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  • Anatomie de la beauté...

    Les éditions Boleine viennent de publier un essai de Christine Sourgins intitulé Anatomie de la beauté. Historienne de l'art ayant œuvré dans plusieurs musées, dont le Louvre, et exerçant des responsabilités pédagogiques et culturelles en milieu associatif, Christine Sourgins collabore par ailleurs à diverses revues. Elle a notamment publié Les mirages de l'Art contemporain (La Table ronde, 2005).

     

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    "Mais qu’est-ce que la beauté ? Ne sommes-nous pas, collectivement et depuis longtemps, installés dans l’indifférence à la beauté et, pour certains, dans son déni ? Si, aujourd’hui, nombre d’historiens d’art, surtout les spécialistes d’Art dit contemporain, récusent la notion même de beauté, l’histoire nous en a suffisamment appris pour pouvoir la reconnaître. Or notre société technicienne, bien qu’elle se flatte d’être relativiste et sceptique, exige soudain du beau une stricte définition ! Si l’on peine à le définir (mais pas à le discerner) c’est que le beau est moins marchandise ou abstraction qu’il n’est vivant. Rebelles aux désirs de mainmise, beau ou beauté se jouent du « genre » : cette Anatomie de la beauté explore donc ses liens organiques avec l’universel, la subjectivité, le vrai, le bien, l’éphémère, le durable etc. Alors, se dégagent six constantes de beauté, ses conditions de possibilité, de vie."

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  • Gouverner par la vertu : le despotisme doux des démocraties libérales contemporaines...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Yves Lejeune cueilli sur Polémia et consacré au « despotisme doux » en vigueur dans les démocraties occidentales...

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    Gouverner par la vertu : le despotisme doux des démocraties libérales contemporaines

    Les démocraties libérales européennes connaissent depuis plusieurs décennies un paradoxe grandissant : alors qu’elles se présentent comme les garantes des libertés publiques, elles multiplient les dispositifs normatifs qui restreignent, contrôlent et encadrent les comportements individuels. Ces mesures ne se donnent jamais pour ce qu’elles sont – des contraintes supplémentaires – mais se justifient systématiquement au nom de principes supérieurs : la santé publique, la sécurité, la lutte contre la haine, la solidarité, la protection de l’environnement ou des mineurs.

    Ce mode de gouvernance correspond à ce que Tocqueville appelait un « despotisme doux »1, ou encore à la biopolitique analysée par Foucault2 : une gestion politique de la vie et des comportements. D’autres auteurs contemporains, comme Philip Rieff3 ou Paul Gottfried4, parlent d’État thérapeutique : un pouvoir qui prétend guérir la société de ses pathologies.

    Un mode de légitimation par la vertu

    La mécanique est constante :

    1 - Une contrainte est introduite (interdiction, taxe, obligation, surveillance).

    2 - Elle est justifiée par une valeur morale consensuelle (sauver des vies, protéger les enfants, défendre la planète, accueillir les réfugiés).

    3 - Le pouvoir politique en sort renforcé, et la contestation neutralisée.

    Ce recours permanent à la vertu pour justifier l’extension de la sphère normative explique la difficulté à critiquer ces mesures sans apparaître comme « irresponsable », « insensible » ou « extrémiste ».

    Exemples nationaux

    France

    • Limitation de vitesse à 80 km/h (2018) : justifiée par un impératif de sécurité routière, elle a entraîné un maillage accru de radars et une hausse des amendes. La baisse de mortalité a été marginale, comparable aux tendances préexistantes5. Elle a en revanche contribué à nourrir le ressentiment des zones rurales et à catalyser le mouvement des Gilets jaunes.
    • Loi Avia (2020) : présentée comme lutte contre la haine en ligne, elle imposait un retrait en 24h des contenus signalés. Le Conseil constitutionnel l’a censurée pour atteinte disproportionnée à la liberté d’expression6.
    • Pass sanitaire et vaccinal (2021–2022) : instruments de contrôle social justifiés par la santé publique, ils ont conditionné l’accès à la vie sociale et divisé la société en « bons » et « mauvais » citoyens. Les rapports officiels européens soulignent que le certificat COVID a facilité la libre circulation et incité à la vaccination, mais ses effets directs sur la transmission restent largement discutés7.

