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jean-loup bonnamy

  • Séparatisme : les nouvelles guerres de sécession...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°208, juin 2024 - juillet 2024) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré aux nouvelles guerres de sécession, on découvrira l'éditorial, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec Jean-Jacques Annaud, Caroline Galactéros, Olivier Zajec, Jean-Loup Bonnamy, Wang Guofeng et Piero San Giorgio...

    Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, de Nicolas Gauthier, d'Aristide Leucate, de David L'Epée, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli, d'Ego Non, de Slobodan Despot et de Julien Rochedy...

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    Au sommaire :

    Éditorial
    Des populismes contre le peuple. Par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien
    Jean-Jacques Annaud : « J’aime les cultures qui honorent le temps long ». Propos recueillis par Grégory Pons

    Cartouches
    L’objet disparu : les affiches de cinéma dessinées. Par Nicolas Gauthier

    Une fin du monde sans importance. Par Xavier Eman

    Cinéma : les acteurs, un mal nécessaire ? Par Nicolas Gauthier

    Michèle Delagneau et Michel Marmin, leur dictionnaire amoureux de la musique. Par Richard Millet

    Curiosa Erotica : quand les curés étaient libertins. Par David L’Épée

    Champs de bataille : Finis Hungariae ? (1/2). Par Laurent Schang

    Nos figures : Lancelot du like. Par Bruno Lafourcade

    Le droit à l’endroit : être ou ne pas naître, droit à la vie et liberté du marché. Par Aristide Leucate

    Économie. Par Guillaume Travers

    François Sureau, derrière la vitrine. Le regard d’Olivier François

    Bestiaire : ces animaux qui ont fait le choix de la démocratie. Par Yves Christen

    Sciences. Par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées
    Russie-Ukraine : comment sortir de l’impasse ? L’analyse de Caroline Galactéros Propos recueillis par François Bousquet

    Pourquoi le « réalisme », avec Olivier Zajec. Propos recueillis par Laurent Schang

    Printemps russe : mon séjour d’observateur international au pays des tsars. Un reportage de Christian Rol

    Jean-Loup Bonnamy : vers un choc des décivilisations. Propos recueillis par François Bousquet

    L’aplatissement du monde et la civilisation des emojis. Par François Bousquet

    Jeux et esprit des peuples : dames, le déclin d’un loisir populaire. Par Guillaume Travers

    L’IA ou l’autopsie de la liberté avec Julien Gobin. Propos recueillis par Thomas Hennetier

    La rancœur des mâles, ce ressentiment qui monte dans la jeunesse. Par David L’Épée

    « Mon papa était nazi » : tout le monde n’a pas la chance d’être orphelin. Par François Bousquet

    Kant et nous : critique de la critique. Par Alain de Benoist

    Institut Iliade : transmettre pour former et reconquérir. Un reportage de Xavier Eman

    Exploration du système solaire : de la Terre à la Lune et au-delà. Par Christophe Belleval

    Pour saluer Pierre Barrucand, un siècle de non-conformisme ! Par Alain de Benoist

    Rencontre avec Wang Guofeng : quand un artiste chinois photographie le pouvoir. Propos recueillis par Hervé Juvin

    Le royaume de Pascal Vinardel : l’art caché de notre temps. Par Olivier François

    Dossier
    Séparatisme : les nouvelles guerres de sécession

    Séparatisme, partition, sécession : le temps des tribus. Par François Bousquet

    La France lessivée, un pays en instance de divorce. Par Daoud Boughezala

    Les nouveaux parias : quand la sécession devient une nécessité. Par Xavier Eman

    Piero San Giorgio : survivalisme, l’ultime sécession. Propos recueillis par Xavier Eman

    Panorama
    L’œil de Slobodan Despot


    Reconquête : des braies et des hommes. Par Slobodan Despot

    La leçon de philo politique : lire Johann Gottfried Herder. Par Ego Non

    L’esprit des lieux : destination Marseille. Par Christophe A. Maxime

    Un païen dans l’Église : la basilique Notre-Dame de L’Épine. Par Bernard Rio

    Anachronique littéraire : Madame Ackermann et Claude Jamet. Par Michel Marmin

    Rochedytorial : métapolitique et infrapolitique. Par Julien Rochedy

    Éphémérides

     

