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égalitarisme - Page 2

  • La crise de l’école a fondamentalement des causes idéologiques...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la crise de l'école...

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    « La crise de l’école a fondamentalement des causes idéologiques »

    Après les incidents suscités dans les écoles par le refus de certains élèves d’observer une minute de silence en hommage aux morts de Charlie Hebdo, Najat Vallaud-Belkacem annonce le lancement d’un vaste programme de « formation des futurs citoyens aux valeurs de la République ». Elle ajoute que « les candidats professeurs seront désormais évalués sur leur capacité à faire partager les valeurs de la République ». Qu’est-ce que cela signifie ?

    Les « valeurs de la République » qu’on invoque aujourd’hui rituellement se ramènent à un seul et unique concept : la laïcité. Une laïcité qui n’est pas la laïcité « prudentielle » dont parlait Émile Poulat, mais une sorte de nouvelle religion publique qui, pour s’imposer, exige que l’enfant soit soustrait à toute appartenance, à toute croyance, à toute identité héritée. C’est le principe même de la métaphysique progressiste : l’idée qu’une société libre et fraternelle ne pourra naître que de la ruine de toutes les formes particulières d’enracinement. C’est aussi l’idéal d’une société censée se composer de sujets autosuffisants, sans aucune forme d’engagement ni d’attachement mutuel autre que volontaire, rationnelle ou contractuelle. Vincent Peillon l’avait d’ailleurs dit sans fard : l’école doit « arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel ». Pour les modernes, être libre, c’est être indéterminé.

    Le postulat de base est que des élèves que l’on aura coupé de leurs racines seront plus portés à la « tolérance ». En termes clairs : les enfants d’origine immigrée se sentiront moins étrangers en France quand les jeunes Français se sentiront eux-mêmes étrangers chez eux. Ce n’est évidemment qu’un vœu pieux, car l’indistinction généralisée est fondamentalement polémogène. C’est en outre un détournement évident du rôle de l’école.

    L’institution scolaire se porte déjà très mal. D’innombrables livres sont parus ces dernières années pour dénoncer la baisse de niveau d’une école transformée en « fabrique de crétins » (Jean-Paul Brighelli). La faute aux réformes ? Aux enseignants ?

    Cessons de croire que les enseignants sont pour la plupart des « soixante-huitards attardés ». Ce sont au contraire dans leur immense majorité des fonctionnaires conformistes, qui gèrent les choses comme ils peuvent, leur principal souci étant de se conformer à l’injonction qui leur est faite d’éviter de « faire des vagues ». Quant aux incessantes réformes adoptées par des gouvernements de droite ou de gauche depuis cinquante ans, elles ont en général aggravé la situation. Mais il est parfaitement inutile de s’obnubiler sur elles si l’on ne comprend pas de quelle idéologie elles relèvent. La crise de l’école a fondamentalement des causes idéologiques. J’en distinguerai au moins quatre.

    La première est celle dont j’ai déjà parlé. On peut la résumer d’une formule : le refus de transmettre. François-Xavier Bellamy, dans son excellent ouvrage intitulé Les déshérités, rapporte ces mots d’un inspecteur général de l’Éducation nationale qui l’avaient profondément marqué quand il était jeune enseignant : « Vous n’avez rien à transmettre » ! Dans cette perspective, la transmission de la culture est automatiquement suspecte d’« aliénation » et d’« enfermement ». La culture doit être « déconstruite » pour fonder le savoir sur la seule raison. Valérie Pecresse, ministre UMP de l’Enseignement supérieur, avait ainsi supprimé des concours d’entrée aux grandes écoles l’épreuve de culture générale, jugée « discriminatoire ». Aujourd’hui, des pans entiers de culture sont progressivement abandonnés au motif de lutter contre les « stéréotypes », en particulier dans le domaine du « genre ». La mémoire et l’identité d’un peuple disparaissent ainsi de l’apprentissage scolaire.

    À cette idéologie du refus de la transmission s’ajoute très classiquement le vieil égalitarisme. Comme on se refuse à admettre que les élèves ne sont pas tous également capables, on conclut de l’égalité des chances au départ à l’égalité des résultats à l’arrivée (la totalité des classes d’âge doivent « avoir le bac »). Résultats : effondrement des niveaux, illettrisme et diplômes au rabais.

    « À partir du moment où l’on interdit de transmettre la culture, au motif qu’elle est discriminatoire, écrit encore François-Xavier Bellamy, on rend l’origine sociale des élèves plus déterminante que jamais. Puisque le savoir n’est pas transmis à l’école, seuls seront sauvés ceux qui le reçoivent dans leur famille. » C’est aussi l’opinion de Michel Onfray : « L’école d’aujourd’hui tue sur place les enfants de pauvres et sélectionne les enfants des classes favorisées qui monnaient dans la vie active, non ce qu’ils ont appris à l’école, mais ce qu’ils ont appris chez eux. » Au nom de l’égalité, on a ainsi mis en place le système scolaire le plus inégalitaire qui soit. Bourdieu a produit le système qu’il dénonçait.