    La sécurité routière : un exemple flagrant

    • En 2018, on dénombre 3 248 tués sur les routes françaises (France métropolitaine + outre-mer). Ils sont 3 167 tués en 2023 (France métropolitaine + outre-mer), selon l’INSEE.
    • À titre de comparaison, pour 2025, le Projet de loi de finances prévoit que les recettes du compte d’affectation spéciale (CAS) « Radars » s’élèveraient à 1,86 milliard d’euros (hausse de 12,3 % en AE/CP par rapport à 2024).
    • Un article de La Dépêche (19/01/2025) annonce qu’en 2025 on anticipe une recette de plus de 2 milliards d’euros pour l’ensemble des infractions routières. Toujours selon cet article, en 2023 les recettes des radars automatiques (amendes forfaitaires + majorées) s’établissaient à environ 967 millions d’euros (747 M€ d’amendes forfaitaires + >220 M€ d’amendes majorées).
    • Le nombre de tués est passé de 3 248 en 2018 à 3 167 en 2023, avec des fluctuations intermédiaires, mais l’augmentation des recettes ne coïncide pas avec une baisse spectaculaire de la mortalité.

    Si la répression routière fonctionnait mieux que l’infrastructure ou l’éducation, on s’attendrait à un effet plus marqué. Cela suggère que les PV/radars sont devenus un levier de recettes budgétaires davantage qu’un outil principal de réduction des morts (ou du moins qu’ils ne sont pas suffisants à eux seuls).

    Royaume-Uni

    • Online Safety Act (2023) : au nom de la protection des enfants, il impose aux plateformes de mieux lutter contre les contenus illégaux et d’offrir aux mineurs des garanties renforcées. Les critiques portent sur la possibilité, via des notices d’Ofcom, de contraindre des services chiffrés à mettre en place des systèmes de détection, ce qui met en cause la protection du chiffrement de bout en bout8.
    • Prevent Duty (depuis 2015) : impose aux enseignants et travailleurs sociaux de signaler tout soupçon de radicalisation. De nombreux cas absurdes ont montré les dérives d’un tel dispositif (par ex. un enfant de quatre ans soupçonné après avoir mal prononcé “cucumber”, compris comme “cooker bomb”)9.

    Belgique

    • Taxe soda (2016) : censée lutter contre l’obésité infantile, elle a eu un effet quasi nul sur la consommation mais un impact budgétaire certain, frappant surtout les ménages modestes10. Il est à noter qu’elle est entrée en vigueur en France en 2012 et au Royaume-Uni en 2024.
    • Plans contre la désinformation (2020–) : instaurés pour protéger la démocratie, ils confient à des fact-checkers le soin d’arbitrer le vrai et le faux, avec des risques évidents de partialité et de réduction du débat public.

    Suisse

    • Loi fédérale sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme (2021) : permet des assignations et restrictions de déplacement sur simple soupçon de radicalisation, sans décision judiciaire. Amnesty International a dénoncé une atteinte grave à l’État de droit11.
    • Interdiction de publicité pour le tabac (2022) : justifiée par la protection des mineurs, elle fragilise l’économie culturelle et publicitaire, sans effet prouvé sur le tabagisme global.

    Exemples européens

    • Chat Control (proposé en 2022 par la Commission européenne, toujours en discussion pour une mise en application en octobre 2025) : en toutes lettres, « Règlement établissant des règles en vue de prévenir et de combattre les abus sexuels sur enfants », présenté comme outil de lutte contre la pédopornographie, il obligerait les services de messagerie à scanner les communications privées. Les associations de défense des libertés numériques y voient une légalisation de la surveillance de masse12. Cela fait actuellement l’objet de débats intenses.
    • Directive Copyright (2019/790) : au nom des auteurs, elle impose des obligations de “meilleurs efforts” qui, dans la pratique, conduisent à l’utilisation de filtres automatiques, provoquant une censure préventive et renforçant la domination des GAFAM13.
    • Pacte vert (2019) : présenté comme solution à la crise climatique, il prévoit l’interdiction des moteurs thermiques en 2035. Plusieurs think tanks redoutent une désindustrialisation européenne face à la concurrence chinoise14.