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (49)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    • Dans son émission « Le Monde de la Philosophie » sur Radio CourtoisieRémi Soulié reçoit Alain de Benoist pour son dernier livre La puissance et la foi paru aux éditions Pierre-Guillaume de Roux. La conversation érudite se déroule autour du syntagme de théologie politique dont Alain de Benoist souligne la polysémie mais parvient à en dégager les contours avec précision :

     
    • La race et son obsession envahissante dans les rangs de l’extrême gauche et de certains islamistes est au sommaire de Cette année là, l’émission de la revue Éléments sur TV-Libertés :
     
    • Pour être totalement inclusif il convient que les hommes aient également leurs menstruations, du moins si l’on en croit un communiqué de l’Unef, syndicat étudiant qui fait là un grand pas dans la direction du « progressisme ». Une rubrique de Marie Chancel sur le site d’Éléments :
     
    • Rétablir l’autorité pour restaurer l’unité de la nation; c’est le pari que veut faire l’avocat Thibault de Montbrial, président de Centre de réflexion sur la sécurité intérieure et auteur de Osons l’autorité récemment paru aux éditions de L’Observatoire. Délinquance, radicalisation islamisme, ensauvagement, tous ces signes de délitement sont en expansion rapide et ne trouvent face à eux qu’une réponse pénale insuffisante dont nos gouvernants sont les premiers responsables (anarcho-tyrannie). Il est ici interviewé par Sputnik :
     
    • Julien Langella, l’un des fondateurs de Génération Identitaire et présentement porte parole d’Academia Christiana publie un livre-manifeste intitulé Refaire un peuple, pour un populisme radical aux éditions de La nouvelle Librairie. Un excellent ouvrage présenté ici sur le site de Breizh-info : 
     
    • Rudy Reichstadt et Tristan Mendès-France épinglé par l’OJIM pour leur « Complorama » mis en scène par Franceinfo sur la Russie, la Chine et l’Iran qui ourdiraient un vaste complot géopolitique et antisémite mondial:
     
    • La tyrannie des minorités. Michel Onfray était l’invité de l’émission de Laurent Ruquier samedi 6 mars pour la dénoncer. Mieux que de la dénoncer, il faut évidemment la combattre et pour ce faire voici les recettes suggérées par la fondation Polémia :
     
    • Jean-Paul Brighelli retrace dans un entretien sans concession le délitement accéléré de l’école de la maternelle à l’université et le place dans l’évolution de notre civilisation, qu’il dit à bout de souffle et dans la voie d’une décadence comparable à celle de la Rome antique. Excellente vidéo de Vincent Lapierre :
     
    • L’écrivain Pierre Jourde qui anime son blog sur le site de L’Obs se déchaîne à propos  des collaborateurs de l’islamo-gauchisme qui bien sûr n’existe pas, et leur envoie une bonne volée de bois verts, sans mâcher ses mots. Ici commenté par Pascal Tenno :
     
    • Cordicopolis, cité où le coeur a tous les droits à condition qu’il évolue exclusivement dans le camp du « bien ». Olivier Amiel sur le site de Causeur met en cause les Woke (les éveillés) en s’inspirant des réflexions du génial Philippe Muray. Il les désigne comme les principaux coupables de la mise sous tutelle de la jeunesse par les schémas de la cancel culture et les désignent  comme des maître subversif à l’instar de ceux qui embrigadait les jeunes générations dans 
    les Hitlerjugend ou les Komsomol.
     
    • Jean-Marc Jancovici face à Natacha Polony. Pourquoi les médias ne comprennent-ils rien aux questions d’énergie ? Une réflexion pleine de subtilité :
     
    • Jean-Marc Jancovici. Climat, quelle équation pour la chaine alimentaire? Brève intervention lors d’une conférence organisée par la Coopération agricole :
     
    • Les hommes sont trop nombreux sur terre. Didier Barthès, porte-parole de l’association Démographie responsable, tire la sonnette d’alarme. N’est-il pas trop tard pour agir ? Le mode de vie des populations les plus riches est-il un problème ? L’Afrique, souvent pointée du doigt, est elle une bombe à retardement ? En incitant à limiter la natalité, l’invité de « Politique & Eco » milite pour la stabilisation de la population, qui a déjà eu lieu en Europe. Une démarche qui pourra provoquer nombre de croyants et pourtant nécessaire si nous voulons avoir quelques chance de maintenir un planète durable :
     
