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suicide français

  • "Les Français ne veulent pas que leur France meure..."

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une rencontre avec Eric Zemmour, sur TV Libertés, à l'occasion d'une séance de signature de son livre Le suicide français (Albin Michel, 2014).

     

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  • Éric Zemmour ne parle pas au nom de la « droite », mais du peuple...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à Eric Zemmour et à son livre Le Suicide français...

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    Éric Zemmour ne parle pas au nom de la « droite », mais du peuple

    Le Suicide français, dernier essai d’Éric Zemmour, est en tête des ventes, alors que Yannick Noah arrête ses tournées et que la dernière pièce de BHL est en train de quitter l’affiche avant que la colle ne soit sèche. Les temps seraient-ils en train de changer ?

    L’extraordinaire succès du livre de Zemmour (15.000 exemplaires vendus tous les jours) n’est pas seulement un phénomène éditorial. C’est un phénomène sociétal. La preuve en est qu’il suscite même des sondages. L’un d’eux révèle que 37 % des Français (20 % à gauche, 53 % à droite) sont d’accord avec Zemmour, qu’ils se reconnaissent dans ce qu’il dit, qu’ils découvrent dans son livre ce qu’ils n’osaient dire tout haut ou qu’ils ne formulaient que de façon confuse. Renaud Camus a très justement parlé « d’industrie de l’hébétude ». D’autres mots pourraient être employés : sidération, ahurissement. On est en train d’en sortir. Ceux qui méprisent le peuple y verront la confirmation que l’ouvrage n’est qu’une accumulation de lieux communs et de propos de bistrot. Mais il ne faut pas s’y tromper : cet adoubement populaire, c’est une consécration.

    Cela dit, si ce livre n’avait pour seul résultat que de conforter ses lecteurs dans leurs opinions, il n’aurait qu’un intérêt tout relatif. Son plus grand mérite, à mon avis, est bien plutôt de donner à ces lecteurs l’occasion de faire leur autocritique. Que dit en effet Zemmour dans son livre ? D’abord que, si la France n’a cessé de se défaire depuis quarante ans, c’est d’abord d’une idéologie qu’elle a été la victime, ce qui montre que le thème de la « fin des idéologies » n’est qu’une fable (« jamais nous n’avons autant été dans l’idéologie », écrit Zemmour). Ensuite, que cette idéologie, devenue peu à peu dominante, n’a pas été seulement le fait des méchants gauchos, mais tout autant de la droite libérale, et qu’elle va bien au-delà du jeu politique, car elle résulte d’une action culturelle, menée avec autant de patience que de rigueur, qui visait à « déconstruire » les fondements de notre société.

    « Je veux déconstruire les déconstructeurs », dit Zemmour. Et d’en citer quelques-uns au passage : Michel Foucault, Jacques Derrida, Pierre Bourdieu, Deleuze et Guattari. Mais c’est ici que l’on peut poser la question : parmi ceux qui applaudissent bruyamment Zemmour aujourd’hui, combien y en a-t-il qui ont sérieusement lu Bourdieu, Derrida et Foucault ? Combien y en a-t-il qui se sont sérieusement intéressés au mouvement des idées ? Combien y en a-t-il qui ont jamais compris ce qu’est une guerre culturelle ? La vérité est qu’il y en a fort peu, car la « droite », pour ce qui est du travail de la pensée, est restée pendant des décennies en situation d’encéphalogramme plat. En la mettant face à ses responsabilités, en déclarant : « Je fais de la politique “gramscienne” en menant un combat d’idées dans le cadre d’une lutte pour l’hégémonie intellectuelle », Zemmour montre qu’il est au contraire pleinement conscient des enjeux.

    Peut-on dire pour autant que l’opinion est en train de basculer à droite ?

