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décadence - Page 5

  • La Compagnie de la Grande Ourse...

    Les Amis du Livre européen viennent de publier La Compagnie de la Grande Ourse, un roman de Saint-Jall. Historien et aventurier, l'auteur nous propose un grand roman pour adolescents dans lequel souffle l'esprit du Wandervogel, celui de la révolte, de la jeunesse et de l'identité...

    Le livre peut être commandé directement sur le site : Les amis du livre européen.

     

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    " Année de la Pierre.

    Dans une société qui vole en éclats, minée par tous les renoncements, des jeunes gens choisissent de se lever, portés par la volonté et l’espoir.

    Ils brûlent de connaître une fraternité plus grande, ils rêvent d'un monde sensible à leurs chants. Ils arpentent des sentiers oubliés et découvrent le pouvoir étonnant de la poésie et de la beauté.

    Les Compagnons de la Grande Ourse, partis porter la révolte dans le Grand Pays, parviendront-ils à faire entendre leur cri de révolte et de fierté ?

    Dans cette fresque d'un proche avenir, Saint-Jall lance un appel aux destins particuliers qui ont déserté notre époque, refusant d'être le triste contemplateur d'une ère de décadence.

    Ainsi rejoint-il le philosophe, pour qui l'important n'est pas la description des événements mais la mise en lumière de leur signification par delà le temps. "

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  • Face à la décadence des valeurs...

    Nous reproduisons ci-dessous une intervention d'Yvan Blot au colloque de l'Institut de la démocratie et de la coopération, qui s'est tenu le 10 juin 2013, à l'assemblée nationale, sur le thème "La Grande Europe des Nations : une réalité pour demain ?". Un point de vue qui peut faire débat quant à la place qu'il accorde au christianisme, notamment...

    Fondateur du Club de l'Horloge, Yvan Blot, qui préside actuellement l'institut néo-socratique, est notamment l'auteur de L'héritage d'Athéna ou Les racines grecques de l'Occident (Presses bretonnes, 1996) ainsi que d'un essai intitulé L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011).

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    La Russie et l'Europe face à la décadence des valeurs

    Le problème des valeurs

    Les valeurs ne sont pas une connaissance. Le vrai, le bien et le beau sont des objectifs pour l’action. Leur origine n’est pas la création par un petit père des peuples, ou par une commission interministérielle mais elle est immémoriale.   L’Europe et la Russie partagent des valeurs communes parce qu’elles sont issues de la même civilisation, issue de la Grèce et de Rome, transfigurées par le christianisme. Refuser que l’Europe soit « un club chrétien » comme l’ont dit plusieurs politiciens comme Jacques Delors ou le premier ministre turc Erdogan revient à nier l’identité historique de l’Europe.

    Les valeurs montrent leur importance sociale à travers leurs fruits. Le meurtre ou la malhonnêteté ne sont pas généralisables. La société s’effondrerait. L’honnêteté ou le respect de la vie sont généralisable. Le fait d’avoir des enfants aussi. C’est le signe qu’on est en présence de valeurs authentiques.

    Le problème des valeurs est qu’elles ne sont pas issues de la raison comme l’ont montré des philosophes comme Hume ou le prix Nobel Hayek. Elles se situent entre l’instinct et la raison. Le 18ème siècle européen avec son culte de la raison et son éloge de la libération de la nature, donc des instincts a été une catastrophe pour les valeurs. La raison, cette « crapule » comme disait Dostoïevski, a servi à justifier les instincts. Or les hommes ont une vie instinctive chaotique à la différence des animaux. L’homme a par nature besoin des disciplines de la culture, de la civilisation, comme l’a écrit l’anthropologue Arnold Gehlen. Du 18ème siècle a nos jours, on a assisté en Occident à la destruction des valeurs traditionnelles issues du christianisme et du monde gréco romain. Quatre faux prophètes ont joué un rôle majeur : Voltaire, Rousseau, Marx et Freud. Au 20ème siècle, les idéologies scientistes totalitaires ont provoqué des meurtres de masse au nom de la raison.

    Plus récemment, la révolution culturelle des années soixante, partie des universités américaines, a affaibli nos valeurs de façon décisive avec des slogans tels que « il est interdit d’interdire » ou « il n’existe pas d’hommes et de femmes mais des choix subjectifs d’orientation sexuelle ».

