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hyperclasse - Page 3

  • Les snipers de la semaine... (55)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Marianne, Jack Dion aligne les éditorialistes médiatiques et bien-pensants qui pleurent sur les malheurs des hyperriches mais se montrent beaucoup moins sensibles aux difficultés du bas peuple...

    La morale à géométrie variable

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    - sur Boulevard Voltaire, Gabrielle Cluzel exécute proprement Cécile Duflot, dont l'amateurisme, comme ministre, commence vraiment à faire tâche, même dans ce gouvernement...

    Eh, Cécile, tu te souviens que l'État, c'est toi ?

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  • La corruption, arme de la mondialisation ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent article d'Auran Derien, cueilli sur Metamag et consacré à la corruption comme moteur de la mondialisation.

     

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    La corruption, arme de la mondialisation

    Le dernier rapport publié par Transparency international considère que le niveau de corruption est décevant  dans la zone Euro, notamment en Grèce et en Italie. Il  reprend ainsi un discours démagogique sur la corruption du secteur public puis affirme niaisement que la lutte contre la corruption est l’une des clés pour sortir la Grèce de la crise.

    Plus le gang globalitaire crée des centres du type Transparency, plus l’hypocrisie se répand et plus les mensonges éhontés peuvent circuler. A la fin, l’infamie couvre notre monde en toute légalité. Car là est l’escroquerie fondamentale dont ne parle jamais Transparency : la corruption légale est la norme en occident. Selon le Service Central de Prévention de la Corruption (SCPC qui fonctionne en France) celle-ci utilise des professionnels, dénommés conseils voir intermédiaires en accommodement dans les affaires. Des sociétés spécialisées, où tout est légal, se chargent de l’industrie de la corruption. Deux méthodes sont particulièrement répandues : la facturation de prestations fictives par des sociétés domiciliées dans des paradis fiscaux et les sur-facturations et sous-facturations d’achats et de ventes entre sociétés liées. 

    De plus, la corruption passive et le trafic d’influence ne sont pas couverts par les conventions que promeut la globalisation pestilentielle et ses pitres tarifés. La corruption passive désigne le cas où l’initiative de la demande de pots-de-vin est prise par le décideur ou l’exécutant détenteur d’un pouvoir de  décision ou d’exécution. 

    Le trafic d’influence est qualifié d’ “actif” lorsque la personne qui souhaite une décision en sa faveur propose des avantages à un tiers susceptible d’influencer le décideur. Le trafic d’influence est passif lorsqu’un personnage qui peut jouer un rôle dans la décision propose de sa propre initiative ses services illégaux et rémunérés.

    Une corruption pas seulement financière. 

    Le favoritisme qui conduit à sélectionner une entreprise peu efficace est une forme de pot-de-vin. C’est un sabotage. Du point de vue de l’efficacité économique globale, la corruption réside tout autant dans le fait de recevoir un “dessous-de-table” (somme versée à un quidam pour favoriser un projet) non déclaré que dans celui de bâcler son travail, d’être paresseux, incompétent et sans conscience professionnelle. Chaque fois, des personnes ou des groupes vivent largement sans fournir une contribution positive à l’ensemble. Le parasite, fléau de l’Europe maastrichtienne, est aussi et surtout un corrompu. Pourquoi ne pas en parler?

    Pas de supra classe globalitaire sans corruption.

    La curiosité intellectuelle des grands penseurs de Radin (selon la belle expression forgée autrefois par feu Pierre Dac) à propos de la lutte contre la corruption ne va pas jusqu’à interroger le monde dont ils sont l’émanation. Pourtant, le psychanalyste Horst-Eberhard Richter, alors directeur de l'Institut Sigmund Freud de Francfort, a publié en 1996 un ouvrage au titre explicite : « Le grand art de la corruption », dans lequel il se préoccupe de démontrer de manière systématique comment la corruption est l’instrument de contrôle indispensable pour la classe dominante globalitaire. 

    Il n’est ni le premier ni le seul. On peut dire que la corruption morale est organisée systématiquement et très consciemment. Un changement de valeurs a été imposé peu à peu en Europe à travers un nouveau paradigme introduit depuis la deuxième guerre mondiale: toutes les élites attentives aux voies de leur conscience, préoccupées par la vérité, et voulant œuvrer pour le bien-être général, bref ceux qui cherchaient à mener une vie utile aux autres, ont été transformées en monstres de foire, uniquement préoccupées par leurs plaisirs. On citera l’Institut Tavistock mais tant au M.I.T. que dans d’autres universités soi-disant prestigieuses, de petites coteries réfléchissent  à la façon de corrompre la population le plus efficacement possible.

    Mensonge pieux, double morale, etc.

    Les éthologistes incitent à penser que l’être humain, il y a très longtemps, a appris à faire confiance à son prochain, une fois passée la période probatoire d’observation. Ce “degré de confiance” s’est accru dans les sociétés européennes du fait de la liberté d’expression qui y a régné en comparaison avec d’autres civilisations. Car la liberté d’expression a un avantage fondamental : beaucoup de faussaires, sur des affaires simples, sont démasqués et signalés. Cependant, le centre névralgique du mensonge, comme l’a enseigné Nietzsche, est au cœur des religions monothéistes et de leur caste sacerdotale qui a besoin du mensonge pour vivre. 

    Produire du faux est devenu une activité à plein temps pour des canailles cherchant à vivre en parasites sur la société de confiance. Pour cela, il convient de retourner les signes “crédibles”, ceux qui sont transmis par éducation, une fois que l’on a bien étudié la mentalité de la population que l’on veut tromper. Ainsi, on constate en Europe que le désert s’étend - des pans entiers de l’économie disparaissent, d’autres deviennent les auxiliaires de prédateurs, comme la banque et la grande distribution -  et cela laisse de marbre les chargés d’étude de la corruption...Par exemple, ils parlent peu - ou jamais - des partenariats public-privé pratiqués à l'Organisation Mondiale de la Santé...et qui expliquent que 45 millions d'Européens aient été vaccinés pour le seul profit de quelques multinationales lors de la pandémie de grippe A (H1N1) .