    • Dans une excellente critique des films de Jean-Pierre Melville (notamment Le Cercle Rouge), Jean-Loup Bonnamy découvre avec talent la nostalgie de la France d’avant qui n’était ni moisie ni rance comme se plaisent à nous la conter des idéologues mal intentionnés mais respirait au contraire la joie de vivre :
     
    • Régis de Castelnau, avocat pénaliste, invité par Élise Blaise fait une bonne radiographie de la justice à l’époque du système Hollande-Macron: 
     
    • Une évolution qui séduit Rokaya Diallo. On attend avec impatience un acteur noir dans la peau d’Adolf Hitler :
     
    • Prenons exemple sur les Anciens qui célébraient sans honte la beauté des femmes et faisons du 8 mars la fête du beau sexe contre ceux qui entendent les dissimuler sous la bâche de leurs préjugés sexistes.
    Ci-joints les mosaïques de la Villa Romana del Casale, en Sicile (IV siècles ACN)
     
     
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  • Arrêter la mer avec ses bras...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Jean-Loup Bonnamy à Figaro Vox et consacré au confinement et à la lutte contre l'épidémie de coronavirus. Normalien, agrégé de philosophie, Jean-Loup Bonnamy est spécialiste de géopolitique et de philosophie politique. Il vient de publier, avec Renaud Girard, Quand la psychose fait dérailler le monde (Gallimard, 2020).

     

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    «Vouloir arrêter une épidémie avec le confinement, c’est comme vouloir arrêter la mer avec ses bras»

    FIGAROVOX. - Ce nouveau confinement permettra-t-il d’endiguer la seconde vague, alors que vous dénonciez l’archaïsme et l’inefficacité sanitaire du confinement du printemps dernier dans un court essai paru dans la collection «Tracts» de Gallimard?

    Jean-Loup BONNAMY. - Je ne le pense pas. Ma principale critique contre le confinement est d’ordre sanitaire: le confinement n’est pas très efficace pour sauver des vies et désengorger le hôpitaux.

    C’est un remède passéiste et archaïque, une sorte de ligne Maginot. Au début du 19ème siècle, le grand écrivain Pouchkine décrivait déjà le confinement imposé par les autorités russes pour lutter (sans succès) contre l’épidémie de choléra. Je suis assez surpris qu’en 2020, à l’époque d’Internet, dans un pays moderne qui se trouve être la sixième puissance mondiale, on utilise un remède qui fait davantage penser au début du 19ème siècle qu’à l’ère du big data. Je ne suis donc pas sûr que le confinement soit le meilleur choix sur le plan sanitaire. D’ailleurs aucune preuve scientifique de son efficacité n’existe. Même l’OMS (qui avait beaucoup appuyé le confinement au printemps) déconseille aujourd’hui le recours au confinement.

    Relisez aussi Le Hussard sur le toit de Giono, qui se déroule en Provence durant l’épidémie de choléra de 1832 et vous verrez que le confinement marche mal. En effet, le bon sens voudrait qu’on sépare les malades des non-malades afin d’éviter la contagion. C’est la base de la médecine moderne et du traitement des maladies infectieuses (diagnostiquer/isoler/soigner). Or, dans le confinement, cette logique de séparation et de mise à l’isolement n’est absolument pas respectée.

    Au contraire, on enferme ensemble des malades et des non-malades, facilitant parois ainsi la propagation du virus. C’est d’ailleurs ce qu’on a constaté dans les Ehpad: le confinement risque de diffuser la maladie chez les plus fragiles et d’aboutir à une hécatombe. Le précédent du bâteau de croisière japonais Diamond Princess (où plus de 712 personnes furent contaminées) devrait nous alerter sur le danger de confiner ensemble des malades et des non-malades.

    Fermer les petits commerces ou empêcher les gens de sortir dans la rue sans attestation est assez inutile puisque 80 % des contaminations ont lieu dans le cercle familial et que la contamination en extérieur, à l’air libre, est presque impossible.