    Le fait est que le nombre de crimes et de délits en France resté stable autour de 1, 5 millions d’actes entre 1946 et 1968  a monté depuis lors au chiffre de 4,5 millions. Le record des prisonniers est détenu de loin par les Etats-Unis d’Amérique où le nombre de meurtre par habitant est quatre fois celui de la France. Face à cette situation, les gouvernements n’ont guère réagi sauf celui de la Russie.

    Si l’on reprend les quatre causes d’Aristote matérielle, formelle, motrice et finale, on a quatre groupes de valeurs culturelles qui sont le socle de la civilisation et de la société, on a les valeurs comme normes obligatoires incarnées par l’Etat et le droit, on a les valeurs familiales qui s’étendent aussi à l’économie et enfin les valeurs spirituelles incarnées par les religions. Dans quelle situation sommes-nous par rapport à ces quatre groupes de valeurs ? L’utilitarisme américain qui réduit l’homme à une matière première de l’économie remet en cause beaucoup de nos valeurs traditionnelles.

    Les valeurs culturelles et morales

    L’Europe et la Russie ont dans ce domaine un héritage majeur, celui de l’Empire romain et des anciens Grecs. Il s’agissait de la « paidéia », l’éducation de l’homme afin qu’il devienne « beau et compétent » de corps et d’âme (kaloskagathos). D’où la recherche de l’excellence morale par l’exemple des grands hommes de l’histoire. Cette éducation humaniste, qui était aussi bien catholique que laïque en France, a été reniée. On cherche à former des techniciens et des commerciaux sans culture générale et non des citoyens autonomes. L’homme doit devenir un simple rouage de la machine économique comme l’a montré le philosophe Heidegger. On assiste à un effondrement de la culture générale et de la lecture. En même temps, le sens moral s’affaiblit, à commencer chez les élites car « c’est toujours par la tête que commence à pourrir le poisson ». 

    Au nom des droits de l’homme, on sape la morale traditionnelle car on ignore la nature véritable de l’homme. Celui-ci a trois cerveaux, reptilien pour commander les instincts, mammifères pour l’affectivité (mesocortex) et intellectuel et calculateur (neocortex). En Occident, le cerveau affectif qui commande le sens moral n’est pas favorisé : il est considéré comme réactionnaire ! La morale est réactionnaire ! Seuls sont promus le cerveau reptilien (les instincts) et le cerveau calculateur (intelligence) mis au service du reptilien. Cela donne des personnalités au comportement déréglé comme un ancien directeur du FMI. Plus gravement, cette dégénérescence a produit aussi les criminels comme Hitler ou Pol Pot ! La raison au service de l’agression reptilienne, c’est la barbarie !

    Il faut réaffirmer l’importance de la morale, notamment civique, laquelle n’est pas fondée sur la raison mais sur des traditions que l’on acquiert avec l’éducation du cœur, comme l’a toujours affirmé le christianisme. C’est essentiel pour l’Europe comme pour la Russie. Nous partageons l’idéal de la personne qui recherche l’excellence, idéal issu des anciens Grecs, de l’empire romain et du christianisme.

    L’offensive contre les valeurs familiales

    A partir de mai 1968  pour la France, les valeurs familiales se sont effondrées. Le mot d’ordre de mai 68  était « jouir sans entraves » comme disait l’actuel député européen Daniel Cohn Bendit accusé aujourd’hui de pédophilie. Depuis les années soixante dix, un courant venu des Etats-Unis, la théorie du genre, affirme que le sexe est une orientation choisie. Le but est de casser le monopole du mariage normal, hétérosexuel. Depuis les mêmes années, la natalité s’effondre dramatiquement en Europe. L’Europe ne se reproduit plus et sa démographie ne se maintient en quantité que par l’immigration du tiers monde. Le tissu social se déchire par les échecs familiaux et par l’immigration de masses déracinées. La France favorise la gay pride, autorise le mariage gay et réduit les allocations familiales. Par contre, la Russie créé pendant ce temps une prime de 7700 euros à la naissance à partir du deuxième enfant, et crée une fête officielle de l’amour de la fidélité et du mariage avec remises de décoration.

