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chaos

  • Odin et Thor : la pensée et l'action...

    Les éditions Le Condottiere viennent de publier un livre d'Alexis Charniguet et de Jean Renaud intitulé Odin et Thor - La pensée et l'action. Professeur émérite de langues, littérature et civilisation scandinaves de l’Université de Caen, Jean Renaud est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages sur les Vikings. Alexis Charniguet, archéologue de formation, est journaliste et producteur à France Culture.

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    " Odin, le grand dieu scandinave, crée le monde en l’extrayant  du chaos; Thor, son fils, le défend contre les géants. Si Thor  est très populaire, Odin inquiète : il connaît le destin des dieux,  leur inévitable « crépuscule » – car ces divinités, conçues à  l’image des hommes, sont aussi mortelles.  Ce livre relate leurs aventures, leurs amours, leurs combats et  leurs coups pendables. Tout un panthéon les accompagne, de  l’ambivalent Loki à la sensuelle Freyja, du sanglier Sæhrímnir  à l’arbre Yggdrasill, du géant Ymir au rayonnant Baldr… En  leur compagnie, le lecteur part à l’aventure dans un monde  de feu et de glace ou l’on retrouve nos très vieux questionnements sur la vie et la mort. Le combat perdu d’Odin et de Thor contre les forces du  chaos, le Ragnarok, ne signe en rien leur disparition. Mis à toutes les sauces, de Game of Thrones aux Marvel Comics, ces  super-héros, bien éloignés de la civilisation qui les a vus naître,  façonnent aujourd’hui l’imaginaire occidental. Aussi cette  mise au point, érudite et amoureuse, est-elle indispensable  pour mieux comprendre et apprécier ce panthéon nordique, complexe mais terriblement humain."

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  • Le chaos qui vient...

    Les éditions Le Cherche Midi viennent de publier un essai de Peter Turchin intitulé Le chaos qui vient - Elites, contre-élites et la voie de la désintégration politique. Anthropologue spécialisé dans l'étude de l'évolution des sociétés et professeur à l'université du Connecticut, Peter Turchin (de son vrai nom Piotr Tourtchine) mène des recherches au croisement de l'histoire, de la biologie et des mathématiques. Auteur d'une dizaine d'ouvrages, il est traduit en français pour la première fois.

     

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    " Les sociétés démocratiques sont aujourd'hui mises à mal, contestées et parfois réprouvées par des citoyens qui ont toujours eu le droit de vote. Elles sont jugées de plus en plus inégalitaires et génèrent toujours plus de frustrations, de colère, de ressentiment. Alors, à quel moment un système qui nous paraissait indestructible touche-t-il à sa fin ? Comment les turbulences politiques à même de conduire à une guerre civile s'expliquent-elles ? Pourquoi les dirigeants d'une société peuvent-ils subitement perdre pied ? Qu'est-ce qui, en un mot, mène à l'effondrement ?

    À ces questions de plus en plus saillantes et urgentes, Peter Turchin offre des analyses et des réponses proprement révolutionnaires : les données à partir desquelles il travaille retracent pas moins de 10 000 ans d'histoire et rassemblent plus de 700 sociétés, de l'Égypte ancienne à l'Amérique contemporaine, en passant par la Chine impériale et la France médiévale. Sa méthode combine le court terme de l'actualité à la profondeur de l'histoire humaine avec, quelles que soient les époques, la rigueur d'un scientifique de la complexité.

    Les leçons qu'il invite à tirer sont claires. Lorsque la balance du pouvoir entre peuple et élites penche trop sévèrement en faveur de ces dernières, la chute s'avère imminente. Les riches s'enrichissent aux dépens de pauvres qui s'appauvrissent, et à un sommet surpeuplé répondent des masses toujours plus fiévreuses. Ainsi va la mécanique de la surproduction d'élites, premier rouage de l'effondrement social.

    Ouvrage essentiel pour comprendre en profondeur les temps troublés que nous vivons, Le Chaos qui vient indique également la voie vers un avenir plus stable. Par l'autopsie des crises du passé, Turchin avance un possible remède à nos maux futurs. "

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  • Le retour en boomerang du Chaos constructif de Zbigniew Brzezinsky...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Patricia Lalonde, cueilli sur Geopragma et consacré à la stratégie mortifère qui a orienté l'action de l'Occident au Proche et au Moyen-Orient depuis plus de cinquante ans. Patricia Lalonde est vice-présidente de Geopragma.

