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xi jinping

  • Le Très Grand Jeu...

    Les éditions du Cerf viennent de publier un essai d'Emmanuel Lincot intitulé Le Très Grand Jeu - Pékin face à l'Asie centrale. Historien, spécialiste de la Chine contemporaine, Emmanuel Lincot est professeur à l'Institut catholique de Paris et chercheur associé à l'IRIS.

     

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    " Comment la Chine voit-elle l'Asie centrale ? Comment cet acteur nouveau venu est-il perçu par les populations ? Qu'en est-il de leur rapprochement ? Toutes ces questions engagent directement notre avenir.

    L'échiquier tourne une nouvelle fois à la poudrière. La gloire de Samarcande s'est évanouie. Il n'est plus de Tamerlan pour déferler depuis cet océan de steppes. Néanmoins, une fois de plus, le devenir du monde se décide en Asie centrale. Avant-hier les Britanniques et les Russes, hier les Soviétiques et les Américains se sont disputés ce sas et ce pivot entre les continents. Aujourd'hui, le " Grand Jeu " continue. Avec, pour acteurs majeurs, la Chine mais aussi la Turquie, l'Iran, l'Inde, le Pakistan...
    Les civilisations se sont donné rendez-vous à ce carrefour planétaire. Les rêves impériaux sont venus y mourir. Les idéologies, le nationalisme, le communisme, le panturquisme, le panislamisme, l'ont embrasé. Son étendue désertique, hachurée de forteresses défuntes, en fait le plus énigmatique des univers culturels, à la croisée de Mahomet et du Bouddha. Désormais, l'urgence le dévore.
    Réempruntant les chemins caravaniers d'antan que recouvrent désormais les Nouvelles Routes de la Soie ouvertes par Xi Jinping, avide de capter cet espace lui offrant une inouïe profondeur stratégique, Emmanuel Lincot déchiffre ici les siècles écoulés pour décrypter les conflits contemporains.
    Qu'en est-il des pions qu'avancent Ankara, Téhéran, Dehli, Islamabad, Moscou ? Suffiront-ils à endiguer l'avancée de Pékin ? Le rêve chinois de domination à partir de ce grand plateau démentira-t-il une histoire multiséculaire ? Ou s'abîmera-t-il en cette haute terre à l'instar de tant d'hégémonies éphémères ?
    Ce livre, informé et sensible, d'un savant et voyageur amoureux de l'Asie centrale, constitue une formidable initiation à la diversité des cultes et des cultures tout en nous livrant une exceptionnelle leçon de géopolitique. "

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  • Crise mondiale : une aubaine pour la Chine...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gérard Chesnel cueilli sur Geopragma et consacré au jeu de la Chine dans le chaos mondial.  Ancien ambassadeur et agrégé d'histoire, Gérard Chesnel est membre fondateur de Geopragma.

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    Crise mondiale : une aubaine pour la Chine

    Les relations internationales connaissent, depuis plusieurs années, un grand chambardement, qui s’est accentué depuis la crise de l’Ukraine et, tout récemment, la question palestinienne. Les changements en profondeur des équilibres traditionnels, s’ils inquiètent à juste titre les pays occidentaux, sont au contraire, pour la Chine et quelques grands pays du Sud, porteurs de promesses.

    Un exemple parmi beaucoup d’autres : fin 2020, les accords d’Abraham ont permis, sous l’égide des Etats-Unis, une normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes, Bahrein, les Emirats Arabes Unis, le Maroc ainsi, un peu plus tard, que le Soudan. Ce fut le plus grand succès diplomatique de Donald Trump. A peine trois ans plus tard, en juillet 2023, c’est sous l’œil bienveillant de Xi Jinping que l’Arabie Saoudite et l’Iran signent, à Pékin, un accord qui entérine leur rapprochement. Washington n’est pas dans le jeu. On peut épiloguer sur les raisons qui ont entraîné cette attitude de Riyad. L’une d’entre elles est sans nul doute le besoin de consolider ses relations avec les pays de la région à l’heure où les difficultés s’accumulent avec Washington (notamment sur les Droits de l’Homme).

    Petit à petit, la Chine, avec la lenteur et la prudence qui caractérisent sa diplomatie, prend des parts de marché aux Etats-Unis. Et, sous ses encouragements, et souvent à son initiative, le Sud s’organise. En 2001 Pékin crée l’Organisation de Coopération de Shanghai, qui réunit six pays (Chine, Russie, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan et Ouzbékistan) auxquels vont bientôt s’ajouter l’Inde et le Pakistan en 2016 puis l’Iran en 2021. L’Afghanistan, la Biélorussie et la Mongolie sont observateurs. On peut voir dans l’OCS un galop d’essai du projet tentaculaire des nouvelles routes de la soie (BRI ou Belt and Road Initiative).