    Une idéologie venue des Etats-Unis affirme le choix de vie « childfree » (libre d’enfants) opposé à « childless » sans enfants par fatalité. Avec une telle idéologie, l’Europe contaminée est en danger de mort démographiquement. Ce  fut le cas de la Russie après la chute de l’URSS  mais le redressement s’affirme depuis trois ans environ.

    Il faut aussi lier les valeurs familiales et celles de la propriété et de l’entreprise. Dans le passé, la famille était la base de l’économie. Le système fiscal français démantèle la propriété et empêche les travailleurs d’accéder à la fortune par le travail. On sait grâce aux exemples allemand et suisse que les entreprises familiales sont souvent les plus efficaces et les plus rentables.  Or on est dans une économie de « managers » de gérants qui cherchent le profit à court terme pour des actionnaires dispersés. L’Etat est aussi court termiste dans sa gestion et s’endette de façon irresponsable, droite et gauche confondues. Une société sans valeurs familiales est aussi une société tournée vers le court terme, qui se moque de ce qu’elle laissera aux générations futures. Là encore, l’Europe pourrait s’inspirer de la récente politique familiale russe et la Russie avec son faible endettement est un bon contre-exemple par ailleurs.

    La crise des valeurs nationales.

    Le socialiste Jaurès disait : « les pauvres n’ont que la patrie comme richesse » : on cherche aujourd’hui à leur enlever cette valeur. La patrie repose sur un certain désintéressement des hommes : mourir pour la patrie fut un idéal de la Rome antique à nos jours. La marginalisation des vocations de sacrifice, celle du soldat et celle du prêtre n’arrange rien. La classe politique est gangrenée par l’obsession de l’enrichissement personnel. La patrie est vue comme un obstacle à la création de l’homme nouveau utilitariste et sans racines. 

    En outre en France surtout, on a cherché à dissocier le patriotisme de l’héritage chrétien, ce qui est contraire à tout ce que nous apprend l’histoire. L’Eglise dans beaucoup de pays d’Europe a contribué à sauver la patrie lorsque celle-ci notamment était occupée par l’étranger.

    La patrie, du point de vue des institutions politiques, est inséparable de la démocratie. Or en Europe à la notable exception de la Suisse, on vit plus en oligarchie qu’en démocratie. Ce n’est pas nouveau. De Gaulle dénonçait déjà cette dérive. Il faut rétablir une vraie démocratie,  au niveau national comme de l’Union européenne, organisation oligarchique caricaturale, et ré enseigner le patriotisme aux jeunes pour retisser un lien social qui se défait. 

    La marginalisation des valeurs spirituelles

    L’Europe comme la Russie sont issues d’une même civilisation issue de l’Empire romain et du christianisme. Le christianisme est unique en ce qu’il est une religion de l’incarnation, du Dieu fait homme pour que l’homme puisse être divinisé comme l’ont dit Saint Athanase en Orient et saint Irénée en Occident. Le christianisme met donc l’accent sur le respect de la personne humaine que l’on ne peut séparer des devoirs moraux.

    Cet équilibre est rompu avec l’idéologie des droits de l’homme où les devoirs sont absents. Dostoïevski, cité par le patriarche russe Cyrillel II  a montré que la liberté sans sens des devoirs moraux peut aboutir à des catastrophes humaines. De même l’égalité sans charité débouche sur l’envie, la jalousie et le meurtre comme les révolutions l’ont montré. Quant à la fraternité, sans justice, elle débouche sur la constitution de mafias, qui sont des fraternelles mais réservées aux mafieux  au détriment des autres.

    L’égalité en droit des différentes religions n’est pas en cause. Mais il n’y a rien de choquant à reconnaître le rôle du christianisme dans notre histoire commune et à en tirer des conséquences pratiques. Comme l’a dit l’ancien président Sarkozy, un prêtre peut être plus efficace pour redonner du sens moral et retisser le tissu social que la police ou l’assistance sociale. Il en appelait à une laïcité positive, non anti-religieuse.

    Là encore, la Russie tente une expérience intéressante qu’il ne faut pas ignorer de collaboration entre l’Etat et l’Eglise. La destruction du rôle public des Eglises a mené au totalitarisme, à un Etat sans contrepoids moral ; il ne faut pas l’oublier.

