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Métapo infos - Page 1771

  • L'actualité littéraire sans œillère !

    Le nouveau numéro du Magazine des livres, bimestriel d'actualité littéraire dirigé par Joseph Vebret, est en kiosque. Très éclectique et agréable à lire, car servie par des plumes de qualité (celle de Joseph Vebret mais aussi celles de Christopher Gérard, de Frédéric Saenen, de Pierre Gilieth ou d'Arnaud Bordes), cette revue mérite d'évidence d'être soutenue !

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    On peut aussi consulter avec intérêt le site de la revue http://www.magazinedeslivres.com/ , qui, outre de nombreux textes et liens, comprend aussi un espace "Céline".
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  • Le Monde, Alain de Benoist et la décroissance

    Le journal Le Monde, dans son numéro daté du dimanche 15 novembre 2009, consacrait une page à la progression de l'idée de décroissance dans l'opinion. "La crise relance le thème de la décroissance" indiquait le titre, que complétait le sous-titre "Une partie de la droite , de la gauche et des verts réfléchissent aux voies d'une « autre croissance »".

    Si l'article principal recensait les points de vue des verts et de la gauche sur le sujet, un deuxième article, intitulé "A l'extrême droite, on refuse aussi « les dérives productivistes et mercantiles»" évoquait les positions du Bloc identitaires sur cette question ainsi que le travail de réflexion d'Alain de Benoist, et notamment son livre Demain la décroissance, publié en 2007 chez E/dite.

    Principe : quand on ne peut pas éviter de citer Alain de Benoist, il convient de le ranger dans la catégorie extensible et dévalorisante de l' « extrême droite ».

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    "[...] Penseur de la nouvelle droite, Alain de Benoist écrivait, en 1994 dans sa revue Eléments : "L'écologie signe la fin de l'idéologie du progrès." Elle est "ordonnée au "conservatisme des valeurs", comme à la préservation du milieu naturel". Fin 2008, M. de Benoist consacrait un livre, Demain la décroissance (éd. E/dite, 2007), au sujet. Il expliquait, dans un entretien à Novopress : "La thématique de la décroissance (...) a pour socle le refus de la démesure, le refus d'une évolution qui fait prédominer l'intérêt pour les choses inanimées sur les choses vivantes (...) et qui finit par transformer les êtres humains eux-mêmes en objets. C'est un refus de la marchandisation du monde.""

    (Le Monde du 15 novembre 2009, Abel Mestre et Caroline Monnot)

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  • Jünger et Heidegger

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    Les éditions Christian Bourgois ont prévu de publier en janvier 2010 la correspondance entre Ernst Jünger et Martin Heidegger.

    "Cette correspondance, qui s'étend de 1949 à 1975, constitue un témoignage de toute première importance sur les relations intellectuelles et amicales qui unirent deux représentants majeurs de la pensée allemand au XXe siècle : Martin Heidegger, considéré comme l'un des plus grands, sinon le plus grand philosophe de son temps, et Ernst Jünger, héros exemplaire des batailles de la Première Guerre mondiale, penseur de la technique et styliste exceptionnel. Leurs premiers échanges épistolaires portent sur le lancement éventuel d'une revue littéraire, après la débâcle allemande de 1945 ; on les voit s'interroger sur cette entreprise à laquelle ils renoncent finalement, car elle risquait de prendre un caractère trop politique, dans une période où ils étaient tous deux violemment attaqués. Loin de se borner à un banal échange de politesses entre deux écrivains majeurs, leur correspondance compte plusieurs temps forts, en particulier à propos du dépassement du nihilisme. "

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  • Maulin se lâche !

    Olivier Maulin, qui a publié récemment Petit monarque et catacombes, roman qui achève le cycle commencé avec En attendant le roi du monde et continué avec Les Evangiles du lac,  donne ce mois-ci un sympathique entretien au magazine Chronic'art. En voici quelques extraits :

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    "Le peuple est sorti de la littérature, où il a été remplacé notamment par l'Immigré avec un grand « I »".

     

    "Dans un monde harmonieux, pour moi, il est évident qu'il doit y avoir un roi au sommet. Sinon, c'est le bordel. C'est moins un roi politique qu'un roi de légende, un roi qui met un peu de beauté dans les cœurs. [...] Moi, je veux un roi magique, un roi qui traverse Paris sur un cheval, la rue de Rivoli au grand galop."

