » permet de repenser en profondeur les rapports que nous avons au monde qui nous environne. Selon la pensée moderne, nous sommes avant tout des individus, qui pourrions jouir comme bon nous semble des biens privés dont nous serions les propriétaires absolus. Ce règne de l’individu ne trouve face à lui que la puissance de l’État, souvent pensé comme entité abstraite, technocratique, garant de valeurs abstraites (« droits de l’homme », « valeurs de la République », etc.) et de biens publics qui seraient accessibles à tous de manière indistincte. Les « communs » permettent de penser une authentique troisième voie : des biens qui n’appartiennent pas uniquement aux individus mais qui ne sont pas non plus ceux d’une humanité abstraite ; des biens qui appartiennent à des communautés enracinées. Dans le monde médiéval, ces communs sont souvent liés à la terre : par exemple, les forêts ne sont ni propriété privée ni « bien public » auquel tout le monde pourrait accéder ; ce sont des communautés villageoises spécifiques qui y ont des droits propres, en vertu d’usages coutumiers. L’actualisation de cette idée me semble extraordinairement féconde. Penser les communs, c’est d’abord penser un monde où les appartenances communautaires sont centrales, et souvent plurielles (du lignage à des communautés plus vastes), où ce qui est collectif est en même temps proche et charnel. En dépit de la similarité sémantique, nous sommes bien loin du « communisme ». Ce dernier pense une humanité abstraite (« prolétaires de tous les pays »), alors que la pensée des communs voit le monde social comme pluriel et différencié.

    ÉLÉMENTS : Vous montrez la symétrie des notions d’État et de propriété, de public et privé, là où communément on s’en tient à des oppositions factices. Qu’est-ce qui vous a conduit à les réunir dans une même vision du monde ?

    GUILLAUME TRAVERS. Jusque tard dans la période médiévale, la dimension communautaire de la vie sociale allait de soi. En matière juridique, le droit (par exemple en matière de mariage et d’héritage) était structuré pour préserver la continuité des lignages. Les appartenances villageoises, communales et professionnelles (via les corps de métiers) structuraient l’ensemble de la vie sociale. À chacune de ces communautés correspondait l’idéal d’un « bien commun » propre. L’homme n’était ni un individu totalement coupé du monde (le bannissement, c’est-à-dire la coupure d’avec la communauté, était d’ailleurs le pire des châtiments), ni le jouet d’une technocratie distante. Ce monde communautaire s’est effacé en raison de l’essor simultané de l’individu et de l’État abstrait. En s’affirmant comme individu, l’homme peut exister hors des lignages, hors des traditions locales, hors des enracinements locaux. Son domaine propre se réduit à sa propriété, pensée comme « droit absolu » depuis la Révolution française. Face à l’individu abstrait, les appartenances collectives doivent aussi se faire abstraites, les valeurs collectives doivent être définies sans plus de référence à aucun lieu ni à aucune tradition. C’est le règne de l’État « républicain », et demain peut-être de l’État mondial. Ainsi, si nous avons l’habitude d’opposer individu et État, public et privé, propriété et souveraineté, les deux résultent en vérité du même mouvement historique. Ils sont les deux faces de la modernité, et tous deux se sont constitués contre un monde de communautés différenciées. Repenser les communs permet donc de dépasser beaucoup d’oppositions binaires, qui trop souvent enferment dans de faux débats ou de fausses solutions.

    ÉLÉMENTS : Deux des plus grands spécialistes français des communs, résolument situés à gauche, Pierre Dardot et Christian Laval, s’apprêtent à sortir une Cosmopolitique des communs. N’y a-t-il pas là une contradiction dans les termes ?

    GUILLAUME TRAVERS. Il y a des pages passionnantes chez Dardot et Laval, mais aussi des contradictions majeures. La plus importante est celle que vous pointez : pour qu’il y ait des communs, il faut qu’il y ait des communautés. Je le dis clairement dans le dossier : affirmer l’existence de biens communs, c’est aussi affirmer des frontières ; c’est dire qui appartient à telle communauté et qui y est étranger. Dans le monde prémoderne, cela est très clair : les ressources forestières, de même que l’accès aux pâtures communes, est réservé aux membres d’une communauté particulière. Si chacun peut accéder à tout sans discrimination, il y a vite épuisement des ressources collectives. Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie qui a beaucoup travaillé sur les communs, l’a magistralement montré. Ce contresens est malheureusement répandu chez beaucoup d’auteurs dont la lecture peut par ailleurs être très stimulante.

