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Métapo infos - Page 800

  • Charles De Gaulle, le dernier capétien ?...

    Les éditions VA press ont récemment publié un essai de Richard Alain Marsaud de Labouygue et Jean Côme Tihy intitulé Charles De Gaulle, le dernier capétien.

    Richard Alain Marsaud de Labouygue est expert juridique et Jean Côme Tihy journaliste.

     

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    " Pour la première fois, ce livre envisage de replacer le moment gaullien (1958-1969) dans l’histoire longue de l’héritage capétien. Il dépasse en effet une vision souvent trop courte et cloisonnée de l’histoire. Dans la pensée des auteurs, la Révolution française de 1789 n’a pas mis un terme à la monarchie française mais a tout simplement introduit une parenthèse d’instabilité politique délégitimant l’autorité et la légitimité du monarque, figure de l’Etat. A l’opposé des théories maurassiennes et républicanistes, ils démontrent les similitudes du régime capétien et de la République gaullienne, jusqu’à penser celle-ci comme la fille mort-née, mais légitime de la monarchie française ?
    A l’heure où la chose publique est trop souvent dévoyée par la communication et le marketing politique, les auteurs proposent une grille de lecture inédite de notre histoire nous permettant de mieux comprendre la parenthèse gaullienne à laquelle se réfèrent nos hommes politiques, de gauche comme de droite. A lire de toute urgence... "

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  • Alain de Benoist : « les grands médias ont toujours été les premiers à relayer les mensonges d’État »...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur le site de réinformation  Breizh info, dans lequel il revient notamment sur le projet de loi annoncé par Emmanuel Macron et destiné à lutter contre la diffusion des  fake news... Philosophe et essayiste, directeur de la revue Krisis et éditorialiste de la revue Éléments, Alain de Benoist vient de publier Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017) et Ce que penser veut dire (Rocher, 2017).

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    Alain de Benoist : « les grands médias ont toujours été les premiers à relayer les mensonges d’État »

    Breizh-info.com : Que vous inspirent les déclarations d’Emmanuel Macron sur le projet de loi contre les « fake news » ?

    Alain de Benoist : On pense évidemment à Orwell, mais on ne peut pas se borner à dénoncer les menaces supplémentaires que va faire peser sur la liberté d’expression la mise en œuvre de ce nouveau dispositif de censure. Il faut aussi s’interroger sur la notion même de fake news – de « fausse nouvelle » si l’on préfère la langue française au sabir américain. Or, Macron se révèle ici d’une étonnante naïveté, à moins qu’il ne s’agisse seulement de mauvaise foi.

    Il semble en effet s’imaginer que les « nouvelles » sont soit vraies, soit fausses. On aimerait que ce soit si simple ! En matière d’information, la vérité est qu’il n’y a pas de vérité (absolue). L’information objective n’existe pas : elle est toujours le reflet de la subjectivité de qui la fournit. Il y a seulement des journalistes qui s’efforcent d’être honnêtes, et d’autres qui ne le sont pas. A côté de la « fausse nouvelle » manifeste, relevant d’une véritable désinformation, une nouvelle peut être faussée, tronquée, biaisée. La place qu’on lui donne, la façon dont on rapporte les faits, les titres employés jouent également. Un exemple simple : quand la presse fait l’éloge de l’éditeur Paul Otchakovsky-Laurens, qui vient de mourir, en rappelant les noms des écrivains qu’il a lancés et soutenus, sans jamais citer celui de Renaud Camus, qui est l’auteur dont il a publié le plus grand nombre de livres, peut-on dire que l’information est objective ? Il y a des mensonges par omission.

    N’oublions pas non plus que les grands médias, qui se flattent aujourd’hui de « décoder » les fake news chez les autres, ont toujours été les premiers à relayer les mensonges d’État, des « armes de destruction massives » de Saddam Hussein jusqu’au prétendu « charnier » de Timisoara. Et que dire des délires antirusses qui feront bientôt attribuer à Poutine la responsabilité des dérèglements climatiques ?

