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  • Le Bouclier dans l’imaginaire médiéval...

    Les éditions des Classiques Garnier viennent de publier dans leur Bibliothèque d'Histoire médiévale, dirigée par Martin Aurell, un essai de Catalina Girbea intitulé Le Bouclier dans l’imaginaire médiéval.

    Catalina Girbea est professeur de langue et littérature françaises du Moyen Âge à l'université de Bucarest et membre associé au Centre d'études supérieures de civilisation médiévale (CESCM) de Poitiers. 

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    " Accompagnant le devenir de l'homme depuis la nuit des temps aussi bien en temps de guerre qu'en temps de paix, pendant sa vie mais aussi dans la mort, le bouclier est sans doute l'une des armes qui a le plus inspiré l'imaginaire des hommes médiévaux. Polysémique, il apparaît au cœur de plusieurs rites d'initiation, d'intégration, de règlement de conflits ou de cérémonies funéraires. Objet fécond pour toute enquête d'anthropologie culturelle, il dynamise également une sémiotique diachronique, en tant que symbole du miroir, du monde, du pouvoir politique et économique ou de la foi. Enfin, support privilégié des enseignes héraldiques, le bouclier armorié est essentiel pour l'économie du récit dans la fiction médiévale et pour son iconographie. "

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  • J. D. Vance, colistier de Trump et figure de proue des nationaux-populistes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gabriel Piniés, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à J. D. Vance, le sénateur choisi par Donald Trump pour l'accompagner dans la course à la Maison Blanche en tant que candidat au poste de vice-président. Un personnage qui, manifestement, ne correspond pas au format classique des politiciens américains...

     

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    J. D. Vance, colistier de Trump et figure de proue des nationaux-populistes

    Qui est J. D. Vance, le sénateur de l’Ohio choisi par Donald Trump pour être son vice-président lors de la campagne présidentielle de 2024 ? Cet intellectuel entré en politique sur le tard cristallise des réactions opposées. Surtout connu pour son essai à succès « Hillbilly Elegy », la presse de gauche voit en lui une personnalité politique incompatible avec la démocratie. L’universitaire française Maya Kandel, spécialiste des États-Unis à la Sorbonne Nouvelle, une faculté résolument située à gauche, range J. D. Vance parmi les « stratèges de la colère » développant « une rhétorique apocalyptique et fascisante ». De son côté, l’« alt-right » (par l’entremise de Nick Fuentes et consorts) a également réagi, toujours avec hostilité, sur les réseaux sociaux, reprochant à Vance tantôt son soutien à Israël, tantôt l’origine indienne de son épouse, pourtant diplômée de Yale et de Cambridge, avocate issue de la riche caste Kamma qui domine l’État de l’Andhra Pradesh, dans le sud de l’Inde, arguant qu’il ne serait pas assez dur sur l’immigration. Alors, qui est-il vraiment ?

    James David Vance est né en 1984 à Middletown, dans l’Ohio, dans une famille modeste rongée par les maux de l’Amérique blanche rurale des Appalaches : un père absent, une mère toxico-dépendante aux opioïdes et instable affectivement. Rien ne le prédisposait à sa carrière future. À 18 ans, il s’engage dans les Marines peu avant le déploiement en Irak en 2003, servant de correspondant de combat au sein de la 2nd Marine Aircraft Wing. De retour aux États-Unis, il effectue des études de sciences politiques, philosophies, à l’université d’État d’Ohio, avant d’entamer un cursus de droit à Yale, où il a rencontré sa femme. En 2016, il rejoint Mithril Capital Management, société de capital-risque cofondée par Peter Thiel, milliardaire américain soutien de Trump, membre de la « Mafia Paypal » avec Elon Musk et proche du courant dit NRx, les néo-réactionnaires autour de l’intellectuel Curtis Yarvin. C’est Peter Thiel qui l’a réconcilié avec Trump, Vance ayant commencé la politique en tant que « Never Trump », ces Républicains refusant de soutenir Donald Trump, et c’est aussi Thiel qui a financé sa campagne victorieuse aux sénatoriales de 2022.

