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Métapo infos - Page 813

  • Nietzsche et l'éternel retour...

    " Avec le thème du Retour, Nietzsche critique bien entendu toute conceptualisation d’un temps linéaire, toute forme de conception linéaire de l’histoire, depuis le monothéisme biblique jusqu’à la philosophie historiciste de Hegel et de ses épigones. Mais il n’en revient pas non plus au temps cyclique des cultures archaïques. A la ligne, il n’oppose pas le cercle, mais la sphère. L’Eternel Retour est éternellement retour, il est éternel commencement. « A chaque instant l’Etre commence », dit Zarathoustra. " Alain de Benoist

     

    Les éditions Allia viennent de rééditer un recueil de Fragments posthumes sur l'éternel retour de Friedrich Nietzsche, avec une présentation de Lionel Duvoy.

     

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    " « Homme ! Ta vie tout entière sera toujours de nouveau retournée comme le sablier et s’écoulera toujours de nouveau. Puisses-tu alors retrouver chaque souffrance et chaque plaisir, chaque ami, chaque ennemi et chaque espoir, chaque erreur, chaque brin d’herbe, chaque rayon de soleil, la série intégrale de toutes choses. »
    La pensée de l’éternel retour a inspiré à Nietzsche certaines de ses pages les plus saisissantes. C’est dans ses très nombreux fragments posthumes que, pendant près de dix ans, il a développé, repris et approfondi cette idée.
    Afin de permettre un accès aisé à ces textes, la présente édition réunit un choix des fragments les plus significatifs se rattachant à ce thème.
    On parcourt ces lignes fiévreuses, pleines d’expérimentations et de fulgurances intempestives, comme on déambulerait dans le laboratoire d’un alchimiste : témoins d’une pensée abyssale, en pleine élaboration. "
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  • Stéphane Courtois : Lénine, l'inventeur du totalitarisme...

    Le 28 novembre 2017, Martial Bild recevait, sur TV libertés, Stéphane Courtois, à l'occasion de la sortie de son livre Lénine, l'inventeur du totalitarisme (Perrin, 2017). Historien, spécialiste du communisme, Stéphane Courtois reste l'homme qui dirigé la publication du Livre noir du communisme (Fayard, 1997), ouvrage au retentissement mondial. Un entretien passionnant...

     

                                         

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  • Avril 17, la roue rouge...

    Les éditions Fayard viennent de publier le deuxième tome d'Avril dix-sept, qui est aussi le dernier tome de l'immense fresque d'Alexandre Soljénitsyne consacrée aux prodromes de la révolution bolchévique, La roue rouge. Ancien dissident soviétique, avant de devenir un dissident de l'Occident, passé par le Goulag sibérien, Alexandre Soljénitsyne est l'auteur d'Une journée d’Ivan Denissovitch, de L'archipel du Goulag ou de Deux siècles ensemble.

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    " Voici le dernier volume du grand cycle romanesque de Soljénitsyne sur la révolution russe, la Roue rouge.
    Avec Avril dix-sept s’ouvre le deuxième acte après la révolution  de Février : «  Le gouvernement du peuple  ».   Il  couvre la période du 12 avril au 5 mai du calendrier julien   (du 25 avril au 18 mai dans le calendrier grégorien).
    Le tome 1 s’arrêtait sur la victoire du peuple raisonnable de Pétrograd, uni pour soutenir le Gouvernement Provisoire après les affrontements sanglants provoqués dans les rues par des colonnes d’ouvriers armés. Le tome 2, qui s’ouvre le 23 avril (6 mai), montre la paralysie progressive et la décomposition de ce Gouvernement Provisoire, incapable de prendre le pays en main pour l’empêcher de glisser dans le chaos.   En arrêtant là son récit, après quatre nœuds sur les vingt projetés, l’auteur explique  :  «  Dès avril, le coup d’Etat d’Octobre se profile comme inéluctable.  »
    Le résumé des seize nœuds non écrits constitue la seconde partie de ce dernier volume de la Roue rouge. Récit nerveux, saisissant.
    La première partie, qui forme l’essentiel du livre, est rédigée avec le souci de polyphonie et la force d’évocation habituels. Nous sommes tour à tour ce soldat, ce jeune officier, ce paysan, ce ministre. L’enthousiasme, l’amertume ou la perplexité se communiquent à nous. Il en ressort une extraordinaire leçon de politique, mais aussi une leçon de vie. Que faire dans les grands bouleversements de l’Histoire quand tout est emporté comme par une avalanche, quand la bonne volonté est bafouée et la raison impuissante, et qu’on assiste au naufrage de tout ce qu’on aurait voulu sauver  ? Faut-il plier pour survivre  ? " 