    ÉLÉMENTS : En quoi les communs peuvent-ils constituer un « nouveau paradigme identitaire », pour reprendre le titre de votre introduction à ce dossier ?

    GUILLAUME TRAVERS. Il y a aujourd’hui un malaise de la pensée identitaire, tiraillée entre deux tendances. D’une part, beaucoup voient que l’État est de plus en plus hostile, bureaucratique, et souvent un puissant instrument de destruction des identités. Face à cela, nombre de militants « identitaires » sont tentés de fuir tout ce qui, de près ou de loin, a à voir avec le secteur « public » : l’éducation publique, les services publics, etc. Cette attitude confine vite à une forme de libertarianisme qui, c’est le moins qu’on puisse dire, n’a rien de « communautaire ». D’autre part, il est évident que le marché est une autre forme de dissolution des identités : si nous ne sommes que des consommateurs, des individus « libres » de faire tout et n’importe quoi, alors nous pouvons exister hors de toute tradition, hors de tout cadre éthique, etc. Face à la puissance des forces marchandes, certains voient dans le recours à un État fort la meilleure solution, et exaltent sa « souveraineté » presque sans limites. Ces contradictions apparentes sont aujourd’hui omniprésentes, sans qu’on parvienne à en sortir de manière satisfaisante. En renvoyant dos à dos individu et État, public et privé, propriété et souveraineté, la pensée des communs peut permettre un renouveau fécond de la pensée identitaire.

    Guillaume Travers (Site de la revue Éléments, 29 janvier 2024)

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  • Années décisives...

    Les éditions de la Nouvelle Librairie viennent de rééditer un essai d'Oswald Spengler intitulé Années décisives - L'Allemagne et le développement historique du monde, avec une préface d'Alain de Benoist.

    Figure essentielle de la Révolution conservatrice allemande, historien et philosophe, Oswald Spengler est, en particulier, l'auteur du Déclin de l'Occident, fresque historico-philosophique, qui a eu un très fort retentissement en Europe lors de sa publication au début des années 20.

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    " Publié en Allemagne en 1933, traduit en France dès l’année suivante, l’essai d’Oswald Spengler connut un retentissement considérable. Non seulement son auteur y faisait, avec son habituel sens de la synthèse, un vaste panorama des événements qui s’annonçaient dans le monde, mais il exprimait aussi, en termes à peine voilés, son opposition au nazisme naissant.

    Ce texte, rare et épuisé, méritait d’être réédité. Rédigé la veille des tempêtes titanesques qui déferlèrent sur l’Europe, il conserve une singulière actualité, alors que la guerre fait de nouveau rage à nos frontières et que notre civilisation est menacée dans ses fondements. Sans nul doute, ces Années décisives sont aussi les nôtres, tant les parallèles sont troublants. Sur la décadence de l’État, la prédominance des facteurs économiques, la naissance des « nationalismes démocratiques », le déferlement de l’égalitarisme, l’évolution de l’Église, le socialisme « en tant que capitalisme d’en bas », le développement du grand capital financier, la décolonisation et la montée des « peuples de couleur », Oswald Spengler exprime des vues constamment prophétiques. Il faut voir dans les Années décisives un avertissement fondamental. "

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  • La droite identitaire allemande rebat les cartes !...

    Le 22 janvier 2024 sur Radio Courtoisie, le Libre journal "Vivre la civilisation européenne", animé par Romain Petitjean, recevait Lionel Baland et Antoine Dresse (alias Ego Non) pour évoquer l’irruption spectaculaire d’une droite conservatrice et identitaire dans le paysage politique allemand

    Journaliste belge, Lionel Baland anime un blog qui suit de très près l’actualité des partis patriotiques en Europe. Il est l’auteur de Jörg Haider, le Phénix - Histoire de la famille politique et libérale et nationale en Autriche (Éditions des Cimes, 2012).

    Ego Non, spécialiste de philosophie politique, au fait des grandes dynamiques politiques en cours en Europe centrale et occidentale, vient de publier un essai intitulé Le réalisme politique -  Principes et présupposés (La Nouvelle Librairie, 2024), dans la collection Longue Mémoire de l’Institut Iliade.