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    Le retour en boomerang du Chaos constructif de Zbigniew Brzezinsky

    Nous sommes évidemment tous solidaires des victimes des atrocités commises par le Hamas en Israël, tous sidérés par l’aveuglement des services de sécurités israéliens et par les actes de barbarie inouïe.

    Comment cela a-t-il pu arriver ?

    Malheureusement à cause de la stratégie diabolique des Occidentaux, les Etats-Unis en tête, au Proche et au Moyen-Orient.

    Les Occidentaux n’ont appris aucune leçon du 11 septembre.

    L’alliance avec les groupes islamistes pour « contenir la Russie » comme cela a été fait lors de l’invasion soviétique en Afghanistan, a conduit à la création de Ben Laden et d’El Qaida et puis au 11 Septembre.
    Devant la sidération, certains ont même accusé les Iraniens…

    Tout aveuglés dans leurs certitudes, nos gouvernements ont continué à soutenir les mêmes groupes, liés aux Frères Musulmans à travers la promotion des Printemps arabes. Il fallait éliminer, au nom de la démocratie, et des droits de l’homme, les dirigeants arabes laïcs et dérouler le tapis rouge aux Frères Musulmans islamistes.

    En effet, après la création de l’Etat d’Israël, la volonté d’émancipation des peuples arabes s’était appuyée sur un « panarabisme laïc », nationaliste, qui ne rassurait pas les Israéliens.

    Le choix d’Israël et des Etats-Unis et par soumission des Européens, de fragiliser voire d’éliminer tous les autocrates arabes, les ont conduits à préférer les islamistes et donc en Palestine, l’appui au Hamas plutôt qu’à l’Autorité Palestinienne. Depuis 2011, Toute ONG travaillant dans l’entourage de cette Autorité Palestinienne se retrouvait systématiquement sous les accusations de la droite israélienne… Le calcul étant qu’il serait plus facile de venir à bout de ces islamistes que d’établir des pourparlers avec une autorité arabe forte sur une éventuelle solution à deux états, dont les extrémistes israéliens ne voulaient à aucun prix.

    Cette alliance avec les Frères Musulmans ainsi que nos excellentes relations avec le Qatar, financier de tous ces groupes, nous ont aveuglés, la corruption aidant, sur le véritable dessein de ces groupes.

    Nous avons ainsi vu d’un bon œil l’arrivée de Daesh en Syrie, ce qui nous a permis de taxer les groupes d’El Qaida de « modérés » et de nous en servir pour lutter contre le prétendu ennemi absolu, Bachar el Assad… Cette stratégie nous a aveuglés et a mené aux attaques du Bataclan et à la fusillade des jeunes attablés aux terrasses de café qui ont fait plus de 130 morts et 300 blessés à Paris.

    Nous avons de plus considéré la Russie qui a toujours lutté contre le terrorisme islamiste comme notre ennemi…

    Les Frères Musulmans et Al Qaida/Daesh/ISIS sont les 2 faces d’une même pièce.
    Les premiers cherchent à prendre le pouvoir en utilisant les faiblesses des démocraties, les seconds cherchent à le prendre par la terreur.
    Mais il semble que nous n’ayons pas compris la leçon, puisque nous continuons à ostraciser les régimes victimes de ces mêmes islamistes.
    L’Europe a perdu le sens des réalités.

    La stratégie du chaos reconstructif au Moyen Orient, comme l’avait suggéré Zbigniew Brzezinsky, le conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter, nous revient en boomerang et nous menace désormais.

    La guerre actuelle entre le Hamas et Israël en est la résultante et notre aveuglement est en train de transformer le Moyen Orient en « arène de règlement de compte géopolitique » selon les dires du chef de bureau de New-York du Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l’Homme, démissionnaire, Craig Mokhiber.

    Ces règlements de compte participent, plus vite que prévu, à la réorganisation d’un monde sous dominance occidentale vers un monde multipolaire ou, espérons- le, la diplomatie remplacera l’usage de la force…

    On ose espérer que c’est ce qu’a compris Emmanuel Macron, alors qu’il vient de déclarer à la BBC qu’il fallait un cessez le feu immédiat à Gaza et que la riposte légitime de l’armée israélienne ne devait pas l’autoriser à tuer dans des bombardements massifs, femmes et enfants palestiniens.

    Patricia Lalonde (Geopragma, 13 novembre 2023)

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  • Émeutes : notre avant-guerre civile...

