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  • Gouverner par la vertu : le despotisme doux des démocraties libérales contemporaines...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Yves Lejeune cueilli sur Polémia et consacré au « despotisme doux » en vigueur dans les démocraties occidentales...

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    Gouverner par la vertu : le despotisme doux des démocraties libérales contemporaines

    Les démocraties libérales européennes connaissent depuis plusieurs décennies un paradoxe grandissant : alors qu’elles se présentent comme les garantes des libertés publiques, elles multiplient les dispositifs normatifs qui restreignent, contrôlent et encadrent les comportements individuels. Ces mesures ne se donnent jamais pour ce qu’elles sont – des contraintes supplémentaires – mais se justifient systématiquement au nom de principes supérieurs : la santé publique, la sécurité, la lutte contre la haine, la solidarité, la protection de l’environnement ou des mineurs.

    Ce mode de gouvernance correspond à ce que Tocqueville appelait un « despotisme doux »1, ou encore à la biopolitique analysée par Foucault2 : une gestion politique de la vie et des comportements. D’autres auteurs contemporains, comme Philip Rieff3 ou Paul Gottfried4, parlent d’État thérapeutique : un pouvoir qui prétend guérir la société de ses pathologies.

    Un mode de légitimation par la vertu

    La mécanique est constante :

    1 - Une contrainte est introduite (interdiction, taxe, obligation, surveillance).

    2 - Elle est justifiée par une valeur morale consensuelle (sauver des vies, protéger les enfants, défendre la planète, accueillir les réfugiés).

    3 - Le pouvoir politique en sort renforcé, et la contestation neutralisée.

    Ce recours permanent à la vertu pour justifier l’extension de la sphère normative explique la difficulté à critiquer ces mesures sans apparaître comme « irresponsable », « insensible » ou « extrémiste ».

    Exemples nationaux

    France

    • Limitation de vitesse à 80 km/h (2018) : justifiée par un impératif de sécurité routière, elle a entraîné un maillage accru de radars et une hausse des amendes. La baisse de mortalité a été marginale, comparable aux tendances préexistantes5. Elle a en revanche contribué à nourrir le ressentiment des zones rurales et à catalyser le mouvement des Gilets jaunes.
    • Loi Avia (2020) : présentée comme lutte contre la haine en ligne, elle imposait un retrait en 24h des contenus signalés. Le Conseil constitutionnel l’a censurée pour atteinte disproportionnée à la liberté d’expression6.
    • Pass sanitaire et vaccinal (2021–2022) : instruments de contrôle social justifiés par la santé publique, ils ont conditionné l’accès à la vie sociale et divisé la société en « bons » et « mauvais » citoyens. Les rapports officiels européens soulignent que le certificat COVID a facilité la libre circulation et incité à la vaccination, mais ses effets directs sur la transmission restent largement discutés7.

    La sécurité routière : un exemple flagrant

    • En 2018, on dénombre 3 248 tués sur les routes françaises (France métropolitaine + outre-mer). Ils sont 3 167 tués en 2023 (France métropolitaine + outre-mer), selon l’INSEE.
    • À titre de comparaison, pour 2025, le Projet de loi de finances prévoit que les recettes du compte d’affectation spéciale (CAS) « Radars » s’élèveraient à 1,86 milliard d’euros (hausse de 12,3 % en AE/CP par rapport à 2024).
    • Un article de La Dépêche (19/01/2025) annonce qu’en 2025 on anticipe une recette de plus de 2 milliards d’euros pour l’ensemble des infractions routières. Toujours selon cet article, en 2023 les recettes des radars automatiques (amendes forfaitaires + majorées) s’établissaient à environ 967 millions d’euros (747 M€ d’amendes forfaitaires + >220 M€ d’amendes majorées).
    • Le nombre de tués est passé de 3 248 en 2018 à 3 167 en 2023, avec des fluctuations intermédiaires, mais l’augmentation des recettes ne coïncide pas avec une baisse spectaculaire de la mortalité.

