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obama - Page 3

  • Sur le militarisme américain...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur Europe solidaire et consacré au dispositif militaire déployé par les Etas-Unis dans le monde en ce début d'année 2015...

     

     

     

    Le militarisme américain dans le monde

    Le budget militaire américain pour l'armée et les opérations militaires représente 661.29 milliards de dollars en 2014, soit plus de 1.8 milliard de $ par jour ou près de 21.000 $ par seconde. Cela représente 17.3 % du budget américain et plus de 4% du PIB, ce qui en fait le premier budget militaire du monde.

    Qui finance ce budget? En principe, ce sont les contribuables américains et ceux des pays alliés. En fait, ce sont surtout ces mêmes alliés et le reste du monde, dans le cadre du système décrit par le livre de Pierre Jovanovic, 666. La banque fédérale de réserve émet des dollars pour acheter les bons du trésor destiné à couvrir les dépenses de l'Etat. Mais ce sont les épargnants du reste du monde qui achètent ces bons du trésor en dollar, n'ayant pas jusqu'à ce jour de perspectives permettant de placer en toute sécurité leur épargne. Jusqu'à quand durera ce système de Ponzi? Il s'agit d'une autre question.

    En décembre 2014 le président Obama a envoyé une lettre au speaker de la Chambre, John Boehner, précisant les les théatres d'opérations et les forces correspondant à ce budget militaire (1).

    Cette information correspond à une obligation faite au président, depuis 1973 et le retrait du Viet-Nam, d'informer le Congrès du déploiement des forces américaines engagées dans des opérations combattantes (War Powers Resolution (Public Law 93-148). On notera que ce décompte n'inclut pas les différents opérations, officielles et plus souvent « covert », assurées par la CIA, un grand nombre d'ONG travaillant pour elle et d'autres agences, ainsi que les très nombreux mercenaires militaires financés sur des budgets inconnus, même des parlementaires. Ce sont de tels mercenaires qui, pour le compte des Etats-Unis, mènent aujourd'hui la guerre en Ukraine contre les « séparatistes ».

    La lettre d'Obama mentionne un nombre d'opérations bien supérieur à celles connues du grand public, en Afghanistan et dans le conflit Iraq-Syrie. Le décompte inclut en effet le déploiement de troupes américaines dans des zones dites « non combat » ainsi que les manœuvres communes avec les alliées des Etats-Unis, au sein de l'Otan ou dans le Pacifique. A tous moments, de telles zones de non combat peuvent se transformer en zones de combat, ce que le Congrès, les médias et le public ne découvrent qu'avec retard.

    La carte jointe montre les différentes zones où sont déployés les moyens militaires américains (source WSWS). Elle ne comprend pas les pays du continent américain proprement dit, l'Amérique du Nord et les Amériques centrale et du Sud. Celles-ci relèvent des Northern et Southern Commands, Pour le reste du monde, trois « commandements » sont en charge, l'Africa Command, le Central Command et le Pacific Command. Nous n'examinerons ici que les opérations et implantations relevant du Central Command au Moyen-Orient. Mais le même exercice s'imposerait dans les zones Europe, Afrique et Asie où sont déployés des forces américaines de plus en plus importantes.

    Le Moyen Orient

    Le document de la Maison Blanche indique que, dans cette partie du monde, c'est la « guerre globale contre la terreur » présentée comme conduite par Al Qaida, que justifie les opérations américaines. Un examen de détail montre qu'il n'en est rien. Ainsi une partie des opérations conduites au Moyen-Orient visent en fait à combattre Bashar al Assad en Syrie, considéré comme un allié de la Russie. La présence américaine vise aussi à contenir l'influence de l'Iran, également considérée comme alliée de la Russie, tout en évitant que Bagdad ne se rapproche de l'Iran.

    En Afghanistan malgré l'annonce d'un retrait officiel, plus de 10.000 agents militaires et civils relevant de l'US Central Command semblent destinés à y rester un temps indéterminé. Dans ce cadre, les troupes américaines continuent à emprisonner et « interroger » un grand nombre de prisonniers provenant des Etats voisins, dont le tort semble-t-il n'est pas de servir Al Qaida mais de s'opposer aux visées économiques américaines dans la zone.