    Le paradoxe des États post-modernes : impuissance externe, tyrannie interne

    Ces dérives ne sont pas accidentelles. Elles découlent d’une mutation structurelle : la perte de souveraineté externe des États européens. Monnaie, commerce, diplomatie, défense, frontières : les compétences régaliennes ont été transférées à des instances supranationales (Union européenne, BCE, OTAN). Les gouvernements nationaux, privés de leviers stratégiques, cherchent alors à justifier leur existence par une hyper-normativité intérieure.

    Moins un État est souverain, plus il devient tatillon : impuissant sur la scène internationale, il se rattrape par un contrôle accru des comportements privés. Ce rétrécissement de la souveraineté externe s’accompagne d’une extension de la contrainte interne, donnant naissance à une forme de totalitarisme doux, où la liberté est sans cesse suspendue au nom de motifs vertueux.

    L’apanage de la gauche ?

    À première vue, le « despotisme doux » semble bien être l’apanage de la gauche. C’est elle, en effet, qui s’est faite la championne de la morale publique et du progressisme universel. Au nom de l’égalité, de l’inclusion, de la lutte contre les discriminations ou encore du salut écologique, elle a multiplié les textes qui encadrent, surveillent et corrigent la conduite des citoyens. La gauche, héritière d’un messianisme politique qui entendait jadis « libérer l’humanité », a peu à peu transformé l’État-providence protecteur en un État-tuteur intrusif, chargé non seulement de redistribuer les richesses, mais de corriger les comportements, de discipliner les habitudes, voire de censurer les opinions. Dans cette logique, toute contestation devient suspecte : s’opposer à la norme, c’est apparaître aussitôt comme rétrograde, réactionnaire ou immoral.

    Il serait toutefois réducteur de réserver ce travers à la seule gauche. La droite elle aussi, lorsqu’elle se fait gestionnaire ou sécuritaire, prolonge cette logique de contrainte, et pas seulement par « suivisme ». Là où la gauche invoque l’égalité et la santé publique, la droite se prévaut de l’ordre, de la stabilité, de la sécurité nationale. Les deux convergent dans le même résultat : une prolifération de règles qui, sous des visages différents, enserrent la société civile. Quant à l’Union européenne, elle incarne ce consensus transpartisan : ses grandes initiatives – du Pacte vert au Digital Services Act – témoignent d’un pouvoir normatif qui transcende les clivages partisans.

    En vérité, le despotisme doux n’est donc pas le monopole d’un camp, mais le symptôme d’un régime tout entier : celui des démocraties libérales post-modernes, où la vertu proclamée justifie indifféremment, à gauche comme à droite, l’expansion continue du contrôle.

    L’immigration comme prétexte vertueux et matrice sécuritaire

    Un autre domaine où ce mécanisme apparaît avec force est évidemment celui de l’immigration. Les gouvernements européens invoquent sans cesse la vertu humanitaire : accueillir les réfugiés, secourir les migrants, pratiquer la solidarité internationale. Ces justifications morales, incontestables dans le discours officiel, servent de légitimation à des politiques migratoires généreuses.

    Or, les effets concrets de cette immigration massive sont marqués par une hausse de la criminalité et du risque terroriste dans les sociétés d’accueil15. Là où les flux ont été les plus intenses (France, Belgique, Allemagne, Royaume-Uni), les services de sécurité sont mobilisés dans une logique d’exception permanente, avec une surveillance généralisée des espaces publics. A contrario, les pays qui ont refusé l’immigration extra-européenne (Pologne, Hongrie) connaissent certes des problèmes sociaux endogènes, mais sont épargnés par le terrorisme islamiste et par une explosion comparable de la criminalité de rue.