    Dans une société normale, c’est au lecteur de se faire une opinion en lisant des choses contradictoires. On ne peut pas lui mâcher par avance la besogne en lui disant ce qui est digne de confiance (selon quels critères ?) et ce qui ne l’est pas. Ou bien alors, comme dans 1984, il faut tout de suite instituer un ministère de la Vérité – ce dont nous ne sommes d’ailleurs pas très loin. A l’heure où tant de nos contemporains s’emploient à ne pas voir ce qu’ils voient, on pourrait aussi s’interroger sur le statut du réel dans la société postmoderne. « Dans le monde réellement renversé, disait Guy Debord, le vrai est un moment du faux ».

    Comment la presse alternative devra-t-elle s’organiser selon vous demain, entre censure des réseaux sociaux et ce type de projets de loi ?

    Je lui fais confiance. Même dans les pires dictatures, on trouve toujours des moyens de contourner les obstacles. C’est la vieille histoire des fabricants de coffres-forts et des cambrioleurs : les systèmes de protection s’améliorent toujours plus, mais les techniques des perceurs de coffres s’améliorent aussi. Peut-être faudrait-il seulement que la « presse alternative » envisage de se renouveler un peu, pour ne pas se réduire à des commentaires, toujours les mêmes, sur des sujets qui sont toujours les mêmes aussi. Les choses les plus justes, quand elles sont mille fois répétées, finissent par ennuyer.

    Sur Internet et les réseaux sociaux, j’ai toujours été personnellement réservé. Ceux qui ont cru que la Toile allait offrir une « liberté totale » à l’« information alternative » ont à mon avis été trop optimistes. Les libertés incontestables offertes par Internet vont être de plus en plus encadrées, c’est-à-dire limitées. On s’apercevra alors qu’Internet est aussi le plus extraordinaire moyen que l’on ait jamais inventé pour surveiller, contrôler et fliquer.

    Le 1er janvier a vu la création de l’Assemblée territoriale de Corse, collectivité unique dirigée par les nationalistes. Quelle est votre analyse de ces élections de Corse ? Catalogne, Corse, Écosse… Est-ce le réveil de l’Europe des régions ?

    Je me réjouis de ce qui se passe en Corse, mais le « réveil de l’Europe des régions » me paraît assez problématique. D’abord, l’Europe des régions n’implique pas nécessairement le démantèlement des nations, qui sont aussi des réalités. Ensuite, l’analogie que l’on fait communément entre la Corse, la Catalogne, l’Écosse, la Flandre, et pourquoi pas le Kosovo, le Québec, le Kurdistan et le Tibet, est à mon sens assez superficielle. Sur place, les situations sont extrêmement différentes. En la matière, on ne peut donc s’en tenir à des déclarations de principe : il faut aller voir ce qu’il en est concrètement dans chaque cas. L’Espagne n’est pas non plus la Belgique, qui n’est pas le Canada ou la Yougoslavie.

    Et nous ne sommes plus non plus au XIXe siècle, à l’époque où l’indépendance garantissait le maintien de l’identité parce que les frontières étaient ce qui permettait le mieux aux peuples d’être présents à eux-mêmes. Aujourd’hui, les frontières n’arrêtent plus grand-chose : quelle que soit la langue que l’on parle, tout le monde vit plus ou moins de la même manière. Les régions qui subissaient naguère l’hégémonie d’une culture dominante nationale baignent aujourd’hui, comme les nations elles-mêmes, dans une culture de la marchandise qui excède toutes les frontières. L’indépendance, dans ces conditions, n’a plus la même signification qu’autrefois. C’est pourquoi je ne suis pas pour l’indépendance, mais pour l’autonomie.

    Le pape François n’a de cesse d’appeler les populations européennes à accueillir les migrants. N’est-ce pas finalement un message criminel vis-à-vis des populations européennes ?