    Les 3.100 hommes déployées dans le cadre de la coalition internationale censée lutter contre Daesh conduisent certes des opérations terrestres et aériennes semblant avoir eu une certaine efficacité, ce dont personne ne se plaindra. Mais comme toujours en ce cas, ils mènent des opérations « covert » sur demande de la Turquie, des Etats du Golfe et sans doute d'Isral. Au Yemen, les interventions américaines se déployant dans un Etat ayant perdu toute autorité visent à protéger et étendre les intérêts américains. Il n'est pas exclu que ceci ne débouche sur une vraie guerre civile. En Jordanie, prétendument à la demande du Roi Abdullah, totalement manipulé, l'armée américaine a mis en place des missiles Patriot, des moyens aériens et 1.700 hommes. Quel ennemi potentiel visent exactement ces moyens?

    En ce qui concerne la présence de l'US Army dans les Etats pétroliers du Golfe, elle est beaucoup plus massive et en place depuis longtemps: 2.500 hommes au Qatar, ainsi qu'une base aérienne, le quartier général de la 5e flotte à Bahreïn, 2.500 militaires dans la base d'Eskan en Arabie saoudite. L'aviation et la marine de guerre américaines utilisent aussi des bases à Oman et dans les Emirats. Comme il ne s'agit pas officiellement de zones de combat, le document remis par Obama au Congrès ne mentionne pas ces moyens. Enfin plusieurs centaines d'hommes sont basés dans le Sinaï, avec l'accord d'Israël et semble-t-il de l'Egypte.

    On imagine la réaction belliqueuse des Etats Unis si la Russie avait mis en place le 10e de ces moyens dans des régions qui intéressent tout autant, sinon plus, ses intérêts vitaux que ceux des Etats-Unis.

    Jean Paul Baquiast (Europe solidaire, 3 janvier 2015)

    Note :

    1) Letter from the President -- Six Month Consolidated War Powers Resolution Report
    http://www.whitehouse.gov/the-press-office/2014/12/11/letter-president-six-month-consolidated-war-powers-resolution-report

     

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  • « François Hollande s’est délibérément placé sous commandement américain »...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à l'engagement de la France dans la guerre contre l'Etat islamique d'Irak et du Levant...

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    « François Hollande s’est délibérément placé sous commandement américain »

    La France a participé à la première guerre du Golfe, refusé de s’engager dans la deuxième, et se retrouve maintenant à bombarder les positions de l’État islamique en Irak. Incohérence ?

    Alain Marsaud, ancien juge antiterroriste, dénonce une grave « erreur ». Dominique de Villepin parle d’une intervention « absurde et dangereuse ». « La France n’a pas à caracoler au premier rang », a dit Jean-Pierre Chevènement. Ils ont raison. En décidant de bombarder l’Irak, mettant ainsi l’opinion devant le fait accompli, François Hollande s’est délibérément placé sous commandement américain pour engager la France dans un nouveau bourbier. Il s’est lancé dans une guerre dont la France n’a pas les moyens, avec des forces armées déjà engagées sur trois autres théâtres d’opérations (Mali, Centrafrique, Afghanistan), et de surcroît rendues exsangues par les coupes budgétaires, contre un ennemi mal défini, pour une durée indéterminée (au minimum trois ans, disent les Américains), guerre qui menace de s’étendre à tout le Proche-Orient, et dans laquelle les intérêts de la France ne sont pas en jeu (la lutte contre le terrorisme passe d’abord par la sécurité intérieure).

    Le pire, c’est qu’il n’y a aucune vision derrière ce choix. Ni vision stratégique ni vision politique, seulement le souci de détourner l’attention des problèmes intérieurs en se livrant à un nouvel exercice de reptation pour complaire au calife Obama, tout en prônant « l’unité nationale », argument mystificateur par excellence (« l’Union sacrée » de 1914 l’était déjà). Le seul résultat est de faire de notre pays la cible n° 1 des djihadistes de l’État islamique. La première victime en a été le malheureux Hervé Gourdel, dont on se garde de signaler que les (presque) derniers mots, prononcés quelques instants avant d’être décapité, ont été les suivants : « Hollande, tu as trop suivi Obama. »

    La « coalition internationale » visant à intervenir contre les combattants de l’État islamique semble se réduire comme peau de chagrin. Votre analyse ?

