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médiasphère

  • “Le Monde constitue une informelle et invisible Pravda” ...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur le site du Nouvel Economiste et consacré au déni du réel pratiqué par les médias, et en particulier le quotidien Le Monde, en matière d'insécurité.

     

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    Médias et sécurité : “frapper le chien tombé à l’eau” ?

    L’heure paraît venue de critiquer le journal Le Monde, pour le déni qu’il manifeste face aux graves problèmes de criminalité, et pour l’opprobre moralisant dont il couvre des problèmes de sécurité.

     

    “Frapper le chien tombé à l’eau” – les Français diraient : achever l’homme tombé à terre – est l’un de ces dictons populaires chinois dont Mao parsemait ses discours et écrits. Nous le reprenons car, on le verra, le maoïsme, ses horreurs et thuriféraires, jouent un rôle dans ce qui nous occupe aujourd’hui : le rôle néfaste des médias d’information, à commencer par le premier d’entre eux, Le Monde, dans les affaires de sécurité.

     

    Car qu’ils émanent du public ou du privé, les professionnels de ce secteur vous le disent volontiers. Quand ils exposent les dangers du monde réel aux commerçants, industriels, financiers de tout type, et préconisent des mesures de sécurité à adopter d’urgence et respecter ensuite, c’est l’incrédulité ; parfois même après divers braquages, cambriolages, etc.

     

    Pourquoi ? Parce que ces entrepreneurs n’ont rien lu de la sorte dans le journal ; rien entendu ou vu, qui le confirme à la radio ou à la télé. Or quiconque est familier des médias le sait bien : pour le reste de la presse écrite ou audiovisuelle, Le Monde constitue une informelle et invisible Pravda ; ce quotidien donne “la ligne du parti” de la médiasphère, ligne qu’ensuite tous suivent peu ou prou, d’abord dans le domaine sociétal.

     

    L’heure nous paraît donc venue de critiquer ce quotidien, pour le déni qu’il manifeste face aux graves problèmes de criminalité, et pour l’opprobre moralisant dont il couvre des problèmes de sécurité.

     

    Le Monde est-il qualifié pour asséner des leçons de morale politique, à tout bout de champ et à tout un chacun ? D’où vient ce quotidien et où en est-il aujourd’hui ? Enfin, quel est le destin de la croisade anti-extrémiste dans laquelle il s’est clairement lancé à corps perdu ? C’est ce que nous analysons ci-après.

     

    • Leçons de morale – Le Monde, qui s’autorise à qualifier d’extrême quiconque lui déplaît, s’est naguère rendu coupable d’une flagrante apologie de génocide, dont il ne s’est jamais ensuite repenti. Ce génocide est celui des Khmers rouges, dont le projet criminel – au sens de crime contre l’humanité – fut d’abord applaudi, puis couvert, par Le Monde.

     

    Rappel : c’était en 1975, c’est-à-dire, en termes historiques, hier encore. Le 16 avril 1975, Le Monde fait la propagande des Khmers rouges : “Une société nouvelle sera créée, elle sera débarrassée de toutes les tares qui empêchent un rapide épanouissement : suppression des mœurs dépravantes, de la corruption, des trafics de toutes sortes, des contrebandes, des moyens d’exploitation inhumaine du peuple… Le Cambodge sera démocratique, toutes les libertés seront respectées, le bouddhisme restera religion d’État, l’économie sera indépendante”.

     

    Le 17 avril 1975, voici ce qu’écrit Le Monde (Phnom Penh) : “La ville est libérée… L’enthousiasme populaire est évident”. [Le carnage commence la nuit même de cette “libération”].

     

    Le 18 juillet 1975 enfin – pire encore –, la propagande continue. [Rappel : à cette date, les premiers massacres des Khmers rouges sont connus en Europe, le pays n’est plus qu’un sanglant Goulag] : “Ce peuple est à l’ouvrage, jour et nuit… Tout le monde vit de la même façon, transporte, pioche, reconstruit, repique, ensemence, récolte, irrigue, depuis les enfants jusqu’aux vieillards. L’allégresse révolutionnaire a, paraît-il, transformé le paysage urbain… Une société nouvelle est assurément en gestation dans le royaume révolutionnaire”. Or qui a écrit cela, et n’a jamais expié, est-il vraiment qualifié pour servir de docteur de morale ?

     

    • Décence éditoriale – Presque quarante ans ont passé. Du maoïsme tout court, nous en sommes à ce que le grand Jaron Lanier (dont tous devraient avoir médité le superbe Who owns the future) qualifie de “maoïsme digital”.