    Les déclarations du pape François ne sont un problème que pour les chrétiens qui ne les approuvent pas. Ceux qui ne sont pas chrétiens y verront la confirmation qu’il ne faut pas compter, pour défendre son identité, sur une religion qui, face aux menaces, ne sait parler que d’amour, de repentance et de pardon.

    Le pape est dans son rôle quand il appelle à faire preuve d’esprit de charité devant la détresse et la souffrance humaines. Le problème est qu’il confond la morale publique et la morale privée. Pour le reste, il ne fait que prendre plus au sérieux que certains de ses prédécesseurs la vocation universaliste qui est inhérente à la religion dont il se réclame. Saint Paul le disait déjà : le peuple de Dieu ne se confond avec aucun peuple particulier. Tous les hommes sont frères, puisque tous fils du même Père. L’idée même de Dieu unique implique la notion d’humanité. Les autres distinctions, de peuples, de langues, de cultures, ne viennent qu’après – d’autant que le christianisme est aujourd’hui en train de devenir une religion du Tiers-monde.

    C’est évidemment ennuyeux pour ceux qui veulent faire des « racines chrétiennes » un repère identitaire, mais c’est ainsi.

    Qu’attendez-vous de cette année 2018 ?

    Qu’elle débouche le plus vite possible sur le XXIIe siècle !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh infos, 8 janvier 2017)

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  • Le colonel Lawrence et la construction du chaos au proche-Orient...

    Les éditions Economica viennent de rééditer un essai de Basil Liddell Hart intitulé La vie du colonel Lawrence. Il est précédé d'un avant-propos de François Géré sur "la construction du chaos au Proche-Orient". Officier, historien militaire et stratégiste anglais, Basil Lidell Hart (1895-1970) est un des grands défenseurs de la stratégie de l'approche indirecte, qu'il a développé dans Stratégie, son maître ouvrage.

     

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    " « Le sujet du livre est double et double aussi son intérêt. C’est un récit de la campagne d’Arabie et une biographie du colonel Lawrence : l’un et l’autre d’une originalité qui en fait le mérite. »
    Dans l’action de Lawrence au Proche-Orient, Liddell Hart trouve l’éclatante confirmation de sa théorie de l’approche indirecte. La rencontre entre ces deux intelligences et ces deux cultures permet de constater l’existence de deux phénomènes majeurs de la pensée stratégique : la filiation des conceptions à travers les siècles, de stratégistes en stratégistes et simultanément la polarisation de ces conceptions qui tendent à se poser comme incompatibles jusqu’à l’hostilité.
    Sans être dupe mais à son corps défendant, Lawrence a contribué à créer l’instabilité sur cet immense espace que nous nommons Proche- ou Moyen-Orient. Il est l’homme par qui le chaos s’est installé, durablement ravageur, vouant l'ensemble de la région à des convulsions sans fin, des insurrections permanentes, des déplacements forcés de population et d’épouvantables massacres. Cela, il ne pouvait le prévoir. Croyant, de bonne foi, satisfaire les aspirations des Arabes, il ne fut que le jouet d’un enchaînement implacable d’affrontements entre de nombreux acteurs poursuivant des buts incompatibles. Durant un siècle le chaos n’a fait que s’amplifier. Les guerres de Syrie et d’Irak débordent sur les frontières et provoquent l’ingérence des puissances extérieures.
    La lecture de Liddell Hart et de Lawrence nous fait éprouver un sentiment de familiarité avec la situation actuelle du Proche-Orient. Un siècle plus tard, si la guerre oppose des acteurs différents poursuivant des buts nouveaux, nous retrouvons les mêmes lieux et les mêmes comportements. La géographie dicte sa loi aux hommes et aux matériels : il faut traverser les mêmes fleuves, suivre les mêmes axes de communication. Il en résulte des principes assez constants de conception et de conduite des opérations. Syriens, Iraniens, Russes, djihadistes de toutes sortes, réguliers et irréguliers marchent dans les pas de Lawrence et souvent font les mêmes calculs stratégiques pour contrôler l’espace, s’emparer des points névralgiques et gagner la guerre.
    Mais au Proche-Orient il semble qu’il n’y ait jamais de victoire définitive. La défaite de l’État islamique mettra-t-elle fin à un siècle de chaos ? C’est plus que douteux. "

