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intelligence artificielle - Page 3

  • Les relations internationales à l’ère de la mise en données du monde...

    Les éditions Le Cavalier bleu viennent de publier un essai de Jamal Atif, Isabelle Ryl et J. Peter Burgess intitulé Géopolitique de l'IA - Les relations internationales à l’ère de la mise en données du monde.

    Universitaires, Jamal Atif et Isabelle Ryl sont chercheurs dans le domaine de l'intelligence artificielle. Quant à J. Peter Burgess, il est philosophe et politologue, professeur et directeur de la Chaire de Géopolitique du risque à l’école normale supérieure.

     

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    " Si l'intelligence artificielle a bouleversé notre quotidien, elle a également profondément transformé les relations internationales en abolissant les frontières « classiques » au profit de l'espace cyber et en introduisant une nouvelle ressource clé, la donnée, et les usagers qui la produisent. Elle a également fait émerger de nouveaux acteurs, les géants du numérique, qui se hissent au rang de quasi-États avec lesquels il faut désormais compter. Elle modifie enfin les possibilités d'affrontement entre États en produisant de nouvelles armes ou en intervenant dans certaines élections. Au travers de nombreux exemples, les auteurs montrent combien l'intelligence artificielle transforme la géopolitique, ses acteurs et ses territoires, et quels sont les enjeux d'une gouvernance de cette technologie hors-norme. "

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  • La 5G, un enjeu stratégique pour la France et l'Europe ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christopher Coonen, cueilli sur le site de Geopragma et consacré à la 5G comme enjeu stratégique pour la France et l'Europe. Secrétaire général de Geopragma, Christopher Coonen a exercé des fonctions de directions dans des sociétés de niveau international appartenant au secteur du numérique.

     

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    La 5G : il est urgent d’agir sur cet enjeu de souveraineté pour la France !

    La 5G – la cinquième génération des standards pour la téléphonie mobile – revêt un double enjeu de souveraineté pour la France : son déploiement dans l’Hexagone et notre capacité d’autonomie technologique et industrielle, afin de conquérir des parts de marché au niveau mondial face aux géants chinois et américains. Un enjeu tant économique qu’il est naturellement géopolitique, car les deux sujets ont toujours été intrinsèquement liés. 

    Avec la 5G, le débit de données sera 10 à 100 fois plus puissant qu’avec la 4G. Au-delà des calculs et des quantités de débit, il existe un calcul de pouvoir et d’influence qui devrait intéresser au plus haut point tous les dirigeants politiques, militaires, d’entreprises, et du renseignement. En effet, contrairement à la 4G, les données ne seront plus uniquement transportées d’un point A vers un point B, mais seront bien interactives dans tous les sens et depuis de multiples sources, rendant la gestion des villes connectées, l’utilisation de voitures autonomes ou encore de drones civils et militaires bien plus efficace et avec des réactions en contexte et en temps infiniment réel. C’en sera fini de la « latence technologique ».

    Les grandes manœuvres ont débuté pour l’attribution des licences et le déploiement de la 5G à l’échelle mondiale, ainsi que les appels d’offre organisés pour la construction de ce réseau révolutionnaire qui comprendra des « backbones » de fibre optique terriens et sous-marins, des routeurs et des réseaux du dernier kilomètre. Les entreprises qui les installeront auront à gérer leur part de réseau et les données y transitant. Or, face à ces enjeux de souveraineté colossaux comme d’ailleurs bien d’autres, l’Europe se retrouve de nouveau coincée entre les Etats-Unis et la Chine – et leurs acteurs publics et privés – dans un rôle de suiveur. 

    Dans ce combat mondial où la taille et les économies d’échelle sont primordiales, le risque pour la France réside dans le fait que nos acteurs européens Ericsson, Nokia et Alcatel – qui tous trois possèdent des parts de marché minoritaires aujourd’hui – soient complètement distancés par les trois mastodontes Cisco (US), ZTE et Huawei (Chine). Contre ce dernier, les Etats-Unis mènent une campagne de pressions notamment envers les opérateurs télécoms en Europe, ainsi qu’envers nos gouvernements pour sortir Huawei de cette « course aux armements » du XXIème siècle d’un nouveau genre. 

    Mais cette posture du gouvernement américain est imprégnée d’une hypocrisie sans vergogne. Dans cette affaire de capacités exponentielles dans le routage et le stockage de données, il existe aussi un angle « NSA » (National Security Agency), les « Grandes Oreilles » de notre grand allié qui sont allées jusqu’à épier les téléphones mobiles de chefs d’Etat « amis ». Enfin, pire pour l’Europe, elle est loin sur son propre territoire de reconstruire et même simplement de rénover son propre réseau avec les seuls acteurs nordiques et français. 