    Interprétation un peu courte. Éric Zemmour n’est pas l’héritier de Bonald ou de Maurras, et moins encore de Bastiat. C’est un national-républicain, gaulliste et bonapartiste, dont les vues se situent quelque part entre Jean-Pierre Chevènement et Florian Philippot. Parle-t-il seulement au nom de la « droite » ? Voire… Quand il dénonce le « libéralisme anglo-saxon », le « grand marché mondial qui permet à une petite élite de s’enrichir toujours plus », le « marché qui règne avec l’individu-roi », « les élites sans patrie qui n’ont jamais digéré la souveraineté populaire et qui ont fait allégeance à la mondialisation économique plutôt qu’aux intérêts de la nation », quand il renvoie dos à dos la droite et la gauche : « La droite a abandonné l’État au nom du libéralisme, la gauche a abandonné la nation au nom de l’universalisme, l’une et l’autre ont trahi le peuple », ce n’est de toute évidence pas au nom de la « droite » qu’il parle, mais au nom du peuple. C’est bien ce qui fait sa force.

    Alors qu’il n’a jamais été aussi présent dans les médias, Éric Zemmour n’en estime pas moins que ses idées sont ostracisées par ces mêmes médias. Le « Système » connaîtrait-il des ratés ?

    La société du spectacle est victime de ses contradictions : clouer un auteur au pilori, c’est encore lui faire de la publicité. Mais la vraie question est celle-ci : pourquoi tant de haine ? La réponse est simple : la classe dirigeante est en train de perdre pied. Elle voit le sol se dérober sous ses pieds, elle voit ses privilèges menacés, elle ne sait plus où elle habite. Elle fait comme les chiens qui ont peur : elle aboie. Laurence Parisot n’a pas hésité à accuser Zemmour de « haute trahison » (sic), Manuel Valls a surenchéri : « Le livre de Zemmour ne mérite pas qu’on le lise. » En clair : il vaut mieux ne pas savoir ce qu’il dit. Mais c’est là que le bât blesse. À force d’ériger des murailles invisibles et d’installer des cordons sanitaires, la classe dirigeante a épuisé ses propres défenses immunitaires. À force de refuser le débat, elle est devenue inapte à débattre. Elle n’a désormais plus rien à dire, sinon appeler à « lutter contre les stéréotypes », promouvoir le non-art contemporain et multiplier les références lacrymales aux « droits de l’homme ». Panique morale et misère de la pensée. Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, le disait tout de go récemment : « Depuis dix ans, la gauche a perdu la bataille des idées. » Depuis dix ans ! Un tel aveu aurait dû provoquer mille commentaires. Qu’il n’en ait pratiquement suscité aucun montre l’ampleur de ce qu’il reste à faire.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 22 novembre 2014)

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  • Une grenade dans le bunker de la pensée unique...

    Nous reproduisons ci-dessous une excellente analyse de l'Observatoire des journalistes et de l'information médiatique (OJIM) consacrée au phénomène "Zemmour"...

     

    Zemmour Béziers.jpg

     

    Le Phénomène Zemmour, grenade dans un bunker

    Le plus grand événement médiatico-littéraire de l’année aura donc été produit non par les révélations intimes de l’ancienne maîtresse d’un président dévalué, mais au cours de la promotion d’un pavé sur le déclin de la France, Le Suicide français (Albin Michel), où on aura assisté à la convulsion de tout un système autour d’un journaliste isolé.

    Le samedi 4 octobre 2014, une véritable déflagration allait partir du plateau du talk show de Laurent Ruquier, On n’est pas couché, dont les échos n’allaient cesser de se répercuter dans tous les médias : télévision, radio, presse écrite, et monopoliser les débats sur Internet ou les réseaux sociaux jusqu’à aujourd’hui inclus. La bête médiatique, le monstre polémiste que l’émission avait elle-même suscité et dont, en contrepartie, elle avait tiré une grande partie du carburant de sa propre ascension aux sommets de l’audience, était de retour dans le fauteuil des invités. Et ce fut comme un court-circuit propre à faire sauter les plombs de tout le système médiatique français. L’ancien chroniqueur était accueilli par son ancien patron vis-à-vis duquel il avait toujours fait davantage figure de Frankenstein, une créature ayant totalement échappé à son créateur, un virus dans le réseau rôdé et routinier des médias. D’abord promu pour contraster un peu la courbe mollissante de l’encéphalogramme et exciter l’audience, mais qui menaçait depuis de tout dévaster. Certes, on se réjouissait sans doute du record d’audience que n’allait pas manquer de produire sa venue, mais cette fois-ci, il allait tout de même falloir circonscrire le monstre. Alors même qu’à l’époque où il officiait, celui-ci représentait la voix « droitière » du plateau, compensée par son binôme de gauche, Éric Naulleau, cette double perspective se trouvant arbitrée par un Laurent Ruquier se tenant à peu près à son rôle, désormais, Zemmour s’assiérait sous les lumières comme un incompréhensible intrus cerné dans une logique du tous contre seul. Seul, sur le plateau, sur celui-ci comme sur les nombreux autres qu’il occuperait par la suite, mais pourtant, déjà environné d’une longue rumeur dont on percevait le bruissement sur les réseaux sociaux.