    Cette faible efficacité sanitaire du confinement pour lutter contre le Covid-19 et sauver des vies est frappante lorsque l’on compare les pays. L’Argentine est confinée depuis le printemps et le nombre de morts du Covid y augmente encore. Au contraire, Taïwan (21 millions d’habitants) n’a pas confiné et n’a eu que sept morts! Les pays qui ont confiné longtemps au Printemps (Espagne, Italie, France, Belgique, Royaume-Uni…) affichent un nombre de morts très élevé. Au contraire, l’Allemagne, qui a fait le choix d’une autre stratégie avec un semi-confinement beaucoup plus souple, terminé plus tôt, mais un dépistage massif et une bonne qualité de soin, compte six fois moins de morts par habitants que la France. Les pays asiatiques qui font le choix du dépistage et de l’isolement des malades (7 décès à Taïwan, 400 en Corée, 107 à Hong-Kong…) comptent beaucoup moins de décès. Et ce sans même recourir au moindre confinement!

    Vouloir arrêter une épidémie avec le confinement, c’est comme vouloir arrêter la mer avec ses bras. Le virus est une création de la nature. Si l’épidémie s’est arrêtée partout en Europe en mai (y compris en Suède, pays qui n’a pas confiné), c’est en grande partie pour des raisons naturelles. Si elle reprend aujourd’hui, ce n’est pas à cause d’un «relâchement» des Français ni d’un déconfinement trop rapide ni d’une perte de contrôle, mais pour des raisons naturelles. On nous dit aujourd’hui que l’épidémie est devenue hors-de-contrôle: ce n’est pas exact.

    Certes, elle est hors de contrôle aujourd’hui, mais en réalité, elle l’a toujours été. On ne sait pas contrôler la propagation d’un virus respiratoire. Si elle s’est mise en sommeil à l’été, c’est pour des raisons indépendantes de notre action. C’est un fait bien connu que dans les régions tempérées comme l’Europe (ce n’est pas le cas dans les autres types de climats), les virus respiratoires sont plus contagieux et plus violents à la saison hivernale. C’est d’ailleurs cette saisonnalité des virus respiratoires qui nous a permis d’annoncer dans notre livre (avec raison, hélas) la survenue d’une deuxième vague et la saturation pour l’automne de notre système hospitalier. Et c’est pour cette même raison que je ne crois pas au confinement, car à ma connaissance il n’a pas la capacité d’agir sur le taux d’humidité ou le cycle des saisons.

    Surtout, quand même bien le confinement marcherait, les contagions reprendraient très vite dès le début du déconfinement tant que l’hiver ne sera pas passé. Il faudrait donc reconfiner et ainsi de suite. Combien de confinements allons-nous vivre?

    D’autres solutions seraient possibles, sans que le nombre de décès n’explose?

    Oui. Je doute de l’efficacité des mesures générales. Prenons un exemple: les accidents de la route tuent un million de personnes par an, avec une moyenne d’âge bien plus basse que celle du Covid. Pourtant, on n’interdit pas la voiture pour autant. Mais on prend des mesures ciblées: réfection des routes, lutte contre l’alcoolémie, voitures plus solides et avec des airbags...Entre tout fermer et ne rien faire, il existe un juste milieu, qui est la seule attitude efficace: les mesures ciblées.

    Autre exemple: au Japon, il existe un phénomène naturel très grave: les séismes. Les Japonais ont-il eu l’idée bizarre d’empêcher les séismes? Bien sûr que non! Cela veut-il dire qu’on ne peut rien faire contre les séismes? Certainement pas! D’une part, les Japonais cherchent à détecter le mieux possible les tremblements de terre afin d’évacuer la population au plus vite, d’autre part, ils font des constructions anti-sismiques très robustes. Pour le virus, c’est la même chose.

    Il est illusoire et irréaliste de penser qu’on va contrôler la circulation d’un virus respiratoire émergent dans un pays de 67 millions d’habitants. Ce serait comme vouloir empêcher les séismes. Mais cela ne signifie pas qu’on ne peut rien faire contre le virus. Bien au contraire. L’objet principal de mon essai est de dessiner une stratégie sanitaire alternative, sérieuse et crédible, inspirée de ce qui réussit à l’étranger et du retour d’expérience des soignants sur le terrain, une stratégie plus efficace que le confinement pour sauver des vies. Comme je l’ai dit, le danger du virus n’est pas sa (faible) mortalité, mais sa capacité à saturer les hôpitaux. Or, le confinement ne réglera pas ce grave problème de saturation hospitalière. Pour le régler, il n’y a que deux choses à faire.