    Redressement culturel et démocratie authentique

    Qui pousse en Occident à l’effondrement des valeurs traditionnelles ? Ce n’est certes pas le peuple mais plutôt les élites profitant de leur pouvoir oligarchique, médiatique, financier, juridique et en définitive politique sur la société. Si on faisait un référendum sur le mariage gay, on aurait sans doute des résultats différents du vote de l’Assemblée Nationale.

    Ce qui caractérise l’Europe d’aujourd’hui est une coupure croissante entre les élites acquises à la nouvelle idéologie pseudo religieuse des droits de l’homme et le peuple attaché aux valeurs traditionnelles de la famille, de la morale classique et de la patrie.

    Ce fossé, par contre, existe moins, semble-t-il en Russie où le président et le gouvernement reflètent bien la volonté populaire, quitte à être critiqués par quelques oligarchies occidentalisées. C’est pourquoi je pense, contrairement à une idée reçue, que la Russie d’aujourd’hui est sans doute plus démocratique que la plupart des Etats européens car la démocratie, c’est d’abord le fait de gouverner selon les souhaits du peuple. En Occident, les pouvoirs sont manipulés par des groupes de pression minoritaires. Ils négligent la volonté du peuple et la preuve en est qu’ils ont peur des référendums.

    La démocratie russe est jeune mais est-ce un défaut ? Une démocratie trop vieille peut être devenue vicieuse et décadente, et perdre ses vertus démocratiques d’origine pour sombrer dans l’oligarchie. La Russie est donc peut-être plus démocratique car plus proches des valeurs du peuple que nos oligarchies occidentales dont de puissants réseaux d’influence souhaitent changer notre civilisation, la déraciner, créer de toutes pièces une morale nouvelle et un homme nouveau sans le soutien du peuple. Démocrates d’Europe et de Russie ont en tous cas un même héritage culturel à défendre et à fructifier face à ces réseaux.

    Face au déclin des valeurs, déclin surtout importé d’Amérique depuis les années soixante, il appartient donc à l’Europe et à la Russie de faire front commun pour défendre les valeurs de la nation, de la démocratie, de la culture classique avec son héritage chrétien. Comme disait De Gaulle, il faut s’appuyer sur les peuples d’Europe de ‘Atlantique à l’Oural, ou plutôt à Vladivostok. Il a écrit dans les Mémoires de guerre : «  Les régimes, nous savons ce que c’est, sont des choses qui passent. Mais les peuples ne passent pas ». J’ajouterai qu’il en est de même de leurs valeurs éternelles car elles sont inscrites dans la nature humaine et dans la transcendance ».

    Yvan Blot (Institut de la démocratie et de la coopération, 10 juin 2013)

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  • Zarathoustra 2.0 ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Thomas Jamet, cueilli sur le site Influencia. Thomas Jamet est l'auteur de Ren@issance mythologique - L'imaginaire et les mythes à l'ère digitale (Bourin, 2011), un essai très inspiré par les travaux de Michel Maffesoli...

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    Zarathoustra 2.0

    L’époque est à la décadence. Un mouvement marquant la fin de toutes les civilisations. Un moment où le sens est dépassé par la règle. Et où l’imaginaire cherche à renaître à grands cris.

    Rappelons-nous de ce livre fondateur de Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra ». Dans cet ouvrage qui se voulait comme un évangile, Friedrich Nietzsche livre une parabole puissante et éclairante toujours valide sur notre rapport au monde. L’ouvrage raconte l’histoire de Zarathoustra qui est resté dix ans reclus à méditer. Quand il se résout à quitter son ermitage et à rompre sa solitude pour s’adresser au peuple, il s’aperçoit avec horreur et consternation que les hommes n’ont qu’indifférence pour son projet et revendiquent et réclament à grands cris leur médiocrité.

    En leur apprenant la fameuse formule de la « mort de Dieu », Zarathoustra entend lutter contre la « décadence » et contre l’essence de la crise mortelle dont le monde est frappé. La célèbre formule, « Dieu est mort » ne signifie pas l’annonce de l’athéisme, elle entend dire que l’angoisse du néant est bel et bien installée. La mort de Dieu dénonce la dévaluation universelle des valeurs, qui plonge l’humanité dans l’angoisse de l’absurde en lui imposant la certitude désespérante que plus rien n’a de sens. La décadence s’est installée et aussi le dérèglement des instincts. La raison a été érigée en despote sous le couvert de l’impératif moral et de la foi. Les faibles ont réussi à contaminer les forts grâce au contrôle de l’éducation et de la raison camouflée sous une soi-disant « amélioration morale » de l’homme. La raison a travaillé à le domestiquer, à transformer des natures énergiques et passionnées en bêtes de somme dociles. 