    Alors que les puissances mondiales et bien d’autres pays ont entamé le déploiement de la 5G (Chine, Etats-Unis, Corée du sud, etc.), la France est l’une des lanternes rouges de l’Europe. Un lancement commercial à grande échelle a déjà été réalisé en Allemagne, Autriche, Espagne, Finlande, Hongrie, Italie, au Royaume-Uni, et en Suisse. Nous avons pris beaucoup de retard : le gouvernement français ne lancera les enchères des fréquences que cette semaine ! ce qui induira un début de déploiement à la mi-2021 au plus tôt. 

    Un frein supplémentaire émerge dans notre pays au travers d’un débat ubuesque sur la décision du déploiement ou non dans l’Hexagone et en Outre-mer. Cette révolution technologique est prise en otage par toute une kyrielle d’ONG et d’élus écologistes qui argumentent que cette technologie est dangereuse pour la santé, alors même que les études de l’ANSES et de l’IGAS concluent que la 5G n’est pas plus nocive que la 4G. En fait, cette technologie va être motrice dans le combat contre les émissions de CO2 et le réchauffement climatique. Pour ne prendre qu’un exemple : la gestion des « villes intelligentes ». Grâce à sa mise en place dotée de capteurs, elle permettra de gérer le trafic sur la voirie, le chauffage urbain, l’illumination des municipalités ainsi que l’arrosage de leurs parcs et jardins de manière optimale. 

    Les enjeux de la 5G sont donc considérables. Et pourtant, l’un des champions européens, le finlandais Nokia, a annoncé le 22 juin dernier la suppression en France de 1 233 emplois dans sa filiale Alcatel-Lucent, soit un tiers de ses effectifs, dont 831 à Nozay (Essonne), qui regroupe des fonctions de support. Mais pire, le groupe prévoit de supprimer 402 postes à Lannion (Côtes d’Armor), soit la moitié des effectifs de ce site dédié à la Recherche et au Développement ! Comment être alors à la pointe de l’innovation ou simplement posséder une force de frappe, pour contrecarrer les géants américains et chinois ? L’avenir dans ce contexte est clair : les opérateurs téléphoniques français et européens n’auraient alors quasiment que le choix d’adopter la technologie de l’un de ces deux pays.

    Nokia avait pourtant pris toute une série d’engagements lors du rachat d’Alcatel-Lucent, promettant notamment de maintenir les effectifs au même niveau. Maintenir, cela veut dire potentiellement supprimer des postes dans une division, mais en créer dans une autre pour compenser.

    Bercy a demandé au groupe finlandais de revoir sa copie. Mais ne soyons pas naïfs ! Souvenons-nous des promesses faites par les acquéreurs étrangers lors des rachats des pépites françaises : Arcelor par Mittal, ou encore Alstom par GE, pour ne nommer qu’eux. Et du champ de ruines social qu’ils ont laissé derrière eux avec des fermetures de sites et des licenciements, pour ne pas parler de l’appauvrissement technologique. Nos gouvernements successifs s’étaient alors indignés et avaient demandé des rétropédalages, mais peine perdue. 

    Face à ce naufrage, il existe une solution de souveraineté industrielle retrouvée pour la France et l’Europe dans ce domaine stratégique. Surtout qu’une étude de la Commission européenne estime que le marché de la 5G se chiffrera à 113 milliards d’euros d’ici 2025, c’est-à-dire demain. Dans le contexte actuel, c’est donc un vide sidéral pour la France et l’Europe de part et d’autre face à ces opportunités commerciales majeures.

    Une première étape consisterait en un rachat français d’Alcatel-Lucent auprès du groupe Nokia, avec un mélange de Management Buy-Out (MBO) et d’une nationalisation temporaire orchestrés par la direction et l’Etat. Le MBO serait l’occasion d’offrir à la direction et potentiellement à tous les employés de mettre la main à la poche pour financer une portion du rachat. Notre gouvernement pourrait combler le solde du montant de l’opération avec des fonds de la Banque publique d’investissement et de la Caisse des dépôts, soit en forme de prêts ou de montée au capital de l’entreprise.

