Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Points de vue - Page 385

  • Nucléaire, souveraineté et puissance...

    Alors que la question du nucléaire va sans doute être au coeur de l'élection présidentielle de 2012, nous reproduisons ce point de vue éclairant de Bruno Racouchot, paru cet été dans Valeurs actuelles. Bruno Racouchot, directeur de la société COMES, publie la lettre d'information Communication & Influence

     

    coeur nucléaire.jpg

     

    Les combats du nucléaire

    Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En France, les centrales nucléaires assuraient en 2010 74,1 % de notre production d’électricité, 12,4 % étant fournis par l’hydraulique et 10,8 % par le thermique à combustible fossile, les autres moyens se révélant dérisoires. En Allemagne, la même année, le nucléaire représentait 28,4 % de la production d’électricité et aux États-Unis, 19,6 %. De fait, même si le gouvernement français a récemment lancé un exercice de prospective envisageant divers scénarios de sortie du nucléaire, rien ne peut ni ne doit se faire dans la précipitation.

    D’autant qu’au-delà des aspects strictement techniques du dossier, c’est essentiellement sur les images, les peurs, les fantasmes que va se jouer la bataille de l’opinion. L’onde de choc de Fukushima met à mal le couple franco-allemand, et partant, toute l’Europe. Il faut dire que les intérêts en jeu sont colossaux et qu’ils excitent bien des groupes de pression, désireux de nous voir renoncer à notre indépendance et tomber en sujétion.

    Le public français va donc être soumis dans les mois et les années à venir à de rudes attaques.

    D’autant qu’interrogés lors d’un récent sondage Ifop-le Monde, nos concitoyens font plutôt montre de réalisme. Ils reconnaissent que l’énergie nucléaire joue un rôle important dans notre indépendance énergétique (85 %), que grâce au nucléaire, la production d’électricité est sûre et constante (79 %) et que cette énergie est produite à un coût plus faible que par d’autres modes de production (73 %). Or, il existe au moins deux bonnes raisons d’attaquer ce consensus : la première est d’ordre technologique, la seconde d’ordre géopolitique. L’Allemagne prépare une mutation majeure de son économie sur le plan énergétique. En changeant de levier au profit des énergies alternatives, elle va bénéficier d’une forte avance technologique, qui constituera un atout à l’international. Le tout est de savoir quand.

    C’est là un défi qui s’étend bien au-delà du simple paramètre technique. Il pose la question de l’organisation de la société et surtout de l’adhésion à un projet de vie. Entre également en perspective ici la dimension géopolitique. Si l’Allemagne peut se permettre ce virage, c’est parce qu’elle sait pouvoir s’appuyer sur Gazprom. Qu’elle se détache progressivement de l’Europe de l’Ouest pour s’amarrer à la puissance continentale majeure qu’est la Russie n’est pas anodin. La France se trouve donc coincée de facto entre pétrole et gaz, entre l’enclume américaine et le marteau russe. Notre filière nucléaire va donc devoir combattre sur deux fronts à la fois, et sur des registres bien différents de ceux auxquels elle est accoutumée. Aussi devons-nous faire très vite notre propre mutation si nous voulons traverser cette épreuve.

