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Entretiens - Page 84

  • Radioscopie de Lucien Rebatet...

    A l'occasion de la publication aux éditions de l'Homme libre du journal tenu par Lucien Rebatet entre 1950 et 1972, sous le titre Journal d'un fasciste, nous vous proposons de (re-)découvrir l'enregistrement de la célèbre émission Radioscopie, de Jacques Chancel, diffusée sur France inter, à laquelle il avait été invité en 1969.

     

                                          

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  • Terrorisme, la France désarmée de Macron...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous Le samedi politique de TV Libertés, diffusé le 31 octobre 2020 et présenté par Élise Blaise, qui recevait Xavier Raufer, pour évoquer la nouvelle vague d'attaques islamistes que subit notre pays...

    Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et a également coordonné l'ouvrage collectif intitulé La première cyber-guerre mondiale ? (Eska, 2015).

     

     

                                          

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  • L’histoire est ouverte et nous ne sommes pas encore morts...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Laurent Ozon à Breizh Info et consacré aux différents stress qui frappent les sociétés européennes et à leurs conséquences potentielles. Essayiste et analyste politique, tenant d'une écologie localiste et identitaire, Laurent Ozon est l'auteur de l'excellent essai intitulé France, années décisives (Bios, 2015).

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    Confinement, attentats islamistes, accélération de l’Histoire. Pour Laurent Ozon « L’histoire est ouverte et nous ne sommes pas encore morts »

    Breizh-info.com : Tout d’abord, vous écrivez après l’attentat de ce matin à Nice que les médias n’ont plus le temps de dénaturer les faits. Qu’entendez vous par là ?

    Laurent Ozon :  Pour bien répondre à votre question, il faut éclairer le rôle des médias dans nos sociétés. Les grands médias forment une sorte de système nerveux, conducteur d’impulsions, sous la forme d’informations ou de stress. Ce système nerveux se sent autant investi d’une fonction d’information que de régulation. En effet, la plupart des journalistes se sentent investis d’une mission de gestion des émotions collectives. Parfois sous l’influence de leurs propriétaires mais le plus souvent, de leur propre chef. Un journaliste ne déforme pas toujours la réalité pour induire en erreur mais parce qu’il cherche, consciemment le plus souvent, à apaiser les stress, les passions, limiter et détourner les colères parfois sous le louable prétexte d’éviter la violence, le racisme, la haine, l’anarchie sociale etc.

    D’une certaine façon, le système médiatique fonctionne comme un inhibiteur d’immunité collective destiné à empêcher le rejet des greffes, c’est à dire les populations imposées sur notre territoire et autour de nous. Les grands médias produisent des stress horizontaux pour éparpiller l’attention et briser les réflexes de coopération active qui naissent lorsque les populations entrent en phase de Coopération sous Stress Maximal (Heiner Mühlmann) face à une menace. Ces phases génèrent un processus d’auto-renforcement qui alimentent l’altruisme (le dévouement ou le sacrifice pour le groupe si vous préférez), les alignements synchrones de réaction, le rejet des porteurs de stress ou de menace, etc.   Ces phases précèdent et accompagnent les périodes de conflits intenses où se jouent la vie ou la mort des organismes sociaux. Dans une société multi-ethnique, c’est malheureusement souvent la guerre civile assurée s’il n’y a pas de débouchés politiques dans les institutions. Pour empêcher ces phases d’unification violente, il y a les techniques de manipulation de l’information classiques mais aussi la fabrication perpétuelle de stress dérivatifs, diviseurs, inhibants les stress dominants. Car les stress ne convergent pas pour le moment, mais propulsent des solutions contradictoires. J’y reviendrai.

    Dans le cas du stress sécuritaire qui prend le pas depuis quelques jours et à chaque nouvel attentat ou assassinat, les médias doivent produire un gros travail de reformulation pour faire passer la population de – pour faire très simple – « foutons-les dehors » à « c’est le vivre-ensemble qui est attaqué et qu’il faut protéger » parfaitement incarnée par le slogan gouvernemental « WE are ONE » Cette manipulation de l’opinion est de plus en plus difficile et dans la période où nous nous trouvons, les médias n’ont plus assez de temps pour fabriquer des récits unificateurs efficaces. Débordés ils ne peuvent plus contrarier le retour des stress de survie, annonciateurs de nouvelles étapes vers une situation de Coopération sous Stress Maximal (CSM).