    Quelles sont ses vues ? C’est la politique étrangère qui aurait été l’élément déterminant de la conversion de J. D. Vance au trumpisme. Le 31 janvier 2023, il écrivait un billet d’opinion dans le Wall Street Journal pour soutenir Trump quand la mode était à Ron DeSantis. Son argument principal portant sur la politique étrangère et l’isolationnisme de l’ex-président. Il fait partie de ces Républicains se qualifiant « Asia First », dans le sillage du « pivot vers l’Asie », une ligne initiée par Barack Obama lors de son premier mandat et approfondie de manière plus brutale par Donald J. Trump dans son bras de fer avec Xi Jinping. Pour Vance comme pour les trumpistes, les États-Unis doivent se désengager de l’Europe pour se tourner vers l’Asie, une politique en réalité dans la lignée des dernières administrations tant démocrates que républicaines.

    L’obsession chinoise

    Au Sénat, il était le chef de file des sénateurs souhaitant réduire l’aide à l’Ukraine, appelant les alliés européens à augmenter leurs dépenses. Il déclarait même début 2022, peu après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ne pas se soucier de ce qui pouvait arriver à l’Ukraine. Dans un discours à la Heritage Foundation, il qualifiait la Chine de seul « real enemy » des États-Unis. Il faut dire que c’est à la Chine que les États-Unis sont directement confrontés au quotidien, tant dans les affaires de vol de propriété intellectuelle que dans la rude concurrence technologique que lui mène le pays asiatique. Une ligne transpartisane.

    Actuellement, c’est Jake Sullivan qui est l’architecte et l’idéologue de la politique étrangère de Joe Biden. Cet ancien de l’administration Obama, qui avait été un des maillons du rééquilibrage stratégique vers l’Asie, est l’actuel conseiller à la Sécurité nationale (National Security Advisor, poste clé de toute administration américaine, qui synthétise la vision des intérêts stratégiques des différents départements). Une continuité est donc à prévoir en politique étrangère sur le dossier chinois. Il a qualifié de « great piece of legislation » le CHIPS and Science Act de Joe Biden visant à stimuler la production de semi-conducteurs aux États-Unis pour sortir de la dépendance technologique vis-à-vis de la Chine et de Taïwan.

    La galaxie conservatrice

    Quel type de conservateur est-il ? La nomination de J. D. Vance approfondit la rupture de Donald Trump avec l’establishment classique du Parti républicain pour forger un conservatisme plus populiste, anti-immigration et rompant avec le néo-conservatisme. Il est la figure de proue du mouvement des NatCons, les « nationaux-conservateurs », un courant créé par l’intellectuel israélo-américain Yoram Hazony à partir de son ouvrage The virtue of nationalism, paru en 2018 et élu livre conservateur de l’année en 2019. Ce courant théorise a posteriori le trumpisme et constitue un large renouveau de la doctrine du Parti républicain, développant une critique de la mondialisation, un fort patriotisme économique et un refus de l’immigration. À la dernière conférence des NatCons ce mois de juillet 2024, peu avant la tentative d’assassinat de Trump, Stephen Miller, le conseiller immigration de Trump durant sa présidence, a été une des stars, s’illustrant par un discours d’une grande fermeté. Lors de cette conférence, J. D. Vance a affirmé porter un nationalisme fondé sur « la terre natale, pas sur des idées ». Ce courant, organisant chaque année une conférence sous la houlette de l’Edmund Burke Foundation, think tank dirigé par Yoram Hazony, a pour particularité d’être très « européen », cherchant à mettre en lien nationaux-conservateurs européens et américains. Tucker Carlson, mais aussi Giorgia Meloni, Viktor Orbán, le gouverneur de Floride Ron DeSantis ont figuré parmi les invités. À Londres en 2023, Suella Braverman, ancienne Home Secretary en 2022 et 2023, connue pour ses positions anti-immigration, était intervenue, tout comme le député conservateur d’alors Jacob Rees-Mogg.

    Mais Vance a un profil intellectuel plus original. Tout indique qu’il rassemble toutes les sensibilités conservatrices et radicales américaines actuelles. Kevin Roberts, le président de la Heritage Foundation, think tank conservateur qui s’est largement développé sous l’ère Reagan, portant la voix de la droite chrétienne, voit en lui le leader du mouvement de la « nouvelle droite » américaine, tandis que Tucker Carlson dit de lui qu’il est aujourd’hui le plus intelligent et plus profond des sénateurs américains. Au Sénat, il côtoie Josh Hawley et Tom Cotton, partageant avec eux un national-populisme tout en étant issu des meilleures universités américaines.

