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alain de benoist - Page 18

  • Carl Schmitt actuel...

    Les éditions Dualpha viennent de rééditer un essai d'Alain de Benoist, publié initialement en 2007, et intitulé Carl Schmitt actuel - Guerre « juste », terrorisme, « Nomos de la Terre ».

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021) et L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021).

     

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    " Depuis les attentats du 11 septembre 2001, Carl Schmitt est de plus en plus souvent cité en référence aux événements qui se déroulent sous nos yeux. Certains sont même allés jusqu'à faire de l'auteur de La notion politique l'inspirateur secret de la politique de la Maison-Blanche. Cette thèse est bien sûr insoutenable. Ce qui est en revanche certain, c'est que toutes les grandes thématiques schmittiennes sont directement impliquées dans l'évolution récente de la politique internationale. La guerre menée en Irak par les États-Unis marque un retour à la « guerre juste », moralo-humanitaire, où l'ennemi devient une figure du Mal, dont Carl Schmitt avait dénoncé les effets dévastateurs. L'avènement d'un terrorise « global » renvoie directement aux thèses exposées par Schmitt dans sa Théorie du partisan. L'instauration dans les pays occidentaux d'un état d'exception qui tend de plus en plus à devenir permanent ne peut se comprendre qu'en référence à ce qu'il a pu écrire sur le « cas d'exception ». Enfin, l'effondrement du duopole américano-soviétique, qui a mis fin à l'après-guerre, annonce de toute évidence la naissance d'un nouveau monde. ainsi que Schmitt l'avait prévu dès 1950 dans ses écrits sur les «grands espaces», la dualité Terre-Mer et l'instauration d'un nouveau « Nomos de la Terre ». "

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  • Qu’est-ce que l’idéologie du même ?...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie et l'Institut Iliade viennent de publier un court essai d'Alain de Benoist intitulé Qu'est-ce que l'idéologie du Même ? .

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021) et L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021).

     

    Benoist_Qu'est-ce que l'idéologie du même.jpg

    " Si l’on refuse l’égalitarisme, faut-il pour autant se satisfaire de toutes les inégalités ? Non, car l’égalité bien comprise n’est jamais un absolu. Les hommes peuvent être égaux sous certains rapports — par exemple, leur appartenance politique à une communauté — et inégaux sous d’autres. En tant qu’être communautaire, l’homme doit nécessairement admettre de telles formes d’égalité. Ce qui doit être combattu, en revanche, est l’« idéologie du Même », qui est au cœur de la dynamique moderne. Celle-ci vise l’arasement pur et simple de toutes les différences, la neutralisation du monde, et l’effacement des communautés — au nom d’une vision purement mathématique de l’égalité. C’est une dénaturation pathologique du concept d’égalité politique. L’égalité n’est pas synonyme de mêmeté. "

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  • Werner Sombart, un sociologue conservateur révolutionnaire...

    Nous vous signalons la parution du nouveau numéro de la revue Nouvelle Ecole (n°71, année 2022), dirigée par Alain de Benoist, avec un dossier consacré au sociologue et économiste allemand Werner Sombart.

    La revue est disponible sur le site de la revue Éléments. Les parisiens pourront également la trouver à la Nouvelle Librairie

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    Au sommaire :

    Dossier Werner Sombart

    • Werner Sombart et le capitalisme. (Guillaume Travers)
    • Werner Sombart : les années de formation. Entre historisme et théorie du développement. (Friedrich Lenger)
    • Le « capitalisme » chez Werner Sombart. (Talcott Parsons)
    • L’avenir du capitalisme. (Werner Sombart)
    • L’opposition entre « marchands » et « héros » chez Sombart. (Guillaume Travers)
    • Sombart, les Juifs et la vie économique. (Alain de Benoist)
    • Entre Werner et Nicolaus : Carl Schmitt et les Sombart. (Alain de Benoist)
    • « De l’homme » de Werner Sombart. Une réflexion intemporelle. (Roberta Iannone)
    • Bibliographie de Werner Sombart. (Alain de Benoist)

    Bibliographie N.E.