    Vous semblez penser que nous sommes en guerre. Néanmoins ne vous semble-t-il pas que les Européens ne le sont pas, hormis à considérer que les journées d’hommage, les bougies, les marches blanches, seraient des actes de guerre ?

    Factuellement nous ne sommes pas en guerre. Nous y entrerons lorsqu’un stress submergera les autres ou convergera avec les autres stress de sorte que le processus de CSM sera activé. A ce moment, la créature de Frankenstein qu’est devenue notre société se fragmentera et chaque population inaugurera un cycle de réponse à la menace, à l’enjeu de vie ou de mort, dans laquelle elle éprouvera le besoin de son unité et de sa cohésion. Le conflit ouvert commencera à cet instant. Le pouvoir ne craint pas l’islamisme radical mais ce qui peut unifier la population majoritaire autochtones qui tient debout ce pays.

    Sur un autre plan, quelle est votre réaction à l’annonce d’un nouveau confinement par Emmanuel Macron ? Il semblerait que majoritairement, les Français soutiennent les annonces….

    La politique sanitaire du gouvernement vise à accompagner l’évolution d’une situation dont sa politique est en grande partie responsable. Les élites ont fait la démonstration de leur incompétence. Personne ne se faisait trop d’illusion sur leurs vertus mais on leur prêtait encore un semblant de savoir-faire. L’ensemble du dispositif est discrédité mais que faire quand même les responsables de l’opposition ne semblent pas avoir de plan global de rechange et que les esprits sont pollués par des informations et avis contradictoires à longueur de journée ? Ce bordel alimenté par les grands médias et le pullulement des stress sur les réseaux sociaux contribue à la désorientation. Et croyez moi, cela ne touche jusqu’au plus haut niveau de la société.

    Vous avez relayé l’annulation du confinement en Serbie suite à des émeutes en juillet 2020. Est-ce le seul horizon pour les peuples d’Europe, c’est à dire l’émeute et les incidents pour reconquérir sa liberté ?

    Informer n’est pas souhaiter ou encourager. D’une façon générale, l’absence de réaction populaire est fréquemment interprétée comme un quitus par le pouvoir. Mais la violence qui débouche sur une confrontation police-citoyen ne le déstabilise pas beaucoup. Les actions qui sont dangereuses pour tous les pouvoirs sont celles qui emportent l’adhésion du grand nombre en répondant « spontanément » à un stress dominant à son pic.

     Comment jugez vous les réactions de l’opposition politique à Emmanuel Macron, sur la question du Covid comme sur celle de la prétendue « lutte contre le séparatisme islamiste » ?

    L’opposition oscille entre logique insurrectionnelle en épousant la colère de la population et logique institutionnelle en jouant le jeu des récits unificateurs. Quand on veut accéder au pouvoir, il faut surtout aligner les compétences pour passer du stade d’opposant à celui d’alternative. C’est dans la capacité de l’opposition à persuader la population qu’elle peut faire mieux ou « moins pire » que le pouvoir sur les trois stress dominants, que se jouera un basculement. Prenons l’exemple de MLP. On trouvera facilement une majorité pour penser qu’elle serait plus efficace pour répondre au stress sécuritaire. Mais il n’y a pas aujourd’hui, de majorité pour croire qu’elle pourrait faire mieux que le gouvernement pour répondre à la crise économique ou sanitaire. Sa seule chance, c’est de rattraper son handicap, peut-être en s’alliant avec des personnes ou des forces politiques qui rassureront sur ces deux derniers points. Sinon, il faudra que le stress sécuritaire soit archi-dominant pour compenser sa faiblesse perçue sur l’économie et le logistico-sanitaire. J’en doute. La présidentielle pourrait s’ouvrir sur une dominante de stress économique. Sauf si des forces cherchent à peser dans la balance…

     

    Vous évoquez trois stress (économique, sécuritaire, épidémique) actuellement. Comment en sortir ?

    On n’en sort pas, on cherche à comprendre et on anticipe. Mon job c’est de comprendre les processus pour éclairer l’action et proposer des stratégies. Que chacun joue son rôle. L’histoire est ouverte et nous ne sommes pas encore morts. Loin s’en faut.

    Parlez nous de la chaine Télégram que vous animez ? Comment vous y rejoindre ?

    Simple: www.ozoncanalaudio.org . Attention c’est souvent théorique, mais si j’en juge par le profil des abonnés, cela pourrait bien avoir une petite influence…

    Laurent Ozon, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh Info, 30 octobre 2020)

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  • Renversez l'Histoire !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Laurent Obertone à Vincent Lapierre, pour Le Média pour Tous, dans lequel il évoque son dernier essai, Eloge de la force (Ring, 2020).

