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richard millet - Page 8

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    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il évoque l'annonce par François Hollande de sa renonciation à une candidature à l'élection présidentielle ...

    Auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), Richard Millet vient de publier aux éditions Léo Scheer un roman intitulé Province.

     

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    Pendant que Hollande annonçait qu’il ne se présenterait pas à la prochaine élection présidentielle, avec la mine d’un concierge venu expliquer que la fête ne pouvait continuer à cause d’une panne générale d’électricité, non sans vanter toutefois le bilan globalement positif de la fête, regrettant même d’avoir proposé la déchéance de nationalité (la seule loi qui n’eût pas été indigne de la notion même de nationalité), me dirait une amie comme moi convaincue que la démocratie est un supermarché de farces et attrapes à l’usage de peuples aliénés, j’écoutais, sur un banc de la station de RER, à Vincennes, deux femmes se prendre le bec à propos de ce qui venait d’arriver à l’une d’elles, récemment attaquée, un soir, dans une rue de la ville.

    « Ouais, tu as payé trois jeunes Blacks pour faire genre que tu as été agressée et obtenir un arrêt-maladie d’une semaine », ironisait la première, à l’allure de bobo sur le retour. « C’étaient bien des Noirs, pourtant. J’ai deviné que je serais attaquée quand j’ai aperçu deux mecs encapuchonnés, debout près de l’immeuble. Le troisième, je ne l’ai pas entendu surgir dans mon dos. Il m’a plaquée par terre, pendant que les autres me frappaient pour me faire lâcher mon sac ». « Comment tu sais que c’étaient des Blacks ? » « J’ai senti cette odeur de sueur ». « T’es dingue ! Comment tu parles, là ! Comme une raciste… ». « Je te dis juste ce qui s’est passé, pauvre conne ! et pas ce que tu voudrais qui ne se soit pas passé », a encore dit la victime dont le visage portait en effet ces traces de coups si particulières aux femmes battues. Pour un peu, elle l’eût giflée, et elle eût bien fait. Elle s’est contentée de se lever et de gagner l’autre extrémité du quai, laissant la boboïque indignée à d’évidents problèmes de constipation et de frustration idéologico-sexuelle.

    Je ne m’en suis bien sûr pas mêlé ; mais cet échange en dit long sur l’état de la France, ravagée par quatre années de pouvoir socialiste et des lustres de renoncement à nommer le mal tel qu’il est. C’est pourtant le devoir du pouvoir politique que de le désigner et de le combattre. Hollande, comme ses prédécesseurs, a fait tout le contraire, quoique davantage : nul n’est allé plus loin dans le déni, le mensonge, l’inversion, et, bien entendu, dans la parodie.

    J’ai fini par voir son intervention télévisée. Cohn-Bendit a cru indispensable de faire savoir que le président est entré dans l’Histoire par cet acte d’humilité. Pour un peu il l’eût comparé à Benoît XVI renonçant au trône de saint Pierre… Je dirai plutôt que la décision de Hollande était le premier acte authentique de son règne, bien qu’il eût l’air de n’être déjà plus là, ou même de n’avoir jamais été là. Quant à la presse française, en prostituée chevronnée, elle a fait semblant d’avoir un de ces orgasmes par lesquels elle abuse les gogos, seuls les imbéciles pouvant s’étonner de la décision présidentielle.

    Le lendemain, Hollande s’est envolé pour Abou Dhabi, ce paradis démocratique où Jean Nouvel (dont la tête de gourou est remarquable) achève la construction d’une succursale du Louvre, qui complètera la « Paris-Sorbonne Abou Dhabi » ― des produits dérivés, des simulacres, la marque comptant plus que la fonction originale : le Culturel, et non plus la Culture. Car qui peut penser que les Arabes du Golfe s’intéressent à la culture française, et qu’il soit possible d’enseigner librement dans cette Sorbonne franchisée comme d’exposer ce que l’on veut dans cette déclinaison du Louvre ?

    Pour moi qui suis hanté par la concomitance des signes, je crois surtout que Hollande attendait que Castro mourût pour se mettre enfin en survêtement : le costume lui va si mal... Il avait rendu visite à Castro tout en clamant qu’il fallait qu’Assad quitte le pouvoir ; nul ne s’en est indigné, tant la castromania est encore vivace, chez les bobos… Ce sera donc en survêtement, qu’il assistera, bientôt, espérons-le, à la victoire des troupes légitimes d’Assad sur les islamo-rebelles de Syrie.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 4 décembre 2016)

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  • La peur des mots...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il évoque le révisionnisme linguistique...

