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roman national

  • Une mémoire instrumentalisée...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de P.B., l'un des hussard de La Droite strasbourgeoise, consacré au triste exercice de repentance auquel s'est livré François Hollande à l'occasion de la cérémonie de commémoration de la «rafle du Vel d'hiv»...

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    A propos du Vel d'hiv : une mémoire instrumentalisée

    Célèbrant le soixante-dixième anniversaire de la rafle du Val d’Hiv du 17 juillet 1942 devenue le symbole de l’extermination des juifs d’Europe, François Hollande a déclaré qu’elle constituait « un crime commis en France par la France« . Désignant ainsi la France, notion atemporelle et décontextualisée il est allé plus avant que son prédécesseur Jacques Chirac qui s’était contenté de faire porter la responsabilité de cette ignominie sur « l’État français », dénomination officielle de l’autorité de fait exercée par Vichy. 

    Cette nuance a son importance car elle fait passer la nation de complice plus ou moins zélée d’un projet qu’aucun fonctionnaire de police n’imaginait criminel à l’époque, au statut de concepteur et d’auteur principal du génocide. Hollande bousille ce qui reste du roman national que l’on sait bien fait de mythes suggestifs et de légendes pieuses. Bien sûr celui gaulliste et mitterrandien d’une France globalement résistante face à une poignée de traîtres collabos à la solde des nazis n’était plus tenable, mais cela justifiait-il un tel dérapage sémantique ?

     

    Pétain incarnait-il la France ? Oui, assurément si l’on en croit François Hollande. Jean-Pierre Chevènement sur son blog signifiant son désaccord avec le président de la République faisait remarquer que ce faisant Hollande confirmait que si Pétain c’était la France il reconnaissait du même coup la légitimité du « véritable coup d’État opéré le 10 juillet 1940 par un gouvernement de capitulation« . Le moins que l’on puisse dire c’est que les propos de François Hollande ne font pas l’unanimité dans la classe politique.

     

    Ainsi le gaulliste Henri Guaino, toujours attaché à l’orthodoxie gaullo-mitterandienne dans ce domaine a-t-il suggéré lundi, avec une pointe d’ironie, que le président de la République tirant les conséquences de ces déclarations supprime la commémoration du 18 juin désormais caduque. Comme lui, pour beaucoup de nos compatriotes la France authentique était depuis cette date repliée à Londres. Mais l’ancienne plume de Sarkozy n’oublie-t-il pas un peu vite qu’en 2007 son mentor après avoir salué, à ce propos, le discours de son prédécesseur Jacques Chirac de 1995, avait précisé : « Il n’y a rien à ajouter, rien à retrancher à son très beau discours« . Sa conformité au gaullisme parait taillée sur mesure et il en retranche volontiers ce qui l’arrange. 

    Paul-Marie Coûteaux, souverainiste de tradition gaullienne, membre du Rassemblement Bleu Marine explore quant à lui la chaîne des responsabilités pour innocenter la France de toujours de cette forfaiture. À la version des faits proposée par Chirac et Hollande, il oppose une autre version des faits pas moins « historique » que celle qui se taille aujourd’hui la part du lion chacun sachant que les problèmatiques historiques dépendent des rapports de force et qu’elles reçoivent des inflexions différentes selon qui dispose de l’hégémonie culturelle dans la société.

    Selon Coûteaux donc, « Aucune des autorités que reconnaissaient alors les Français, celle de Vichy pas plus que celle de Londres ne gouvernait la zone occupée. Faut-il rappeler que, odieux rouage de la folie criminelle que l’impérialisme allemand imposait alors à presque toute l’Europe, le général Oberg, commandant la place de Paris, avait ordonné à la police parisienne, dont les agents étaient arrêtés ou instantanément fusillés s’ils n’obéissaient pas, la livraison de 25000 juifs étrangers réfugiés en France mais que des policiers français ont, au péril de leur vie, supprimé des fichiers ou prévenu dans la nuit des milliers de familles juives, en sorte que la moitié de ce qu’exigeait l’Occupant furent arrêtés ? Faut-il rappeler que c’est la France qui accueillit le plus grand nombre de réfugiés de confession juive, et en France qu’en furent sauvés le plus grand nombre ? » 

