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  • Tout César !...

    Les éditions Robert Laffont viennent de publier dans la collection Bouquins un volume des œuvres complètes de Jules César intitulé Tout César - Discours, traités, correspondances et commentaires.

     

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    " Ce volume rassemble, intégralement traduits pour la première fois et présentés en édition bilingue, tous les écrits de Jules César : les Commentaires, mais aussi les extraits des discours, des traités et de la correspondance conservés par les Anciens.
    Il offre une lecture complète de son oeuvre, qui permet de mieux comprendre à quel point César a été un protagoniste majeur de l’histoire romaine dans son exercice du pouvoir, fondé sur l’idée d’une magistrature suprême au sommet de l’État, et son action réformatrice dans tous les domaines de la vie publique. Il éclaire aussi son influence décisive sur la vie culturelle de son temps, à laquelle il a fourni des apports tout aussi originaux que trop souvent ignorés. Soucieux de préserver le rayonnement de la langue et du patrimoine latins, César fit de Rome un grand centre intellectuel, mû par l’ambition d’ouvrir la connaissance au plus grand nombre et non de la réserver à une seule élite.
    Enfin, loin de se réduire à une simple reconstitution des dernières décennies de la République romaine, cet ouvrage met en valeur la dimension littéraire de César. L’ensemble de ses lettres, les citations qui subsistent de ses discours, et la somme tout aussi riche des fragments de ses traités, révèlent les spécificités de l’éloquence césarienne. Un modèle du genre par sa rigueur et sa sobriété, qui font toute son excellence stylistique. "

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  • Coronavirus, confinement, complotisme, Raoult…: les mots du mal...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Lours, cueilli sur Polémia et consacré aux mots ou expressions qui se sont répandus aussi vite que le virus...

     

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    Covid-19. Confinement, complotisme, Raoult… Les mots du mal

    Les mots incarnent les idées. Sans mot l’idée est informe, vaporeuse comme l’univers l’était avant sa création. Quand le mot apparaît, l’idée devient palpable, utilisable, transmissible. Le mot permettra à l’idée d’évoluer, de se transformer, de se préciser, de s’enrichir, ou, s’il n’est pas passé dans le langage des hommes, de disparaître.

    Pendant cette crise de gestion d’une pandémie, pendant ces longs mois où nombre de politiciens ont fait preuve d’incompétence ou de clairvoyance courageuse, les mots qu’ils ont employés, les mots qu’ils ont propagés par le truchement souvent docile des journalistes, les mots qui ont été adoptés par la multitude, tous ces mots ont été les reflets du mal-être, du mal de vivre cette épreuve. Ils illustrent les sociétés humaines qui marchent tant bien que mal à l’image des individus très imparfaits qui les composent.

    Florilège de quelques mots emblématiques qui ont parsemé ces premiers mois de 2020 et qui en disent long sur l’état de la France.

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    Au commencement était le CORONAVIRUS. Une appellation solennelle inspirée de la forme en couronne du susdit virus. Puis vint le COVID-19, nom de la maladie. Un nom de baptême international composé des deux premières lettres de COrona et de VIrus, du D de disease (maladie), le tout flanqué de 19, pour 2019. Somme toute, un nom fleurant bon la compétence scientifique et suggérant aussi un mystère inquiétant. Mais surtout n’évoquant en aucun cas la source de la pandémie, c’est-à-dire la Chine. Et pour cause, il n’est pas possible pour les pays occidentaux de désigner le responsable asiatique compte tenu de leur dépendance économique avec ce pays régi par le capitalisme d’État et dirigé par un parti communiste, alliant comme dans un rêve d’oligarque, l’efficacité industrieuse avec le totalitarisme politique. Un paradis sur terre pour une armada d’Occidentaux ayant flairé l’eldorado de leurs ambitions économiques et financières.

    On soulignera bien un moment que le LABORATOIRE soupçonné d’être à l’origine du virus a été installé par la France et plus particulièrement par M. Lévy, mari de l’ancien ministre de la Santé Agnès Buzyn, mais très vite on expliquera que le temps n’est pas aux accusations, notre dépendance vis-à-vis de la Chine expliquant cette retenue diplomatique.