    Converti au catholicisme en 2019, il est proche de Patrick Deneen, philosophe catholique avec qui il a participé à une conférence en 2023, et de Rod Dreher, autre intellectuel conservateur converti au catholicisme (aujourd’hui immigré en Hongrie, séduit par Viktor Orbán) qui avait précisé les contours des « Crunchy Conservatives », ces conservateurs modernes, cools et sensibles à l’écologie.

    Vers l’illibéralisme ?

    Vance est aussi inspiré par le courant NRx, appelés parfois « droite tech », un courant néoréactionnaire né dans une partie des élites de la Silicon Valley autour de Curtis Yarvin. J. D. Vance a cité ce blogueur à l’origine de l’expression RAGE (« Retire All Government Employees ») à propos de son idée de faire marcher à plein régime le « spoil system » américain (ce système permet à tout nouveau président de remplacer un certain nombre de postes dans l’administration) et de chasser jusqu’aux employés d’échelon inférieur, quitte à aller à l’encontre de la Cour suprême, si jamais elle devait s’y opposer. Ce courant, qui compte parmi ses soutiens des gens comme Elon Musk et Peter Thiel, est très critique de la démocratie libérale et prône un retour de l’ordre (pour certains de la monarchie), parle ouvertement des différences biologiques entre groupes humains. J. D. Vance se dit lui-même tenant d’une « post-liberal right », ce qui peut être synonyme d’illibéral. La gauche est effrayée par ce cocktail original préparant de manière assumée l’après-Trump.

    Gabriel Piniés (Site de la revue Éléments, 19 juillet 2024)

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  • De sang et de plomb...

    Les éditions Avallon & Combe viennent de publier un roman de Peter Randa intitulé Lieutenant Fabien Fauvel.  Écrivain français d'origine belge, Peter Randa (1911-1979) est l'auteur de plus de deux cents romans, principalement policiers, d'espionnage ou de science-fiction.

     

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    " Fabien Fauvel, ancien lieutenant français durant la guerre d'Algérie, bascule dans la clandestinité et le terrorisme. Il rejoint les rangs de l'Organisation armée secrète, l'OAS, faisant ainsi le choix de l'affrontement avec les gaullistes.

    1976. Pour Fauvel, la guerre recommence. Elle est tout aussi meurtrière. Celui que l'on appelle le Fauve ne combat plus pour les médailles, mais désormais pour l'argent...

    Jusqu'où Fauvel peut-il aller ? Qui peut l'arrêter ?

    Lieutenant Fabien Fauvel, un grand classique de Peter Randa, a été initialement publié chez Fleuve Noir. Il témoigne de la complexité d'une époque et jette une lumière crue et nécessaire sur les années de sang et de plomb. "

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  • Feu sur la désinformation... (477) : L'Arcom et le coup d’Etat du parti des médias !

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Lucas Chancerelle.

     

                                                 

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine : la décision de l’ARCOM de retirer le canal TNT de C8, la chaîne de Vincent Bolloré avec Cyril Hanouna comme animateur vedette.

    Dossier du jour :   le traitement médiatique du remplacement de Joe Biden par Kamala Harris en tant que candidate démocrate à la présidentielle américaine.

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    Pastilles de l’info :

    1) Occultation médiatique du viol d’une touriste à Pigalle
    2) Les JO à Paris : la honte internationale
    3) Le succès populaire du film le Comte de Monte Cristo

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Marc-Olivier Fogiel, qui vient d’être limogé de la direction de BFM TV.

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  • Alain de Benoist : « Il faut s’attendre à une paralysie institutionnelle quasi totale, à de l’instabilité, à de la violence sans doute »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à la revue Monde & Vie, cueilli sur le site de la revue Éléments, dans lequel celui-ci donne sa lecture des résultats des élections législatives.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021), L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021), L'exil intérieur (La Nouvelle Librairie, 2022) et, dernièrement, Nous et les autres - L'identité sans fantasme (Rocher, 2023).