    Car contrairement aux apparences, ce n’est pas seulement sur le plan rationnel qu’il va falloir agir. Les antinucléaires sont inquiétants à double titre : ils sont instrumentalisés par des groupes de pression connaissant parfaitement les techniques de manipulation et de désinformation ; et leur combat est avant tout idéologique, pour ne pas dire cryptothéologique. Ceux qui en douteraient devraient lire le dernier essai de Régis Debray, Du bon usage des catastrophes (Gallimard), où il rappelle par exemple que c’est par des images, des révélations, du merveilleux, que le christianisme a fait tomber un Empire romain trop sûr de sa force et de son droit… Nous allons inéluctablement voir se multiplier les attaques de toutes sortes, y compris à l’intérieur de l’appareil européen. Voilà pourquoi nous devons très vite anticiper la nature des affrontements à venir. Loin des équations et des algorithmes qui parlent peu à l’homme de la rue, c’est dans le domaine des idées, sur le plan communicationnel et informationnel que va se jouer la vraie bataille. Il est urgent de penser la communication de nos grands groupes énergétiques autrement. Donc, de changer d’échiquier, de rompre avec les postures défensives, pour occuper – réellement – le terrain de l’influence. L’influence, c’est avant tout donner du sens. C’est soutenir une stratégie qui sait et qui dit où l’on va, ce que l’on veut. C’est affirmer et assumer une identité forte. C’est avoir une perception de son devenir allant bien au-delà de son seul coeur de métier. C’est tisser en permanence des passerelles entre la realpolitik et l’imaginaire pour répondre aux attentes, aux craintes, aux espoirs. En explorant les champs connexes à son activité, en communiquant de manière à donner du sens à l’action engagée et à la stratégie suivie, on donne la preuve que l’on a une perception synoptique des enjeux. Consciemment ou non, les Français veulent que notre pays déploie une stratégie de puissance digne de ce nom, qui lui rende son dynamisme et sa grandeur. Les combats de demain se joueront dans les têtes. La bataille des idées sera déterminante. Il est grand temps, pour nos élites, de faire montre d’un nouvel état d’esprit, lucide, déterminé, pragmatique, et d’intégrer une bonne fois pour toutes les stratégies d’influence dans leur stratégie globale. 

    Bruno Racouchot (Valeurs actuelles, 4 août 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • A quoi peut-on s'attendre ?...

    Vous pouvez visionner ci-dessous une conférence de Michel Drac, donnée à Toulouse devant le Cercle de l'Esprit rebelle et consacrée à la crise. Michel Drac est l'animateur du site Scriptoblog et est l'auteur de plusieurs essais comme Crise ou coup d'état ? (Le Retour aux sources, 2009) ou Crise économique ou crise du sens ? (Le retour aux sources, 2010). Il a, par ailleurs, collaboré au dernier numéro de la revue d'Alain de Benoist,  Krisis (Le chaos ?, n°35).

     

    Lien permanent Catégories : Multimédia, Points de vue 1 commentaire Pin it!
  • Des causes occultées de l'insécurité ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Yvan Blot, cueilli sur Polémia et consacré à l'insécurité.

    delinquants.jpg

     

    Les causes occultées de l'insécurité : immigration, déresponsabilisation, enflure de l'ego

    Les statistiques montrent que le nombre de crimes et délits vers 1946 était de 1,5 millions. Ce chiffre est resté stable pendant des années et s’est mis à augmenter à partir de 1968. Il n’a alors cessé de croître pour atteindre 4,5 millions de crimes et délits aujourd’hui. La montée du crime est un indicateur important du phénomène de « décivilisation » qui atteint aujourd’hui l’Occident.
    Officiellement, on parle d’insécurité plutôt que de criminalité car la pensée technocratique des oligarques est toujours tournée vers les causes matérielles et formelles des phénomènes. On préfère ne pas évoquer la responsabilité des hommes (cause motrice) et ne pas s’interroger sur les finalités de la société (cause finale).

    Le rôle néfaste de l’immigration

    Les causes matérielles sont le chômage, les revenus insuffisants, l’urbanisme inhumain des banlieues : ces causes de la délinquance jouent un rôle mais à notre avis, c’est mineur. J’ai été député de Calais, ville où le chômage était considérable et l’urbanisme catastrophique : pourtant, le taux de violence urbaine était très faible. L’une des raisons était l’absence d’immigration. L’immigration est un facteur important de la criminalité et de la délinquance : il n’est que de visiter une prison pour s’en rendre compte. Les prisons sont d’ailleurs un des lieux où l’administration organise volontairement la ségrégation entre les races et les ethnies. Mettre un noir dans un quartier arabe ou un chinois parmi les noirs est en effet extrêmement dangereux pour l’intrus « ethnique ». Plus généralement, le déracinement est un facteur de délinquance. L’enracinement dans la famille, le métier, la patrie est responsabilisant. Car la criminalité est liée à la déresponsabilisation des individus.

