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michel geoffroy - Page 13

  • Macron choisit la stratégie de la tension...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la stratégie d'affrontement avec les gilets jaunes décidée par le président de la république. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    Gilets Jaunes : Macron choisit la stratégie de la tension

    Le « tournant social » du quinquennat, vanté par les médias de propagande, n’aura finalement duré qu’un court instant : environ un quart d’heure le 10 décembre 2018, lors de l’allocution d’Emmanuel Macron destinée à tenter d’éteindre la mobilisation des Gilets Jaunes. Le temps d’un nouvel enfumage politico-médiatique puisque les mesures annoncées finiront bien par être financées par… la classe moyenne.
    Aujourd’hui l’heure est à la stratégie de la tension, c’est à dire à l’affrontement avec les Gilets Jaunes et ceux qui les soutiennent.

    Changement de style, durcissement politique

    Avec ses vœux de nouvel an, le président de la république a changé de posture, au sens propre comme au figuré.

    Le 10 décembre, il appuyait ses mains sur une table – comme on s’accroche à une bouée de sauvetage – le visage crispé et les yeux fixés sur le prompteur. On sentait qu’il faisait des efforts pour paraître social.

    Mais le 31 décembre, il se tenait au contraire debout, agitant ses mains, volubile : c’était le vrai Macron qui parlait cette fois.

    Un changement de style significatif : Emmanuel Macron a finalement fait le choix de l’affrontement avec ceux qui contestent son action. Cela s’appelle la stratégie de la tension.

    Fuck le peuple !

    Les sondages d’opinion montrent que le président de la république n’a toujours pas regagné la confiance des Français [1] ?
    Mais qu’est ce que cela change pour lui, finalement ?

    Son mandat présidentiel dure jusqu’en 2022 et il peut s’appuyer sur les solides institutions de la Vème république. Il bénéficie en outre d’une « majorité » de godillots à l’assemblée nationale qui vote tout ce qu’il veut. Mais il peut aussi s’appuyer sur les médias, sur le pouvoir judiciaire, sur l’appareil d’Etat, sur les lobbies qui n’existent pas et sur l’abstention des syndicats.

    Alors fuck le peuple !

    Et d’ailleurs, c’est qui le peuple français ? Emmanuel Macron s’est interrogé à son propos lors de ses vœux : Parler au nom du peuple ? Mais « lequel ? d’où ? comment ? ». Une façon de dire que le peuple concret n’existe pas pour lui.

    Emmanuel Macron préfère en effet invoquer des concepts abstraits : la république, l’ordre, les valeurs, la démocratie. Et surtout il préfère le peuple élu par l’oligarchie : celui des banlieues de l’immigration.

    Accélérons la cadence !

    Les Français espéraient que son impopularité conduirait le président à mettre ses « réformes disruptives » en sourdine ?

    Las, le porte-parole du gouvernement a tenu à nous déniaiser : « Le Président est revenu sur trois reproches qu’il nous faut entendre: le fait que les choses n’aient pas réellement changé pour beaucoup de nos concitoyens […], le fait qu’il est indispensable de redonner du sens dans un monde où il faut lutter pour ne pas céder à l’immédiateté du moment, et le fait que nous devons aller encore plus loin dans le changement, et être plus radicaux dans notre manière de faire » [2].

    Traduisons : le président estime avoir répondu le 10 décembre aux revendications des Gilets Jaunes. Donc il est temps de revenir à l’essentiel : amplifier les « réformes ».
    Emmanuel Macron n’abandonnera donc pas le mandat immigrationniste, européiste et libre-échangiste que lui a donné la Davocratie, le seul qui compte vraiment à ses yeux.

    Tel le commandant du Titanic, il décide d’augmenter la vitesse malgré les icebergs…
    En navigation c’est de l’imprudence. En politique c’est de la radicalisation.

    Le diable s’habille en gilet jaune

    Le 27 novembre, Emmanuel Macron affirmait entendre la colère des gilets jaunes. Le 10 décembre il nous prenait même à témoin de la misère sociale qu’il avait découverte en France.

    Mais, le 31 décembre, il ne voyait plus que « les porte-voix d’une foule haineuse [qui] s’en prennent aux élus, aux forces de l’ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels ».

    Et à l’issue du conseil des ministres du 4 janvier dernier, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Grivaux, reflet de la pensée jupitérienne, estimait d’ailleurs que « le mouvement dit des Gilets jaunes est devenu pour ceux qui restent mobilisés un mouvement d’agitateurs qui veulent l’insurrection et renverser le gouvernement ».

    Après la peste brune que le ministre Darmanin ou BHL affirmaient avoir vu défiler (en jaune donc…) sur les Champs Elysées, après les factieux ou l’ultra-droite que dénonçait le ministre de l’Intérieur, après les beaufs poujadistes et factieux de Jean Quatremer, voici le temps des insurgés qui veulent renverser le gouvernement !

    C’est clair : pour le pouvoir, désormais, le diable s’habille en gilet jaune.

    La stratégie de la tension à l’ordre du jour

    Cette sémantique belliqueuse n’est pas neutre : elle traduit la mise en œuvre consciente d’une stratégie de la tension, orchestrée par le pouvoir et ses soutiens depuis le mois de décembre et qui s’amplifie d’une façon inquiétante.

    Globalement, la mobilisation des Gilets Jaunes est restée bon enfant à l’échelle du pays.

    Mais les médias de propagande nous ont pourtant servi en boucle des images de violences sporadiques pour diaboliser le mouvement, en l’associant systématiquement aux casseurs, comme lors du saccage de l’arc de triomphe le 1er décembre par exemple.

    L’amalgame est devenu la règle. Car, à la différence des violences qui embrasent périodiquement nos charmantes banlieues défavorisées, ou des nuits de la St Sylvestre, le pouvoir et les médias ne diffusaient cette fois aucun des habituels discours d’excuse bisounours.

