Les éditions Pardès viennent de publier dans leur collection Qui suis-je ? un Georges Bernanos, signé par Thomas Renaud. Journaliste et critique littéraire, Thomas Renaud collabore à plusieurs de titres de presse.
Georges Bernanos (1888-1948): « Ceux que j'appelle ne seront évidemment pas nombreux. Ils ne changeront rien aux affaires de ce monde. Mais c'est pour eux, pour eux que je suis né. » (Les Grands Cimetières sous la lune.)
Toujours lu, Georges Bernanos n’est ni oublié ni proscrit ni censuré : sa seule pièce, Dialogues des Carmélites (posthume, 1949), est régulièrement représentée, dans la version de l’opéra de Francis Poulenc. Ses deux plus célèbres romans, Sous le soleil de Satan (1926) et le Journal d’un curé de campagne (1936), sont étudiés en classe. Ces trois œuvres ont été portées à l’écran. Il fut, sa vie durant, un homme de combat : dans les rangs des Camelots du roi, sur le front pendant la Grande Guerre, dans sa dénonciation des puissances d’argent (La Grande Peur des bien-pensants, 1931) comme dans les duels de plume contre les « imbéciles » qu’il traquait impitoyablement. Chrétien fervent dans la lignée de Péguy et de Bloy, il n’hésite pas à s’opposer à l’Église lors qu’elle condamne l’Action française ou lors qu’elle bénit les charniers franquistes (Les Grands Cimetières sous la lune, 1938). Homme de l’enracinement, il ne cessa d’errer, jusqu’à s’exiler à Majorque, au Brésil, puis en Tunisie. Ce « Qui suis-je ? » Georges Bernanos invite à une rencontre avec l’un des écrivains les plus marquants du XXe siècle, à l’œuvre diverse, complexe et paradoxale. Au soir de sa vie, Bernanos affirmait ne plus écrire pour ses contemporains, mais pour leurs arrière-petits-fils. Nous y sommes. Il faut tendre attentivement l’oreille à ce qu’il a à nous dire sur la puissance du Mal, le risque de la Liberté et le secours de la Grâce.