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civilisation - Page 10

  • Mondialisme et civilisation...

    Nous reproduisons ci-dessous une bonne analyse par Claude Bourrinet du projet civilisationnel du libéralisme mondialisé, qui a été publiée initialement sur Voxnr.

     

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    Mondialisme et civilisation
     
    Le libéralisme, comme le marxisme, issus tous deux de la même matrice rationaliste, se prévalant tous deux d’une scientificité qui rompt avec les « illusions » idéologiques du vieux monde, sources d’erreurs et d’anarchie, fonde son interprétation du monde et ses prédictions sur l’état des faits, c’est-à-dire, comme ultima ratio, sur la nécessité économique, qui indique un sens de l’Histoire. Bien plus que le marxisme néanmoins, qui « comprenait » l’existence de « superstructures » idéologiques, et les légitimait, du moins provisoirement en attendant la société sans classes, le libéralisme considère toute attache sociale, culturelle ou identitaire comme l’expression d’un retard archaïque, qui freine la fuite en avant vers une fin de l’Histoire, qui serait vraiment une gestion efficace des choses. Et davantage que le marxisme, il est messianique, et destructeur de la vie réelle des hommes.

    Dans un article paru le 5 mars dans la Tribune (1), Julia Cagé, enseignante à l’université de Harvard et à l’Ecole d’économie de Paris, nous livre une sorte de vulgate des certitudes libérales contemporaines, présentation qui n’échappe pas à la chaleur prosélyte que connaissent bien les prédicateurs.

    A vrai dire, les arguments assénés comme des vérités, nullement mis à l’épreuve par des hypothèses contraires, ne sont ni nouveaux, ni surprenants. Leur postulat repose sur le principe de la division mondiale du travail, véritable vache sacrée de la modernité conquérante, pour qui la réalité doit se réduire au domaine techno-économique, c’est-à-dire à l’action, au détriment de toute autre dimension civilisationnelle.

    L’article, dont le chapeau provocateur souligne l’inéluctable désindustrialisation de la France, considérée comme un bien (« En fait, c’est tant mieux »), et encore même comme l’objet de « discours dangereux », place l’accent sur la nécessité de l’innovation, domaine dans lequel notre pays a pris du retard (« C'est l'un des rares pays de l'OCDE dont la part de la R&D dans le PIB a reculé au cours des quinze dernières années. »), contrairement à l’Allemagne.

    Comme le note pertinemment notre jeune professeur, « on érige (un peu trop) souvent l'Allemagne en exemple ». En effet. On notera qu’il en est de même en matière fiscale ou éducative, contre tout bon sens parfois. A croire que nos amis d’outre Rhin, comme jadis, suscitent soit du ressentiment, soit une admiration hyperbolique.

    Quoi qu’il en soit, l’Allemagne aurait fait le choix, contrairement à la France, de l’ « outsourcing », d’une délocalisation sans complexes, « tout en maintenant sur les sites nationaux les étapes à haute valeur ajoutée ». Cette option aurait permis par la même occasion le maintien de l’emploi.

    Bien que le chômage reste chez nos voisins à un taux élevé, surtout si l’on ajoute les « emplois à un euro », il aurait été nécessaire de pousser un peu plus dans les causes concrètes des performances germaniques, qui se traduisent surtout dans le secteur des machines outils et dans les objets manufacturés de haute qualité. L’Allemagne a poursuivi une politique socio-économique drastique, avec une baisse des salaires conséquente, et surtout bénéficie de la vaste arrière-cour de l’Europe centrale, parfois imprégnée de culture et de langue allemande, pourvue d’ouvriers qualifiés et de salaires modestes, néanmoins avide d’une consommation en constante progression. Nous pourrions aussi ajouter à ces atouts le sérieux, la rigueur et le sens des responsabilités légendaires des Germains, un euro fort, aussi fort que l’ancien mark (les clients n’hésitent pas à payer cher de bons produits), et les perspectives prometteuses d’une ouverture, de longue date, à l’Est.

    Il va de soi que la politique extérieure catastrophique de la France durant la dernière décennie, qui a brûlé ses cartes au profit d’un alignement naïf au tout libéral, qui s’est empêtrée dans une politique intérieure démagogique ou impuissante, peut-être aussi parce que nous avons une classe dirigeante qui a perdu le sens du réel pour adopter une vision manichéenne, n’a pas multiplié les conditions pour muscler notre économie. Nos gouvernants le voulaient-ils ? Car, contrairement à ce qu’avance Julia Cagé, les concepts qu’elle avance sont entièrement partagés par eux.