    Le pouvoir a eu en effet une attitude trouble vis-à-vis de ces violences. Officiellement, il les condamnait, mais, officieusement, il s’en réjouissait. Quand il ne les provoquait pas indirectement par l’attitude agressive de certaines forces de l’ordre, comme si elles voulaient pousser des manifestants à la faute.

    La même stratégie est aujourd’hui appliquée quand les médias donnent la parole au moindre excité invoquant la perspective d’un soulèvement populaire : on nous refait, comme sous François Hollande, le coup de la guerre civile !

    Le but est non seulement de jeter le discrédit sur un mouvement qui reçoit, aujourd’hui encore, un large soutien populaire, mais aussi de détourner l’attention sur les revendications portées par les gilets jaunes. Et de diffuser au surplus la peur dans le pays.

    Salauds de pauvres !

    Les Gilets Jaunes peuvent bien multiplier les manifestations de sympathie naïve à l’égard des forces de l’ordre.

    Cela ne les préserve pas de la répression politique qui s’abat désormais sur eux au nom de l’état de droit. Emmanuel Macron les a d’ailleurs avertis clairement lors de ses vœux : « L’ordre républicain sera assuré sans complaisance ».

    On apprend ainsi que 219 personnes auraient été incarcérées entre le 17 novembre et le 17 décembre 2018, selon les chiffres du ministère de la Justice. Et que sur 4.500 personnes au total placées en garde à vue, seuls 825 dossiers ont été classés sans suite.

    Comme le remarque benoîtement RTL « un chiffre record, inédit dans le cadre d’un mouvement social » [3].

    Inédit en effet, dans un pays où les délinquants multirécidivistes, les fichés S, les racailles de banlieue ou les casseurs d’extrême-gauche bénéficient depuis des années de la clémence, pour ne pas dire plus, des pouvoirs publics.

    Pas de complaisance pour ces salauds de Français pauvres !

    Pas de pitié pour la France périphérique !

    Vis-à-vis de la France périphérique, la ligne est désormais tracée : pas de complaisance, répression !

    Et comme il ne s’agit que de Français natifs, on n’a pas à se gêner. Fiorina n’aura pas le soutien des pleureuses médiatiques dont a bénéficié Théo !

    Aux interpellations préventives et aux gardes à vue de gilets jaunes, aux gaz lacrymogènes, aux tirs directs, aux canons à eau pour disperser des manifestants pacifiques, aux blindés dans les rues et aux fractionnements policiers des cortèges en usage depuis les manifestations de décembre, s’ajoutent désormais les directives données aux préfets d’évacuer les lieux occupés par les manifestants et la multiplication des poursuites et des condamnations : là contre des journalistes de La Charente Libre, là contre un manifestant qui aurait crié  guillotine à l’encontre d’un député LREM parce qu’on « est face à une remise en cause des fondements de la démocratie » selon un procureur de la république [4], là contre Eric Drouet.

    Si on était en Russie ou en Iran, on crierait à la dictature et à la violation des droits humains. Mais en France, on appelle cela du maintien de l’ordre républicain. Nuance.

    Le pouvoir s’entraîne à la répression

    Avec les Gilets Jaunes, La République en Marche et ses idiots utiles sont devenus le parti de l’ordre. Mais de l’ordre progressiste bien sûr, puisque que le camp du bien est au pouvoir. Les méchants ce sont donc les autres et il faut les punir d’être méchants.

    Mais il ne faut pas s’y tromper.

    Alors que se profilent les élections européennes, les Gilets Jaunes expérimentent à leurs dépens ce que le pouvoir peut mettre en œuvre demain contre toute autre dissidence politique. Un pouvoir qui s’habitue dangereusement à la répression.

    Diabolisation, amalgame, censure, intimidation, judiciarisation : le pouvoir gouverne mal mais, en 2019, il saura se défendre !

    Michel Geoffroy (Polémia, 7 janvier 2018)

     

    Notes :

    [1] Pour63% des personnes interrogéesEmmanuel Macron devra retrouver en priorité «la confiance et de la crédibilité auprès des Français» et «prouver qu’il est parvenu à baisser les impôts et à améliorer le pouvoir d’achat» (55%) . Seuls 25% se disent «satisfaits» de l’action du gouvernement depuis l’élection d’Emmanuel Macron, soit 15 points de moins qu’en avril 2018. (enquêteOdoxa-Dentsu Consulting Le Figaro/France Info des 2 et 3 janvier 2019)

    [2] A l’issue du conseil des ministres du 4 janvier 2018

    [3] RTL du 3 janvier 2019

    [4] RT le 3 janvier 2019

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  • Dix courtes observations sur le mouvement des Gilets Jaunes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la révolte des Gilets jaunes. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

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    Dix courtes observations sur le mouvement des Gilets Jaunes

    1/ C’est un mouvement populaire spontané, qui a utilisé les réseaux sociaux pour se développer (« jacquerie numérique ») et qui s’est répandu dans le pays en contournant les structures institutionnelles (élus, partis, syndicats, médias), lesquelles n’ont d’ailleurs rien vu venir puisqu’elles sont précisément coupées de la majorité de la population

    2/ C’est un mouvement avant tout Français de souche, qui sont les vrais « défavorisés » d’aujourd’hui (et non pas les banlieues de l’immigration ou les « migrants » comme on nous le fait croire en permanence). Une réalité qui vient de percer le mur de la propagande officielle

    3/ Le port du gilet jaune a été un génial symbole de ralliement : rendre visibles précisément ceux que le Système ne veut pas voir car il préfère les Autres aux Nôtres. Le Jaune devient le « symbole de la pauvreté européenne » car il est repris un peu partout désormais. Le Gilet jaune symbolise aussi l’Etat intrusif dans la vie des gens (la « sécurité routière ») mais qui se montre incapable de garantir le Bien Commun. Enfin le mode d’action initialement choisi (le blocage filtrant) constitue une réponse ironique au discours des élites sur les bienfaits de la mobilité permanente