    Si la répression routière fonctionnait mieux que l’infrastructure ou l’éducation, on s’attendrait à un effet plus marqué. Cela suggère que les PV/radars sont devenus un levier de recettes budgétaires davantage qu’un outil principal de réduction des morts (ou du moins qu’ils ne sont pas suffisants à eux seuls).

    Royaume-Uni

    • Online Safety Act (2023) : au nom de la protection des enfants, il impose aux plateformes de mieux lutter contre les contenus illégaux et d’offrir aux mineurs des garanties renforcées. Les critiques portent sur la possibilité, via des notices d’Ofcom, de contraindre des services chiffrés à mettre en place des systèmes de détection, ce qui met en cause la protection du chiffrement de bout en bout8.
    • Prevent Duty (depuis 2015) : impose aux enseignants et travailleurs sociaux de signaler tout soupçon de radicalisation. De nombreux cas absurdes ont montré les dérives d’un tel dispositif (par ex. un enfant de quatre ans soupçonné après avoir mal prononcé “cucumber”, compris comme “cooker bomb”)9.

    Belgique

    • Taxe soda (2016) : censée lutter contre l’obésité infantile, elle a eu un effet quasi nul sur la consommation mais un impact budgétaire certain, frappant surtout les ménages modestes10. Il est à noter qu’elle est entrée en vigueur en France en 2012 et au Royaume-Uni en 2024.
    • Plans contre la désinformation (2020–) : instaurés pour protéger la démocratie, ils confient à des fact-checkers le soin d’arbitrer le vrai et le faux, avec des risques évidents de partialité et de réduction du débat public.

    Suisse

    • Loi fédérale sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme (2021) : permet des assignations et restrictions de déplacement sur simple soupçon de radicalisation, sans décision judiciaire. Amnesty International a dénoncé une atteinte grave à l’État de droit11.
    • Interdiction de publicité pour le tabac (2022) : justifiée par la protection des mineurs, elle fragilise l’économie culturelle et publicitaire, sans effet prouvé sur le tabagisme global.

    Exemples européens

    • Chat Control (proposé en 2022 par la Commission européenne, toujours en discussion pour une mise en application en octobre 2025) : en toutes lettres, « Règlement établissant des règles en vue de prévenir et de combattre les abus sexuels sur enfants », présenté comme outil de lutte contre la pédopornographie, il obligerait les services de messagerie à scanner les communications privées. Les associations de défense des libertés numériques y voient une légalisation de la surveillance de masse12. Cela fait actuellement l’objet de débats intenses.
    • Directive Copyright (2019/790) : au nom des auteurs, elle impose des obligations de “meilleurs efforts” qui, dans la pratique, conduisent à l’utilisation de filtres automatiques, provoquant une censure préventive et renforçant la domination des GAFAM13.
    • Pacte vert (2019) : présenté comme solution à la crise climatique, il prévoit l’interdiction des moteurs thermiques en 2035. Plusieurs think tanks redoutent une désindustrialisation européenne face à la concurrence chinoise14.

    Le paradoxe des États post-modernes : impuissance externe, tyrannie interne

    Ces dérives ne sont pas accidentelles. Elles découlent d’une mutation structurelle : la perte de souveraineté externe des États européens. Monnaie, commerce, diplomatie, défense, frontières : les compétences régaliennes ont été transférées à des instances supranationales (Union européenne, BCE, OTAN). Les gouvernements nationaux, privés de leviers stratégiques, cherchent alors à justifier leur existence par une hyper-normativité intérieure.

    Moins un État est souverain, plus il devient tatillon : impuissant sur la scène internationale, il se rattrape par un contrôle accru des comportements privés. Ce rétrécissement de la souveraineté externe s’accompagne d’une extension de la contrainte interne, donnant naissance à une forme de totalitarisme doux, où la liberté est sans cesse suspendue au nom de motifs vertueux.