    La déresponsabilisation des individus

    Le pourcentage d’individus immoraux a tendance à croître aux deux extrémités de l’échelle sociale. Comme dans un verre de vin nouveau, la lie tombe au fonds et l’écume monte à la surface. Aristote avait déjà noté que la moralité était plus répandue dans les classes moyennes. Les très pauvres, pas uniquement en argent mais aussi en capital éducatif, ont plus de chances de devenir délinquant. Les très riches peuvent perdre le sens des responsabilités et certains prendre des habitudes criminelles : on a cité souvent les oligarques russes du temps de Boris Eltsine mais les Russes n’ont pas du tout le monopole de ce phénomène. Madoff ou les dirigeants d’Enron sont des américains. DSK est un français. C’est pourquoi la loi doit mettre les hommes en situation de responsabilité. L’endettement délirant de certains Etats en Europe et aux USA est le produit de décisions humaines, à n’en pas douter. Les responsables furent souvent des banquiers managers qui jouent avec l’argent des autres (ils ne sont pas propriétaires des banques) et surtout des hommes politiques soucieux de faire des cadeaux catégoriels pour se faire réélire. Tant que les hommes politiques ne seront pas obligés de rendre des comptes au peuple par des référendums d’initiative populaire, le danger sera présent.

    L’enflure de l’ego

    La civilisation post-chrétienne dans laquelle nous vivons se caractérise par l’enflure de l’ego individuel. Les régulateurs sociaux de la religion (l’amour d’autrui) et du dévouement patriotique (le sacrifice de soi) ont perdu beaucoup de leur importance. Or, l’homme n’est pas naturellement bon. Les phrénologues, spécialistes du cerveau humain, montre que nous avons trois cerveaux en un seul : le paléo cortex ou cerveau primitif ou reptilien guide nos instincts de base : agressivité, sexualité, nutrition, notamment. Le cortex intermédiaire, propre aux mammifères, guide notre vie affective et sentimentale. Il est le siège aussi de notre personnalité. Le néo-cortex, dont le grand développement est lié à l’hominisation, correspond à la raison abstraite. La civilisation contemporaine cherche en permanence des raisons pour justifier ses instincts barbares au détriment du cerveau affectif. On peut distinguer entre la sauvagerie (alliance du cerveau reptilien et du cerveau affectif) et la barbarie (alliance du cerveau reptilien et du cerveau rationnel). Heidegger évoque cette dernière combinaison dans son livre « Essais et conférences ». Pour combattre ces dérives, il faut sans doute tenter de réintroduire de la spiritualité dans la société, comme le font, de façon différente, la Suisse ou la Russie.

    Le laxisme législatif et judiciaire

    Il est évident que la criminalité est liée au sentiment de l’impunité. L’efficacité d’un bon système répressif (comme à Singapour) ne peut pas être sérieusement contestée. Mais l’oligarchie, notamment médiatique, qui ne vit pas quotidiennement les ravages de la délinquance généralisée parce qu’elle vit dans les beaux quartiers, n’a pas la « vérité existentielle » sur le sujet. C’est pourquoi, là où la démocratie directe existe, les référendums modifient les lois dans le sens d’une répression plus efficace du crime. En l’absence de démocratie directe, ce sont souvent les militaires qui rétablissent l’ordre compromis par les politiques : voir les exemples, certes différents, de Poutine ou du général De Gaulle (voire de Franco).
    L’Occident, et notamment la France, souffrent d’une montée de l’insécurité. Les oligarques qui ne vivent pas celle-ci en raison de leurs privilèges, penchent pour le laxisme. Le rétablissement de l’ordre suppose donc la réduction de leur pouvoir. Socialement, cela passe par un rôle plus important des catégories sociales « héroïque » c’est-à-dire dévouées au bien commun, comme l’armée ou le clergé, politiquement, cela passe par l’instauration de la démocratie directe.