    4/ Le mouvement a obtenu un large soutien de l’opinion (70%) dans la durée, malgré les différentes opérations de diversion et de diabolisation orchestrées par le gouvernement. Un soutien qui est sans commune mesure avec celui dont bénéficie la classe politique, largement démonétisée, et principalement Emmanuel Macron qui est devenu rapidement un symbole d’exécration nationale dans des proportions sans précédent sous la Vème république et dont il aura bien du mal à se relever

    5/ Ce mouvement est la revanche politique des perdants de « la mondialisation heureuse » et que pour cette raison on regardait avec mépris (tant à gauche qu’à droite) : car ces « gens de rien » viennent par leur mobilisation dans la durée (22 jours à la date du 8 décembre 2018) de faire reculer le gouvernement des winners et d’ébranler sérieusement le quinquennat de Macron. Tout cela étant obtenu sans aucun soutien des médias, de la classe politique ou des syndicats (à la différence de mai 1968)

    6/ Les Gilets Jaunes expriment des revendications larges qui, malgré ce que veulent nous faire croire les médias de propagande, dépassent la seule problématique du « pouvoir d’achat » et touchent par exemple la politique sociale, les migrations, les institutions, la sécurité etc… Ces revendications traduisent une maturité politique certaine et surtout une remise en cause globale des politiques mises en œuvre depuis 30 ans.

    7/ Le mouvement des Gilets Jaunes illustre que la révolte des élites, ouverte il y a 30 ans avec la chute de l’URSS, est désormais terminée en Occident et que lui succède maintenant le temps de la révolte des peuples. Le temps où les élites pouvaient révolutionner la société à leur profit en toute impunité -symbolisé par l’arrogance de la présidence Macron -s’achève en France en 2018

    8/ Avec le mouvement des Gilets Jaunes, les classes moyennes et populaires ont retrouvé le sens de l’action politique et le sens du commun,que le Système cherchait avant tout à détruire pour asseoir sa domination, en promouvant partout un individualisme destructeur de toute solidarité. Elles ont retrouvé le sens de la fraternité dans la lutte et cela aura de grandes conséquences pour l’avenir.

    9/ Le mouvement des Gilets Jaunes a montré clairement qui en France était du côté du peuple et qui était du côté de la Davocratie. Le fait que les manifestants se soient opposés aux journalistes mainstream est significatif de cette prise de conscience. L’abstention des syndicats dans la révolte des Gilets Jaunes -qui a pour le moment empêché toute contagion nationale de la révolte – les place aussi clairement du côté du pouvoir. De même que la grande timidité des partis institutionnels vis-à-vis du mouvement. Cela se traduira dans les futurs scrutins

    10/ Même si, comme il est probable, le mouvement des Gilets Jaunes va s’essouffler à l’approche des fêtes de Noël, Emmanuel Macron va se trouver dans une impasse politique durable: soit il répond à la demande sociale des Gilets Jaunes et il ira à l’encontre des exigences de la Davocratie pour lesquelles il a été élu : il risque alors de perdre son soutien. Soit il n’y répond pas -ou s’efforce de gagner du temps jusqu’aux élections européennes- et il court le risque d’une reprise accentuée du mouvement en 2019. Soit il s’engage dans le tout répressif au nom de « la défense de la république contre les factieux » et il ouvrira alors un processus à l’issue imprévisible, alors qu’une large majorité de Français soutient les Gilets Jaunes.

    Michel Geoffroy (Polémia, 10 décembre 2018)

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  • Nouvelle lutte des classes, nouvelle donne politique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'analyse des causes profondes  de la révolte de la France populaire. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    Nouvelle lutte des classes, nouvelle donne politique

    La lutte des classes n’a pas disparu avec la chute de l’URSS et du communisme en Europe. Elle réapparaît. Une nouvelle lutte des classes s’est en effet installée en Occident qui oppose les nouvelles élites qui veulent révolutionner la société à leur profit – c’est « la révolte des élites » qu’avait prophétisée Christopher Lasch [1]– aux peuples qui aspirent au contraire à la stabilité, au maintien de leurs traditions, de leur identité et de leur culture – soit tout le contraire de la valorisation du bougisme, du « changement » et de la « mobilité », vantés par les nouvelles élites.
    Cette nouvelle lutte des classes résulte donc de l’inversion du schéma révolutionnaire tel qu’on le concevait depuis la fin du 19ème siècle : la révolution des sociétés provient aujourd’hui des élites [2] et non plus des « masses ».

    La nouvelle lutte des classes se concrétise par une fracture économique, sociale , politique et culturelle croissante, notamment en France

    Cette nouvelle lutte des classes oppose, d’un côté, « la France périphérique » en voie de paupérisation, de marginalisation, et de remplacement dans son propre pays.

    Car les élites – qui se sont protégées et se sont coupées des peuples en créant de nouvelle frontières intérieures du fait de la privatisation et de la réduction constante de l’espace public – mettent les peuples en insécurité économique (du fait du chômage de masse conséquence du libre-échangisme mondialiste [3]), en insécurité sociale (du fait de la déconstruction de toute l’histoire sociale européenne au nom du néo-libéralisme) et en insécurité culturelle et identitaire (du fait du Grand Remplacement migratoire , de l’Islamisation et de la déconstruction « sociétale » [4] des mœurs).

    Au plan politique, cela se traduit par la marginalisation du peuple dans les démocraties occidentales, qui pour cette raison sont de moins en moins démocratiques  (abstention électorale élevée, absence de recours au référendum, vote pour des partis qui sont diabolisés et donc peu représentés au Parlement etc… ).

    Avec le rejet du populisme, les élites ont d’ailleurs théorisé leur volonté de marginalisation du peuple et cela explique pourquoi le régime politique devient toujours plus oligarchique [5].

    Cette insécurité est le produit fatal de l’idéologie des nouvelles élites : le libéralisme libertaire et cosmopolite (mondialiste).