    La corruption n’a bien sûr rien à voir avec le niveau d’intelligence. Au contraire, beaucoup d’observations montrent que la plupart des personnes à haute capacité intellectuelle sont défaillantes dans la réussite matérielle et sociale. Le succès mondain nécessite la présence d’un facteur que les étatsuniens ont appelé “social or machiavellian intelligence”, considéré comme indépendant du QI, mais dont le niveau influe grandement sur la position socio-économique des individus. La compétition sociale suppose une intention de réussir. Y parvenir impose de développer une certaine lucidité par laquelle on détectera des signaux qui dévoilent les intentions des autres. Il s’ensuit que l’émission de fausses informations sera stratégiquement avantageuse pour celui qui les émet, lorsque de tels signaux sont suffisamment rares pour être interprétés par les autres comme véridiques. C’est exactement ce à quoi nous convie Transparency : faire croire que la corruption émane du politique, ce qui est exact en partie, mais n’est pas l’essentiel dans un monde occidental qui répand le néant, crée partout le désert.

    La réalité, sordide, est que le monde des affaires, et les membres fanatiques de la supra classe mondiale incarnent la corruption, et utilisent tous les moyens pour qu’elle prospère, dont les services spéciaux. Dans les grands groupes  américains, les services secrets (CIA notamment) entretiennent des  agents dans le cadre du programme  "NOC" (No official cover). Ce sont des officiers de la CIA qui se présentent comme des  cadres ordinaires. Ils sont envoyés en mission dans des pays “amis" - comme les pays européens - et ont  pour fonction de recruter des agents, choisis parmi les dirigeants : patrons, hauts fonctionnaires, politiciens. La corruption est donc systématique de la part des multinationales. 

    Quel avenir pour l’Europe ? 

    On ne pourra pas reconstruire rapidement un monde où la recherche de la vérité, la liberté de pensée et de parler, ainsi que l’éthique de l’honneur guideront des élites véritablement choisies. La tyrannie des trafiquants est désormais trop installée pour que l’esprit public s’évade de la propagande crasseuse que les médias imposent au quotidien. La corruption est une donnée pratique dont on peut limiter les effets et l’importance par l’éducation, les associations indépendantes de penseurs, la diversité des centres de diffusion et la limitation du pouvoir des congrégations multinationales. La globalisation pousse dans l’autre sens. Aussi incarne-t-elle aujourd’hui l’inhumanité.

    Auran Derien (Metamag, 9 janvier 2013)

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  • Depardieu et Pavlov...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue enlevé et percutant de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré aux derniers rebondissements de l'affaire Depardieu. Quelle que soit la sympathie qu'on porte à la Russie de Vladimir Poutine, on peut évidemment rester réservé sur le personnage de Depardieu et ce qu'il représente réellement...

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    Depardieu et Pavlov

    Les trois coups de la nouvelle année à peine frappés, nous assistons, sans bouder notre plaisir, à une représentation pleine de rebondissements, d’épisodes farcis de pathos ou de comique, d’effets de toge ou de rires satiriques.

    Depardieu est un personnage qui passe la rampe. Il a quelque chose de typiquement français – ce n’est pas pour rien qu’il incarne un Gaulois à l’écran – entre la démesure rabelaisienne et la grosse gueule à la Gabin, entre le mauvais garçon hugolien, un Jean Valjean redonnant vie à une rue populaire de Paris, fier de son père qui écoutait radio-Moscou, et le bourgeois épicurien, qui cultive son grand cru et fréquente qui lui plaît, les petits de son quartier, et les grands des palais présidentiels.

    Son exil fiscal fut d’abord un malentendu. Ne s’agissait-il que de gros sous ? Il arrive parfois qu’une goutte fasse déborder le vin de bordeaux. Son soutien à Sarkozy était, manifestement intéressé. Il l’a dit lui-même : Nicolas l’a sorti d’une affaire embarrassante, de gros sous… Je ne suis pas dans le secret des coffres… La reconnaissance du ventre, quoi !

    Mais, bon ! on aperçut sa grosse bedaine et sa trogne bouffie se caler au premier rang des sarkozystes électrisés par les cabotinages de l’agité du bocal médiatique. On se disait – et ce n’était pas une nouvelle – que c’était l’un de ces acteurs de gauche qui étaient passés de l’autre côté. On est tellement habitué à ce genre de coup de théâtre, dans les milieux culturels, que l’on n’y prête plus attention. Yves Montand donna, en 1984, le la, et chacun d’entonner la chanson décomplexée de l’argent qui, finalement, n’est pas si Mammon que ça, et qu’importe au fond la couleur du chat… »Vive la crise ! » Mais, à vrai dire, les côtés cour et jardin n’intéressent plus beaucoup le parterre, qui regarde, désabusé, de mauvais acteurs jouer une mauvaise pièce. Les coulisses seraient probablement plus intéressantes… mais il faut donner la patte.

    Tout cette commedia bavarde pourrait faire partie du domaine strictement communicationnel, rien n’est comparable avec les engagements entiers d’un Gérard Philipe, d’un Reggiani ou d’un Gabin. Encore que… Qui démêlera la part du cœur et du porte feuille dans les foucades politiques de nos baladins et histrions ?