     

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  • Cette année-là... (4)

    Dans Cette année-là, l'équipe de la revue Éléments, autour de Patrick Péhèle,  nous fait découvrir sur le plateau de TV Libertés des livres, des chansons, des films, des évènements qui ont marqué la société française en bien ou en mal et qui marquent encore notre présent. Un rendez-vous classé par année, sous le signe d’un retour sur notre passé, avec ce qu'il faut de passion et d'impertinence... Et on retrouve sur le plateau Pascal Esseyric, David L’Épée , Olivier François et Christophe A. Maxime...

    Au sommaire ce mois-ci :

    – le live Aristote au Mont Saint-Michel, de Sylvain Gouguenheim (2008)

    – le film Calmos, de Bernard Blier (1976)

    – La série Le prisonnier, de Patrick McGoohan (1967)

     

                                       

     

    En complément :

    - un extrait du film Calmos

                                   

    - le célèbre générique de la série Le prisonnier

                                        

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  • Virilité...

    Nous vous signalons la publication du vingt-et-unième numéro de la revue Perspectives libres consacré à la question de la virilité.

    La revue Perspectives libres, dirigée par Pierre-Yves Rougeyron, est publiée sous couvert du Cercle Aristote et est disponible sur le site de la revue ainsi qu'à la librairie Facta.

     

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    Au sommaire :

    Dossier

    Maturité – Pierre-Yves ROUGEYRON

    Au-delà du bien et du mâle – Véronique HERVOUËT

    Notre grâce des Sieurs. Saint Joseph, figure de la virilité chrétienne – Jérémy-Marie PICHON

    Julius Evola et la métaphysique de la volonté – Paul DUCAY

    Julien Freund ou l’imagination du désastre – Jerónimo MOLINA CANO

    Henri Savatier, une figure française exemplaire – Léo IMBERT

    Libres pensées

    Psychiatriser l’adversaire – Histoires et perspectives – Léo IMBERT

    Libres propos

    Un contrôle humain significatif sur la force algorithmique en tant que norme juridique internationale – Frank PASQUALE

    Mais qui est Mariano Rajoy ? Portrait de la droite espagnole en son époque – Nicolas KLEIN

    La Lycanthropie – Léo IMBERT, Alexandre EL OMEIRI

    La génération qui vient – Julien FUNNARO

    L’austérité lettone : le visage de la « Nouvelle Europe » – Jeffrey SOMMERS

    De Versailles à la paix de Wilson – Philippe RENOUX

    Souveraineté, Nation, Religion : à la recherche des fondements perdus du politique – Bruno VERLEY

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  • L’Apocalypse zombie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Stéphane Montabert, cueilli sur le site Les Observateurs et consacré à l'étonnante mode des zombies dans la culture populaire...

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    L’Apocalypse zombie

    Les zombies sont à la mode.

    On les trouve désormais à toutes les sauces. Aux films, livres et séries télévisées succède une vague sans précédent dans le monde des jeux vidéo. Days Gone, State of Decay II, The Last of Us : Part II, Red Dead Redemption, Resident Evil 2, Death Stranding ou encore Metal Gear Survive sont autant de titres majeurs annoncés pour cette année ou la suivante, dans un marché qui dépasse celui de la musique et du cinéma.

    Le sujet est étudié en sociologie, mais pas forcément pour poser les bonnes questions ("Si l’épidémie se produisait, quelles seraient les conséquences sur le plan sociologique?" ... Vraiment, Monsieur le sociologue?). Car, après tout, que signifie cette omniprésence des zombies dans l'esprit du grand public?