    Les Américains veulent aujourd’hui qu’on les aide à éponger les dégâts qu’ils ont causés. Ils appellent leurs vassaux à stopper un Golem qu’ils ont eux-mêmes créé, avec l’espoir de revenir comme force de libération dans un pays qu’ils avaient quitté comme force d’occupation après l’avoir saigné à blanc (un million et demi de morts). Pour quels résultats ? La Turquie, qui ne veut pas voir le Kurdistan devenir un État indépendant, a d’abord refusé de rejoindre la « coalition », alors même qu’elle est membre de l’OTAN. L’Égypte et les États du Maghreb étaient absents de la « Conférence sur la paix et la sécurité en Irak » tenue le 15 septembre à Paris. À l’exception de la Jordanie, tous les pays arabes se tiennent plus ou moins en retrait. Les pays européens traînent eux-mêmes les pieds pour s’associer aux Etats-Unis. On veut, par ailleurs, frapper les terroristes de l’EI tout en soutenant l’opposition à Bachar el-Assad, et en tenant à l’écart la Russie et l’Iran, alors que ces deux pays sont indispensables dans la guerre contre le djihadisme. Là est l’incohérence.

    La France a prétendu limiter ses frappes à l’Irak. Comme cela serait-il possible, puisque les bases arrière de l’EI se trouvent dans l’est de la Syrie ? Les États-Unis ont, d’ailleurs, déjà commencé à bombarder ce pays, en violation flagrante du droit international. À Paris comme à Washington, on assure aussi qu’on n’enverra pas de troupes au sol. Qui peut le croire ? Comme l’a dit Michel Goya, « des frappes aériennes seules n’ont jamais vaincu personne ». Alors qui fera le travail ? L’armée irakienne ? Les Américains ont essayé de la reconstituer entre 2003 et 2011, mais face aux combattants de l’EI, elle s’est débandée en trois mois.

    Quid de l’ennemi ?

    Dans l’expression « État islamique », désormais « Daech », le premier terme est encore plus problématique que le second, puisqu’il ne s’agit ni d’un État, ni d’un gouvernement, ni même d’une organisation, mais d’un ensemble de réseaux dissidents d’Al-Qaïda, comprenant en leur sein plusieurs milliers de combattants étrangers, non seulement des Européens, mais aussi des Libyens, des Saoudiens, des Tchétchènes et des Chinois musulmans (Ouïghours).

    De cet État islamique, Laurent Fabius dit qu’il « n’est mû que par la haine ». Cela peut faire plaisir à entendre, mais quand on a dit cela, on n’a encore rien dit. Toute guerre qui se veut moralement « juste » vise à déshumaniser ses adversaires, rendant ainsi légitime le recours à tous les moyens contre eux. Quand on prétend se battre au nom de l’humanité, on ne peut que placer ses ennemis hors humanité. Il n’est, dès lors, plus seulement question de les vaincre, mais de les « éradiquer », à la façon dont le Bien doit triompher du Mal. Les terroristes sont aujourd’hui l’équivalent moderne de ce qu’étaient autrefois les pirates : des hors-la-loi. Le problème, c’est que du même coup, on perd de vue le sens politique de la guerre. Or, c’est bien un problème politique qu’il s’agit de régler. Quels sont les objectifs politiques de cette guerre ? Et en quoi correspondent-ils aux intérêts français ? Aucune réponse à ces questions n’a, pour l’instant, été donnée.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 28 septembre 2014)

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  • Obama contre Poutine : la parabole de la paille et de la poutre...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Arnaud Imatz, cueilli sur le site du Cercle Aristote et consacré à la vertueuse indignation des Américains après la récupération de la Crimée par la Russie... Docteur en sciences politiques, Arnaud Imatz est l'auteur de deux ouvrages importants, José Antonio : la phalange espagnole et le national-syndicalisme (Albatros, 1981) et La guerre d'Espagne revisitée (Economica, 1993).

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    Obama contre Poutine : la parabole de la paille et de la poutre

    À l’occasion de l’intervention russe en Crimée, le président Barack Obama n’a pas manqué de s’indigner violemment. La Russie « est du mauvais côté de l’histoire », a-t-il  fulminé, condamnant « l’acte d’agression » de Poutine « avec la plus grande fermeté ». Rendons-nous à l’évidence : Obama a une parfaite maîtrise de son rôle. Cela dit, sa leçon de « morale politique », énième illustration de la parabole de la paille et de la poutre, est-elle crédible ?