     

    "L'idée du socialisme n'est pas quelque chose que je rejette. Il y a un socialisme français au 19e siècle, qui est fascinant, à dix mille lieues du socialisme d'aujourd'hui, qui n'est plus qu'un mélange de vulgate antiraciste et de bons sentiments. [...] La faute historique des socialistes, à mon sens, c'est d'avoir tellement corrompu le pays qu'ils ont réussi à dégoûter les Français du socialisme."

     

    "Je suis nostalgique d'un certain ordre cosmique, et je suis convaincu qu'au Moyen-Age, les gens étaient plus gais qu'aujourd'hui. Ils vivaient dans un monde qui avaient un sens."

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  • Debord et la question des immigrés

    A l'heure où les medias s'agitent autour du pseudo-débat sur l'identité nationale, il paraît intéressant de se pencher sur cette note de Guy Debord, figure de proue du situationnisme et auteur de La société du spectacle, consacrée à la "question des immigrés", et écrite en 1985.

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    "Tout est faux dans la « ques­ti­on des im­mi­grés », ex­ac­te­ment comme dans toute ques­ti­on ou­ver­te­ment posée dans la société ac­tu­el­le ; et pour les mêmes mo­tifs : l’éco­no­mie — c’est-à-dire l’il­lu­si­on pseu­do-​éco­no­mi­que — l’a ap­portée, et le spect­a­cle l’a traitée.

    On ne di­s­cu­te que de sot­ti­ses. Faut-​il gar­der ou éli­mi­ner les im­mi­grés ? (Na­tu­rel­le­ment, le véri­ta­ble im­mi­gré n’est pas l’ha­bi­tant per­ma­nent d’ori­gi­ne étrangère, mais celui qui est perçu et se perçoit comme différent et de­s­tiné à le res­ter. Beau­coup d’im­mi­grés ou leurs en­fants ont la na­tio­na­lité française ; beau­coup de Po­lo­nais ou d’Es­pa­gnols se sont fi­na­le­ment per­dus dans la masse d’une po­pu­la­ti­on française qui était autre. Comme les déchets de l’in­dus­trie ato­mi­que ou le pétrole dans l’Océan — et là on définit moins vite et moins « sci­en­ti­fi­que­ment » les seuils d’intolérance — les im­mi­grés, pro­du­its de la même ges­ti­on du ca­pi­ta­lis­me mo­der­ne, res­te­ront pour des siècles, des millénai­res, tou­jours. Ils res­te­ront parce qu’il était beau­coup plus fa­ci­le d’éli­mi­ner les Juifs d’Al­le­ma­gne au temps d’Hit­ler que les maghrébins, et au­tres, d’ici à présent : car il n’exis­te en Fran­ce ni un parti nazi ni le mythe d’une race au­to­ch­to­ne !

    Faut-​il donc les as­si­mi­ler ou « re­spec­ter les di­ver­sités cul­tu­rel­les » ? In­ep­te faux choix. Nous ne pou­vons plus as­si­mi­ler per­son­ne : ni la jeu­nesse, ni les tra­vail­leurs français, ni même les pro­vin­ci­aux ou vi­eil­les mi­no­rités eth­ni­ques (Cor­ses, Bre­tons, etc.) car Paris, ville détrui­te, a perdu son rôle his­to­ri­que qui était de faire des Français. Qu’est-​ce qu’un cen­tra­lis­me sans ca­pi­ta­le ? Le camp de con­cen­tra­ti­on n’a créé aucun Al­le­mand parmi les Européens déportés. La dif­fu­si­on du spect­a­cle con­centré ne peut uni­for­mi­ser que des spec­ta­teurs. On se gar­ga­ri­se, en lan­ga­ge sim­ple­ment pu­bli­ci­taire, de la riche ex­pres­si­on de « di­ver­sités cul­tu­rel­les ». Quel­les cul­tu­res ? Il n’y en a plus. Ni chréti­en­ne ni musul­ma­ne ; ni so­cia­lis­te ni sci­en­tis­te. Ne par­lez pas des abs­ents. Il n’y a plus, à re­gar­der un seul in­stant la vérité et l’évi­dence, que la dégra­da­ti­on spec­ta­cu­lai­re-​mon­dia­le (améri­cai­ne) de toute cul­tu­re.