    L’apanage de la gauche ?

    À première vue, le « despotisme doux » semble bien être l’apanage de la gauche. C’est elle, en effet, qui s’est faite la championne de la morale publique et du progressisme universel. Au nom de l’égalité, de l’inclusion, de la lutte contre les discriminations ou encore du salut écologique, elle a multiplié les textes qui encadrent, surveillent et corrigent la conduite des citoyens. La gauche, héritière d’un messianisme politique qui entendait jadis « libérer l’humanité », a peu à peu transformé l’État-providence protecteur en un État-tuteur intrusif, chargé non seulement de redistribuer les richesses, mais de corriger les comportements, de discipliner les habitudes, voire de censurer les opinions. Dans cette logique, toute contestation devient suspecte : s’opposer à la norme, c’est apparaître aussitôt comme rétrograde, réactionnaire ou immoral.

    Il serait toutefois réducteur de réserver ce travers à la seule gauche. La droite elle aussi, lorsqu’elle se fait gestionnaire ou sécuritaire, prolonge cette logique de contrainte, et pas seulement par « suivisme ». Là où la gauche invoque l’égalité et la santé publique, la droite se prévaut de l’ordre, de la stabilité, de la sécurité nationale. Les deux convergent dans le même résultat : une prolifération de règles qui, sous des visages différents, enserrent la société civile. Quant à l’Union européenne, elle incarne ce consensus transpartisan : ses grandes initiatives – du Pacte vert au Digital Services Act – témoignent d’un pouvoir normatif qui transcende les clivages partisans.

    En vérité, le despotisme doux n’est donc pas le monopole d’un camp, mais le symptôme d’un régime tout entier : celui des démocraties libérales post-modernes, où la vertu proclamée justifie indifféremment, à gauche comme à droite, l’expansion continue du contrôle.

    L’immigration comme prétexte vertueux et matrice sécuritaire

    Un autre domaine où ce mécanisme apparaît avec force est évidemment celui de l’immigration. Les gouvernements européens invoquent sans cesse la vertu humanitaire : accueillir les réfugiés, secourir les migrants, pratiquer la solidarité internationale. Ces justifications morales, incontestables dans le discours officiel, servent de légitimation à des politiques migratoires généreuses.

    Or, les effets concrets de cette immigration massive sont marqués par une hausse de la criminalité et du risque terroriste dans les sociétés d’accueil15. Là où les flux ont été les plus intenses (France, Belgique, Allemagne, Royaume-Uni), les services de sécurité sont mobilisés dans une logique d’exception permanente, avec une surveillance généralisée des espaces publics. A contrario, les pays qui ont refusé l’immigration extra-européenne (Pologne, Hongrie) connaissent certes des problèmes sociaux endogènes, mais sont épargnés par le terrorisme islamiste et par une explosion comparable de la criminalité de rue.

    Le paradoxe est clair : au nom de la vertu humanitaire, l’Europe a ouvert ses frontières, mais cette ouverture débouche sur une inflation sécuritaire. Les caméras, drones et technologies de reconnaissance faciale se déploient massivement, touchant indistinctement l’ensemble des citoyens, bien au-delà des seuls groupes criminels visés initialement.

    Ainsi, la vertu proclamée – générosité envers les migrants – se renverse en un résultat concret : le renforcement du contrôle social sur tous les Européens.

    La politique de l’hypocrisie vertueuse

    Ce mode de gouvernance peut être résumé comme une politique de l’hypocrisie vertueuse : au lieu d’assumer leur impuissance croissante dans les domaines régaliens, les États compensent en multipliant les lois intrusives dans la sphère quotidienne. Le citoyen est ainsi cerné par un État qui ne sait plus projeter sa puissance à l’extérieur, mais qui s’emploie à régenter ses gestes les plus ordinaires.