    Depuis Monroe jusqu’à Clinton, en passant par Wilson, F. D. Roosevelt, Bush et aujourd’hui Obama, les discours des présidents américains se nourrissent de convictions simples : le peuple des États-Unis est « élu et prédestiné », « le destin de la nation américaine est inséparable du Progrès, de la Science, du Bien, de l’Humanité, de la Démocratie et de la volonté de Dieu ».  La démocratie libérale américaine, est le « meilleur des régimes », la « meilleure forme de modernité » applicable universellement. Des articles de foi qui légitiment à eux seuls le « leadership mondial » états-unien et la croisade planétaire en faveur des droits de l’homme.

    Ces idées, ces valeurs, sont partagées plus ou moins consciemment par tous les américanolâtres.  L’histoire des États-Unis se confond, selon eux, avec la liberté, la tolérance, la prospérité, la démocratie et la civilisation. Dès lors, ils interprètent la moindre réserve comme le signe du ressentiment, de l’ingratitude, de l’esprit de décadence, pire, de la haine obsessionnelle du libre marché et de la démocratie libérale. Obsédés et aveugles, ils se condamnent toujours à tordre la réalité pour l’adapter à leur idéologie.

    À coté de ce point de vue moraliste des américanolâtres patentés, il y a bien sûr les analyses des historiens et des géopolitologues qui s’efforcent de circonscrire le débat sur un plan géostratégique. Ceux-là soulignent que, depuis deux siècles, la politique étrangère nord-américaine ne cesse d’osciller entre deux interprétations opposées de la doctrine de Monroe (1823).

    Il y a, disent-ils,  d’une part, ceux qui défendent le concept de « grand espace », de continent américain, délimité et interdit à toute ingérence étrangère, et, d’autre part, ceux qui revendiquent son antithèse, la politique de sécurité des voies de communication et le droit d’intervention dans n’importe quel espace traversé par ces communications. D’une part, le panaméricanisme, l’idéologie supranationale, d’autre part, la politique d’ingérence, instrument de pénétration du capitalisme américain en particulier sur les marchés d’Asie et d’Europe.

    Ce point de vue réaliste permet de voir des analogies étonnantes avec l’attitude des russes dans la crise de l’Ukraine. Mais une différence demeure : Poutine ne veut pas la domination du monde, simplement, il n’a pas envie d’être menacé par des bases américaines à ses frontières.

    En la matière, tout semble affaire de perspective. Pour mes amis historiens et géopolitologues hispano-américains la distinction classique entre les deux interprétations de la doctrine de Monroe, si chère aux politologues européens, n’a pas vraiment lieu d’être. Pour eux, les grands principes énoncés par la diplomatie états-unienne [doctrine de Monroe (1823), idéologie de la Destinée manifeste (1845), politique du Big Stick de Théodore Roosevelt (1901), politique de bon voisinage de Franklin Roosevelt (1932), théorie de la sécurité nationale de Truman (1947), projet de zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) de Bush, etc.]aboutissent tous à une seule et même fin que résume ces mots : « L’Amérique aux Américains… du Nord ».

    Les interventions et les agressions des États-Unis dans le monde luso-hispanique au cours des deux derniers siècles se comptent, ne l’oublions pas, par centaines pour les majeures et par milliers pour les mineures. La bibliographie sur le sujet est considérable. On ne citera ici qu’un seul exemple : le travail encyclopédique de l’historien argentin Gregorio Selser, Chronologie des interventions étrangères en Amérique Latine [Cronología de las intervenciones extranjeras en América Latina, 4 tomes, México, CAMENA, 2010]. Ce livre, produit d’un dur labeur de trente ans, a permis de réunir et d’ordonner des milliers de fiches, chacune sur une intervention ou une agression étrangère dont 90 % a été le fait des États-Unis. Une œuvre qui, en raison de son ampleur, ne sera vraisemblablement jamais traduite en français.

    « La Russie est du mauvais côté de l’histoire » nous dit donc M. Obama. Comme une image vaut mieux qu’un long discours, j’invite le lecteur à observer quelques secondes la photo des quatre tomes de l’œuvre de Selser. La seule vue de ces énormes volumes permet de balayer bien des doutes sur la question et de replacer l’attitude de la diplomatie nord-américaine face à la crise ukrainienne dans sa correcte perspective.

    En matière d’intervention étrangère, à l’évidence la Russie de Poutine a des leçons à prendre outre-Atlantique.