    Yvan Blot (Polémia, 7 novembre 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 1 commentaire Pin it!
  • Wall street : place financière ou scène de crime ?

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Xavier Raufer, cueilli sur le site du Nouvel Economiste et consacré au royaume de la fraude et de l'escroquerie qu'est devenu Wall street, la bourse de New York.

     

    wall-street.jpg

     

    Wall street : place financière ou scène de crime

    Lançant, dans les années 1980, un important programme de dérégulation de la finance américaine, Ronald Reagan avertissait : “La libre entreprise n’est pas un permis de chasse.” Un sage avis hélas resté lettre morte. Car ce qu’on apprend aujourd’hui sur la place boursière new-yorkaise, le New York Stock Exchange NYSE, ou “Wall Street”, fait dresser les cheveux sur la tête. Une “inquiétante disposition de Wall Street pour le crime”, comme le dit le procureur fédéral de Manhattan-Sud, aussi profonde qu’ancienne : délits d’initiés, faux en écritures comptables, escroqueries pyramidales bien sûr ; mais aussi réseaux illégaux de corruption et d’échanges de données confidentielles – et même présence avérée du crime organisé.

    En sus, une incapacité – parfois proche de la complicité – de l’instance régulatrice, la SEC (Securities and Exchange Commission) à faire régner un ordre minimal au sein d’un bazar d’autant plus tortueux que les transactions douteuses s’y opèrent, ajoute le magistrat, “entre proches ou au sein de la même communauté ethnique”.

    Du coup, le FBI use désormais, pour ses investigations visant la criminalité financière en col blanc, de techniques “associées aux enquêtes visant le crime organisé violent” : écoutes téléphoniques, perquisitions, détentions préventives, inculpations criminelles aussi bien que civiles. Une mobilisation en mesure de juguler la vague criminelle ? Pas sûr car cet élan répressif est bien tardif, le FBI ne consacrant, en outre, aux grandes fraudes financières, que “quelques centaines de policiers fédéraux sur un effectif de 14 000 agents”.

    Des policiers qui ont du pain sur la planche. Car désormais la certitude est là : au moins dans l’affaire Madoff, la présence mafieuse est avérée. Lisons cet extrait d’une interview donnée au New York Times par Harry Markopolos, expert financier qui, depuis l’an 2000, dénonçait les fonds Madoff comme une “pyramide de Ponzi” : “Question : “Vous sembliez vraiment craindre que M. Madoff ou ses sbires [nous soulignons] ne vous tuent ?” Réponse de H. Markopolos : “Croyez-moi, ce n’est pas de la paranoïa… Les agents du FBI portent des armes, pourquoi ? Au cas où. Donc moi aussi, j’ai une arme. Madoff jouait un jeu très dangereux. Quand j’ai discuté avec l’agent du FBI chargé de l’affaire, il m’a dit “Harry, avec de tels montants – on parle de plusieurs milliards [de dollars US], certains finissent mal et tu as eu beaucoup de chance”.” Telle était, vers 2008, l’ambiance à Wall Street.

    Les choses se sont-elles arrangées depuis ? En tout cas pas du fait de la SEC, instance régulatrice sur laquelle on apprend, jour après jour, les faits les plus effarants.

    D’abord, celui-ci : le directeur juridique de la SEC, l’homme personnellement chargé du dédommagement des victimes de l’escroquerie Madoff, était lui-même un bénéficiaire de la fraude en tant qu’héritier, avec ses proches, d’un compte Madoff de 2 millions de dollars – et pendant longtemps, nul à la SEC n’a réagi ! Un conflit d’intérêt chimiquement pur, la loi fédérale interdisant d’évidence à tout haut fonctionnaire de traiter un dossier où il a un intérêt financier personnel.

    Cette négligence proviendrait-elle des agents de la SEC, qu’un journaliste dépeint comme “abrutis par la consultation maladive de sites pornographiques pendant les horaires de bureau” ? Pas seulement, car il y a plus grave encore.