    C’est vrai, comme Serge Klarsfeld l’a mainte fois évoqué, à cette différence près que Karl Oberg n’était pas commandant de la place de Paris mais général SS dirigeant la police allemande dans toute la zone occupée. De même sont vraies les dispositions arrêtées par le chef de la police française, le très radical-socialiste René Bousquet, pour agir à partir du 8 août, en toute autonomie sans réquisition des autorités allemandes. Mais le 8 août n’est pas le 17 juillet, date à laquelle la police française dépendait encore entièrement de l’arbitraire allemand. Ceci étant dit, nous ne retiendrons pas la conclusion de Coûteaux qui à la fin de sa péroraison ne peut s’empêcher, en bon souverainiste patriotard, de donner le coup de pied de l’âne à la construction européenne la « direction allemande ».C’est pour le moins hors sujet mais reste qu’on ne peut lui donner tort lorsqu’il conclut qu’une « part croissante de notre peuple s’accuse de crimes qui ne lui sont nullement imputables, érodant sa mémoire, par là sa fierté, par là sa volonté« . 

    L’autodiffamation, la flagellation permanente à laquelle nous nous livrons sous la conduite de nos censeurs semble être devenue un sport national, non dépourvu d’une certaine arrogance d’ailleurs (que l’on songe au Misanthrope de Molière), alimentant en permanence une véritable industrie de la repentance.

    Spinoza disait que que « le repentir est une deuxième faute » (pour autant que l’on ait commis la première). Si François Hollande se vautre dans la liturgie des confiteor et des mea culpa (sur la poitrine des morts), il y a à cela une raison. Comme le faisait remarquer Paul Yonnet dans son Voyage au centre du malaise français (Gallimard, 1993), ce sont les silences longtemps entretenus par le discours officiel autour de Vichy qui expliquent le retournement des années soixante-dix et la progressive reconstruction de notre histoire sur des bases judéocentrées. 

    L’héroïque roman de la France résistante cédait progressivement la place à une France de la collaboration, un ramassis de crapules d’où émergeaient seuls quelques « justes ». Selon Yonnet c’est sur cette image peu flatteuse que s’est construit à la même époque un antiracisme occupant rapidement tout le champ de la légitimité idéologique.

    Si la France est une infamie, rien d’elle ne mérite d’être défendue et seule une immigration massive peut nous donner une chance d’être régénérés.

    C’est ce qu’on appelle un antiracisme de résignation.

    P. B. (Le blog des hussards de la Droite strasbourgeoise, 25 juillet 2012)

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  • Sans histoire... ni géographie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Laurent Dandrieu, cueilli sur le site de Valeurs actuelles et dans lequel il dénonce la fabrication à la chaîne de générations de déracinés...

    Laurent Dandrieu est actuellement rédacteur en chef adjoint de l'hebdomadaire Valeurs actuelles et était, dans les années 90, un des animateurs de la revue Réaction, remarquable revue de la droite littéraire de conviction.

     

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    Sans histoire... ni géographie

    Au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, il fut un (court) temps question de mener une “politique de civilisation”, concept intéressant disparu aussi vite qu’apparu. La civilisation, pour aller vite, c’est le processus qui permet de savoir d’où l’on vient, afin de pouvoir savoir où l’on va. Comment donc pourrait-on mener une “politique de civilisation” quand tout est fait par ailleurs pour que l’individu moderne ne sache plus d’où il vient ?

    Quand tout, des plaques d’immatriculation automobiles aux programmes scolaires, conspire à en faire un nomade sans appartenance et sans mémoire ?

