Depuis le début de la propagation du coronavirus, les membres du gouvernement multiplient dans une certaine cacophonie les déclarations et les mesures visant à endiguer la pandémie. Il nous a paru utile de rapprocher certaines d’entre elles. C’est surtout dans les réseaux sociaux que nous avons trouvé de l’impertinence et de l’esprit critique vis-à-vis de la gestion de la crise, que nous vous laissons le soin de qualifier. Situation au 16 mars 2020.
Un risque de propagation « très faible »
À partir du 22 janvier 2020, l’épidémie du coronavirus commence à se développer en Chine et connait un pic le 7 février. L’épidémie se propage rapidement en Europe.
Le rédacteur en chef de L’Incorrect nous rappelle le 14 mars les propos tenus le 24 janvier par la Ministre de la santé, Agnès Buzyn : « Le risque d’importation depuis Wuhan est quasi nul. Le risque de propagation du Coronavirus dans la population est très faible ». Heureusement, la radio d’État France Info est là pour prendre la défense de la Ministre le 9 mars : « C’est vrai, mais le contexte de l’époque est bien différent ». Le 16 février, alors que la contamination se propage en France, la Ministre de la santé annonce sa démission, pour se présenter aux élections municipales à Paris.
Des masques envoyés en Chine
Le 19 février, le ministère de l’Europe et des affaires étrangères annonce dans un communiqué de presse largement médiatisé l’envoi de 17 tonnes de fret médical en solidarité avec la Chine à destination des structures hospitalières de Wuhan et de la province du Hubei : combinaisons, masques, gants, etc.
Dès la mi-février, la pénurie de masques en France, en particulier pour les professionnels de santé (FFP2), est manifeste. Ils s’en inquiètent selon Sciences et avenir le 7 mars.
Le 4 mars, des médecins généralistes annoncent qu’ils vont attaquer l’État devant le tribunal administratif de Paris pour obtenir des masques selon Egora.fr, un site d’informations médicales.
Le même jour, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndaye déclare en direct de l’Élysée : « Cela me semble peu probable que la France atteigne jamais le stade 3 ».
Le 14 mars, les autorités sanitaires françaises annoncent que le pays passe en stade 3.
Le 5 mars, l’émission sur France 2 Envoyé spécial consacre un reportage à l’épidémie de coronavirus, en particulier à Creil, où est morte en France la première personne en raison de cette maladie. On y apprend que ce sont des militaires de la base militaire de Creil qui ont participé au rapatriement de français basés à Wuhan, en Chine.
Surtout ne pas renoncer aux terrasses, aux salles de concert et aux fêtes de soir
Le 11 mars, le Président de la République s’exprime sur Twitter :
« Nous ne renoncerons à rien. Surtout pas à rire, à chanter, à penser, à aimer. Surtout pas aux terrasses, aux salles de concert, aux fêtes de soir d’été. Surtout pas à la liberté. Surtout pas à notre esprit de résistance qui fait la République si grande, la France si forte ».
Le 14 mars, le Premier ministre annonce la fermeture à compter du 15 mars de nombreux lieux publics : restaurants, bars, cinéma, discothèques, etc.
Il estime qu’ « il n'y a à ce jour pas suffisamment de prise de conscience par les Françaises et les Français de l'importance de leur rôle face au virus. C'est urgent, c'est maintenant qu'il faut changer de comportement ».
Les frontières « ne servent à rien »
France 24 rappelle le 14 mars que le Président de la République n’a - au cours de son allocution télévisée du 12 mars - pas annoncé la fermeture des frontières nationales. La chaine mentionne la défense de cette décision par le ministre de la santé : « Un virus n’a pas de frontières. Il circule en Italie, en Espagne, en Allemagne mais aussi dans des pays qui ont déjà des frontières, comme la Suisse. (…). Scientifiquement cela n’a pas d’ intérêt ».
Alors que les frontières de la France avec ses voisins européens ne sont toujours pas contrôlées au 15 mars, on apprend par plusieurs médias dont Libération que de nombreux pays ont déjà annoncé un strict contrôle de leurs frontières nationales : Pologne, Autriche, Italie, Danemark, Russie, Pologne, Norvège, Lituanie, Slovénie, etc.
Les écoles restent ouvertes ou fermées ?
Dans la journée du 12 mars, le Ministre de l’Éducation exclut sur BFMTV la fermeture totale des écoles, qui ne serait pas une stratégie adaptée et préconise la fermeture dans des zones « ciblées ».
Le 12 mars, à 20 heures, lors d’une allocation télévisée, le Président de la République annonce la fermeture pour une durée illimitée de toutes les écoles, crèches et universités.
Le 10 mars, plusieurs médecins généralistes annoncent qu’il ont décidé de porter plainte contre l’État, nous apprend France info. Deux d’entre eux dénoncent sur France 3 le manque de moyens financiers et humains et estiment que l’épidémie est prise à la légère.
Alors que le journal Les Échos tente le 14 mars de dresser la liste des pays où les français ne peuvent plus ou difficilement voyager, l’animateur et créateur du site Les Crises, revient le 12 mars sur la chaine RT France sur les mesures, « dramatiquement insuffisantes » prises par la France (…). La France est le pire élève de la planète ».
D’ici à ce que le Président de la République accuse une nouvelle fois des organes de presse étrangers de répandre des « contre-vérités infamantes » comme en 2017… il n’y a qu’un pas que nous n’osons franchir.
Observatoire du journalisme (OJIM, 16 mars 2020)