    Si les investissements nécessaires à l’innovation scientifique et technologique ne se sont pas faits suffisamment, c’est qu’ils n’ont pas pu. Les raisons de cette impuissance ne résident pas uniquement dans le manque de volonté, mais sans doute dans l’inefficacité (relative) d’un système éducatif de plus en plus déficient, au manque de subventions (privées ou publiques), à la modestie d’un tissu de petites ou moyennes entreprises capables de mettre en valeur ces innovations, de les amortir et de créer des plus values, mais probablement aussi par l’appel d’air, surtout américain, qui suscite une « fuite des cerveaux », à la suite d’offres pécuniaires plus désirables et de meilleures conditions de travail.

    On voit par là que la concurrence entre nations très développées peut être féroce, et ne conduit pas mécaniquement à un « tous gagnants ». Il y a, il y aura des perdants, et la prise en considération de l’attrait exercé par certains pays, du fait de leur puissance, de leur « culture », de leur civilisation, n’est pas un moindre atout. Les pays anglo-saxons, singulièrement l’Amérique, sont bien placés pour attirer les spécialistes séduits par l’american way of life.

    On voit de même que l’économie ne peut pas être appréciée à l’exclusion des autres dimensions d’existence, et que l’environnement culturel, sociétal, peut être déterminent.
    Mais ce n’est pas là l’essentiel. Car les conséquences d’une acceptation des réquisits économistes comportent des dangers beaucoup plus importants que la simple baisse de productivité. D’ailleurs, plutôt que d’acceptation, ne faudrait-il pas parler de résignation ?

    Il est évident qu’en soi l’économie n’a rien à voir avec la morale. Du moins dans un premier temps, si on se laisse obnubiler par le charme des chiffres et des courbes. Ainsi la division mondiale du travail indique-t-elle, de façon logique, que les productions exigeant une main d’œuvre nombreuse et sous qualifiée, docile et malléable, peu exigeante en matière salariale et sommée de travailler dans des conditions parfois scandaleuses, place la Chine, l’Inde et d’autres pays « émergents » dans une situation plus intéressante que notre Europe qui subit le malheureux héritage d’un haut niveau de vie, d’une protection sociale enviable, de traditions de luttes syndicales dommageables, et de quelques droits protégeant les citoyens (comme celui de grève). D’une certaine manière (et d’ailleurs Juia Cagé site la firme Nike, ce qui n’est pas un hasard), l’économie globalisée contemporaine jouit de l’existence d’un esclavage qui ne dit pas son nom, cyniquement tenu sous silence, avec la complicité tacite de consommateurs enivrés par des produits peu chers.

    Mais foin de la morale ! même si le système libéral repose idéologiquement sur le dogme des droits de l’homme, et se trouve en l’occurrence gêné aux entournures.

    En revanche, il n’est pas sûr que le projet « civilisationnel » qu’il porte soit si pertinent que celui d’un vieux monde jugé obsolète.

    Les nouvelles technologies, comme l’iPhone, sont des paradigmes de l’économie « du XXIe siècle », gage d’un avenir qu’on voudrait idyllique. Evidemment, on n’insistera pas sur la masse des produits bas de gamme, qualitativement désastreux, réservés à des millions de consommateurs dont Julia Cagé ne parle pas, et pour cause.

    En admettant que cette économie avancée, technologiquement innovante, demandant une très haute qualification, soit l’avenir de la planète, il n’en demeure pas moins que les classes populaires des pays développés, qui n’auront pas la chance de se faire exploiter comme des serfs ainsi que leurs congénères asiatiques, resteront sur la touche. A trop loucher sur le PIB, la balance commerciale, on oublie le facteur humain. Du reste, si « une étude américaine a montré que les États-Unis capturaient la plus grosse partie de la valeur ajoutée produite par l'iPod, la Chine une toute petite partie seulement », est-on sûr que les classes populaires américaines en profitent ? Ne sont-ce pas plutôt les banques, les fonds de pension, qui ont investi dans ce secteur si alléchant ?

    L’hypothèse d’un secteur des services (banque, éducation, santé…) performant, susceptible de contrebalancer les pertes du secteur industriel n’est qu’un vœu pieux, ne serait-ce que parce que les pays émergents, comme l’Inde et le Brésil, commencent à faire aussi bien que nous, et surtout parce qu’il est très facile d’ « externaliser » ces domaines, comme cela se fait pour la gestion à l’aide du numérique, ou pour les plate formes téléphoniques. Ne resteraient alors, pour le vulgus pecus, que des métiers de commerçants ou de domestiques (pour les plus chanceux).