    Troisième facteur, aggravé par le discrédit général de la notion d’autorité : le « pédagogisme » des années 1980 et 1990, dont le grand théoricien a été Philippe Meirieu (celui qui proclamait naguère qu’il fallait apprendre à lire sur les modes d’emploi des appareils ménagers). Sous prétexte de se mettre « à hauteur de l’enfant », il revient à abandonner toute logique éducative afin, comme le stipulait la loi Jospin de juillet 1989, de laisser l’enfant « construire lui-même ses propres savoirs ». Transformé en gentil moniteur-accompagnateur, le bon prof serait celui qui laisse l’élève « être lui-même » dans une école transformée en « lieu de vie ». D’où la disparition des cours magistraux (au profit des « séquences pédagogiques ») et la multiplication des « expérimentations » les plus aberrantes, qui ont encore tiré le système vers le bas.

    La dernière influence est plus récente. C’est la conception utilitaire ou « managériale », qui veut que l’école existe, non pour éduquer, mais pour donner des « outils », un « bagage » pour trouver un métier. Dans cette conception purement marchande de l’école, la culture générale et les études classiques sont supprimées dans la mesure même où on les juge « inutiles ». La culture, qui est du domaine de l’être, est réduite à un « capital » aussi léger que possible, tout entier pensé dans le vocabulaire de l’avoir, le but étant de fabriquer des « individus indéterminés, indifférenciés et indifférents, acteurs et produits parfaits de la société de consommation » (Bellamy). « Du point de vue anthropologique, écrivait Pasolini, la révolution capitaliste exige des hommes dépourvus de liens avec le passé. » Au moment où l’on va vers l’instauration du « tout numérique » à l’école, cette tendance est évidemment appelée à se développer.

    Des solutions ?

    Si l’on veut favoriser chez les élèves de toutes origines la volonté d’appartenance à la France, il faut poser en principe que la France est d’abord une nation (avant d’être une « République ») et, comme l’a rappelé récemment Robert Redeker, que l’amour d’une nation se nourrit de deux éléments fondateurs : l’amour de la langue et l’amour de l’histoire. Or, l’enseignement de l’histoire, de la langue et de la littérature françaises a été systématiquement détruit. Ce n’est pas la « laïcité » qui va y suppléer. En dernière analyse, on ne peut faire l’économie d’une anthropologie. La question est de savoir si l’homme est ou non un être social dont la culture est inhérente à sa nature humaine, et si le propre de l’expérience humaine tient au fait que nous ne sommes pas immédiatement nous-mêmes. Tant que ces questions-là n’auront pas été posées, l’école continuera à sombrer.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 27 janvier 2015)

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  • L'égalitarisme contre l'égalité...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Brighelli, cueilli sur le site du Point et consacré à la suppression des bourses attribuées aux élèves méritants...

     

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    Suppression des bourses au mérite : le raisonnement de Gribouille

    Les mauvais coups se portent pendant l'été, c'est bien connu. Cette fois, Geneviève Fioraso, qui a besoin d'argent pour des missions nobles, n'en doutons pas, a décidé de mettre les étudiants méritants au régime sec, en supprimant d'un trait de plume les "bourses au mérite" qui leur permettaient d'entrer avec un peu plus de confiance dans le supérieur.

    J'avais déjà évoqué ici les aberrations du système des bourses, qui laisse à l'écart les enfants des classes moyennes. "Multiplions les bourses au mérite !" écrivais-je... Le gouvernement m'a entendu : il les supprime.

    L'idée tripotait le ministère depuis longtemps. L'année dernière déjà, une première tentative de suppression des bourses avait été reportée (courageusement) d'un an. Cette fois, nous y sommes.

    Les mots proscrits

    J'avais dans un blog parallèle analysé l'exécration gouvernementale, peillonesque et fiorasonique pour certains mots - "conservatisme" ou "élitisme". "En répugnant ainsi à l'élitisme, écrivais-je, Vincent Peillon s'engage sur une voie dangereuse - mais malheureusement conforme à la réalité, surtout celle de son ministère." J'avais oublié "mérite" ! Dis-moi quels mots tu t'interdis, je te dirai qui tu es - et ce que tu vaux.

    Raisonnement de gribouilles : en supprimant ces 1 800 euros par an pendant trois ans, attribués normalement aux boursiers ayant obtenu une mention très bien au bac (est-ce l'inflation de ces mentions qui a poussé le ministère à en gommer le bénéfice ?), le ministère prétend redistribuer les sommes ainsi dégagées aux seuls boursiers "sociaux". Saupoudrage et éparpillement sont en bateau, "mérite" est tombé à l'eau.

    Ces gens-là réalisent-ils qu'en répugnant au mérite, ils envoient un signal terrible aux futurs étudiants ? Inutile de vous décarcasser : la situation fiscale de vos parents suffit à vous promouvoir ou à vous anéantir. Les "fils et filles de" s'en sortiront toujours. Quant aux autres...

    Les grands perdants

    Encore une fois, quand on analyse les conditions nécessaires pour bénéficier d'une bourse, on réalise immédiatement que les grands perdants sont ces classes petitement moyennes (et en temps de crise, ce sont toujours les classes moyennes qui glissent prioritairement vers le moyen moins).