    Dans un récent recueil d’annotations portées par des professeurs sur leurs élèves (les Perles des bulletins de note, éditions Jean-Claude Gawsevitch), on relevait cette remarque désabusée d’un professeur sur l’un de ses lycéens : « Année sans histoire… et sans géographie non plus d’ailleurs. » Boutade qui, comme toujours, est plus vraie qu’elle ne le croit. En effet, comme nous l’apprend une récente tribune de Rémy Knafou publiée dans le Monde du 5 octobre, les programmes de géographie des classes de première entrés en vigueur en septembre 2011 consacrent ni plus ni moins que la disparition de la France en tant que telle : « L’entité “France”, celle de la République française, a purement et simplement disparu au profit de deux autres niveaux : le niveau européen, d’un côté, et celui des territoires qui composent la France, de l’autre, la part belle étant faite aux “territoires de proximité” », explique ce professeur émérite de la Sorbonne. Tout se passe comme si l’on voulait nous faire croire que la France est une simple juxtaposition de régions, unie par un hasard administratif, mais sans histoire com­mune, sans identité commune et par conséquent sans destin commun. Le tout ne serait ici que la somme des parties, sans rien leur apporter, sans que l’appartenance de ces parties à un tout modifie en quoi que ce soit leur existence ou leur devenir. La négation de la géographie française devient ici la négation du roman national, qui débouche inéluctablement sur la négation d’un avenir national.

    Déjà alarmante en soi, cette curieuse omission, ­exemplaire selon Rémy Knafou « d’une certaine dés­orientation collective », ne fait en réalité qu’élargir la brèche sans cesse grandissante creusée dans la perception que peuvent avoir les jeunes générations de leur identité. Ci­toyens d’un pays qui semble avoir basculé dans “l’après-histoire”, sans rien pour les relier charnellement à une geste historique qui s’éloigne de plus en plus dans le passé, sans devoir qui concrétise leur appartenance à une communauté nationale – comme l’a fait pour des générations le service national –, sans pour autant pouvoir se rattacher à une identité européenne qui reste fictive, réduits à leur simple statut de consommateur et de rouage du système économique, les jeu­nes générations de Français voient en même temps s’effacer les ­symboles qui pourraient les rattacher à une com­mu­nauté de destin, à une identité collective, à des racines concrètes.

    On dit célébrer l’identité européenne, mais on édite un agenda ponctué des fêtes du monde entier… à l’exception des chrétiennes. On voudrait que les Français délaissent les dé­lices de la repentance pour retrouver une certaine fierté nationale, mais on les prive, dans les manuels d’histoire, des ­grandes figures du passé, Clovis, Jeanne d’Arc ou Louis XIV, pour les entretenir du Monomotapa et des beautés de la ­civilisation dogon. On les somme d’agir en acteurs économiques responsables de la planète, mais on ne leur présente, sur les billets de banque, qu’un monde imaginaire et abstrait : ponts qui ne conduisent nulle part, vitraux vierges de toute représentation qui n’éclairent aucune cathédrale, absence de toute figure identifiable conduisent à se considérer comme une monade anonyme, le rouage impersonnel d’un système sans visage. Les monuments réels, d’ailleurs, obéissent eux-mêmes à ce principe d’anonymat : aéroports, bâtiments administratifs et même musées dévolus à l’histoire locale (comme celui de Liverpool, inauguré cet été) se ressemblent tous d’un pays à l’autre, issus de ce style international interchangeable et terriblement monotone dans sa quête d’originalité précisément, qui reproduit les mêmes formes et les mêmes silhouettes à Tokyo, à Sydney ou à Los Angeles.

    On déplore à longueur de discours le désarroi de ci­toyens en perte de repères, mais on fait tout pour les faire disparaître, pour effacer tous les signes de reconnaissance qui pourraient leur donner le point d’ancrage leur per­mettant de résister au vertige du tourbillon bougiste en s’inscrivant dans une lignée, dans une mémoire, dans un héritage. En privant ainsi les citoyens de toute transmission, on croit former peut-être des individus pleinement maîtres de leur destin, des citoyens du monde, des agents économiques à la flexibilité parfaite et des consommateurs adaptés aux innovations perpétuelles d’un marché mondialisé. On fabrique surtout des générations de déracinés, balayés par la première bourrasque faute d’avoir la moindre fondation, propres à former les gros bataillons de la barbarie qui vient.

    Laurent Dandrieu (Valeurs actuelles, 20 octobre 2011)

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