    Le retour du roi

    Sur le forum 18-25 du site www.jeuxvideo.com, des jeunes gens, depuis deux jours, préparaient fébrilement leur samedi soir. Était-ce pour se livrer à une partie de jeu en réseau annexant le week-end entier ? Afin d’élaborer une gigantesque soûlographie ? Non. Ils prévoyaient justement de se « mettre suffisamment la tête » la veille pour ne pas regretter de rester chez eux le lendemain et fixer les yeux sur un écran tout ce qu’il y a de plus classique où devait ressurgir leur idole, une idole n’ayant aucun des attraits de Lara Croft, un maigre intellectuel quinquagénaire faisant la promotion d’un pavé de plus de 500 pages détruisant point par point les coordonnées de l’époque même qui les avait vu naître. Le soir en question, c’est par dizaines qu’ils envahissaient un topic spécialement dédié afin de commenter en direct la prestation d’Éric Zemmour tout en tenant au courant les retardataires de ses dernières sorties. Lorsque le polémiste entra sur le plateau au début de l’émission sous l’ovation des spectateurs, une phrase fusa sur le forum, résumant toute l’excitation qui venait de s’y concentrer : « Le retour du roi ! » Les quelques réfractaires au culte, peut-être deux ou trois internautes, lancèrent bien des anathèmes, la foule n’y répondit même pas. À rebours de tous les clichés véhiculés par les médias en permanence, cette scène extravagante ne prenait pas place sur le forum 60-75 du site nostalgiquesdevichy.com, ou dans une soirée privée organisée par Radio Courtoisie, mais parmi des jeunes gens connectés représentant bien davantage l’avenir du pays que Cohn-Bendit ou Attali, les vieillards triomphants qui ont, depuis quarante ans, établi un règne qui ne se décide pas à offrir une quelconque alternance possible.

    Anatomie du Suicide

    Ce soir du 4 octobre, toutes les données du traitement médiatique de Zemmour et de son livre vont se mettre en œuvre. Tout d’abord, il faudrait donc rappeler de quel objet il va être question afin de comprendre la manière spéciale dont les médias ont décidé de le traiter. Le Suicide français déroule une espèce de chronologie du désastre, de la mort du Général de Gaulle à nos jours, récapitulant tous les éléments qui ont participé à « suicider » le pays – et dans chaque ordre : économique, politique, moral, esthétique, stratégique. Si l’écriture est souvent assez fruste, emportée par l’efficacité qu’elle vise ; si, en brassant une telle somme de choses si diverses avec des ambitions si profondes, Zemmour est très souvent dans le raccourci, l’approximation, la formule, ces défauts demeurent assez inhérents à son projet : celui de faire un livre de combat dans une situation d’urgence, et un livre qui, pour être efficace, puisse néanmoins être lu par un grand nombre. Il n’en reste pas moins très riche, dégage quelques intuitions lumineuses, et propose en effet comme thèse une certaine « déconstruction de la déconstruction » qui peut, évidemment, être discutée de mille manières, mais qui se trouve en tout cas étayée, cohérente, souvent implacable.