    Vade retro, CONSPIRATIONNISTE ! Hors de notre vue, professeur Montagnier, ancien et même « très vieux » Prix Nobel (comprenez qu’il n’a plus toute sa tête !), qui a l’audace d’affirmer du haut de ses compétences virologiques que le CORONAVIRUS a été fabriqué par un laboratoire chinois, vraisemblablement au cours de l’élaboration d’un vaccin contre le sida, qui aurait mal tourné ! Conspirationniste, quel mot efficace pour clouer le bec d’un adversaire qui dérange, qui cherche à faire la lumière sur un sujet caché ou qui avance des hypothèses fâcheuses. Un conspirationniste, une sorte de maniaque paranoïaque voyant le mal partout, devinant le diable fait homme derrière des intentions mégalomanes imaginaires. Une sorte de fada, comme on dit à Marseille, un fou digne des hôpitaux psychiatriques des paradis communistes, un empêcheur de faire de l’argent en « rond » par la grâce des traitements et du vaccin à venir.

    Le professeur RAOULT sera l’incarnation de ce fada dangereux qui soigne des malades avec des vieux médicaments pas chers et met ainsi en péril la multiplication de bénéfices juteux engendrés par un virus mutant, façon dollars. Ainsi, par exemple, le 14 mars sur BFM, le professeur Raoult est qualifié de « provocateur » alors qu’il venait juste de faire état d’un rapport statistique circonstancié espagnol mettant en cause l’efficacité du confinement.

    Face à cette image du « savant de Marseille » propagée à l’envi par les médias, une armée de spécialistes, de CONSULTANTS ne consultant plus très souvent pour bon nombre d’entre eux, de belles âmes bavardes viendront contester au nom de la déontologie de la recherche et de la rigueur scientifique le devoir de soigner les malades. Priorité à l’expérimentation des traitements comparant un groupe placebo (donc pas soigné) avec un groupe ingérant des molécules à tester. Les morts auront la chance d’être utiles à la statistique scientifique et aux laboratoires pharmaceutiques. Des hypocrites contre Hippocrate… ou plutôt des criminels ?

    Et pour accréditer le sérieux, la raison, la responsabilité, la compétence des gouvernants, deux COMITÉS SCIENTIFIQUES flanqueront les quatre responsables de la politique sanitaire c’est-à-dire le président de la République, le Premier ministre, le ministre de la Santé et son directeur général. Deux comités derrière lesquels les politiques tenteront de se protéger et de dissimuler leur imprévision et leur mauvaise gestion des masques, des tests, des moyens de réanimation et les décisions qui en découlent. Un discours en forme de mascarade morbide instillant tous les soirs un brouillard statistique d’angoisses et de peurs pour légitimer un état d’urgence sanitaire, pour sidérer toutes colères, museler toutes accusations, conforter une dictature (provisoire ?) justifiée par la volonté de sauver les Français… après les avoir mis en danger ! Bienvenue au pompier pyromane !

    Un sauveur qui nous CONFINE. Restez chez vous, ne venez pas à l’hôpital pour vous faire soigner, sauf en cas d’extrême urgence, voire désespéré. Attendez, ça va passer ! Et puis, être confiné, c’est tout de même plus chic que d’être mis en quarantaine ! Un État qui vous confine, c’est presque un État qui vous protège, qui vous materne ! Merci qui ?

    Alors, du calme, tout le monde doit être HUMBLE devant une crise que personne n’a vu venir, affirme notre péremptoire président de la République, mettant ainsi en place un des futurs arguments de sa défense. Une frêle excuse que contredisent les livres blancs de la Défense depuis 15 ans et les études prévisionnelles sanitaires françaises et internationales. Que chacun se concentre sur les GESTES BARRIÈRES, l’éternuement dans le coude, le mouchoir en papier dans la poubelle, un mètre de distance avec les autres, et tout ira pour le mieux ! Honte à ceux qui se promèneraient dans une forêt ou sur une plage déserte, de dangereux délinquants que nos braves pandores héliportés traqueront faute d’avoir la permission de maintenir l’ordre républicain dans les banlieues. Ces promeneurs sont des mauvais citoyens coupables de mettre en danger la France, de créer de nouveaux CLUSTERS, foyer d’infection en français (mais c’est moins chic qu’en anglais et surtout plus parlant), une bande de délinquants anarchistes qui ne respectent pas la bénéfique DISTANCIATION SOCIALE, litote commode pour mettre à l’isolement physique les Français. Des mauvaises langues diraient qu’il n’y a rien de plus confortable pour un gouvernement que de diviser pour régner.