    Une idéologie destructrice de toute société : « La société n’existe pas » disait Mme Thatcher. Le libéralisme libertaire ne connaît que des individus calculateurs et pourvus de droits-créances contre la société. Cette idéologie se concrétise dans le mythe de la « société ouverte [6]», utopie inventée par Karl Popper qui signifie en réalité l’implosion programmée de la société traditionnelle [7], mais au seul profit des nouvelles élites et notamment des grandes firmes mondialisées et de leurs dirigeants.

    Et, de l’autre, des élites économiques,  financières, culturelles, médiatiques et politiques qui vivent dans un monde protégé et qui ont tendance à s’enrichir toujours plus.

    Comme le déclarait le milliardaire Warren Buffet : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait mais c’est ma classe, la classe des riches qui la mène et nous sommes en train de la gagner » [8]

    Parce que ces élites pratiquent sur une grande échelle le « socialisme des riches » (Joseph Stiglitz) : privatiser les profits (notamment en application du « consensus de Washington » qui ouvre la voie à la privatisation des biens publics et à la dérégulation économique et financière dont profitent avant tout les plus riches) mais socialiser les charges et les pertes (comme on l’a vu lors de la crise financière de 2008). Et parce qu’elles ont développé leur « industrie de défense des revenus » au plus haut niveau depuis les 30 dernières années : principalement en échappant à la pression fiscale (grâce à la faible taxation des revenus du capital).

    Ce qui se traduit par une augmentation rapide des inégalités sociales en Occident, à rebours de ce qui s’est produit durant les Trente Glorieuses.

    En effet dans une économie mondialisée et dérégulée les anciens paradigmes de la « science économique » sont de moins en moins opérants :

    • L’effet de « ruissellement » fonctionne de moins en moins car la richesse ne se réinvestit plus nécessairement dans le pays d’origine (mais plutôt dans des pays plus riches ou dans des paradis ou des niches fiscales comme le financial art par exemple).

    • Le fordisme devient obsolète : on n’a plus besoin de bien payer ses salariés, car on peut les remplacer par des ouvriers et des consommateurs Chinois, Indiens et demain peut-être, par des robots ou des Africains.

     Ces nouvelles élites correspondent au phénomène décrit [9] sous l’expression « super classe mondiale ». C’est-à-dire l’apparition en Occident d’un pouvoir économique et financier, hors sol, qui monopolise la richesse, qui s’est affranchi de la souveraineté des Etats et qui prescrit des normes politiques et sociales en dehors de toute régulation démocratique. Et qui se croit « élu » pour imposer sa « gouvernance » au monde et aux peuples.

    A la différence de l’ancienne lutte des classes, les nouvelles élites n’ont plus peur des peuples depuis la chute du communisme

    C’est pourquoi elles ont perdu toute décence commune à son égard, comme en témoignent par exemple les propos d’Emmanuel Macron lorsqu’il évoque les Français pauvres (les gens de rien) ou de François Hollande se gaussant des « sans-dents ».

    D’autant que, avec l’immigration, les élites se sont fabriquées un peuple de rechange, qui constitue sa réserve électorale (notamment celle de la nouvelle gauche).

    De fait, aujourd’hui, les immigrants se trouvent donc objectivement du côté de l’oligarchie (même si, au plan des valeurs, ils n’ont que mépris pour la décadence et la mécréance occidentale) et ils bénéficient d’ailleurs de toutes ses sollicitudes (notamment « la politique de la ville » qui ne vise pas les territoires les plus pauvres mais uniquement les zones d’immigration). D’ailleurs, sans le vote des électeurs d’origine immigrée, les partis de gauche disparaîtraient [10] et beaucoup de notables de droite ne seraient pas réélus dans leurs communes.

    Les immigrants bénéficient en outre par construction de la mondialisation puisqu’ils peuvent échapper à leur condition misérable dans leur pays d’origine en bénéficiant de la protection sociale des pays riches qui, même sur le déclin, sera toujours plus élevée que chez eux.

    Il est d’ailleurs frappant de constater que la révolte des Gilets Jaunes de l’automne 2018 en France n’a concerné pour l’essentiel que des Français de souche : à l’évidence les prétendues « banlieues défavorisées » , celles de l’immigration, ne le sont pas tant que cela.

    Les nouvelles élites regroupent principalement les CSP les plus élevées et ceux qui travaillent dans des secteurs protégés de la concurrence des pays à bas salaire qui célèbrent « la mondialisation heureuse » : avant tout parce qu’ils bénéficient de la réduction des prix résultant du libre-échange mondialiste sans en supporter les conséquences néfastes en termes d’emploi ou de diminution de la couverture sociale.

    Ces privilégiés de la mondialisation diffusent un discours destiné à leur donner bonne conscience (par exemple « l’ouverture aux autres » et le « vivre ensemble ») alors qu’ils manifestent une indifférence glacée vis-à-vis de la situation dans laquelle se trouve la majorité de leurs compatriotes et en particulier vis-à-vis de la destruction de la classe moyenne.

    Dans la nouvelle lutte des classes, les nouvelles élites récusent la démocratie et dénient au peuple le droit de définir son destin. Elles remplacent la démocratie par la post-démocratie qui n’est qu’une forme douce de dictature : notamment parce que la post-démocratie repose sur la domination des juges inamovibles et idéologisés sur les législateurs élus. Elle repose aussi sur l’Union Européenne qui permet de détruire la souveraineté des peuples. Et sur un contrôle croissant de la population : contrôle par la propagande des médias, censure du politiquement correct, contrôle par l’écologie punitive, contrôle technologique etc…

    De cette nouvelle lutte des classes, découlent plusieurs conséquences importantes pour l’avenir de la Droite

    La question sociale (la paupérisation, la fin de l’ascenseur social, la précarité du travail) est de retour en Occident

    Mais elle reste en déshérence puisque la Gauche l’a abandonnée et que la Droite reste largement prisonnière de la doxa libérale (ou de l’oxymore d’un libéralisme/national). Et, de toute façon, elle ne s’est jamais vraiment intéressée aux questions sociales, à la différence de la Gauche.