    Et l’on n’en reste pas à l’Asie. Le 15è sommet des BRICS, à Johannesburg en août dernier, a entériné l’élargissement de l’organisation, à partir du 1er janvier 2024, à six nouveaux pays (Iran, Ethiopie, Egypte, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis et Argentine).

    La Chine tire derrière elle la Russie, mal aimée des pays occidentaux. Celle-ci fait partie de toutes les organisations susnommées, BRICS, OCS, BRI. La troisième session de bilan des nouvelles Routes de la Soie, le 17 octobre, à Pékin, a permis une mise en scène très réussie sur le plan médiatique, où Xi Jinping trône aux côtés de son hôte d’honneur, Vladimir Poutine (qui, quelques jours plus tôt, était annoncé comme mourant par une certaine presse occidentale). Mais à l’inverse de la rencontre entre Staline et Mao, à Moscou en décembre 1949, cette fois-ci le grand frère, c’est la Chine. Ce renforcement de l’amitié sino-russe est une mauvaise nouvelle pour l’Europe qui n’a pas su l’éviter, et a préféré se rallier sans discernement à la politique américaine de sanctions. Au total, il est remarquable que bon nombre de pays du Sud (32 exactement) se soient abstenus lorsqu’il s’est agi de condamner l’invasion russe de l’Ukraine.

    Certes, il existe aussi des problèmes dans les pays du « Sud ». On fait grand cas, à l’Ouest, de la disparition de plusieurs dirigeants chinois, dont le ministre des Affaires Etrangères nouvellement nommé. Comme si les difficultés que pourrait connaître la Chine devaient nous dispenser d’avoir une politique étrangère clairement définie.

    Mais il faut raison garder : le grand basculement n’est pas pour demain, même s’il a déjà commencé. Les pays africains qui se sont « libérés » de la présence française, avec l’aide de la Russie, n’ont pas encore réussi à installer de régimes stables, dans ce continent où les coups d’Etat sont si fréquents. Et nous ne devons pas les passer par pertes et profits. Notre coopération doit pouvoir reprendre si les conditions le permettent et il faut se tenir prêts. En Amérique du Sud, Lula a repris le pouvoir mais ses opposants, Bolsonaro en tête, n’ont pas baissé les bras.

    L’Europe a certes elle aussi son lot de problèmes qui peuvent hypothéquer l’avenir. La Hongrie se distingue particulièrement par ses réticences à suivre les règles européennes qui ne lui conviennent pas. Il en est de même de la Pologne qui n’a pas voulu se soumettre aux diktats de Bruxelles sur son système judiciaire. Et le nouveau gouvernement slovaque prend ses distances vis-à-vis de la politique européenne à l’égard de l’Ukraine. Mais l’Union Européenne parvient encore à maintenir une certaine cohésion, s’agissant de politique étrangère.

    Quid de l’OTAN ? La Suède n’y est toujours pas admise, face aux objections de la Turquie. Celle-ci joue d’ailleurs un rôle particulièrement ambigu : deuxième puissance militaire de l’Alliance, elle parvient à maintenir un dialogue constructif avec la Russie, notamment sur la question des exportations de blé et du contrôle de la mer Noire. Discrète, comme la Chine, sur la question palestinienne, elle semble attendre son heure pour jouer un rôle accru dans les conflits régionaux (sans oublier les problèmes du Karabagh et du Nakhitchevan).

    De tout cela, la Chine n’a que des bénéfices à tirer. Installée depuis toujours dans le temps long, elle pousse tranquillement ses pions sur le grand échiquier mondial, convaincue que l’avenir lui sera favorable.

    Gérard Chesnel (Geopragma, 19 novembre 2023)

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  • France - Italie : l'autre couple de l'Europe...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°46, juillet - août 2023), dirigée par Jean-Baptiste Noé, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré à l'Italie et à sa relation avec la France.