    Ce n’est sur­tout pas en vo­tant que l’on s’as­si­mi­le. Démons­tra­ti­on his­to­ri­que que le vote n’est rien, même pour les Français, qui sont élec­teurs et ne sont plus rien (1 parti = 1 autre parti ; un en­ga­ge­ment élec­to­ral = son con­trai­re ;
    et plus récem­ment un pro­gram­me — dont tous sa­vent bien qu’il ne sera pas tenu — a d’ail­leurs enfin cessé d’être déce­vant, de­puis qu’il n’en­vi­sa­ge ja­mais plus aucun problème im­portant. Qui a voté sur la dis­pa­ri­ti­on
    du pain ?). On avouait récem­ment ce chiff­re révéla­teur (et sans doute ma­ni­pulé en baisse) : 25 % des « ci­toy­ens » de la tran­che d’âge 18-25 ans ne sont pas in­scrits sur les lis­tes élec­to­ra­les, par sim­ple dégoût. Les abs­ten­ti­on­nis­tes sont d’au­tres, qui s’y ajoutent.

    Cer­tains met­tent en avant le critère de « par­ler français ». Ri­si­ble. Les Français ac­tu­els le par­lent-​ils ? Est-​ce du français que par­lent les an­alphabètes d’au­jourd’hui, ou Fa­bi­us (« Bon­jour les dégâts ! ») ou Françoise Cas­tro (« Ça t’ha­b­i­te ou ça t’eff­leu­re ? »), ou B.-H. Lévy ? Ne va-​t-​on pas clai­re­ment, même s’il n’y avait aucun im­mi­gré, vers la perte de tout lan­ga­ge ar­ti­culé et de tout rai­son­ne­ment ? Quel­les ch­an­sons écoute la jeu­nesse présente ? Quel­les sec­tes in­fi­ni­ment plus ri­di­cu­les que l’islam ou le ca­tho­li­cis­me ont con­quis fa­ci­le­ment une em­pri­se sur une cer­tai­ne frac­tion des idiots in­struits con­tem­porains (Moon, etc.) ? Sans faire men­ti­on des au­tis­tes ou débiles pro­fonds que de tel­les sec­tes ne rec­rutent pas parce qu’il n’y a pas d’intérêt éco­no­mi­que dans l’ex­ploi­ta­ti­on de ce bétail : on le laisse donc en char­ge aux pou­voirs pu­blics.

    Nous nous som­mes faits améri­cains. Il est nor­mal que nous trou­vi­ons ici tous les miséra­bles problèmes des USA, de la dro­gue à la Mafia, du fast-​food à la pro­liféra­ti­on des eth­nies. Par ex­emp­le, l’Ita­lie et l’Es­pa­gne, améri­ca­nisées en sur­face et même à une assez gran­de pro­fon­deur, ne sont pas mélangées eth­ni­que­ment. En ce sens, elles res­tent plus lar­ge­ment européennes (comme l’AIgérie est nord-​af­ri­cai­ne). Nous avons ici les en­nuis de l’Amérique sans en avoir la force. Il n’est pas sûr que le melting-​pot améri­cain fonc­tion­ne en­core long­temps (par ex­emp­le avec les Chi­ca­nos qui ont une autre lan­gue). Mais il est tout à fait sûr qu’il ne peut pas un mo­ment fonc­tion­ner ici. Parce que c’est aux USA qu’est le cent­re de la fa­bri­ca­ti­on du mode de vie ac­tu­el, le cœur du spect­a­cle qui étend ses pul­sa­ti­ons jusqu’à Moscou ou à Pékin ; et qui en tout cas ne peut laisser au­cu­ne indépen­dance à ses sous-​trai­t­ants lo­caux (la compréhen­si­on de ceci mont­re mal­heu­reu­se­ment un as­su­jet­tis­se­ment beau­coup moins su­per­fi­ciel que celui que vou­d­rai­ent détrui­re ou modérer les cri­ti­ques ha­b­i­tu­els de « l’impéria­lis­me »). Ici, nous ne som­mes plus rien : des co­lo­nisés qui n’ont pas su se révol­ter, les béni-​oui-​oui de l’aliéna­ti­on spec­ta­cu­lai­re. Quel­le préten­ti­on, en­vi­sa­ge­ant la pro­liférante présence des im­mi­grés de tou­tes cou­leurs, re­trou­vons-​nous tout à coup en Fran­ce, comme si l’on nous vo­lait quel­que chose qui se­rait en­core à nous ? Et quoi donc ? Que cro­yons-​nous, ou plutôt que fai­sons-​nous en­core sem­blant de cro­ire ? C’est une fierté pour leurs rares jours de fête, quand les purs es­cla­ves s’in­di­g­nent que des métèques me­na­cent leur indépen­dance !

