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Macron, président ready made...

Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il évoque, pour le quotidien italien La Verità Emmanuel Macron, le nouveau président de la République...

Auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), Richard Millet a publié l'automne dernier aux éditions Léo Scheer un roman intitulé Province.

 

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Macron, président ready made

D’une certaine façon, Macron a toujours déjà été élu. L’unanimité extatique qui l’a porté au pouvoir s’est drapée d’une prétendue contestation à gauche (le bobo trotskiste Mélanchon) et de l’habituel épouvantail d’ «extrême-droite » : Marine Le Pen, dont les hystériques défenseurs des « valeurs républicaines », prétendument menacées par la « montée du fascisme », n’admettraient pour rien au monde qu’elles trouvent en Le Pen un ardent défenseur.

Macron n’a donc pas été élu, comme on le dit, sur les ruines des partis politiques (y compris le Front national) ; il l’a été par un système qui avait besoin de faire croire à sa propre décomposition pour présenter Macron comme l’homme « providentiel », principalement parce qu’il est jeune. L’argument du « jeunisme » est en effet puissant dans un pays qui tient encore aux apparences pour cacher la fatigue de l’enchantement démocratique. La démocratie, en l’occurrence, consiste à faire croire aux gens qu’ils peuvent décider d’un destin politique qui ne serait pas entièrement soumis à l’argument économique : on aurait ainsi le choix entre plusieurs candidats, puis deux ; et si Macron n’est pas Le Pen, Le Pen et Macron représentent bien les deux faces d’un même désastre : le candidat par défaut – conséquence de la « défection » de Dominique Strauss-Kahn, en 2012, qui a porté Hollande au pouvoir, et aujourd’hui, Fillon ayant conduit la « droite » au suicide, Macron, candidat secret de l’Élysée. Ce défaut marque la fin de l’apparatchik français, clientéliste, conservateur, qui vivait de l’indifférenciation entre la droite et la gauche. De ce « renouveau », le ready made Macron est la quintessence, comme Trudeau, Merkel, Obama, Blair, etc., noms génériques de la social-démocratie mondialiste. Tous s’enchantent de l’élection d’un homme dont on peut dire qu’il a été aussi porté au pouvoir pour que l’Europe ne connaisse pas un Trump français.

Macron a donc été élu non par le peuple français (quel « peuple » ? et qui est vraiment français, dans cet imbroglio post-démocratique ?) mais par les médias officiels - détenus par une poignée de business men post-gauchistes, qui ont fait voter les lois sur l’euthanasie, le mariage homosexuel, la procréation assistée, la gestation pour autrui, bientôt la libéralisation du cannabis, les manipulations génétiques, le vote des étrangers, et tous ces dispositifs nihilistes que le Système politico-médiatique présente comme l’unique version du progrès.

Et comme nous sommes en France, ancienne nation littéraire, la farce électorale a pris une dimension théâtrale, malgré l’absence de femmes, mais avec ses traitres, la lutte entre jeunes et vieux, ses rebondissements, et le grotesque qui tient lieu de débat ; car les vraies questions ont été soigneusement évitées, notamment celle de l’immigration de masse, principalement musulmane, Le Pen modérant son discours pour ne pas trop paraître Front national, Macron pour faire un peu oublier qu’il était le candidat déclaré des musulmans.

Observons pour finir les symboles de la victoire de Macron, cet homme qui a prétendu qu’il n’y a pas de culture française tout en se disant l’ami du philosophe Paul Ricœur : la cour du Louvre, la pyramide mondialiste de Pei, Bonaparte et Beethoven, l’hymne « européen », une foule « bigarrée », parfaitement sélectionnée ethniquement par les organisateurs du spectacle ; bref, le vieux rituel du mortifère Mitterrand au service d’un homme jeune mais en fin de compte très vieux : rien de neuf, donc, sous le soleil de la République médiatique ; les Français, qui ont fait semblant de réfléchir à leur avenir, sont passés de l’insignifiant Hollande au sémillant Macron ; ils peuvent continuer de dormir de leur sommeil d’esclaves consentants.

Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 9 mai 2017)

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Commentaires

  • Jacques Attali et Macron,
    lors de la réunion du Bilderberg à Copenhague, juin 2014

    C'est là qu'Attali a présenté son jeune protégé à ceux qui comptent.
    Et c'est probablement là qu'a été concoctée la stratégie pour faire du petit jeune homme le candidat synthétique au silicone, puisque leur Hollande était ruiné dans les sondages et le parti dit «socialiste» devenait imprésentable aux élections.
    Il devra devenir le champion du pop-futurisme, transformer les Français en nomades idéaux à la Attali: une classe de précaires qui ont acquis une certaine compétence et un anglais passable, mais manquent d'un emploi stable, d'une profession fiable, d'un vrai salaire et d'un avenir: bref, exactement ce qu'avait prédit la Boldrini [Laura Boldrini, star de la politique italienne, ndt] la même année: «Les migrants sont l'avant-garde de la mondialisation, ils nous présentent un mode de vie qui sera bientôt très répandu pour beaucoup d'entre nous, parce qu'à l'ère de la mondialisation tout bouge. Les capitaux bougent. Les marchandises bougent. Les nouvelles bougent. Les humains bougent». Ou comme le souhaite le philosophe post-hégélien matérialiste Alain Badiou, les migrants doivent nous enseigner à devenir nous-mêmes des migrants, des étrangers dans notre propre maison, pour ne pas «rester prisonniers de cette longue histoire occidentale et blanche qui tire à sa fin».
    Aujourd'hui, nous voyons que la très grande majorité des Français a dit oui à ce projet. Autour Macron s'est formé, et il est très grand, «le parti unique de la mondialisation heureuse, de l'Europe post-nationale et de l' idéologie de la diversité» (Mathieu Bock-Côté), celle pour laquelle le mariage gay, l'invasion des immigrés, l'euthanasie , l'enseignement du genre dans les écoles maternelles, les mères porteuses et le changement de sexe sont Le Progrès. Un parti unique qui croit qu'une seule politique est possible (« plus d'Europe, plus de mondialisation, plus d'OTAN, plus de finance, plus d'inégalités»), et ses objectifs incontestables; qui unit les élites favorisées et le lumpen prolétariat des banlieues, non pas tant sans emploi qu'inemployables.

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