    Ensuite, une fois l’opération réalisée, un conglomérat européen fort pourrait être constitué avec l’autre prestataire du Vieux Continent : le suédois Ericsson. Une alliance stratégique et commerciale commune – sans forcément procéder à une fusion des bilans des deux groupes – pour concurrencer efficacement ZTE et Huawei, le coréen Samsung, et Cisco, et avoir une part importante dans la définition des standards. S’affrontent également sur cette question de normes gouvernements et acteurs privés, et ces derniers ont bien plus de chance d’innover rapidement et de se mettre en ordre de bataille avant que ne le fassent les bureaucraties d’Etat ou pire la bureaucratie communautaire avec telle ou telle « directive » ; notre regard peut s’arrêter sur l’impuissance et même l’inconscience des membres de l’Union européenne depuis vingt ans sur toutes sortes de questions liées à la technologie… En l’absence de standards et de supervision, tout est possible et hors de contrôle.

    Cette « fusion » pourrait être d’ailleurs un modèle pour d’autres domaines stratégiques dans lesquels le « Vieux Continent » peine à s’imposer : l’industrie, la santé, les services du Cloud, l’intelligence artificielle, etc.

    Il est donc urgent d’agir sur ce sujet primordial de souveraineté !

    Christopher Coonen (Geopragma, 28 septembre 2020)

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  • Pouvoir et conflits à l'heure du Big Data...

    Les éditions Le Cavalier bleu viennent de publier un essai d'Amaël Cattaruzza intitulé Géopolitique des données numériques - Pouvoir et conflits à l'heure du Big Data. Docteur en géographie et maître de conférences à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, Amaël Cattaruzza est l'auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la cyber-défense.

     

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    " Au cours des deux dernières décennies, la production de données numériques a connu une croissance sans précédent, redéfinissant la puissance entre Etats, mais aussi acteurs privés (GAFAM) et autres (hackers, cybercriminels, etc.). Cette redéfinition conduit à interroger la notion de frontière dans ce contexte non-clos où la localisation physique peut ne pas correspondre à la location logique ou juridique. Pour traiter cette masse de données disparates, il a fallu créer des outils (Big Data, intelligence artificielles) qui modifient également les rapports de puissance entre les Etats. Mais dont l'usage modifie aussi l'analyse géopolitique elle-même. Dans cet ouvrage dense et très complet, Amaël Cattaruzza analyse comment les données numériques ont doublement modifié la géopolitique. D'une part en redéfinissant la notion de frontière et de puissance entre Etats et acteurs non-étatiques, et d'autre part en refaçonnant son propre champ d'étude. "

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  • La Post-démocratie, une démocratie sans liberté ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Metamag et consacré à la question de la post-démocratie.

     

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    La Post-démocratie, une démocratie sans liberté ?

    La montée du populisme, l’hyper libéralisme, la désinformation et les manipulations électorales sont les questions abordées par les derniers best-sellers politiques internationaux comme How Democracies Die (« Comment les démocraties meurent ? ») de Steven Levitsky et Daniel Ziblatt; How Democracy Ends (« Comment les démocraties se terminent ? ») de David Runciman ou le seul ouvrage déjà traduit en français, Le peuple contre la démocratie de Yascha Mounk [L’Observatoire, Paris 2018]. Tous ces ouvrages sont imprégnés de pessimisme sur l’avenir du pire système politique, à l’exception de tous les autres, comme Churchill le définissait. En France, au contraire, nos universitaires organiques continuent d’animer des séminaires sur la démocratie.

    Le dernier rapport de Freedom House qui analyse les données de 195 pays pour évaluer leur état de santé démocratique, souligne que 2017 a marqué 12 années consécutives de détérioration globale de l’intégrité des processus électoraux en raison de facteurs tels que l’argent excédentaire dans les campagnes ou la manipulation médiatique. Selon Freedom House, l’année dernière, dans 71 pays, les droits politiques et civils et les libertés publiques ont été réduits et seulement 35 ont été améliorés. Depuis 2000, au moins 25 pays ont cessé d’être démocratiques. Pendant la guerre froide, les coups d’État ont été responsables de 75% des cas de rupture démocratique, en particulier en Afrique et en Amérique latine. Aujourd’hui, ces méthodes grossières de coup d’état militaire pour capturer le pouvoir avec la violence ont cédé la place à des stratégies beaucoup plus sophistiquées pour déformer ou déformer la volonté populaire au profit des puissants, quitte même parfois à faire revoter les électeurs (idée qui commence à prendre de l’ampleur en Angleterre face au Brexit) ou à ne pas tenir compte de leur vote (le référendum français sur la constitution européenne). Le paradoxe de cette nouvelle voie électorale vers l’autoritarisme est que les nouveaux liberticides utilisent les institutions mêmes de la démocratie de manière graduelle, subtile et même légalement pour l’assassiner.