    Cela signifie que la révolte populaire contre les nouvelles élites se déroule pour le moment en dehors des partis institutionnels de gauche comme de droite, car ils n’apportent pas de réponse lisible à cette nouvelle demande sociale.

    Il s’agit donc d’un champ politique à conquérir pour la Droite. D’autant qu’avec l’immigration de peuplement et la mondialisation, la question sociale rejoint la question identitaire et de la souveraineté.

    La question institutionnelle est aussi de retour, parce les institutions publiques - et notamment les États - ne garantissent plus le Bien Commun, mais deviennent l’instrument de l’oppression des peuples autochtones en Europe.

    En particulier parce que les élites installent, pour conforter leur domination, la suprématie des minorités et des intérêts privés sur les majorités. Parce qu’elles installent partout la préférence en faveur des Autres (Big Other), aux dépens des Nôtres. Et parce que notre système politique est devenu profondément antidémocratique (des minorités d’électeurs élisent des minorités non représentatives de l’ensemble de la population[11], et qui de toute façon ne gouvernent pas vraiment, puisque les États ont perdu l’essentiel des instruments de la souveraineté au profit de la super classe mondiale, des lobbies et de l’Europe de Bruxelles).

    Rendre du pouvoir au pouvoir devient pour cette raison une question essentielle, pour restaurer la démocratie entendue comme « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

    La nouvelle lutte des classes modifie la nature du clivage gauche/droite, mais ne le supprime pas pour autant

    En particulier les partis de gauche ne se situent plus du côté du peuple, mais ont rejoint le camp libéral, libertaire et mondialiste contre les peuples. Et parce qu’ils privilégient désormais les Autres aux dépens des Nôtres.

    Le déclin tendanciel des partis de gauche – notamment socialistes ou sociaux-démocrates – résulte de cette translation (et réciproquement, cf la stratégie de Terra Nova : les minorités doivent remplacer l’électorat populaire qui se tourne vers les partis populistes).

    En récusant le mondialisme, la déconstruction des sociétés ou le grand remplacement migratoire, les peuples ont au contraire tendance à occuper un positionnement de droite et conservateur.

    L’idée d’une convergence des révoltes politiques entre la France périphérique et la France immigrée repose sur une illusion

    La France immigrée n’a aucun intérêt commun avec la France périphérique.

    En outre l’oligarchie se sert de l’immigration comme moyen de museler définitivement la France périphérique, notamment en la remplaçant démographiquement tout simplement et en instrumentant la « lutte contre le racisme et la xénophobie».  Une course de vitesse se déroule donc entre les flux migratoires (que les élites mondialistes veulent à tout prix maintenir) et la révolte des peuples autochtones.

    Pour cette raison un positionnement politique comme celui de La France Insoumise est voué à l’échec à moyen terme. Mais il en va de même pour une droite qui croirait pouvoir satisfaire ces deux électorats en même temps.

    Une convergence politique entre certaines élites et la France périphérique est pour le moment aussi une illusion 

    La solidarité des élites entre-elles sera toujours plus forte que son empathie pour le reste de la population. Pour cette raison, les partis populistes ou souverainistes ne réussissent globalement toujours pas à recruter au-delà des classes moyennes et populaires.

    Certaines élites ne rejoindront le peuple – comme cela s’est produit au début du 20ème siècle – que si elles ont de nouveau peur de la révolte populaire ou de quelque chose d’équivalent. D’une certaine façon, la révolte des Gilets Jaunes de l’automne 2018 en France en apporte la preuve.

    Mais si la France périphérique est pour le moment [12] plus nombreuse que les élites [13], elle reste inorganisée et manque de maturité idéologique, notamment parce qu’elle est de plus en plus déculturée [14].

    Il y a donc là aussi un champ d’action que la Droite devrait investir si elle avait conscience des enjeux

    Le populisme progresse partout car il est à la fois un cri de douleur (celui des peuples qui ne veulent pas mourir ni être remplacés) et un cri de ralliement contre les nouvelles élites (comme hier le socialisme pour le prolétariat).

    Mais il ne dépassera pas le stade protestataire – instrumentalisé par les élites comme repoussoir – s’il n’apporte pas aussi des réponses cohérentes à la question sociale et pas seulement à celle de la souveraineté, de l’immigration et de l’identité.

    Il faut donc qu’il apparaisse aussi comme porteur d’une alternative crédible et cohérente au libéralisme libertaire et cosmopolite. Y compris au plan spirituel et moral, afin de répondre au vide existentiel produit par un Système, qui est comme le communisme, d’essence matérialiste.

    Michel Geoffroy (Polémia, 6 décembre 2018)

     

    Notes :

    [1] La Révolte des élites et la trahison de la démocratie, ouvrage posthume de Christopher Lasch publié en 1995

    [2] Au sens sociologique  et non qualitatif du terme : avant tout les plus riches et les CSP les plus élevées

    [3] Selon l’économiste Ph.Herlin le pouvoir d’achat des Français a diminué depuis 1975 dans les domaines essentiels à la vie du transport, du logement et de la nourriture

    [4] Il s’agit en fait d’un oxymore car ces réformes ont justement pour objet l’individuation radicale et la destruction de tout ce qui fait société. Le terme sociétal est destiné à faire oublier qu’à droite comme à gauche on a abandonné le social : parce que la gauche a abandonné le peuple et parce que la droite réduit le social à l’humanitaire et à la philanthropie)

    [5]« Il faut arrêter de dire que le peuple a toujours raison», affirmait d’ailleurs Daniel Cohn-Bendit après le vote pour le Brexit ; le Figaro du 5 juillet 2016