    Le « despotisme doux » n’a pas besoin de brutalité : il s’exerce au nom de la santé, de la sécurité, de l’égalité, de l’environnement et désormais de la solidarité humanitaire. Il s’épanouit dans une étrange alchimie : d’un côté, l’impuissance des États qui ont perdu leurs leviers de souveraineté ; de l’autre, une frénésie normative qui s’abat sur la vie intime des citoyens. Faiblesse externe et intrusion interne se répondent ainsi, nourrissant l’illusion d’un pouvoir protecteur qui n’est en réalité qu’un pouvoir tatillon : sa force tient à ce qu’il rhabille la contrainte de la vertu. Mais ce faisant, ce despotisme révèle la dérive totalitaire des démocraties libérales post-modernes, qui sacrifient la liberté pour masquer leur propre impuissance.

    Comment s’en libérer ?

    Il existe un phénomène récurrent dans l’histoire politique : plus un régime est fragile ou illégitime, plus il tend à se justifier par un discours moral. Les dictatures africaines ou orientales du XXe siècle en fournissent une illustration grossière : combien de « républiques démocratiques », de « mouvements de libération » ou de « conseils populaires » qui, derrière ces appellations pompeuses, n’étaient que des régimes autoritaires ou prédateurs, souvent sanglants.

    Les démocraties libérales contemporaines, sans en adopter les formes brutales, recourent à une logique comparable. Plus elles imposent de contraintes, plus elles invoquent la vertu. Plus elles empiètent sur les libertés, plus elles prétendent protéger la santé, l’égalité, l’environnement ou la sécurité. Cette surenchère morale fonctionne comme un paravent : elle permet de masquer l’extension continue de la sphère normative et de neutraliser toute contestation en la disqualifiant d’avance comme immorale ou criminelle.

    Le premier devoir d’une force politique novatrice ou dissidente consisterait donc à nommer le problème, à démasquer cette logique hypocrite qui rhabille la contrainte des atours de la vertu. Le deuxième, sous réserve de parvenir au pouvoir, est de rétablir une autorité claire au sommet, recentrée sur les fonctions régaliennes : défendre les frontières, rendre la justice, assurer la sécurité extérieure et la diplomatie. Enfin, le troisième est de redonner souffle aux libertés concrètes en bas, dans la vie quotidienne : liberté d’expression, respect de la vie privée, autonomie des communautés locales.

    La maxime de Charles Maurras – « l’autorité en haut, les libertés en bas » – garde ici toute sa force. Mais elle ne peut demeurer simple formule. Elle doit devenir la charpente d’un projet institutionnel et culturel, à la fois réaliste et libérateur, capable de rompre avec l’infantilisation permanente et de rendre aux citoyens la dignité d’hommes libres.

    Yves Lejeune (Polémia, 1er octobre 2025)

     

    Bibliographie (sélection)

    1- Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, t. II, Paris : Gallimard, coll. « Quarto », 1992 [1840].
    2- Michel Foucault, Naissance de la biopolitique. Cours au Collège de France (1978-1979), Paris : Seuil/Gallimard, 2004.
    3- Philip Rieff, The Triumph of the Therapeutic: Uses of Faith after Freud, Chicago : University of Chicago Press, 1987 [1966].
    4- Paul E. Gottfried, After Liberalism: Mass Democracy in the Managerial State, Princeton : Princeton University Press, 1999.
    5- Cour des comptes, La politique publique de sécurité routière, Rapport public thématique, 1er juillet 2021.
    6- Conseil constitutionnel (France), Décision n° 2020-801 DC du 18 juin 2020.
    7- Commission européenne, Report on the EU Digital COVID Certificate, COM(2022) 123 ; rapport au titre de l’art. 16(3), déc. 2022.
    8- Ofcom (UK), Online Safety Act 2023: overview, 2023.
    9- BBC News, “Radicalisation fear over cucumber drawing by boy, 4”, 2016.
    10- Test-Achats (Belgique), Taxe sodas : des bénéfices pour l’État, pas pour la santé, 2019.
    11- Amnesty International Suisse, Loi fédérale sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme, position publique, 2021.
    12- Commission européenne, Proposal for a regulation laying down rules to prevent and combat child sexual abuse, COM(2022) 209 final ; EDRi, Analysis of the CSA Regulation, 2023.
    13- Directive (UE) 2019/790, Droit dauteur dans le marché unique numérique, JO L 130, 17 mai 2019.
    14- Bruegel, Re-energising Europes global green reach, Policy Contribution, 2024.
    15- Europol, European Union Terrorism Situation and Trend Report (TE-SAT), 2024 ; INSEE (France), Insécurité et délinquance (2019) ; Bundeskriminalamt, Polizeiliche Kriminalstatistik 2023.
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  • Union européenne : une prison pour les peuples européens ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli dans Polémia et consacré au cauchemar qu'est devenu l'Union européenne pour ceux qui rêvaient d'une Europe-puissance...