    Richard Millet vient de publier aux éditions Léo Scheer un roman intitulé Province.

     

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    La peur des mots

    La peur des mots hante l’Occident, depuis les socialistes français qui se font un devoir de ne jamais nommer l’islam dans la guerre opposant aux vrais Européens les mahométans et leurs alliés post-chrétiens, jusqu’aux musées qui sont en train de réécrire, selon un processus stalinien, les cartels accompagnant les tableaux qu’ils exposent et dont les titres risqueraient de « choquer ». Ainsi a-t-on, j’en ai récemment parlé, substitué « grandes migrations » à « invasions barbares ». Ainsi le Rijksmuseum d’Amsterdam rebaptise-t-il le tableau de Simon Maris : Jeune femme nègre, en Jeune femme à l’éventail : la « négritude » de la femme a disparu, car innommable par un Blanc, lequel, parce que blanc, est évidemment « raciste », le politiquement correct consistant à effacer, dans le discours, les couleurs, les sexes et les tares, mais non le minoritarisme victimaire sur quoi ils se fondent, et qui est devenu instrument de coercition anti-blanc.

                C’est bien sûr prendre le public pour plus bête ou plus inculte qu’il n’est, même après cinquante années d’expiatoire propagande tiers-mondiste qui ont abouti au fait paradoxal qu’on abomine les Croisades (qui avaient pourtant leur raison d’être et leur grandeur) et la colonisation, mais qu’on délire d’enthousiasme sur la « civilisation arabo-andalouse », laquelle fut bel et bien une colonisation, et des plus dures, et dont l’État islamique entretient l’ardente nostalgie.

            Comment ne pas voir que le tableau de Maris appartient à une époque où on disait « nègre » sans intention péjorative ? Dans le patois limousin, l’adjectif « noir » se dit « nigrâ », et les nombreux hameaux appelés la Nègrerie n’ont rien d’antichambres de l’esclavagisme. Maintenir le titre de Maris eût été l’occasion d’un peu de pédagogie, laquelle a été, il est vrai, remplacée par le pédagogisme propagandiste. Le Musée de l’Homme, seul, a maintenu, par souci d’historicité, les cartels comportant le mot « nègre ».

                Le Rijksmuseum a également fait savoir que les mots « mahométan », « maure », « nain », « sauvage », doivent être bannis. Gageons qu’un tableau représentant la cécité d’Homère serait ré-intitulé le « handicap d’Homère » ou portrait d’un poète « non voyant », ou les petits mendiants de Murillo : « Jeunes dans un quartier défavorisé ». Quant au Nain avec un chien de Velasquez, il faudra l’intituler désormais : « Portrait d’un homme verticalement déficient ». Quant au Bain maure de Gérome, il ne sera plus que le « hammam », et le Bain turc d’Ingres est-il susceptible de heurter les commissaires islamiques du sultan Erdogan ?

              Les cartels des musées de Berlin sont rédigés en allemand, en anglais et… en turc, comme si les Turcs capables de s’intéresser à l’art et aux antiquités n’étaient pas capables de lire l’anglais. Gageons qu’on finira par trouver, au Louvre, des cartels où figurera l’arabe. La multiplication des langues va de pair avec celle de la prostitution et  la soumission à l’expansion islamique.

                Mais il ne s’agit pas seulement de ne pas choquer ; il faut réinterpréter le passé, voire l’éradiquer ; d’où l’évacuation de la littérature de l’enseignement public – évacuation qui, le raccourci est à peine excessif, entraîne la mort de l’esprit français. Le corpus littéraire devient suspect dans son ensemble : il y a quelques années, lors d’un Téléthon, un édile avait refusé qu’on chantât La Marseille à cause de ce « sang impur » qui eût offensé les malades – pardon : les « personnes en souffrance ». On avait également recommandé de ne plus faire étudier le poème de Ronsard : « Quand vous serez bien vieille », car il risque de donner une « image négative » de la femme du troisième âge… Le temps est proche où on interdira La Négresse blonde de Georges Fourest, Le Nègre du Narcisse de Conrad, et même Les Nègres de Genet. Le poème de Baudelaire consacré aux Femmes damnées sera lui aussi écarté du corpus consensuel, comme le sont déjà La Chanson de Roland, Le Cid, La Mort du loup… La guerre civile a aussi lieu dans ces discrètes capitulations.