    D’une part, augmenter en urgence les capacités hospitalières. Il faut mobiliser l’armée (comme l’ont fait les Suédois), les cliniques privées, les médecins et infirmiers libéraux, les médecins et infirmiers récemment retraités, recruter des femmes de ménage (pour décharger les soignants de toutes les tâches non-médicales, comme par exemple refaire les lits). Comme le propose le Docteur Kierzek, on pourrait aussi organiser les services différemment: plutôt que de mettre dans une même équipe cinq médecins-réanimateurs, éclatons le service en séparant les spécialistes et en plaçant autour d’eux des internes ou des infirmiers non-spécialisés, mais coachés par le réanimateur. On multiplierait ainsi d’autant le nombre d’équipes de réanimation. Il nous faut plus de lits de réanimation (environ 20 000 au total) et aussi plus de lits conventionnels en soins intensifs.

    D’autre part, il faut appliquer le tryptique tester - isoler - traiter. Il faut un dépistage de masse dans la société française: sur le lieu de travail, dans les Ehpad, dans les pharmacies...Les personnes à risque - que l’on peut identifier grâce au big data de l’assurance-maladie - doivent être dépistées deux fois par semaine, avec des tests antigéniques (plus rapides et moins chers que les PCR). Ainsi les Slovaques viennent de tester 75 % de leur population en un week-end! Si on est malade, il faut être isolé dans un hôtel (comme le fait la Corée et comme le préconise l’Académie de médecine).

    Surtout, il faut prendre en charge les malades le plus tôt possible, en leur donnant de l’oxygène, et si besoin des corticoïdes et des anticoagulants. Cela permet de faire s’effondrer le taux de décès et de passage en réanimation. Et ça peut se faire à domicile ou à l’hôpital, avec un personnel qui n’a pas besoin d’être très formé. Avec une telle méthode, on éviterait le confinement, on sauverait l’économie et surtout on aurait bien moins de morts du Covid!

    La peur est mauvaise conseillère: le confinement est un remède pire que le mal?

    Ma critique du confinement est bien sûr aussi économique et sociale. Le remède (le confinement) risque d’être bien pire que le mal (le Covid). Le bilan coûts-avantages du confinement (que tout Gouvernement devrait faire avant de se décider) est largement défavorable au confinement. Durant le premier confinement, les violences conjugales ont augmenté de 40 %. La période a aussi été très dure pour les personnes atteintes de troubles psychiques et a multiplié les addictions et les dépressions.

    Et la crise économique, ce sont des choses très concrètes: la récession, le chômage, l’appauvrissement généralisé, les faillites, les suicides, un pays exsangue...Le premier confinement a déjà jeté un million de Français en plus dans la pauvreté. Les bénéficiaires de l’aide alimentaire ont augmenté de 30 %. Le Secours populaire a vu exploser le nombre de demandes de repas et 45 % des gens qui sont venus étaient jusque là inconnus de l’association.

    Si le confinement était un essai médicamenteux, on l’arrêterait tout de suite à cause des effets secondaires terribles! Il ne s’agit pas d’opposer économie et santé, car les crises économiques dégradent notre santé et tuent aussi. 1929 l’a prouvé.

    Surtout, le confinement et ses effets économiques menacent notre système hospitalier. En effet, c’est l’activité économique qui, grâce à des impôts et à des charges, finance notre système hospitalier. Si on contracte l’activité, il y aura moins de rentrées fiscales et donc moins d’hôpitaux, moins de lits, moins de respirateurs avec des soignants moins nombreux et moins bien payés! Pour sauver notre système hospitalier, il faut déconfiner au plus vite!

    Vous décrivez aussi la «psychose» qui s’est emparée du monde depuis le début de l’épidémie: en fait-on trop avec ce virus?

    Ce virus nous pose un énorme problème de santé publique, qui vient du caractère potentiellement suffocatoire de la maladie chez les patients à risque. Nos services de réanimation risquent d’être submergés. Mais en ce qui concerne la dangerosité du virus, elle reste faible. L’épidémie de Covid-19 est une épidémie banale, d’ampleur moyenne, comme l’humanité en a déjà connu des centaines. Chaque année, 60 millions de personnes meurent dans le monde (dont 600 000 en France). En 2020, le Covid-19 à lui seul ne fera pas bouger le chiffre de la mortalité mondiale.