    Quant aux MASQUES, venus de Chine ou des ateliers improvisés français, ils seront disponibles au fur et à mesure de l’évolution des opinions des scientocrates sur leur nécessaire utilisation ! Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ! D’inutiles, ils deviendront souhaitables, puis obligatoires dans les transports… Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas, comme disait Marianne la girouette ! D’ailleurs, dans une interview sur BFM diffusée le 18 mai, le président Macron déclare qu’« il y a eu une doctrine restrictive pour ne pas être en rupture ». Ce qui veut dire qu’ils ont adapté la doctrine d’utilisation des masques en fonction de leur capacité à en distribuer aux Français. Faute que tout le monde soit protégé derrière son masque, ils ont confiné la France. Bilan, des milliers de morts évitables, une économie et des finances plombées et un déconfinement risqué compte tenu de l’impossibilité de généraliser le port du masque, pénurie oblige.

    Enfin, les TESTS, là aussi, seront autorisés et utilisés progressivement quand ils seront disponibles (cinq mois après le début de la pandémie, on en manque encore…) et quand les « écouvillons à nez » remplaceront judicieusement les « écouvillons à gorge » malencontreusement livrés ! Les écouvillons, c’est couillon.

    J’oubliais de vous parler des prestations théâtrales de notre PRÉSIDENT. La mise en scène a été changeante, s’adaptant aux circonstances : du discours solennel d’un chef de guerre en campagne (pas électorale évidemment !) au bain de foule non distancié et sans masque en Seine-Saint-Denis ou à Mulhouse (là, il y aura bien un masque mais ce sera celui d’une musulmane s’adressant voilée au chef de l’État et commettant ainsi une infraction caractérisée mais absoute sur-le-champ par le fait du prince !). Plus tard, face aux militaires du service de santé, le président aura le masque, et encore après, il sera en bras de chemise pour communier avec des artistes, le visage, les cheveux et les idées vivifiés par le vent de la culture comme dans un happening auvergnat au festival de théâtre de rue d’Aurillac, qui, conséquence positive du virus, est annulé cette année !                                                                                                                                Et pendant ce temps, Édouard arborera tant bien que mal sa maintenant légendaire barbe mi-neige mi-printemps qui nous fait quand même regretter celle bellement fleurie de Charlemagne.

    Et, pour finir en apothéose, d’un Charles à l’autre, on ne peut passer sous silence la vaine tentative d’adoubement post mortem du président Macron par le grand Charles au pied de la monumentale croix de Lorraine : l’espoir fou et pathétique fait vivre, surtout en temps d’épidémie.

    ***

    Cette incomplète promenade sémantique dans la langue du Coronavirus ne doit pas faire oublier que c’est parce que notre société est un grand corps malade depuis plusieurs décennies que ce virus est dangereux. Cette crise n’est pas celle du Covid-19 mais celle d’une civilisation. Elle est révélatrice de notre affaiblissement économique, social, politique, moral, spirituel, artistique…

    Nous ne sommes pas en guerre car nous n’en avons pas la force. Le confinement a été l’équivalent de la ligne Maginot lors de la débâcle de 1940, un retranchement obligé pour essayer de se sauvegarder, de laisser passer l’orage.

    Cette pandémie est l’élément déclencheur d’un événement destructeur et dramatique, fruit d’une gouvernance de cigale irresponsable et ruineuse commencée dans les caprices de Mai 68 et dangereusement poursuivie par des démagogues drapés dans une respectabilité technocratique d’apparence démocratique.

    À quand la relève ?

    Pierre Lours (Polémia, 24 mai 2020)

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  • Le livre du sang...

    Les éditions Le Retour aux Sources viennent de publier un roman de Michel Bugnon-Mordant intitulé Le livre du sang - Sven et l'ancien testament. Docteur ès lettres, professeur émérite de langue et littérature anglaises, Michel Bugnon-Mordant est l’auteur d’ouvrages de géopolitiques, comme L'Amérique totalitaire (Favre, 2000) qui avait été préfacé par le journaliste américain Pierre Salinger, et d’un roman historique Le secret du Céladon (Picquier, 2008).