    Ce n’est pas non plus un hasard si la Silicon Valley est citée comme emblème du nouveau paradis. C’est là qu’on trouve la nouvelle société globalisée, déracinée, dont les paramètres, les signes d’appartenance, outre un niveau de revenu appréciable, se nourrissent d’une certaine culture nomadisée, « cool », sceptique et hédoniste, hygiéniste et « tolérante » (agressivement tolérante), ancrée dans des certitudes de demi-savants, souvent inculte dans les humanités (littérature, Histoire, philosophie, en gros la haute culture considérée comme mensonge et vice). C’est cette middle class internationale, la nouvelle classe dirigeante, l’hyperclasse mondialisée, désinhibée, fluctuante aussi bien dans le travail que dans l’existence, la famille, les pulsions et les entichements, parlant anglais, dotée d’une non pensée en état d’apesanteur, affriolée par l’art contemporain, adepte des jeux vidéo, sidérée bêtement par la haute technologie, comme des adolescents qui n’ont pas voulu grandir, grande consommatrice de films pour ados, adoratrice du fric, des traders et du succès social, considérant la joute politique et toute identité autre que folklorique comme des legs fâcheux du passé, nécessairement contreproductifs.

    A ce compte, le « new deal » proposé par le libéralisme mondialisé ne laisse guère de doute sur le projet civilisationnel qui est le sien : une planète divisée horizontalement en zones « performantes », à haute valeur ajoutée, et zones d’esclavage (appelons les choses par leur nom), et verticalement en zones de vie active et valorisante et zones de sous emploi, ou vouées en partie à des travaux dégradants ou pénibles, peuplée d’individus inutiles, car non qualifiés, incompétents, trop vieux ou trop faibles, voire dangereux, qu’il faut donc conditionnés et contrôlés.
    Il n’est d’ailleurs pas inconcevable que ces deux zones fusionnent in fine, et offrent à Big Brother un plan de carrière inestimable.
     
    Claude Bourrinet (Voxnr, 11 mars 2011)
     
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  • Un autre monde ?...

    Alain Chauvet, consultant et professeur à l'Ecole centrale de Paris et à l'Essec, vient de publier aux éditions Lethielleux, Un autre monde - Protectionnisme contre prédation, un essai dans lequel il préconise la réorganisation du monde en grands espaces politiques économiquement autocentrés. Il avait déjà publié en 2009 Après l'Occident - Pour un protectionnisme intelligent aux éditions Desclée de Brouwer.

     

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    "Est-on au bord d'un effondrement de la civilisation occidentale ? La disparition des Etats-providence est elle inéluctable ?

    Comment arrêter les guerres, remettre l'argent à sa place, et éviter le chaos auquel nous destinent les prédateurs financiers ?

    Peut-on rompre la fatalité du cycle millénaire des civilisations grecque, romaine et chrétienne ?

    Comme dans « Après l'Occident » (2009), Alain Chauvet fournit une lecture nouvelle de la mondialisation et de la crise, à partir d'une analyse de l'histoire de l'Humanité.

    Constatant l'impossibilité de mettre en place un gouvernement mondial qui régulerait la planète et éliminerait la prédation, il propose une solution contre-dogmatique : découper le monde en dix grandes civilisations totalement protectionnistes. Dix petits mondes se partageraient la planète et réguleraient chacun l'économie et la vie politique de leur territoire.

    Seule l'Europe, avec son passé social-démocrate et sa puissance économique, peut réussir la première dans cette voie."

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  • La civilisation européenne va-t-elle disparaître ?...

    Vous pouvez visionner ci-dessous un débat sur l'avenir de la civilisation européenne, organisé par le site Enquête&débat, entre Oskar Freysinger, député suisse populiste, qui a été à l'origine du référendum sur l'initiative populaire "Contre les minarets", et Alain Soral, polémiste et essayiste, auteur dernièrement de Comprendre l'Empire (Edition Blanche, 2011).

    Slobodan Despot, responsable des éditions Xénia, a consacré un livre d'entretien à Oskar Freysinger, Oskar et les minarets - La Suisse, un "village gaulois" face à l'Islam et à la mondialisation, publié chez Favre en 2010.

     


    Débat entre Alain Soral et Oskar Freysinger par enquete-debat

     

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  • Autour de Spengler et du Déclin de l'Occident

    Nous reproduison ci-dessous l'introduction d'Alain de Benoist au dossier du dernier numéro de Nouvelle Ecole (n°59-60, année 2010-2011) consacré à Oswald Spengler.

    Nous vous rappelons que ce numéro peut être commandé sur le site de la revue Eléments.

