Le onzième numéro hors-série de La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque. Il est consacré aux peuples fondateurs de l'Europe.
Au sommaire de ce numéro :
Éditorial : Qui sont les Européens ?
Par Philippe Conrad
L'Europe, du néolithique à l'âge de Bronze
Par Philippe Fraimbois
A la découverte d'un peuple
Par Henri Levavasseur
Les Indo-Européens
Entretien avec Jean Haudry, propos recueillis par Pauline Lecomte
Sur l'existence des Indo-Européens
Par Yann Le Bohec
L'Europe est née en Grèce
Par Philippe Conrad
Peuples d'Italie préromaine
Par Jean-Louis VoisinCe que nous a légué Rome
Par Jean-Louis VoisinL'Europe des Celtes
Par Philippe Conrad
Des Gaulois aux Gallo-Romains
Par Yann Le Bohec
Le monde des Ibères
Par Philippe Parroy
Les Basques, le peuple le plus ancien d'Europe
Par Arnaud Imatz
L'Espagne des Wisigoths
Par Michel Savoie
L'essence de l'Espagne
Par Arnaud Imatz
La Catalogne, avec ou sans l'Espagne ?
Par Arnaud Imatz
Aux origines du monde germanique
Par Henri Levavasseur
Bretons insulaires et armoricains
Par Yves de TréséguidyQuand la (Grande) Bretagne est devenue l'Angleterre
Par Philippe Parroy
L'exception irlandaise
Par Philippe Conrad
Les raisons du "miracle franc"
Par Philippe Conrad
L'Aquitaine, à la périphérie de l'espace franc
Par Bernard Fontaine
Le royaume ostrogoth de Théodoric
Par Bernard FontaineL'Italie des Lombards
Par Bernard Fontaine
A la recherche de l'homme scandinave
Par Nicolas Kessler
Des Magyars à la Hongrie historique
Par Henri Bogdan
Unité et pluralité des Allemagnes
Par Eric Mousson-Lestang
L'ethnogenèse des Russes
Par Jean-Pierre Arrignon
Comment la Russie retrouve ses racines
Par Jean-Pierre Arrignon
L'identité française, un produit de l'histoire
Par Pierre de Meuse
L'obsession de l'ailleurs
Par Ludovic Greiling
Commentaires
Un numéro salutaire, mais avec un bémol notable, celui de choix difficilement explicables (?) : les Aquitains, les Basques et les Catalans ont droit à leur(s) page(s) et c'est très bien, mais quid d'une bonne partie des peuples frères de l'Europe médiane, orientale ou baltique : Tchèques, Croates ou surtout Polonais, sans oser parler des Lituaniens, Ukrainiens ou Bélarussiens ? Il aurait été par exemple salutaire de rappeler que ces quatre derniers ont fait partie du plus grand état porteur de phénomènes civilisationnels européens dans cette partie du continent, la "République nobiliaire (Rzcespospolita) polono-lithuanienne. Dans cette zone, seule la vaillante Hongrie semble trouver grâce aux yeux de la rédaction. Grâce au tropisme pro-russe de ces dirigeants actuels ? Nos "amis" russes eux, ne sont en effet pas oubliés sous la plume d'une avocat zélé de la Grande Russie, habitué des colonnes de la revue ou de l'émission du rédacteur en chef sur Radio Courtoisie dans deux articles convenus qui expriment de manière hagiographique le point de vue de l'historiographie russe (la "langue vieille russe", la "Russie de Kiev") et une vision, au mieux idéalisée, de ce pays sous la direction de Poutine (un article abordant les questionnements identitaires des élites politiques et culturelles russes sur leur appartenance à l'espace historique et civilisationnel européen aurait été plus indiqué pour les lecteurs) . A ce stade, on pourrait presque en venir à légitimement se demander si les choix rédactionnels de la revue ne s'inscrivent pas purement et simplement dans une stratégie d'influence, visant à graver dans les esprits d'une manière à peine subliminale , le "traditionnel" axe (géo)politique Paris-Berlin-Moscou (le pôle carolingien et la Russie se taillant la part du lion dans le numéro) en rejetant les peuples de la "Nouvelle Europe" ayant fait les "mauvais choix" (atlantisme résolu, "russophobie") dans les ténèbres de la non-existence historique et identitaire, cela en synergie avec d'autres structures métapolitiques comme la Fondation Polémia ou l'Institut Iliade. Pour nuancer ou infirmer cette hypothèse, on pourra bien sûr remarquer que les peuple ex-yougoslaves et/ou balkaniques, sont également passés par perte et profit, alors que nos amis scandinaves ne sont pas oubliés. Il n'en reste pas moins que ces omissions, qui, pour les hypothèses évoquées ou d'autres, perpétuent des travers qui ne sont pas nouveaux, apparaissent bien regrettables pour un numéro hors série qui se veut exceptionnel et ne l'est donc malheureusement pas tant que ça...
Au final donc, une fois de plus, outre ces arrières pensées géo et métapolitiques, il est vraiment dommage de gâcher tout un acquis (les travaux du GRECE canal historique à l'époque où il pensait encore l'identité européenne avec ses origines boréennes mises en évidence dès les années 70 par les travaux de Georges Dumézil, puis de Jean Haudry) en faisant purement et simplement l'impasse sur les branches slaves (occidentales, orientales et méridionales) ou du moins en les réduisant dans un « impérialisme historiographique » implicite à la question russe comme au bon vieux temps des travaux d'un Anatole Leroy-Beaulieu pour ne citer que lui. Ajoutons, pour essayer d'être plus exhaustif qu'un article novateur signé par un Iaroslav Lebedysnky sur notre héritage nomade aurait également été le bienvenu. Une certaine déception au final et une vision lacunaire, voire tronquée des peuples fondateurs de cette grande Europe, cette Alter-Europe, que nous appelons inlassablement de nos voeux...