     

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    L'Union européenne : la prison des peuples européens

    L’Union européenne était autrefois un espoir pour les jeunes Européens. Mais cet espoir reposait sur un malentendu.

    Pour beaucoup d’Européens il s’agissait du rêve d’un continent unifié, « de l’Atlantique à l’Oural », libéré du communisme comme de l’atlantisme, débarrassé des querelles nationales, mais aussi indépendant et prospère : une Europe solidaire et puissante, ouverte sur le monde. Au moment du lancement de l’euro, certains y croyaient encore.

    Mais ce rêve a fait long feu. L’idée européenne a tourné au cauchemar. La construction européenne que promeut l’oligarchie, consiste justement à déconstruire la puissance et l’identité des Européens : l’Union européenne se construit désormais contre les Européens. Ceux ci n’auront bientôt plus d’alternative que la révolte.

    Le cauchemar européen

    Car la chute du communisme soviétique, qui était une bonne nouvelle en soi, n’a pas fait avancer l’Europe dans le sens de la puissance et de l’indépendance. Au contraire, l’idée européenne a régressé.

    L’atlantisme s’est renforcé : l’Europe n’est plus conçue que comme un espace libre-échangiste, aux frontières floues et qui ne se définirait que par une adhésion à ses prétendues valeurs, auxquelles tous les peuples pourraient donc finir par se rattacher, au moins sur le pourtour de la méditerranée. Dans cette Europe là, la préférence communautaire qui figurait à l’origine du marché commun, est devenue un délit.

    L’Union européenne, grenouille qui veut devenir bœuf à 27, à 28 ou au-delà , est restée un nain politique, une soft power dans l’orbite du grand frère américain et cela, conformément aux intérêts de ce dernier.

    Contrairement à ce que prétend la propagande de l’oligarchie, l’Union européenne ne protège plus personne, sinon les riches et les allogènes.

    Il n’y a pas de défense européenne, on se remet en tout à l’OTAN, c'est-à-dire à une organisation dirigée par les Etats-Unis. L’alignement atlantiste de la France conduit par Nicolas Sarkozy et la réduction continue des budgets militaires sur le continent, ont détruit tout espoir de construire une Europe indépendante tant au plan diplomatique que militaire.

    Les Yankees ont gagné !

    Les frontières de l’union, économiques ou autres, sont des passoires qui ne nous protègent pas. L’euro surévalué nuit à la croissance et à l’emploi des Européens ; en outre, il ne peut survivre qu’en limitant toujours plus la souveraineté budgétaire et financière des Etats, voire la souveraineté politique comme l’a montré la façon dont la gouvernance européenne veut traiter la question des dettes souveraines des Etats membres.

    Les Européens minoritaires en Europe ?

    Rome n’est plus dans Rome. A Bruxelles, épicentre du cauchemar européen, 30% de la population est désormais musulmane : tout un symbole !

