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afrique - Page 6

  • Un atlas historique de l'Afrique...

    Les éditions du Rocher viennent de publier le nouvel ouvrage de Bernard Lugan, un Atlas historique de l'Afrique. Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont dernièrement Osons dire la vérité à l'Afrique (Rocher, 2015), Histoire de l'Afrique du Nord (Rocher, 2016), Algérie - L'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2017), Heia Safari ! - Général von Lettow-Vorbeck (L'Afrique réelle, 2017) et, dernièrement, Mai 68 vu d'en face (Balland, 2018).

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    " Des origines de l'Homme aux conflits d'aujourd'hui, au fil de 250 cartes accompagnées de notices explicatives, cet atlas inscrit sur la longue durée, fait le bilan des connaissances historiques autour du continent africain à travers les permanences et les ruptures qui expliquent les crises actuelles et qui permettent d'annoncer celles de demain.
    Cet ouvrage, sans équivalent, est l'outil de référence indispensable à tous ceux qui veulent connaître les constantes historiques et ethniques qui fondent la géopolitique de l'Afrique, ou plus exactement des Afriques, et sans la connaissance desquelles tout ce qui est dit ou écrit sur ce continent relève de l'artificialité. "
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  • L’hommage aux « Poilus » dévoyé par l’idéologie dominante...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan sur les commémorations du centenaire du 11 novembre 1918. Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Osons dire la vérité à l'Afrique (Rocher, 2015), Histoire de l'Afrique du Nord (Rocher, 2016), Algérie - L'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2017), Heia Safari ! - Général von Lettow-Vorbeck (L'Afrique réelle, 2017) et, dernièrement, Mai 68 vu d'en face (Balland, 2018).

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    L’hommage aux « Poilus » dévoyé par l’idéologie dominante

    Pensée par le socialiste Joseph Zimet en charge de la Mission du centenaire de la Grande Guerre, à la ville époux de Madame Rama Yade ancien secrétaire d’Etat de Nicolas Sarkozy, la cérémonie du 11 novembre 2018 célébrée sous l’Arc de Triomphe laisse une impression de malaise.

    D’abord, comment expliquer l’insolite relégation des représentants de la Serbie à l’extérieur de la principale tribune officielle alors que leur pays fut un des artisans majeurs de la victoire après avoir perdu 450.000 combattants tués et 134.000 autres blessés sur une population de 4,5 millions d’habitants ? Sans compter des pertes civiles s’élevant à 800.000 morts…

    Ensuite, comment qualifier l’insulte personnelle faite au président Trump, obligé de subir la prestation-provocation de sa compatriote d’origine béninoise, la chanteuse Angélique Kidjo, l’une de ses plus farouches adversaires ? Il est en effet utile de rappeler que cette militante activiste avait manifesté contre son élection au sein de la Women’s March, et qu’elle le qualifie d’homme qui n’a « ni morale, ni valeurs humaines »... Un tel affront diplomatique restera dans les annales...

    Enfin, point d’orgue de la grande entreprise de réécriture de l’histoire de France, l’amplification du rôle de l’Afrique durant la Première Guerre mondiale, à travers un message plus que subliminal : les Africains ayant permis la victoire française, leurs descendants ont des droits sur nous et voilà donc pourquoi ils sont chez eux chez nous…

    Je répondrai à ce troisième point en reprenant mon communiqué en date du 13 mai 2016 dont le titre était « La France n’a pas gagné la Première guerre mondiale grâce à l’Afrique et aux Africains ».

    Laissons en effet parler les chiffres[1] :

    1) Effectifs de Français de « souche » (Métropolitains et Français d’outre-mer et des colonies) dans l’armée française

    - Durant le premier conflit mondial, 7,8 millions de Français furent mobilisés, soit 20% de la population française totale.

    - Parmi ces 7,8 millions de Français, figuraient 73.000 Français d’Algérie, soit 20% de toute la population « pied-noir ».

    - Les pertes parmi les Français métropolitains furent de 1.300 000 morts, soit 16,67% des effectifs.

    - Les pertes des Français d’Algérie furent de 12.000 morts, soit 16,44% des effectifs.

     2) Effectifs africains

    - L’Afrique fournit dans son ensemble 407.000 hommes, soit 5,22 % de l’effectif global de l’armée française.

    - Sur ces 407.000 hommes, 218.000 étaient originaires du Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie).