    Journaliste indépendant, Laurent Obertone est l'auteur de trois enquêtes essentielles, La France Orange mécanique (Ring, 2013), La France Big Brother (Ring, 2015) et La France interdite (Rig, 2018), qui ont contribué à ébranler l'édifice du politiquement correct, mais aussi du récit Utøya (Ring, 2013) et des romans de politique-fiction Guérilla - Le jour où tout s'embrasa (Ring, 2016) et Guérilla - Le temps des barbares (Ring, 2019).

     

                              

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  • L’assassinat de Samuel Paty, un bon prétexte pour la censure des réseaux sociaux ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Olivier Babeau à Figaro Vox et consacré au retour du projet de censure des réseaux sociaux sous couvert de lutte contre l'islamisme. Professeur en sciences de gestion à l’université de Bordeaux, Olivier Babeau est également président de l'Institut Sapiens.

     

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    «Il ne faudrait pas que l’assassinat de Samuel Paty serve à légitimer les projets de censure des réseaux sociaux»

    FIGAROVOX. - «Les réseaux sociaux ont joué un rôle dans ce que nous vivons aujourd’hui» a déclaré Laetitia Avia à propos de la décapitation de Samuel Paty. Partagez-vous son avis?

    Olivier BABEAU. - Oui, c’est une évidence. Exactement comme le téléphone joue un rôle dans l’organisation de méfaits depuis qu’il existe, quand il sert aux malandrins à se coordonner. Couper le téléphone ne permettra malheureusement pas d’empêcher les crimes et délits. Il importe de comprendre comment les réseaux ont été des courroies de transmission dans le scénario tragique qui a conduit à un crime barbare. Il appartiendra à la justice de faire la lumière sur les circonstances particulières du drame et il est évidemment utile que nous cherchions à en tirer le plus vite possible des leçons. Mais il faut se garder de réactions simplistes qui n’auraient que l’avantage politique de donner l’impression d’une réaction rapide, mais qui passeraient à côté du problème.

    La loi Avia ne risque-t-elle pas d’avoir un effet pervers en permettant aux militants islamistes de censurer toute critique de l’islamisme et même de l’Islam?

    Il ne faudrait pas que l’assassinat de Samuel Paty serve à légitimer les projets de censure des réseaux sociaux. Ce serait tomber de Charybde en Scylla: pour échapper au chaos des expressions extrêmes, on créerait par la force un jardin à la française de débats aseptisés. On n’échapperait à l’hystérie qu’au prix de l’apathie. Ce serait guérir une maladie en tuant le malade: le débat serait enfin propre, mais il n’y aurait plus de débat.

    Le risque est que la loi tue ce qu’elle est censée protéger: la liberté de parole. La censure ouvre une boîte de Pandore: celle de l’interdiction de tous les propos jugés dérangeants. Or aucune définition de ce qu’est un «discours de haine» ne sera jamais suffisamment précise pour éviter qu’elle soit utilisée par les ennemis de la tolérance. Il est d’ailleurs significatif que l’on utilise à tort le suffixe «phobie» pour stigmatiser des attitudes alors que ce mot signifie «peur», et non haine (qui est le préfixe «miso», comme dans mysogynie).

    En pensant désarmer les discours d’intolérance, on risque au contraire de leur donner de nouvelles armes: toute critique, toute remise en cause, toute divergence, pourra devenir à terme assimilée à un discours de haine. Et donc interdit. C’est bien l’argument qu’avaient utilisés les islamistes contre les caricatures: parce qu’elles choquent certains croyants, elles doivent être interdites. C’est exactement ce qu’il se passe dans les universités américaines où la domination de l’orthodoxie progressiste assimile tout désaccord à une forme de violence devenue intolérable.

    L’hyper-sensibilité face aux contradictions qui en naît désapprend la confrontation aux arguments adverses. Le fanatique est celui qui n’est plus capable d’imaginer que l’autre pourrait avoir raison et se sent finalement si fragile dans son obsession qu’il ne peut supporter le spectacle de quelqu’un vivant ou pensant autrement. C’est ce fanatisme qui mine notre société. Il est accru mais non pas créé par le numérique.

    S’en prendre aux réseaux sociaux plutôt qu’à ceux qui les alimentent de contenus haineux, n’est-ce pas faire l’autruche?