    En août dernier, le sénateur fédéral Charles Grassley s’indigne contre la SEC, qu’il décrit comme “un organisme dominé par les malfaiteurs financiers sur lesquels il est chargé d’enquêter”. Depuis la décennie 1990, la SEC (en théorie censée garder toutes ses archives 25 ans…) aurait en effet systématiquement détruit quelque 18 000 dossiers de ses enquêtes préliminaires, dont – entre bien d’autres – ceux de Madoff, Lehman Brothers, Goldman Sachs – bref, dit le rapport sénatorial, des archives sur les prédateurs ayant provoqué “la vague de corruption et de fraude qui a dévasté l’économie mondiale”.

    Membre de la commission de la justice au Sénat, Grassley souligne que ces dossiers contenaient sans doute des éléments qui auraient pu permettre de prévenir la crise financière de 2008 et l’escroquerie de Madoff.

    En cours, l’enquête sur ces destructions illicites de pièces de justice montre que ces faits sont réels – tout cela étant négligemment considéré par la SEC comme éléments “secondaires” ou “sans intérêt”.

    La SEC pourra-t-elle se ressaisir ? Difficilement, car un efficace lobbying des grands prédateurs financiers a amputé son présent budget de 222 millions de dollars (sur un total de 1, 2 milliard). Rappelons que les réserves financières pour litige de la seule banque JP Morgan, s’élèvent à 4 milliards de dollars…

    Or un budget amoindri signifie moins d’enquêtes, moins d’investigations elles-mêmes limitées dans le temps, donc moins de malfaiteurs poursuivis et plus d’arrangements à l’amiable – un rêve pour requin de Wall Street.

    Des prédateurs qui, s’ils se trouvent encore trop gênés aux entournures dans le cadre financier traditionnel, peuvent aujourd’hui aisément recourir à la “finance de l’ombre”. Une “soupe de structures, d’entités et d’intermédiaires hors des circuits traditionnels”, nous dit récemment Le Monde, hedge funds, firmes de capital-investissement, banques d’affaires, agences de notation, spéculateurs en matières premières, chambres de compensation, sociétés hors-bilan – un ensemble mondialement actif, mais laissé à peu près sans surveillance.

    Concluons par cette cruelle observation de Karl Marx (auteur dont le signataire use peu…) : “Dans son mode de gain comme dans ses jouissances, dit-il dans Les Luttes de classe en France, l’aristocratie financière n’est pas autre chose que la résurrection du lumpenproletariat dans les sommets de la société bourgeoise.” Marx décrivait alors la France de la monarchie de Juillet. Depuis sa fin, voici plus de 160 ans, il semble hélas qu’à Paris comme à Wall Street, bien peu ait changé.

    Xavier Raufer (Le nouvel Economiste, 4 novembre 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Un putsch de Goldman Sachs sur l'Europe ?

    Nous reproduisons ci-dessous un éditorial de Polémia consacré à la "reprise en main" de certains pays européen par des représentants de l'hyperclasse internationale...

     

    Mario Draghi.jpg

     

    Draghi, Papadimos, Monti : le putsch de Goldman Sachs sur l'Europe

    Mario Draghi est le nouveau patron de la Banque centrale européenne (BCE). Loukas Papadimos vient d’être désigné comme premier ministre grec. Mario Monti est pressenti comme président du conseil italien. Ce sont trois financiers formés aux Etats-Unis, dont deux anciens responsables de la sulfureuse banque Goldman Sachs. Est-il bien raisonnable de recruter les incendiaires comme pompiers ? Explications.

    Mon premier s’appelle Mario Draghi. Il est diplômé d’économie du Massachussetts Institute of Technology (MIT). Il a été chargé des privatisations italiennes de 1993 à 2001. Il est devenu gouverneur de la Banque d’Italie en 2006. De 1993 à 2006, il a siégé dans divers conseils d’administration de banques. De 2002 à 2006 il a été vice-président pour l’Europe de Goldman Sachs, la sulfureuse banque d’affaires américaine. Il vient d’être nommé président de la Banque centrale européenne (BCE).