    1 800 euros (Byzance !), cela permettait à des étudiants de payer une partie au moins de leur studio et des bouquins indispensables. Parce que si l'on réfléchit deux secondes, la redistribution (dont on ne nous dit pas sur quelle base elle sera calculée...) permettra à chaque boursier de recevoir quelques euros de plus.

    Les comptables du ministère avaient déjà tenté le coup en décembre dernier en proposant de sucrer 20 % aux salaires des profs de prépas pour les redistribuer aux profs de ZEP - à raison de 8 euros par personne. Byzance again !

    Égalitarisme contre égalité

    Le même raisonnement avait conduit par le passé certains syndicats à demander instamment l'annulation des cours spéciaux donnés dans certains lycées, en terminale, aux élèves désireux de passer le concours de Sciences Po, afin de redistribuer les crédits ainsi dégagés (quelques milliers d'euros, quand on y pense) à l'ensemble de la "communauté éducative, au nom de l'égalitarisme... Là aussi, l'Unsa ou le Snes - c'était eux ! - préféraient localement un saupoudrage inefficace au sauvetage de quelques étudiants résolus.

    Je vais faire une suggestion à ce gouvernement de grippe-sous et de médiocres.

    Il existe dans mon lycée (et dans une vingtaine de lycées en France) deux classes de "prépa à la prépa", l'une préparant à Sciences Po (et accessoirement à une bonne école de commerce marseillaise, la Kedge Business School), l'autre aux prépas scientifiques (sur le modèle de ce qui s'est fait initialement à Henri-IV. Une poignée d'élèves méritants (ils sont sélectionnés sur dossier), issus des lycées ZEP de la ville, tous boursiers (ce sont les conditions initiales), appartenant pour la plupart à cette "diversité" que la majorité actuelle aime tant caresser dans le sens du poil, bosse sérieusement un an durant pour rattraper le niveau qui aurait dû être le leur en fin de terminale dans un lycée décent - j'entends un lycée où les préoccupations pédagogiques l'auraient emporté sur le maintien brinquebalant de la discipline.

    De ces élèves, nous sauvons entre la moitié et les deux tiers - soit, en moyenne, une grosse vingtaine de braves gosses par an : cette année, dans la prépa à Sciences Po du lycée Thiers où j'enseigne, dix sont entrés dans des IEP, et huit autres à la Kedge Business School. Sans compter que les six derniers sont enfin armés pour faire des études supérieures (en droit, en histoire, en économie) avec des chances raisonnables d'échapper au couperet de la licence (50 % d'échecs en L1, faut-il le rappeler ?).

    Je suggère donc à Mme Fioraso et à ses conseillers de supprimer ces dispositifs, afin de redistribuer les fonds ainsi regagnés à l'ensemble des étudiants du supérieur (là, on sera dans l'infinitésimal) au nom de l'égalitarisme. Et de renvoyer ces étudiants sauvés, arrachés à leur propre milieu, à leur misère intellectuelle et sociale. Au nom de l'égalitarisme.

    Or, l'égalitarisme n'est pas l'égalité - mais comment le faire comprendre aux têtes creuses de la rue Descartes ? L'égalité consiste à donner à chacun une chance d'aller au plus haut de ses capacités : pour cela, il faudrait reprendre les programmes et la pédagogie à la base, sans se soucier des jérémiades des uns et des autres, parce que ce sont les enfants qui sont prioritaires. L'égalitarisme consiste à égaliser la misère, à étêter les talents, parce que dans la démocratie telle que la conçoivent les têtes creuses du ministère, seule la médiocrité - la leur ! - est admissible.

    Démocratie versus République

    "Démocratie" est un beau nom, mais c'est surtout, désormais, un joli prétexte. Prétexte à supprimer tout ce qui est susceptible de laisser quelques-uns émerger. L'égalitarisme leur enfoncera définitivement la tête sous l'eau. Et vous voudriez que je fasse confiance à des potentats locaux, pas plus doués que les troupes de Fioraso et Hamon, pour mener une politique qui fasse enfin une place au mérite ? "Démocratie" tend à devenir l'antithèse de "République", parce qu'une vraie république tend à promouvoir une aristocratie, et à la remettre sans cesse en cause. Leur démocratie installe des minables, et les perpétue.

    Il faut des décisions nationales cohérentes, prises par un ministre capable - pas par la clique (de droite et de gauche, si vous avez lu les programmes des uns et des autres que j'ai patiemment décryptés pour vous, ici, ici et ) des politiciens qui persistent à s'agiter là-haut. J'attends Richelieu, j'attends Clemenceau, j'attends de Gaulle. Impossible, dites-vous ? Ma foi, nous les avons déjà eus une fois. Alors, pourquoi pas deux ? Nous avons besoin de chefs, pas de pitres.

    Jean-Paul Brighelli (Le Point, 25 juillet 2014)

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  • Le goût et la vitesse...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Romaric Sangars, cueilli sur Causeur et consacré à la question du goût. Romaric Sangars anime avec Olivier Maulin le Cercle cosaque qui se réunit une fois par mois à Paris.