     

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    " Au second siècle de notre ère, Marcion de Sinope, inspiré par saint Paul, affirmait l’incompatibilité du dieu d’Israël et de celui du Christ. Il élabora le premier canon chrétien, dont il exclut la Bible hébraïque. C’est lui qui donna au mot grec évangélion le sens qu’on lui connaît. Sa doctrine « a envahi la terre entière », se plaignait vers 210 Tertullien de Carthage, inventeur de la Trinité. Au quatrième siècle, combattue par l’orthodoxie triomphante sous tutelle impériale, l’église marcionite fut reléguée dans l’hérésie et se fondit dans d’autres courants influencés par le dualisme perse, tous rejetant l’autorité de l’Ancien Testament.

    Imagine-t-on ce que serait le christianisme si l’église de Marcion n’avait pas succombé à ses ennemis, mais au contraire eu gain de cause ? Nous sommes aujourd’hui tellement habitués à considérer que l’Ancien et le Nouveau Testament forment une seule et même Bible, que nous avons bien du mal à concevoir la résistance que cette idée a suscité jusqu’à la fin du Moyen Âge - résistance toujours réprimée avec une violence digne de Yahvé. "

     

     

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  • Le traçage, un pas de plus vers le totalitarisme numérique ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Patrice Franceschi à Figaro Vox et consacré au traçage numérique que le gouvernement souhaite mettre en place sous prétexte de lutte contre l'épidémie de Coronavirus. Écrivain et aventurier engagé, Patrice Franceschi a publié de nombreux récits et témoignages et quelques essais, dont dernièrement Éthique du samouraï moderne (Grasset, 2019).

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    Patrice Franceschi: «Le traçage est un pas de plus vers le totalitarisme numérique»

    FIGAROVOX.- Dans votre tract, Bonjour Monsieur Orwell, paru chez Gallimard, vous vous insurgez contre l’application StopCovid et plus largement contre le contrôle numérique de masse à l’heure du Covid. Mais nous confions déjà un nombre incalculable d’informations autrement plus intimes aux Gafa, sans aucun des garde-fous proposés par le gouvernement. Dès lors, votre combat n’est-il pas un peu paradoxal? Le danger ne vient-il pas beaucoup plus des Gafa que des États? En outre, après le confinement et à l’heure du déconfinement partiel, ce type d’outil peut aussi être un bon instrument pour retrouver certaines de nos libertés, à commencer par celle d’aller et venir …

    Patrice FRANCESCHI.- Pour commencer, je ne suis pas le seul à m’insurger contre la volonté gouvernementale de traçage numérique des Français. De plus en plus de citoyens sentent que si l’emploie de cette application est votée le 27 mai au parlement, nous entrerons dans une zone dangereuse pour nos libertés futures. La problématique soulevée par la pandémie va bien au-delà de sa dimension sanitaire. De quoi s’agit-il si l’on veut bien regarder cette affaire autrement que par le petit bout de la lorgnette? Dans la mesure où l’État, en nous confinant d’autorité, nous a privé pendant deux mois de nos libertés fondamentales, tout ce qui est rattaché à ce virus pose la question du sens et de la valeur de l’existence. Pourquoi vivre si l’on n’est pas d’abord libre? Telle est la question fondamentale que pose le projet gouvernemental.

    Le danger qui nous menace avec cette application, sous des apparences incroyablement anodines, est celui d’une intrusion de l’État dans nos vies privées et notre intimité, ce qui revient à une nouvelle réduction de nos libertés individuelles et collectives du fait de cette surveillance. Tout cela au prétexte d’un peu plus de sécurité. Ce projet de loi a quelque chose de très particulier et d’absolument nouveau qui risque de nous faire basculer dans un monde qui, à moyen terme, sera celui du totalitarisme numérique dont la réalité ne peut échapper qu’aux étourdis. Voilà l’enjeu: c’est la première fois dans l’histoire de notre démocratie que nous sommes face à un tel défi. Mais, bien entendu, cela ne nous est pas présenté ainsi et l’on joue sur deux de nos culpabilités supposées pour nous faire accepter l’inacceptable: n’être pas assez «modernes» et ne pas vouloir tout faire pour sauver nos semblables. On veut même nous faire croire des choses pourtant invalidées par les faits, comme l’anonymisation des données collectées ou leur caractère «agrégé». Quant au volontariat sur lequel il serait basé, qui ne voit pas les effets pervers qu’il engendrerait? Je rappelle qu’il y a trois semaines, 472 experts en cryptologie et sécurité informatique issus des plus prestigieux instituts scientifiques français, ont publié une mise en garde publique qui dit textuellement ceci: «Toutes ces applications induisent en fait des risques très importants quant au respect de la vie privée et des libertés individuelles. L’un d’entre eux est la surveillance de masse par des acteurs privés ou publics… Les risques d’atteinte à la vie privée liés aux technologies Bluetooth sont reconnus depuis bien avant la crise sanitaire.»