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  • Charles Manson superstar... du système !

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue cueilli sur Idiocratie et consacré à Charles Manson, figure d'une contre-culture bien utile au système...

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    Charles Manson superstar... du système

    On ne devient pas le plus célèbre prisonnier des Etats-Unis par l’effet du hasard. Les crimes sauvages, perpétrés dans la chaleur suffocante de l’été 1969, par la « Famille Manson » révèlent l’autre facette de l’American way of life : celle du cauchemar sous acides. Depuis cette date, le regard magnétique de Charles Manson tient l'Amérique sous la menace du "démon", menace d'autant plus forte que la nation est placée sous le signe de Dieu (God bless America). En vérité, les deux versants du rêve communient ensemble  dans la société du spectacle qui naît à l’orée des années 1970 : Manson en est à la fois l’icône et la victime. Il représente le mal absolu dont le système a besoin pour se prévaloir du souverain bien.

    Depuis cette date, la partition a été jouée de multiples de fois avec, d’un côté, les rebelles de la contre-culture qui se gargarisent de renverser toutes les idoles et, de l’autre, les représentants du système qui font rempart de leurs corps institués pour assurer aux « bons » citoyens un semblant de sécurité. Pendant ce temps, à l’ombre du spectacle, la machine économique dédouble de férocité pour soumettre l’ensemble du vivant à la valeur marchande. En effet, c’est le capital « qui a brisé toutes les distinctions idéales du vrai et du faux, du bien et du mal, pour asseoir une loi radicale des équivalences et des échanges, la loi d’airain de son pouvoir »[1] ?

    Dans ce contexte, Charles Manson a finalement joué le rôle qu’on attendait de lui : celui du double maléfique. La part du mal à laquelle toute société est inévitablement confrontée quand bien même ladite société se prétend « démocratique » et « humaniste ». Or, à l’évidence, cela relève de la fable. Au contraire, Manson est un pur produit du système. Il appartient à la fraction de plus en plus importante des individus qui ne servent à rien dans le système de production, ceux que l’on appelle des « rebuts » : « ce qu’il y a de plus vil, de plus méprisable dans un groupe ». Il est simplement l’un de ces « hommes en trop » qui se retourne contre le système dont il est le pur produit. 

    Manson en a parfaitement conscience lorsqu’il déclare aux juges, non sans provocation : « Ces enfants qui viennent à vous avec leurs couteaux sont vos enfants. C’est par vous qu’ils ont été éduqués ». En effet, le « gourou » sait de quoi il parle : fils d’une mère alcoolique et d’un père inconnu, il est éduqué par des tuteurs sadiques avant d’être envoyé en maison de correction et dans divers établissements pénitenciers pour de multiples infractions. En 1967, à la veille de sa dernière libération, il fait d’ailleurs savoir aux gardiens qu’il n’a aucune envie de retourner avec les « maniaques du dehors ». On connaît la suite. Manson profite de son magnétisme indéniable pour se couler dans la contre-culture naissante : psychédélisme sous LSD, vie communautaire « libre », discours pseudo-spirituel, encens et bricolage musical, etc. Sans oublier, bien sûr, l’autre versant de cette culture soi-disant alternative : solitudes désolées, narcissisme maladif et délires égotiques.