    Le paradoxe est clair : au nom de la vertu humanitaire, l’Europe a ouvert ses frontières, mais cette ouverture débouche sur une inflation sécuritaire. Les caméras, drones et technologies de reconnaissance faciale se déploient massivement, touchant indistinctement l’ensemble des citoyens, bien au-delà des seuls groupes criminels visés initialement.

    Ainsi, la vertu proclamée – générosité envers les migrants – se renverse en un résultat concret : le renforcement du contrôle social sur tous les Européens.

    La politique de l’hypocrisie vertueuse

    Ce mode de gouvernance peut être résumé comme une politique de l’hypocrisie vertueuse : au lieu d’assumer leur impuissance croissante dans les domaines régaliens, les États compensent en multipliant les lois intrusives dans la sphère quotidienne. Le citoyen est ainsi cerné par un État qui ne sait plus projeter sa puissance à l’extérieur, mais qui s’emploie à régenter ses gestes les plus ordinaires.

    Le « despotisme doux » n’a pas besoin de brutalité : il s’exerce au nom de la santé, de la sécurité, de l’égalité, de l’environnement et désormais de la solidarité humanitaire. Il s’épanouit dans une étrange alchimie : d’un côté, l’impuissance des États qui ont perdu leurs leviers de souveraineté ; de l’autre, une frénésie normative qui s’abat sur la vie intime des citoyens. Faiblesse externe et intrusion interne se répondent ainsi, nourrissant l’illusion d’un pouvoir protecteur qui n’est en réalité qu’un pouvoir tatillon : sa force tient à ce qu’il rhabille la contrainte de la vertu. Mais ce faisant, ce despotisme révèle la dérive totalitaire des démocraties libérales post-modernes, qui sacrifient la liberté pour masquer leur propre impuissance.

    Comment s’en libérer ?

    Il existe un phénomène récurrent dans l’histoire politique : plus un régime est fragile ou illégitime, plus il tend à se justifier par un discours moral. Les dictatures africaines ou orientales du XXe siècle en fournissent une illustration grossière : combien de « républiques démocratiques », de « mouvements de libération » ou de « conseils populaires » qui, derrière ces appellations pompeuses, n’étaient que des régimes autoritaires ou prédateurs, souvent sanglants.

    Les démocraties libérales contemporaines, sans en adopter les formes brutales, recourent à une logique comparable. Plus elles imposent de contraintes, plus elles invoquent la vertu. Plus elles empiètent sur les libertés, plus elles prétendent protéger la santé, l’égalité, l’environnement ou la sécurité. Cette surenchère morale fonctionne comme un paravent : elle permet de masquer l’extension continue de la sphère normative et de neutraliser toute contestation en la disqualifiant d’avance comme immorale ou criminelle.

    Le premier devoir d’une force politique novatrice ou dissidente consisterait donc à nommer le problème, à démasquer cette logique hypocrite qui rhabille la contrainte des atours de la vertu. Le deuxième, sous réserve de parvenir au pouvoir, est de rétablir une autorité claire au sommet, recentrée sur les fonctions régaliennes : défendre les frontières, rendre la justice, assurer la sécurité extérieure et la diplomatie. Enfin, le troisième est de redonner souffle aux libertés concrètes en bas, dans la vie quotidienne : liberté d’expression, respect de la vie privée, autonomie des communautés locales.

    La maxime de Charles Maurras – « l’autorité en haut, les libertés en bas » – garde ici toute sa force. Mais elle ne peut demeurer simple formule. Elle doit devenir la charpente d’un projet institutionnel et culturel, à la fois réaliste et libérateur, capable de rompre avec l’infantilisation permanente et de rendre aux citoyens la dignité d’hommes libres.