    L’idée la plus forte qu’il tente de démontrer – et dans le combat culturel, sans doute la plus stratégique -, est qu’il n’y a pas de « sens de l’Histoire », comme le prétendent sans arrêt les idéologues libéraux/libertaires d’un bord à l’autre de l’Assemblée afin de faire accepter aux Français, par une superstition fataliste, leur déclin, leur déclassement en tous plans, et pourquoi pas, demain, leur remplacement par une nouvelle population. Non, il n’y a pas de « sens de l’Histoire », d’obligation d’en passer par là contre quoi toute rébellion serait immature et stérile, mais, et Zemmour le démontre année après année à travers une liste très importante d’événements symptomatiques, il y a une succession impressionnante de démissions, de renoncements, de choix, de pressions internes et externes diverses qui aboutissent toutes, en se liguant au même faisceau, à la situation actuelle d’une France à l’état de possible mort imminente. Le problème n’est donc pas religieux, au sens d’une fatalité pseudo-progressiste et mondialiste devant quoi il faudrait s’incliner comme le croyant face aux décrets divins, mais le problème est politique et tient à une trahison des élites ayant, sciemment ou non, usé d’une certaine manière de leur responsabilité d’hommes libres et doués d’intelligence. Tradition de la raison critique française, tradition de l’essai polémique qui ne se confond ni avec une thèse ni avec une production de spécialiste, le format et la démarche employés par Éric Zemmour sont a priori naturellement appréhendables par n’importe quel « lettré ».

    Stratégie médiatique

    Sauf que, nous l’avons dit, l’objectif des chroniqueurs de Ruquier comme de leur patron, n’est pas d’instaurer un débat loyal ou d’établir une critique raisonnable d’un livre dont va être tout juste effleurée la thèse, mais de parvenir enfin à détruire le monstre, en profitant de son retour sur les lieux d’origine de sa puissance, comme si le cercle d’une malédiction pouvait ici trouver sa boucle. La stratégie choisie pour l’abattre n’est cependant pas de viser le cœur avec un pieu, mais, bien au contraire, d’attaquer le plus en marge qu’il soit possible. Qu’importe que, de cette manière, on ne vise jamais le cœur du débat et qu’on ne démonte jamais le fond de l’argumentaire d’Éric Zemmour : la télévision est un flux, l’image impressionne, la célérité des échanges empêche la prise de recul, elle produit naturellement une forme de confusion globale émotive – il suffit donc de créer des impressions à partir du matériau qu’on trouvera pour terrasser la bête au venin de trois fléchettes. 1/Zemmour est un faux prophète. 2/Zemmour ment. 3/Zemmour est fasciste.

    Et pour étayer ces accusations, puisqu’on est dans le registre d’un procès, d’une mise à mort médiatique rêvée, pour les étayer, donc, on ne recule devant aucun amalgame ni aucun procédé. Pour démontrer le premier point, on diffuse un extrait d’une émission de juillet dernier au cours de laquelle Éric Zemmour pronostique la défaite de l’Allemagne à la Coupe du monde qu’elle a finalement remportée. Que sur les nombreux pronostics qu’a établis le journaliste, il arrive qu’il se soit trompé, et concernant du football (!), on ne voit guère ce que cela démontre, mais qu’importe puisque cela infuse du moins une idée : celle qu’échouent les prophéties zemmouriennes.