    Les Grandes Peurs

    Hollywood ne saurait représenter autre chose qu'une infime fraction de l'humanité, mais vend ses productions à une grande part de celle-ci. Et à l'instar d'autres industries, l'offre s'adapte à la demande. Notons bien que la mode des catastrophes ne saurait se découper de façon précise. Comme des vagues qui se chevauchent, les thèmes se recouvrent et s'étalent sur une longue durée. Ce n'est que suite à de multiples essais plus ou moins réussis que l'un d'eux trouve grâce auprès du grand public et engendre la production de masse d’œuvres à succès sur le même thème - donnant naissance à un genre proprement dit.

    Les peurs de l'humanité montées sur grand écran sont un classique de l'histoire du cinéma, depuis la dystopie de Metropolis (1927), ou l'Homme invisible (1933) mettant en scène la voix désincarnée d'un savant fou devenu insaisissable. A l'issue de la Seconde Guerre mondiale, Hollywood effraie le grand public à travers des thèmes liés aux craintes du développement scientifique, pourtant à l'origine de la victoire contre le Japon, en l'extrapolant sur fond de Guerre Froide. Le futur fascine mais terrorise, et bien sûr l'anéantissement est toujours dans la balance. C'est l'heure des laboratoires secrets lâchant sur le monde d'étranges inventions, quand les militaires ne déclenchent pas eux-mêmes l'Apocalypse par bêtise ou inadvertance.

    Vers les années 70, l'époque est plus propice aux films-catastrophe mettant l'Humanité occidentale en prise avec des forces qui les dépassent - naufrages, éruption de volcans ou invasions extraterrestres - et favorisées par l'amélioration des effets spéciaux. C'est l'heure de La Tour infernale (1974) ou de l'Invasion des Body Snatchers (1978).

    Aux craintes des décennies précédentes, les suivantes ajoutent épidémies et météorites menaçant la vie sur la planète entière. Les dangers deviennent plus systématiquement planétaires, montrant non seulement des catastrophes hors des États-Unis, mais allant parfois jusqu'à impliquer d'autres nations dans une résolution conjointe du problème. La tendance au globalisme se confirmera au tournant des années 2000 avec les premiers films visant directement à véhiculer une idéologie politique sur le thème de la catastrophe, comme Le Jour d'Après (2004) où la non-signature par le Président américain d'un traité visant à lutter contre le réchauffement climatique déchaîne littéralement, et dès le lendemain, un tsunami contre la Côte Est.

    L'évolution de la technologie et l'émergence d'Internet fera fleurir toute une nouvelle catégorie de dystopies et d'interrogations quant au devenir de l'humanité, la robotisation de la société, l'émergence d'une intelligence artificielle, la plausibilité d'une guerre entre humains et machines, ou la confusion entre réalité virtuelle et monde réel.

    Mais depuis des années, au milieu des autres thèmes, les zombies se maintiennent et gagnent en popularité.

    Le Zombie, excuse du chaos

    Le thème des zombies est très ancien, mais son traitement a évolué au fil du temps. De la créature ranimée obéissant à un maître, le zombie est devenu incontrôlable, puis terriblement contagieux, puis mondial. Les morts-vivants originels ont laissé la place à des humains bien portant soudainement fauchés par la zombification, parfois en quelques minutes.

    Or, le zombie lui-même est rarement le principal protagoniste de l'histoire. Les premiers films de zombies mettaient l'accent sur le déclenchement de l'épidémie, le réveil de la horde, la survie des premiers civils confrontés par surprise à la marée décomposée comme dans La Nuit des Morts Vivants (1968). Mais depuis plusieurs années déjà le thème est prétexte à autre chose - l'émergence de nouvelles structures sociales au sein d'une société effondrée, les rapports de confiances entre survivants, les perspectives d'avenir, la survie des valeurs occidentales judéo-chrétiennes dans une catastrophe d'ampleur biblique.