    Yves Lejeune (Polémia, 1er octobre 2025)

     

    Bibliographie (sélection)

    1- Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, t. II, Paris : Gallimard, coll. « Quarto », 1992 [1840].
    2- Michel Foucault, Naissance de la biopolitique. Cours au Collège de France (1978-1979), Paris : Seuil/Gallimard, 2004.
    3- Philip Rieff, The Triumph of the Therapeutic: Uses of Faith after Freud, Chicago : University of Chicago Press, 1987 [1966].
    4- Paul E. Gottfried, After Liberalism: Mass Democracy in the Managerial State, Princeton : Princeton University Press, 1999.
    5- Cour des comptes, La politique publique de sécurité routière, Rapport public thématique, 1er juillet 2021.
    6- Conseil constitutionnel (France), Décision n° 2020-801 DC du 18 juin 2020.
    7- Commission européenne, Report on the EU Digital COVID Certificate, COM(2022) 123 ; rapport au titre de l’art. 16(3), déc. 2022.
    8- Ofcom (UK), Online Safety Act 2023: overview, 2023.
    9- BBC News, “Radicalisation fear over cucumber drawing by boy, 4”, 2016.
    10- Test-Achats (Belgique), Taxe sodas : des bénéfices pour l’État, pas pour la santé, 2019.
    11- Amnesty International Suisse, Loi fédérale sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme, position publique, 2021.
    12- Commission européenne, Proposal for a regulation laying down rules to prevent and combat child sexual abuse, COM(2022) 209 final ; EDRi, Analysis of the CSA Regulation, 2023.
    13- Directive (UE) 2019/790, Droit dauteur dans le marché unique numérique, JO L 130, 17 mai 2019.
    14- Bruegel, Re-energising Europes global green reach, Policy Contribution, 2024.
    15- Europol, European Union Terrorism Situation and Trend Report (TE-SAT), 2024 ; INSEE (France), Insécurité et délinquance (2019) ; Bundeskriminalamt, Polizeiliche Kriminalstatistik 2023.
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  • Tocqueville...

    Les éditions Gallimard viennent de publier Tocqueville, une biographie de l'auteur de La démocratie en Amérique, signée par Françoise Mélonio. Professeure émérite à la Sorbonne, l'auteur est notamment l'éditrice des Œuvres complètes de Tocqueville aux Editions Gallimard.

     

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    "Il est le plus profond penseur de la démocratie, l'observateur le plus aigu de la société américaine et l'interprète indépassable de la transition inachevée en France des temps aristocratiques à l'ère démocratique. L’œuvre de Tocqueville échappe à l'organisation ordinaire de nos savoirs. Elle est, autre singularité, inséparable de sa situation personnelle, familiale, historique. L'une se lit dans l'autre. La Démocratie en Amérique, L'Ancien Régime et la Révolution, les Souvenirs sur la IIe République comme son immense correspondance avec les grands esprits de son époque mobilisent la puissance de sa pensée au service de l'action politique. Né sous le Premier Empire, mort sous le Second, il ne cesse, dès sa jeunesse, de sonder les bienfaits et les pathologies d'une démocratie qu'il sait inévitable. Cette biographie est la première à nouer le lien intime entre l'homme privé et l'acteur politique, son enracinement aristocratique et son consentement à la démocratie, une sensibilité romantique et une intelligence théorique des passions humaines, mœurs et lois mêlées. Elle reconstitue l'unité d'une vie sans cesse agitée par les résurgences révolutionnaires, les menaces d'un individualisme délétère et la hantise du déclin de la France, auquel il imagine, un moment, trouver le remède dans la colonisation. On découvre, au fil des pages, un homme attachant, attentif à ses compatriotes normands, fidèle à ses amis, amoureux infidèle de sa femme, rebelle à toute espèce de dogmatisme, mélancolique mais jamais désespéré... Et, pour finir, un des maîtres de la prose française."

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  • Gaza : la fuite en avant de Netanyahou...

    Dans cette émission du Plus d’Éléments, diffusée par TV Libertés, l'équipe du magazine se penche, à l’occasion de la sortie du nouveau numéro sur le conflit israélo-palestinien et la guerre de Gaza, à travers un entretien-choc accordé par Élie Barnavi, ex-ambassadeur d’Israël à Paris. Où l’on voit comment Israël est devenu prisonnier de ses colons et de ses extrémistes religieux, qui ont colonisé autant les terres que les esprits.