    Pour nous faire accepter l’entrée dans ce nouveau monde, on ne cherche pas seulement à nous anesthésier par des propos lénifiants. On joue depuis le début sur la sacralisation de la santé et sur la peur qui caractérise l’esprit de notre temps. La peur s’est révélée être aussi un virus dont la propagation a été fulgurante dès lors qu’on nous a affirmé que nous étions en guerre - mais la guerre, c’est véritablement «autre chose», notamment parce qu’elle tue majoritairement des hommes dans la fleur de l’âge et non majoritairement des personnes âgées comme avec le Covid-19. C’est à cause de la peur que nous nous sommes tous retrouvés en résidence surveillée, hypothéquant l’avenir de notre jeunesse par l’effondrement économique résultant de cette panique, injustifiée au regard des faits. Des pays européens comme la Suède s’y sont refusés, montrant qu’il y avait d’autres choix.

    En ce qui concerne les GAFA et leurs dangers pour les libertés, vous avez parfaitement raison. Il est tout à fait exact que nous sommes entrés depuis longtemps dans une époque de surveillance généralisée permise par l’extension sans fin des nouvelles technologies et le piétinement des progrès de l’humanisme. Nous vivons sous algorithme et ce n’est pas une bonne nouvelle pour notre vie intérieure, lieu premier de notre liberté. N’est-ce pas une raison supplémentaire pour avoir la sagesse de refuser d’aller plus loin? Mais il est vrai que l’effet d’accoutumance joue à plein et que la résignation est proche, même quand nous comprenons que le projet de loi StopCovid franchit une étape cruciale puisqu’il ne provient pas d’un géant privé des Gafa, mais de l’État lui-même, ce qui est très différent. Une digue serait rompue si ce projet de loi était voté et nous ne pourrions plus revenir en arrière. Il ne s’agit pas d’un fantasme. Toute l’histoire des sciences montre qu’une invention, lorsqu’elle est efficace, ne cesse de s’étendre. Il y a un effet de cliquet constant. En matière de contrôle, il n’est pas de retour dans le passé quand celui-ci est le fait d’un progrès technologique. La surveillance numérique serait si efficace que les pouvoirs publics y reviendraient à la première occasion car il y aura toujours un «virus» quelconque pour nous menacer. Il portera même toutes sortes de noms - à commencer par celui de terrorisme - permettant de justifier la poursuite du contrôle des citoyens, jusqu’à ce que ce contrôle devienne la norme.

    Vous me demandez enfin si ce type d’outil peut quand même être un bon instrument pour retrouver certaines de nos libertés, à commencer par celle d’aller et venir. Oui, sans doute au départ. Mais, honnêtement, ce ne serait que reculer pour mieux sauter. Une illusion de plus, en quelque sorte. Car aller et venir en étant constamment surveillés est-ce réellement aller et venir?

    Vous vous érigez en défenseur inconditionnel de la liberté. Mais la première des libertés n’est-elle pas la sécurité?

    Pour commencer, je ne suis heureusement pas le seul à «m’ériger en défenseur inconditionnel de la liberté» Nous sommes nombreux à ne pas vouloir «aller à Munich» et c’est heureux. Regardez les débats autour de nous actuellement. C’est rassurant. En second lieu, l’argument que la première des libertés est la sécurité est un argument contradictoire dans les termes. Car que vaut l’idée de vivre en sécurité si l’on est dépourvu de liberté? Voyons les choses de plus près: la recherche de sécurité a toujours été l’une des quêtes essentielles de l’humanité. Cependant, elle n’avait encore jamais autant pris le pas sur tout le reste. L’une des équations de la vie nous enseigne pourtant qu’il existe un rapport constant entre sécurité et liberté - un rapport en forme de vase communiquant: augmenter l’une, c’est diminuer l’autre dans la même proportion. Longtemps, nous avons su doser intelligemment ce rapport pour nous assurer une vie à peu près sure et à peu près libre, dans un monde imparfait, fugace et volatil. Depuis peu, nous avons rompu cette sorte de pacte pour faire de la sécurité le nouvel étalon de nos sociétés, et de la liberté un accessoire optionnel. A mes yeux, cela ne permets pas de constituer de véritables communautés humaines. Nous devons reprendre l’ascendant sur notre destin. C’est pour cette raison que le texte «Bonjour monsieur Orwell - en libre accès de lecture sur le site Gallimard - s’adresse à tous les Français qui veulent demeurer des citoyens libres et refusent d’être ravalés au rang de simples consommateurs que les puissants mènent à leur gré comme des troupeaux craintifs. Il concerne tous ceux qui ne placent rien au-dessus de la liberté et considèrent que c’est cette valeur supérieure qui donne sens à toutes les autres. Et qu’ainsi, elle ne supporte aucune aliénation. On ne peut pas être libre à moitié ou au trois-quart. On l’est ou on ne l’est pas.

