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shoah - Page 2

  • L'erreur funeste des institutions juives de France...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean Robin, cueilli sur son site Enquête&débat et consacré à la question de l'antisémitisme. L'auteur rappelle quelques faits intéressants...

     

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    L’erreur funeste des institutions juives françaises

    Dans les années 80 et 90, les institutions juives françaises ont vu leur intense lobbying parvenir à ses fins, à savoir faire plier à leur désiderata le sommet de l’État français.
    François Mitterrand tout d’abord, qui devait se faire pardonner sa francisque, son amitié avec René Bousquet (principal responsable de la rafle du Vel d’Hiv), et quelques autres broutilles antisémites. Il fut le premier à faire du dîner annuel du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) un rendez-vous incontournable, en y envoyant la moitié de son gouvernement. Comble de l’hypocrisie, ce dîner anti-républicain au possible fut qualifié de “républicain” par les spin doctors du pouvoir, alors que la France ne reconnaît qu’une communauté, la communauté nationale. Mitterrand fut aussi le premier Président de la République à manifester dans la rue en tant que Président, ce fut pour l’histoire sordide de Carpentras, une manipulation pour accuser (à tort) le FN d’antisémitisme. C’est enfin sous Mitterrand que fut imposée (et non votée) la loi Gayssot, valorisant ainsi le révisionnisme, et faisant des négationnistes des stars internationales, comme nous le constatons aujourd’hui.
    Jacques Chirac s’engouffra en 1995 dans une des dernières brèches judéomanes laissées par Mitterrand (pour protéger la mémoire de son défunt ami Bousquet), en déclarant l’Etat français responsable de la rafle du Vel d’Hiv (donc en partie de la Shoah), alors que le pays était alors sous occupation nazie. Cette demande de Serge Klarsfeld (en tant que responsable de l’Association des fils et filles de déportés) et des Institutions juives de France, CRIF en tête, allait contribuer par retour de boomerang à développer la repentance, le communautarisme et l’antisémitisme, comme les actions précédentes de Mitterrand.
    Lionel Jospin, en tant que 1er ministre, lors du dîner annuel du CRIF de 1999, accorda plus de 27 000 € à chaque orphelin de déporté juif, oubliant ainsi les orphelins de déportés non-juifs, pourtant beaucoup plus nombreux et n’ayant pas plus choisi leur sort que les orphelins juifs. La discrimination raciale était inscrite dans la loi par décret le 13 juillet 2000, 10 ans jour pour jour après le décret instaurant la loi Gayssot, le 13 juillet 1990. Il fallut attendre les plaintes répétées des organisations de déportés résistants pour obtenir la même indemnisation, sous Jean-Pierre Raffarin, en 2004, et sans rattrapage alors que les orphelins en question étaient déjà âgés, comme mon propre grand-père. Le cynisme fut poussé au paroxysme : on préférait attendre qu’un maximum meure pour ne pas avoir à les indemniser. En tout c’est près d’1 milliard d’euros qui fut ainsi distribué, plus de 300 millions pour les juifs, le reste pour les non-juifs. Aucun média ne vous en a jamais parlé, c’est ce qu’on appelle un tabou de la République. Alors qu’on cherche des millions pour boucher le trou de la dette, l’État a alors accordé un milliard. Et toujours avec la bénédiction des institutions juives.
    Plus grave encore, l’anti-antisémitisme est l’antiracisme qui s’est le plus développé pendant la période 1980-2010, à tel point qu’il est devenu plus grave d’être suspecté à tort d’antisémitisme que d’être réellement communiste. On a hurlé chaque jour ou presque au retour des heures les plus sombres de notre histoire. Les affaires de dénonciation de (faux) antisémitisme se sont multipliées, avec l’amplification de médias craintifs et moutonniers : affaire du RER D (par une mythomane même pas juive), incendie du centre Popincourt (par un ancien salarié juif du centre), poignardage du rabbin Fahri (qui s’est en fait poignardé lui-même pour faire croire à une attaque antisémite), etc.
    Moins il y avait d’antisémitisme classique dans le pays, plus les médias et les institutions juives hurlaient à l’antisémitisme. Mais la montée du véritable antisémitisme, d’origine musulmane et banlieusarde, fut occulté quasiment totalement, malgré des rapports officiels comme le rapport Obin en juin 2004.
    Une première claque de rappel à la réalité fut donnée début 2000, avec l’intifada en Palestine et l’affaire Al Dura sur France 2 qui embrasèrent les banlieues. Le réveil fut si brutal et douloureux pour certains qu’ils en furent excessifs dans leur dénonciation : ainsi Alain Finkielkraut parla de “nuit de cristal à bas bruit”, ne craignant pas de banaliser la véritable nuit de cristal, autrement plus violente. Mais les représentants des institutions juives, et les judéomanes en transe préférèrent au même moment s’acharner sur un homme seul, Renaud Camus, qui avait eu le malheur de critiquer la judéomanie d’une émission à vocation généraliste de France Culture. Laure Adler ne ressentit aucune honte en proclamant : “Renaud Camus est pire qu’Hitler”. Aucun représentant de la “communauté juive” ne s’éleva pour dénoncer cette banalisation du nazisme, donc de la Shoah. Seuls des intellectuels isolés, comme Alain Finkielkraut et Elisabeth Lévy, prirent la défense de l’écrivain pseudo-génocidaire, et se firent très mal voir pour cela.
    Cette série d’erreurs funestes des institutions juives françaises suit le même schéma que le petit garçon qui, par jeu, hurle au loup, ce qui sème la panique parmi les habitants de son village. Jusqu’au jour où, alors qu’un loup véritable se présente à l’orée du bois, il en avertit les villageois qui ne le croient plus. Nous venons de voir des dizaines, peut-être des centaines de musulmans hurler sur les Champs-Elysées, en arabe, et à plusieurs reprises, “égorgeons les juifs”. Une vidéo, visionnée plus de 800 000 fois à ce jour, a gravé dans le marbre numérique cet instant qu’on croyait révolu à jamais en France, après la Shoah. A part Shmuel Trigano, Gilles-William Goldnadel et une poignée d’autres, qui a dénoncé ces horreurs qui, pour le coup, rappellent vraiment les heures les plus sombres de notre histoire ? Serge Klarsfeld ? Non. Le CRIF ? Encore perdu, celui-ci était trop occupé à dénoncer les insupportables stigmatisations des musulmans par les caricatures de Charlie Hebdo et le film anti-islam diffusé sur Youtube. Le véritable antisémitisme est là, devant nos yeux, à l’état brut, décomplexé, comme si rien ne s’était passé entre 1933 et 1945, mais personne ne réagit, et surtout pas les institutions juives françaises. L’antisémitisme est de retour dans le pays, et ces institutions en sont en partie responsables, voilà la vérité.