    En tous les cas, Manson prépare sa revanche contre la société. L’élaboration du plan ne relève pas le moins que l'on puisse dire du génie criminel : il compte faire assassiner de riches blancs en utilisant les symboles des Black Panters afin de provoquer une guerre raciale au terme de laquelle il apparaîtra comme le sauveur ! A cet égard, il faut rappeler que Manson n’est pas l’assassin mais le commanditaire de la dizaine de meurtres qui vont émailler la conduite rocambolesque de ce plan. Il est rapidement arrêté avec plusieurs membres de sa « famille psychédélique ». 

    Le procès qui s’ouvre le 15 juin 1970 sera le plus long et le plus onéreux des Etats-Unis. Il inaugure la justice spectacle. Dignes de Hollywood, tous les acteurs se surpassent pour élever le fait divers au rang de récit mythique. Charles Manson en tête, la petite frappe se métamorphose en gourou satanique qui s’est rayé lui-même de la société, comme est censé le prouver la croix gammée qu’il s’est incisé entre les yeux. Le procureur développe un trésor d’ingéniosité pour transformer les crimes crapuleux en un véritable plan diabolique orchestré contre l’ordre établi. L’une des accusée, Susan Atkins, avouera plus tard que l’interprétation délirante de la chanson « Helter Skelter » des Beatles (comme motivation des crimes) lui a été fortement inspiré par les enquêteurs. Au plus haut niveau de l’Etat, c’est le président lui-même, Richard Nixon (fraîchement élu en 1969), qui se sert du procès pour se draper dans les oripeaux du protecteur de la nation. Le public éberlué suit les épisodes du procès comme celui d’une série en attendant que le rideau tombe. Le 29 mars 1971, Manson est condamné à la peine de mort – sentence commuée en peine de prison à vie en 1972. On le sait d’avance, le tueur en série qu’il n’est pas et que se plaisent à décrire les journalistes ne sortira jamais de prison. C’est l’autre rançon de la célébrité. Il s’est éteint le 19 novembre 2017.

    Cette affaire nous semble symptomatique d’une nouvelle gestion des affects en milieu capitaliste inhospitalier. Le cas Manson a permis d’absolutiser une figure somme toute banale du crime pour en faire un mal originaire, impénétrable, avec ses réminiscences religieuses et son lot de sensationnalisme. En contrepoint, l’Etat joue sur toutes les palettes de la peur des citoyens (sexe, drogue, secte) pour se présenter comme le gardien des valeurs et le garant de l’ordre. Ce qui n’était sans doute pas prévu au départ, c’est que la figure de Manson n’a cessé d’attirer à elle de nombreux artistes qui en ont fait l’un des mythes constitutifs de la contre-culture. Par ce phénomène, il a tout simplement été possible de convertir le ressentiment des déclassés et autres rebuts du système en décharges culturelles – l’on sait comment les révoltes de mai 68 sont devenus à la fois le carburant et l’alibi du néolibéralisme.

    Cette posture s’est finalement démultipliée au cours des années suivantes pour former les deux versants d’une même réalité sociale : sa face transparente et sa face nocturne – les deux étant intimement liés dans la répartition et l’inversion des rôles. Aujourd’hui, les gagnants de la mondialisation s’abreuvent très largement à la contre-culture tandis que cette dernière fonctionne tranquillement avec les codes du marché. Les traders se prennent volontiers pour des gangsters sans foi ni loi – Mathieu Pigasse est un « punk de la finance » ! – tandis que les bonnes consciences altermondialistes en appellent au développement durable. On comprend mieux pourquoi, dans un tel monde, Charles Manson est devenu l’icône de la contre-culture comme Che Guevara est celle de la révolution. L’un et l’autre ont été vidés de leur substance et parfaitement intégrés dans le dispositif spectaculaire-marchand.

    Des idiots (Idiocratie, 24 novembre 2017)

     

    Note :

    [1] Jean Baudrillard, Simulacres et simulation, 1981.