     

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    Le goût et la vitesse

    Le mois dernier se déroula, paraît-il, la « semaine du goût ». Au delà du fait que ce genre d’éphémérides modernes a quelque chose de ridicule et que celle-ci me semble ignominieusement discriminatoire à l’encontre des quatre sens restants, cet événement exprime néanmoins un fait pertinent : c’est que notre époque finit par réaliser qu’elle a tout affadi. Et pas seulement la saveur des pêches, laquelle n’est qu’un symptôme parmi d’autres, mais des sentiments les plus élevés jusqu’aux sensations les plus simples. Ainsi l’homme contemporain fait-il souvent songer à un patient en post-coma amnésique auquel il faut rapprendre chaque évidence.

    Même si la saveur d’une pêche n’est qu’un détail d’un problème infiniment plus ample, les choses concrètes, aussi triviales soient-elles, sont toujours le signe de réalités profondes. Si nous avons perdu le sens du goût véritable, c’est que nos palais ont d’abord été gavés de merde. Et s’ils ont été gavés de merde, c’est tant pour des raisons de gauche – égalitarisme -, que de droite – capitalisme -, c’est parce qu’on a voulu que tout le monde puisse toujours, à moindre frais et sans effort et au bénéfice de grandes entreprises : bouffer des pêches. Résultat : les pêches n’ont plus de goût.

    Ce sur quoi je veux insister, c’est que l’absolue disponibilité de tout pour tous est un fantasme mortifère, parce qu’on abroge les choses au passage. Derrière chaque organe physique, il y a un organe intérieur, et ce qui donne du goût aux choses, c’est leur sens. Or le sens est une question de trajectoire. Un verbe entre le sujet et l’objet qui permet de former une phrase. La dictature de l’immédiat (induite par la consommation de masse) éliminant tout élan, tout effort et tout lien entre le sujet et l’objet, abolit la substance même de l’objet. Or substance, sens, saveur : c’est tout un. Le sujet nourri de telle sorte finit quant à lui – ne serait-ce que mentalement -, impotent, obèse et vide.

    Ce qui fait sens, c’est l’histoire qu’écrit une rencontre entre le sujet et l’objet. Ce peut-être, par exemple, la rencontre amoureuse, et le succès des « sites de rencontres » préfigure simplement un autre affadissement radical  Ce peut-être, encore une fois, le goût de la pêche. Le sens de ce dernier relève de son territoire d’origine, la personne l’ayant vue mûrir, toute l’atmosphère saisonnière à laquelle elle appartient, le respect du cycle, l’envie véritable et non le caprice indécis du consommateur inondé par un raz-de-marée de propositions.

    « I want it all and I want it now ! », ce refrain débile de Queen est le « Sieg heil ! » sucré de cette dictature de l’immédiat. On notera surtout que l’auteur d’une telle phrase ne sait ni ce qu’il veut précisément (de « tout » à « rien », il n’y a souvent pas grand chose), ni se donner les moyens de l’atteindre et souffrir la patience nécessaire pour cela.

    Remarquez que cette dictature de l’immédiat, cette passion inférieure pour la facilité, est également partagée par nos frères djihadistes, lesquels manifestent souvent le pur revers du monde occidental plutôt qu’un parti fondamentalement opposé. Leur « spiritualité » n’implique pas la belle science des derviches tourneurs ou dix ans de jeûne au désert, non, aller au Paradis est devenu pour eux aussi simple que de prendre un vol intérieur aux States.

    Ce n’est pas pour autant que je donnerai ici dans un quelconque « éloge de la lenteur ». Le goût de la vitesse me paraît infiniment respectable. Le problème ne réside pas dans la rapidité à laquelle s’effectue le parcours, le problème c’est l’abrogation de toute trajectoire.

    En attendant, je demeure partisan du coup de foudre comme de la guerre-éclair.

    Romaric Sangars (Causeur, 17 novembre 2012)

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  • Une prof réac... et fière de l'être !

    Les éditions de La boîte à Pandore viennent de publier Je suis une prof réac et fière de l'être, un essai de Véronique Bouzou consacré à la faillite de l'Éducation nationale. Professeur de français en "zone sensible", Véronique Bouzou est déjà l'auteur de plusieurs ouvrages, dont Confessions d'une jeune prof (Bartillat, 2005) ou Ces profs qu'on assassine (Jean-Claude Gawsewitch, 2009). 

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    "Se faire taxer de « réac » est rarement un compliment, surtout dans le milieu enseignant.
    Dans le langage médiatique et politique, un « réac » est celui qui dénonce le « politiquement correct », l’héritage de Mai 68, la culture de masse et tous les mots qui finissent généralement en « isme » : antiracisme, communautarisme, égalitarisme…

    C’est dans cette définition-là que Véronique Bouzou se reconnaît, quitte à froisser les bien-pensants et autres progressistes pour qui il faut faire le deuil du passé en bloc – y compris de tout ce qui a fait preuve de son efficacité – au profit d’initiatives hasardeuses et souvent vouées à l’échec, comme c’est le cas aujourd’hui dans l’Éducation nationale.