    Caron ou le déni par la statistique

    Le plan sur lequel va attaquer Aymeric Caron pour exposer, lui, l’idée que Zemmour ment, est le seul qu’il connaisse : celui des saintes statistiques. Les chiffres rassurent toujours les esprits faibles, c’est l’objectivité à la portée des comptables. Et cela participe à nouveau d’une attaque complètement en marge. En effet, la moitié des chiffres présentés par Éric Zemmour dans son livre seraient-ils faux ou tronqués, que ça n’invaliderait pas sa thèse pour autant ! Elle serait seulement très mal étayée… Mais bref, Caron détecte et dénonce un chiffre sur le nombre d’enfants étrangers de moins de quatre ans qui semble en effet impossible. Il a tout à fait raison de le remarquer, mais de là à inférer que l’ensemble de l’argumentaire de Zemmour reprenant la théorie de Renaud Camus sur « Le Grand Remplacement », i.e. la substitution de la population française d’origine par une autre importée d’Afrique, il y a tout de même une conclusion pour le moins hâtive. D’autant que les chiffres qu’il oppose au polémiste comme des tables de la Loi et qui tendraient à prouver que la proportion d’immigrés dans la population est stable depuis des lustres sont à même de faire éclater de rire n’importe quel observateur de son propre quartier. De toute manière, l’immigration est l’angle mort statistique, aucun chiffre ne décrit le phénomène de manière satisfaisante. À partir du moment où la machine assimilationniste française est en panne, il devient impossible de recouper la nationalisation juridique d’une personne et sa francité effective. Les outils statistiques sont donc inopérants pour décrire la réalité. Le débat de chiffres qui s’ensuit n’est plus qu’une diversion sans aucun intérêt. Mais l’on pourra noter, en revanche, comment se révèle la tournure d’esprit particulière du chroniqueur lors de l’émission suivante d’ONPC. En effet, comme Ruquier revient sur le passage de Zemmour notamment en raison des très nombreuses protestations des spectateurs sur le traitement qui lui a été infligé, le présentateur tente de se réconcilier son public en arguant que les ventes faramineuses de son essai – 5000 exemplaires par jour –, sont peut-être aussi une conséquence de son débat avec ses chroniqueurs. Caron, ne supportant pas d’être assimilé de la sorte à un promoteur indirect des écrits d’Éric Zemmour affirme alors qu’on pourrait voir les choses autrement, et, tenant pour acquis les succès commerciaux de Zemmour, prétend que sans son intervention, le livre se serait peut-être écoulé à 10 000, voire 20 000 exemplaires par jour… Immédiatement, l’homme se jette donc sur des chiffres, des chiffres totalement délirants n’ayant d’autre fonction qu’un déni de réel : l’incontestable succès du livre d’Éric Zemmour. Cette réaction spontanée en dit plus long sur les méthodes de Caron que n’importe quelle analyse. On comprend néanmoins l’obsession mathématique du chroniqueur. Lorsqu’il se réfère aux lettres, monsieur a tendance à s’embrouiller, comme quand il prétend ridiculiser l’érudition de Zemmour en citant Schopenhauer brocardant ceux qui citent des auteurs référents, sans s’apercevoir que l’arme qu’il utilise le désigne, en l’occurrence, lui-même comme première cible…

    Le lancement de la polémique

    Enfin, comment, pour détruire un adversaire idéologique, aurait-on pu se passer d’un bon vieux point Godwin ? C’est facile et toujours efficace, la preuve : l’intervention de Léa Salamé va lancer une polémique qui affolera les médias pour une semaine entière. Reste à savoir, à quel point ces médias sont dupes ou à quel point ils se renvoient le point Godwin comme une balle en tentant à chaque coup de lui conférer un effet plus pervers. Encore une fois, Salamé attaque complètement dans la marge. Le sujet de Zemmour, qui consacre un bref chapitre à Paxton, n’est pas Vichy ni Paxton, d’ailleurs, mais l’entretien par les élites française d’une haine de soi nationale complètement mortifère. L’auteur montre comment la doxa engendrée par l’historien américain faisant de Vichy une incarnation du mal aussi définitive, sinon plus, que le nazisme, va être utilisée dans un but idéologique afin de parvenir à l’équation : France = Vichy = pire qu’Hitler. Evidemment, la démonstration de Zemmour est contrainte de se dérouler sur un terrain périlleux, et le bretteur avance toujours au pas de charge sans prendre peut-être toutes les précautions requises ( et quoiqu’il stipule bien qu’il ne cherche aucunement à réhabiliter Vichy), d’autant qu’il ne s’agit pour lui que d’un élément parmi un vaste catalogue. Mais comme Caron se jette, dans les marges d’une énorme démonstration, sur la statistique improbable ; Léa Salamé se précipite, toujours dans les marges, sur la première possibilité de point Godwin, et transforme les 500 pages de Zemmour en réhabilitation de Pétain, tout en le renvoyant paradoxalement à ses origines juives : celles-ci l’auraient prétendument poussé de manière névrotique à se vouloir plus goy que goy. On admirera ce déterminisme racial, et cette subtilité psychologique.