     

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  • Les indo-européens et l'histoire...

    Les éditions de la Forêt viennent de publier un essai de Jérémie Benoît intitulé Les indo-européens et l'histoire. Historien d'art et conservateur des châteaux du Trianon à Versailles, Jérémie Benoit, qui a publié plusieurs essais sur les traces de la cultures indo-européenne, comme Les origines mythologiques des contes de Grimm : des mystères du nord aux forêts de l'enfance (Porte-glaive, 1997) ou Le chamanisme : origine et expansion de la culture indo-européenne, (Berg International, 2007), a récemment coordonné l'édition du Bouquin de Noël (Robert Laffont, 2016).

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    " Ce livre veut proposer une histoire trifonctionnelle de la France - dans ses deux composantes majeures, celle des mentalités culturelles et celle de l'organisation sociale -, fondée sur les réflexes mentaux, sans doute innés parce que récurrents par-delà l'espace et le temps. Le lecteur constatera ainsi que la France historique, créée par les envahisseurs Germains sur un fond gallo-romain, se fonde sur des réflexes mentaux qui recoupent parfaitement ceux des peuples antiques, et cela malgré l'irruption du christianisme dans ce débat. C'est toute la question, vitale pour notre identité, de nos racines indo-européennes que ce livre éclaire d'une façon décisive. "

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  • Mobilisation citoyenne ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Werner, cueilli dans le n°104 d'Antipresse, lettre d'information de Slobodan Despot, dont la nouvelle formule sera disponible en début d'année 2018. L'auteur s'interroge sur ces mobilisation "citoyenne" qui confinent à la chasse à l'homme organisée...

    Auteur d'un essai essentiel, L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015), Eric Werner vient de publier dernièrement Un air de guerre (Xénia, 2017).

     

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    Mobilisation citoyenne

    En 2008, le chef de la police de sûreté d’un canton suisse déclara: «Où est la limite entre mobilisation citoyenne et chasse à l’homme? Avec le Net, cette question devient très complexe» [1].

    Où est la limite? La question est rhétorique. Ce qui est ici suggéré, c’est qu’il n’y a, en fait, pas de limite entre les deux domaines. Dénoncer son prochain sur internet (en l’occurrence de prétendus pédophiles) relève de la mobilisation citoyenne. Ce n’est, à vrai dire, pas dit explicitement. Cela ne pouvait pas l’être. Car si cela l’avait été, le policier se serait exposé à des poursuites (pour incitation publique à la violence notamment).

    Évoquant, dans un de ses derniers ouvrages, ce qu’elle appelle le «sexe d’État» (autrement dit l’ensemble des formulations visant à justifier les nouvelles intrusions de l’État dans cette branche particulière des relations interpersonnelles qu’est la sexualité), la juriste et sociologue Marcela Iacub observe: «Dans ce domaine, le droit pénal s’est ainsi permis de passer outre un grand nombre de règles propres à l’État de droit, telles que les principes de légalité, de non-rétroactivité de la loi pénale, du procès équitable, ainsi que de la proportionnalité entre les crimes et les peines. Rien ne semble suffisamment sévère pour éviter et pour punir les délits et les crimes sexuels» [2].

    Dans un autre de ses ouvrages, le même auteur relève: «Notre société a développé depuis quelques années autour de la pénalité sexuelle toute une législation d’exception dont on ne parle pas assez, et qui se trouve être une véritable machine à fabriquer de faux coupables» [3].

    La délation fait évidemment partie de ce dispositif. C’en est même une des pièces maîtresses. Un site a récemment été créé sur internet pour recueillir les dénonciations de personnes se prétendant victimes de harcèlement sexuel. Balance ton porc en est le nom. En moins d’une semaine, on aurait enregistré un million de dénonciations. Un million. La parole se libère, disent certains. D’autres dénoncent une dérive totalitaire. Où est la vérité?