    Jean Robin (Enquête&débat, 4 octobre 2012)

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  • Rafle du Vel d'hiv : les sept erreurs de François Hollande...

    L'historien franco-israëlien Alain Michel, auteur de Vichy et la Shoah, enquête sur le paradoxe français (CLD, 2012), dans un article publié sur le site Herodote.net et que nous reproduisons ci-dessous, a relevé sept erreurs importantes dans le discours que François Hollande a prononcé à l'occasion de la cérémonie de commémoration de la «rafle du Vel d'hiv»... Ou quand un historien prouve que l'histoire, c'est plus compliqué que le catéchisme...

     

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    Rafle du Vel d'hiv : les sept erreurs de François Hollande

    1 - François Hollande : Une directive claire avait été donnée par l'administration de Vichy : «Les enfants ne doivent pas partir dans les mêmes convois que les parents».

    AM : La manière dont le président présente les faits (la séparation des enfants de leurs parents dans les camps du Loiret avant la déportation) est doublement erronée.

    Tout d’abord il ne s’agit pas d’une directive du gouvernement collaborationniste de Vichy. L’organisation de la déportation se déroule dans un dialogue et une coopération entre l’administration policière de la «zone occupée» et les autorités allemandes, plus précisément les représentants d’Eichmann à Paris. Il n’y a aucune intervention de Vichy sur cette question.

    De plus la décision de déporter les enfants vient des Allemands et la séparation des parents et des enfants découle de leur besoin de faire partir les convois alors qu’ils n’ont pas encore l’autorisation de Berlin d’envoyer les enfants. Pour résumer, la police de la «zone occupée» applique des directives allemandes.