    Une semaine de calomnie

    S’en suivra une semaine de calomnie, sur le même mécanisme que l’affaire Millet, que l’affaire Deutsch, que l’affaire Gauchet, sur le même procédé de lynchage hystérique et de mauvaise foi pris en charge par tous les médias dominants en vue de fasciser le déviant sur le mode stalinien. Tout sera utilisé. Le mensonge par Bruno Roger-Petit prétendant, le 6 octobre, sur son blog du Nouvel Obs’ que le discours de Zemmour est : « Il faut réhabiliter Pétain, le bouclier protecteur des Nazis en 1940 », quand bien même Zemmour affirme, durant l’échange en question visible sur la page : « Ce n’est pas la réhabilitation de Pétain. » En outre, souligner que le régime de Vichy, en dépit de toute l’horreur qu’il représente, a paradoxalement protégé les Juifs français tout en se livrant à l’abomination par ailleurs, ne revient pas à reprendre l’antienne du glaive et du bouclier… On vire à la contradiction manifeste aux Inrocks, qui interviewent l’historien Serge Berstein afin que celui-ci donne une leçon d’histoire à Éric Zemmour. Berstein affirme donc que Zemmour a tout faux et explique : « Il est vrai que le quart des Juifs français a été déporté et n’est pas revenu. Le chiffre est moindre que dans d’autres pays. C’est dû d’une part aux effets de protection de la population et d’autre part aux efforts, en tout cas au début, pour essayer de conserver les Juifs français et livrer les Juifs étrangers à l’Allemagne ». Soit, précisément ce qu’affirme Zemmour, qui ne prétend rien de plus… Le 13 octobre, le JDD ira voir l’historien sur lequel s’appuie Zemmour, Alain Michel et titrera : « Le livre de Zemmour ne me concerne pas. », laissant entendre, donc, que l’historien conteste le journaliste. Pourtant, en lisant l’article, on découvre ceci : « L’expression de Zemmour est maladroite. Il aurait fallu dire “entre 90 et 92%”, et contrairement à ce qu’affirme Serge Klarsfeld, je ne pense pas que l’on puisse attribuer ces chiffres à la seule action des “Justes parmi les nations”, mais principalement à la politique appliquée par le gouvernement de Vichy, qui a freiné l’application de la solution finale en France. » À ce degré de malhonnêteté intellectuelle décomplexée, on sent que la machine déraille complètement. Jacques Attali, sur BFMTV, compare Zemmour à un « traitre glorifié » après l’avoir de nouveau acculé à son ADN juif. Quant à Jean-Jacques Bourdin, le 13 octobre, sur la même chaîne, il ira jusqu’à poser à Éric Zemmour cette question laissant son interlocuteur complètement ébahi : « Vous êtes négationniste, Éric Zemmour ? » Ainsi a-t-on à nouveau quitté l’aire du débat intellectuel depuis longtemps désertée pour s’engouffrer dans le délire collectif. Tout ça pour assimiler à Pétain un homme ne jurant que par de Gaulle.

    Collusion des élites

    Mais revenons à cette soirée inaugurale du 4 octobre. Zemmour s’y trouve seul contre tous et intervient sur tous les fronts. Cohn-Bendit, Ruquier, Salamé, Caron, Denisot, sont dans la mêlée, mais le cinéaste Xavier Dolan, comme son actrice au bord de l’apoplexie, même s’ils n’entrent pas dans la bataille, partagent le même ennemi. Dolan exprimera son dégoût pour le polémiste le 6 octobre sur Europe 1. Forcément, celui-ci représente une odieuse provocation au tribunal de son univers mental personnel. Néanmoins, personne ne semble relever, quand Dolan pousse un coup de gueule contre les manifestants opposés à la GPA, qu’il y a tout de même quelque chose de légèrement choquant à ce qu’un homosexuel québécois de 25 ans sans enfant vienne tancer brutalement les Français sur leurs choix en matière de politique familiale… La provocation, l’outrance, ne peuvent semble-t-il jamais venir que du même lieu. En tout cas, Zemmour ligue toute l’élite contre lui, phénomène qui devient aussi spectaculaire que transparent sur un plateau de télévision. Politiques, animateurs, journalistes, artistes, tous les représentants du pouvoir politico-médiatico-culturel se trouvent amalgamés d’un coup d’œil par la révulsion que leur inspire Zemmour. Après le plateau d’ONPC, ce sera le reste de la presse qui clamera sa réprobation, puis la classe politique à son tour. De Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS sur LCP à Roselyne Bachelot sur France 5 ou même Pasqua sur Europe 1, sans compter bien entendu les associations prétendument antiracistes, par les voix de Dominique Sopo ou d’Alain Jakubowicz. Tous ne sont plus qu’un seul bloc.