    - Sur ces 218.000 hommes, on comptait 178.000 Algériens, soit 2,28 % de tous les effectifs de l’armée française.

    - Les colonies d’Afrique noire dans leur ensemble fournirent quant à elles, 189.000 hommes, soit 2,42% de tous les effectifs de l’armée française.

    - Les pertes des Maghrébins combattant dans l’armée française furent de 35.900 hommes, soit 16,47% des effectifs, dont 23.000 Algériens. Les pertes algériennes atteignirent donc 17.98% des effectifs mobilisés ou engagés.

    - Les chiffres des pertes au sein des unités composées d’Africains sud-sahariens sont imprécis. L’estimation haute est de 35.000 morts, soit 18,51% des effectifs ; l’estimation basse est de 30.000 morts, soit 15.87%.

    Pour importants qu’ils soient, les chiffres des pertes contredisent l’idée-reçue de « chair à canon » africaine. D’ailleurs, en 1917, aucune mutinerie ne se produisit dans les régiments coloniaux, qu’ils fussent composés d’Européens ou d’Africains.

    Des Africains ont donc courageusement et même régulièrement héroïquement participé aux combats de la « Grande Guerre ». Gloire à eux !

    Cependant, compte tenu des effectifs engagés, il est faux de prétendre qu’ils ont permis à la France de remporter la victoire. Un seul exemple : l’héroïque 2° Corps colonial engagé à Verdun en 1916 était composé de 16 régiments, or, les 2/3 d’entre eux étaient formés de Français mobilisés, dont 10 régiments de Zouaves composés très majoritairement de Français d’Algérie, et du RICM (Régiment d’infanterie coloniale du Maroc), unité alors très majoritairement européenne.

    Autre idée-reçue utilisée par les partisans de la culpabilisation et de son corollaire « le grand remplacement » : ce serait grâce aux ressources de l’Afrique que la France fut capable de soutenir l’effort de guerre.

    Cette affirmation est également fausse car, durant tout le conflit, la France importa 6 millions de tonnes de marchandises diverses de son Empire et 170 millions du reste du monde.

    Conclusion : durant la guerre de 1914-1918, l’Afrique fournit à la France 5,22% de ses soldats et 3,5% de ses importations.

    Ces chiffres sont respectables et il n’est naturellement pas question de les oublier ou de les tenir pour secondaires. Prétendre qu’ils furent déterminants est en revanche un mensonge doublé d’une manipulation idéologique.

    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 14 novembre 2018)

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  • Immigration : et si on se fiait à l'intelligence des Français ?...

    Vous pouvez ci-dessous découvrir un entretien avec Laurent Obertone, réalisé par Edouard Chanot et diffusé le 19 octobre 2018 sur Radio Sputnik, dans lequel il évoque l'immigration et les conséquences qu'elle aura en France comme en Europe dans les trente prochaines années. Journaliste, Laurent Obertone vient de publier La France interdite - La vérité sur l'immigration (Ring, 2018).

     

                                        

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  • La bombe africaine et ses fragmentations...

    Les éditions Dualpha viennent de publier un essai de Jean-Claude Rolinat intitulé La Bombe africaine et ses fragmentations. Documentaliste, journaliste et élu local, Jean-Claude Rolinat est l'auteur notamment de plusieurs  biographies, dont celle de Juan Perón (Pardès, 2013) ou de Ian Smith (Pardès, 2014).

     

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    " La cause est entendue, l’homme blanc est coupable de tous les maux de la création, et en particulier en Afrique noire où la colonisation serait responsable de tous les malheurs qui frappent le continent. La vérité est bien plus complexe et moins simpliste qu’on veut bien le dire. Il est vrai que l’erreur principale du colonisateur aura été, lors de la conférence de Berlin en 1885, de ne pas tenir compte des réalités ethniques et d’avoir découpé, avec gourmandise, ce nouveau « fromage ». Mais l’homme blanc n’allait pas simplement en Afrique pour exploiter les natifs et les richesses continentales, il y allait pour évangéliser et apporter les bienfaits de la civilisation.