    Mais Obélix a opté pour la troisième Rome. Ad augusta per angusta ? L’opulent pansu est-il parvenu, par la porte mesquine de l’avarice, à la considération ample et généreuse – celle de l’Histoire en train de se faire – du destin des peuples, comme ont pu le faire certains membres de l’aristocratie celte face à l’empire romain, qui donnait l’occasion à la civilisation gauloise de traduire son génie dans la langue d’Auguste ? Depardieu serait-il devenu eurasiste, c’est-à-dire partisan d’une multipolarité du monde, dont la Russie est, à juste titre, la championne, avec la Chine, l’Iran et les pays du BRICS ?


    J’avoue que je ne suis pas devin pour sonder les cœurs et les reins. Un certain passé plaide contre le bonhomme, sa collusion apparente avec la droite d’argent après avoir copiné avec la gauche caviar, mais la lettre qu’il a envoyée à Poutine est très belle, très noble. Qe l’on prenne ses toquades comme des caprices d’enfant gâté, ou pour des lubies d’avare, importe peu. Je n’ai pas des dizaines de millions d’euro sur mon compte, et je ne peux donc pas partager la vision d’un homme qui se promène dans le vaste monde comme dans son parc. La jet set est un milieu grisant, qui propulse dans les sphères éthérées comme un nomade habitué des tarmacs et des hôtels cinq étoiles : on n’en sort pas indemne, et les bulles montent au cerveau. Il faut donc éviter deux écueils : le ressentiment, la haine facile pour le riche, en même temps une adulation vulgaire et grossière, qui associe la réussite à la possession d’une Rolex.

    Le bébé n’est pas tout rose. Mais, tout compte fait, il aurait pu choisir l’Amérique, l’Angleterre, la Suisse, ou, in fine, la Belgique, comme il en fut question un temps. S’il ne s’était agi que de fric, les chemins étaient tout tracés par Chistian Clavier, Yannick Noah, Johnny Halliday, Florent Pagny, Alain Delon, Paul Loup Sulitzer, Marion Bartoli, Richard Gasquet, Gilles Simon, Jo-Wilfried Tsonga, Sébastien Loeb, Amélie Mauresmo, les familles Meunier (Carrefour, domiciliée en Belgique), Castel (Nicolas, Vichy Célestins, domiciliée en Suisse) ou Weirtheimer (Chanel, domiciliée en Suisse) ou Mulliez (Auchan et Décathlon, domiciliée en Belgique), Bernard Arnault… Tous de bons patriotes, à qui on ne cherche pas trop les poux sur la tête, étant donné qu’ils ont eu le bon sens de trouver asile dans des pays « amis », c’est-à-dire bien situés, comme il faut, dans l’orbe de l’infra-civilisation mercantile américaine et atlantiste. Bien leur en a pris, on ne va pas les mettre aux piloris ! Au contraire !

    La première réaction, face à sa révolte antifiscale, son grognement d’ours outré qu’on lui enlève sa part de miel, ne pouvait qu’être une aubaine pour la presse meanstream. Un personnage aussi répugnant qu’Afflelou semblait lui venir en aide, afin de faire monter la mayonnaise. Depardieu devenait un héros de notre temps, celui des Kerviel et des Tapi ! L’être qui fait rêver, c’est l’homme au cul cousu d’or, passant les frontières comme un aventurier sans peur, sans remords, le brushing au vent, regardant droit dans les yeux un avenir mirifique où tous les humains copuleront, comme des Lemmings, dans une frénésie consumériste. La seule frontière sera le grand Océan de plaisirs où plongera l’humanité. Le Grand Bleu !

    On nous a refait le coup de l’opposition irréductible entre la droite et la gauche. Il était temps, on ne voyait pas trop la différence, et l’enfumage législatif avec le mariage gay semblait faire long feu. Copé, Parisot et les petits couteaux du libéralisme sont montés au créneau pour hurler au socialisme étouffant, à l’assassin fiscaliste (c’est la France du succès qu’on égorge !), tandis que les petites gâchettes de la mafia opposée ont fait croire qu’ils défendaient le petit contre le gros sans scrupule. «Il y a quelque chose de particulièrement indécent à entendre ces gémissements des plus fortunés à côté du silence des Français qui voient leur pouvoir d'achat remis en cause», s’écrie Benoît Hamon, lequel n’hésite pas à participer à un gouvernement qui a voté la « règle d’or », qui obéit aux marchés financiers internationaux, ponctionne les Français, et pas seulement les obèses, dérégule le marché du travail, favorise la fermeture d’usines et la délocalisation… et présente une belle brochette de « fortunés ».


    C’est sur ce terrain marécageux que tentèrent de nous mener, dans un premier temps, journalistes et politiciens. On s’y enlise forcément. Imaginez un joueur véreux qui vous force à utiliser un jeu de dés pipés. Ou un truand qui invente les règles, tout à son avantage, d’un jeu de cartes. Telle est la pensée unique. On nous place devant des absurdités, des paradoxes, des anomalies, des dysfonctionnements générés par le libéralisme mondial, comme le « coût trop élevé du travail », les « charges exorbitantes », « les règles trop contraignantes du marché », et tutti quanti, et le tour est joué : bon an, mal an, à coup d’alternances, on enfonce la leçon dans le crâne d’un peuple médusé, et on lui impose des remèdes que les choix économiques, sociétaux, civilisationnels, ont nécessairement, fatalement, produits. Face je gagne, pile, tu perds !

    C’était sans compter sans ce chien fou de Gérard ! Un peu plus gros qu’Idéfix, un peu patou dans une salle de rédaction !