     

    Le Monde est désormais la propriété d’un trio de milliardaires où culmine M. Xavier Niel, libertaire titan de l’économie digitale. Là encore, est-il normal, est-il honnête, que ce quotidien accable son propriétaire d’hommages dignes de la propagande maoïste, boursouflés au point qu’à l’époque, ils auraient pu fait rougir Joseph Staline (“Petit père des peuples”) ou Nicolae Ceausescu (“Danube de la pensée”…).

     

    Citations (Le Monde, 2 mai 2014). M. Niel, sur deux pleines pages : “Il est au centre… patron qui n’en a pas l’air… capacité hors normes à gagner de l’argent… autodidacte surdoué… une mémoire des chiffres hors du commun… capacité à être au courant de tout… talent de fiscaliste qui impressionne… vision planétaire de l’information… absence de peur face au risque… patron populaire et inclassable…” on en passe. Un publi-reportage dans lequel, notons-le, de supposées critiques constituent en fait de sournoises et subliminales menaces.

     

    Et le pire, qui atteste d’une soumission à l’ordre totalitaire : “Au Monde, il n’a jamais été pris en défaut sur le respect de l’indépendance de la rédaction”. Et ce alors qu’en privé, des journalistes du quotidien parlent de micro-management et d’ambiance de terreur. Tel est donc l’organe de presse qui, plutôt qu’informer, a – pour l’instant – cédé à la tentation d’aveugler et de se soumettre.

     

    • Croisade contre l’extrémisme – Quel est l’avenir du Monde dans le grand Meccano en construction du journalisme digital ? Difficile à dire, mais au moins, une hypothèse d’ordre politique. Le destin de ce qui fut le “grand quotidien d’information” est sans doute d’ordre œdipien.

     

    Expliquons-nous, en nous inspirant de Sigmund Freud. On sait que, voulant conjurer le réel annoncé par les dieux, Œdipe accomplit le geste fatal même qui précipite la malédiction. Faisant précisément ce qu’il ne fallait pas faire, le héros tragique réalise ainsi ce qu’il voulait à tout prix éviter. Tel est peut-être le sort de la croisade anti-extrémisme du Monde. Par son déni du réel criminel et son arrogant mépris envers le peuple, ce quotidien aggrave sans doute – involontairement, Ô combien ! – le phénomène même qu’il hait et veut combattre.

     

    Xavier Raufer (Le Nouvel Economiste, 21 mai 2014)

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  • La négation du réel criminel est suicidaire...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la tentative de négation de la réalité criminelle de notre société par l'oligarchie politico-médiatique...

     

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    France : la négation du réel suicidaire est criminel

    La déferlante criminelle que nous prédisions clairement, depuis la fin 2012, est là. Prouvons-le en écoutant la société civile : personnels hospitaliers, pompiers, buralistes.

    • À Marseille, le professeur chargé des services d’urgence des hôpitaux déclare voici peu : « Nous sommes confrontés à un niveau de violence jamais atteint. » Sur tout le système hospitalier français, les « atteintes aux biens et aux personnes » ont doublé entre 2011 et 2012.

    • Chez les pompiers, les agressions physiques augmentent de 35 % de 2008 à 2012.

    • Buralistes : leur confédération recense 341 vols à main armée de janvier à juin 2013 (1,8 par jour) dont 43 à Marseille.

    Mais cette vague criminelle affecte-t-elle le monde entier ? Au moins, toute l’Union européenne ? Non : elle est une triste exception française car, partout dans le monde développé, la criminalité baisse fortement – parfois, elle s’écroule.

    • En Angleterre en 2012 : cambriolages, – 7 % ; crimes violents, – 6 % ; violences urbaines, – 17 %. Cela résulte-t-il d’un brutal matraquage répressif ? Non : entre 2010 et 2012, la police anglaise a perdu 14.186 fonctionnaires ; ses effectifs sont au plus bas depuis 2002. Or, le risque pour un Britannique d’être victime d’un crime est le plus faible depuis trente ans !

    • Aux États-Unis, les crimes violents ont diminué de 32 %, de 1990 à 2012. Mieux encore : dans les métropoles américaines, le recul des homicides, vols à main armée, agressions et autres délits est de 64 % !

    Même l’Estonie a réussi, depuis 1995, à faire baisser les vols à main armée, vols de véhicules, etc. de 60 %.

    Donc, l’échec français est bien français ; clairement dû au fait que l’attelage gouvernemental tire à hue et à dia, Mme Taubira vidant les prisons et la police tentant vainement ensuite de rattraper les criminels.