    Dans ces contextes, le zombie n''a plus qu'un rôle secondaire, quoique essentiel. Il remplit toujours deux fonctions principales du récit:

    1. Justifier la disparition de la société classique. Face aux zombies, les structures des États traditionnels sont invariablement défaillantes et finissent par s'écrouler. C'est sans doute la plus marquante distinction d'avec une invasion extraterrestre, par exemple, ou après des défaites initiales les vaillants défenseurs de la planète finissent par apprendre de leurs erreurs et mettent une raclée aux envahisseurs. Dans le monde des zombies, rien de tel: l'État disparaît du paysage après quelques soubresauts. Il ne subsiste plus que sous la forme d'usurpateurs, ou d'éléments militaires agissant désormais pour leur propre compte comme pillards ou mercenaires.
    2. Maintenir un niveau de danger lancinant. L'insouciance n'est pas une option. Faire face à une horde de zombies est une perspective terrifiante mais les survivants sont rapidement aguerris et bien préparés. Les zombies sont en général lents, prévisibles et incapables de tactique, mais forcent les humains à se regrouper pour augmenter leurs chances de survie, du tour de garde à l'expédition de pillage dans un centre commercial. D'autres défis plus complexes émergent assez vite: lutte pour le leadership au sein du groupe, affrontement avec des groupes rivaux, localisation de ressources rares (médicaments, énergie, munitions). Les communautés de survivants entrent en concurrence et donnent rapidement lieu à des affrontements plus dangereux et plus vicieux que contre les zombies, mais ceux-ci restent en arrière-plan pour rappeler à tous le destin qui attend les individus isolés.

    Simulation et jeu vidéo

    Les survivalistes sont tournés en dérision, mais le grand public est friand de la société désintégrée que met en scène le thème des zombies. La survie dans cet univers se ramène à la mise en application de leurs conseils: être autosuffisant, prêt à se défendre, et paré au maximum d'éventualités.

    Si on accepte l'idée d'un monde dévasté par les morts-vivants comme la symbolique d'une société effondrée et généralement hostile, non seulement le thème des zombies prend tout son sens, mais il s'incarne parfaitement dans le médium du jeu vidéo. À l'inverse d'autres supports, et malgré la scénarisation poussée de certains grands titres, le jeu vidéo est l'environnement parfait pour laisser le joueur libre de ses actes et tenter plusieurs approches. Il peut expérimenter et organiser sa survie dans un monde où chaque nouveau lever de soleil est une victoire.

    Les titres autorisant des joueurs à se rejoindre en ligne dans un même monde renforce l'expérience sociale des "survivants", leur permettant d'élaborer des stratégies que même les créateurs du jeu n'auraient imaginées.

    Dans son aspect plus polémique, le zombie représente l'Autre, agrémenté d'une dangerosité mortelle et irréconciliable. Rares sont les titres qui considèrent les zombies comme des êtres humains, bien qu'ils l'aient tous été au départ. La perte d'humanité est généralement présentée comme un processus irréversible. On ne peut pratiquement jamais la guérir (bien que parfois des remèdes permettent de juguler la transformation en zombie d'une personne infectée). Or, non seulement les zombies sont nombreux, mais ils sont toujours hostiles. On ne peut pas raisonner un zombie, ni le dresser, ni espérer qu'il change d'avis, ni faire la paix avec lui - pas même une trêve. Le zombie est l'hostilité incarnée et la seule réponse est sa destruction.

    Par ailleurs, le zombie permet de s'éviter les foudres du politiquement correct. Les éditeurs de jeux n'ont certainement pas vocation à se transformer en lanceurs d'alertes, et on ne verra jamais Hollywood se lancer dans un film montrant l'émergence d'une guerre civile entre immigrés et autochtones dans les banlieues européennes - quelle que soit la plausibilité d'un tel scénario. Le zombie permet de contourner cet obstacle et de parvenir au même "résultat": une société effondrée, des factions irréconciliables et un danger de tous les instants.

    De ce point de vue, la popularité de l'apocalypse zombie prend un tout autre sens: elle pourrait nous préparer, collectivement et inconsciemment, à ce que pourrait être notre survie dans un avenir aussi proche que sombre - même sans morts-vivants.

    Stéphane Montabert (LesObservateurs.ch, 4 janvier 2018)

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