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montherlant - Page 2

  • Oui, le style, c'est l'homme !

    Nous reproduisons ci-dessous un texte d'Alain de Benoist, paru initialement en 1978 dans le Figaro Magazine, et repris dans l'ouvrage intitulé Au temps des idéologies à la mode (Les Amis d'Alain de Benoist, 2009).

     

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    OUI, LE STYLE, C’EST L’HOMME !

     

    Il fut un temps où Paris donnait le ton. Cette mode était une grande chose. Puis les modes se sont succédé de plus en plus rapidement, devenant souvent de plus en plus absurdes. Et finalement, la mode a été qu'il n'y ait plus de mode du tout. On a commencé à s'habiller n'importe comment (c'était plus pratique), en même temps qu'on s'habituait à dire n'importe quoi et à penser avec n'importe qui. Les fabricants de salopettes ont réussi là où d'autres occupants avaient échoué : à mettre tout le monde en uniforme. Que ce soit à la radio, à la télévision ou ailleurs, la vulgarité semble être devenue la règle.

    C'est le règne du « treizième César », ce despote dont l'un des traits, disait Montherlant, est « la volonté de dégradation systématique des caractères et le détraquage systématique des esprits ». « La domination mondiale de l'imposture, et la facilité avec laquelle elle s'est imposée, grâce au snobisme né de l'abaissement de l'intelligence, écrivait-il encore, sont des nouveautés aussi importantes dans l'histoire de l'humanité que les inventions atomiques ». Déjà avant la guerre, Montherlant s'en prenait à la « morale de midinettes ». Mais c'était encore une morale – et il n'y a plus de midinettes. On est descendu plus bas.

    Qu'on ne vienne surtout pas parler de manières de classe ou de mœurs de salon ! C'est dans les salons, précisément, qu'on se met en dégueulasse. Ce n'est jamais le peuple qui a donné l'exemple du laisser-aller, mais la plèbe dorée des petits marquis pour qui le « populaire » est un alibi commode pour se laisser glisser sur la planche de leurs instincts. D'ailleurs, une classe, cela peut se dépasser de deux façons : par le haut ou par le bas. Par l'aristocratisme ou par la chienlit. N'oublions pas Flaubert : « J'appelle bourgeois quiconque pense bassement ». Voilà les barrières de classes enfoncées !

    Le laisser-aller, qu'il soit vestimentaire ou intellectuel, n'est à la vérité qu'une des formes de la régression. Ce laisser-aller, sous prétexte que c'est plus « simple » ou plus « pratique », revient à perdre toute forme. Or, le but de la vie, c'est de se donner une forme – et subsidiairement d'en donner une au monde. La distinction, elle aussi, vise à donner une forme. C'est une catégorie de l'être, plus encore que du paraître. Qui nous donnerait une forme si nous ne nous en donnions nous-mêmes ?

    On parle beaucoup des droits de l'homme ces temps-ci. On parle moins de ses devoirs. Cela a choqué Soljénitsyne, qui en parlait en juin dernier dans son discours de Harvard. La vérité est qu'on a des droits en proportion qu'on a des devoirs. Ni plus ni moins. Et parmi les devoirs de l'homme, il y a celui d'en être un, c'est-à-dire de ne pas déchoir, de ne pas tomber en dessous de sa condition. L'homme est né d'un singe redressé. Il ne lui vaut rien de se remettre à quatre pattes. Il gagne par contre beaucoup à se redresser encore. On a sans doute le droit de refuser les contraintes des autres. Mais à condition d'être capable de se contraindre soi-même.

    La conviction qui agite secrètement les sociétés modernes, c'est qu'au fur et à mesure que la vie devient plus « facile », l'effort devient inutile. C'est en réalité l'inverse. L'effort change seulement d'objet. Plus il y a d'éléments sur lesquels nous pouvons agir, plus il nous faut d'énergie pour les mettre en forme. La volonté, non l'espérance, est une vertu théologale. C'est aussi l'une des formes de la possession de soi, laquelle en italien se dit maestria.

    Le style, c'est l'homme : vieille formule. Iversen, le héros de La ville, roman d'Ernst von Salomon, déclare : « Peu importe ce qu'on pense ; ce qui compte, c'est la façon de penser ». Propos à peine paradoxal, mais qu'une certaine classe d'hommes (une classe qui n'a rien à voir avec la lutte des classes) aura toujours du mal à comprendre. L'engagement et la manière de s'engager, la lettre et l'esprit, le physique et le moral : c'est tout un. Aucun « préjugé » là-dedans : on est aussi ce qu'on paraît être.