    Dans cette émission du Plus d’Éléments, diffusée par TV Libertés, l'équipe du magazine, autour d'Olivier François, revient sur les émeutes à l’occasion de la sortie du nouveau numéro d’été : cinq jours de chaos et de pillage qui ont laissé la France exsangue – et amnésique. Un mois plus tard, qui s’en souvient ? Qui en parle ?

    Au menu également, le dossier sur les 501 imposteurs les plus néfastes, de BHL à Sandrine Rousseau.

    On trouvera sur le plateau François Bousquet, rédacteur en chef, Patrick Lusinchi, directeur artistique, Christophe A. Maxime et Rodolphe Cart...

     

                                             

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  • Qui est légitime ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré aux États-Unis qui sont devenus une puissance de désordre et de chaos et au monde qui se prépare contre eux...

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste localiste intitulé Chez nous ! - Pour en finir avec une économie totalitaire (La Nouvelle Librairie, 2022).

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    Qui est légitime ?

    La puissance légitime appartient à qui apporte la paix.

    Longtemps, les États-Unis d’Amérique du Nord ont pu revendiquer la puissance mondiale parce qu’ils ont été une puissance d’ordre et de paix. Tenus par les limites de la confrontation avec le communisme soviétique, du bon sens et de la raison, les États-Unis ont joué un rôle que certains comparent à celui de l’Empire romain — un rôle de bienveillance armée. Les Européens se rappellent que Jean Monnet a accueilli le plan Marshall comme un moyen de l’indépendance de l’Europe, d’ailleurs en prévoyant une entente avec la Russie. Bob Kennedy a rapporté les sages instructions de JF Kennedy lors de l’affaire des fusées à Cuba en 1962 — l’Union soviétique n’a pas subi une défaite, une grande puissance ne doit pas être humiliée, et seule la paix a gagné. Qui s’en souvent aujourd’hui à Washington ? Et la sagesse de George Bush lors de l’invasion du Koweit par l’Irak a illustré encore en 1991 la retenue stratégique et l’intelligence politique des États-Unis — mettre fin à l’invasion, punir l’agresseur, mais laisser vivre le régime irakien, régime baasiste, laïque, opposé à l’islamisme radical. Qui sait encore à Washington ce qui signifient les mots de retenue et d’intelligence ?

    Depuis l’aventurisme des néoconservateurs, les États-Unis sont devenus une puissance de désordre, de chaos et de terreur. Et ils sont devenus le pire ennemi de leurs alliés, et leur propre ennemi. D’abord, par l’obsession militaire qui les conduit à entretenir 800 bases dans le monde — qui croit vraiment que la sécurité des États-Unis est à ce prix ? Et que disent les contribuables américains du racket de l’industrie militaire ? Ensuite, en vertu de la désignation de Nations comme cible de destruction — le général Wesley Clark s’est illustré en listant huit pays à détruire — de la Syrie à l’Afghanistan, de l’Iran à l’Irak, du Soudan à la Palestine, des millions de morts ont payé les crimes impunis des va-t’en guerre américains. Désormais, la majorité des peuples dans le monde savent qui sont les vrais terroristes, capables de réduire des peuples à la ruine et au chaos par le déchaînement de haines bibliques — et ils n’ont rien à voir avec les suspects désignés, l’Islam, les nationalismes ou les « rogue states ». Enfin et surtout, par l’incapacité du régime de ce capitalisme totalitaire qui a rompu tout lien avec le progrès collectif, le bon sens et la raison, à apporter bien être et prospérité aux populations — la montée de la misère aux États-Unis en est le meilleur exemple.

    Le piège ouvert par l’implosion de l’Union soviétique a fonctionné. Privé de son ennemi, l’empire américain en est venu à considérer le monde comme son ennemi — et à faire du monde son ennemi.

    Et ses promesses se sont évanouies. Celles de la paix et de l’ordre, d’abord. Celles ensuite de la démocratie comme libre choix par les peuples de leur destin. Celles surtout de la prospérité, qui désormais se situent clairement loin, ailleurs, et aussi, contre. Le résultat est là ; il était dangereux d’être l’ennemi des Américains, il est maintenant tout aussi dangereux d’être leur allié — Israël y réfléchit, l’Ukraine le paie d’une jeunesse foudroyée, et l’Union européenne devrait y penser.