    La prémonition de Zarathoustra était juste : pendant des siècles le monde a laissé de côté le mythe / muthos (le récit) au profit de la logique / logos (la raison). Enfants de Descartes, fruits de la modernité, disciples de la science, nous avons dévalorisé nos instincts primitifs. En conquérant la technique, nous avons en quelque sorte démythisé nos existences. La science a voulu tout expliquer. La médecine a voulu tout rationaliser.

    Mais le monde change, et l’imaginaire reprend ses droits, grâce au digital. Et c’est là toute l’essence de la transformation actuelle du monde ; un changement de paradigme, un retour à l’émotion, à l’affect. Les technologies digitales, plus centrées sur l’humain, l’imaginaire, et moins la technique sont en train de faire naître de manière accélérée des comportements sociaux centrés sur l’imaginaire et guidés par le non rationnel : émotion, gamification, diffusion de mèmes, tendances culturelles comme le seapunk, communautés, rassemblements…

    La crise accélère certainement ce phénomène en ce qu’elle accélère les mutations, vers un nouveau monde, forcément différent. Le rêve de Zarathoustra est toujours valide : la guerre entre le rationnel et l’émotion fait toujours rage. Mais le digital ouvre un nouveau pan et le XXIème siècle sera émotionnel ou ne sera pas. Nieztsche avait raison.

    Thomas Jamet (Influencia, 19 septembre 2012)

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  • Langue fantôme...

    "Dans cette décadence, Breivik est sans doute ce que méritait la Norvège et ce qui attend nos sociétés qui ne cessent de s’aveugler pour mieux se renier, particulièrement la France et l’Angleterre ; loin d'être un ange exterminateur, ni une bête de l'Apocalypse, il est tout à la fois bourreau et victime, symptôme et impossible remède."

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier Langue fantôme suivi de Eloge littéraire d'Anders Breivik, deux courts essais de Richard Millet qui ont provoqué les hurlements des agents culturels de la bien-pensance...

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    "Faut-il se lamenter sur le sort du roman français, quasiment absent de la scène internationale ? Pas si sûr quand on mesure à quel niveau d'abêtissement conduit le roman dit "international ". Ainsi Umberto Eco n'a-t-il pas hésité à "réécrire" Le Nom de la rose à l'intention des lobotomisés du Culturel : suppression des citations latines, passages amputés des descriptions, appauvrissement du vocabulaire. Un processus de vulgarisation où seul subsiste le scénario, en attendant le video game. Ce qu'on appelle encore "roman" est ainsi devenu le lieu même de la destruction de la langue et de la littérature. La tiers-mondisation culturelle de la France le proclame de toutes parts. Et quand, à la mise à mort de la littérature, s'ajoute la négation de l'idée de nation, n'est-ce pas au néant qu'on donne droit de cité ? Ainsi, le massacre perpétré par Anders Breivik, en Norvège, loin de constituer l'acte d'un homme seul, encore moins celui d'un aliéné, renvoie les politiques et agents "culturels" au miroir d'une société qui, par-delà le scénario "multiculturaliste", a choisi de renoncer à toute communauté de destin, à ses racines vivantes, chrétiennes, donc littéraires."

     

     

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  • La décadence en marche ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gilles Cosson, cueilli sur Valeurs actuelles et consacré aux symptômes de la décadence de l'Occident...

     

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    La décadence en marche ?