    Toutes les entreprises coloniales ne furent pas glorieuses, mais celles expérimentées par notre pays furent sans aucun doute, comparées à d’autres colonisateurs, les plus humaines, empreintes d’empathie pour ce que l’on appelait péjorativement les « indigènes ». Des hommes comme Léopold Sédar Senghor ou Houphouët Boigny, ayant atteint les sommets de la hiérarchie politique française, en ont été les preuves vivantes et auraient pu en témoigner.Vaste continent de 30 30 415 873 km² que les soubresauts de la décolonisation (bien souvent bâclée), n’auront pas épargné, les « sept plaies d’Égypte » se sont abattues sur lui : guerres coloniales et postcoloniales ; conflits ethniques ; pénuries d’eau ; famines ; maladies (notamment sida et Ebola) ; corruption, etc.

    Et, comme si tout cela ne suffisait pas, l’incapacité et la rapacité de nombre de dirigeants sanguinaires, corrompus, pratiquant souvent le népotisme, jettent une ombre sur la capacité d’une bonne gouvernance dans ces pays. Mais, le mal absolu, le danger suprême pour l’équilibre même de la planète, c’est la démographie explosive, non maîtrisée, de l’Afrique en général et de l’Afrique noire en particulier. De 100 millions d’habitants en 1900, la population du continent est passée à 640 millions dans les années 1990, pour atteindre et dépasser le milliard en 2015 (16 % de la planète, à comparer avec les 9 % de 1950 !). Selon les projections démographiques, sa population pourrait même atteindre plus de deux milliards en 2050 et, 4,4 milliards à la fin du XXIe siècle. Ce phénomène est une menace pour l’Europe, à la population vieillissante. Ce livre n’a pas d’autres prétentions que de rafraîchir les mémoires et d’être un lanceur d’alerte. "

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  • Europe, terre à prendre...

     

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan, cueilli sur Médias-Presse.infos et consacré à l'afflux de migrants africains en Europe. Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont dernièrement Osons dire la vérité à l'Afrique (Rocher, 2015), Histoire de l'Afrique du Nord (Rocher, 2016), Algérie - L'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2017), Heia Safari ! - Général von Lettow-Vorbeck (L'Afrique réelle, 2017) et, dernièrement, Mai 68 vu d'en face (Balland, 2018).

     

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    Bernard Lugan analyse la migration africaine dans une Europe « terre à prendre »

    Les actuelles arrivées de migrants africains en Europe constituent les prémices d’un phénomène massif qui va connaître une amplification considérable dans les prochaines décennies.

    Laissons parler les chiffres :

    - Avec un taux de croissance de 4 % la population africaine double tous les 18-20 ans.
    - Au Niger, pays désertique où le taux de fécondité est de 7 enfants par femme, la population était de 3 millions d’habitants en 1960 et elle sera de 40 millions en 2040, puis de 60 millions en 2050.
    - En Somalie, le taux de reproduction est de 6,4 enfants par femme et en RDC, il est de 6,1.
    - En Algérie le programme de planification familiale avait permis de faire baisser l’indice synthétique de fécondité de 4,5 enfants par femme en 1990, à 2,8 en 2008. Or, avec la réislamisation du pays, depuis 2014, il a rebondi à 3,03.

    Résultat :
    D’ici à 2030, l’Afrique va voir sa population passer de 1,2 milliard à 1,7milliard, avec plus de 50 millions de naissances par an.
    - En 2100, avec plus de 3 milliards d’habitants, le continent africain abritera 1/3 de la population mondiale, dont les trois quarts au sud du Sahara.

    Pour des centaines de millions de jeunes africains, la seule issue pour tenter de survivre sera alors l’émigration vers l’Europe.

    Bloqués par leurs pré-supposés idéologiques et moraux, les dirigeants européens qui s’obstinent à ne pas tenir compte de cette réalité, ont choisi de s’accrocher au mythe du « développement ». En France, des Insoumis au Front national, tous défendent ainsi – certes à des degrés divers –, le postulat du développement ralentisseur migratoire. Et tous sont dans l’erreur. Comme je l’ai expliqué dans mon livre Osons dire la vérité à l’Afrique [1], le développement de l’Afrique est en effet une illusion et parfois même une escroquerie intellectuelle et politique.

    Pour deux grandes raisons :

    1) À supposer qu’il ait une efficacité, le « développement » ne pourrait en effet avoir que des résultats à très long terme. Or, il y a urgence.

    2) Tout a déjà été tenté en ce domaine depuis les indépendances, il y a plus de six décennies de cela. En vain car, en dépit des sommes abyssales déversées pour tenter de la faire « démarrer », l’Afrique régresse.