    Au menu également :  un grand dossier consacré à l’énergie, enjeu du siècle, et un ultime hommage paradoxal à Thierry Ardisson.

    On trouvera sur le plateau, autour d'Olivier François, François Bousquet, directeur de la rédaction, Daoud Boughezala et Christophe A. Maxime...

     

                                               

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  • L’Europe et le totalitarisme...

    Les éditions des Presses universitaires de Rennes viennent de publier sous la direction de François Hourmant un ouvrage collectif en hommage à Bernard Bruneteau intitulé L'Europe et le totalitarisme.

    Historien des idées, professeur émérite de science politique à l’université de Rennes, Bernard Bruneteau est un spécialiste reconnu des totalitarismes et a notamment publié  Le Totalitarisme : origines d’un concept, genèse d’un débat 1930-1942 (Cerf, 2010), Les « collabos » de l'Europe nouvelle (Cerf, 2016) et Le bonheur totalitaire - La Russie stalinienne et l'Allemagne hitlérienne en miroir (CNRS, 2022).  Professeur des universités en science politique, spécialiste d'histoire contemporaine, François Hourmant a notamment publié Les Années Mao en France (Odile Jacob, 2018).

    Les deux auteurs ont dirigé conjointement un ouvrage intitulé Le vestiaire des totalitarismes (CNRS, 2022).

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    " Avec la montée des populismes, la revitalisation des nationalismes et les tensions géopolitiques entre l’Europe et la Russie sur fond de guerre en Ukraine, l’œuvre intellectuelle et scientifique de Bernard Bruneteau prend un relief singulier. Centré sur les deux thématiques majeures qui furent au cœurouvrage  de son travail – l’Europe et le totalitarisme –, l’ouvrage propose une fertile confrontation entre le regard de l’historien, marqué par une nécessaire contextualisation, et celui du politiste, toujours tenté par la théorisation et la construction de modèles interprétatifs. Mise au point historiographique autour du concept discuté de totalitarisme et son caractère opératoire au cas de l’Italie, le livre plonge aussi dans les enjeux associés à la construction européenne et à la notion d’Empire. Il propose également des lectures originales qui font travailler ces notions qu’il s’agisse des liens entre le rugby et le nationalisme, le voyage des intellectuels dans l’Albanie stalinienne, la dimension orwellienne de la série The Prisoner ou encore le spectre d’Ayn Rand dans la série Mad Men, sans oublier les imaginaires associés à la Bretagne. Le livre en l’honneur de Bernard Bruneteau témoigne de l’importance des représentations politiques. Ces dernières ont en effet favorisé la création des identités collectives, alimenté les grands récits idéologiques en cimentant sur le plan rationnel et émotionnel les engagements, eux-mêmes adossés à une symbolique profuse, à des discours mais aussi à des scénographies et des liturgies politiques."

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  • Les hooligans du néant

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julien Dir, cueilli sur Breizh-Info et consacré aux rivalités destructrices au sein du "camp national"...

     

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    Partisans du RN contre Fans de Reconquête: les hooligans du néant

    Ah, quelle farce. Chaque jour qui passe, les réseaux sociaux nous offrent le spectacle pathétique d’une guerre de tranchées entre groupies du RN et ultras de Reconquête, incapables de penser autrement que par les voix ou agissements de leurs chefs/élus respectifs. On s’insulte, on s’excommunie, on brandit des captures d’écran comme autant de trophées de chasse numérique. Pendant ce temps-là, la Bretagne, la France, l’Europe continuent de se déliter, l’immigration de prospérer, et l’État de se soumettre à toutes les idéologies mondialisées. Mais les “patriotes”, eux, préfèrent se déchirer dans un concours de pureté stérile.

    Des bulles qui tournent en rond

    Les partisans de Zemmour accusent les électeurs du RN de trahison, de compromission, de mollesse. Ceux de Marine et Bardella répliquent en expliquant que Reconquête les “plombe électoralement”. Les uns se prennent pour des stratèges, les autres pour des résistants. En réalité, ils ne sont que les otages d’une société de bulles : bulles médiatiques, bulles virtuelles, bulles narcissiques. Chacun vit enfermé dans son aquarium numérique, persuadé de représenter le “vrai peuple” alors qu’il ne fait que s’adresser à son reflet.