    Elle met alors les pieds dans le plat et fait s’effondrer les certitudes de certains.
    Oui, il faut libérer l’école et surtout les élèves des tentatives de manipulation éhontées, qui s’échelonnent de la remise en cause de l’autorité du professeur jusqu’au détournement des programmes scolaires. Elle aborde sans complaisance les sujets tabous à l’école : discipline, immigration, argent, tentative d’infiltration politique ou religieuse, violence en classe… Tout passe à la moulinette de cette prof qui sait de quoi elle parle... décapant !


    La survie de l’Education nationale est un défi lancé aux politiques, aux professeurs, aux parents et aux jeunes. Il est grand temps de le relever."

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  • Les professeurs contre l'école ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à la crise de l'école et à la responsabilité que portent dans celle-ci les professeurs...

     

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    Les professeurs contre l'école

    L’évolution du système éducatif dans notre pays est arrivée à un point tel qu’il est presque impossible de sauver quoi que ce soit de ce désastre, d’autant plus que le débat n’a pas vraiment eu lieu, que la caste des pédagogues a pris le pouvoir au sein du système, et que les décisions sont arrêtées ailleurs que dans les instances souveraines de la Nation. A qui s’étonnerait que les partis gouvernementaux soient, depuis des lustres, incapables de produire un programme éducatif digne de ce nom, et se contentent de modifier à petites doses mesurées la forme et le contenu de l’enseignement, il faudrait souligner à quel point un tel projet existe, mais dans les logiciels des instances libérales internationales, comme l’OCDE, qui ne visent pas moins qu’à promouvoir l’intégration à la logique économiste, et à déraciner définitivement les consciences pour les formater à l’idéologie mondialiste. Cette utopie totalitaire se pare bien entendu des séductions les mieux pourvues en bonnes intentions, et ce n’est pas le moindre des paradoxes que les militants libertaires aient donné les gages politiques et éthiques nécessaires à l’arraisonnement libéral d’une institution qui a toujours été destinée à sauvegarder la beauté, la gratuité et l’humain dans un monde soumis aux pressions les plus destructrices.

    D’innombrables analyses ont vu le jour pour tenter de dénoncer cette entreprise mortelle pour notre avenir en tant que peuple libre, et la polémique a fait rage, bien vainement, à vrai dire. Car cela fait longtemps que, dans notre pays, et même en Europe, aucun débat n’est plus possible, comme l’a montré le référendum confisqué de 2005 sur la constitution européenne, et singulièrement dans le domaine éducatif, où se conjuguent les réflexes militants, voire fanatiques, et des stratégies arrivistes, propres à des individus qui ont vu dans le pédagogisme une bonne occasion de faire avancer leurs carrière. C’est là, à vrai dire, un mal français, traditionnel dans notre Histoire, où la bureaucratie la plus imperméable au doute s’est souvent targuée de faire le bien en considérant les administrés comme un peuple colonisé. Même le pouvoir n’y peut mais. Ainsi De Robien a-t-il essuyé, il y a quelques années, l’humiliation de voir les bureaux du ministère, et tout l’appareil, prendre le contre-pied de ses velléités de retrouver un peu de bon sens dans l’apprentissage de la lecture.

    Toutefois, on ne s’est pas posé des questions fondamentales sur le succès maintenant quasi définitif de cette entreprise de démolition. Comment le corps social, les parents, les décideurs politiques, les acteurs culturels, les intellectuels, et, plus singulièrement, les enseignants eux-mêmes, ont-ils pu accepter un état des choses qui, pour le moins, est consternant, et dont tout le monde, sauf certains cyniques, s’accorde à dire qu’il est parvenu à une ruine catastrophique ? Il est certain que nous nous heurtons à un non dit, parce que, d’une certaine manière, existent des connivences de fond, voire une complicité plus ou moins explicite. Pourquoi en effet les professeurs, pourtant si véhéments quand il s’agit de leurs retraites, n’ont-ils pas réagi face au désastre annoncé ? Pourquoi les syndicats, loin de s’opposer à une évolution dont tout être sachant penser pouvait prévoir les conséquences, ont-ils au contraire nourri le dynamisme par une rhétorique égalitariste ? Pourquoi la souffrance des enseignants, subie de façon si douloureuse, et les cris d’angoisse souvent proférées dans les salles de profs, n’ont-ils abouti à rien, et, au contraire, se sont transformés en soumission plus ou moins consentie ?

    C’est là un mystère à vrai dire. Mais à y regarder de près, on peut y trouver une explication, ou plutôt différentes raisons qui prennent racine dans l’histoire du corps enseignant.

