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Sur le militarisme américain...

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur Europe solidaire et consacré au dispositif militaire déployé par les Etas-Unis dans le monde en ce début d'année 2015...

 

 

 

Le militarisme américain dans le monde

Le budget militaire américain pour l'armée et les opérations militaires représente 661.29 milliards de dollars en 2014, soit plus de 1.8 milliard de $ par jour ou près de 21.000 $ par seconde. Cela représente 17.3 % du budget américain et plus de 4% du PIB, ce qui en fait le premier budget militaire du monde.

Qui finance ce budget? En principe, ce sont les contribuables américains et ceux des pays alliés. En fait, ce sont surtout ces mêmes alliés et le reste du monde, dans le cadre du système décrit par le livre de Pierre Jovanovic, 666. La banque fédérale de réserve émet des dollars pour acheter les bons du trésor destiné à couvrir les dépenses de l'Etat. Mais ce sont les épargnants du reste du monde qui achètent ces bons du trésor en dollar, n'ayant pas jusqu'à ce jour de perspectives permettant de placer en toute sécurité leur épargne. Jusqu'à quand durera ce système de Ponzi? Il s'agit d'une autre question.

En décembre 2014 le président Obama a envoyé une lettre au speaker de la Chambre, John Boehner, précisant les les théatres d'opérations et les forces correspondant à ce budget militaire (1).

Cette information correspond à une obligation faite au président, depuis 1973 et le retrait du Viet-Nam, d'informer le Congrès du déploiement des forces américaines engagées dans des opérations combattantes (War Powers Resolution (Public Law 93-148). On notera que ce décompte n'inclut pas les différents opérations, officielles et plus souvent « covert », assurées par la CIA, un grand nombre d'ONG travaillant pour elle et d'autres agences, ainsi que les très nombreux mercenaires militaires financés sur des budgets inconnus, même des parlementaires. Ce sont de tels mercenaires qui, pour le compte des Etats-Unis, mènent aujourd'hui la guerre en Ukraine contre les « séparatistes ».

La lettre d'Obama mentionne un nombre d'opérations bien supérieur à celles connues du grand public, en Afghanistan et dans le conflit Iraq-Syrie. Le décompte inclut en effet le déploiement de troupes américaines dans des zones dites « non combat » ainsi que les manœuvres communes avec les alliées des Etats-Unis, au sein de l'Otan ou dans le Pacifique. A tous moments, de telles zones de non combat peuvent se transformer en zones de combat, ce que le Congrès, les médias et le public ne découvrent qu'avec retard.

La carte jointe montre les différentes zones où sont déployés les moyens militaires américains (source WSWS). Elle ne comprend pas les pays du continent américain proprement dit, l'Amérique du Nord et les Amériques centrale et du Sud. Celles-ci relèvent des Northern et Southern Commands, Pour le reste du monde, trois « commandements » sont en charge, l'Africa Command, le Central Command et le Pacific Command. Nous n'examinerons ici que les opérations et implantations relevant du Central Command au Moyen-Orient. Mais le même exercice s'imposerait dans les zones Europe, Afrique et Asie où sont déployés des forces américaines de plus en plus importantes.

Le Moyen Orient

Le document de la Maison Blanche indique que, dans cette partie du monde, c'est la « guerre globale contre la terreur » présentée comme conduite par Al Qaida, que justifie les opérations américaines. Un examen de détail montre qu'il n'en est rien. Ainsi une partie des opérations conduites au Moyen-Orient visent en fait à combattre Bashar al Assad en Syrie, considéré comme un allié de la Russie. La présence américaine vise aussi à contenir l'influence de l'Iran, également considérée comme alliée de la Russie, tout en évitant que Bagdad ne se rapproche de l'Iran.

En Afghanistan malgré l'annonce d'un retrait officiel, plus de 10.000 agents militaires et civils relevant de l'US Central Command semblent destinés à y rester un temps indéterminé. Dans ce cadre, les troupes américaines continuent à emprisonner et « interroger » un grand nombre de prisonniers provenant des Etats voisins, dont le tort semble-t-il n'est pas de servir Al Qaida mais de s'opposer aux visées économiques américaines dans la zone.

Les 3.100 hommes déployées dans le cadre de la coalition internationale censée lutter contre Daesh conduisent certes des opérations terrestres et aériennes semblant avoir eu une certaine efficacité, ce dont personne ne se plaindra. Mais comme toujours en ce cas, ils mènent des opérations « covert » sur demande de la Turquie, des Etats du Golfe et sans doute d'Isral. Au Yemen, les interventions américaines se déployant dans un Etat ayant perdu toute autorité visent à protéger et étendre les intérêts américains. Il n'est pas exclu que ceci ne débouche sur une vraie guerre civile. En Jordanie, prétendument à la demande du Roi Abdullah, totalement manipulé, l'armée américaine a mis en place des missiles Patriot, des moyens aériens et 1.700 hommes. Quel ennemi potentiel visent exactement ces moyens?

En ce qui concerne la présence de l'US Army dans les Etats pétroliers du Golfe, elle est beaucoup plus massive et en place depuis longtemps: 2.500 hommes au Qatar, ainsi qu'une base aérienne, le quartier général de la 5e flotte à Bahreïn, 2.500 militaires dans la base d'Eskan en Arabie saoudite. L'aviation et la marine de guerre américaines utilisent aussi des bases à Oman et dans les Emirats. Comme il ne s'agit pas officiellement de zones de combat, le document remis par Obama au Congrès ne mentionne pas ces moyens. Enfin plusieurs centaines d'hommes sont basés dans le Sinaï, avec l'accord d'Israël et semble-t-il de l'Egypte.

On imagine la réaction belliqueuse des Etats Unis si la Russie avait mis en place le 10e de ces moyens dans des régions qui intéressent tout autant, sinon plus, ses intérêts vitaux que ceux des Etats-Unis.

Jean Paul Baquiast (Europe solidaire, 3 janvier 2015)

Note :

1) Letter from the President -- Six Month Consolidated War Powers Resolution Report
http://www.whitehouse.gov/the-press-office/2014/12/11/letter-president-six-month-consolidated-war-powers-resolution-report

 

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