    Les réseaux sociaux ne sont que des caisses de résonance de phénomènes sociaux qui existent indépendamment d’eux. Ils les amplifient et peuvent en précipiter les formes les plus extrêmes, mais ils ne les créent pas. Le terrorisme existait avant eux et existerait sans eux. On ne supprimera pas le radicalisme islamique et on ne réglera pas le problème désormais clairement dénoncé du séparatisme en débranchant internet. Pas plus qu’on règle la cause d’un mal en éliminant les symptômes.

    Il est exact néanmoins que les activistes de tout poil ont trouvé dans les plateformes d’échange des outils providentiels pour le recrutement d’adeptes et l’organisation d’actions. Les réseaux ont accru le pouvoir du meilleur comme du pire de la société. En rendant la communication aisée et abaissant le coût de formation de communautés, les réseaux sociaux ont permis l’émergence de mouvements inédits.

    Cette émergence n’aurait tout simplement pas été possible du temps où l’information était plus visqueuse et filtrée par quelques institutions. Il doit être possible de mieux en surveiller les dérives sans en briser la dynamique. C’est le défi qui se pose à nous: juguler les violences, stopper les projets criminels, limiter les effets de bulle cognitive pour ne garder que le meilleur des réseaux sociaux.

    N’est-il pas paradoxal de défendre la liberté d’expression des enseignants mais de s’en prendre aussitôt après à celle des internautes?

    C’est le drame de la liberté d’expression: beaucoup de gens ont tendance à penser qu’elle s’applique surtout à l’expression de ses propres opinions. Le plus difficile est justement de comprendre qu’il faut tolérer, en son nom, des discours opposés à ce que nous pensons. La liberté ne peut pas uniquement être celle de penser comme soi. Il revient à nos institutions d’organiser ces expressions contradictoires sans prendre parti.

    C’est précisément la raison pour laquelle les projets de censure sont une solution perverse: ils reviennent nécessairement à choisir une option morale particulière et à la promouvoir comme seule possible. Mais si l’on réfléchit au mouvement des idées et des mœurs depuis des millénaires, on constate qu’il n’a été possible que parce que, sous forme de transgressions incontrôlées ou tolérées, des alternatives aux discours dominants ont pu se développer. On n’attend pas de l’Etat qu’il dise le vrai et le bien. On attend de lui qu’il garantisse la libre confrontation des interprétations à ce sujet, sans jamais qu’aucune d’elles ne puisse avoir le pouvoir d’écraser les autres.

    Olivier Babeau (Figaro Vox, 21 octobre 2020)

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  • Islamisme : séparatisme ou recherche de l'hégémonie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque, notamment, la volonté affichée par le président de la République de lutter contre le séparatisme islamique. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019) et La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020).

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    Alain de Benoist : « Emmanuel Macron se berce d’illusions sur le séparatisme islamiste ! »

    Avec son discours des Mureaux, et son intention d’afficher d’engager la lutte contre le « séparatisme islamique », semble avoir découvert des réalités qu’il ne voyait pas auparavant. Est-ce à mettre à son crédit ? Peut-on dire qu’il est en train de reprendre la main ?

    Macron a beaucoup de défauts, mais il n’est pas totalement idiot. Il y a certainement beaucoup de choses dont il s’est rendu compte depuis le début de son mandat, et surtout il a mesuré les attentes de l’opinion sur certains sujets. Cela dit, je ne crois pas un instant que ses déclarations des Mureaux vont lui permettre de reprendre la main. Au départ, il y a déjà un problème de vocabulaire. Le mot « séparatisme » est généralement synonyme d’« indépendantisme ». Or, les islamistes ne veulent nullement se séparer territorialement de la France. Ce qu’ils veulent, c’est y instaurer une contre-société conforme à leurs croyances à leurs mœurs, et l’étendre autant qu’il est possible, ce qui n’est pas la même chose. N’oublions pas qu’en France, c’est l’État qui est laïc, pas la société. L’islamisme vise la société civile pour y établir une hégémonie culturelle. Il a d’autant moins de mal à la viser que l’État libéral fait de la laïcité un principe de dépolitisation, ce qui fait que les pouvoirs publics se retrouvent impuissants face à une influence métapolitique. On a longtemps cru que l’intégration était seulement une affaire politique, économique et sociale. On a oublié le paradigme civilisationnel.