    D’un point de vue sociologique, l’instituteur et le professeur appartiennent aux classes moyennes. Leur situation économique et sociale s’est améliorée durant les trente glorieuses, en fonction des nécessités de massification de l’enseignement, et du besoin qu’on avait d’enseignants mieux formés et motivés. Il faut ajouter à ce constat que ces enseignants, pour beaucoup d’entre eux, sont issus de familles liées au milieu, qu’ils vivent souvent en couple, et que leur pouvoir d’achat et leurs habitus ont contribué à créer une niche culturelle spécifique, que la garantie de l’emploi, grâce au statut de fonctionnaire, a solidifiée, sinon pétrifiée. Certes, la massification de l’Ecole a comporté des effets pervers. Le métier s’est dégradé, l’autorité du corps s’est dépréciée aux yeux des parents et des élèves, la valeur de la culture transmise a été dévalorisée, et, conséquemment, les revenus ont tendu à baisser en proportion d’un respect déclinant. A terme, le métier se transformant en « coaching » éducatif et en mission éducative, il est prévisible que les « avantages » matériels ou symboliques vont fondre rapidement, phénomène qui devient de plus en plus manifeste. Toutefois, l’effet « niche » a joué, et a encore préservé un minimum de confort chez ceux qui n’ont pas la malchance d’être contractuels. Il est fort à parier que le corps professoral réagira quand les « privilèges », pas seulement pécuniaires, comme les vacances, le temps hebdomadaire de travail etc., seront vraiment mis en cause, bien qu’une telle fatalité soit annoncée depuis longtemps. Mais combien restera-t-il d’enseignants titulaires ? et quel sera leur degré de combattivité ?

    Il est néanmoins assuré que les « grands récits » s’étant estompés à l’orée des années 80, avec le substrat idéologique qui pouvait faire de maints enseignants des contestataires, et la société de consommation, avec ses lâchetés, sa veulerie, sa laideur, sa vulgarité, ayant colonisé l’ensemble de la société, les petits bourgeois que sont les profs ne pouvaient échapper à cet anéantissement des réflexes immunitaires, et à la corruption universelle. Dans les salles des profs, on parle davantage du e-commerce que des Indiens du Chiapas, n’en déplaise à José Bové.

    Un autre facteur, et non des moindre, a accéléré la dislocation d’un projet éducatif, qui prend ses sources dans la Grèce antique : c’est la dépolitisation des enseignants. Nous sommes loin de la contre-culture des années soixante, et de la prédominance du parti communiste dans l’intelligentsia. Contrairement à ce que peuvent penser des gens de droite, la gauche n’est pas si populaire dans les écoles. En tout cas ne s’agit-il pas de cette gauche qui agissait contre l’argent, mais de celle qui se nourrit de la bienpensance conformiste actuelle, qui va des droit de l’homme au mariage des homosexuels, en passant par les sans papiers et l’anti-racisme. Autrement dit, le prolétariat, les pauvres autochtones ont disparu des imaginations et des paroles, au profit d’un vague sentimentalisme qu’on arbore par acquis de conscience. Mais le virus gaucher est toujours présent. Non certes dans sa traduction positive, marxiste ou communiste, mais dans la détestation de tout ce quoi, de près ou de loin, ressemble à des racines indigènes. Il est resté, chez des semi-intellectuels pourvus de quelques diplômes, ce réflexe encouragé par des médias dont on suit quotidiennement la logorrhée, sans esprit critique, de l’universalisme abstrait, de la fascination de l’ « Autre », de la survalorisation de légendes blanches ou noires, de ce mélodrame historique colporté par les idéologues du système, qui permet de justifier des pratiques que tout être sains condamnerait au nom du bon sens. Les élèves sont vus comme des victimes, la culture – dédaignée comme source d’injustice et d’inégalité, ou tout simplement parce qu’on n’en a pas le goût– est rejetée, dans la mesure même où on ne lit plus depuis belle lurette, et qu’on partage la sous-culture américanisée avec ses propres élèves. Ajoutons à cela que les humanités, quand elles n’ont pas été trahies par ceux qui devraient les défendre (il faut savoir que la moitié des certifiés n’ont pas passé le concours externe), passent après des disciplines plus « valorisantes » et « intégratrices », et des pratiques « maternelles », « protectrices », indulgentes pour les faiblesses humaines, sa paresse, sa propension au plaisir, et qu’il est devenu presque honteux de se prévaloir des grands textes, des auteurs, du patrimoine culturel de notre pays, au risque d’être déconsidéré par ce terme rédhibitoire d’ « élitiste ».

    Au point donc que les principaux ennemis des professeurs, qui n’ont jamais pris la peine de s’informer, de lire les rapports, d’écouter les Cassandre, sont les professeurs eux-mêmes.
     
    Claude Bourrinet (Voxnr, 11 octobre 2011)
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  • La démocratie totalitaire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un très bon texte de Michel Geoffroy publié initialement sur Polémia et consacré au détournement de la démocratie par l'oligarchie des "élites mondialisées"...

     

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    La démocratie totalitaire ou comment le despotisme oriental s'installe en Europe

     

     

    Le Système aime se parer des couleurs de la « démocratie », qu’il oppose bien sûr à l’horrible dictature. Les révolutions arabes ne déboucheraient-elles pas enfin sur « la démocratie » ?
    Mais que recouvre ce terme exactement ? Voilà bien le problème aujourd’hui.