    Commençons par une remarque. Si certaines personnes n’avaient pas un jour décidé de dénoncer Tariq Ramadan à la justice, aux médias, etc., ce dernier continuerait aujourd’hui encore à nous faire la leçon sur l’ensemble des chaînes de radio et de télévision aussi bien suisses que françaises, à nous expliquer ce qu’est le vice et la vertu, etc. On ne saurait donc inconditionnellement être contre les lettres de dénonciation. Elles ont parfois aussi leur utilité.

    Qui reprocherait par ailleurs à Julian Assange et à Edward Snowden d’avoir révélé au grand jour les pratiques illégales, en même temps que liberticides, de la police secrète d’État américaine? On touche ici au problème des lanceurs d’alerte. Les lanceurs d’alerte sont aussi à leur manière des dénonciateurs. Un grand nombre d’entre eux font œuvre non seulement utile mais nécessaire. Les deux qu’on vient de nommer entre autres, mais pas seulement.

    Ceci posé, on rappellera également que durant les quatre ans de la période d’occupation, en France, les autorités allemandes reçurent trois millions de lettres de dénonciation. Toutes anonymes, comme il se doit. Sur le million de dénonciations recueillies sur le site Balance ton porc au cours de la première semaine de son fonctionnement, combien étaient-elles signées? Les gens étaient au contraire invités à «poster anonymement leur témoignage». C’est une autre facette aussi de la réalité.

    Dans Le communisme comme réalité, Alexandre Zinoviev écrit: «Le mal des organes de répression n’est que le bien répandu par les citoyens eux-mêmes» [4].

    Il n’y a, en fait, pas de règle mathématique en ce domaine. Il faut juger au cas par cas, recourir à la vertu de prudence. «La prudence est une disposition, accompagnée de règle vraie, capable d’agir dans la sphère de ce qui est bon ou mauvais pour un être humain», disait Aristote [5]. La règle vraie, en la matière, devrait être par exemple de proscrire les dénonciations anonymes. Elles représentent clairement quelque chose de mauvais pour l’être humain (et pour les sociétés).

    La règle vraie devrait être aussi un retour aux principes généraux du droit, principes aujourd’hui ouvertement bafoués, comme le relève Marcela Iacub. Quand, en particulier, les gens en viennent à formuler des accusations graves (ou même moins graves), ils doivent être en mesure d’en apporter la preuve. C’est bien la moindre des choses. On dit que la production de preuves est parfois difficile. C’est vrai. Pour autant on ne devrait pas en tirer prétexte pour renverser la présomption d’innocence, comme l’exigent aujourd’hui certains activistes, à ce point obnubilés par les causes qu’ils défendent qu’ils en oublient tout le reste. Ou alors, de n’importe qui on pourrait dire n’importe quoi. On pourrait se prétendre victime d’un crime inventé de toute pièce, envoyer en prison des gens qui n’ont rien fait, etc. Tout cela, naturellement, étant instrumenté par l’ex-Etat de droit pour étendre un peu plus encore son emprise sur les individus, les terroriser, etc.

    Beaucoup disent que mieux vaut envoyer un innocent en prison que de ne pas punir un éventuel coupable. Le propre de l’État de droit est justement de ne pas sacrifier à cette logique ouvertement criminelle.

    Eric Werner (Antipresse n°104, 26 novembre 2017)

    Notes :

    1. Cité in Le Matin bleu, 31 janvier 2008, p. 2.
    2. Marcela Iacub, Par le trou de la serrure: une histoire de la pudeur publique, XIXe-XXIe siècle, Fayard, 2008, p. 246.
    3. Marcela Iacub et Patrice Maniglier, Antimanuel d’éducation sexuelle, Éditions Bréal, 2005, p. 135.
    4. Alexandre Zinoviev, Le Communisme comme réalité, Julliard/L’Age d’Homme, 1981, p. 270.
    5. Aristote, Ethique à Nicomaque, VI, 5, 1140 b 4–6.
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