    Arnaud Imatz (Cercle Aristote, 5 mars 2014)

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  • Ukraine : que pourrait faire la France ? ...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue équilibré de Bertrand Renouvin, cueilli sur son blog et consacré à la crise ukrainienne...

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    Ukraine : que pourrait faire la France ?

    Dans le débat français sur la crise ukrainienne, une question mériterait d’être privilégiée : que peut faire la France ? Ce souci est balayé par le discours dominant. Qui n’est pas pour Kiev est pour Moscou – et Paris se trouve naturellement dans le camp du Bien. Comme ce camp a fait beaucoup de mal, dans l’ancienne Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, en Libye… il est prudent de se garder des fausses évidences du manichéisme ambiant. Et si la France est approuvée par les arbitres du bon ton diplomatique, c’est en raison de son effacement. François Hollande répète ce que dit Barak Obama, s’en remet à la Commission européenne et laisse Angela Merkel discuter directement avec Vladimir Poutine.

    Plutôt que de remâcher cette nouvelle humiliation, il faut réfléchir à ce que pourrait faire la France, dès lors que, libérée de son oligarchie atlantiste, elle ferait exploser la zone euro et quitterait définitivement l’OTAN. Il ne s’agit pas de rédiger une feuille de route, ce qui impliquerait un cheminement au ras du sol, mais de regarder, avant tout engagement, la carte du monde. On voit la Chine, qui nous agresse commercialement, et les Etats-Unis en déclin. On voit aussi que la Russie ne nous menace en rien et l’on sait que l’Union européenne est moribonde. On se souvient que la pression islamiste se renforce sur l’Asie centrale et sur le Nord-Caucase et l’on constate que la Russie s’efforce de contenir la menace. Dès lors, la France pourrait construire un nouveau système d’alliances continentales, dans le cadre d’une confédération européenne respectant la souveraineté de ses Etats-membres.

    Cette nouvelle politique européenne viserait la réduction progressive des tensions en Europe à laquelle la France  contribuerait en incitant les Etats concernés à renoncer au bouclier anti-missiles américain  puis à quitter l’OTAN au profit d’une organisation européenne de sécurité. Cette politique d’apaisement et de sécurité collective impliquerait une coopération avec la Russie dans la lutte contre l’islamisme et, dans le même temps, un plan européen de développement économique et social conçu hors de la dogmatique ultralibérale, dans le souci de l’écologie générale du continent et des mers qui l’entourent.

    Si un gouvernement français s’était placé dans cette perspective, tracée par le général de Gaulle pendant la Guerre froide, il aurait été possible de favoriser le règlement de la crise ukrainienne. Il aurait fallu :

    Constater que l’insurrection kiévienne a engendré un pouvoir de fait qui a déchiré l’accord entre le président légal et les partis d’opposition et violé la Constitution en destituant Viktor Ianoukovitch et en supprimant la Cour constitutionnelle qui aurait dû se prononcer sur cette destitution.

    Exiger que ce pouvoir de fait ne signe pas de nouveaux traités et n’engage pas de discussion avec l’OTAN afin d’apaiser les craintes justifiées de la Russie – le projet d’accord entre l’Ukraine et l’Union européenne comportant des clauses de coopération militaire.

    Exiger le désarmement et la dissolution des partis nationaux-socialistes afin que la sécurité des personnes et les libertés publiques soient de nouveau garanties.

    Eviter que l’Ukraine ne tombe sous la coupe du FMI et ne subisse les effets désastreux d’une thérapie de choc en proposant à toutes les puissances européennes la mise en œuvre d’un plan d’urgence pour le financement et le développement de l’Ukraine.

    Prendre au mot le président de la Fédération de Russie qui a déclaré le 4 mars qu’il n’avait pas l’intention d’encourager les tendances annexionnistes, l’inciter à différer le référendum prévu en Crimée et les demandes de rattachement à la Russie de plusieurs villes d’Ukraine et soutenir sa proposition d’organiser la consultation de tout le peuple d’Ukraine en vue de l’adoption d’une nouvelle Constitution.

    Encourager les partis démocratiques d’Ukraine à se concerter pour organiser les élections législatives et présidentielles hors de toute pression extérieure – qu’elle soit américaine, allemande, polonaise,  russe – afin que le peuple ukrainien se donne librement de nouvelles institutions.

    C’est en étant libre de toute allégeance que la France aurait pu favoriser la paix en Europe.