    Toute société doit-elle accepter une part de risque?

    Il faut d’abord rappeler que le risque est consubstantiel à la vie - et que nous naissons pour mourir. Le risque - et particulièrement celui de mourir - appartient à notre humble condition. Pénétrées de cela, toutes les sociétés, jusqu’à il y a peu, admiraient les hommes capables de prendre les risques nécessaires à l’accomplissement de grandes choses. Il fallait en passer par là pour progresser, inventer, découvrir et conquérir. Tout cela est terminé - surtout en Occident où nous vivons une époque définitivement post-héroïque. Raison pour laquelle on ne cesse de théoriser depuis trente ans la fin du courage. Le risque a ainsi changé de statut. Devenu répréhensible et condamnable, il est ce qu’il faut éviter à tout prix, quelles que soient les circonstances et les raisons. Le temps présent des sociétés contemporaine nous enjoint donc de tout faire pour vivre sans risque - ce qui, fondamentalement, est absurde. Dans le domaine militaire, ce rejet a conduit au concept de «guerre zéro mort» dont on constate aujourd’hui l’impossibilité manifeste - sauf à accepter de perdre toutes les guerres, ce qui est en train de nous arriver. En la matière, si j’étais cruel, je pousserais le raisonnement encore plus loin, jusque dans ses derniers retranchements, en demandant: l’existence d’une armée digne de ce nom sera-t-elle encore possible dans l’avenir si le soldat occidental de demain, abandonnant le vieux consentement à donner la mort comme à la recevoir, place sa sécurité au-dessus de sa mission par refus du risque tel qu’on le lui a inculqué dans sa société?

    Durant cette crise du coronavirus a-t-on assisté à une dérive du principe de précaution?

    Disons qu’il s’est révélé au grand jour... Mais le mal était déjà profond. Et il vient de loin. Bien des idées honorables au départ sont détournées de leur fonction initiale par leur simple application pratique. De manière générale, le dévoiement est la règle. Mais autre chose se rajoute au principe de précaution pour le renforcer: notre perception de la mort. Celle-ci est véritablement devenue le tabou des tabous. La mort ne nous est plus familière, c’est un fait. L’effroi qu’elle inspire nous pousse à accepter sans peine ce que nous aurions jadis refusé sans crainte. Soixante-dix ans de paix et de prospérité nous ont éloignés, nous autres Occidentaux, du tragique de la vie et de sa finitude - les réservant aux autres peuples dont nous contemplons de loin les épreuves incessantes. Il ne s’agit pas, bien sûr, de remettre en cause les progrès inestimables apportés par la paix, ce serait pour le moins saugrenu, mais de constater qu’ils ont aussi fait de la mort ce tabou des tabous dont j’ai parlé plus haut, et que cela a des conséquences sur le prix que nous sommes prêts à payer pour demeurer libre.

    D’une certaine manière, nous devons nous rappeler que l’on se sait rien si l’on ne sait pas que la vie est tragique. Nous devons repenser ce tragique de la mort comme nos anciens, ceux de la philosophie grecque et latine pour qui «la mort n’était pas à craindre.» Ainsi, la seule chose dont nous devons avoir peur est de ne rien faire de valable du peu de temps que la vie nous concède avant cette mort annoncée. Et que faire de valable si l’on ne vit pas en liberté? Nous devons accepter notre finitude et en faire quelque chose de positif. L’esclavage et la servitude volontaire naissent avec la peur de la mort, c’est ainsi. Il ne faudrait pas que nous ayons un jour à demander, comme Bernanos: la liberté, pour quoi faire?

    Au-delà de la crise du coronavirus, diriez-vous que notre monde est plus orwellien que jamais? Pourquoi cette référence à l’écrivain britannique?