    2 - François Hollande : Je tiens à rappeler les mots que le Grand rabbin de France Jacob Kaplan adressa au maréchal Pétain en octobre 1940, après la promulgation de l'odieux statut des Juifs : « Victimes, écrivait-il, de mesures qui nous atteignent dans notre dignité d'hommes et dans notre honneur de Français, nous exprimons notre foi profonde en l'esprit de justice de la France éternelle… »

    AM : Précisons que Jacob Kaplan n’était pas Grand rabbin de France en 1942, il ne le deviendra qu’en 1954.

    Mais surtout, sa déclaration d’attachement patriotique n’a rien à voir avec la rafle de 1942. D’une part du fait que la Solution finale n’existe pas encore en 1940 et ce qui préoccupe alors Jacob Kaplan est l’antisémitisme français ; d’autre part, parce que, sous la pression du gouvernement de Vichy, aucun adulte français (ou d’origine algérienne) n’a été arrêté lors de la rafle de juillet 1942, alors que Jacob Kaplan, dans sa déclaration d’amour à la France, s’exprime au nom des Juifs français et d’eux seuls.

    3 - François Hollande : La vérité, c'est que la police française, sur la base des listes qu'elle avait elle-même établies, s'est chargée d'arrêter les milliers d'innocents pris au piège le 16 juillet 1942. C'est que la gendarmerie française les a escortés jusqu'aux camps d'internement. La vérité, c'est que pas un soldat allemand, pas un seul, ne fut mobilisé pour l'ensemble de l'opération.
    La vérité, c'est que ce crime fut commis en France, par la France.

    AM : Il y a une confusion dans le fait que la police française de la «zone occupée» a établi des listes en octobre 1940 sur demande allemande et non de sa propre initiative comme la phrase semble le suggérer.

    Effectivement, les soldats allemands ne seront jamais mobilisés en France pour arrêter des Juifs. La Gestapo sait bien avant la rafle qu’elle peut compter sur la police de la zone nord, qui lui obéit du fait de l’application de la convention de la Haye et de la convention d’armistice. Plus de 8.000 Juifs ont déjà été arrêtés en 1941 dans la région parisienne et les Allemands se sont toujours servis de la police française pour ces rafles.

    Pour résumer, le président de la République aurait pu dire : «La vérité, c’est que ce crime fut commis en France par les nazis avec la complicité de la police et de l’administration française».

    4- François Hollande : L'honneur fut sauvé par les Justes, et au-delà par tous ceux qui surent s'élever contre la barbarie, par ces héros anonymes qui, ici, cachèrent un voisin ; qui, là, en aidèrent un autre ; qui risquèrent leurs vies pour que soient épargnées celles des innocents. Par tous ces Français qui ont permis que survivent les trois quarts des Juifs de France.

    AM : Cette affirmation est incomplète dans la mesure où ce ne sont pas seulement les Justes et les héros anonymes qui ont sauvé les trois quarts des Juifs de France, mais aussi l’action et les choix politiques du gouvernement de Vichy qui, en tentant de protéger les Juifs français (et en abandonnant à leur sort les Juifs d’origine étrangère), a considérablement ralenti la machine de destruction allemande (voir les historiens Léon Poliakov et Raul Hilberg).

    5- François Hollande : L'honneur de la France était incarné par le général de Gaulle qui s'était dressé le 18 juin 1940 pour continuer le combat.

    AM : Il ne convient pas, dans une cérémonie consacrée à la persécution des Juifs, de citer le général de Gaulle qui n’a rien dit et rien fait pendant la Seconde Guerre mondiale pour encourager les Français à sauver les Juifs. Il eut mieux valu citer des hommes d'Église comme le cardinal Saliège.

    6 - François Hollande : L'honneur de la France était défendu par la Résistance, cette armée des ombres qui ne se résigna pas à la honte et à la défaite.

    AM : De même, la Résistance en tant qu’organisme n’a rien fait et rien dit pour sauver les Juifs ou encourager à les sauver, à l’exception de Témoignage chrétien et des mouvements de résistance juifs (communistes et communautaires). Certes des résistants, en tant qu’individus, ont sauvé des Juifs, mais jamais sur instruction de leurs mouvements.

    7- François Hollande : L'enjeu est de lutter sans relâche contre toutes les formes de falsification de l'Histoire. Non seulement contre l'outrage du négationnisme, mais aussi contre la tentation du relativisme.