                Un tel révisionnisme n’est-il pourtant pas inutile en un temps où la plupart des élèves sont analphabètes et incultes ? La réponse est sans doute à chercher dans la haine du catholicisme, qui reste le fondement de la culture occidentale et qui n’a pas encore été suffisamment épuré. Le directeur de Libération, Joffrin, qui s’est laissé poussé une barbe pré-islamiste, vient de déclarer qu’il existe désormais, en France, « un catholicisme politique, activiste et agressif, qui fait pendant à l’islamisme politique ». Nous voilà prévenus : ce domestique du pouvoir politico-médiatique dénonce chez autrui ce qu’il est lui-même : un intégriste de l’islamolâtrie survitaminée, donc un traître de la plus vile espèce, stipendié par des cartels islamo-capitalistes à dominante arabe, protestante et maçonnique. Ce pisse-haine avait, il y a quelques années – par quel accès de vice ou d’aveuglement ? – préfacé le livre de Léon Bloy sur Napoléon. La seule politique dont nous nous réclamons, nous autres catholiques, c’est justement celle de Bloy, qui pensait le monde sur deux plans, et ensemble : le social et le surnaturel, et qui vomissait les Joffrin, les Pigasse, les Bergé de son temps, comme il vomirait la clique de faisans castrés par la peur des mots qu’on appelle des écrivains et qui travaillent surtout à entériner l’idée que le progrès de l’humanité se trouve dans la libération des perversions sexuelles et dans les manipulations génétiques qui hausseront le transhumanisme au rang d’art post-contemporain.

                Que ceux qui en seraient effrayés se rassurent : l’insignifiant Jeff Koons vient d’offrir à la ville de Paris, en hommage aux victimes des attentats (islamistes), une sculpture de 33 tonnes et de 12 mètres de haut, qui sera sans doute installée dans l’espace compris entre le Musée d’Art moderne et le Palais de Tokyo. L’œuvre s’intitule « Bouquet of tulips », et se veut également un hommage à Boucher, Fragonard et Monet. Sa réalisation, aux frais de la ville de Paris, aura lieu en Allemagne, et coûtera 3,5 millions d’euros – lesquels n’iront donc pas aux « migrants ». Avec Koons, c’est non seulement la haine du sacré qui est à l’œuvre ; c’est surtout l’introduction du ludique dans le lacrymosa, et la prostitution permanente de l’art aux marchés financiers qui fabriquent des exilés en dénaturant les esprits des nations et la cohérence des peuples.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 20 novembre 2016)

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  • Quoi de neuf ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il évoque l'actualité du moment...

    Richard Millet vient de publier aux éditions Léo Scheer un roman intitulé Province.

     

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    Quoi de neuf ?

    On croyait la bobosphère aplatie par l’élection de Trump comme un quartier d’Alep aux mains des islamo-rebelles ; mais non : elle reste aux mains des narcisso-rebelles de Saint-Germain-des-Prés, et s’agite beaucoup, en ce moment ; et non seulement pour singer les bobos américains qui ne se résignent pas à l’élection de Trump (dont on n’a pas assez dit que son succès repose en grande partie sur le fait qu’il s’est attaqué à la presse, dont le pouvoir est répugnant : j’en sais quelque chose), mais aussi pour « faire bouger » la vie politique française en mobilisant cette chimère à l’allure de zombie qu’est le « peuple de gauche ».

                Ainsi a-t-on entendu une « créatrice » parisienne (i.e. une couturière) déclarer qu’elle ne créerait pas de robes pour Melania Trump, comme elle le faisait pour Michelle Obama : cet accès de pruderie politico-opportuniste, typique de la clique « culturelle », relève bien sûr de la déclaration d’intention, non de l’action, puisque Mme Trump n’a sans doute rien demandé à cette couturière.

                Je me rappelle ces ex-maoïstes demeurés purs et durs, après leur voyage en Chine, et reconvertis dans le soutien à Mitterrand, au début des années 1980, déclarer qu’ils boycotteraient tous les acteurs qui soutenaient la droite… Les bobos d’aujourd’hui, eux, signent une pétition appelant à faire cesser le « Hollande bashing », tenant que l’action de Hollande, depuis quatre ans, a été remarquable, quoique discrète, et que se livrer au dénigrement de ce pauvre homme est dangereux pour la « démocratie » – ces bobos oubliant qu’ils se sont livrés pendant cinq années à un « Sarkozy bashing » autrement féroce, et que Hollande est indéfendable parce qu’il déshonore la France non seulement par sa nullité politique, mais parce qu’il est inculte et laid, donc indigne de représenter ce pays, en tout cas de se présenter de nouveau à la présidentielle – encore qu’il y puisse y avoir quelque chose de littérairement touchant dans ce suicide public.