     

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    Législatives : « L’incroyable spectacle de centristes faisant élire des communistes ou des fichés S et d’une extrême gauche hystérique appelant à soutenir les fondés de pouvoir du grand capital ! »

    MONDE&VIE. Alain de Benoist, vous êtes chef d’école, mais vous êtes aussi un des meilleurs analystes politiques sur la place de Paris. Avez-vous vécu la soirée électorale du 7 juillet comme une surprise, annonçant éventuellement un grand bouleversement politique, ou bien plutôt avez-vous pris ce scrutin comme un simple effet de tectonique des plaques électorales, au nom de l’impératif antifasciste, toujours de sortie ?

    ALAIN DE BENOIST : J’ai bien sûr été surpris, comme tout le monde. Mais aussi et surtout consterné de voir, dans les réactions qui ont suivi, les affects prendre immédiatement le dessus sur les nécessités de l’analyse scientifique. D’un côté une sorte d’affliction désespérée (« tout est foutu ! »), de l’autre un lâche soulagement assorti de forfanterie (« on a gagné ! »). Or, si l’on regarde les choses d’un peu près, aucune de ces deux réactions ne permettait de comprendre ce qui s’est passé. Ma conclusion personnelle est bien différente. Elle tient plutôt dans les deux constats suivants : le Rassemblement national continue à progresser, et la France est devenue ingouvernable.

    Sur le premier point, les chiffres sont parlants. En 2017 le RN avait seulement 6 députés à l’Assemblée nationale. Aux législatives de 2022, il avait bondi à 89 députés (ce qui avait été considéré, à juste titre, comme un extraordinaire succès). Le 7 juillet dernier, il en a obtenu 143, ce qui est tout le contraire d’un échec (Bardella n’a pas eu tort de parler de « la percée la plus importantes de l’histoire » de son parti) ! Il a également recueilli près de 10 millions de suffrages (en 2022, il n’en avait obtenu que 4,2 millions), contre 7,4 millions pour le Nouveau Front populaire et 6,5 millions pour Ensemble, la coalition électorale du centre macronien. Parler d’un « recul du RN » est, dans ces conditions, parfaitement grotesque.

    Certes, le RN n’est pas parvenu à atteindre la majorité absolue (289 sièges sur 577), contrairement à ce que laissaient prévoir ses excellents résultats (plus de 34 % des voix) obtenu aux dernières élections européennes et au premier tour des législatives, résultats qui s’expliquent avant tout par le sentiment de dépossession des couches populaires toujours plus confrontées aujourd’hui à l’insécurité, à l’immigration, à l’inflation, à la baisse du pouvoir d’achat et à la précarité.

    Cet échec s’explique par les particularités du scrutin majoritaire à deux tours, qui autorise entre les deux tours tout une série de tractations et de marchandages qui ont l’étrange caractéristique de ne pas favoriser les gagnants du premier tout mais la coalition des perdants. Au total, 224 candidats de la gauche et du centre se sont retirés ou désistés dans le seul objectif d’empêcher le RN d’emporter la majorité qui aurait normalement dû lui revenir. On a alors assisté, sous prétexte de « faire barrage à l’extrême droite », et dans un climat d’hystérie entretenu par les grands médias, qui présentaient l’arrivée du RN comme la version moderne de l’Apocalypse, à une série d’alliances contre-nature – Jordan Bardella a parlé d’« alliance du déshonneur » – entre des personnalités et des partis que tout opposait la veille encore, à seule fin de priver le Rassemblement national, arrivé très souvent en tête au premier tour, de la victoire qu’il aurait dû obtenir. Incroyable spectacle des centristes faisant élire des communistes ou des fichés S et d’une extrême gauche hystérique appelant à soutenir les fondés de pouvoir du grand capital !

    Ce sont ces désistements qui expliquent que le RN n’a pu gagner que 93 duels de second tour sur les 353 où il était représenté.

    Ce système profondément antidémocratique, il faut le souligner, est une particularité française : avec les modes de scrutin qui existent en Grande-Bretagne ou en Allemagne, Jordan Bardella, qui a encore battu son record des élections européennes en remportant 37 % des voix, serait aujourd’hui à Matignon !