    Et là, il faut invoquer ce bon vieux Pavlov, Russe célébrissime, et pour cause, car on peut le considérer comme le saint patron de notre modernité. Que devient son réflexe maintenant ? A la place du chien, les masses. A la place de la viande, la Russie de Poutine. A la place de la sonnette, un certain nombre de vocables attribués aux puissances qui résistent au Nouvel ordre mondial (dictature, corruption, propagande, démesure, grossièretés, folie, crime etc.), et cela donne une bonne bave universelle qui se répand à la une de la presse collaboratrice.

    Le héros potentiel, que les journalistes occidentaux plaçaient au Capitole, se retrouve soudain au bas de la roche tarpéienne.

    Les réactions valent toute anthologie de la farce universelle, et on doit les sauvegarder pour déchaîner les rires des générations à venir. Tant le mur du çon fut maintes fois passé avec maestria !

    Commençons par notre premier ministre, Jean Marc Ayrault, qui qualifia de « minable » le comportement d’un acteur, peut-être le meilleur, actuellement. Il est vrai qu’une condamnation pour « favoritisme » est un brevet beaucoup plus noble.

    Torreton, le bouffon du roi, le subventionné parisien, le petit envieux, s’attira, quant à lui, la risée, amplement méritée de Catherine Deneuve qui, pour une fois, fut bien inspirée.

    Toutefois, c’est lorsque Depardieu annonça qu’il acceptait la proposition de Poutine, de lui octroyer la nationalité russe, que la meute se déchaîna. Ce fut alors une cacophonie d’aboiements de toutes races, du roquet, prolifique, au rottweiler, plus dangereux. Cela couina et brailla, gémit et creva de rage dans tous les coins du chenil.

    Se faire des cheveux blancs pour son fric, soit ! Chercher à le planquer, à la bonne heure ! Œuvrer pour la bonne cause, transformer le poulailler en jungle, c’est encore plus cool ! Mais fricoter avec l’ours russe, quelle horreur !

    Et on sort la grosse artillerie des jurons, des raccourcis, des condamnations expéditives, des exécutions sommaires. On se croirait revenu aux procès de Moscou, ma foi. D’aucuns ont vu, en effet, Gérard, rouler des patins aux dictateurs, à Fidel, à Vladimir, à Ramzan Kadyrov, à Islom Karimov, avec la fille duquel il poussa la chansonnette…

    Il faut dire, horreur au delà de la Bérézina ! que Gérard gagne beaucoup d’agent en faisant là-bas de la pub, pour les banques, pour le Ketchup… Heureusement que ce dévergondage n’existe pas en deçà !

    Le Point du 4 janvier n’hésite d’ailleurs pas, contre toute évidence, car Depardieu jouit en Russie d’une popularité immense, d'affabuler comme un arracheur de dent, comme à l’époque où Radio Paris mentait (ce qui n’a guère cessé !) : son éloge de la démocratie russe aurait, paraît-il, « provoqué un concert de critiques et sarcasmes envers l'acteur français sur les réseaux sociaux russes vendredi ». Tu parles, Charles ! On va te croire ! Et de citer Edouard Limonov, Matvei Ganapolski, Vladimir Sokolov, Herhermann, Tous évidemment représentatifs du peuple russe, opposants ultra-minoritaires subventionnés par l’Amérique, manipulés, comme les Pussy Riot, par la CIA. De même, les Echos titrent : « La russophilie de Depardieu attriste fans et détracteurs ». Qui le prouve ? Mailly, qui préfère les Pussy Riot à Poutine ? Cambadélis ?

    Et nos commentateurs d’enfoncer le clou : ces régimes, affreux sanguinaires criminels contre l’humanité tortionnaires et patati. Bien évidemment, on fait référence à la torture, aux camps… La Russie ? Une grande démocratie ? Il se fout de nous, Gérard ! Et l’homosexualité, hein ! Qu’a dit Madonna, à ce sujet ? Et les Pussy Riots, ces vaillantes combattantes de la liberté, qui chantent quasiment à poil dans une église pour promouvoir la tolérance et le bonheur californien ? Pas étonnant que Brigitte Bardot suive Depardieu dans son élan, elle dont le ventre est encore fécond de la bête immonde.

    Et Cohn-Bendit, avec sa gueule de vidangeur enivré par les odeurs, fait son petit caca nerveux : «Ce sont des crétins finis [Gérard Depardieu et Brigitte Bardot], s’ils ont envie de tous dormir avec Poutine qu’ils se mettent dans son lit», «L’autre fou qui déclare la Russie comme une grande démocratie, vraiment il faut être complètement malade et complètement plein d’alcool (…) pour dire des bêtises pareilles », «Et puis l’autre [Brigitte Bardot] qui veut quitter la France (...) qu’elle aille en Russie (…) En Sibérie ce doit être formidable pour elle.»… On comprend pourquoi ce poète des égouts a connu tant de succès, et qu’il surnage, si l’on peut dire, depuis si longtemps, sur les eaux croupies et usées du cloaca maxima européen.

     On ne sait pas au juste à qui accorder la palme de la grossièreté, tellement les compétiteurs brillent de leur talent. Ce même Benoît Hamon, qui se prenait pour Robin des bois, se crut de l’esprit en proposant, à propos de BB : « Elle pourrait demander Gérard Depardieu en mariage, ce serait formidable. » On imagine les rires télécommandés du plateau. Sa collègue du gouvernement le coiffa sur le poteau en ironisant perfidement : elle aurait « une longue liste de personnes » qu’elle « voudrai[t] voir en Russie ». Probablement en Sibérie.


    Mais la palme revient indubitablement aux écologistes parisiens,. Plus bobo qu’eux, on meurt ! Ils ont proposé que le Conseil de Paris « élève » ( !) les membres du groupe féministe russe Pussy Riot au rang de citoyennes d'honneur de la Ville de Paris. Eh bien oui, les très américanisées Ingrid Betancourt et Aung San Suu Kyi y ont eu droit (propagande atlantiste oblige !) car, écoutez bien, "Paris est la ville où a été signée la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, c'est donc une ville qui doit reconnaître les personnes qui défendent les droits de l'homme". Rien moins que ça !