                C’est dire la profondeur du « débat politique », et les enjeux que les candidats de droite pourraient bouleverser, si Hollande ratait son suicide. C’est dire ce qu’est devenue une démocratie que nous sommes nombreux à combattre, tant il est difficile, par exemple, de voir le gauchisme culturel, au nom de la « démocratie » menacée,  embrigader Deneuve et Binoche, qui ont su représenter excellemment la France mais qui déchoient, à nos yeux, en signant une pétition aux côtés de domestiques du pouvoir culturel : Laure Adler, Mazarine Pingeot, Benjamin Biolay, Denis Podalydès, Jean-Michel Ribes…

                Hollande n’a été en fin de compte élu que pour faire voter la loi sur le mariage homosexuel et son cortège d’abominations para-conjugales. Il est vrai que Mme Belkacem l’a beaucoup aidé aussi dans le pilonnage de l’enseignement public, qui est devenu un Alep pédagogique, côté « rebelles », bien sûr. Mme Belkacem, qui va bientôt publier ses souvenirs d’enfance, chouchou, vient de clamer la colère que lui inspire la candidature d’Emmanuel Macron à la présidentielle. Celui-ci se présente contre le système bi-partiste qui bloque la vie politique française (laquelle, selon nous, est bloquée pour bien d’autres raisons, au premier rang desquelles la nature délétère de la démocratie même) ; ses ennemis, à gauche et à droite, le disent sans expérience, alors qu’il en a plus que Hollande lorsque ce dernier était arrivé à l’Élysée ; outre son expérience de la banque et du ministère de l’économie, il a été secrétaire général de l’Élysée : poste qui lui a permis de voir de tout près ce que c’est que le pouvoir : rouages, intrigues, vanités… Il a donc plus de légitimité que la crypto-socialiste Nathalie K. M. qui déclarait ne pas se soucier de la déchéance de la nationalité, du burkini, etc., c’est-à-dire de l’essentiel (« c’est pas mon truc ! », disait-elle en un élégant français sans doute venu d’un atelier de  « création » post-littéraire agréé par les publishers de la rive gauche).

                S’étonnera-t-on que les mêmes bobos, qui soutenaient « Tarnac » et Nuit debout, se soient rassis au point de pleurnicher sur le destin de Hollande ? Ce serait oublier qu’ils sont stipendiés par le régime, avec lequel leurs liens sont devenus inextricables, et leur pouvoir toujours plus efficace, puisqu’ils savent passer des larmes à l’invective, et de l’insulte au bannissement. Trotski, Beria et Mao ont été de bons maîtres ; et leur progéniture peut jeter au visage de ma fille cadette que je suis un écrivain d’« extrême droite » ; l’extrême gauche a encore de beaux jours devant elle, aux pays des « droits de l’homme ».

     

                « – Quoi de neuf en littérature ? » me demandait, hier soir, un ami peintre que je n’avais pas revu depuis un an.

                « Rien : il ne se passe plus rien, sauf dans la Revue littéraire où, entre autres choses, nous démontrons que le Système ne produit presque plus rien d’authentique… Et c’est cet effort critique qui me vaut d’être traité de facho par la clique médiatico-littéraire », ai-je répondu.

                On comprend mieux que les bobos pleureurs continuent à s’acharner sur ceux qui résistent au chant d’amour et de mort socialo-libéral.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 20 novembre 2016)

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  • Les snipers de la semaine... (133)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur son site, Richard Millet dézingue la nouvelle cuvée des prix littéraires...

    Des primaires et des prix

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    - sur son site Hashtable, H16 allume la petite comédie médiatique autour de la candidature de Macron...

    Emmanuel Macron ou l’entêtement médiatique

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  • Les snipers de la semaine... (131)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur son site, l'OJIM nous livre un portrait décapant de Franz-Olivier Giesbert, "celui qui symbolise à lui tout seul les compromissions du journalisme avec le monde politique"...

    Franz-Olivier Giesbert, la connivence tranquille

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    - sur son site personnel, Richard Millet dézingue à tout-va l'insignifiance contemporaine...

     

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  • Des femmes...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il observe les signes de la décomposition du système...

    Richard Millet vient de publier aux éditions Léo Scheer un roman intitulé Province.

     

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    Des femmes

    Que la démocratie soit entrée dans un stade de décomposition avancée tout en se survivant comme zombie du discours occidental, on le voit chaque jour, par exemple aux États-Unis où le peuple n’a le choix qu’entre Clinton et Trump, au Proche-Orient où elle tente d’imposer la panacée des droits de l’homme en détruisant des peuples, et en Europe où la guerre civile se poursuit activement par le terrorisme armé ou par le terrorisme migratoire. La décomposition démocratique est plus avancée en France que dans le reste de l’Europe, car son modèle est devenu indéfendable aux yeux de la religion multiculturelle mondialisée.