    Déni de démocratie, le peuple pue

    Et pourtant, dès le début du choc, Léa Salamé l’affirme gravement : « Vous avez gagné, Éric Zemmour… », sous-entendant par là que les idées que celui-ci défend sont désormais majoritaires dans la population française. Mais comment alors ne pas prendre en compte l’invraisemblable distorsion de représentativité qui se joue à l’occasion de la « tournée promotionnelle » de l’essayiste ? Les médias, dans leur immense majorité, l’isolent et l’agressent tout en reconnaissant qu’il a le nombre invisible (de moins en moins invisible) pour lui ! Et ils l’agressent bien sûr soi-disant au nom de la diversité et d’un fallacieux humanisme progressiste que toute leur attitude bat en brèche ! Cette distorsion, si elle ne peut qu’être vérifiée par les ventes record du Suicide français, apparaît de manière plus sensible sur les pages Internet. Chaque article, chaque vidéo, se voient inondés par les commentaires quand ceux-ci ne sont pas purement et simplement fermés. Réalité qui poussera Laurent Ruquier à opérer un debriefing conciliant dans son émission suivante. Ces commentaires soutiennent Zemmour dans des proportions de 50 à 100% selon que les supports vont de la gauche à la droite. Sont-ce des cris de haine ? Des logorrhées xénophobes ? Des discours nazis remixés ? Non ! La plus grande partie de ces posts propose le débat, développe de réelles argumentations, se tient dans un cadre parfaitement rationnel. Ce sont les affiliés aux médias dominants qui se contentent d’invectives, d’injures, de raccourcis infâmants et ferment toute possibilité à l’échange. Et en dépit de cela, par un aveuglement idéologique obstiné, par une surdité démente, cette France-là, qui lit, qui discute, qui développe, qui écrit un français correct et qui, quand elle ne soutient pas totalement l’essayiste, s’étonne au moins du traitement qui lui est réservé, cette France-là est caricaturée et couverte de crachats par la Une de Libé, le 11 octobre, qui titre sur « La France rance d’Éric Zemmour. » Le champ lexical de la moisissure et de la pestilence ne s’étaye que fort peu.

    Mais pourquoi le vieux journal de gauche, si célèbre pour ses titres, n’est-il pas allé plus vite à l’essentiel en titrant par exemple : « Le peuple pue. »

    La France du repli sur soi… et l’autre

    De fait, la stupéfiante semaine médiatique autour d’Éric Zemmour aura confirmé certaines de ses thèses d’une manière spectaculaire. Des élites toutes insidieusement solidaires auront vomi leur bile sur une bête médiatique incarnant le temps de quelques émissions toute la souffrance et l’orgueil d’un peuple méprisé, et auront également révélé le visage cohérent d’une certaine France. Une France du repli sur soi, du repli dans les beaux quartiers et les plateaux de télévision, bien unie derrière ses apparentes divergences, pour fréquenter les mêmes carrés VIP et partager les mêmes maîtresses. Une France de la haine, prête à toutes les calomnies pour faire taire celui qui ose exprimer une opinion divergente ; une France inapte au dialogue et gavée de préjugés sur quiconque se montrerait trop étranger à sa propre culture. Surtout, une France qui panique et perd toute maîtrise rationnelle. En somme, une France qui a peur. Et dont la peur, en effet, n’est sans doute pas seulement nourrie de fantasmes…

    Observatoire des journalistes et de l'information médiatique (OJIM, 20 octobre 2014)

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