    Le fait qu’Orwell soit un écrivain britannique est indifférent. Ce qui importe c’est ce qu’il a écrit et le monde futur qu’il a décrit. De ce point de vue, les faits qui nous entourent sont là pour dire crûment qu’il avait raison. Ceux d’entre nous qui veulent demeurer lucide - première vertu de l’homme libre, pensant et agissant par lui-même - s’en rendent compte chaque jour. Le pire serait d’être dans le déni alors que tout se passe sous nos yeux avec évidence. Le totalitarisme numérique à venir, si nous le laissons pénétrer dans nos vies, est orwellien en ce sens qu’il prendra toujours pour prétexte le bien commun pour se justifier et s’imposer. C’est sa caractéristique centrale. Pour lui, la société est comme une vaste termitière où il peut considérer les termites heureux puisque qu’il les infantilise et les déresponsabilise. Ce type de totalitarisme qui transforme l’homme en animal domestique, rappelle également Huxley et son «Meilleur des mondes». C’est le chemin que suit la Chine, par exemple. Elle est en train de devenir, avec la mise en œuvre de son projet de «Société apaisée», un gigantesque camp de rééducation - dont les musulmans Ouïgours sont les premières victimes de masse à l’heure où nous parlons. Nous devons refuser de faire un seul pas dans cette direction où l’on ne pourra bientôt plus nous appeler «citoyens». Par conséquent, ce n’est pas parce que le projet de traçage numérique de nos vies est difficilement attaquable sur le fond puisque conçu pour notre bien, que nous devons l’accepter. Le maintien des libertés publiques doit se faire de manière inflexible, au détriment, si nécessaire, d’un surcroît d’efficacité sanitaire. La liberté, parfois, coûte cher - et la vie des hommes libres n’est pas une cour de récréation.

    Pour conclure, je formule un vœux. Celui que les hommes et les femmes qui partagent mon refus de nous diriger vers une société aux relents totalitaristes, envoient sans attendre un mail à leur député pour lui demander de voter contre StopCovid le 27 mai. Il reste peu de temps. Mais plus nous serons nombreux à agir moins ce projet de loi liberticide aura de chance de passer au parlement. Pourquoi vivre si l’on n’est pas d’abord libre, telle est, encore une fois, la question face au projet gouvernemental.

    Comme toujours, notre destin est entre nos propres mains.

    Patrice Franceschi, propos recueillis par Alexandre Devecchio (Figaro Vox, 22 mai 2020)

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  • Un guerrier nommé Julian Tannhäuser...

    Édité chez Amazon, Victor d'Usclat vient de publier les deux premiers tomes de sa série Tann, intitulés Thanatos et Dans la nasse, qui mettent en scène un guerrier libre décidé à s'attaquer à sa manière au terrorisme islamique en France. L'auteur, dans un entretien donné au magazine Réfléchir & Agir, se définit comme un mâle blanc de plus de cinquante ans, bourlingueur et lucide sur les réalités de ce monde. A découvrir !

     

     

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    " Après avoir travaillé pour une société de sécurité privée dans les zones de conflit en Asie et au Moyen-Orient, et suite à une mauvaise expérience qui le grille dans la profession, Julian Tannhaüser regagne la France. Ne pouvant se résoudre à vivre une vie normale, il découvre par ailleurs la réalité des attentats terroristes. Bientôt, il devient Thanatos, l’ange exterminateur, exécuteur de djihadistes. Mais aussi ennemi numéro un pour la République légaliste... sauf quand elle se sert de lui, parfois à ses dépens. De Paris, à Toulouse, en passant par les Cévennes, la lutte sera acharnée. "

     

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    " Julian Tannhäuser est plus que jamais décidé à éradiquer le danger du terrorisme islamique qui plane sur la France. Mais la situation n'est pas si simple. Ses options ne se résument pas à abattre des djihadistes. Il devra se méfier des nombreux pièges qui lui sont tendus. Il est plus que jamais l'homme à abattre, le chasseur chassé.Dans son combat, il sera assisté par des alliés insoupçonnés. Tandis que d'autres qu'il pensait acquis à sa cause vont tenter de le faire plonger. "

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  • Déconfinement, délinquance, banlieue : le coup d'oeil de Xavier Raufer...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Xavier Raufer à Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque les suites du confinements en matière de délinquance et d'ordre public.

    Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et, tout récemment, Le crime mondialisé (Cerf, 2019).

     

     

                                           

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