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    OSWALD SPENGLER

     

     

    Les adversaires de l’idéologie du progrès croient souvent, bien à tort, que celle-ci se borne à concevoir l’histoire sous une forme linéaire, emmenant l’humanité vers un avenir toujours meilleur, et par suite à valoriser le nouveau en tant que nouveau, c’est-à-dire à constamment dévaloriser l’autorité du passé au nom des promesses de l’avenir. Ils oublient que cette caractéristique possède un corollaire : l’idée que les civilisations sont immortelles. Elles naissent, croissent et se développent, mais aucune loi ni raison objective n’exige qu’elles vieillissent ni ne meurent. Cette idée optimiste se retrouve chez beaucoup d’adversaires de l’idéologie du progrès, qui lui empruntent ainsi sans s’en rendre compte l’un de ses présupposés fondamentaux. Certes, nombre d’entre eux s’inquiètent régulièrement des menaces qui pèsent sur la civilisation occidentale, mais ils croient en général qu’il suffirait d’y parer pour que cette civilisation retrouve du même coup une espérance de vie illimitée. C’est à cette idée que s’oppose radicalement Spengler. Longuement exposée dans Le déclin de l’Occident, son approche « physiognomique » des cultures – il s’agit de cerner la « physionomie » de leurs formes historiques – nous dit que les civilisations sont mortelles, qu’elles ne peuvent que mourir et que tel est leur destin commun. Ce ne sont pas des peuples ou des époques, mais des cultures, irréductibles les unes aux autres, qui sont les moteurs de l’histoire mondiale. Ces cultures ne sont pas créées par des peuples, mais ce sont au contraire les peuples qui sont créés par les cultures. L’Antiquité, par exemple, est une culture à part entière, similaire mais entièrement distincte de la culture « faustienne » occidentale. Les cultures obéissent toutes aux mêmes lois de la croissance et du déclin organiques. Le spectacle du passé nous informe donc sur ce qui n’a pas encore eu lieu.

    On a peine aujourd’hui à imaginer l’impact que la parution du premier tome du Déclin de l’Occident (1918) eut, d’abord en Allemagne, puis dans le monde entier. Et pourtant, peu d’auteurs ayant atteint une telle renommée ont été oubliés aussi vite. Dès les années 1930, l’étoile de Spengler commence à pâlir, pour s’obscurcir totalement après la Seconde Guerre mondiale. Mais en réalité, le « débat autour de Spengler » (Streit um Spengler) repose en grande partie sur des malentendus que celui-ci a lui-même contribué à entretenir, du fait notamment de ce mélange d’observations scientifiques, historiques, politiques et poétiques à la fois.

    Beaucoup de reproches traditionnellement adressés à Spengler sont loin d’emporter l’adhésion. A commencer par celui qui vise son « pessimisme » : il n’y a pas de « pessimisme » à établir un diagnostic, quelqu’il soit. Dans le titre de son livre, ainsi qu’il l’a lui-même souligné, le mot « déclin » pourrait d’ailleurs tout aussi bien être remplacé par celui d’« achèvement ». D’autres ont soutenu que l’affirmation spenglérienne selon laquelle les cultures sont incommensurables se heurte à une aporie, car on ne peut à la fois dire qu’elles sont incommensurables et prétendre les comprendre toutes. Lors d’un colloque de Cérisy, en 1958, Raymond Aron déclarait ainsi : « Spengler peut tout expliquer, sauf sa propre histoire. Car, dans la mesure où il a raison, il a tort. Si les sociétés, les cultures ne peuvent pas se comprendre, l’homme qui ne peut pas exister, c’est Spengler qui les comprend toutes ». L’argument n’en est pas un puisque, pour Spengler, les grandes cultures, si incommensurables qu’elles puissent être, n’en présentent pas moins la même morphologie et obéissent toutes historiquement aux mêmes lois.

    Mis en doute par Keyserling, le caractère prophétique des vues de Spengler a en revanche été longuement célébré par bien d’autres auteurs. On ne saurait nier non plus le caractère prémonitoire des Années décisives. Certes, Spengler a totalement sous-estimé les Etats-Unis en tant que grande puissance. Il plaçait en revanche de grands espoirs dans la Russie, tout en soulignant son étrangeté radicale par rapport à l’Europe occidentale. « Les Russes ne sont point un peuple à la manière du peuple allemand ou anglais, écrivait-il dans Prussianité et socialisme (1919). Ils portent en eux, tels les Germains à l’époque carolingienne, la virtualité d’une multitude de peuples futurs. Les Russes sont la promesse d’une culture à venir au moment où les ombres du soir s’allongent sur l’Occident ».