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    Au sommaire de ce numéro :

    ÉDITORIAL

    L'autre couple de l'Europe, par Jean-Baptiste Noé

    CHRONIQUES

    LE GRAND ENTRETIEN

    « La relation franco-italienne est stratégique, mais instable »
    Entretien avec Federico Petroni

    IDÉES

    Guerre en Ukraine : avons-nous encore peur de la bombe ?, par Alexis Feertchak

    PORTRAIT

    Lula est-il le cheval de Troie de Biden ?, par Tigrane Yegavian

    ENJEUX

    La Bavière, un autre esprit du capitalisme, par Jean-Marc Holz

    Amérique latine : la « vague de gauche » peut-elle y arriver ? , par Nicolas Klein

    Les Kurdes et le Kurdistan, grands oubliés de Lausanne, par Fabrice Monnier

    La Chine de Xi Jinping sur la ente glissante d'une dictature absolutiste, par Pierre-Antoine Donnet

    GRANDE STRATÉGIE

    Une approche tactique des guerres irrégulières, par Pierre Santoni

    HISTOIRE BATAILLE

    Austerlitz (2 décembre 1805). Un chef-d’œuvre de A à Z , par Pierre Royer

    LIVRES

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    LECTURE

    IDÉE REÇUE 

    RIEN QUE LA TERRE

    FILM

    CHEMINS DE FRANCE

    ART ET GÉOPOLITIQUE

     

    DOSSIER

    Afrique de l'Ouest

    La diaspora italienne, une perte qui risque de déclasser le pays, par Edoardo Secchi

    Adieu les techniciens. L'Italie à l'épreuve d'un gouvernement politique, par Francesco de Remigis

    Le défi des réformes qui peuvent changer le pays, par Francesco de Remigis

    L'européisme à la sauce tomate ou comment l'Italie espère rebattre les cartes au parlement européenpar Francesco de Remigis

    Le dilemme italien: comment renforcer le pouvoir exécutif ?, par Francesco de Remigis

    Un projet pour la Méditerranée : plus de gaz, moins d'immigrants illégaux, par Francesco de Remigis

    Traité du Quirinale : la France et l'Italie rapprochent leurs intérêts stratégiques, par Edoardo Secchi et Emmanuel Dupuy

    Italie, terre du luxe, par Chloé Payer

    Aérospatiale et défense, l'Italie sur le toit de l'Europe, par M. Bertrand

    Traversées alpines entre la France et l'Italie : des tunnels pour s'affranchir de la géographie, par Côme de Bisschop

    Immigration : pomme de discorde entre les deux pays, par Étienne de Floirac

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  • Le retour des mercenaires...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°43, janvier - février 2023), dirigée par Jean-Baptiste Noé, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré au retour du mercenariat.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

    ÉDITORIAL

    L'identité, moteur de la géopolitique, par Jean-Baptiste Noé

    CHRONIQUES

    LE GRAND ENTRETIEN

    « La Hongrie est consciente de jouer un rôle spécifique en Europe ». Entretien avec Domonkos Poulay.

    IDÉES

    La civilisation de la liberté de Wilhelm Röpke, par Samuel Gregg

    PORTRAIT

    Xi Jinping, le nouvel empereur de la Chine communiste, par Pierre-Antoine Donnet

    ENJEUX

    GRANDE STRATÉGIE

    Alexandre et les Scythes, par Olivier Battistini

    HISTOIRE BATAILLE

    Bosworth (22 août 1485). « Mon royaume pour un cheval ! », par Pierre Royer

    LIVRE

    Une bonne nouvelle sur l'écoterrorisme, par Daniel Dory

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    CHRONIQUE

    DÉBAT

    CHEMINS DE FRANCE

    CARTE MAÎTRESSE

    ART ET GÉOPOLITIQUE

     

    DOSSIER

    Mercenaires

    Les mercenaires modernes ou l'« ubérisation » de la guerre, par Catherine van Offelen

    Les mercenaires manifestent la déliquescence des Etats, entretien avec Walter Bruyère-Ostells

    La compagnie catalane, une « SMP » médiévale, par Sylvain Gouguenheim

    Une OAS internationale ? l'Aginter Press, une officine au service de la stratégie de la tension, par Tigrane Yegavian

    La Légion, des étrangers au service de la France, par Michel Chevillé

    Des aviateurs européens mercenaires pour la Chine, par Oscar Gaboriau

    Transports maritimes : les gardes armés ont-ils encore de l'avenir ?, par Jean-Yves Bouffet

    Les sociétés militaires privées, illustration des tensions de l'ordre international, par Matthieu Grandpierron et Eric Pomès

    Syrie : exporter des mercenaire, par Frédéric Pichon

    La SADAT, un OVNI dans le monde des SMP,  par Ana Pouvreau

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  • Tensions en mer de Chine...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°36, novembre-décembre 2021), dirigée par Jean-Baptiste Noé, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré aux tensions en mer de Chine.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