    Les flux migratoires à destination de l’Europe occidentale et de la France en particulier ne cessent pas et sont en train d’initier un mouvement de changement de population.

    Toute tentative, même modeste, de réguler plus fortement les entrées, se heurte aux décisions des juges européens et aux pressions continues du patronat et des associations. L’immigration n’est donc nullement choisie, mais en réalité imposée aux peuples européens, qui doivent au surplus se plier de plus en plus aux mœurs exotiques des nouveaux arrivants.

    Car l’oligarchie nous explique maintenant que pour ne pas heurter la sensibilité de leurs hôtes si généreux, il faut que les Européens mettent en veilleuse leurs convictions : par exemple ne plus fêter Noël (on dit « bonne fin d’année » en novlangue), ne pas décorer de sapins, ne pas manger de porc, accepter les femmes voilées, les crimes d’honneur, les mosquées et les lieux de prière, ne pas caricaturer Mahomet etc. Bref renier notre histoire et nos origines chrétiennes, qui ne figurent d’ailleurs plus dans les valeurs de l’union européenne.

    Il suffit de se promener dans les rues de nos villes pour se rendre compte que l’immigration, notamment africaine, s’installe partout. Or plus le nombre de personnes d’origine immigrée augmente, plus elles ont tendance à se regrouper en communautés : c’est une loi de la nature. L’assimilation fonctionne donc en proportion inverse du nombre de personnes à assimiler.

    La constitution de communautés d’origine étrangère est lourde de conséquences pour la paix civile comme le démontrent d’ores et déjà les émeutes ethniques que les pays européens connaissent tour à tour et qui se ressemblent toutes dans leur déroulement puisque leur cause est identique.

    Avec sa politique migratoire démente, l’oligarchie de l’Union européenne a donc recréé en Europe un problème des minorités qui avait pourtant déjà empoisonné la première moitié de notre XXe siècle et qui avait par deux fois conduit à la guerre. Comme si cela ne suffisait pas, l’oligarchie y a ajouté au surplus un problème religieux –celui de l’Islam- et un problème noir.

    La prison des peuples européens

    L’Union européenne ressemble chaque jour un peu plus à l’Empire autrichien vieillissant, que l’on surnommait la prison des peuples : une juxtaposition de communautés et de « minorités » rivales, imbriquées les unes dans les autres, sous la domination d’une administration tatillonne et d’une aristocratie cosmopolite. Mais l’Empire autrichien a duré plusieurs siècles. Le machin de Bruxelles, comme disait avec mépris le général De Gaulle, n’aura sûrement pas cette longévité !

    Car l’Union européenne se présente aujourd’hui aux peuples européens sous le seul visage du fardeau et de la contrainte : toujours plus de règles, de normes, de jugements, de prélèvements, de sanctions, de boycottages contre les gouvernements, les peuples et les nations, et toujours plus de privilèges pour les allogènes.

    Ainsi cette Europe s’est construite en passant outre à la volonté des peuples européens, en foulant aux pieds cette démocratie que l’on se targue pourtant d’incarner et que l’on a voulu imposer par les armes aux Libyens et sans doute demain aux Syriens. Son fondateur, le Français Jean Monnet ne s’est d’ailleurs jamais présenté à une seule élection.

    Quand un pays vote mal, on le fait revoter : comme en Irlande. Quand les peuples refusent de ratifier la constitution européenne, on leur impose le traité de Lisbonne via les parlements. Quand un premier ministre grec envisage de soumettre à référendum le plan de rigueur imposé par la zone euro, on menace de lui supprimer toute aide économique. Quand le gouvernement hongrois issu des urnes révise les pouvoirs de la banque centrale, on le menace de sanctions.

    L’Union européenne est une construction oligarchique qui tient les peuples européens en suspicion. Comme le déclarait significativement un ministre du nouveau gouvernement italien, « le populisme est l’un des principaux ennemis aujourd’hui en Europe » (Les Echos du 9 janvier 2012) ; ennemi, vous avez bien lu : cette oligarchie considère son propre peuple comme un ennemi !