    Loin de se développer, l’Afrique s’appauvrit globalement année après année

    Selon les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) adoptés en 2000 par 189 États, aucun recul de la pauvreté africaine ne peut être envisagé sans un minimum de croissance annuelle de 7 % soutenue durant plusieurs années. Conclusion : comme il faut une croissance de 7 % par an pour simplement commencer à réduire la pauvreté, le calcul est vite fait, année après année, il manque donc à l’Afrique entre 3 et 4 % de croissance pour atteindre l’objectif des OMD. Donc, loin de se combler, la pauvreté africaine augmente et cela d’autant plus inexorablement que la démographie galopante y efface les quelques gains de croissance.

    Comment prétendre développer l’Afrique quand les investisseurs s’en détournent ?

    Le discours politique répétitif est l’appel à l’investissement « moteur du développement », mais comme les investisseurs n’investissent pas en Afrique, nous restons donc dans le domaine incantatoire.

    Dans son rapport de mai 2018, la BAD (Banque africaine de développement) souligne ainsi que pour les investissements dans le seul domaine des infrastructures, l’Afrique a besoin annuellement de 170 milliards de dollars d’IED (Investissements étrangers directs), alors que, au total de tous ses postes, elle n’en reçoit que 60 mds.

    Début juin 2018, à la lecture du rapport sur les IED publié par la CNUCED (CNUCED, World Investment Report 2017), nous apprenons qu’en 2017, sur les 2000 milliards (mds) de dollars d’IED mondiaux, l’Afrique n’en recueillit en effet que 60 mds, un volume dérisoire en baisse de 3 % par rapport à 2016 (Banque mondiale). L’Afrique, dans l’ensemble de la globalité de ses 54 pays et de son 1,2 milliard d’habitants a donc reçu presque autant d’IED que Singapour (61,6 mds pour 6 millions d’habitants), et moins que l’Irlande (79,2 mds pour 5 millions d’habitants)… Voilà qui en dit plus que les longs discours lénifiants sur le devenir de l’Afrique et sur son « développement »…

    Une chose est donc certaine, le credo du « développement » ne freinera pas le déversement du surplus démographique africain sur l’Europe. Comment en serait-il d’ailleurs autrement alors que rien ne peut être entrepris sans un strict contrôle des naissances que les Africains refusent d’envisager et que l’Europe n’est pas en mesure de leur imposer ?

    Vue d’outre-Méditerranée, l’Europe continuera donc d’être considérée comme une terre à prendre. D’autant plus facilement qu’elle est peuplée de vieillards repus ou épuisés, d’hommes s’interrogeant sur leur virilité, de femmes n’enfantant plus et dont les dirigeants sont soumis au diktat permanent de l’émotionnel…

    Bernard Lugan (Media-presse.info, 27 juin 2018)
     
    Note :
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  • Alain de Benoist : « Arnaud Beltrame, un héros français »...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh Info, dans lequel il évoque l'actualité, avant l'attentat de Trèbes... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Décroissance ou toujours plus ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2018).

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    Alain de Benoist : « Arnaud Beltrame, un héros français »

    Breizh-info.com : Tout d’abord, votre réaction à la mort du colonel Arnaud Beltrame et à l’hommage solennel qui lui a été rendu dans les milieux les plus différents ?

    Alain de Benoist :  Pour ne pas répéter ce que beaucoup d’autres ont déjà dit, je m’en tiendrai à une seule observation. Dès l’annonce de la mort du colonel Beltrame, un mot a surgi qui s’est instantanément propagé sur toutes les lèvres : c’était « un héros », et plus précisément « un héros français ». Jamais comme dans les jours qui ont suivi, on n’avait autant parlé d’héroïsme et de tout ce qui caractérise le héros : le courage, le sens de l’honneur, la fidélité, le don de soi, le sacrifice, le goût de la mission, le service de la patrie. En un instant, le discours de l’idéologie dominante qui, depuis des décennies, fait assaut de dérision sur toutes ces valeurs « ringardes » parce qu’à l’éthique de l’honneur il cherche à substituer une morale humanitaire invertébrée, a paru s’effondrer et devenir à son tour dépassé.