    Quelle différence ! Le monde se détourne des États-Unis et cherche ailleurs la paix, la liberté, et la prospérité. L’accord de paix survenu sous l’égide de la Chine, au terme de semaines de négociations à Pékin, entre l’Arabie Seoudite et l’Iran, est exemplaire. Quelles que soient les pressions, les menaces, et demain peut être, les tentatives d’assassinat à l’encontre de Mohamed Ben Salman (qui n’est pas encore assuré de la succession au trône), la Chine a mis fin au diktat américain, à son parti pris et aux « deux poids, deux mesures » qui a ôté à Washington toute légitimité à intervenir dans la région. Et les menées conduites au Soudan, avec la trouble contribution des Émirats arabes unis et d’Israël, n’ont rien pour améliorer la légitimité de prétendus faiseurs de paix qui attisent la tempête et sabotent la paix revenue au Yémen.

    Le soutien au rebelle Emiti est-il le prix à payer par le Soudan pour avoir accepté des bases chinoises et russes, par la Ligue arabe pour avoir mis fin aux accords d’Abraham et au projet délirant du « Great Middle East », réintégré la Syrie et remis à l’ordre du jour la question des droits légitimes de la Palestine ? Une puissance incapable d’apporter la paix ne sait plus que se venger en suscitant la guerre, le désordre et la mort. Faut-il parler de fin de règne ?

    La proposition d’accord de paix à l’Ukraine, objet désormais d’échanges permanents entre Pékin et Kiev, recueille l’adhésion au moins tacite de la majorité des puissances opposées à la guerre comme aux sanctions, et menace de révéler l’isolement des États-Unis et de leurs colonies européennes. Et davantage est à venir. Si la rencontre à Delhi des ministres de la Défense russe et chinois a un sens, c’est bien que la Chine et l’Inde peuvent s’entendre, et sont conscients qu’un nouvel état du monde peut découler de l’entente des deux pays les plus peuplés de la planète, et qui seront aussi la première et la troisième économie du monde dans moins de dix ans.

    Le nouvel état du monde résultera à la fois du dividende démographique dont va bénéficier le monde indien (de l’Iran à la Birmanie, plus de deux milliards) et de l’intégration du continent eurasiatique à lui-même. L’Europe voit toujours dans la Chine l’atelier du monde, alors que la réalité est que déjà, les pays de l’Océan indien et de l’Asie du Sud-est, jusqu’à l’Indonésie, se substituent à elle ; les seuls pays de l’Océan Indien devraient fournir dans la prochaine décennie la moitié de la main d’oeuvre jeune et professionnellement formée du monde ! Et ces pays peuvent connaître des croissances fortes et durables parce qu’autocentrées, territoriales, et procédant des multiples accords de libre-échange, d’investissement dans les infrastructures de transport et de partenariats monétaires et financiers qui se nouent — les accords de l’Organisation de Shanghai et des BRICS n’étant que les plus connus de multiples liens qui promettent à chaque membre de bénéficier pleinement de ses avantages comparatifs dans une zone qui sera à la fois le premier marché du monde, le premier atelier du monde, et le premier continent à se libérer du racket imposé par le dollar.

    Ajoutons qu’à l’inverse de l’autosabotage entrepris par l’Union européenne au nom d’une transition écologique manipulée, la région de l’Océan indien est aussi celle qui disposera des plus grandes quantités d’énergie à bas prix, gaz et pétrole, voire charbon indonésien — et qui les utilisera. L’énergie reste le moteur de la croissance, et un pays qui limite son accès à l’énergie se condamne à la désindustrialisation, donc à la dépendance stratégique — qui le dit à Bruxelles ?     

    Pour qui sillonne la région, la rapidité avec laquelle la zone est en train de s’intégrer à elle-même est saisissante. Pipe lines et gazoducs, voies ferrées (comme celle qui va de la Russie à l’Iran, et branche le Transsibérien sur le Golfe persique), routes et autoroutes (comme le CPEC, corridor descendant d’Asie centrale vers les ports de Gwadar ou de l’Iran), aéroports, mettent fin au relatif cloisonnement qui faisait si bien l’affaire des anciennes puissances coloniales. Elle menace aussi la suprématie des puissances de la mer, les transports d’énergie, de matières premières, de biens finis ou semi-finis se faisant majoritairement par terre. Elle est surtout révélatrice de l’aveuglement de l’Union européenne, se laissant isoler des « Routes de la Soie », qui désormais se tournent vers le Sud, rendent à l’Iran le rôle de pivôt continental qui fut longtemps le sien, et promettent à l’Asie centrale une ouverture que la tutelle soviétique leur avait fait perdre.