    À l’ère du numérique, le pouvoir politique dispose désormais de multiples instruments pour dénigrer la volonté populaire sans recourir à la violence, à la répression. Dans sa large gamme d’options, le pouvoir utilise la manipulation des documents de recensement, les scandales créés de toutes pièces par « la transparence », les calendriers électoraux (les législatives post-présidentielles), l’exclusion arbitraire de candidats, le redécoupage des circonscriptions. De fait, le vol électoral parfait est celui qui est perpétré avant que les gens votent.

    Pour les politistes, il n’y a rien à redire à 2017 : les Français se sont librement exprimés, même si au final Emmanuel Macron ne représente que 15 % des inscrits. À l’échelle mondiale, seulement 30% des élections entraînent un changement de gouvernement ou un transfert de pouvoir à l’opposition. Et ce chiffre est encore plus bas dans les pays ayant un passé autoritaire récent. De fait, il n’y a pas un seul autocrate du 21ème siècle qui n’ait appris qu’il est plus facile de rester au pouvoir à travers des « exercices démocratiques », ce qui explique le paradoxe que même s’il y a plus d’élections que jamais, le monde devient moins démocratique.

    Mais fi du processus électoral désormais maîtrisé pour que la populace ne parvienne jamais au pouvoir, la post-démocratie est en train d’opérer une synthèse encore plus radicale celle de l’autoritarisme numérique et de la démocratie libérale utilisant l’intelligence artificielle et les données recueillies pour surveiller et prévenir tout dérapage oppositionnel à la vision mondialiste car le numérique ne promet pas seulement une nouvelle économie  pour réformer le monde, il promet aussi aux gouvernements de lui permettre de mieux comprendre le comportement de ses citoyens pour les surveiller et les contrôler en permanence. Cette nouvelle réalité citoyenne offrirait ainsi aux gouvernants une alternative possible à la démocratie libérale d’hier restée trop gênante parce que source d’oppositions argumentatives. Il ne s’agirait plus d’éduquer mais de formater, à la lettre une éducation non plus critique à la Condorcet mais de la confiance à la Blanquer, soit la confiance en l’autorité immuable de l’administration des choses, prélèvement à la source et contrôle du privé par impôt et compteur link en prime, par solde de toute monnaie papier, par suivi informatique des déplacements et des pensées.

    L’intelligence artificielle permettra aux grands pays économiquement avancés d’enrichir leur citoyenneté sans en perdre le contrôle. Certains pays sont déjà dans cette direction. La Chine, par exemple, a commencé la construction d’un État autoritaire en support numérique, une sorte de nouveau système politique, un système de contrôle social indolore avec l’utilisation d’outils de surveillance perfectionnés comme la reconnaissance faciale qui vise à pouvoir contrôler n’importe quel secteur turbulent de la population. Plusieurs États liés à l’idéologie numérique ont commencé d’ailleurs à imiter le système chinois. Une grande partie du XXe siècle a été définie par la concurrence entre les systèmes sociaux démocratiques, les fascistes et les communistes. On en discute encore en Gaule dans les bibliothèques du Sénat  alors que la synthèse de la démocratie libérale et de l’autoritarisme numérique se déroule sous nos yeux.

    Les gouvernements pourront censurer de manière sélective les problèmes et les comportements sur les réseaux sociaux tout en permettant aux informations nécessaires au développement d’activités productives de circuler librement. Ils mettront ainsi un terme enfin au débat politique réalisant de fait le projet libéral en son essence : la dépolitisation du monde.

    Michel Lhomme (Metamag, 14 septembre 2018)

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  • Rideau de fumée sur l'Intelligence A'rtificielle...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur son site Europe solidaire et consacré aux annonce d'Emmanuel Macron consacrées à la recherche sur l'Intelligence Artificielle. Jean-Paul Baquiast anime également le site d'information techno-scientifique Automates intelligents.

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    Emmanuel Macron ne veut rien comprendre à l'Intelligence Artificielle IA

    Emmanuel Macron vient de proclamer le 29 mars avec beaucoup d'emphase que l'IA est un enjeu d'avenir pour l'économie française. Elle sera, dit-il avec raison, à l'origine des principaux progrès de l'industrie de l'avenir, mais il aura aussi un enjeu éthique, car l'IA est une technique qui touche de près à ce qui fait la spécificité humaine.

    C'est pourquoi sa maîtrise économique importe. Parvenir à développer les techniques fondamentales, les processus scientifiques et les marchés naissants est un enjeu crucial. L'exemple de l'Internet le prouve : avoir laissé à d'autres la création des outils numériques a provoqué une forte dépendance économique et à l'anémie industrielle.