    Varia
    • Otto von Gierke : les associations comme personnes. (Guillaume Travers)
    • Kondylis et l’approche d’un nouveau réalisme en science politique. (Karlheinz Weißmann)
    • Pour une chronologie de la tradition indo-européenne. (Jean Haudry)
    • La France et les États-Unis à l’épreuve du « Déclin de l’Occident » d’Oswald Spengler. Essai d’analyse morphologique du XXe siècle occidental. (Christophe Scotto d’Apollonia)
    • Baptiste Rappin contre les déconstructeurs. (Francis Moury)

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  • La lyre et le caducée...

    L'Institut Iliade en association avec la Nouvelle Librairie vient de publier La lyre et le caducée, un recueil de textes de et en l'honneur de Jean-François Gautier, présentés par Henri Levavasseur et préfacés par Alain de Benoist. Docteur en philosophie, essayiste, musicologue et historien des sciences, Jean-François Gautier a collaboré à différentes revues, dont Eléments  et a notamment publié  L’univers existe-t-il ? (Actes Sud, 1994), Le sens de l'histoire (Ellipse, 2013) et A propos des dieux - L'esprit des polythéismes (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

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    " Ce livre réunit l’ensemble des textes de Jean-François Gautier écrits pour l’Institut Iliade, ainsi que quelques hommages de ses proches. La diversité des sujets traités illustre l’ampleur des domaines de réflexion embrassés par l’auteur, de la philosophie aux sciences, en passant par la musicologie ou l’art pictural. Au détour de chacune de ses méditations, il invite les jeunes Européens à puiser à la source de la sagesse antique, afin de retremper leurs forces et d’entreprendre la nécessaire reconquête de leurs contrées natives. Se défiant de toute conception de la vérité fondée sur « un contenu doctrinal descendu de cieux inconnaissables », Jean-François Gautier apparaît comme un authentique maître à penser. "

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  • Le Coran sous l'oeil de la science...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°195, avril - mai 2022) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré à la privatisation du monde, on découvrira l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés, des entretiens, notamment avec les philosophes Marcel Gauchet et Michel Onfray, le cinéaste Patrice Lecomte, l'historien Sylvain Gouguenheim et l'acteur Gérard Depardieu ... Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, d'Hervé Juvin, de Nicolas Gauthier, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli et de Slobodan Despot, ainsi que celle d'Ego Non consacrée à la philosophie politique...

     

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    Éditorial

    Eh oui, il y a une idéologie dominante ! Par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien

    Les leçons de Marcel Gauchet : Macron, la droite, la gauche et nous

    Cartouches

    L’objet politique : le Peugeot 103. Par Nicolas Gauthier

    Une fin du monde sans importance. Par Xavier Eman

    Cinéma : La Loi de Téhéran sur l’enfer du crack. Par Nicolas Gauthier

    Carnet géopolitique : Que se cache-t-il derrière la puissance ? Par Hervé Juvin

    Champs de bataille : en Voïvodine, la gloire et les os. Par Laurent Schang

    Les succubes volants (2/2). Par Bruno Lafourcade

    Économie. Par Guillaume Travers

    Les sortilèges de Francis de Miomandre. Le regard d’Olivier François

    Bestiaire : Les poissons peuvent conduire des voitures ! Par Yves Christen

    Sciences. Par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées

    Guerre en Ukraine : l’Europe au bord du gouffre. Par Hervé Juvin

    Tovaritch Gérard Depardieu, un roi en exil. Par François Bousquet

    Les vérités de Gérard Depardieu : « Je suis contre cette guerre fratricide». Propos recueillis par François Bousquet

    Bruno Cremer – Jean Gabin, le match des monstres sacrés. Par Christophe A. Maxime

    Patrice Leconte : « Simenon, l’écrivain des petites gens, pas des grands». Propos recueillis par François Bousquet et Nicolas Gauthier