    Face à ce désastre, que veulent les Français ? Là aussi, les choses sont claires. Ils veulent :

    • Qu’on prenne la sécurité au sérieux : dans Le Journal du Dimanche du 29 septembre 2013, la sécurité caracole en tête des enjeux des futures élections municipales (30 %, ex æquo avec l’emploi), juste après la fiscalité (32 %).

    • Une justice plus sévère : Dans Le Figaro, sondage du 22 mars 2013, les Français demandent à 92 % une perpétuité réelle (sans libération conditionnelle) pour les crimes les plus graves ; 88 % des Français se disant « de gauche » ayant la même exigence.

    Cependant, les Français se fient-ils aux médias dominants pour les alerter et les informer, d’abord sur la sécurité ? Non ! Dans un sondage (Marianne, 15 mars 2013), les Français placent, en termes de confiance, les journalistes à la 27e place sur 33. Faire confiance aux journalistes ? Non : 60 % ; oui : 37 % seulement. Autre sondage (Le Point, 25 janvier 2013) : les médias font-ils mal leur travail ? Oui : 58 % ; ignorent-ils les vrais problèmes des Français ? Oui : 72 %.

    Pourtant, les médias dominants forment désormais une sorte « d’orchestre rose », voué à nier le réel criminel. De cela, un exemple caricatural. Durant l’été 2013, la radio France Info présente une série de Jacques Legros, intitulée « Les pousse-au-crime » et consacrée aux « criminels qui ont marqué nos sociétés ». Série bien sûr écoutée avec intérêt par le criminologue que je suis. Il n’empêche que, pour Legros et France Info, comment se prénomment nos criminels d’aujourd’hui ? Benoît… Bruno… Catherine… Charlène… Christine… Clément… Corinne… Estelle… Jason… Kevin… Pascal… Sylvie… Thierry. C’est tout ?

    Oui. Legros et France Info ignorent-ils que, dans la vraie vie, dans la rue et dans les tribunaux, les criminels se nomment rarement Christine ou Thierry ? Non, bien sûr. Force est donc de conclure au camouflage et au déni du réel.

    Cet exercice de conjuration du réel criminel s’opère au nom du « fait divers ». Toujours plus, la criminalité disparaît des médias dominants. Il n’y a plus que d’anodins « faits divers ». Récemment, Najat Vallaud-Belkacem dénonce la « tyrannie des faits divers ». Alain Duhamel, lui, fustige « l’hystérisation des faits divers ». Et dans Libération, Pierre Marcelle, qui est une sorte de Jiminy Cricket du monde bobo, vomit les « fait divers » à chaque éditorial.

    Pourtant, face à la brutale réalité criminelle, toutes ces entreprises d’édulcoration, de relativisation, ces finasseries et conjurations de la réalité sont vouées à l’échec, pour les trois excellentes raisons que voici :

    • Dans la vraie vie, hors de la médiasphère, les « faits divers » n’existent tout simplement pas. Il s’agit d’un pur classement journalistique, dans lequel on empile des infractions, contraventions, délits et crimes, seules catégories juridiques pertinentes dans un État de droit.

    • Dans une société, même dictatoriale, on ne dissimule pas la réalité criminelle à la population. Les gens savent. Ils se parlent. Même la défunte URSS et sa propagande, même la Chine post-communiste n’ont pu camoufler à leurs peuples les vastes trafics criminels s’opérant en leur sein. Et la Ve République de 2013 n’y arrivera pas non plus.

    • Enfin, et pire encore que tout, pour « l’orchestre rose », cette négation du réel criminel est suicidaire. Car ce n’est pas la première fois que la gauche l’entreprend. Vers l’an 2000, le déni y était identique. Le « sentiment d’insécurité », entendait-on alors, n’émanait que de beaufs avinés et réac. Une simple campagne de com’ apaiserait tout cela bientôt.

    Arriva la présidentielle d’avril 2002. M. Jospin fut candidat – on connaît la suite. « L’orchestre rose » de 2013 est-il conscient de ce précédent ? Ouvre-t-il parfois les yeux, comprend-il l’effet de son mépris appuyé pour les « faits divers », sur des Français pillés et inquiets ? Il ne le semble pas.

    Pour conclure, cette citation du grand théoricien marxiste Karl Kautsky (1854-1938), père fondateur de la social-démocratie allemande : « Quand une classe ou une société dégénère, ou qu’elle est trop violemment bousculée, elle rejette toujours la vérité. Elle n’use plus de son intelligence pour clairement établir ce qui est, mais cherche des arguments pour s’apaiser, se consoler et se tromper elle-même. » Qu’ajouter ?

    Xavier Raufer (Boulevard Voltaire, 7 octobre 2013)

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