    C’est la victoire du marketing sur les idées. Les uns se rassurent en jouant aux gaullistes de province, terroir et saucisson, les autres se grisent d’une radicalité de plateau télé. Mais au fond, ces guerres de boutique ne servent qu’à gonfler les egos de leurs chefs respectifs, qui se nourrissent de cette rivalité pour exister.

    Les angles morts des uns et des autres

    Les pro-RN hurlent que Reconquête leur “vole des points”. Jamais ils ne se demandent pourquoi tant d’électeurs sont lassés par les ambiguïtés sociétales d’un parti qui flirte parfois avec la gauche progressiste sur des sujets décisifs. À force de se travestir en parti de gouvernement respectable, à force de n’être qu’un RPR des années 90 et de refuser d’appeler à descendre dans la rue, le RN finit par singer ses adversaires.

    À l’inverse, les pro-Zemmour ne comprennent pas que nombre de Français, fatigués, précarisés, veulent avant tout être rassurés. Peu leur importe la hauteur des discours ou la radicalité des propositions : ils se tournent vers Marine Le Pen et Bardella parce qu’ils apparaissent comme plus “proches du peuple”. Illusion ? Sans doute. Mais les illusions font partie du réel, et les ignorer, c’est se condamner à ne jamais gagner.

    Le panier de crabes

    Ces querelles intestines ne sont pas seulement ridicules, elles sont révélatrices : la politique est un tas de lisier où chacun patauge avec un rictus de haine. On se déteste, on se jalouse, on se fantasme en gladiateur d’Internet, alors qu’au fond, on partage les mêmes constats sociaux, les mêmes angoisses démographiques, la même colère contre la dépossession de notre pays.

    Et comble du cynisme : ceux qui s’invectivent comme des chiens enragés sur les réseaux ignorent que dans la réalité, nombre de cadres du RN et de Reconquête sont copains comme cochons. On se vouvoie à l’antenne et on s’engueule pour le spectacle, puis on se tape dans le dos hors caméra. La guerre des supporters n’est qu’un théâtre d’ombres pour amuser la galerie.

    Voilà le fond du problème : les vrais perdants, ce sont les militants, les sympathisants, les fans. Comme des hooligans sans stade, ils gueulent, ils insultent, ils s’écharpent… mais ils ne construisent rien. Ils vivent par procuration, attendant que leur chef providentiel conquière le pouvoir à leur place. Ils se passionnent pour des joutes virtuelles, plutôt que d’agir concrètement, de s’organiser localement, de prendre leur destin en main.

    Ils ne voient pas que ce qui les divise n’est rien face à ce qui devrait les unir : la défense d’un peuple, d’une civilisation, d’une identité. Mais la politique moderne est devenue un spectacle, et comme tout spectacle, elle a besoin de son lot de supporters décérébrés pour exister.

    Réveillez-vous

    Alors oui, il est temps de secouer le cocotier. Droite nationale, droite identitaire, droite radicale : arrêtez de jouer aux hooligans du néant. Cessez d’être les groupies hystériques de leaders qui ne voient en vous qu’une masse de clics et de voix interchangeables.

    Le véritable combat n’est pas sur Twitter ni sur TikTok. Il est dans la rue, dans les associations, dans les familles, dans les villages et les quartiers où se joue l’avenir. Le choix est simple : continuer à se haïr au nom de querelles d’appareil, ou bâtir une force populaire réelle, qui dépasse les boutiques partisanes et les petites vanités.

    Parce que sinon vous finirez tous par ressembler à ce que vous prétendez combattre : des spectateurs passifs, consommateurs d’illusions, prisonniers de la société du spectacle. Et dans ce cas-là, vous ne mériterez même plus de parler de “patrie”. Qui aura disparu depuis bien longtemps…

    Julien Dir (Breizh-Info, 1er octobre 2025)

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