    Le moulag

    L’Union européenne est un tyran mou, mais ombrageux, d’autant plus redoutable qu’il est sans visage. Nous vivons dans une sorte de goulag mou, sans barbelés, avec des supermarchés et des chômeurs. Mais nous sommes aussi soumis à une police de la pensée, chaque jour plus intolérante.

    Ce n’est plus un ectoplasme comme dans les années 60 : c’est malheureusement devenu une métastase, qui risque de tuer l’Europe.

    Car les prétendues valeurs européennes sont en réalité mortelles pour ceux qui y croient.

    Ainsi ces valeurs nous recommandent d’accueillir toujours plus d’immigrés, d’ouvrir toutes grandes nos frontières aux marchandises et aux hommes étrangers. Elles nous imposent de ne discriminer personne, sauf les Européens ! On a découvert à propos de la Hongrie que l’indépendance de la Banque centrale était aussi une valeur : la finance libre et les Européens asservis aux impôts et aux dettes : voilà le vrai programme de l’oligarchie!

    L’Union européenne n’offre en outre qu’une seule option : se soumettre à ses diktats ou bien se trouver exclu, sanctionné, ou privé de ses droits de vote (comme dans les futurs traités européens souhaités par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy en cas de dérive budgétaire), mais sans avoir le droit de se retirer… Hier les Autrichiens étaient coupables de déviance politique pour avoir introduit au gouvernement le FPÖ ; puis les grecs ont été coupables de déviance budgétaire. Aujourd’hui on diabolise les Hongrois coupables sur les deux plans. A qui le tour demain ?

    Tant que la prospérité était tant bien que mal assurée, on pouvait le tolérer. Mais à l’heure de la récession, le caractère insupportable de la contrainte européenne apparaît de plus en plus.

    De la récession à la sécession ?

    La situation de l’Europe n’est pas sans rappeler malheureusement celle qui a conduit à la guerre civile américaine au XIXe siècle.

    Derrière le pathos de l’antiesclavagisme, cette guerre civile a en effet opposé les Etats du Sud –c'est-à-dire pour l’essentiel les Etats fondateurs des Etats-Unis qui étaient libres, échangistes car dénués d’industrie– aux Etats du Nord qui étaient protectionnistes et industriels. Les Etats du Nord entendaient imposer leurs tarifs douaniers au Sud agricole qui était importateur net, et cela, tout en lui déniant le droit de se retirer de l’Union. Une situation intenable pour les sudistes (qualifiés de rebelles par les Etats du Nord) qui n’avaient alors plus d’autre choix que la sécession, et bientôt celui de défendre leurs droits par les armes.

    Comme au temps d’Abraham Lincoln aujourd’hui en Europe un front sépare de plus en plus profondément les libre-échangistes de ceux qui veulent protéger leur économie, leurs emplois, leur identité et leur culture. Ces derniers sont aussi des rebelles -on dit  populistes  de nos jours- aux yeux de l’oligarchie libre-échangiste et des entreprises transnationales.

    Comme au temps d’Abraham Lincoln, l’Union européenne est devenue un carcan : elle ne conçoit pas qu’on puisse souhaiter la quitter pour retrouver sa souveraineté.

    Comme au temps d’Abraham Lincoln, l’immigration a pris la place de l’esclavage pour servir de justification morale aux intérêts économiques les plus sordides. Elle pourrait aussi servir demain de prétexte à des mesures violentes à l’encontre des peuples rebelles. N’a-t-on pas fait la guerre à la Serbie pour lui imposer la partition ethnique du Kosovo, au mépris de tous les principes du droit européen ?

    Comme au temps d’Abraham Lincoln, enfin, les peuples n’ont plus que leur courage et leur détermination à opposer à ceux qui violent leurs droits.

    Michel Geoffroy (Polémia, 10 janvier 2012)

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