    Pour saluer Marcel Conche, le sage qui « croyait » aux dieux païens . Par Christopher Gérard

    La quête de Sylvain Gouguenheim : les derniers païens d’Europe. Propos recueillis par Thomas Hennetier

    Le monde n’est pas une table rase : que penser de l’anthropologie anarchiste ? Par Guillaume Travers

    Michel Onfray sur l’art contemporain : « Le Beau est mort, vive le beau!». Propos recueillis par Alix Marmin

    Quel homme de droite êtes-vous M. Alain de Benoist ? Propos recueillis par Pascal Eysseric

    Jean Kanapa et l’héritage stalinien : les leçons d’un itinéraire idéologique. Par Bruno Lafourcade

    Philippe Hemsen : dernières nouvelles de Jean Raspail. Propos recueillis par Marie de Dieuleveult

    Alfred Eibel, cavalier viennois : quand l’esprit autrichien règne sur l’univers. Par Olivier François

    À la gauche de la gauche : Günter Maschke, le schmittien « subversif ». Par Alain de Benoist

    Dossier
    Le Coran sous l’œil de la science

    L’authenticité du Coran en débat : comment l’islam a-t-il vu le jour ? Par Arnaud Dotezac

    L’émergence géopolitique musulmane : pour en finir avec l’omerta. Par Arnaud Dotezac

    L’islam, une religion judéo-chrétienne ? Au-delà du tronc commun des trois monothéismes. Par Alain de Benoist

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Reconquête : le miroir de la sorcière. Par Slobodan Despot

    La leçon de philo politique : Pierre-Joseph Proudhon. Par Ego Non

    Au pays de Zemmour et Taubira : bobos et immigrés, la partition inachevée. Un reportage de Daoud Boughezala

    Bande dessinée : Ulysse avait un but. Par Patrice Reytier

    Un païen dans l’Église : la bataille des deux ours, basilique de Saulieu. Par Bernard Rio

    C’était dans Éléments : Alexandre Douguine, le théoricien de l’eurasisme. Propos recueillis par Alain de Benoist

    Éphémérides

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  • Alain de Benoist : « Le grand continent eurasiatique est à nouveau coupé en deux » ...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh-Info, dans lequel celui-ci donne son sentiment sur l'actualité récente, et notamment sur la question corse, la campagne présidentielle et la guerre russo-ukrainienne.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021) et L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021).

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    Alain de Benoist : « L’électorat Zemmour est un électorat anti-immigration, celui de Marine Le Pen est un électorat anti-Système »

    Breizh-info.com : Tout d’abord, que vous inspirent le déplacement de Gérald Darmanin en Corse et l’évocation d’une autonomie possible pour la Corse ?

    Alain de Benoist : On pourrait parler de « divine surprise » s’il n’y avait pas quelques motifs d’être dubitatif. D’abord, c’est une drôle de façon de procéder que de se dire prêt « à aller jusqu’à l’autonomie » avant même que les négociations aient commencé. En général, on ne met pas sur la table le résultat de la discussion avant d’avoir commencé à discuter. Cela ressemble à un aveu de faiblesse, à moins qu’il ne faille y voir un geste démagogique ou une simple manœuvre électorale. Le problème se pose d’autant plus que la position adoptée par Darmanin représente une totale volte-face de la part d’un gouvernement qui, depuis cinq ans, s’est refusé à donner la moindre suite à toutes les demandes politiques formulées par les Corses. Rappelez-vous qu’en février 2018, lorsqu’il s’était rendu lui-même en Corse, Emmanuel Macron avait même opposé une fin de non-recevoir à ceux qui lui demandaient seulement de reconnaître le « caractère politique de la question corse ». Ce simple rappel justifie le scepticisme.