    Le ris­que d’apart­heid ? Il est bien réel. II est plus qu’un ris­que, il est une fa­ta­lité déjà là (avec sa lo­gi­que des ghet­tos, des af­fron­te­ments ra­ci­aux, et un jour des bains de sang). Une société qui se décom­po­se entière­ment est évi­dem­ment moins apte à ac­cu­eil­lir sans trop de heurts une gran­de quan­tité d’im­mi­grés que pou­vait l’être une société cohérente et re­la­ti­ve­ment heu­reu­se. On a déjà fait ob­ser­ver en 1973 cette frap­pan­te adéqua­ti­on entre l’évo­lu­ti­on de la tech­ni­que et l’évo­lu­ti­on des men­ta­lités : « L’en­vi­ron­ne­ment, qui est re­con­struit tou­jours plus hâti­ve­ment pour le contrôle répres­sif et le pro­fit, en même temps de­vi­ent plus fra­gi­le et in­ci­te da­van­ta­ge au van­da­lis­me. Le ca­pi­ta­lis­me à son stade spec­ta­cu­lai­re rebâtit tout en toc et pro­du­it des in­cen­diai­res. Ainsi son décor de­vi­ent par­tout in­flamma­ble comme un collège de Fran­ce. » Avec la présence des im­mi­grés (qui a déjà servi à cer­tains syn­di­ca­lis­tes sus­cep­ti­bles de dénon­cer comme « gu­erres de re­li­gi­ons » cer­tai­nes grèves ouvrières qu’ils n’avai­ent pu contrôler), on peut être assurés que les pou­voirs exis­tants vont fa­vo­ri­ser le déve­lop­pe­ment en gran­deur réelle des pe­ti­tes expéri­en­ces d’af­fron­te­ments que nous avons vu mises en scène à tra­vers des « ter­ro­ris­tes » réels ou faux, ou des sup­por­ters d’équi­pes de foot­ball ri­va­les (pas seu­le­ment des sup­por­ters ang­lais).

    Mais on com­prend bien pour­quoi tous les re­s­ponsa­bles po­li­ti­ques (y com­pris les lea­ders du Front na­tio­nal) s’em­plo­i­ent à mi­ni­mi­ser la gra­vité du « problème im­mi­gré ». Tout ce qu’ils veu­lent tous con­ser­ver leur in­terdit de re­gar­der un seul problème en face, et dans son véri­ta­ble con­tex­te. Les uns feig­nent de cro­ire que ce n’est qu’une af­fai­re de « bonne vo­lonté an­ti-​ra­cis­te » à im­po­ser, et les au­tres qu’il s’agit de faire re­con­naître les droits modérés d’une « juste xéno­pho­bie ». Et tous col­la­bo­rent pour con­s­idérer cette ques­ti­on comme si elle était la plus brûlante, pres­que la seule, parmi tous les ef­fra­yants problèmes qu’une société ne sur­mon­te­ra pas. Le ghet­to du nou­vel apart­heid spec­ta­cu­lai­re (pas la ver­si­on lo­ca­le, folk­lo­ri­que, d’Afri­que du Sud), il est déjà là, dans la Fran­ce ac­tu­el­le : l’im­men­se ma­jo­rité de la po­pu­la­ti­on y est en­fermée et ab­ru­tie ; et tout se se­rait passé de même s’il n’y avait pas eu un seul im­mi­gré. Qui a décidé de con­strui­re Sar­cel­les et les Min­guettes, de détrui­re Paris ou Lyon ? On ne peut cer­tes pas dire qu’aucun im­mi­gré n’a par­ti­cipé à cet infâme tra­vail. Mais ils n’ont fait qu’exécuter stric­te­ment les ord­res qu’on leur don­nait : c’est le mal­heur ha­b­i­tu­el du sala­ri­at.