    AM : Le président de la République met sur le même plan le «négationnisme», qui consiste à nier l’évidence (la réalité de la Shoah) et se présente comme une anti-histoire, et les approches d’historiens qui remettent en cause certaines interprétations idéologiques, en relativisant ce qui s’est passé en France par rapport à ce qui s’est passé ailleurs en Europe. Cette confusion entre «négationnisme» et «relativisme» est sans doute excessive et, qui sait? pourrait contrarier la recherche historique.

    Alain Michel (Herodote.net, 22 juillet 2012)
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  • Pourquoi ne pas sacraliser tous les génocides ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant de Jean Bonnevey, cueillli sur le site de Metamag et consacré à la loi réprimant la contestation des génocides...

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    Pourquoi ne pas sacraliser tous les génocides ?

    Les parlementaires français ont donc décidé de voter une loi qui punit la contestation des génocides d’Etat. En réalité, l'objectif politicien et électoraliste consiste à satisfaire l’importante et influente communauté arménienne. Mais cela va au-delà. Cela touche à "l'idéologie politique française", comme dirait Bernard Henri Levy.

    Il est indiscutable que les Arméniens ont été massacrés en raison de leur appartenance ethnique et religieuse. Ils étaient considérés par les Turcs comme une communauté dangereuse, car chrétienne et européenne. Une sorte de cinquième colonne de la Russie, dans une période où la Turquie était menacée de disparation dans la Première guerre mondiale.

    La France, après avoir voté une loi pour faire de ce drame un génocide, en vote une autre pour punir toute contestation de cette définition. Cela provoque la colère de la Turquie qui ne reconnaît pas ce génocide, ce qui peut se discuter évidemment. Et, surtout, se demande de quoi la France se mêle: ce qui est indiscutable. Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a violemment critiqué la France, prévenant que son pays répondrait "par toutes les sortes de moyens diplomatiques" à l'adoption d'une proposition de loi française réprimant la négation du génocide arménien de 1915.

    Cette déclaration a été faite quelques jours avant l'examen de la proposition de loi à l'Assemblée nationale. "Aucun historien, aucun homme politique ne peut voir de génocide dans notre histoire", a martelé le chef du gouvernement turc lors d'une conférence de presse conjointe avec le président du Conseil national de transition (CNT) libyen, Mustafa Abdul-Jalil. "Ceux qui veulent voir un génocide devraient se retourner sur leur propre histoire sale et sanglante", a-t-il poursuivi. Il n’a pas tout à fait tort.

    Cette loi aura d’insolites conséquences. Est-ce qu’un Turc habitant en France sera emprisonné si, dans un lieu public, il conteste le génocide arménien ? On aimerait bien voir ça.

    Sont pénalisées toutes les "contestations de génocides reconnus". Pourquoi reconnus? Et par qui? Tout le monde sait qu'il y a eu des génocides d'Indiens en Amérique. Et, chez nous, des historiens qualifient de génocide le comportement de la Convention en Vendée. Là- dessus, l'Etat fermera les yeux, car les seuls génocides qui intéressent nos parlementaires et nos hommes politiques sont ceux qui sont politiquement exploitables et électoralement rentables.

    Une démarche tronquée et partiale


    Cela suffit à discréditer la démarche et à donner raison aux historiens qui affirment que la qualification de génocide leur appartient, que politiques et parlementaires n'ont pas à s'en mêler. La désignation comme la négation de génocides font partie du débat historique. Elles ne sauraient relever d’une législation, qui devient liberticide et impose une vérité historique sacralisée, dont la contestation se rapproche du blasphème religieux. Comment pourrait-on en effet exercer un esprit critique sur ce dont il est interdit de débattre et l’interdiction de débat n’est elle pas suspecte en soi?

    A l’origine de cette judiciarisation française du génocide, transformé en "devoir de mémoire", il y a un texte fondateur des valeurs démocratiques de l’après-guerre mais fortement critiqué par la plupart de nos historiens: la loi Gayssot. Construite non pas au nom des Français arméniens chrétiens, mais au nom des Français juifs et du drame génocidaire de la Seconde guerre mondiale. La loi Gayssot est, objectivement, la source de la mainmise des politiques sur le domaine des historiens. C’est un terrible dégât collatéral .