    En outre, à une époque où l’on préfère faire pleurer sur les victimes que célébrer les vertus héroïques, et bien que le colonel Beltrame soit mort égorgé, ce n’est pas d’abord en tant que victime, mais en tant que héros qu’il a été célébré. Je ne me fais évidemment pas d’illusion : l’idéologie dominante va chercher à réaffirmer son emprise dès que l’émotion sera retombée. Les « déconstructeurs », les rigolards et les petits malins vont revenir sur le devant la scène. Mais la façon dont l’opinion, quasiment unanime, a réagi n’en est pas moins profondément parlante, profondément révélatrice. Le peuple aime les héros. Il sait que le culte des héros, dont parlait Thomas Carlyle, lui vient du fond des âges. Instinctivement, il réalise que le bien commun s’ordonne à ce qui est beau, à ce qui est grand et à ce qui est fort. Il attend des exemples plus que de leçons. Merci au colonel Beltrame de nous avoir, grâce à son sacrifice, rappelé aussi cela.

    Breizh-info.com : Avez-vous lu le livre de M. Smith, « La ruée vers l’Europe » ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? La démographie sera-t-elle la clé du XXIe siècle et de la survie des Européens en tant que civilisation ?

    Alain de Benoist : Je n’ai pas eu le temps de lire le livre de Stephen Smith, mais j’en connais le contenu. L’auteur n’est d’ailleurs pas le premier à estimer que les perspectives de croissance démographique de l’Afrique subsaharienne vont exercer dans les décennies qui viennent une pression migratoire d’une ampleur énorme sur les pays européens. Beaucoup plus encore qu’une « maghrébisation » ou une « islamisation », c’est une africanisation de l’Europe par des populations qui sont très loin d’être toutes musulmanes qui se profile à l’horizon.

    Là où le livre de Smith est le plus intéressant, c’est qu’il s’attaque à deux idées reçues. La première est celle qui consiste à croire que les migrants « économiques » viennent des couches les plus pauvres de leurs pays d’origine. En réalité, les plus pauvres n’ont tout simplement pas le moyen d’émigrer, car la migration coûte relativement cher (plusieurs milliers d’euros). Ceux qui émigrent sont ceux qui, sans être riches, ont au moins pu accumuler suffisamment pour tenter de partir.

    Deuxième idée reçue, qui s’articule d’ailleurs à la précédente : s’imaginer qu’on ralentira les flux migratoires en favorisant le « développement » des pays africains, alors que celui-ci ne fait que stimuler le désir d’émigrer en même temps qu’il donne plus de moyens de se déraciner. Stephen Smith le dit explicitement : en faisant ce calcul, les pays riches se tirent une balle dans le pied, car le « développement » revient à aider des pays pauvres à atteindre un seuil de prospérité à partir duquel leurs habitants disposeront en nombre croissant des moyens de partir s’installer ailleurs.

    Mais la démographie n’est pas seule en cause. Il faut aussi prendre en compte les facteurs écologiques. Croire que l’épuisement programmé des ressources naturelles et l’aggravation des dérèglements climatiques n’auront pas d’effet sur les mouvements migratoires est une grande illusion. Certains experts annoncent déjà 150 millions de « réfugiés climatiques » pour le milieu du siècle.

    Stephen Smith estime que la « ruée vers l’Europe » est inéluctable. Cela pose en réalité une question politique : les dirigeants européens ont-ils la volonté et l’esprit de décision nécessaires pour faire face à un tel défi ? Alain Finkielkraut disait récemment qu’une Europe africanisée ne serait plus l’Europe. C’est l’évidence même, mais pour éviter que les rapports démographique relèvent du seul modèle des vases communicants, il faut au moins vouloir s’y opposer. Ceux qui pensent que les cultures comptent pour rien, et que les hommes sont indéfiniment substituables les uns aux autres, ne sont pas les mieux placés pour le faire. Quant aux Européens dont vous parlez, la question qui se pose est moins de savoir s’ils veulent voir survivre leur civilisation que de savoir s’ils ont eux-mêmes la volonté de la faire se poursuivre.

    Breizh-info.com : Que vous inspire la situation à Mayotte ? N’est-ce pas une grave erreur de d’avoir fait de cette île un département français ?

    Alain de Benoist : C’est en mars 2011, donc sous la présidence de Nicolas Sarkozy, que l’île de Mayotte est devenue le 101e département français. Je suis de ceux qui ont estimé dès le départ que c’était une erreur. En moins de dix ans, la gestion de Mayotte est tout simplement devenue impossible. Pourquoi ne pas lui donner son indépendance ?