    On peut comprendre bien sûr la déception de ceux qui, au RN, se voyaient déjà « aux portes du pouvoir ». Mais les portes en question étaient en fait des fourches caudines. Je suis de ceux qui se félicitent que Jordan Bardella n’ait pas eu à assumer la tâche de Premier ministre d’un gouvernement de cohabitation. La cohabitation était un piège très intelligemment tendu par Macron pour amener le président du RN, qui aurait eu à faire face à la fois aux chausse-trappes du chef de l’Etat et aux manœuvres obliques du Conseil constitutionnel, de mesurer son impuissance et d’apparaître comme incapable. La cohabitation revenait à lui confier les clés d’un camion sans roues ni carburant. Pour Macron, c’était le plus sûr moyen d’empêcher le RN de gagner la présidentielle de 2027.

    MONDE&VIE. Peut-on dire qu’Emmanuel Macron, en imposant cette dissolution de l’Assemblée le plus tôt possible après les européennes, a pris de court le RN, qui demeure le premier parti en voix, mais devient le dernier des trois blocs en nombre de sièges. Il paye donc, avec la culture antifasciste, son manque d’ancrage local. Et quoi d’autre ?

    ALAIN DE BENOIST : Le Rassemblement national n’a pas commis de faute majeure, sinon de croire qu’on pouvait vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. On peut en revanche lui reprocher d’avoir trop vite (et trop mal) sélectionné ses candidats, dont un bon quart, sinon un tiers, n’avaient pas les capacités ou le profil. Gilles Pennelle, qui avait été chargé de ce travail, a d’ailleurs remis sa démission. Il est vrai que la dissolution a pris tout le monde de court, à commencer par ceux qui l’avaient réclamée à grands cris sans y croire, et qu’une campagne aussi courte permettait difficilement de trouver en quelques jours les hommes idoines. Quant à l’ancrage local du mouvement, il est bien meilleur qu’à l’époque du Front national, quand Jean-Marie Le Pen s’en désintéressait complètement, mais il est encore très insuffisant. Ces choses-là prennent du temps.

    Le « front républicain » fonctionne encore, mais de moins en moins. La preuve en est que nombre de candidats RN ont perdu sur le fil, avec des écarts de voix très faibles. Avec le temps, la culture « antifasciste » ne pourra plus qu’apparaître que comme un simulacre. Les gens savent bien que ce n’est pas en agitant le spectre des « années noires », en leur parlant du pétainisme ou du petit peintre bavarois, qu’on va résoudre les problèmes qui empoisonnent leur vie quotidienne.

    MONDE&VIE. Quelles leçons pour l’avenir le RN doit-il tirer de sa défaite ?

    ALAIN DE BENOIST : En tout premier lieu, qu’il doit tout faire pour ramener le centre à sa plus simple expression : le « bloc bourgeois » doit être pour lui l’ennemi principal.  Qu’il doit privilégier l’analyse et la formation plutôt que de ne marcher qu’à l’enthousiasme ou à l’indignation. Qu’il doit comprendre que la recomposition politique entamée il y a quinze ans se poursuit, mais qu’on ne peut pas brûler les étapes. Et surtout que la seule faute qui ne lui sera jamais pardonnée serait de décevoir les classes populaires et les classes moyennes qui ont mis et continuent à mettre en lui tous leurs espoirs. Tous les sondages montrent que sur des questions-clés comme l’insécurité, le pouvoir d’achat et l’immigration, 70 % des Français sont d’accord avec lui.

    MONDE&VIE. A quel avenir politique peut prétendre Eric Ciotti après son coup d’état chez les Républicains ?

    ALAIN DE BENOIST : Son avenir politique va maintenant se confondre avec celui du Rassemblement national, mais il peut jouer un rôle de passerelle non négligeable en direction des membres de LR qui n’ont pas encore fait le même choix que lui.

    MONDE&VIE. Que signifie le succès au second tour de Marine Tondelier ? Un simple feu de paille lié aux manœuvres électorales du Nouveau Front populaire ou un retour de l’écologie sur la scène politique ?

    ALAIN DE BENOIST :L’écologie a conquis tous les esprits, mais les écologistes se sont discrédités. Le cas de Marine Tondelier relève pour l’instant de l’anecdote. Comme Sandrine Rousseau, j’ai tendance à voir en elle un personnage plutôt pittoresque, sinon burlesque.

    MONDE&VIE. Malgré les prophéties, le parti présidentiel sauve les meubles et semble désormais inscrit pour longtemps dans le paysage politique français. Qu’en pensez-vous ?