    Encore une fois, la politique pollue, ou interdit, la liberté de recherche et d’opinion des historiens. Nous ne sommes plus à l'époque de Galilée. Mais....  Sortir le débat sur la loi Gayssot du ghetto des arrière-pensées de l’Extrême-droite et d’un certain intégrisme anti-raciste? Cela paraît insurmontable.

    Jean Bonnevey (Metamag, 23 décembre 2011)

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  • Quelle mémoire pour la France ?...

    Nous reproduisons ici, en ce jour du 11 novembre, une belle réflexion de Jean-Yves Le Gallou sur la mémoire de la France, initialement publiée sur le site de Polémia.

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    11 novembre : la mémoire de la France est davantage à Verdun qu'à Auschwitz

    Le ministre de l’Education nationale a choisi symboliquement le jour de la rentrée scolaire, le 1er septembre 2011, pour recevoir Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), et le cinéaste Claude Lanzmann, auteur du film Shoah. Luc Chatel leur a redit solennellement l’importance primordiale qu’il accordait à l’enseignement de la « Shoah », une importance telle qu’elle justifie d’ailleurs l’existence d’un site officiel dédié sur le portail de l’Education nationale.

    La persécution dont les juifs ont été victimes durant la seconde guerre mondiale est naturellement un élément central de la mémoire juive. Et les souffrances des juifs français sont bien évidemment un élément important de la mémoire française. Nul ne peut oublier le souvenir de nos 25.000 compatriotes juifs français (et des 50.000 juifs étrangers présents en France) déportés dans les camps de concentration dont bien peu eurent, comme Simone Veil, la chance de revenir en France.

    Hypermnésie de certaines souffrances, amnésie des autres

    Mais ces souffrances-là ne doivent pas conduire à nier ou à minimiser les autres drames français. Or, l’hypermnésie de la souffrance des uns conduit souvent à l’amnésie de la souffrance des autres. A-t-on le droit d’oublier (chiffres donnés par Jacques Dupâquier dans Histoire de la population française) :

    • - les 123.000 militaires tués en 1939/1940 ; dans la bataille de France, en ce printemps 1940, c’est 3.000 hommes qui sont tombés chaque jour, le plus souvent en combattant, à l’instar des Cadets de Saumur ; - les 45.000 prisonniers de guerre qui ne revinrent jamais ;
    • - les 20.000 tués des FFI et des FFL ;
    • - les 27.000 résistants morts en déportation ;
    • - les 43.000 morts de l’armée de la Libération ;
    • - les 40.000 requis morts en Allemagne ;
    • - les 125.000 victimes des bombardements aériens (pas toujours justifiés militairement) et terrestres.

    Oublier ces victimes, ce n’est pas seulement un déni de compassion, c’est les tuer une deuxième fois ; c’est aussi trahir la vérité historique.

    Ce qui compte dans la mémoire d’un peuple c’est ce que ses ancêtres ont charnellement vécu

    Et pourtant ces victimes furent honorées dans l’immédiat après–guerre : par les timbres-postes, les noms de rue, les livres, les films, les disques, et ce jusqu’au début des années 1970, avant de disparaître dans l’obligation de repentance et l’oubli officiel. Pourtant ces victimes-là sont encore très présentes dans la mémoire française : parce que, les événements qui ont provoqué leur mort, ceux qui ont survécu les ont aussi connus et pas seulement au… cinéma. Or ce qui se transmet dans la mémoire des familles et des lignées, c’est ce que les ancêtres ont vécu. La patrie, c’est la terre des pères.

    Français de souche ? Avoir son patronyme inscrit sur un monument aux morts

    C’est pourquoi dans chaque famille française la mémoire de 1914 est si vive. Chaque famille conserve le souvenir des 1.400.000 morts de la Grande Ordalie : 1.000 morts par jour pendant quatre longues années. Et les Français vivants ont tous un père, un grand-père, un arrière-grand-père ou un trisaïeul qui a combattu à Verdun. Dans cette guerre civile européenne, c’est le sang gaulois qui a coulé. La présence dans nos villes et nos villages des monuments aux morts est infiniment poignante.