     

                                            

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  • Les snipers de la semaine... (267)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Polémia, Johan Hardoy se paie Rachida Dati, politicienne ambitieuse, séductrice et sans scrupule...

    Rachida Dati, un itinéraire en trompe-l’œil

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    - sur Hashtable, H16 allume les bouffons sinistres qui nous gouvernent...

    Nos ministres ont du talent

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  • Feu sur la désinformation... (452) : Face à la colère des agriculteurs, la com’...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Lucas Chancerelle.

     

                                          

    Au sommaire cette semaine :

    L’image de la semaine : les liens parfois étroits entre politiques et journalistes. D’abord avec le traitement médiatique suite au discours de politique générale de Gabriel Attal. Ensuite avec l’annulation des "Complément d’enquête" sur les membres du gouvernement.  

    Dossier du jour : l’analyse de la réponse par la com’ du gouvernement face à la révolte des agriculteurs.

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    Pastilles de l’info :

    1- Les ciseaux de la censure : La rhétorique de défense de Laurent Fabius du Conseil constitutionnel. 

    2- Le bon point mainstream : Sylvain Tesson donne une leçon de défense face à la diabolisation.

    3- La grande occultation : Le Texas vers une guerre de sécession ?

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Denis Oliviennes.

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  • Dans les yeux du roi...

    Les éditions de l'Atelier Fol'fer, diffusée par Francephi, viennent de publier, sous la direction d'Aristide Leucate, un ouvrage collectif intitulé Dans les yeux du roi... et autres chemins parallèles de Patagonie et d'ailleurs, consacré au rêve patagon de Jean Raspail. On y trouvera des contributions de Francis Bergeron, Marie de Dieuleveult, Olivier François, Philippe Hemsen, l'Abbé Guilhem Le Coq, Sylvain Roussillon, Alain Sanders, Louis Soubiale et François Tulli.

     

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    " Patagon ne puis, Patagonien suis ! Et inversement, car tout est possible en ce royaume des antipodes dont Sa Majesté Orélie-Antoine de Tounens demeure le souverain pour l’éternité. Le nombre des sujets de cette terre lointaine n’a cessé de croître après que l’écrivain Jean Raspail, exhumant la folle destinée romanesque de cet obscur avoué de Périgueux devenu roi, ait décidé, propio motu, de s’autoproclamer Consul Général de Patagonie.

    Le jeu du roi était lancé et, dans son sillage, tout un univers où le réel bascule dans l’onirique, le fantastique, l’aventure, l’extraordinaire, où tout s’enchante par une puissante et ineffable magie, pour peu que l’on ose, à la manière des enfants qui rêvent, jouer sérieusement, sans se prendre au sérieux. Rien de puéril ou d’infantile, dans cette nouvelle manière de voyager par-delà les mers, aux confins de cette Patagonie mystérieuse, que Raspail définissait ainsi : « La Patagonie, c’est ailleurs, c’est autre chose, c’est un coin d’âme caché, un coin de cœur inexprimé.

    Ce peut être un rêve, un regret, un pied de nez. Ce peut être un refuge secret, une seconde patrie pour les mauvais jours, un sourire, une insolence. Un jeu aussi. Un refus de conformité. Sous le sceptre brisé de sa majesté, il existe mille raisons de prêter hommage, et c’est ainsi qu’il y a plus de Patagons qu’on ne croit, et tant d’autres qui s’ignorent encore. »

    Sous la coordination d’Aristide Leucate, discret mais fervent patagon de longue date, des Patagons, des Raspailiens, des cœurs rebelles et aventureux de tous horizons, ont répondu à l’appel de l’ailleurs, de là-bas, au loin, si loin, portés qu’ils furent par cet ardent désir de fuir la médiocrité de notre triste époque. Tous, à leur manière, ont tenté de décrypter les secrets messages de ce jeu d’initiés qui n’a pourtant rien d’ésotérique. Tous ont accepté, sans fard ni fausse pudeur de jouer ce jeu dont les règles et l’esprit de panache n’échappent, finalement, qu’aux tempéraments froids, confinés, grégaires ou conformistes. Dans les yeux de leur écrivain favori, tous y ont décelé cette invite malicieuse à poursuivre ce « jeu de l’âme » conjuguant harmonieusement l’inutile et l’espérance. Vive le (jeu du) roi ! "

     

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