    Nous sommes en l’an 363 de notre ère. L’empereur Julien, dit l’Apostat, entre en guerre. La pensée grecque qu’il incarne se rebelle devant la menace que représente Sapor II, le despote régnant sur la Perse.Sous la férule impitoyable de ce dernier, règnent l’arbitraire et la terreur là où Rome, digne héritière d’Athènes, donne la priorité à la loi. Le but des hostilités est de prendre la capitale, Ctésiphon, pour obliger le tyran à se soumettre à un pouvoir qui se sent investi d’une mission civilisatrice : apporter les splendeurs de la philosophie hellénique à une population plongée dans la servitude et l’obscurantisme.En ces temps de déclin, les alliés de Rome sont devenus peu sûrs, l’armée peine à recruter, les habitudes de luxe poussent à une dépense sans frein, la situation financière est tendue, les moeurs sont relâchées, la foule pense à ses plaisirs, l’intégrisme chrétien menace la cohésion d’un empire habitué à honorer des dieux aussi multiples que ses peuples…Cela ne vous rappelle rien ? Sautons d’un coup d’aile dix-sept siècles et demi. Les frontières de l’esprit grec, indépendant et critique, ont été déplacées au-delà de l’Atlantique et l’antique esprit de soumission oriental a envahi les bords de la Méditerranée, à l’exception notable de l’Europe ; mais la plus grande puissance du moment, les États-Unis, a entrepris, elle aussi, de renverser un dictateur sanguinaire, Saddam Hussein, pour apporter les lumières de la démocratie au peuple irakien opprimé… Bagdad, à vingt kilomètres de Ctésiphon – étonnante proximité – , a été prise sans coup férir ; pourtant la poudrière régionale est plus menaçante que jamais.À l’image des supplétifs de l’empire latin, les alliés musulmans de l’Occident – Pakistanais, Égyptiens et autres – ne le sont plus que de nom. Le Pentagone recrute des mercenaires venus du sud du Rio Grande auxquels on promet la nationalité américaine à l’issue de leur engagement, à l’instar des légionnaires barbares faits citoyens romains après vingt-cinq ans de service. La Réserve fédérale fait marcher sans discontinuer la planche à dollars pour financer un déficit budgétaire abyssal, tel Julien frappant une monnaie d’argent appauvrie pour payer ses troupes.Les religions traditionnelles sont aussi délaissées que les dieux de l’Olympe autrefois, mais le fondamentalisme pentecôtiste ou musulman demande à la science d’oublier la théorie de l’évolution, telle l’Église des premiers temps exigeant que le Soleil tourne autour de la Terre.L’homogénéité des populations s’est beaucoup amoindrie et l’on parle l’espagnol en Californie comme hier le grec à Alexandrie. La permissivité sexuelle est devenue un article de foi à Washington comme jadis à Byzance, les juristes à la solde du plus offrant pèsent sur les décisions de justice à l’instar des rhéteurs d’autrefois, le culte du travail n’est plus ce qu’il était, l’autorité de l’État est contestée, l’individualisme fait des ravages, le pays se fracture entre factions viscéralement opposées, tout compromis devient un exploit… Voulez-vous d’autres exemples ? Bienvenue dans l’ère de la décadence !

    Gilles Cosson (Valeurs actuelles, 14 juin 2012)

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  • La vieille Europe et le jeune Machiavel...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr, qui appelle les peuples européens à renouer avec la pensée de Machiavel pour sortir de leur sidération et de leur impuissance... 

     

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    La vieille Europe et le jeune Machiavel
     
    Machiavel n'a jamais eu si mauvaise presse que parce qu'il effrayait ceux qui étaient incapables de grandeur, encore moins capables de la concevoir, et aussi ceux qui gouvernaient selon ses principes sans que cela se sût. Aussi fut-il perçu comme le théoricien des tyrans, quand il fut plutôt l'éducateur le plus lucide des Républicains.
    Or, dans Le Discours sur la première décade de Tite-Live, il loue la lutte de classe. Pour lui, c'est l'une des sources de la puissance antique de Rome.

    Le malheur de Florence, selon lui, ne résida pas dans la présence en son sein de conflits entre le popolo minuto et le popolo grasso, qui auraient eu le malheur de la déchirer, mais, paradoxalement, dans son renoncement à ceux-ci, et dans l'abdication du peuple, face à la menace étrangère, à des condottieri. Les dominés auraient dû mener leur lutte jusqu'au bout, jusqu'à faire prévaloir leur vue.

    Du reste, une République est un Etat qui se maintient et se renforce face à l'adversité interne, et grâce à elle. La puissance de régulation de la société par un organisme voué à la stabilité doit se réactiver par une vertu sans cesse renouvelée grâce à des luttes qui le mettent en danger. L'équilibre ne peut alors être que le fruit d'un déséquilibre pérenne.