    Réfléchissons un instant à ce qu’est un Français de souche : un Français de souche, c’est un Français dont le patronyme est inscrit sur l’un de nos monuments aux morts.

    Un Français de souche, c’est un Français qui a dans ses archives familiales les lettres ou les carnets d’un ancêtre qui raconte avec des mots simples le quotidien de la Grande Guerre. Alors qu’approche le centenaire du 2 août 1914, ces écrits simples, précis et sans emphase, trouvent le chemin de l’édition : pieuses autoéditions familiales ou publication chez de grands éditeurs comme le carnet de route du sous-lieutenant Porchon (*). N’oublions pas non plus le succès du Monument, livre de Claude Duneton, qui raconte la vie des hommes dont les noms sont inscrits sur le monument aux morts d’un village du Limousin. Comme le dit un lecteur sur le site d’Amazon : « Vous ne traverserez plus jamais un petit village de France sans chercher des yeux son monument aux morts et avoir une pensée émue pour ces hommes dont le nom est gravé. Quels auraient été leurs destins et celui de leurs villages sans cette guerre ? Un livre à lire et à faire lire pour ne pas oublier. »

    Reprendre le fil du temps dans la fidélité à la longue mémoire

    Le siècle de 1914 s’achève : après avoir vu disparaître le fascisme, le national-socialisme, le communisme, c’est le libre-échangisme mondialiste qui s’effondre sous nos yeux. Le centenaire de 1914 approche, et il sera, n’en doutons pas, profondément commémoré. Pour la France et l’Europe le moment est venu de reprendre le fil du temps et de la tradition. Un fil du temps interrompu il y a un siècle. Un fil du temps à reprendre dans la fidélité à la longue mémoire.

    Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 7 novembre 2011)

    (*) La précision de ces textes est admirable. J’ai eu la surprise de lire la narration des mêmes événements – attaques et contre-attaques aux Eparges en janvier/février 1915 – dans trois textes différents :
    - Carnet de route du sous-lieutenant Porchon, saint-cyrien, chef de section, tué au combat, commandant la section voisine de celle du sous-lieutenant Genevoix ;
    - Ceux de 14, admirable somme de Maurice Genevoix, blessé au combat ;
    - Mémoires d’Auguste Finet, mon grand-père, simple soldat, sorti de l’école à onze ans et écrivant bien le français, blessé au combat.
    Ce sont les mêmes faits qui sont précisément décrits, presque avec les mêmes mots. A cet égard la belle reconstruction littéraire de Maurice Genevoix est d’une fidélité parfaite aux événements.

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  • Le CRIF : la tentation du lobby...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent article de Jean-Yves Le Gallou, publié sur le site de Polémia et dans lequel il réfléchit aux activités de représentation et d'influence du CRIF... 

     

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    Le CRIF : la tentation du lobby

    Pour avoir évoqué avec des auditeurs le possible rôle d’un « lobby juif » dans le soutien apporté à DSK, Sud-Radio est dans la tourmente : blâme du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), renvoi du journaliste Eric Mazet, diabolisation médiatique, poursuites pénales. Pourtant un livre sur Le Lobby breton, « l’un des plus puissants de France », vient d’être publié sans faire de vagues ; et pourtant toute la thèse de l’auteur est que les Bretons se soutiennent entre eux, ce qui est somme toute… bien naturel. Et un docteur en sociologie, professeur à Sciences-Po, Samuel Ghiles-Meilhac, vient de publier un ouvrage consacré, lui, au Conseil représentatif des institutions juives de France : Le CRIF/ De la Résistance juive à la tentation du lobby/ De 1943 à nos jours. Explications.

    En moins d’un an deux livres viennent d’être publiés sur le CRIF : Le CRIF / Un lobby au cœur de la République d’Anne Kling et Le CRIF/ De la Résistance juive à la tentation du lobby/ De 1943 à nos jours de Samuel Ghiles-Meilhac.

    Tout paraît opposer leurs auteurs : Anne Kling est une essayiste critique, animateur du blog « La France licratisée » ; Samuel Ghiles-Meilhac est sociologue et professeur à Sciences-Po ; il collabore à la revue de BHL, Le Meilleur des mondes, et son livre s’inscrit clairement dans une perspective légitimant le CRIF.

