Les éditions des Belles Lettres viennent de publier un essai d'Isabelle Pantin et de Sandra Provini intitulé Tolkien et la mémoire de l'Antiquité.
Professeur à l’École Normale Supérieure, Isabelle Pantin est déjà l'auteur de Tolkien et ses légendes (Editions du CNRS, 2013). Sandra Provini, professeure de littérature à l’université de Rouen s’intéresse à la réception de l’Antiquité grecque et latine à la Renaissance et dans les littératures de l’imaginaire contemporaines.

" L’œuvre de J. R. R. Tolkien est souvent vue comme fondatrice de la fantasy médiévaliste. Elle est volontiers rapprochée de l’imaginaire celtique et scandinave, et étudiée par des spécialistes de la culture anglo-saxonne médiévale.
Adoptant une autre perspective, Tolkien et la mémoire de l’Antiquité pose la question de l’empreinte de la culture grécolatine sur le monde légendaire créé par l’auteur du Seigneur des Anneaux. Cette approche est justifiée par la formation classique que Tolkien avait reçue, par son intérêt pour l’archéologie des mondes anciens et par sa connaissance de la pensée antique, notamment telle qu’elle transparaît dans les écrits des clercs médiévaux qu’il étudiait. De plus, la Terre du Milieu qu’il a créée s’étend sur un territoire analogue à celui de l’écoumène des Anciens, et certains de ses peuples rappellent d’antiques civilisations méditerranéennes. Enfin, de nombreux motifs de l’œuvre, mythologiques, dramatiques, poétiques trouvent des correspondances dans les littératures grecque et romaine.
En dressant la première synthèse sur le sujet, Isabelle Pantin et Sandra Provini mettent en lumière la façon dont la mémoire de l’Antiquité ajoute une profondeur et des résonances particulières à une œuvre qui refuse tout référent précis. Elles permettent d’enrichir la (re)lecture des œuvres de Tolkien et d’observer un bel exemple de la vie posthume du monde antique. "