    La démocratie comme procédure non comme contenu

    La science politique classique distinguait traditionnellement les régimes politiques selon leur forme. Pour reprendre une classification basique : le gouvernement d’un seul (monarchie), le gouvernement des meilleurs (aristocratie), le gouvernement du peuple (démocratie), cette classification pouvant, bien sûr, être raffinée à l’infini.

    La démocratie se définissait alors comme un processus politique particulier, dont on retrouve la définition dans la Constitution de la Ve République : « Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

    Mais subrepticement le Système a substitué, à cette définition objective et procédurale d’un régime politique, une approche subjective par le contenu. En clair un régime ne serait pas démocratique parce que le peuple aurait la décision finale, mais seulement si les décisions qui résultent de cette souveraineté populaire sont conformes à une certaine norme.

    Pour le Système la souveraineté ne serait démocratique que si elle débouche sur des décisions conformes à ses fameuses « valeurs », c'est-à-dire conformes à son idéologie cosmopolite, égalitaire, féministe, antiraciste, marchande, repentante et aux droits de l’hominien. Le démocratiquement correct dériverait ainsi du politiquement correct.

    Le démocratiquement correct : bûcher médiatique et interdits professionnels

    Dans les régimes de démocratie populaire, c’est-à-dire de dictature communiste, la souveraineté populaire n’était en effet licite qu’à la condition de respecter le credo et l’appareil communistes. Sinon le désir d’émancipation ou de liberté devenait sédition ou sécession de contre-révolutionnaires ou de hooligans, et appelait une juste répression. Dans la patrie de prolétaires, puisque la classe ouvrière était par construction au pouvoir, les ouvriers ne sauraient se révolter contre le gouvernement, c’est-à-dire contre eux mêmes : s’ils le font c’est donc qu’ils sont en réalité des réactionnaires contre lesquels il faut envoyer les chars. Contre les mutins de Vendée ou de Lyon, « les amis du genre humain » avaient déjà envoyé les Colonnes infernales et la guillotine.

    L’oligarchie occidentale tient le même discours et adopte la même attitude. Elle ne tue pas encore mais elle condamne déjà au bûcher médiatique et aux interdits professionnels. Le reste suivra un jour.

    Les votes ne sont déjà démocratiquement valides que s’ils sont conformes à l’idéologie et aux intérêts de la superclasse mondiale. Sinon ils n’expriment qu’un prurit « populiste » de « beaufs » ou « d’extrême droite » qu’il faut non seulement négliger, mais surtout combattre.

    Des conséquences fatales pour les citoyens, commodes pour l’oligarchie

    Cette vision subjective de la démocratie a plusieurs conséquences fatales pour les citoyens mais bien commodes pour l’oligarchie dominante.

    D’abord, elle implique que la « volonté générale » n’existe que si elle se conforme à l’idéologie dominante. Ainsi, si les électeurs irlandais refusent l’Europe de Maastricht, leur vote ne compte pas : on va d’ailleurs les faire revoter jusqu’à ce qu’ils acceptent. Si les Français refusent par référendum le 29 mai 2005 la prétendue Constitution européenne, cela ne compte pas : la volonté générale ne saurait aller, en effet, à l’encontre de son intérêt et celui-ci est justement la « construction » européenne. Si les Français ont voté majoritairement Non c’est donc qu’ils étaient mal informés. On va alors concocter le Traité de Lisbonne pour parvenir aux mêmes fins. Et pour plus de sûreté on ne le leur soumettra pas. Si Jean-Marie Le Pen arrive au second tour de l’élection présidentielle de 2002, cela ne compte pas : ses idées étant incorrectes, il n’aura pas droit à un débat télévisé avec J. Chirac, ni bien sûr à une campagne électorale normale.

    Droit des minorités contre nombre de suffrages ?

    Dans cette curieuse « démocratie » l’électeur se rend compte assez vite que son suffrage ne sert à rien, sinon à donner l’onction « démocratique » aux candidats et aux politiques choisis par le Système.

    Car le nombre de suffrages n’importe plus, bien au contraire : ne faut-il pas justement défendre les « droits » des minorités ? Le sort et donc le point de vue des minorités immigrées, religieuses ou sexuelles importe plus que celui de la majorité maintenant. Désormais certains sont plus égaux que d’autres.

    Le juge au-dessus du législateur

    Cette logique militante implique ensuite nécessairement de mettre en place un contrôle idéologique des lois, c’est-à-dire, en bon français, de soumettre le législateur au juge et à ses rabatteurs associatifs.

    En France la Constitution de 1958 avait institué un contrôle de la constitutionnalité des lois destiné à obliger au respect des compétences dévolues au Parlement. Il ne s’agissait là encore que d’un contrôle formel.

    Mais très vite il s’est élargi au contenu des lois elles-mêmes : sont-elles conformes notamment au préambule de la Constitution, lequel renvoie à celle de 1946 d’inspiration socialiste sinon communiste ? Comme les traités internationaux ont ensuite primauté sur les lois nationales, celles-ci sont-elles conformes aux principes qui les sous-tendent ? Non seulement, par les transferts de souveraineté, le législateur national a vu son champ d’intervention se réduire par rapport à celui des institutions européennes, mais en outre son initiative nationale est maintenant bridée par un contrôle de constitutionnalité érigé en contrôle de conformité idéologique.