    Le ministre de l’Education choisit le jour de la rentrée pour recevoir le président du CRIF

    Mais les deux ouvrages ont pour point commun d’être une mine précieuse de renseignements historiques et d’informations sur les faits contemporains. Ils se complètent d’ailleurs assez bien : Anne Kling analyse avec précision, et sur la base du site Internet du CRIF, les (très nombreuses) interventions de cette organisation dans la vie publique. Cette description clinique montre l’étendue des pouvoirs du CRIF, une étendue des pouvoirs encore récemment vérifiée par le fait que Luc Chatel, ministre de l’Education, ait choisi le jour symbolique de la rentrée scolaire (5 septembre 2011) pour recevoir officiellement Richard Prasquier, président du CRIF, et Claude Lanzmann, auteur du film Shoah.

    « Un puissant lobby juif français ? » (Samuel Ghiles-Meilhac)

    La méthode de Samuel Ghiles-Meilhac est différente de celle d’Anne Kling mais leurs conclusions convergent. Samuel Ghiles-Meilhac interroge les dirigeants du CRIF et leurs propos confirment sans discussion l’analyse d’Anne Kling. Le dernier chapitre, sorte de conclusion du livre de Samuel Ghiles-Meilhac, s’intitule : « Un puissant lobby juif français ? ». Et le point d’interrogation final ne résiste guère ; car à la lecture du chapitre, une seule réponse est possible : Oui.

    Evoquant l’histoire récente, Samuel Ghiles-Meilhac rappelle un propos tenu par François Mitterrand à Jean d’Ormesson. Arrivé au terme de son mandat, le président de la République évoque « l’influence puissante et nocive du lobby juif » (cité page 246), « un propos iconoclaste » pourtant défendu, en 1999, dans Marianne, par Pierre Bergé, l’un des actuels patrons du Monde : « Je pense – n’en déplaise à beaucoup – que les lobbies existent. Il y a un lobby juif comme il y a un lobby homosexuel et un lobby de femmes. Comme il y a un lobby hispanique aux Etats-Unis et un lobby indien en Angleterre. Les lobbies sont là pour protéger des gens, des peuples, des races, mais aussi – et c’est bien normal – pour protéger leurs croyances et leur permettre de s’imposer » (cité page 247). L’ancien président du CRIF Roger Cukierman a d’ailleurs repris lui-même à son compte le mot « lobby », en déclarant à Samuel Ghiles-Meilhac : « Le mot lobby ne me choque pas. S’il s’agit d’utiliser des moyens légaux pour faire entendre notre voix, alors nous pouvons être un lobby » (cité page 263).

    Le CRIF : « Représentativité et pouvoir symbolique »

    Samuel Ghiles-Meilhac rappelle (page 260) un sous-titre de la une du Monde du 15 février 2008 : « Devant les Juifs de France, le président précise sa pensée sur Dieu et la République. » Et l’auteur de conclure : « Tous les Juifs sont donc pour Le Monde représentés dans cette fédération d’associations (le CRIF). » En sociologue, Samuel Ghiles-Meilhac explique ce phénomène par « le pouvoir symbolique, la charge historique et morale qu’incarne la figure des Juifs dans l’histoire de la société française ». D’où, selon l’auteur, l’intervention du CRIF contre l’Eglise catholique dans l’affaire du Carmel d’Auschwitz, d’où la lutte contre le Front national, d’où les débats et procès autour de la déportation des Juifs : « Le CRIF semble alors incarner l’histoire juive de la France » (page 260). D’où « l’importance considérable [le mot est de l’auteur] du dîner du CRIF » : un lieu d’échange symbolique entre le CRIF qui y reçoit « une légitimité exceptionnelle » et les hommes politiques qui se voient « symboliquement consacrés comme républicains ». L’analyse est juste, même s’il est pour le moins paradoxal de considérer l’allégeance à une organisation communautaire comme une preuve de républicanisme…

    Le CRIF et la politique étrangère

    Samuel Ghiles-Meilhac analyse aussi l’impact du CRIF sur la politique étrangère française, un CRIF dont « le souci d’Israël » se mue en « défense inconditionnelle » (page 297). Il nuance toutefois ce propos en estimant que le CRIF n’obtient pas des succès aussi marquants que l’AIPAC (l’American israel Public Affairs Committee). Il note toutefois le rapprochement – en particulier sous la présidence Sarkozy – de la diplomatie française avec les positions américaine et israélienne.