    Tous ceux qui connaissent un peu l'1A et aussi l'IA dite avancée savent que celle-ci est bien plus que ce qu'en a dit Emmanuel Macron. Elle est désormais associée à toutes les sciences et techniques, civiles et militaires. Beaucoup considèrent que le monde de demain sera globalement numérique ou artificiel. Le rapport Villani dit à peu près la même chose 1).

    Comme nous l'avons souvent signalé ici, Google se veut, en association avec le département américain de la défense, le maitre du futur Univers global. Il investit des sommes considérables sur l'IA, en rachetant pour ce faire la plupart des laboratoires et start-up européens et français du domaine.

    Or du discours d'Emmanuel Macron il est ressorti que la France, sous sa présidence, investira d'ici 2022 la somme ridicule de 1,5 milliard d'euros supplémentaires. En moyenne, ce seront 3,75 % d'augmentation de l'ensemble des dépenses publiques d'innovation. Cet argent était déjà promis par François Hollande. Rappelons qu'en dehors de Google cité plus haut, les investissements de recherche d'Amazon s'élèvent à 16 milliards d'euros par an.

    La France renonce  

    Le constat est malheureusement clair : la France renonce à jouer les premiers rôles dans la bataille mondiale de l'IA qui se déroule actuellement. Elle y  renonce au nom de la « bonne gestion » et de la « maîtrise des dépenses publiques »  Macron  compte apparemment, en bon élève de la Banque Rothschild, sur le secteur privé :  310 millions d'euros pour l'amorçage de start-up dans le secteur, mise à disposition des données du secteur public de la santé, encouragement des chercheurs du secteur public à obtenir des détachements jusqu'à la moitié de leur  temps de travail pour créer leur entreprise.

    Il ne veut pas voir que tous les investissements de recherche en IA, autres que ceux des GAFA américaine ont été faits en Europe à partir de fonds et projets publics

    La France d'Emmanuel Macron a donc décidé de servir de lieu de sous-traitance aux  géants privés américain du secteur de l'IA. Mais les grands groupes privés multinationaux feront leurs choix d'implantation et de recherche en fonction de leurs intérêts. La place de la France dépendra de trois critères : le coût du travail, un niveau d'imposition faible et un flux de subventions publiques déguisées. L'augmentation des salaires des chercheurs français, comme le recommande le rapport Villani, ne sera pas leur priorité. Les meilleurs continueront donc naturellement d'aller proposer leurs services ailleurs, et notamment chez les donneurs d'ordre des sites français.

    De plus, l'appel à la création de start up en IA par de jeunes chercheurs correspond à un pillage organisé des compétences – quand il en reste – du secteur public. Souvent, celles-ci vivent du  transfert de technologies développées initialement dans la sphère publique vers des grands groupes privés. Le chercheur développe son idée avec les moyens publics, créé sa société et la développe en conservant un pied dans le public, puis la revend aux géants étrangers du secteur.

    Le gouvernement a salué la création par Google et l'École polytechnique d'une chaire consacrée à l'IA. Qui profitera de cette chaire ? Avant tout Google qui dirigera dans son propre intérêt la recherche, qui disposera d'un vivier de chercheurs et qui profitera des dépenses publiques de recherche. Mais Google ne produira et n'agira que là où il pourra maximiser son profit. Avec ce type de partenariat, mais aussi avec la création de centres de recherche de Samsung ou Fujitsu, la France accepte d'être sous-traitant de ceux qui dominent déjà le secteur.

     Faut-il rappeler l'entrée massive de Microsoft dans l'institut de recherche publique français INRIA ? En a-t-il résulté une avance quelconque de la France dans le domaine de la micro-informatique ?

    La stratégie du gouvernement n'est pas étonnante : elle consiste à privilégier les mécanismes du marché et renoncer à l'action de l'État. En matière d'IA ceci annonce une défaite de plus dans cette bataille fondamentale pour l'avenir de l'humanité. Ce n'est pas la stratégie, on le constate aujourd'hui, de la Chine ni même, avec des moyens plus modestes, de la Russie.  

    Le monde de demain sera américain, chinois et russe, mais la France n'y aura pas de place.

    Jean-Paul Baquiast (Europe solidaire, 30 mars 2018)

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  • Le salut par les machines ?...

    Le numéro 6 du mensuel L'Incorrect est arrivé en kiosque. On peut y trouver un dossier consacré au transhumanisme, avec, notamment un article d'Oliver Rey, et y lire, également, un portrait du chanteur Kroc Blanc, des entretiens avec Nicolas Bay et Jean-Yves Camus, et les rubriques "L'époque", "Monde", "Reportages",  "Les essais" et "Culture"...

    Le sommaire complet est disponible ici

     

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