    ÉDITORIAL

    Les fortune de la France, par Jean-Baptiste Noé

    CHRONIQUES

    LE GRAND ENTRETIEN

    Entretien avec François Chihchung Wu, représentant de Taïwan en France

    IDÉES

    Jihâd : Histoire et détournement d'une approche islamique de la guerre, par Olivier Hanne

    PORTRAIT

    Janet Yellen, la clef du Trésor, par Michel Faure

    ENJEUX

    GRANDE STRATÉGIE

    Comment les chasseurs alpins articulent rusticité et technologie, par Mériadec Raffray

    HISTOIRE BATAILLE

    Tsushima (27 mai 1905). Trafalgar en mer du Japon , par Pierre Royer

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    RIEN QUE LA TERRE

    VUE SUR LA MER

    CHEMINS DE FRANCE

    LIVRES

    ART ET GEOPOLITIQUE

     

    DOSSIER

    Mer de Chine

    En mer de Chine, que veut Pékin ?, par Emmanuel Dubois de Prisque

    Jeu de go en mer de Chine, par Pierre Royer

    La Chine manque d'électricité, par Andrew Batson

    Quand la Chine s'éveille... les États-Unis tremblent !, par Hadrien Desuin

    Quand la Chine attaque Taïwan, par Jean-Marc Holz

    La mer de Chine : terrain d'expansion ou lieu du doux commerce ? , par Jean-Yves Bouffet

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  • Demain, la guerre pour Taïwan ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Yves Montenay, cueilli sur son blog et consacré à la tentation qui grandit en Chine d'une réunification par la force avec Taïwan...

    Centralien, diplômé de Sciences-po et docteur en démographie, Yves Montenay a eu une carrière internationale de cadre, conseil et chef d'entreprise dans 12 pays.

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    La guerre pour Taïwan ? Précédents historiques et risques militaires

    La Chine répète de plus en plus fortement qu’elle est décidée à « réunifier » le pays en annexant Taïwan. Et tout le monde remarque que le terme « pacifiquement » a disparu. Comme il semble que Taïwan ne puisse pas se défendre sans les États-Unis, une guerre à grande échelle est tout à fait possible si ce soutien se matérialise.

    Cela me rappelle des souvenirs historiques désagréables.

    De nombreux précédents de mauvais augure

    L’argument « c’est le même peuple, et il doit donc être rassemblé sous notre autorité », a beaucoup servi, y compris dans l’histoire récente de l’Europe.

    Je vais me borner à cette dernière.

    C’est en effet ce genre de discours qui a été une cause de grand affaiblissement de l’Europe. Cela commence par la guerre de la Prusse contre la France en 1870, avec l’annexion de l’Alsace-Lorraine. Ses habitants ont eu beau élire des représentants à Berlin répétant que c’était contre leur gré, il leur a été objecté : « vous êtes de civilisation et de langue germanique, donc des Allemands. Donc que ça vous plaise ou non votre place est dans notre empire (le deuxième Reich) ».

    Or cette guerre de 1870 est largement à l’origine de celle de 1914 – 18 qui a détruit démographiquement l’Europe. Conflit qui est lui-même à l’origine de la guerre « revancharde » de 1939 – 45. Et on se souvient que les années 1930 ont vu le rattachement de l’Autriche et des Sudètes (Allemands de Tchécoslovaquie) à l’Allemagne, « parce que faisant parti du peuple allemand ».

    Aujourd’hui la Russie a annexé la Crimée pour la même raison (elle est peuplée de Russes) et soutient les sécessionnistes du Donbass (Ukraine orientale) parce que leurs habitants sont russophones dans une république bilingue (russe – ukrainien) dans laquelle l’ukrainien a en principe un rôle prépondérant.

    Mais revenons au monde chinois

    Pourquoi Taïwan ?

    Taïwan n’a pas toujours été chinoise, et la population initiale existe toujours, même si elle est maintenant très minoritaire.

    Il y a eu en effet plusieurs vagues de colonisation chinoise, la dernière a lieu à l’occasion du repli de l’armée du Kuomintang dirigée par le président légitime de la Chine, Tchang Kai-Check, accompagnée de civils. Légitime ? En tout cas davantage que Mao, ce qui l’a amené à dire qu’il était le seul représentant de la Chine.

    Le temps a passé, la Chine communiste a été reconnue, Taïwan ne l’est plus comme un pays distinct à la suite des pressions chinoises, mais, de facto, des relations quasi diplomatiques demeurent avec le monde occidental

    Remarquons que Taïwan a gagné la guerre économique, puisque ce sont des sociétés de ce pays qui ont activement participé au décollage industriel de la Chine. Cela a illustré l’efficacité de son système libéral et capitaliste.