    [6] La Société ouverte et ses ennemis,  Karl Popper , 1945

    [7] Comme l’écrit George Soros dans la société ouverte « la structure organique de la société a été désintégrée au point où ses atomes, les individus, flottent sans entraves » ; Soros et la société ouverte, Pierre-Antoine Plaquevent ; le Retour aux sources ; 2018 ; page 115

    [8] New York times du 26 novembre 2006

    [9] Notamment le premier par Samuel Huntington dans son livre Qui sommes-nous, paru en 2004

    [10] Il s’agit d’un phénomène que l’on rencontre partout, même aux Etats-Unis où le parti démocrate devient le parti des minorités ethniques, alors que les WASP votent en majorité pour le parti républicain

    [11] En 2017 seule une minorité de Français a voté (Emmanuel Macron n’a été élu que par 43,6% des inscrits[11] et aux législatives de 2017, seuls 38,4% des Français ont voté) et la « majorité » parlementaire est en réalité minoritaire dans l’opinion et une part importante des votants n’est pas représentée du fait du régime électoral (ex avec 1,59 M de voix au second tour des législatives de 2017,le FN n’a que 8 élus, quand la France Insoumise a 17 élus avec 880 000 voix et le PC 10 élus avec …200 000 voix)

    [12] La croissance démographique de la France immigrée est très rapide

    [13] A noter cependant que les familles traditionnelles (catholiques en France) ont tendance à faire plus d’enfants que les bobos : leur poids spécifique tend donc à augmenter

    [14] L’Education Nationale ayant abandonné toute transmission des savoirs, conformément aux souhaits de l’oligarchie

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  • Macron et les années 30...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli sur Polémia et consacré aux déclarations du Président de la République sur la ressemblance de notre époque avec celle des années 30... Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

     

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    Retour des années 30 ? Macron ne croit pas si bien dire

    Emmanuel Macron est déjà entré en campagne pour les élections européennes. Il a choisi la diabolisation de ses adversaires qui, selon lui, incarneraient « la lèpre nationaliste » ; alors que, lui, représenterait bien entendu le camp « progressiste », celui du Bien.

    Un clip de propagande, financé par le contribuable, valorise ainsi l’Europe de Bruxelles et présente Matteo Salvini et Viktor Orban comme les artisans diaboliques de la désunion européenne.

    Et dans une interview à Ouest France [1] Emmanuel Macron a renchéri : « Le moment que nous vivons ressemble à l’entre-deux-guerres. »

    La ficelle est évidemment un peu grosse et revient à suggérer que ceux que les médias nomment les populistes seraient des fascistes voire des nazis. Et qu’Emmanuel Macron serait un valeureux résistant contre la nouvelle peste brune…

    La réalité est tout autre.

    Un contresens historique

    La leçon d’histoire d’Emmanuel Macron tente de nous faire, ne peut qu’amuser car elle repose sur un grave contresens historique.

    Mais il faut dire qu’en digne représentant de la Davocratie, Emmanuel Macron ne connaît pas l’histoire. Il n’a d’ailleurs que mépris pour « le monde d’avant ». Ce n’est pas de sa faute, car, à l’Ena, on n’enseigne que l’économie et le droit, pas l’histoire ni les humanités.

    Prétendre assimiler au fascisme la révolte des peuples européens contre l’oligarchie mondialiste qui règne à Bruxelles repose sur un total contresens.

    Car, précisément, ceux que l’on désigne aujourd’hui sous le terme de populistes ne veulent pas instaurer la dictature – celle du prolétariat ou celle d’un Chef comme dans les années 30 – mais au contraire restaurer la démocratie.

    Une démocratie que, justement, les oligarchies européennes ont détruite en instaurant la dictature des minorités ainsi que le gouvernement des juges et en transférant la souveraineté des Etats à la bureaucratie mondialiste de l’Union européenne.

    Les progressistes sont en réalité les nouveaux totalitaires

    Quand Emmanuel Macron fait mine de défendre l’Union européenne contre les méchants populistes, en réalité il défend le totalitarisme post-démocratique que la Davocratie a imposé à l’Europe.

    Un nouveau totalitarisme qui consiste à imposer aux peuples des évolutions qu’ils rejettent, notamment s’agissant de l’immigration de peuplement ou de la déconstruction « sociétale » des mœurs et des identités.

    Comme le disait si bien Daniel Cohn Bendit, un fidèle soutien d’Emmanuel Macron : « Il faut arrêter de dire que le peuple a toujours raison [2] ».

    On ne saurait mieux démontrer que l’oligarchie mondialiste a la démocratie en horreur.

    Les prétendus progressistes – qui, soit dit en passant, ne cessent de déconstruire l’histoire sociale de l’Europe – sont en réalité les nouveaux totalitaires. Des totalitaires qui veulent museler les peuples européens en imposant partout leur censure et leur propagande.

    Ce sont donc bien eux qu’il faut arrêter et non les populistes !

    En réalité la situation est bien pire que dans les années 30 !

    La référence macronienne à l’entre-deux-guerres comporte cependant une part de vérité, mais pas du tout dans le sens où l’entendent le Président de la République et les médias de propagande à sa dévotion !

    En réalité, la situation actuelle est bien pire que dans les années 30.

    En effet, de nos jours, comme dans les années 30, les régimes parlementaires sont incapables de faire face aux événements : ils sont impuissants face au chômage de masse car ils pratiquent la même politique récessive consistant à augmenter les impôts et à baisser les salaires et les pensions.

    A la différence que, dans les années 30, les frontières existaient encore en Europe alors qu’aujourd’hui on les a détruites au nom du libre-échangisme mondialiste. Mais, comme dans les années 30, la pauvreté et la précarité s’installent partout et les inégalités sociales sont de plus en plus criantes.

    Car, comme dans les années 30, la bourgeoisie et les nouveaux riches méprisent les peuples. Avec cette différence que, dans les années 30, les riches avaient peur de la révolution communiste, alors que de nos jours ils n’ont plus peur de rien et se croient tout permis.