    Ensuite il faudrait savoir ce que Darmanin entend par « autonomie ». Le mot peut recouvrir des choses bien différentes. Attendons donc de savoir ce que les amis d’Emmanuel Macron mettent sous ce terme. Quelle autonomie ? Dans quels domaines ? Par quels moyens ? La question-clé est celle-ci : le gouvernement est-il prêt à reconnaître l’existence d’un « peuple corse », demande fondamentale pour tous les autonomistes ? On sait que la Constitution s’y oppose, puisqu’elle ne veut connaître qu’une nation « une et indivisible » dans la pure tradition jacobine. Et si par extraordinaire on reconnaissait l’existence d’un peuple corse, comment s’opposer à la reconnaissance par exemple du peuple breton ? Comment nier plus longtemps qu’il existe à la fois un peuple français et des peuples de France qui, s’ils le souhaitent, devraient également, à mon avis tout au moins, pouvoir eux aussi accéder à l’« autonomie ». Mais je vois mal le gouvernement s’engager sur cette pente glissante. Ce serait trop beau !

    Breizh-info.com : Des plans banlieues à l’autonomie de la Corse en passant par l’abandon de Notre-Dame des Landes (aéroport), les autorités ne montrent-elles pas que, finalement, seule la violence permet d’établir un rapport de force et d’obtenir des avancées avec ces mêmes autorités ?

    Alain de Benoist : Question naïve. Il n’y a que la bourgeoisie libérale pour s’imaginer que tous les problèmes politiques peuvent se résoudre de manière irénique sans que la violence ne surgisse à un moment ou à un autre. La politique est avant tout un rapport de forces. Lorsque les circonstances s’y prêtent, on assiste à une montée aux extrêmes qui ne peut pas se résoudre par les vertus de la « discussion », de la « négociation » ou du « compromis ». De surcroît peut aussi arriver un moment où les autorités détentrices du pouvoir légal en arrivent à perdre leur légitimité. La dissociation de la légalité et de la légitimité a pour effet que c’est la contestation violente qui peut alors devenir légitime.

    Les Gilets jaunes, comme les chauffeurs-routiers plus récemment, n’ont commencé à être entendus que lorsqu’ils sont descendus dans la rue pour manifester de façon un peu musclée. Il en va de même des autonomistes corses. La décolonisation a été acquise par la violence. Sans le recours au terrorisme par le FLN l’Algérie n’aurait peut-être pas été indépendante (ou ne l’aurait été que beaucoup plus tard). On peut le regretter, mais c’est ainsi. Georges Sorel opposait la violence sociale, légitime à ses yeux, à la simple légalité de la force publique. Il n’avait pas tort. Évitons la violence quand on peut l’éviter, mais cessons de croire qu’on peut durablement l’évacuer de la vie politique. Les guerres aussi sont des choses très désagréables – mais il y en aura toujours !

    Breizh-info.com : Quel regard portez-vous sur la campagne présidentielle, assez inédite finalement puisque les électeurs sont privés de débats entre des candidats qui mènent chacun campagne essentiellement dans leurs sphères respectives ? Là encore, est-ce le signe d’une démocratie malade ?

    Alain de Benoist : Il existe à mon sens des signes beaucoup plus forts de la crise généralisée des démocraties libérales que cette absence de débats entre les candidats à la présidentielle ! D’ailleurs, vous exagérez un peu : il y a quand même eu quelques débats, mais force est de constater qu’ils n’ont pas intéressé grand monde. Ils se résument en général à un échange d’invectives et de procès d’intention qui ne font pas avancer les choses.

    La grande caractéristique de la prochaine élection présidentielle est que, si l’on en croit les sondages, les jeux sont faits d’avance : Emmanuel Macron sera réélu. C’est ce que pense une majorité de Français, alors même qu’en majorité aussi ils semblent souhaiter qu’il n’en aille pas ainsi. Intéressant paradoxe. Il en résulte un désintérêt qui laisse prévoir, sauf événement de dernière minute, une très forte abstention qui pénalisera certains candidats plus que d’autres.