    Mon second s’appelle Loukas Papadimos. Lui aussi est diplômé du Massachussetts Institute of Technology (MIT). Il a été professeur à l’Université américaine de Columbia avant de devenir conseiller économique de la Banque de réserve fédérale de Boston. De 1994 à 2002, il a été gouverneur de la Banque de Grèce : poste qu’il occupait quand la Grèce s’est « qualifiée » pour l’euro, grâce à des comptes falsifiés par Goldman Sachs. Puis, il a été vice-président de la Banque centrale européenne (BCE). Il vient d’être nommé, sur pression de l’Union européenne et du G20, premier ministre de Grèce avec le soutien des deux partis dominants.

    Mon troisième s’appelle Mario Monti. Il est diplôme de l’Université de Yale. Il a étudié le comportement des banques en régime de monopole. Puis il a été durant dix ans commissaire européen, de 1994 à 2004. D’abord « au marché intérieur et aux droits de douane » (ou plutôt à leur suppression) puis à la concurrence. Membre de la Trilatérale et du groupe de Bilderberg – selon Wikipédia – il a été nommé conseiller international de Goldman Sachs en 2005. Il vient d’être nommé sénateur à vie et l’Union européenne et le G20 tendent de l’imposer comme président du conseil italien.

    Mon tout c’est trois financiers européens (?), trois hommes de la superclasse mondiale, formés dans les universités américaines et étroitement liés à Goldman Sachs.

    « Government Sachs » : aux commandes de l’Europe ?

    La banque Goldman Sachs est surnommée aux Etats-Unis « government Sachs » tant elle est influente sur le gouvernement américain. Le secrétaire au Trésor de Clinton, Robert Rubin, qui procéda à la dérégulation financière, venait de Goldman Sachs. Tout comme le secrétaire au Trésor de Bush, Hank Paulson, qui transféra aux Etats les dettes pourries des banques, lors de la crise financière. L’actuel président de Goldman Sachs, Llyod Blankfein, aime à dire qu’il « fait le métier de dieu ». En fait, Goldman Sachs est au cœur de la prédation financière et elle est impliquée dans de nombreux scandales financiers : celui des « subprimes », celui de la tromperie de ses clients (à qui elle recommandait d’acheter des produits financiers sur lesquels elle spéculait à la baisse), celui du maquillage des comptes grecs.

    Ce sont les hommes de Goldman Sachs qui sont aujourd’hui poussés aux commandes. Par quels moyens ? Et pour quelles fins ? Faire prendre en charge par les peuples les fautes des banques ? Faire sauver l’Amérique par les Européens ?

    Dans six mois – et sauf imprévu – les Français vont élire un nouveau président de la République : il serait prudent de leur part de demander aux trois principaux candidats (en l’état, François Hollande, Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy) de s’engager à ne pas se faire imposer comme premier ministre un… ancien de chez Goldman Sachs.

    Polémia (10 novembre 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 1 commentaire Pin it!
  • Défendre Charlie Hebdo ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une excellente mise au point deY. X. sur l'affaire Charlie Hebdo, cueillie sur Voxnr.

    aurélien denizeau, charlie hebdo,

     

    Pourquoi je n'ai pas envie de défendre Charlie Hebdo
     
    L'incident des locaux de Charlie-Hebdo, incendiés par un coktail molotov alors que le journal prévoyait un numéro spécial "Charia Hebdo" consacré à l'islamisme, a profité à beaucoup de monde: communautaristes musulmans adeptes de la victimisation, néo-conservateurs tenant du choc des civilisations, politiciens en recherche de républicanisme. Néanmoins, le principal bénéficiaire de l'affaire reste bien entendu le journal lui-même, dont les rédacteurs gagnent ainsi l'image de martyrs de la liberté d'expression. C'est ainsi que Claude Guéant a appelé à se sentir solidaire de Charlie-Hebdo, que Jean-François Copé, toujours dans la nuance, a dénoncé un "attentat", tandis que toute la classe politique française, de Bertrand Delanoé à Marine Le Pen, de Jean-Luc Mélenchon à Christine Boutin, prenait la défense d'un journal subitement associé à la République et la liberté d'expression. Charlie-Hebdo serait le nouveau symbole de la liberté républicaine? Une arnaque intégrale, une malhonnèteté intellectuelle, pour quiconque connait quelque peu l'histoire du journal!