    L’impuissance des régimes parlementaires, comme dans les années 30 !

    Dans les années 30, les régimes parlementaires sont également incapables de résoudre pacifiquement la question des minorités nationales et des réparations de guerre, fruit amer du catastrophique traité de Versailles imposé par les politiciens français et les Etats-Unis, à toute l’Europe.

    Comme de nos jours les gouvernements de l’Union européenne ne savent pas comment faire face aux flux migratoires vers l’Europe ; ni comment résoudre la communautarisation et l’islamisation croissante de la société.

    Dans les années 30, les gouvernements tournent dans le vide car ils sont victimes de l’instabilité parlementaire.

    De nos jours, ils tournent dans le vide car ils ont perdu les moyens de gouverner : ils ont tout abandonné à l’Union Européenne, aux Banques et aux grandes firmes mondiales ! Et comme dans les années 30, la corruption du personnel politique s’amplifie parce que les lobbies dictent leur loi en toute impunité.

    Comme dans les années 30, la crise est morale et politique !

    Comme dans les années 30, l’Europe connaît une profonde crise morale.

    Dans les années 30, la crise résulte de la catastrophe européenne de la Grande Guerre.

    De nos jours elle résulte de l’épuisement du cycle libéral-libertaire qui débouche sur un profond nihilisme et sur l’effondrement individualiste de la société.

    Comme dans les années 30, la violence politique et sociale ne cesse d’augmenter. On a même vu un ministre de l’Intérieur [3] affirmer, le jour de son départ, que la situation serait incontrôlable d’ici 5 ans ! Ou un chef d’Etat major des Armées avertir que si les banlieues de l’immigration s’embrasaient, les Armées n’auraient pas les moyens d’y faire face [4].

    Mais à quoi sert donc l’Etat ?

    Comme dans les années 30, la défiance vis-à-vis des gouvernants de plus en plus illégitimes, car ils ne protègent plus les peuples, ne cesse d’augmenter. Le pays réel s’éloigne donc de plus en plus du pays légal.

    Une analogie trompeuse

    Alors Emmanuel Macron a raison mais malgré lui : la situation rappelle en effet, mais en bien pire, celle de l’entre-deux-guerres en Europe.

    Mais Emmanuel Macron nous trompe sur le sens de son action : il n’incarne pas en effet ceux qui résistent au chaos qui vient, mais au contraire ceux qui le provoquent par leur aveuglement idéologique libéral, libertaire et mondialiste et par leur autisme. Notamment par leur refus d’écouter ce grand cri de douleur européen qu’est le populisme.

    Comme hier, les politiciens refusent d’écouter la misère des peuples et leur aspiration à retrouver leur fierté nationale.

    Comme dans les années 30, les Français attendent aujourd’hui des hommes politiques qui soient à la hauteur des heures décisives que l’Europe et la France vont devoir affronter.

    Mais on sait déjà, hélas, qu’Emmanuel Macron, Jupiter fatigué, ne sera pas au rendez-vous de cette histoire qui vient.

    Michel Geoffroy (Polémia, 5 novembre 2018)

     

    Notes :

    [1] Le 31 octobre 2018

    [2] Le Figaro.fr du 5 juillet 2016

    [3] Gérard Collomb

    [4] Selon Philippe de Villiers , le 2 novembre 2018 à l’émission Les terriens du samedi,  l’ancien chef d’état major des armées aurait averti le président de la république « Si ça pète dans les banlieues, on n’est pas capable de faire face, on n’a pas les moyens de faire face, on n’a pas les hommes. »

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  • Feu sur la désinformation... (206)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias, présentée cette semaine par Michel Geoffroy et Martial Bild.

    Au sommaire :

    • 1 : L'année de toutes les censures
      Martial Bild et Michel Geoffroy font un point précis sur le renforcement de la censure en France. Ils passent en revue les deux piliers des partisans de la “Corée de l’Ouest” : la censure d’Etat et la censure numérique des GAFA.
    • 2 : Portrait piquant de Salhia Brakhlia
      Portrait d'une journaliste militante lancée par Yann Barthès dans le Petit Journal de Canal Plus et qui officie aujourd'hui au côté de son mentor dans l'émission Quotidien sur TMC.

     

     

                                            

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  • Education nationale : la fin de la Blanquer-mania ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la politique de Jean-Michel Blanquer à la tête du Ministère de l’Éducation nationale. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    Une couverture de Valeurs Actuelles datant de février 2018...

     

    Claude Meunier-Berthelot annonce la fin de la Blanquer-mania

    Le livre de Claude Meunier-Berthelot, Blanquer, ce monstre froid – Remède de cheval contre la « blanquer-mania »[1], arrive à point nommé au moment où le ministre de l’Education nationale – la bien mal nommée – annonce son intention catastrophique d’encourager l’enseignement de l’arabe à l’école.

    Car Claude Meunier-Berthelot dénonce dans cet essai vigoureux, mais aussi rigoureux, l’escroquerie politique et pédagogique incarnée par Jean Michel Blanquer, le ministre qu’adule une certaine droite qui ne sait pas aller plus loin que les déclarations d’intentions relayées par des médias complaisants.

    Claude Meunier-Berthelot sait de quoi elle parle : elle connaît le Mammouth de l’intérieur et a déjà écrit de nombreuses études dénonçant l’entreprise de déracinement qu’est devenue d’Education nationale, notamment depuis la loi de « refondation de l’école » de 2013.

    L’analyse clinique de la manipulation

    Son essai est de nature clinique : il en a la sèche objectivité, sans fioritures inutiles.

    Point par point, depuis l’école maternelle jusqu’à ParcourSup, en passant par la laïcité, l’autonomie des établissements ou les écoles hors contrat, Claude Meunier-Berthelot met en effet en regard des affirmations ministérielles, la réalité des circulaires, des budgets et du fonctionnement de l’Education Nationale.  C’est plus qu’un essai de 171 pages : c’est à une véritable dissection que l’auteur nous invite, décryptant et démontant chaque composante de l’escroquerie Blanquer.