    Breizh-info.com : La situation internationale semble bouger énormément ces derniers temps entre la réélection de Vladimir Poutine, les tensions avec le Royaume-Uni, la guerre de la Turquie contre les Kurdes, etc. Quel regard portez-vous sur cette évolution ?

    Alain de Benoist : Les choses bougent beaucoup en effet, et d’autant plus que depuis la chute du Mur de Berlin nous vivons dans une époque de transition où tous les repères tendent à s’effacer. Il est difficile dans ces conditions de faire des pronostics qui ne relèvent pas du doigt mouillé. Mon sentiment est que le Proche-Orient reste plus que jamais le foyer de tension principal qui peut demain mettre le feu aux poudres. Dans ce contexte, et singulièrement depuis l’élection de Donald Trump, on voit se développer une campagne russophobe de vaste ampleur qui trahit la peur des Américains de voir la Russie d’abord, la Chine ensuite, les destituer d’une hégémonie qui n’est déjà plus ce qu’elle était autrefois. On est en train de revenir à la guerre froide, mais cette fois-ci sans l’alibi d’un « anticommunisme » qui, chez beaucoup, n’a finalement jamais été que le cache-sexe d’une vieille hostilité visant la puissance continentale russe.

    Les Américains ne reculeront devant rien – fake news, coups montés, désinformation, provocations, etc. – pour empêcher la Russie de redevenir une grande puissance susceptible de leur faire de l’ombre. Vladimir Poutine est devenu le symbole de tout ce qu’ils exècrent. La popularité dont il jouit, la façon dont il a redonné la fierté à son peuple, les succès politiques et militaires qu’il a enregistrés récemment, la montée en puissance de ses forces militaires, sa réélection triomphale enfin dans un pays où les partis « pro-occidentaux » représentent désormais moins 5 % des suffrages, tout cela est pour eux insupportable. La situation compliquée du Proche-Orient, la Syrie, l’Irak, le Yémen, le jeu saoudien, les ambitions de l’Iran, la stratégie israélienne, sont autant d’occasions pour eux de tenter de rétablir la situation à leur avantage. Le problème est que ce jeu peut très bien déboucher sur une nouvelle guerre mondiale. Faut-il s’y attendre ? Disons que si ce n’est pas encore probable, c’est au moins de plus en plus possible.

    Breizh-info.com :  Cinquante ans après Mai 68, si vous deviez dresser un bilan de cette époque et de ses conséquences, quel serait-il ?

    Alain de Benoist :  Essayons de faire bref. D’abord, on l’oublie trop souvent, Mai 68 n’a pas été seulement une révolte étudiante de grande ampleur, mais aussi la dernière grande grève générale que la France ait connue. Il y a sans doute plus de leçons à tirer de la seconde que de la première. Ensuite, d’un point de vue idéologique, deux tendances contradictoires au moins se sont manifestées en Mai 68. La première, sympathique mais minoritaire, mettait en accusation la société de consommation et la société du spectacle, le « système des objets » et le capitalisme libéral, avec des références au situationnisme, à Guy Debord, mais aussi à Jean Baudrillard, Henri Lefebvre, Herbert Marcuse et quelques autres. L’autre, nettement majoritaire, se voulait purement individualiste et hédoniste. Son programme se résumait dans le slogan : « Jouir sans entraves ».

    C’est le Mai 68 des enfants gâtés de la bourgeoisie et des révolutionnaires en peau de lapin, qui allaient rapidement réaliser que c’est en se ralliant à la logique du Capital qu’ils pourraient le mieux satisfaire leurs « désirs ». La seconde tendance l’a malheureusement très vite emporté, engendrant toutes les pathologies sociétales qu’on a pris l’habitude d’attribuer aux « soixante-huitards ».

    Depuis un demi-siècle, j’ai vu se mettre en place tous les dix ans le même train de commémorations obligées des journées de Mai 68. A chaque fois, c’est l’occasion de publier de nouveaux livres, de donner la parole aux « anciens » des barricades, et autres exercices rituels qui ennuient prodigieusement la jeunesse d’aujourd’hui. Mai 68 a pesé sur l’évolution de la société, mais le monde a changé. Les anciennes militantes du MLF ont aujourd’hui dépassé l’âge de l’avortement et les ex-« révoltés » se préoccupent surtout de leur prostate. Il serait temps de passer à autre chose.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh Info, 2 avril 2018)

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