    Le cœur du monde bat dans l’Océan Indian. Et s’entrevoit une profonde transformation des institutions internationales, la capacité croissante de chaque pays de commercer dans sa monnaie nationale, de préférence au dollar, devant conduire au développement de multiples marchés financiers recyclant les excédents commerciaux des pays exportateurs, facilitant le financement des dettes publiques comme des investissements privés, et mettant les pays de l’Océan Indien et de l’Asie à l’abri de la contagion des crises issues des dérives bancaires et financières américaines.

    C’est là du moins la perspective. Celle développée par exemple par Charles Gave, qui annonce un boom des investissements en infrastructures historique dans la région, donc une hausse des taux réels et de la production de biens réels irrésistible (l’Institut des Libertés, 3 mai 2023). Celle qui oublie à la fois les fragilités de la zone considérée et surtout, les réactions des autres acteurs à une perspective pour eux inquiétante, voire effrayante. Qui consulte la liste des participants aux organisations de la zone ne peut qu’être pris de doute ; coopération saine et durable entre l’Inde, le Pakistan et le Bangla Desh, quand les uns et les autres s’accusent de terrorisme, voire, dans le cas du Bangla Desh, du génocide de 3 millions de leurs citoyens en 1971 ?

    Coopération franche et ouverte avec le Brésil, dont le nouveau Président a bénéficié pour son élection de tous les soutiens que les États-Unis peuvent apporter ? Consistance d’accords qui réunissent des pays aussi différents que l’Égypte et le Mexique, l’Iran et le Vietnam ? Et même, accord durable entre la Chine et la Russie, qu’opposent tant de revendications territoriales non réglées à ce jour ? Les organisations régionales ou mondiales présentées comme des alternatives aux organisations construites par les États-Unis n’en ont à ce jour ni la consistance ni le caractère armé — les accords de défense, voire les alliances concurrentes de l’OTAN, du Quad (dont est membre l’Inde), de l’Aukus, sans parler des Five Eyes, sont sans équivalent ni alternatives à ce jour. Et demain ?

    Le plus décisif est aussi le plus préoccupant. La suprématie du dollar contribue à 20 % ou 30 % du niveau de vie américain — un niveau de vie dont il faut rappeler qu’il repose sur 33 000 milliards de dette publique aussi bien que sur un déficit éclatant d’investissements publics en infrastructures, etc. (le moindre drame de la Présidence actuelle n’étant pas que la France suit la même voie). Aucune puissance ne peut accepter sans se battre la baisse de son niveau de vie et de ses moyens qu’entraînerait l’abandon du dollar comme monnaie internationale. Dans la guerre hors limites qui se joue à partir de l’Opération spéciale russe en Ukraine, bien peu voient l’affolante perspective d’une puissance qui fut hégémonique, les États-Unis, menacés dans ce qui fut leur élan vital, la certitude de fixer le cours du monde, et d’apporter partout avec eux l’Ordre et la Loi, découvrant que le monde vivrait mieux sans eux, s’organise pour se passer d’eux, et condamnés à risquer une guerre mondiale pour conserver ce monopole du Bien qui reste la source de leur élan.

    Des soldats de l’armée indienne défileront à Paris pour le 14 juillet. C’est une première. La France aurait-elle compris l’urgence d’une politique de l’Océan Indien ? Catherine Colonna qui a récemment visité Delhi avait porté aux côtés de Jacques Chirac la défunte politique arabe de la France (lire Ahmed Youssef, « L’Orient de Jacques Chirac — la politique arabe de la France », Editions du Rocher, 2003). Dans ce cas comme dans l’autre, la France a-t-elle encore la liberté de choisir le monde qui vient, contre celui qui l’occupe ?

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 9 mai 2023)

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  • La nuit nous sauvera...

    Les éditions Buchet Chastel ont publié en octobre dernier une nouvelle de Philippe Ségur intitulée La nuit nous sauvera et consacrée à l'éco-terrorisme. Philippe Ségur est professeur de droit constitutionnel et de philosophie politique à l'université de Perpignan.

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    L'explosion d'un réacteur à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine est le premier acte d'une attaque éco-terroriste de vaste envergure qui va plonger la France dans le chaos.

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