    Le rôle des rituels et de la « Shoah »

    Reste que : « L’influence du CRIF est une réalité dans la France contemporaine. Il ne s’en défend pas et le revendique de plus en plus (…) La dimension spécifique de la puissance relative du CRIF tient aux dimensions symboliques qui l’entourent » (page 293). L’auteur pense ici au rituel du dîner annuel et aux cérémonies commémoratrices de la persécution des Juifs durant la seconde guerre mondiale. « Dans ce rituel, le CRIF occupe une place charnière qui lui permet de s’arrimer au discours d’unité nationale et d’acquérir une légitimité historique et politique particulière » (page 296). L’auteur n’occulte évidemment pas le rôle de la « Shoah » dans le magistère du CRIF. A commencer par de « faibles ressources (…) considérablement augmentées par la Fondation pour la mémoire de la Shoah » (page 293). Mais l’essentiel « tient à la résonance historique et morale de la Seconde Guerre mondiale et du génocide contre les Juifs. (…) Cet événement central de l’histoire européenne joue un rôle essentiel dans la place qu’occupe le CRIF, né au cœur de la Shoah ». En ce sens, le pouvoir du CRIF – contesté par certains comme le philosophe Alain Finkielkraut – apparaît justifié à Samuel Ghiles-Meilhac.

    Que conclure ?

    D’abord, qu’il est paradoxal de prétendre interdire de parler d’un « lobby juif » alors qu’un universitaire, par ailleurs proche du CRIF, apporte la démonstration implacable que cette organisation communautaire juive fonctionne précisément comme un puissant lobby.

    Ensuite, qu’il n’est pas parfaitement démocratique qu’un organisme communautaire acquière une influence « considérable » sur la base d’une légitimité historique, voire rituelle et religieuse, particulière.

    Enfin, qu’il est sans doute légitime que « le CRIF incarne l’histoire juive de la France » à condition que l’histoire de la France ne se réduise pas à l’histoire juive de la France. La partie ne doit pas l’emporter sur le tout. La mémoire de la « Shoah » ne doit pas conduire à l’oubli d’une histoire multimillénaire ni à la négation de l’identité française.

    Assurément ces débats-là méritent mieux que les oukases médiatiques et les interdits judiciaires. Vive la liberté d’expression !

    Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 8 septembre 2011)

    Samuel Ghiles-Meilhac , Le CRIF - De la résistance juive à la tentation du lobby, de 1943 à nos jours, Robert Laffont, collection « Le monde comme il va », janvier 2011, 349 pages.

    Lire : « Ces Bretons qui font bouger la France » Le Figaro Magazine, 10/06/2001 http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2011/06/10/01006-20110610ARTFIG00794-ces-bretons-qui-font-bouger-la-france.php

    Clarisse Lucas, Le lobby breton » - (Lobi Breizh), Nouveau monde éditions, dans la collection « Les enquêteurs associés », juin 2011, 343 pages

    Anne Kling, Le CRIF, un lobby au cœur de la République, Editions Mithra, 2010, 294 pages

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  • Le grand Charles !

    Le numéro 53 de Flash, le journal gentil et intelligent, est paru. On y trouve un dossier sur De Gaulle, le "grand Charles", avec les points de vue d'Alain de Benoist, d'Alain Soral et d'Arnaud Guyot-Jeannin, notamment, ainsi que, bien sûr, toutes les rubriques habituelles. 

    Flash 53.jpg

     

    Au sommaire :

    40 ans après sa mort le Grand Charles entre totem et tabous Un dossier exclusif !

    • L’homme qui disait “non” ! Par Alain DE BENOIST

    • Visionnaire à courte vue ? Par Arnaud GUYOT-JEANNIN

    • Un bilan globalement positif Par Alain SORAL

    • Le drame des harkis Jean-Claude LAURET dénonce !

    Massacre des chrétiens d’Irak : À qui profitent le crime ? Témoignage exclusif de Bagdad en pages 8 & 9

    Loi Gayssot et “escroquerie à la Shoah” : L’historien Paul-Éric Blanrue et Topoline s’énervent en page 11&12

    Pour vous abonner en ligne et en toute sécurité : http://www.flashmagazine.fr/

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