    Il est évident que la liberté d'expression en France doit être totale

    On ne le répètera jamais: il ne saurait y avoir d'exceptions en France à la liberté d'expression, tant qu'elle ne sert pas de tremplin à la diffamation ou aux appels au meurtre. Il est même dommage d'avoir à le rappeller lorsque l'on traite de telles affaires, mais cela demeure essentiel. Prétendre que la liberté devrait être limitée par le respect des croyances est une vaste fumisterie: chacun ayant ses tabous, ses points sensibles, on ne saurait se priver de parole, par crainte de blesser tel ou tel groupe. Les musulmans, les juifs, les chrétiens, les handicapés, les vieux, les femmes, les hommes, les homosexuels, les anciens combattants, les fonctionnaires, les journalistes... Chacun peut être blessé ou indigné par tel ou tel sujet. Mais dans ce cas, ce n'est pas à la loi de s'en mêler.

    C'est pourquoi il doit être permis, en France, de caricaturer le prophète de l'islam. C'est pourquoi il doit être permis, en France, de souiller un portrait de Jésus-Christ. Quand bien même ces actes pourraient choquer, insulter, ou témoigneraient de la bêtise de leur responsable, on ne les combattra ni par la loi ni par la violence.

    C'est pourquoi, en réaction au numéro spécial "Charia-Hebdo", les musulmans de France devraient s'inspirer des chrétiens. Non pas les nervis du Renouveau Français, groupuscule pertubant une pièce de théâtre "blasphématoire", mais la majorité des croyants catholiques qui, face aux attaques répétées (et beaucoup plus violentes que les caricatures de Mahomet de Charlie-Hebdo) de leurs adversaires, répondent par le silence, le mépris, ou des articles contradictoires et argumentés.

    Mais, si cette liberté d'expression est un droit fondamental, Charlie-Hebdo est loin, bien loin, d'en être le symbole.

    Charlie-Hebdo et la liberté d'expression: une histoire bien trouble

    Ce journal est l'antre de ce qu'on appelle "le conformisme anti-conformiste". C'est à dire, le robinet d'eau tiède du politiquement correct vendu sous une étiquette de pseudo rébellion. Le libéralisme libertaire, l'écologie, le droit-de-l'hommisme, l'européïsme, présentés comme subversifs, alors qu'ils sont les idées dominantes de notre temps.

    Et cette hypocrisie de Charlie-Hebdo se retrouve au sujet de la liberté d'expression, dont le journal se prétend un défenseur assidu - tant qu'elle va dans le sens de cette idéologie et de ses publications. Dans les faits, pourtant, l'hebdomadaire satirique n'a jamais défendu la liberté d'expression de ses adversaires, y compris lorsqu'ils étaient menacés physiquement. Pourtant, n'est-ce pas là le vrai courage?

    Ainsi, on n'a pas entendu Charlie Hebdo lorsque l'artiste Dieudonné (quoi que l'on pense de lui et de ses idées) étaient agressés physiquement par des groupes extrémistes, suite à ses caricatures sur l'exploitation de la shoah. On n'a pas entendu Charlie Hebdo lorsque des personnalité dérangeante comme Frédéric Taddéï ou Eric Zemmour voyaient leur temps d'antenne réduit. On n'a pas entendu Charlie Hebdo lorsque les manifestations "saucisson-pinard" étaient interdites, ou les interventions de Tariq Ramadan censurées (quoi que l'on en pense, ici aussi). On n'a pas entendu Charlie-Hebdo, enfin, s'exprimer sur les lois mémorielles, punissant pénalement quiconque nierait l'holocauste, l'esclavage des Noirs ou les massacres d'arméniens, et ce bien que ces lois soient anticonstitutionnelles.

