"2013
- La pénurie d’eau potable affecte gravement une grande partie de l’humanité.
2023
- Bruxelles, au nom des droits de l’homme, adopte une directive prévoyant que tout exécutif national ou local doit accueillir un tiers au moins de musulmans.
- La république islamique d’Anatolie donne à tous les non-musulmans un délai de cinq jours pour quitter son territoire sous peine de mort.
2024
- Début des guerres du Réveil en Europe.
2027
- Victoire des milices occidentales.
Serait-ce là le scénario du prochain livre de Guillaume Faye ?
Non… Mais c’est, en revanche la toile de fond « historique» , et fort politiquement incorrecte, de Forteresse, un remarquable polar d’anticipation publié chez Robert Laffont dans la prestigieuse collection de SF Ailleurs & Demain.
L’auteur, Georges Panchard, un Suisse, se montre l’égal des maîtres anglo-saxons du genre du point de vue de la technique de narration, tout en les dépassant sur le plan de la subtilité et de l’art du contre-pied…
L’intrigue se déroule dans les années 2030, période qui voit les états être concurrencés par des firmes surpuissantes et des organisations maffieuses, qui disposent, les unes commes les autres, de véritables petites armées privées. Le responsable de la sécurité de la multinationale Haviland Corporation, l’une des plus grosses firmes de la planète, spécialisée dans la dépollution de l’eau, doit déjouer un complot fomenté par l’Union des Etats bibliques américains qui vise à abattre son président dans sa forteresse-sanctuaire d’Andalousie…
On retrouve là les ingrédients classiques de ce type de littérature. Mais le récit prend toute sa force dans la capacité de l’auteur à le situer dans un contexte géopolitique et historique cohérent.
Les guerres du Réveil, qui ont opposé les allogènes musulmans aux européens de souche et qui ont vu la victoire de ces derniers, hantent encore certains personnages, quand bien même l’intrigue se déroule plus de dix ans après leur fin.
« La haine. Ces politiciens jouissant dans leur froc en parlant d’éthique, ces médias à la con et leurs leçons de morale, ces organisations diabolisant la moindre velléité de défense. Tout cet amalgame d’acteurs conscients ou non, œuvrant à convaincre les citoyens occidentaux que toute résistance aux immigrés, à leurs coutumes, leurs désirs et leurs lois, reviendrait à commettre l’abominable péché de racisme…
Et pendant ce temps, ils affluaient.
Oh, ce n’étaient pas des hordes de Barbares au cimeterre entre les dents qui se pressaient aux frontières. Tout juste des gens et des familles réduits à la misère par l’échec permanent de leur société. On aurait pu leur trouver une place.
À condition de mettre des limites, en termes de nombre et de comportement. Défendre sans faiblir la laïcité, la liberté sur lesquelles reposaient les démocraties occidentales. Mais c’était trop attendre des politiciens.
Que voyaient-ils, ces musulmans venus tenter leur chance dans cette autre société, et dont la grande majorité sans doute aurait voulu s’appuyer sur ses structures ? Qu’à chacune de leurs revendications, les pouvoirs publics se couchaient sous prétexte d’ouverture; qu’à chaque outrance, des organisations privées les soutenaient au nom de l’éthique; que chaque fois qu’ils élevaient la voix, les Occidentaux capitulaient sur l’autel de l’antiracisme.
Et il aurait fallu qu’ils la respectent, cette civilisation qui n’en finissait pas de tendre l’autre joue, quand ce n’était pas sa croupe ?
Cela avait duré bien des années: les uns beuglant qu’Allah était grand, les autres chevrotant que les droits de l’homme étaient jolis.
Jusqu’à la révolte des peuples autochtones. Les guerres civiles européennes.»
Et leur détestation des coupables, celle des « directeurs de conscience européens, politiciens, journalistes, penseurs stipendiés qui, à force de répéter à leurs peuples que les droits de l’homme consistaient à se laisser coloniser, que se défendre contre un agresseur étranger relevait du racisme, avaient transformé les autochtones en victimes passives et les immigrés en troupes d’occupation» reste intacte.
Ce jeu des souvenirs n’est pas sans éveiller des échos dans l’esprit du lecteur. Le passé des personnages ressemble a s’y méprendre à notre présent ! Ainsi, lorsque Georges Panchard évoque l’idéologie qui a conduit la guerre, la Correction politique, il est bien difficile de ne pas songer à notre actualité…
« Rétrospectivement, il semble difficile de comprendre comment un courant de pensée aussi furieusement imbécile et suicidaire que la Correction politique a pu se développer. En fait, la force de ses promoteurs fut de s’être trouvé un repoussoir dans la résurgence infiniment proclamée de l’idéologie nationale-socialiste – résurgence dont il faut rappeler qu’elle n’avait aucune réalité significative à ce moment-là.
La meilleure définition que l’on puisse donner de la Correction politique, c’est qu’elle fut le fascisme des bons sentiments. La Correction fut la concrétisation d’un puritanisme de gauche, prétendument centré sur des valeurs qu’il affirmait défendre alors qu’il ne cessait de les dévoyer, confondant allégrement éthique et censure, humanisme et candeur, progrès et régression.
En culpabilisant jusqu’à l’idée de résistance, en sapant le potentiel naturel de défense de la civilisation occidentale, la Correction a créé les conditions de la guerre, provoquant incidemment la renaissance, heureusement éphémère et ponctuelle, de l’hydre qu’elle prétendait combattre.»
Le lecteur pourra aussi apprécier la description assez narquoise d’une communauté autonome suédoise fidèle à la social-démocratie d’Olof Palme, ainsi que celle d’une Amérique tombée entre les mains des fanatiques de la Bible et peuplée d’obèses, qui se déplacent à l’aide de youpalas…
Alors, Forteresse, un manifeste politique ? Non, bien sûr !
Mais, un excellent thriller, sombre et violent, qui donne à réfléchir sur un avenir qui pourrait être le nôtre, et dont la tonalité archéo-futuriste ne peut pas nous laisser indifférent !"