    Macron n’a pas la même attitude vis-à-vis de tous les séparatismes. Il condamne le séparatisme corse ou le séparatisme catalan, mais il accepte de soumettre à référendum les exigences des séparatistes kanaks. Il encourage même le séparatisme à Hong Kong ou au . En France, en parlant de « séparatisme », il vise en fait le « communautarisme » – les « appartenances communautaires militantes », comme disait Luc Ferry lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale –, terme qui n’est pas moins équivoque. Mais comme il veut aussi « construire un islam des Lumières dans notre pays » (l’espoir fait vivre), il se garde bien de s’en prendre à l’islamisme tout court. Macron dit que son projet « a vocation à faire le lien entre l’insécurité liée au terrorisme et l’insécurité du quotidien ». Mais cette « insécurité au quotidien, à quoi est-elle liée ? » Le chef de l’État n’a même pas prononcé le mot « immigration », ce qui montre qu’il n’a nulle intention de s’attaquer aux causes profondes de de ce qu’il dénonce. S’il le faisait, il sait d’ailleurs très bien qu’il se heurterait immédiatement au veto des juges constitutionnels et de ceux de la Cour européenne des droits de l’homme.

    Le politologue Frédéric Saint Clair dit très justement que « le rôle de la République n’est pas de distinguer le bon islam du mauvais islam, ou de faciliter l’émergence d’un islam des Lumières. C’est aux musulmans de le faire, s’ils le souhaitent. La République, elle, doit définir le cadre politique et culturel de la nation ». Il est tout à fait douteux qu’on y parvienne en favorisant l’enseignement de l’arabe dans les jeunes classes, en s’en prenant indistinctement aux écoles hors-contrat (catholiques incluses), ou en remettant en cause les prérogatives familiales en matière d’éducation à domicile. Il est tout aussi maladroit de s’en prendre à ceux qui pensent qu’il existe des lois « supérieures à celles de la République » : pour les chrétiens, qui placent la « loi naturelle » au-dessus de la loi civile, l’avortement ne saurait être légitime au seul motif qu’il est devenu légal. Pour l’instant, on en est aux effets d’annonce. Il y aura quelques mesures plus contraignantes prises ici et là. Mais on n’ira pas plus loin.

    Macron semble aussi se rendre compte que la France est cruellement absente sur la scène internationale. En Europe, il n’a pratiquement enregistré que des échecs ? Est-ce la raison pour laquelle il tente de façon voyante de « sauver le Liban », sans oublier le soutien qu’il apporte aux opposants de Loukachenko, le président de la Biélorussie ?

    Ici, c’est la naïveté du chef de l’État qui apparaît stupéfiante. Prenons l’exemple du Liban qui, aujourd’hui, se trouve effectivement au bord du gouffre. Le Liban est un beau pays, avec lequel la France entretient depuis longtemps des liens privilégiés. Mais c’est aussi un pays qui, quasiment depuis sa naissance, en 1920, est divisé entre des clans rivaux, qui sont tous sans exception (à l’exception notable du Hezbollah) objectivement dirigés par des trafiquants ou des mafieux. S’imaginer qu’on va remettre de l’ordre dans tout cela en incitant ingénument les Libanais à adopter de bonnes règles de « gouvernance » à l’occidentale revient, non seulement à les humilier publiquement, ce qui n’est jamais recommandé au Proche-Orient, mais aussi à prêter aux intéressés un comportement rationnel qui est aux antipodes des règles qui régissent dans ce pays les relations religieuses, sociales et politiques des familles et des clans.

    La France est pareillement démunie devant la Turquie d’Erdogan, qui joue les matamores en Méditerranée, intervient militairement en Libye, combat les Kurdes en Syrie, viole la souveraineté terrestre et maritime de la Grèce et de Chypre. Elle l’est d’autant plus qu’elle ne peut compter ni sur la diplomatie européenne, qui a toujours été inexistante, ni sur l’Allemagne, qui est l’otage de sa minorité turque, ni sur l’OTAN, dont la Turquie est membre. Là encore, face à l’islamo-nationalisme turc, l’État français en est réduit à une pure agitation.

    Macron ne connaît en fait de l’intérieur aucun des grands dossiers internationaux dans lesquels il tente de s’immiscer pour redorer son blason. Le contraste est frappant avec Poutine. La Russie joue déjà au Proche-Orient le rôle déterminant que l’on sait. C’est sous son égide que l’avenir de Loukachenko va se déterminer. Et c’est aussi à l’initiative de Poutine qu’il y a quelque chance de voir l’Azerbaïdjan (aujourd’hui soutenu à la fois par la Turquie et par Israël) et l’Arménie parvenir à un quelconque modus vivendi. Macron, lui, a son avenir derrière lui.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 19 octobre 2020)

     

     

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