    Bertrand Renouvin (Blog de Bertrand Renouvin, 12 mars 2014)

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  • Poutine = Staline ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 4 mars 2014 et consacrée à la crise ukrainienne et à la réaction de la Russie ...

     


    Poutine n'est pas Staline par rtl-fr

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  • La guerre des drones d'Obama...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Metamag et consacré à la guerre des drones et à ses conséquences...

     

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    Le changement de la guerre

    Cinq drones supplémentaires Falco seront opérationnels début avril en Afrique pour l'observation militaire dans la région des grands lacs où se sont repliés les ex-rebelles du Nord-Kivu, aux confins orientaux de la République démocratique du Congo (RDC). Capables d'opérer , de jour comme de nuit, de voler à 14.000 pieds (4.200 m), de tenir 12 heures en l'air, les drones sont devenus de véritables multiplicateurs de force. Ces drones seront non armés car ils participeront à la force de paix onusienne au Congo, au Soudan du Sud, où 7 500 casques bleus sont débordés par la guerre civile et en République centrafricaine où tout indique qu'une mission onusienne devrait remplacer, au printemps prochain, les forces africaines de la Misca. Les frais d'exploitation de ces cinq drones semblent plus que raisonnables: 15 millions de dollars pour cinq aérodynes et leur maintenance. Mais les drones sont loin d'être pacifiques !
    Le Washington Post a rapporté que les frappes de drones au Pakistan ont été "nettement réduites" à la demande du gouvernement pakistanais pendant que celui-ci poursuit des pourparlers de paix avec les Talibans. Le gouvernement américain a précisé qu’il continuerait d'effectuer des frappes contre des cibles d’Al-Qaïda. Pendant ce temps, les frappes de drones ont continué au Yémen où un missile tiré sur un convoi de mariage a tué 11 personnes au mois de décembre.
    C'est le 23 janvier 2009 que le président Barack Obama autorisait sa première frappe de drone. L’attaque, lancée contre un camp au nord-ouest du Pakistan, tua entre 7 et 15 personnes mais manqua le repaire Taliban que la CIA pensait alors viser. Au cours des cinq années suivantes, la CIA a effectué plus de 390 frappes de drone connues au Pakistan, au Yémen et en Somalie. (L’Agence a effectué 51 frappes de drone entre 2004 et 2009, durant l’administration Bush.) Il y a donc bien une montée en puissance spectaculaire de ce genre d'attaques. Obama y a même fait une brève référence dans son discours de janvier 2014 sur l’Etat de l’Union, assurant le Congrès qu'il avait imposé ''des limites prudentes sur l’usage des drones''. 
    Ce n’est pas la première fois que le président américain reconnait la nécessité d’une politique plus claire sur les bombardements par drones interposés, nouvelle forme de la guerre moderne et de l'interventionnisme américain appelée dans le jargon militaire la ''force létale''. En mai dernier, Obama faisait remarquer à l’Université de Défense nationale que "cette nouvelle technologie soulève de lourdes questions, à propos de qui est ciblé, et pourquoi". Les réponses fournies depuis restent toujours vagues. Effectivement, qui est réellement ciblé ? 
    Selon l’administration Obama, la force létale ne peut être utilisée que contre "Al-Qaïda et ses groupes affiliés". Or, officiellement, le gouvernement américain n’a identifié publiquement aucun groupe affilié à Al-Qaïda en dehors des Talibans ! L’examen des rapports des renseignements étasuniens couvrant la plupart des frappes de drone au Pakistan entre 2006 et 2008 et entre 2010 et 2011, montre que "les opérateurs de drone n’étaient pas toujours certains de qui ils tuaient, malgré les garanties du gouvernement sur l’exactitude des renseignements de ciblage de la CIA". Plus de la moitié des 482 personnes tuées entre septembre 2010 et septembre 2011 n’étaient pas des hauts dirigeants d’Al-Qaïda, mais furent "évalués" comme des extrémistes afghans, pakistanais ou inconnus. En fait, les drones n’ont tué que six hauts dirigeants d’Al-Qaïda au cours de ces mois-là. La ''force létale'' implique pour son usage "une menace imminente et continue envers des ressortissants étasuniens" mais les recommandations militaires du Pentagone précisent que les États-Unis doivent toujours être capables "d’agir en légitime défense dans des circonstances où il y a des éléments d’attaques supplémentaires imminentes, même s’il n’y a