    Il suffit de voir comment les pourtant timides initiatives gouvernementales visant à limiter l’immigration clandestine sont systématiquement contrées partout en Europe par les juges, pour voir qui est devenu le véritable souverain.

    Ce n’est évidemment pas fini : par exemple, le projet de loi constitutionnelle sur l’équilibre des finances publiques veut inscrire le principe d’équilibre budgétaire dans la Constitution. C’est donc le conseil constitutionnel – ceux que les médias nomment les « sages » – qui va devenir le gardien des finances publiques ! Le législateur perdrait donc son pouvoir d’autoriser les dépenses et les impôts et finalement sa justification. Un détail de l’histoire sans doute.

    Car la Révolution française s’est notamment faite contre le pouvoir des « parlements », c’est-à-dire contre le pouvoir des juges, contre leur arbitraire et leur aptitude à produire un droit procédural et complexe à l’excès. Contre la société des plaideurs et des lawyers précisément.

    Mais l’oligarchie occidentale l’a rétablie à son profit.

    Or il y a une différence notable entre un juge et un législateur. C’est que le premier est irrévocable – du moins en Europe –, inamovible et irresponsable. Alors que les députés et les sénateurs peuvent être révoqués par l’électeur. Ce qui change tout.

    En d’autres termes, dans la « démocratie » actuelle, le souverain n’est pas responsable devant le peuple. Ce qui n’empêche évidemment pas les juges de prétendre juger « au nom du peuple français » ! Pour son bien en quelque sorte.

    Les libertés publiques sous condition

    Dès lors que la souveraineté doit être politiquement conforme cela signifie aussi – autre détail ennuyeux – que les droits dont le Système entend nous abreuver sont en réalité conditionnés de la même façon.

    Comme le dit joliment l’article 17 de la Convention européenne des droits de l’homme, aucune de ses dispositions ne peut être interprétée comme donnant un droit « d’accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés reconnus à la présente Convention ».

    Donc puisque cette Convention interdit par exemple ce qu’elle nomme la « discrimination », cela signifie que ceux qui sont diabolisés comme « discriminateurs » ne peuvent se prévaloir des garanties juridiques de ladite Convention. La liberté d’expression et d’opinion est bien sûr garantie. Mais sauf pour ceux que le Système veut diaboliser car leurs idées ne sont plus des opinions mais des délits. Tout est dans la nuance… Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! Ce vieux slogan totalitaire a désormais un fondement légal.

    Dans cette curieuse démocratie les libertés publiques vont ainsi en se réduisant. Ce n’est pas un hasard car, contrairement à ce que prétendent les partisans des droits de l’hominien, la liberté n’est pas native : elle est une création politique de la cité, car elle découle de la souveraineté. Un peuple qui perd sa souveraineté perd donc nécessairement ses libertés. Les Européens de l’Ouest sont en train de le redécouvrir à leurs dépens.

    Déni de peuple, déni de démocratie

    La démocratie était enfin entendue en Europe comme le gouvernement du peuple justement, c'est-à-dire de l’assemblée des citoyens « libres », puisque la liberté découle de la souveraineté. Voilà qui est bien gênant pour le Système depuis que le divorce entre les peuples autochtones et la superclasse mondiale ne cesse de s’élargir. Changeons donc de peuple, comme le père Ubu.

    L’immigration fournit un peuple de rechange en même temps que de fructueux bénéfices au patronat. C’est pourquoi le Système l’encourage. On nous explique donc maintenant que la citoyenneté se résumerait à des « papiers » ou à des droits sociaux ; qu’elle serait un droit de l’hominien et non plus un ensemble de devoirs et que ce qui compterait ce serait la résidence sur un territoire et non l’appartenance à la communauté nationale : cela serait moins « discriminatoire ». Et l’on installe la société multiculturelle. Malheureusement les sociétés multiculturelles sont par essence « multi-conflictuelles ». Car dans une société multiculturelle le « plébiscite de tous les jours » cher à E. Renan n’est plus possible puisqu’on ne se comprend plus.

    Le Système a, en réalité, réintroduit une définition totalitaire de la démocratie, avec la complicité des prétendus experts en science politique et des juristes qui peuplent les universités et les prétoires, idiots utiles ou intéressés, tout contents de célébrer à cette occasion l’avènement prétendu de l’ « Etat de droit ».

    Mais cette « démocratie » n’a plus rien à voir avec la conception européenne de la souveraineté du peuple. Le mot « démocratie », conformément aux lois de la novlangue, a vu son sens s’inverser. « La liberté c’est l’esclavage », avertissait G. Orwell dans son roman sinistre 1984.

    Ce que l’oligarchie occidentale nomme « démocratie » signifie en réalité déni de souveraineté, déni de liberté, déni de citoyenneté, déni de peuple. C’est en vérité une nouvelle forme de DESPOTISME oriental : incarné dans un pouvoir distant et intouchable, qui entend régner sur un empire d’ilotes.

    Michel Geoffroy (Polémia, 20 juin 2011)

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