Retour à l'envoyeur
Jeudi matin, un adolescent de quinze ans, élève du lycée technologique et professionnel Édouard-Branly de Créteil, a pointé une arme sur un professeur qui refusait de lui obéir, c’est-à-dire de le noter « présent » ; il a été filmé, évidemment, par un de ses camarades, que la scène fait beaucoup rire, tandis qu’autour d’eux s’agitent d’autres modèles d’intégration. Le mouvement est connu : cette scène a si bien fait le tour des réseaux sociaux que les chaînes ont dû se résoudre à la montrer, et à la commenter. Mais, comme toujours avec la propagande quand l’ongle du réel gratte son mur, on ne l’a montrée et commentée qu’en mentant.
Le premier mensonge touche à l’image, le second à la sémantique : on floute les visages, puis les mots. On a masqué les premiers, mais pas les mains : on sait donc l’origine de leur propriétaire, qui ne surprendra que le dernier carré de la LVF (Légion des Volontaires Franco-Remplacistes). Puis on masque les mots : on présente l’arme, un pistolet à air comprimé, comme « factice » – je suppose que l’on a voulu dire « inoffensive » : un pistolet à air comprimé n’est pas « factice », c’est une arme ; quant à « inoffensive », ça reste à prouver : on tirait bien des grives, dans mon enfance, avec des carabines à air comprimé, ce n’était pas pour les « menacer » (mais je ne maîtrise pas assez le sujet pour marcher davantage dans ces bois-là).
De toute façon, la question n’est pas là : c’est de menacer de tuer qui est l’essentiel. On pointe une arme et un autre tirera, on chante le djihad et d’autres égorgeront : les vagues de meurtres contre les Blancs à quoi nous assistons ont été annoncées – on a beau se réclamer de la plaisanterie ici, et là de l’art, c’est toujours le crime que l’on recherche.
Le mensonge sémantique continue, cependant. Un certain Didier Sablic, professeur de sport dans ce lycée, « où tout se passe bien », dit-il (la preuve), a trouvé ces menaces de mort « inadmissibles » ; et des parents d’élèves membres d’un « collectif », n’est-ce pas (« Unis pour la réussite scolaire » : je serai charitable et ne commenterai pas), les ont qualifiés d’« inacceptables » – c’est aussi l’avis du président de la République. Inadmissible ? Inacceptable ? Mais ce qui est inadmissible et inacceptable, c’est de ne pas dire que c’est sans nom ! Et que ça mérite Cayenne, ou l’Algérie, ou le Mali – n’importe où sauf la France : retour à l’envoyeur.
Les dignes parents d’élèves, quant à eux, ajoutent : « Nous condamnons le laxisme dont fait visiblement preuve l’enseignante dans cette classe. » Bien sûr, c’est la scène générale, ce pandémonium, qui frappe le spectateur, c’est-à-dire la prise de pouvoir, par des adolescents prédateurs, d’une femme dépassée par le chaos, le bruit, les menaces, les ricanements, les insultes, et, au fond d’elle-même peut-être, par l’idée qu’elle s’était faite, jadis, de son métier. Mais leur laxisme à eux, ces parents, ils y pensent ? La façon qu’ils ont eu de ne pas élever leurs enfants ? De les laisser retourner à l’état sauvage, et peut-être de les y pousser par bêtise, faiblesse, inconséquence et lâcheté ? Je voudrais bien les y voir, j’aimerais bien les voir plonger, une heure et tout vivants, dans la mare d’une classe avec leur vertu pour seule bouée.
Si j’ai écrit plus haut « retour à l’envoyeur », c’est que je pensais à ces autres envoyeurs, tous ces professeurs, parents, maires, ministres, journalistes, militants, syndicalistes, patrons, qui nous expédient ou applaudissent l’immigration de conquête, celle qui fait le monde inadmissible et inacceptable où nous vivons malgré nous. Que plus jamais tous ces salauds ne nous fassent le coup de l’inadmissible et de l’inacceptable ! Ces mots sont pourris, leurs sens rongés et vidés de leur moelle ! Tout le monde sait très bien que des scènes où des élèves menacent et agressent des professeurs sont monnaie courante : vous, moi, et tous ces envoyeurs qui ont été des passeurs – tout le monde le sait. Qu’ils aient au moins la décence de fermer leur gueule.
Bruno Lafourcade (Site personnel, 22 octobre 2018)