    Il y avait une chanson de Jacques Brel (« Voilà que l'on se couche, de l'envie qui s'arrête de prolonger le jour… ») dont le refrain était : « Serait-il impossible de vivre debout ? » Le poète Brel est-il mort au moment où de tels mots ne pouvaient plus se chanter ? On se le demande. C'est que les gens qui ne se respectent pas sont trop souvent vainqueurs des autres. Quelques années avant de se donner la mort – à la façon des vieux Romains –, Montherlant écrivait à propos du préfet Spendius, héros d'un roman que nous ne connaîtrons jamais : « Spendius feint de se tuer parce qu'il est atteint d'un mal inguérissable, et il se tue parce que c'est sa patrie qui est inguérissable ».

    Alain de Benoist (Le Figaro magazine, 14 octobre 1978)

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  • Autour du cinéma...

    Animée par un groupe d'étudiants messins aimant le bon boire, le bien manger et la littérature, la revue Livr'arbitres sort son troisième numéro avec un dossier consacré au cinéma. On pourra aussi y lire une nouvelle de Serge Ayoub, l'auteur de Conte Barbare (éditions Le retour aux sources).

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    Au sommaire :

     

    Entretien avec Philippe Alméras

    « Montherlant se voulait un artiste “totaliste”, il voulait exprimer le haut comme le bas»

     

    DOSSIER « AUTOUR DU CINÉMA »

    • Le cinéma sous l’occupation au prisme du regretté Louis Védrines

    • L’actualité rebatienne au coeur du débat par Gilles de Beaupte des Études rebatiennes et Pascal Manuel Heu, critique et historien du cinéma

    • Les erreurs et négligences d’un vieux cinéphile : Jean Tulard

    • L’irréductible Éric Rohmer : Hommage Portrait et souvenir de Pierre Gripari par Anne Martin-Conrad et Alain Paucard

     

    Des écrivains dans la polémique : Brigneau, Zemmour et Duteurtre

     

    Que lire? Version Francis Bergeron

     

    La semaine, nouvelle inédite de Serge Ayoub

     

     

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  • Montherlant - Une vie en double

    Déjà auteur de plusieurs essais sur Céline ainsi que du Dictionnaire Céline paru aux éditions Plon, mais aussi de plusieurs études historiques assez décapantes sur la période de Vichy, Philippe Alméras vient de publier une biographie d'Henry de Montherlant aux éditions Via Romana, intitulée Montherlant - Une vie en double. Un ouvrage qui viendra, sans nul doute, compléter, et corriger, le Montherlant sans masque de Pierre Sipriot, sorti en 1990.

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    "Première biographie intégrale de Montherlant, cette étude récapitule toutes les données disponibles à ce jour notamment le témoignage d'Elisabeth Zehrfuss, amie de l’écrivain qui vient de disparaître à l'âge de cent un ans. Elle avait non seulement conservé toutes les lettres reçues de lui mais tenait un journal où son grand homme tint une place prépondérante.

       Rien n'est occulté ici de la vie de celui qui de la Villa Saint Ferdinand de Neuilly au Quai Voltaire en passant par l'Espagne et l'Afrique est resté jusqu'à la fin des fins obstinément fidèle à son adolescence. Se partageant entre une carrière publique soigneusement conduite et une vie privée jalousement protégée, voici l'homme des couloirs séparés. Celui qui reçoit les visiteurs dans la pièce aux statues donnant sur les Tuileries côtoie celui qui note sur le vif les données de la rue que la nuit et le travail transforment en poèmes ou en scènes dramatiques avec un incroyable naturel d’attitudes contradictoires. Après sa mort, de prétendues "révélations" ont endommagé quelque temps la figure de celui qui avait eu le tort de se confier à un indiscret professionnel, Roger Peyrefitte. Par-delà la caricature, on s'aperçoit qu'il suffit de lire attentivement Montherlant pour savoir ce qu'il en est. Il s'est exprimé à travers ses Carnets et une œuvre multiforme dont la richesse thématique est révélatrice. Colette parlait de ses "secrets de polichinelle". Montherlant sut tout dire ou presque sans être scandaleux. C’est là sans doute un exemple à suivre."

    L'auteur

       Né à Paris, Philippe Alméras, a mené une partie de sa carrière universitaire aux États-Unis, où il a entamé ses recherches sur les permanences de l’œuvre célinienne. Cette traversée du miroir l'a conduit à questionner les destinées de Philippe Pétain à Vichy et Charles de Gaulle à Londres. Il a notamment publié chez Robert Laffont un Céline. Entre haines et passion (1993) qui fait désormais autorité et un copieux Dictionnaire Céline chez Plon (2004).

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  • La Reine morte

    Ceux qui auraient raté la superbe adaptation de la pièce de Montherlant, La Reine morte, lors de sa diffusion à la télévision au printemps, peuvent se rattraper en se procurant le DVD, qui sera édité par Citel Vidéo et sortira en novembre. Le réalisateur Pierre Boutron est servi par un Michel Aumont extraordinaire dans le rôle du roi Ferrante.

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    "On peut avoir de l'indulgence pour la médiocrité qu'on pressent chez un enfant. Non pour celle qui s'étale dans un homme."
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