    La mortalité du Covid-19 est bien inférieure à 0,5 %. Sur les 1046 marins infectés du porte-avions Charles de Gaulle, aucun n’est mort. La mortalité de son cousin le SRAS, qui toucha l’Asie en 2003, était comprise entre 10 et 20 %. Celle de son autre cousin, le Mers saoudien est de 40 %. Celle d’Ebola oscille entre 60 et 90 %. Comme dans l’écrasante majorité des infections respiratoires classiques et contrairement à la Grippe espagnole de 1918 qui frappait principalement des jeunes, le virus tue surtout des personnes âgées. Que ferons nous le jour où nous serons confrontés à un virus aussi contagieux mais bien plus létal que le Covid-19?

    Bien sûr, nous pourrions parler des grandes épidémies du passé, bien plus mortelles que l’épidémie actuelle, avec la Peste noire au 14ème siècle (40 % de la population européenne tuée!) ou la Grippe espagnole de 1918-1919 (50 millions de morts), mais rappelons juste qu’en 1969, alors que nous étions déjà un pays moderne, la grippe de Hong-Kong a fait un million de morts dans le monde, dont 35 000 en France. Pourtant, aucune mesure particulière n’avait été prise et la société n’en a gardé aucun traumatisme.

    Selon l’OMS, en 2016, les broncho-pneumopathies obstructives ont fait plus de deux millions de victimes. Cette année-là, on n’a pas arrêté l’économie de la planète pour autant.

    En Chine, la pollution deux millions de personnes par an. Cela veut dire que le nombre de morts causé par la pollution en Chine sera plus important que le nombre de victimes dues au Covid-19 non seulement en Chine, mais même dans le monde entier. Même chiffre en Inde. Si nous regardons les épidémies actuelles, nous voyons que deux millions de gens sont rongés vivants et mutilés par la lèpre (avec 200 000 nouvelles contaminations par an). 200 millions de gens souffrent du paludisme, maladie qui tue 500 000 victimes par an. Pourtant, ces pathologies bien plus dangereuses ne mettent pas le monde à l’arrêt, car comme elles sont connues de longue date, elles ne provoquent plus aucune hystérie. C’est la nouveauté du virus qui nous terrorise.

    En 2020, les causes principales de la mortalité vont rester les mêmes que les années précédentes: cancers (neuf millions de morts par an), faim (9 millions de morts par an, il suffit donc de 40 jours à la faim pour tuer autant que le Covid depuis son apparition), pollution, broncho-pneumopathies (3,5 millions), infections respiratoires hors-Covid (2,5 millions, dont 600 000 pour la grippe), tuberculose (un million), paludisme, SIDA, hépatites, accidents de la route, guerres...Les vrais tueurs de masse du 21ème siècle en Occident ne sont pas le Covid-19. Ils ont pour nom: drogues, acides gras saturés, sel, sucre, surconsommation de médicaments, tabac (qui fait 75 000 morts en France chaque année)...Ce sont eux qui tuent le plus. C’est sur eux que nous devrons faire porter sur la durée nos politiques de santé publique.

    Comme le Covid tue surtout des personnes avec une espérance de vie déjà basse, il n’a pas pour l’instant provoqué de surmortalité. Dans notre livre, je cite l’exemple d’un médecin qui a intubé un homme atteint d’un cancer en phase terminale et qui ne pesait plus que 37kg...mais comme ce malheureux patient était aussi positif au Covid, il a été compté comme mort du Covid. En France, malgré la première vague et un pic de mortalité en avril, il n’est finalement pas mort plus de gens du 1er janvier au 30 septembre 2020 qu’en 2019 sur la même période. La Suisse a même connu en 2020 moins de décès au premier semestre 2020 qu’en 2019. Nous sommes donc en pleine surréaction contre-productive.

    Cette surréaction confine même parfois au délire. En Inde, des agressions contre le personnel soignant (suspecté d’être contaminé) ont eu lieu. Des infirmiers et des médecins ont été attaqués dans la rue ou expulsés de chez eux par leurs propriétaires ou leurs voisins. Le problème est tel que le Premier ministre, Narendra Modi, a condamné ces actes publiquement et menacé leurs auteurs de poursuites judiciaires. En Italie, une jeune femme médecin a été tuée par son compagnon, qui l’accusait (à tort) de lui avoir transmis le virus. Au Canada, pays où la police peut débarquer chez vous pour vérifier que vous ne recevez pas des amis, Theresa Tam, responsable de la santé publique, a préconisé de porter le masque durant les rapports sexuels.