    On connaît la chanson. C’est la même qui sature les ondes à propos de l’Iran, de la Syrie, récemment de la Libye, etc. Evidemment, en accusant la Russie de tous les maux, on n’ira pas voir de plus près si la démocratie est bien défendue au Qatar, en Arabie Saoudite, en Afghanistan, si Israël, l’Otan, ne commettent pas des crimes de guerre, si les « rebelles » qui tentent de détruire la république syrienne ne sont pas des brutes sanguinaires, si l’Amérique respecte bien les droits fondamentaux, si Guantanamo, la torture délocalisée sont dignes d’une démocratie, si les prisons US, la chambre de la mort, ne sont pas pires que les prisons russes, si la démocratie est réelle, dans le pays des lobbys, du fric roi, de l’abstention massive, et si, chez nous, en France, dans le « pays des droits de l’homme » (rires), le système électoral est juste, lui qui empêche des millions de citoyens d’être représentés, où les médias sont cadenassés par une caste et ses larbins journalistiques, où les gouvernements mentent impunément et contredisent toujours la volonté du peuple, quand on lui donne la parole – ce qui, du reste, est rare. Sans parler de la corruption (la France est bien placée !), les affaires de mœurs, les scandales d’affaires etc.

    Que dire de la décision de notre Depardieu ? On lui donnera sans doute raison, même si son geste prend sa source dans de mauvaises raisons. On ne s’étonnera pas que le parti socialiste ait donné des consignes pour étouffer la polémique. Un artiste comme lui, avec une popularité si grande, est contre productif en termes de propagande. Bouche cousue, donc ! On ne sait jamais ! D’aucuns pourraient se rendre compte que le pays est occupé par le parti de l’étranger, étranger à la nation, à son passé, son héritage, son histoire, étranger au peuple qu’il trahit et sacrifie sur l’autel d’un mondialisme mortel. Et le pire ennemi de cette caste cynique, c’est bien la Russie, qui revient à ses racines, à sa religion ancestrale, à son esprit, au simple souci de ses intérêts patriotiques. Ce que ne saurait tolérer les princes qui nous gouvernent !

    Claude Bourrinet (Voxnr, 5 janvier 2013)

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  • Florange sacrifié sur l'autel du mondialisme ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Drac, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la capitulation du gouvernement dans l'affaire de l'acierie de Florange. Michel Drac est l'animateur du site Scriptoblog et est l'auteur de plusieurs essais comme Crise ou coup d'état ? (Le Retour aux sources, 2009) ou Crise économique ou crise du sens ? (Le retour aux sources, 2010).

     

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    Florange sacrifié : au profit de qui ?

    Lors du débat récent sur le site sidérurgique de Florange, nous avons assisté à l’opposition médiatique de deux discours simplistes : d’un côté, les partisans du maintien de l’activité ont jugé le site conforme aux normes de rentabilité exigées par le marché ; en face, leurs adversaires ont soutenu la thèse inverse. Opposition frontale, argumentaires fragiles : les médias ne nous ont offert que très peu d’informations approfondies. Quid des processus sur site ? Leurs inducteurs de coûts ? L’analyse de la valeur de leurs outputs ? On n’en saura rien, ou presque.

    Mais sans doute n’était-ce pas vraiment de technique qu’il était question.

    Débat médiatique, rideau de fumée. L’agressivité des échanges révélait un non-dit : la véritable interrogation porte souterrainement sur le cadre conceptuel de l’analyse et non sur ses conclusions. Un véritable débat oppose ceux qui jugent Florange dans le cadre conceptuel défini par le libre-échange inéquitable, les marchés financiers dérégulés et le monétarisme laxiste contemporain, à ceux qui raisonnent hors de ce cadre.

    Allons à l’essentiel : énoncer que le critère de décision principal relatif à la continuation de l’exploitation à Florange est la rentabilité du site, du point de vue des actionnaires et selon les normes des marchés financiers, c’est affirmer que ce site existe en premier lieu pour rémunérer le capital nomade et spéculatif. On pourrait très bien opposer à ce point de vue actionnarial un point de vue productif : dans cette optique, le site de Florange existerait d’abord pour répondre aux besoins en acier de l’économie physique.

    Ici, un tel renversement de perspective est d’ailleurs très plaidable. La sidérurgie n’est pas une activité en déclin. On n’a jamais produit autant d’acier dans le monde : 1,4 milliards de tonnes par an. Et ce n’est pas fini. Nous allons vers de grands bouleversements dans la métallurgie : de nombreux minerais vont être éteints à l’extraction primaire dans les décennies qui viennent. Une des pistes envisageables pour des substituts acceptables réside dans le développement d’alliages à base de fer mimant les propriétés des métaux non ferreux. C’est dire si la sidérurgie de haute technicité est un métier d’avenir. La rentabilité de court terme offerte au capital spéculatif ? Mais il s’agit de la robustesse future des économies européennes !

    Bien sûr, un tel débat est interdit. Montebourg prononce le mot de « nationalisation », et déjà montent au créneau les défenseurs de l’économie globalisée. Où l’on verra un BHL trancher la question, lui qui n’a probablement jamais vu fonctionner un laminoir, mais a, en revanche, très bien compris que dans l’intérêt d’une hyperclasse globalisée parasitaire et prédatrice, il ne doit pas tolérer le pourtant nécessaire débat sur le cadre conceptuel de la décision économique.

    Michel Drac (Boulevard Voltaire, 26 décembre 2012)

     

     

     

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  • Circus politicus !...