    ALAIN DE BENOIST : Il ne sauve nullement les meubles !  Il va certes s’efforcer de débaucher quelques LR non ciotistes et quelques sociaux-démocrates modérés, mais je doute que cela lui serve à grand-chose. Je le vois plutôt comme le grand perdant. Il avait justifié sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale par un souci de « clarification ». En fait de clarification, il a créé une situation totalement opaque et chaotique. En fait de dissolution, il a d’abord dissous son ancienne majorité, il a dissous le macronisme et il s’est en quelque sorte dissous lui-même.

    Trois grands blocs de taille comparable vont demain coexister à l’Assemblée nationale. Mais aucun ne possède une majorité lui permettant de gouverner. Avec 168 députés, Ensemble est loin de retrouver les 250 députés que possédait Macron dans la précédente législature, pour ne rien dire des 350 députés qu’il avait fait élire en 2017. Le Nouveau Front de gauche, de son côté, avec 182 députés, se situe encore en dessous des 250 macroniens qui siégeaient au Parlement ces derniers mois.

    Par ailleurs, alors que le Rassemblement national, avec ses alliés républicains regroupés autour d’Eric Ciotti, forme un bloc relativement unifié, ses deux concurrents sont tout sauf unis. Ce sont des agrégats hétéroclites, c’est-à-dire des coalitions de circonstance. Nous entrons dans une période d’instabilité, de rivalités incessantes et de discussions permanentes, où les gouvernements successifs risquent de ne pas durer plus longtemps que sous la IVe République, le tout sur fond de guerre en Ukraine et de tensions internationales d’une gravité exceptionnelle. Au parlement, le groupe Renaissance a déjà commencé à se disloquer. Les Républicains vont connaître de nouvelles scissions avant de disparaître définitivement. Le Nouveau Front de gauche se cassera en morceaux à la première occasion.

    Quel que soit le Premier ministre qu’Emmanuel Macron décidera de nommer, il aura le plus grand mal à trouver une majorité pour gouverner (d’autant que les « grandes coalitions » à l’allemande ne sont pas dans la tradition française). Le chef de l’État, dont les proches ont déjà commencé à s’éloigner – à la façon dont les rats quittent un navire en train de couler – a clairement perdu la main. Il a réussi une sorte de coup d’État institutionnel, mais il risque d’emporter la France dans son échec. Il a fait perdre au RN une bonne centaine de circonscriptions, mais il n’est pas arrivé à enrayer sa progression. La dynamique reste nettement du côté du Rassemblement national, qui est aujourd’hui le premier parti de France.

    MONDE&VIE. LFI restera-t-il le parti extrême que ses ennemis veulent qu’il soit ? Ne va-t-il pas plutôt se fondre dans le paysage politique, en devenant une succursale française de la gauche américaine et de son appel à la colère et au désordre ?

    ALAIN DE BENOIST : Je ne le vois pas se fondre dans le paysage politique, ni se rallier à une gauche américaine déjà éminemment représentée par Raphaël Glucksmann. Au soir du second tour, Mélenchon a prononcé un grand discours lyrique d’où il ressortait que LFI avait remporté la victoire. En réalité, LFI est aujourd’hui minoritaire au sein du Nouveau Front de gauche, ce qui n’était pas le cas à l’époque de la NUPES. Mais Jean-Luc Mélenchon, qui est moins mauvais stratège qu’on ne le croit, raisonne visiblement sur long terme. Il n’a sans doute pas tort.

    Le centre étant appelé à s’éroder progressivement, s’il est à la fois attaqué par le RN et par LFI (dont les intérêts coïncident sur ce point), la logique voudrait qu’à la prochaine élection présidentielle, Marine Le Pen (ou Jordan Bardella) se retrouve au second tour face à un homme comme Jean-Luc Mélenchon. Elle aurait toutes chances de sortir vainqueur d’un tel duel, d’autant que la situation du pays se sera encore dégradée, tandis que la frustration et la colère de ses partisans aura continué d’augmenter. D’ici là, il faut s’attendre à une paralysie institutionnelle quasi totale, à de l’instabilité, à de la violence sans doute. La Ve République n’avait encore jamais connu cela. C’est une situation inédite. 