                Il est vrai qu’avec Hollande et sa troupe de comédiens, la décomposition a l’air d’une farce et que la figure d’Ubu roi s’impose, non seulement parce que Hollande a le physique de l’emploi, mais parce qu’il en a le cynisme. Il serait un Ubu néanmoins sans panache, comme vidé de sa substance fielleuse, flatulente et bravache, mais non de son grotesque ; c’est un Ubu madré, roué, tout aussi inculte que l’autre, mais aimant les femmes – ayant sans doute appris de son maître Mitterrand que le pouvoir est, depuis longtemps, aux mains des femmes, et pour l’éternité, semble-t-il.

                Elles ne manquent d’ailleurs pas de se rappeler à lui avec une constance remarquable. Ainsi, hier, a-t-on lu dans Le Figaro, journal socialiste de droite, que Rihanna (qui est-ce ?) s’indigne sur Twitter que Hollande ne réponde pas au tweet dans lequel elle le somme de « s’investir dans son projet humanitaire », tandis que Diam’s (c’est qui ?) prône la « tolérance » envers le voile et le burkini. Renseignements pris, ces deux femmes sont des chanteuses de variété internationale, l’une convertie à l’humanitaire, l’autre à l’islam – ce qui est la même chose : deux formes soft du djihad planétaire, mené au nom du Bien, qui est en réalité le Mal, comme nous le savons, nous autres, vrais Européens.

                En fin de compte, ces deux saltimbanques moralisatrices se mêlent de la conduite politique d’un pays, la France, qu’on aurait pu croire fort et souverain, mais qui est à genoux devant la Commission européenne (fortement corrompue, comme on le voit encore une fois avec l’affaire Neelie Kroes) et devant l’opinion publique internationale : le président est obligé de se coucher toujours davantage, sans pouvoir lancer le fameux « Merdre ! » d’Ubu Roi à Rihanna et à Diam’s, et comme il aurait dû le faire, il y a quelques années, à Leonarda, cette jeune Rom d’une insigne laideur qui l’avait mis publiquement en difficulté et ridiculisé aux yeux du monde entier. Lorsqu’un chef d’État plie devant une famille d’étrangers en situation irrégulière, le pouvoir démocratique est bel et bien mort.

                Pendant ce temps, Sarkozy a remué l’opinion en en appelant à nos ancêtres les Gaulois : les professionnels de l’indignation orientée se sont insurgés contre ce réductionnisme identitaire à propos duquel ils ont, comme pour la notion de race, convoqué des « experts » (autrement dit des collabos patentés) pour expliquer au peuple, via les médias, que ce n’est là qu’un mythe dangereux, que nos ancêtres sont multiples, « métissés », et que nous descendons tous de Pygmées, de Berbères, de Huns, de Sarrasins, de Papous, de Mongols, de Bouriates… En somme de tout, sauf des Gaulois, dont Jules César rappelait pourtant qu’ils étaient multiples ; mais on ne lit plus La Guerre des Gaules, et on n’enseigne plus le latin. Sarkozy ne faisait que rappeler là, de manière provocatrice, que toute nation a besoin de grands récits fondateurs, et que « nos ancêtres les Gaulois » est un syntagme qui doit être pris au sens large, c’est-à-dire en référence à la puissance assimilatrice qui avait fait la France, pendant des siècles, et que le nombre excessif d’étrangers hostiles à l’assimilation est en train d’anéantir. La jeunesse d’origine immigrée (celle qui est particulièrement à l’œuvre dans la décomposition nationale) n’appelle-t-elle pas, depuis longtemps, les Français de souche des « Gaulois » ?

                On voit donc le multiculturalisme montrer une nouvelle fois son groin : voilà une bête à pendre par les pattes de derrière pour la saigner, comme on le faisait des porcs, dans les fermes limousines de mon enfance. Saigner cette bête, telle est la tâche de l’écrivain qui refuse de s’en laisser conter par l’idéologie dominante, celle qui nous assure que la démocratie repousse chaque jour dans les poubelles de l’Histoire les ténèbres du nationalisme, du catholicisme, de l’homme blanc, de la paysannerie, des mythes fondateurs, d’une culture proclamée rétrograde pour n’avoir pas assez pris en compte le statut des « minorité », clament les brebis de la doxa mondialiste, tandis que les Amazones Rihanna, Diam’s, Leonarda, dansent sur le ventre de François Ubu.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 24 septembre 2016)

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