    Les éditions Albin Michel viennent de publier Circus politicus, une enquête des journalistes  Christophe Deloire et Christophe Dubois consacrée au système de domination que l'hyperclasse met en place progressivement. Un ouvrage intéressant et utile destiné au grand public, mais qui, curieusement, omet de citer le travail remarquable d'investigation accompli sur ce sujet par Emmanuel Ratier avec sa lettre bimensuelle d'informations Faits&Documents...

     

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    "Circus politicus révèle les dessous d’un véritable « putsch démocratique », une tentative de neutralisation du suffrage universel par une superclasse qui oriente la décision publique. Il montre comment le Pouvoir a capitulé devant les puissances financières. Il dévoile les stratégies de double discours et d’hypocrisie française entre Paris et Bruxelles. Histoires, anecdotes, preuves, documents… tout dans ce livre tend à démontrer que les Indignés ont raison de réclamer une « vraie démocratie » ! Entrons dans ce Circus politicus où le peuple est jugé dangereux et la démocratie archaïque. Nous voici dans les réunions ultra secrètes des Conseils européens où tout se joue, dans les coulisses, dans de mystérieux clubs d’influence où les banquiers américains expliquent la vie à nos politiques, dans les officines et les bureaux d’agents secrets…
    La France est sous la tutelle d’un pouvoir aveugle. La souveraineté, nationale ou européenne, n’est plus qu’une image pieuse entretenue par des « idiots utiles ». Une enquête inédite, iconoclaste qui fait surgir une réalité qu’il vaudrait mieux affronter plutôt que de la nier."

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  • Quel jeu pour l'hyperclasse en 2012 ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant de Georges Feltin-Tracol, cueilli sur le site Europe maxima, dans lequel il analyse les stratégies qui pourraient être celles de l'hyperclasse (ou des élites mondialisées, comme dirait Eric Zemmour) dans la perspective des élections présidentielles. Animateur du site Europe Maxima, Georges Feltin-Tracol a publié deux recueil d'articles aux éditions Heligoland : en 2009, Orientations rebelles, et en 2011, L'Esprit européen entre mémoire locale et volonté continentale.


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    Le jeu de l'hyperclasse pour 2012

    Il ne fait guère de doute que 2012 sera une année décisive. Non pas parce qu’elle marquerait la « fin du monde » selon une prédiction du calendrier maya, mais plus sûrement parce que cette année connaîtra des élections présidentielles en Chine, aux États-Unis, en Russie, au Venezuela, au Mexique et en France. Du fait de ces échéances cruciales et des effets durables d’une crise économique féroce, l’hyperclasse se montre attentive à l’évolution politique de ces pays, Hexagone compris…

     

    L’« hyperclasse » : un ensemble composite

     

    Désignée d’abord par Christopher Lasch en tant que « Nouvelle Classe » (1), puis définie comme une « Oligarchie » transnationale, l’hyperclasse est un ensemble mondialiste fortuné, richissime même, qui veut imposer sa domination sur les États au moyen des médias, des marchés et de la dette souveraine (bel oxymore !). Rapportant les conclusions d’une étude de trois chercheurs suisses mise en ligne sur Plos One, Emmanuel Ratier évoque dans son excellente lettre confidentielle « une “ super-entité économique dans le réseau global des grandes sociétés ” […]. Sur ces 147 firmes, les trois quarts appartiennent au secteur financier. Il existe donc un véritable “ syndicat caché ”, un “ État profond ” de la finance apatride et cosmopolite, qui contrôle l’essentiel de l’économie […]. Les liens entre ces dirigeants, ces “ traders ” vedettes et les gouvernements font qu’il s’agit d’un petit milieu très étroit, où les modes, les erreurs, les alliances font qu’une seule décision (en particulier une mésestimation ou une erreur) peut avoir des conséquences colossales sur l’ensemble du système (2) ». Dans L’oligarchie au pouvoir, Yvan Blot examine son pendant hexagonal qui « comporte les dirigeants des intérêts économiques les plus divers, grand patronat, grands syndicats, associations diverses souvent prétendument à but non lucratif mais à activités souvent affairistes, lobbies ethniques poussant leurs avantages, etc. Ce socle est très important car il sert souvent de base financière aux autres parties de l’oligarchie (3) ». Il y intègre aussi sous ce terme générique la « caste » médiatique, les « autorités morales », les politiciens et les appareils bureaucratiques.

     

    Unie par des valeurs communes, les mêmes codes culturels et des endroits identiques (Davos), l’hyperclasse n’en demeure pas moins un groupe hétérogène parcouru par des antagonismes parfois vifs en raison des sensibilités nationales, des contentieux économiques, des inimités personnelles. Nul n’ignore que deux des plus grandes fortunes françaises, François Pinault et Bernard Arnault, ne s’apprécient guère… « On croit que le libre-échange globalisé a engendré une oligarchie transnationale, prévient Emmanuel Todd. Parce qu’on fait abstraction des facteurs culturels, on ne voit pas qu’il existe plusieurs oligarchies dont les relations sont structurées par d’implacables rapports de forces. La spécificité de l’oligarchie française, c’est sa proximité avec la haute administration. Les membres ont souvent étudiés dans de grandes écoles – sans forcément être des héritiers -, parlent en général très mal l’anglais, sont incroyablement français dans leurs mœurs et n’en finissent pas de se faire rouler par les vrais patrons, l’oligarchie américaine. La soumission à Standard & Poor’s et Moody’s est une soumission à l’oligarchie américaine. Quant à l’oligarchie allemande, nouvelle venue dans le système de domination, elle s’habitue ces jours-ci à traiter les Français comme de simples vassaux. Le charme singulier de l’oligarchie chinoise est son étroite intrication avec le Parti communiste. La plupart des analystes passent à côté de cette hétérogénéité (4). »