    Avec un remarquable esprit de synthèse, Claude Meunier-Berthelot démontre le double langage permanent du ministre. Car en digne représentant de la macronie, Jean Michel Blanquer est avant tout passé maître dans l’art de la communication, c’est-à-dire de l’enfumage médiatique de la population. Car il dirige surtout le ministère de la parole.

    Blanquer, le ministre du statu quo

    Claude Meunier-Berthelot nous montre que Jean-Michel Blanquer, homme du Système, ne change rien du tout, sinon dans le mauvais sens. Il ne fait que poursuivre la ligne de ses prédécesseurs dont il constitue un nouveau clone.

    Il ne remet pas en cause, notamment, le cadre dressé par le vieux Plan Langevin Wallon d’inspiration communiste de 1947 et par la loi de refondation de l’école de 2013 élaborée par le socialiste Vincent Peillon, le ministre qui voulait « arracher » l’enfant de toutes ses « servitudes » pour lui inculquer les droits de l’homme.

    L’enfumage médiatique permanent

    La première méthode d’enfumage du ministre consiste à affirmer devant les caméras des orientations qui paraissent souhaitables : par exemple le port de l’uniforme ou la méthode d’enseignement de la lecture.

    Tout le microcosme médiatique, complice, se met alors à gloser sur l’audace ministérielle afin de faire croire que de simples propos correspondraient à une véritable volonté politique et ensuite à une réalité sur le terrain.

    Mais ensuite rien ne se passe : aucun texte, aucun cadrage national, ne vient confirmer les propos du ministre. Et si la rue de Grenelle accouche finalement d’une circulaire, celle-ci remettra les vagues intentions ministérielles dans le droit fil du pédagogiquement correct.

    Claude Meunier-Berthelot montre par exemple dans le détail comment Jean Michel Blanquer a trompé son monde sur la question de la méthode d’apprentissage de la lecture : car la méthode « syllabique » qu’il présente comme une alternative à la méthode « globale » n’est en réalité… qu’un succédané de cette dernière, comme l’illustre l’analyse précise de la circulaire du 26 avril 2018 à laquelle se livre l’auteur.

    Blanquer : le ministre des Autres

    La seconde manipulation, la plus lourde de conséquences, consiste à passer sous silence que l’essentiel des réformes destinées à améliorer la qualité de l’enseignement public annoncées par Jean Michel Blanquer, ne concernent en réalité… que les zones classées REP et REP+[2] ! C’est-à-dire les zones où sont scolarisés en majorité les enfants issus de l’immigration légale ou non, ceux que l’Education Nationale appelle du doux euphémisme : EANA – élèves allophones nouvellement arrivés.

    Conformément au programme présidentiel d’Emmanuel Macron, le ministre Blanquer organise en effet cyniquement une école à deux vitesses, mais bien sûr au nom de l’égalité !

    D’une part une école qui enseigne les savoirs mais avant tout pour les enfants des immigrants et qui vampirise les moyens budgétaires et humains notamment à cause du dédoublement des classes de CP.

    On ferme ainsi des « moyens d’enseignement » – donc des classes – dans la France profonde pour financer de dédoublement des CP dans les banlieues de l’immigration. Car cette école des REP et des REP + bénéficie de toutes les attentions ministérielles et présidentielles. Les banlieues de l’immigration ne sont-elles pas une… chance pour la France ?

    L’enseignement de l’ignorance pour les petits Français

    Et de l’autre côté, l’école des petits français souchiens, devenue une garderie (un lieu de vie) où l’on n’enseigne pas grand-chose car on continue d’y appliquer tous les délires pédagogiques et où l’on met des enseignants à la qualification déclinante[3]: transversalité, interdisciplinarité, « construction » des savoirs par les élèves eux-mêmes par le moyen de « parcours » sont les maîtres mots de cette nouvelle garderie. Mais une garderie où l’on veille surtout à diffuser la doxa bien-pensante, repentante, droit de l’hommiste et LGBT friendly auprès des futurs électeurs….

    Mais cela ne gêne pas l’oligarchie, bien au contraire.

    Car comme le montre Claude Meunier-Berthelot, citant Rousseau, l’ignorance ouvre justement la voie à la sujétion des Européens : « Le pauvre enfant qui ne sait rien, qui ne peut rien , qui ne connaît rien , n’est-il pas à votre merci ? »

    La destruction du savoir c’est-à-dire de la transmission de la culture et de l’identité par l’Education nationale ne résulte pas d’un accident de parcours, mais bien d’une volonté politique : celle qui programme la mise en servitude des autochtones.

    La fin de la Blanquer-mania

    Il faut donc lire le livre de Claude Meunier-Berthelot car il constitue un exemplaire et salutaire exercice de décryptage de l’enfumage macronien, d’autant plus salutaire qu’une partie de l’opinion de droite – généralement ignorante des questions d’éducation – s’est laissée prendre à l’habile communication de Jean-Michel Blanquer.

    Comme la Macron-mania n’est désormais qu’un lointain souvenir quand les sondages montrent que deux Français sur trois désapprouvent l’action et le comportement du président de la république, Claude Meunier-Berthelot nous annonce maintenant la fin de la Blanquer-mania.

    Et c’est une bonne nouvelle.

    Michel Geoffroy (Polémia, 23 septembre 2018)

     

    « Blanquer, ce monstre froid » – Remède de cheval contre la blanquer-mania – Editions des Trianons

    [1] Editions des Trianons  2018, avec une préface de François Billot de LOCHNER ;

    [2]Réseaux d’éducation prioritaire et réseaux d’éducation prioritaire renforcée ; il y en a environ 1200 REP

    [3] « emploi-avenir-professeur », « contrat de service civique » et autre « réserve citoyenne »

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