    Mais psychologiquement c’est un épisode que le gouvernement chinois voudrait bien faire oublier. Et nous voyons tous les jours, notamment à l’occasion de la proclamation du centième anniversaire du parti communiste chinois que Pékin a l’habitude de réécrire l’histoire à sa façon.

    Et la reprise en main de Hong Kong par la Chine communiste ne peut que crisper la population taïwanaise.

    L’exemple de Hong Kong renforce le refus taïwanais et occidental

    Il y a eu plusieurs tentatives de séduction chinoise envers Taïwan pour la réunification se fasse de manière paisible.

    Il y a eu notamment la proposition de Pékin d’accepter le dispositif « un pays, deux systèmes, comme à Hong Kong » ce qui a paru un moment et pour certains un arrangement possible.

    Mais les Taïwanais ne peuvent que constater aujourd’hui le non-respect du traité signé entre la Chine et l’Angleterre concernant la situation à Hong Kong.

    Et ce non-respect n’a pas seulement été une proclamation de principe pour affirmer la souveraineté de Pékin, mais a donné lieu, depuis mon article ci-dessus, à une nouvelle législation répressive et en pratique rétroactive, qui a mené à l’arrestation et à l’emprisonnement de nombreuses personnalités démocrates et a répandu une atmosphère d’autocensure et de crainte.

    Il y a donc là une crainte très réelle de la population taïwanaise de se retrouver dans la même situation. Et pour les États-Unis de perdre leur statut de défenseurs de la démocratie et des libertés.

    Sur le plan économique, l’offensive de Pékin contre ses propres capitalistes ne peut que renforcer la crainte de ceux de Taïwan.

    Tandis que d’un point de vue américain, la crainte de voir la Chine mettre la main sur la principale entreprise mondiale de production de puces électronique accroît encore l’inquiétude.

    Y aura-t-il résistance de Taïwan malgré la disproportion des forces (à ma connaissance du moins) ? Cela dépend probablement des assurances que Taïwan aura ou non de la part des Etats-Unis.

    Ces derniers risqueraient alors d’entrer dans un engrenage les menant à une guerre nucléaire.  Ils n’y tiennent pas, la Chine non plus. Mais si des avions ou des navires sont détruits, les représailles viendront … d’où mon terme d’engrenage.

    La guerre froide nous a déjà fait vivre de telles péripéties.

    Les leçons de la guerre froide se heurtent à la géographie

    A cette époque, et malgré une forte hostilité réciproque, les États-Unis et l’URSS ont maintenu des structures de dialogue pour éviter un désastre nucléaire mondial, et notamment un « téléphone rouge » entre les responsables. Mais on a néanmoins frôlé plusieurs fois la catastrophe.

    Je ne connais pas les secrets des contacts dans cet esprit entre Pékin et Washington, mais les sinologues sont pessimistes sur leur efficacité et même sur leur existence.

    De plus la géographie du théâtre des opérations laisse moins de temps pour réagir qu’à l’époque de la guerre froide. Le film « Docteur Folamour » l’illustre en montrant des avions américains volant des heures avant de pouvoir larguer leurs bombes atomiques sur l’URSS, laissant au contre-ordre le temps d’arriver.

    La « crise des missiles » (tentative d’installation de missiles soviétiques à Cuba) a entraîné une réaction particulièrement vigoureuse de Kennedy parce que Cuba est proche des Etats -Unis et que des missiles partant de cette île ne laisseraient pas le temps de discuter. Mais pour les installer il fallait traverser l’Atlantique, ce qui a laissé le temps de résoudre la crise.

    Le détroit de Taiwan étant beaucoup plus petit que l’Atlantique ou le Pacifique, il y a là une première raison de la contraction du temps de réaction pour stopper une invasion.

    De plus, aujourd’hui, les missiles remplacent les avions, deuxième raison de la contraction du temps de réaction.

    Donc la « négociation au bord du gouffre » sera difficile ou impossible, et l’on en est réduit à compter sur une « modération » du président Xi, modération qui n’existera que si les États-Unis montrent qu’ils sont prêts au pire. Ce qui n’est pas certain : les États-Unis sont une démocratie avec les lenteurs et les faiblesses compréhensibles que cela peut entraîner.

    On retombe sur l’avantage géopolitique en faveur des régimes autoritaires, dont la Turquie s’est servi avec succès pour envahir Chypre et Poutine en Crimée. C’est ennuyeux pour Taïwan !

    Yves Montenay (Blog d'Yves Montenay, 15 juillet 2021)

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