     

    L’hyperclasse, pour le moins la part qui s’intéresse à l’Europe,  s’inquiète de la montée du « populisme », en particulier en France, vieille terre de jacqueries, d’émeutes et de révolutions. Elle craint qu’une éventuelle vague populiste n’affecte durablement son ascendance. Elle s’emploie à conjurer ce risque en s’assurant d’une maîtrise certaine des événements. Longtemps, son champion à la course élyséenne destiné à remplacer l’actuel locataire déconsidéré et dévalorisé, fut Dominique Strauss-Kahn. Au printemps 2011, quelques sondages mettaient Marine Le Pen en tête du premier tour. Cette véritable manœuvre de guerre « psychologique et médiatique » prévoyait d’écarter du second tour Nicolas Sarközy et d’assurer ainsi une large victoire « républicaine » et pseudo-consensuelle à D.S.K. Cependant, un regrettable événement hôtelier survenu à New York ruina la belle mécanique. Dépitée et résignée, la « ploutocratie » a réparti son soutien entre Sarközy, François Hollande et François Bayrou qui assume sans complexes sa foi envers la présente politogénèse européenne mondialiste.

     

    Dans Le Point, Emmanuel Todd relève que « l’oligarchie se comporte comme une classe sociale, mais en même temps on sent en elle de l’irrationalité et même un vent de folie collective (5) ». Il estime par ailleurs que « le monde de l’oligarchie est un monde de pouvoir et de complots (6) ». Sans verser dans le délire conspirationniste, on peut néanmoins supposer qu’une faction de l’hyperclasse, redoutant un déchaînement incontrôlable de colères populaires suite aux méfaits de la crise, choisirait par défaut… Marine Le Pen !

     

    La ploutocratie contre les élections

     

    Soyons précis. La présidente du Front national n’est pas la candidate de l’hyperclasse, mais il est envisageable qu’une tendance, minoritaire, des « élites mondialisées » parie sur son hypothétique élection dans le dessein machiavélique de montrer aux peuples récalcitrants, aux Français d’abord, qu’il n’y a aucune alternative possible hors de la voie qu’elles ont préparée.

     

    Certes, la plus grande majorité des oligarques espèrent un second tour entre François Hollande et Nicolas Sarközy. Toutefois, le grain de sable n’est pas à exclure. Les électeurs français réfractaires aux injonctions médiatiques risqueraient de bouleverser le bel ordonnancement prévu, ce que les « pseudo-élites » détestent. Pour éviter toute perspective de nouveau « 21 avril 2002 » (à l’endroit ou à l’envers, peu importe), le plus simple serait d’empêcher la candidature de Marine Le Pen, perçue comme l’avocat radical du « petit peuple ». On sait que Jean-Marie Le Pen a toujours eu de très grandes difficultés pour récolter les cinq cents parrainages obligatoires. L’intercommunalité, le poids financier du département et de la région, l’influence de la partitocratie et le rôle délétère des médias mettent une incroyable pression sur les maires des communes rurales et des petits bourgs urbains. Incapable de réunir les signatures nécessaires, Marine Le Pen ne pourrait pas postuler à la magistrature suprême sans que les règles démocratiques ne soient formellement violées. Autre supposition : Marine Le Pen parvient à rassembler les parrainages indispensables. Sa candidature est cependant invalidée par le Conseil constitutionnel. Les hiérarques du Palais royal reviendraient sur leur jurisprudence de 1974 quand leurs prédécesseurs entérinèrent après débat la candidature du royaliste de gauche Bertrand Renouvin. Ils se justifieraient au nom du respect des traités européens et de l’abolition constitutionnelle de la peine de mort alors que Marine Le Pen prône la sortie de l’euro et propose un référendum sur le rétablissement de la peine capitale. Une décision pareille provoquerait en retour le mécontentement des électeurs et, peut-être, le début d’un « printemps tricolore » en écho aux révolutions arabes de 2011…


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    Si ces entraves ne se produisent pas, une infime minorité de l’hyperclasse estime vraisemblable que Marine Le Pen arrive au soir du 22 avril 2012 première ou seconde, puis remporte – à la surprise générale – l’élection. Mieux, dans la foulée et dans la logique institutionnelle de la Ve République, une nouvelle majorité présidentielle – frontiste ou lepéniste – gagnerait une confortable majorité à l’Assemblée nationale. Commencerait alors le subtil et pernicieux travail d’étouffement des oligarques.

     