    Mais, d’Eduard Spranger à Theodor W. Adorno, le principal reproche adressé à Spengler porte évidemment sur son « fatalisme » et son déterminisme. La question est de savoir jusqu’à quel point l’homme est prisonnier de sa propre histoire. Au point de ne pouvoir jamais en modifier le cours ? C’est là que le débat commence. Arnold Toynbee, que l’on a souvent comparé à Spengler, niait que l’on puisse comparer les cultures à des organismes vivants. Spengler, qui soutient la thèse inverse, affirme que la civilisation est le destin inévitable d’une culture, dont elle marque aussi le stade terminal. Que penser de cette thèse à l’époque de la globalisation ? Qu’en est-il de la civilisation occidentale, aujourd’hui universalisée au moins de paraître menacer toutes les cultures du monde encore subsistantes ? Et que signifie même ce terme d’« Occident » qui, au cours de l’histoire, a si souvent changé de sens ?

    « Toutes mes occupations politiques, disait Spengler, ne m’ont procuré aucun plaisir. La philosophie, voilà mon domaine ». Il disait aussi qu’« avoir de la culture » est une question d’attitude – et d’instinct.

     

    Alain de BENOIST

     

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  • L'apocalypse de la modernité...

    Universitaire et auteur de nombreux ouvrages sur le fascisme, dont plusieurs ont été traduits en français, comme La religion fasciste ou Qu'est-ce que le fascisme ?, Emilio Gentile vient de publier chez Aubier un nouvel essai intitulé Apocalypse de la modernité - La grande Grande Guerre et l'homme nouveau.

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    "Le 11 novembre 1918, lorsque prennent fin les quatre années de combats, de sacrifices et de massacres qui ont bouleversé l'Europe, les hommes, hébétés, contemplent les ruines. Ces ruines, ce sont celles d'une époque: celle de la modernité triomphante. où les maîtres mots étaient progrès. science. culture, et où l'on avait foi en l'avenir de l'humanité. Beaucoup, alors, diagnostiquent le déclin de la civilisation européenne, et s'interrogent avec angoisse sur la destinée de l'homme moderne. Ces réflexions, révèle Emilio Gentile, étaient cependant loin d'être nouvelles: elles étaient en germe. déjà, dans les années précédant la Grande Guerre. L'Europe de la " Belle Epoque", que l'on se représente resplendissante, sûre d'elle. conquérante, était minée par des courants sombres: isolées d'abord, puis de plus en plus nombreuses. des voix s'étaient fait entendre, qui prophétisaient la fin de la civilisation et appelaient à la régénération de l'homme par la guerre. En nous invitant à les écouter, l'historien italien dévoile pour la première fois une Belle Epoque traversée de cauchemars, rongée par l'angoisse, et entraînée malgré elle dans la spirale apocalyptique de l'autodestruction."

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  • L'Europe face à l'Afrique noire...

    Les éditions L'Harmattan ont publié au premier semestre 2010 L'Europe face l'Afrique noire : du choc démographique au choc des civilisations, ouvrage collectif, dirigé par Yves-Marie Laulan, président de l'Institut de géopolitique des populations, avec des contributions de Jacques Bichot, Philippe Bourcier de Carbon, Philippe Conrad, Jean-Paul Gourevitch, Jean-Yves Le Gallou et Bernard Lugan.

     

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    "La croissance démographique non maîtrisée est aujourd'hui le problème central de l'Afrique. et donc, par contrecoup, celui de l'Europe. Tant qu'il ne sera pas abordé et maîtrisé, comme la Chine et le Japon ont réussi à le faire au cours du XXe siècle, rien ne sera réglé. C'est le grand défi de l'Afrique noire au XXIe siècle, dont dépend notre sort commun. En effet, l'Europe comporte déjà, et comportera encore davantage demain. une composante démographique d'origine africaine d'abord significative, puis importante, enfin élevée, voire très élevée. Que peut-il se passer dans cette EurAfrique en gestation dont nous voyons déjà se dessiner les prémices sous nos yeux ? Le premier scénario, optimiste, veut que cette population d'origine africaine, jeune, vigoureuse et dynamique, va insuffler un sang nouveau dans les veines appauvries de la vieille Europe. L'Europe va immanquablement refleurir. A l'inverse, le spectacle de nos écoles et de nos banlieues donne néanmoins à penser qu'il pourrait en aller tout différemment. Dès lors l'Europe, et la France tout particulièrement, seraient à la veille d'une crise de civilisation sans précédent susceptible d'ébranler, voire de détruire irrémédiablement, les fondements mêmes de nos sociétés vieillissantes, et donc fragiles. L'Europe et l'Afrique pourraient-elles être le théâtre du "choc des civilisations" annoncé par Samuel Huntington ?"

     

     

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