    Alain de Benoist, propos recueillis par Guillaume de Tanoüarn (Monde et Vie, 21 juillet 2024)

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  • Pourquoi le rire est passé à droite ?...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°209, août 2024 - septembre 2024) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré au retour du rire à droite, on découvrira l'éditorial, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec Wolfgang Streeck, Jeremy Carl, Victor Davis Hanson, David Engels, Vali Nasr, Morgan Sportès, Yves Christen, Olivier Eichenlaub et Henri Levavasseur, Julien Hervieux, Greg Tabibian et Karine Dubernet ...

    Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, de Nicolas Gauthier, d'Aristide Leucate, de David L'Epée, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli, d'Ego Non, de Slobodan Despot, de Michel Marmin et de Julien Rochedy...

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    Au sommaire :

    Éditorial
    Se passer du passé ? Par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien
    Wolfgang Streeck face à la crise du capitalisme contemporain. Propos recueillis par Thomas Hennetier

    Cartouches
    L’objet disparu : les collections de timbres. Par Nicolas Gauthier

    Une fin du monde sans importance. Par Xavier Eman

    Cinéma : les vices de Sergio Martino. Par Nicolas Gauthier

    La lumière de Jean-François Mattéi. Par Christopher Gérard

    Curiosa Erotica : La Fontaine, fabuliste moralisant ou conteur immoral ? Par David L’Épée

    Champs de bataille : Finis Hungariae ? (2/2). Par Laurent Schang

    Uranie, uchronie woke (1). Par Bruno Lafourcade

    Le droit à l’endroit : le recours à la légitime défense. Par Aristide Leucate

    Économie. Par Guillaume Travers

    Années 1930, la nouvelle grande peur des bien-pensants. Le regard d’Olivier François

    Bestiaire : corneilles pythagoriciennes. Par Yves Christen

    Sciences Par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées
    Le RN et la France bleu-blanc-jaune : la revanche des « ploucs émissaires». Par François Bousquet

    L’immigration au secours du capitalisme. Par Guillaume Travers

    Vers un « génocide culturel » ? Le racisme anti-blanc vu par Jeremy Carl. Propos recueillis par Ethan Rundell

    Histoire et prospective des civilisations avec Victor Davis Hanson. Propos recueillis par Laurent Schang

    Leçon d’hespérialisme avec David Engels. Propos recueillis par Pierre Saint-Servant

    Les ressorts messianiques de la colonisation israélienne. Par Daoud Boughezala

    La géopolitique du Moyen-Orient décryptée par Vali Nasr. Propos recueillis par Daoud Boughezala

    Le décapant tour des immondes avec Morgan Sportès. Propos recueillis par Daoud Boughezala

    La dénonciation de l’écofascisme, un épouvantail bien pratique. Par David L’Épée

    Ernst Haeckel, père de l’écologie vu par Yves Christen. Propos recueillis par Thomas Hennetier

    Hommage à Jean-François Michaud. Par ses amis et ses enfants

    Olivier Eichenlaub et Henri Levavasseur présentent le Pôle Études de l’Institut Iliade. Propos recueillis par François Bousquet

    Drôle d’histoire : Julien Hervieux présente l’Odieux Connard. Propos recueillis par Laurent Schang

    Jack Kerouac, un réac chez les hippies. Par François-Xavier Consoli

    Dossier
    Humour : la droite qui rit, la gauche qui pleure

    Pourquoi l’humour et la transgression sont-ils passés à droite ? Par François Bousquet

    Greg Tabibian, Monsieur « J’suis pas content ». Propos recueillis par Daoud Boughezala

    Le rire périphérique : humour des villes contre humour des champs. Par Xavier Eman

    L’humour explosif de Karine Dubernet. Propos recueillis par Marielle et Christophe Belleval

    Le rire contre le ricanement : persistance du sarcasme français. Par Christophe A. Maximel

    Panorama
    L’œil de Slobodan Despot

    Reconquête : Avalon. Par Slobodan Despot

    La leçon de philo politique : Feliks Koneczny et la guerre des civilisations. Par Ego Non

    Un païen dans l’Église : Notre-Dame de Bruyères-et-Montbérault. Par Bernard Rio

    Anachronique littéraire : Regulus et Don César de Bazan. Par Michel Marmin

    Rochedytorial : la grande sensiblerie. Par Julien Rochedy

    Éphémérides


     

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