    C'eût été, pourtant, le vrai courage: défendre la liberté d'expression de ses amis est à la portée de tous. Qui osera défendre celle de ses ennemis? À ce titre, il conviendrait mieux de saluer l'action d'un Robert Ménard, d'un Jean Robin, ou d'un Philippe Bilger (dont on peut combattre les idées), qui défendent mieux la liberté de parole de tous que Charlie-Hebdo.

    Un journal qui récolte les fruits de son idéologie

    Enfin, il est un point qu'il ne faut pas oublier: c'est que Charlie-Hebdo ne fait qu'encaisser les résultats d'une politique qu'il a défendu depuis des années, par la voie de ses publications et de ses personnalités: Caroline Fourest, Charb, Cabu, etc. Cette idéologie, clairement hostile au patriotisme français et à l'héritage gaulliste, était celle d'une société libertaire et multiculturelle, ouverte à l'immigration. Une "France plurielle", où cohabiteraient les cultures, et dont tout adversaire serait taxé de fascisme et de racisme.

    Le résultat de cette politique, mise en oeuvre dans les années 70, 80 et 90, a été bien évidemment l'émergence sur le sol français de plusieurs groupes identitaires avec leur culture propre et marquée. Parmi eux, les musulmans, instrumentalisés par la gauche politique, dont la culture était défendue par hostilité à la culture traditionnelle française.

    Mais au bout de quelques décennies, Charlie-Hebdo, son directeur Philippe Val, et tous les tenants de leur idéologie, se rendent compte que la culture musulmane est tout aussi conservatrice que la culture traditionnelle française. De chances pour la France, les musulmans sont tout à coup transformés en fascistes.

    Charlie-Hebdo se transforme en repaire de néo-conservateurs, c'est à dire, selon Irving Kristol, de gens de gauche confrontés à la réalité. Refusant de saisir la complexité de la situation, ils se cherchent un bouc émissaire.

    Le peuple français refusait la nouvelle société, ouverte par mai 68, qu'on lui proposait? Le peuple français devient un agrégat de fascistes pétainistes (thèse développée par Bernard Henri-Levy dans son essai L'Idéologie française).

    Les musulmans refusent à leur tour cette société libertaire? Ils deviennent des islamistes fanatiques.

    Charlie-Hebdo est aujourd'hui attaqué par des gens dont il a soutenu la venue en France, dont il a accepté le repli communautaire, au nom du droit à la différence, et qu'il a instrumentalisé contre la Nation française qu'il combattait. Aujourd'hui, n'acceptant plus les valeurs conservatrices de ces musulmans, le journal retourne sa veste et participe à leur diabolisation. Il a payé le prix de sa trahison cette nuit.

    Faut-il se réjouir de l'incendie des locaux de Charlie-Hebdo ? La réponse est clairement non. Cette sinistre affaire va contribuer à diviser les Français entre eux. Les musulmans, sur la défensive, risquent de s'enfoncer dans le repli communautaire. Les autres Français, inquiets, de prendre violement parti contre l'islam. La stratégie de division du peuple, qui a toujours été celle des élites libérales-libertaires, fonctionnera une fois de plus. Charlie-Hebdo est finalement le grand gagnant de cette attaque. Tout en divisant la Nation, il apparaît comme un martyr de la liberté d'expression, allant jusqu'à reccueillir le soutien de patriotes sur lesquels il a toujours craché! L'incendie des locaux du journal est innaceptable, de même que toute censure. Mais il y a deux choses à retenir: ces actes ne sont pas dénoncés par Charlie-Hebdo quand ils visent ses adversaires; et ils sont la conséquence logique de l'idéologie promue par le journal.

    C'est pourquoi, malgré tous mes principes, je me refuse à le défendre.
     
    Y. X. (Voxnr, novembre 2011)
    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!