    Com­bi­en y a-​t-​il d’étran­gers de fait en Fran­ce ? (Et pas seu­le­ment par le sta­tut ju­ri­di­que, la cou­leur, le faciès.) Il est évi­dent qu’il y en a tel­le­ment qu’il faud­rait plutôt se de­man­der : com­bi­en res­te-​t-​il de Français et où sont-​ils ? (Et qu’est-​ce qui ca­ractérise main­ten­ant un Français ?) Com­ment res­terait-​il, bientôt, de Français ? On sait que la na­ta­lité baisse. N’est-​ce pas nor­mal ? Les Français ne peu­vent plus sup­por­ter leurs en­fants. Ils les en­vo­i­ent à l’école dès trois ans, et au moins jusqu’à seize, pour app­rend­re l’an­alphabétisme. Et avant qu’ils aient trois ans, de plus en plus nom­breux sont ceux qui les trou­vent « in­sup­por­ta­bles » et les frap­pent plus ou moins vio­lem­ment. Les en­fants sont en­core aimés en Es­pa­gne, en Ita­lie, en Algérie, chez les Gi­t­ans. Pas sou­vent en Fran­ce à présent. Ni le lo­ge­ment ni la ville ne sont plus faits pour les en­fants (d’où la cy­ni­que pu­bli­cité des ur­ba­nis­tes gou­ver­ne­men­taux sur le thème « ou­vr­ir la ville aux en­fants »). D’autre part, la con­tra­cep­ti­on est répan­due, l’avor­te­ment est libre. Pres­que tous les en­fants, au­jourd’hui, en Fran­ce, ont été vou­lus. Mais non li­bre­ment ! L’élec­teur-​con­som­ma­teur ne sait pas ce qu’il veut. Il « choi­sit » quel­que chose qu’il n’aime pas. Sa struc­tu­re men­ta­le n’a plus cette cohérence de se sou­ve­nir qu’il a voulu quel­que chose, quand il se re­trou­ve déçu par l’expéri­ence de cette chose même.

    Dans le spect­a­cle, une société de clas­ses a voulu, très systéma­ti­que­ment, éli­mi­ner l’his­toire. Et main­ten­ant on prétend reg­ret­ter ce seul résul­tat par­ti­cu­lier de la présence de tant d’im­mi­grés, parce que la Fran­ce « dis­pa­raît » ainsi ? Co­mi­que. Elle dis­pa­raît pour bien d’au­tres cau­ses et, plus ou moins ra­pi­de­ment, sur pres­que tous les ter­rains.

    Les im­mi­grés ont le plus beau droit pour vivre en Fran­ce. Ils sont les représen­tants de la dépos­ses­si­on ; et la dépos­ses­si­on est chez elle en Fran­ce, tant elle y est ma­jo­ri­taire. et pres­que uni­ver­sel­le. Les im­mi­grés ont perdu leur cul­tu­re et leurs pays, très no­toire­ment, sans pou­voir en trou­ver d’au­tres. Et les Français sont dans le même cas, et à peine plus secrète­ment.

    Avec l’éga­li­sa­ti­on de toute la planète dans la misère d’un en­vi­ron­ne­ment nou­veau et d’une in­tel­li­gence pu­re­ment men­songère de tout, les Français. qui ont ac­cepté cela sans beau­coup de révolte (sauf en 1968) sont mal­venus à dire qu’ils ne se sen­tent plus chez eux à cause des im­mi­grés ! Ils ont tout lieu de ne plus se sen­tir chez eux, c’est très vrai. C’est parce qu’il n’y a plus per­son­ne d’autre, dans cet hor­ri­b­le nou­veau monde de l’aliéna­ti­on, que des im­mi­grés.

    Il vivra des gens sur la sur­face de la terre, et ici même, quand la Fran­ce aura di­s­pa­ru. Le mélange eth­ni­que qui do­mi­ne­ra est imprévi­si­ble, comme leurs cul­tu­res, leurs lan­gues mêmes. On peut af­fir­mer que la ques­ti­on cen­tra­le, pro­fondément qua­li­ta­ti­ve, sera cel­le-​ci : ces peu­ples fu­turs au­ront-​ils dominé, par une pra­tique éman­cipée, la tech­ni­que présente, qui est glo­ba­le­ment celle du si­mu­la­c­re et de la dépos­ses­si­on ? Ou, au con­trai­re, se­ront-​ils dominés par elle d’une manière en­core plus hiérar­chi­que et es­cla­va­gis­te qu’au­jourd’hui ? Il faut en­vi­sa­ger le pire, et com­batt­re pour le meil­leur. La Fran­ce est assurément reg­ret­ta­ble. Mais les reg­rets sont vains."

    Guy De­bord 1985 (in Guy Debord, Correspondance, volume 6  janvier 1979 - décembre 1987)

     

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  • Les lettres de Céline dans la Pléiade !

    Les éditions Gallimard publient dans les prochains jours un fort volume (plus de 2000 pages) dans La Pléiade consacrés à la correspondance de Louis-Ferdinand Céline. Voilà qui ne pourra que ravir les inconditionnels de l'auteur de Voyage au bout de la nuit qui attendaient ce livre annoncé depuis plusieurs années !

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