    Qu'importe les motivations des uns et des autres, l'ambition et l'amoralisme des hommes d'Etat, et la naïveté ou l'erreur des révoltés. L'essentiel est que se développe et se maintienne une situation de heurts afin que les rouages du corps politique ne rouillent pas, qu'au contraire ils se renforcent par l'habitude du danger, de la violence et des grands desseins. Car la Fortune suscite, lorsque la lutte s'amplifie, les hommes capables de la conduire, et parfois, ce sont de grands hommes.

    Il n'est rien de pire pour un Etat que la paix civile, l'affadissement du combat politique, et la domination sans partage d'une coterie qui endort et s'endort, tombe dans la récréantise en amollissant et avilissant le peuple. Pour Machiavel, la décadence de l’empire romain n'a pas d'autre facteur.

    C'est ainsi que la vieille Europe, au sortir de plusieurs guerres continentales, et d'une tuerie sans précédent, a préféré l'esclavage à la liberté. On appela cela une paix, quand ce n'était que le prix de l'asservissement.

    Le danger d'une guerre mondiale sur ses terres l'avait, en la scindant, donné entièrement aux deux belligérants qui se partageaient le monde et menaçaient de déclencher une guerre nucléaire. Depuis 1989, elle n'a pas eu la force de reconquérir son indépendance, qui aurait supposé une prise de risque historique, et a préféré se leurrer en considérant qu’il était encore possible de vivoter dans l’abondance, moyennant la servitude. C’est ainsi que tous les Etats de l’Union européenne ont aliéné leur puissance politique et militaire et choisi de se soumettre aux Etats Unis d’Amérique.

    Outre qu’une telle option ne s’accompagne pas nécessairement des dividendes attendus, si l’on en juge par la crise actuelle, qui est une véritable captation des richesses européennes par les compagnies financières internationale – car les esclaves sont rarement récompensés – on assiste à une destruction intérieure des corps et des âmes, un effondrement des capacités à voir clair et à réagir. Non seulement la propagande règne sans partage, plongeant les peuples européens dans une sorte de paralysie, de sidération, qui leur fait avaler tous les mensonges du système, mais il arrive aussi qu’ils se conduisent exactement comme ils ont été conditionnés à le faire, à coups de spécialistes et d’endoctrinements médiatiques, qui persuadent qu’il n’est d’autre réaction à penser.

    C’est ainsi que la fable du 11 septembre, mise en doute dans le monde entier, et aux USA même, est considérée ici comme un dogme ; que les guerres en Serbie, en Libye récemment, n’ont suscité aucune contestation, bien qu’elles soient le signe d’une vassalisation ; que personne ne conteste la politique périlleusement assassine d’Israël ; que tout le monde gobe les mensonges sur l’Iran et la Russie, préparant le terrain à un conflit d’ampleur ; que la politique libérale mondialiste, enfin, est rarement remise en cause, et apparaît donc comme la non-pensée unique (la véritable pensée impliquant la contradiction, opposition donnée difficilement par quelques mouvement, dont le Front national en France).

    Dernièrement, les milieux bancaires ont tenté et réussi des putschs dans certains pays de l’Union. En Grèce et en Italie, la connivence entre la droite et la gauche de l’argent a permis la prise du pouvoir de la finance internationale. Le peuple grec semble réagir, mais sa rage est impuissante. En Italie, la faveur populaire, stupidement, paraît plébisciter Mario Monti. En Espagne encore, les électeurs, par dépit, ont remplacé des maîtres par d’autres plus féroces, comme les grenouilles de la fable, qui demandaient un roi.

    Notons au passage que les deux nations latines, l’Italie et l’Espagne, ont un taux de naissance très bas, de l’ordre de 1,4%, tandis que les contre-maîtres germaniques de la puissance étatsunienne, tout aussi vieillissants, qui pavoisent sur la médiocrité de leurs « alliés », partagent ce triste record.

    L’Europe ressemble à un asile de vieillards, campés sur leurs rentes, et s’affairant pour sauvegarder quelques instants confortables d’existence, tandis qu’au dehors, la « racaille » aiguise les couteaux pour faire place nette.
     
    Claude Bourrinet (Voxnr, 22 novembre 2011)
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