    En effet, quand bien même une large majorité de députés suivrait la nouvelle présidente de la République, celle-ci se retrouverait cernée. Au-dessus d’elle la surplomberaient des « surveillants supranationaux » : l’O.N.U., l’O.M.C., l’O.T.A.N., l’Union européenne, la Cour européenne des droits de l’homme et le Conseil constitutionnel. Son gouvernement devrait composer avec un Sénat de gauche, la totalité des collectivités territoriales aux mains de l’opposition U.M.P.S. et l’hostilité des syndicats, de la magistrature et du Conseil d’État. Le pays serait en proie à des grèves générales pénalisantes pour la population. Par ailleurs, tout le système médiatique contesterait les moindres faits et gestes des membres de la nouvelle majorité (la campagne de presse contre les vacances tunisiennes de Michèle Alliot-Marie passerait alors pour une aimable réprimande…) et pratiquerait une large désinformation contre le pouvoir. Enfin, la haute-administration, gangrenée par des réseaux enchevêtrés d’intérêts catégoriels discrets, freinerait, retarderait, bloquerait les décisions précises au point de gripper l’appareil d’État. Dans les ministères, ce sont les fonctionnaires qui dirigent, pas les ministres. Yves Blot mentionne une anecdote révélatrice quand il était député R.P.R. du Pas-de-Calais lors de la Ire Cohabitation (1986 – 1988). Invité avec d’autres collègues de la majorité au ministère du Budget détenu par Alain Juppé pour suggérer des réformes, « on fait le tour de table et Juppé se tourne vers son conseiller fiscal, un haut fonctionnaire venant de la direction générale des impôts du ministère des Finances. “ Alors ? Que pouvons-nous réformer ? ” Réponse : “ Rien, Monsieur le Ministre. Toutes les propositions des députés sont en contradiction avec la doctrine de la direction ”. Là-dessus Juppé nous quitte et lance à son conseiller : “ Réfléchissez, vous changerez peut-être d’avis pour faire certaine réforme ”. Réponse du conseiller : “ Certainement pas, Monsieur le MInistre ! ” Je vais voir Juppé et je lui dis : “ Ton conseiller est    arrogant ! Tu ne vas pas le suivre ? ” “ Écoute, me répond-il : tu connais l’administration. Si je ne lui obéis pas, je ne contrôlerai plus aucune manette dans ce ministère ! ” (7) ». En 1995, Alain Madelin dut batailler ferme pour enfin savoir la rémunération des responsables des services de Bercy ! On les lui remit avec maintes précautions sur du papier spécial non photocopiable (8)…

     

    Médias, fonctionnaires, juges, syndicats et politiciens profiteraient de cette chienlit pour dénoncer l’incompétence et l’amateurisme des nouveaux dirigeants. Des pénuries de carburant, d’énergie, de produits de première nécessité surgiraient alors. Des violences (émeutes dans les banlieues, sécession de certaines collectivités au nom de l’« anti-fascisme » réactivé), fomentées par des officines clandestines spécialisées liées à des services spéciaux étrangers (étatsuniens, britanniques, allemands, algériens, chinois, israéliens…), plongeraient la France dans une subversion généralisée. Au bout de quelques mois ou années (mais pas cinq ans !), Marine Le Pen, désavouée, se verrait obligée de démissionner.

     

    Un pari oligarque risqué

     

    Une dernière hypothèse serait aussi plausible. Supputant sur le pragmatisme intéressé et l’attrait des palais officiels, l’Oligarchie pourrait tabler sur les précédents péruviens d’Alberto Fujimori entre 1990 et 2000 et d’Ollanta Humala en 2011, ou équatorien de Lucio Gutierrez en 2002 – 2005 et espérer un ralliement – contraint et forcé ? – de la nouvelle élue au Diktat du F.M.I., de la Banque mondiale et de l’hyperclasse.  Il en résulterait un immense désarroi des Français et une grande désaffection au profit de l’abstention, neutralisant ainsi des suffrages potentiellement contestataires.

     

    Ravie par cette élection, génératrice de désordres, et le travail de sape inhérent, l’hyperclasse pourrait favoriser un gouvernement de techniciens et d’« union républicaine » comme en Grèce avec Lukas Papadémos et en Italie avec Mario Monti. François Fillon, Martine Aubry ou même Jean-Claude Trichet s’installerait à l’Élysée ou à Matignon. L’hypothèse populiste française serait enfin levée pour le plus grand bonheur des ploutocrates et le grand malheur des Français désespérés.

     

    Mais ces circonstances dramatiques peuvent au contraire renforcer la ténacité de l’équipe dirigeante. Détentrice de la légitimité et seule capable de déterminer la situation d’exception, elle pourrait contrarier leurs projets par le recours à l’article 16 de la Constitution de 1958 ou la réalisation d’un coup d’État. La France n’est pas une terre de putschs. Seuls ceux organisés par l’exécutif ou des membres éminents de l’exécutif ont été des succès : Maupeou sous Louis XV en 1771, Napoléon Bonaparte les 18 et 19 brumaire an VIII, le Prince-Président Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851. Avalisé ensuite par une consultation populaire, le coup de force salutaire serait une prompte réponse aux menées oligarchiques. Quant aux pressions extérieures, la France dispose encore du droit de veto au Conseil de sécurité de l’O.N.U. et de la force nucléaire…

     

    Tous ces scenari appartiennent pour l’instant à de la politique-fiction. Rien ne présume que la France s’achemine à quatre mois de l’échéance présidentielle vers les tempêtes ainsi décrites. Tout annonce plutôt un duel Sarközy – Hollande. N’oublions pas toutefois que les présidentielles françaises ont toujours été propices à l’inattendu.

     

    Georges Feltin-Tracol (Europe maxima, 1er janvier 2012)

     

    Notes

     

    1 : En lançant cette expression de « Nouvelle Classe », Christopher Lasch avait peut-être à l’esprit les écrits dissidents du Yougoslave Milovan Djilas et du Soviétique Mikhaïl Voslenski qui disséquait la Nomenklatura communiste. L’hyperclasse est aujourd’hui la Nomenklatura de l’Occident mondialisé.

     

    2 : Emmanuel Ratier, dans Faits & Documents, n° 327, du 15 décembre 2011 au 15 janvier 2012, p. 8.

     

    3 : Yvan Blot, L’oligarchie au pouvoir, Paris, Économica, 2011, pp. 81 – 82.

     

    4 : Emmanuel Todd, « Annulons la dette du Vieux Monde ! », entretien, Le Point, du 1er décembre 2011.

     

    5 : Idem.

     

    6 : Id.

     

    7 : Yvan Blot, op. cit., p. 89.

     

    8 : Cette anecdote a été racontée par Jean Arthuis, sucesseur au ministère de l'économie, en 1995, de l'éphémère Alain Madelin... (Note de Métapo infos)

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