pas d’éléments spécifiques sur le lieu d’une telle attaque ou sur la nature précise de l’attaque." Cette très large définition - c'est le moins qu'on puisse dire ! - semble donc permettre à l’administration Obama de frapper n’importe quand. En dehors d’une liste de cibles à éliminer, un élément clé de la guerre des drones est aussi l’utilisation américaine des fameuses ''signature strikes'' — attaques autorisées contre des cibles affichant une "signature" terroriste, telle que "des camps d’entraînement et des enceintes suspectes". Le gouvernement américain a refusé jusqu'alors de reconnaître l’utilisation de ces "signature strikes" ou d’en discuter les justifications légales. La CIA déclare qu'elle ne dévoile pas les critères qu’elle emploie pour identifier une "signature" terroriste et nous la comprenons : il est particulièrement difficile de le faire par exemple au nord-ouest du Pakistan, où les militants et les civils peuvent s’habiller de la même manière, et où il est coutumier de porter publiquement une arme.
    Les Commissions du Congrès sur le renseignement surveillent le programme de drone. Cependant, leurs capacités à établir des limites sont sévèrement restreintes car le programme de la ''force létale'' est totalement classifié secret défense. Le gouvernement américain a systématiquement refusé de répondre aux demandes d’informations complémentaires de la part des législateurs. Par exemple, depuis 2011, 21 demandes de membres du Congrès sollicitant l’accès aux mémorandums du Bureau du conseil juridique qui fournissent les bases légales de l'usage des drones ont été refusées. Les ''frappes létales'' ne peuvent être réalisées seulement qu'avec "la quasi certitude que des non-combattants ne seront pas blessés ou tués". Cependant, les militaires américains comptent tous les individus masculins d’âge militaire tués par drones comme des militants. Le Bureau of Investigative Journalism estimait que le nombre total de victimes civiles depuis 2004 au seul Pakistan était passé de 416 à 951. Puis, se pose aussi la question de la frappe par des drones de citoyens américains. 
    En septembre 2011, Anwar Al-Awlaki, un pasteur né aux États-Unis et donc citoyen américain a été tué lors d’une frappe de drone au Yémen. Un mémo secret du département de la Justice a fourni la justification légale pour cibler un citoyen étasunien. Le mémo, obtenu par NBC News, estimait qu’il était légal d’utiliser la force létale dans un pays étranger contre un citoyen étasunien qui est un haut dirigeant d’Al-Qaïda ou d’un groupe affilié si un haut représentant a déterminé que l’individu posait une menace imminente, que sa capture était impossible, et que l’opération était compatible avec les lois de la guerre. Le mémo note que de tels assassinats de citoyens étasuniens sont justifiés à condition que les victimes civiles ne soient pas "excessives". Le fils de 16 ans d’Al-Awlaki, Abdulrahman al-Awalki, également citoyen étasunien, a été tué dans une frappe séparée deux semaines plus tard. Lorsqu’il fut interrogé sur les justifications légales de sa mort, Robert Gibbs, conseiller d’Obama et ancien porte-parole de la Maison Blanche, a répondu qu’Abdulrahman al-Awlaki "aurait dû avoir un père beaucoup plus responsable".
    En fait, de manière générale, les drones ont étendu la fluidité et l'indistinction au monde de la guerre. En somme, au Pakistan ou au Yémen, en Somalie ou au Sahel et demain dans la région stratégique des grands lacs, n'importe qui peut être attaqué par un drone, n'importe où et n'importe quand. Or, cette fluidité accélère le processus d'éparpillement des combattants. En fait, les attaques de drones amplifient la création de foyers de terrorisme diversifiés et autonomes, la dilution de la guerre, loin de toute stratégie clausewitzienne de concentration des forces. Le nouveau drone britannique de combat spectaculaire sélectionnera demain quasi automatiquement et de manière autonome ses cibles. Ce sera en fait le premier avion de chasse robot. Enfin, parce que les médias sans doute ne nous le diront pas, il faut savoir qu'à huis clos, le Congrès américain vient de voter l’autorisation d’armer de ''force létale'' Al Nosra (Al Quaïda) en Syrie. Là encore, on notera la double fonction permanente et militaire d'Al Qaeda : à la fois, épouvantail et en même temps, collaborateur, plus ou moins conscient, plus ou moins instrumentalisé par le service de l'intendance des armuriers américains.

    Michel Lhomme (Metamag, 13 février 2014)

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