    En octobre dernier, dans un entretien précédent, je vous avais dit qu’«on aurait tort d’enterrer Marine Le Pen ». C’était à un moment où tout le monde pariait sur son effondrement au profit d’Eric Zemmour. Je soulignais également que ce qui séparait essentiellement Marine Le Pen et Eric Zemmour, ce n’était pas tant leur personnalité ou leurs idées que leurs électorats (classes populaires ou moyenne bourgeoisie radicalisée) et leurs stratégies (« bloc populaire » ou « union des droites »). C’est ce qui s’est confirmé. Zemmour a jusqu’à présent échoué dans son ambition. Son électorat est instable, et il reste à peu près au niveau de Pécresse, qui est en baisse, et de Mélenchon, qui est en hausse. Ceux qui ont parié sur son succès ont cru que Marine Le Pen allait échouer parce que son parti se porte mal (ce qui est exact) sans voir que ses électeurs s’intéressent très peu au parti en question : ils votent Marine, pas Rassemblement national ! Quant aux ralliements à Zemmour, à commencer par celui de Marion Maréchal, ils n’ont, comme je l’avais prévu, strictement rien changé aux intentions de vote. Reste la donnée fondamentale : l’électorat Zemmour est un électorat anti-immigration, celui de Marine Le Pen est un électorat anti-Système. Il faudra s’en souvenir quand sonnera l’heure de la recomposition.

    Breizh-info.com : La situation internationale, après deux années de crise dite du Covid 19, commence déjà à avoir de lourdes répercussions économiques. Pour le moment, l’Etat sort le chéquier pour tenter de colmater les brèches. Est-ce selon vous tenable à long terme ? Qui paiera ?

    Alain de Benoist : A votre avis ? Vous et moi, bien sûr – pas les Ukrainiens ! Les répercussions économiques sont déjà là et les choses ne peuvent que s’aggraver. Les lamentables sanctions, d’une ampleur sans aucun précédent, qui ont été décrétées contre la Russie pour satisfaire aux exigences américaines, vont aggraver les choses. Nous en paierons le prix tout autant que les Russes, sinon plus. L’inflation (matières premières, carburants, gaz, électricité) va aggraver la chute du pouvoir d’achat, qui est désormais la première préoccupation des Français. Un déséquilibre plus général est à redouter dans un contexte de crise financière mondiale rampante (et de refonte éventuelle du système monétaire). Pendant ce temps, l’endettement public continue de croître jusqu’à atteindre des hauteurs himalayesques. Est-ce tenable à long terme ? Non sans doute. Mais quand commence le long terme ?

    Breizh-info.com : Le rêve d’une Europe unie de Brest à Vladivostock est-il mort avec la guerre entre l’Ukraine et la Russie ?

    Alain de Benoist : Il est d’autant plus mort qu’il n’a jamais connu le moindre début de réalisation. Il en va de même de l’axe Paris-Berlin-Moscou dont nous sommes quelques uns à avoir également rêvé. La conséquence première de la guerre qui se déroule en ce moment est la recréation du rideau de fer, à cette différence près que c’est un rideau de fer dressé aux frontières de la Russie par les Occidentaux, dans l’espoir de museler un compétiteur jugé dangereux, et non un rideau de fer dressé par les Soviétiques pour empêcher les gens d’aller voir ailleurs. Le déluge de propagande russophobe auquel nous assistons en ce moment est de ce point de vue significatif. Le grand continent eurasiatique est à nouveau coupé en deux – ce qui n’a que le mérite de clarifier les choses.

    Ce qu’il faut bien voir, en attendant de pouvoir en faire une analyse plus complète, c’est que la guerre entre l’Ukraine et la Russie n’est pas seulement, ni même principalement, une guerre entre deux pays. Ce n’est pas non plus un affrontement entre le nationalisme ukrainien et le nationalisme russe, comme beaucoup cherchent à le faire croire. C’est d’abord une guerre entre la logique de l’Empire et celle de l’Etat-nation. C’est ensuite, plus globalement, une guerre entre l’Ouest et l’Est, entre le monde libéral et celui des « espaces civilisationnels », entre la Terre et la Mer. C’est-à-dire une guerre pour la puissance mondiale.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh-Info, 22 mars 2022)

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