    Ne prenons pas ces manifestations à la légère: la psychose tue. Souvenons-nous de ces drames courants qui surviennent régulièrement dans certains stades ou boîtes de nuit: un incendie se déclare, les gens fuient dans la panique, l’incendie ne tue personne mais la bousculade due à la panique, elle, fait plusieurs morts. Si tout le monde était sorti dans le calme, tout se serait bien passé. Souvenons-nous aussi de la défaite de 1940 et de l’Exode. Nous n’avions perdu que 2 % de nos soldats. Nos pertes n’étaient pas plus élevées que celles des Allemands et nous pouvions poursuivre la lutte.

    Pourtant, nous avons été saisis par la «froide déesse» de la peur, pour reprendre l’expression de Joseph de Maistre. Totalement désorganisés, nous avons abandonné le combat et la population s’est enfuie sur les routes dans une pagaille généralisée qui a causé la mort de 100 000 civils! Au contraire, à Dunkerque, l’évacuation miraculeuse des troupes britanniques et françaises, au milieu des bombes allemandes, n’a été possible que parce que les hommes se sont montrés disciplinés et n’ont pas cédé à la panique. Étant aujourd’hui dans une situation infiniment moins grave que la leur, nous devrions, nous aussi, pouvoir garder notre calme.

    Les médias ont eu, selon vous, une large responsabilité dans cette psychose...

    L’Histoire est riche en psychoses collectives, mais c’est la première fois - à cause d’Internet et des médias - qu’une psychose gagne le monde entier ou presque. Pour expliquer cette psychose ambiante, nous avons développé un modèle explicatif: le triptyque médiatisation - émotion -mimétisme.

    Les médias renforcent la psychose ambiante. Ils ont repris sans précaution les modélisations statistiques apocalyptiques de l’Imperial college de Londres, qui prédisaient 500 000 morts à la France si elle ne confinait pas. Or, les mêmes statistiques annonçaient 70 000 morts à la Suède sans confinement. La Suède n’a pas confiné. Bilan? 5 997 morts. 11 fois moins qu’annoncé. En termes de nombre de morts par habitant, c’est à peine plus que la France. Et c’est beaucoup moins que des pays qui ont pourtant lourdement confiné comme la Belgique, l’Espagne, l’Italie ou le Royaume-Uni.

    De même, les médias alimentent la psychose en nous donnant chaque jour le nombre de morts du Covid (même à l’été quand ce chiffre était fort bas). Pourquoi ne le font-ils pas aussi pour la grippe (entre 5 000 et 15 000 morts par an en France, avec un pic à 21 000 en 2017), les cancers, les accidents de la route ou les suicides? Ils nourrissent aussi la psychose en parlant sans cesse de quelques rares jeunes qui sont morts du covid-19. Mais les cas sont extrêmement rares et, quoique tragiques, restent insignifiants sur le plan statistique. D’ailleurs, chaque année, en France, quelques enfants et adolescents meurent de la rougeole, de la varicelle ou de la grippe (dont un nourrisson en janvier 2020 à Pontarlier).

    Comme disait Lénine, «les faits sont têtus». La moyenne d’âge des patients décédés avec le Covid-19 est de 81 ans en France. Cette moyenne d’âge correspond à celle de l’espérance de vie! Dans le cas du Luxembourg, elle est même supérieure de 4 ans à celle de l’espérance de vie (86 ans de moyenne d’âge pour les victimes du Covid alors que l’espérance de vie luxembourgeoise est de 82 ans). En France, un tiers des décès a eu lieu dans les Ehpad, 80 % des victimes avaient plus de 75 ans, 93 % plus de 65 ans. Les deux tiers souffraient d’une comorbidité.

    Seuls 2 % des patients décédés étaient âgés de moins de 60 ans et sans comorbidité connue (mais peut-être certains avaient-ils des comorbidités cachées). Même chez les personnes âgées, les taux de survie restent bons. Chez les plus de 90 ans, c’est-à-dire chez les plus vulnérables, la mortalité du virus est de 20 %. Ce qui signifie qu’un nonagénaire infecté a tout de même 80 % de chances de survie. A cela, il faut ajouter le critère du surpoids: 83 % des patients Covid en réanimation sont en surpoids.

    Beaucoup de ces jeunes victimes du Covid-19 souffraient d’autres pathologies. On a par exemple beaucoup parlé de la mort d’un adolescent portugais. Mais après examen, on a découvert que, même s’il avait bien été atteint par le Covid, il souffrait d’un psoriasis qui avait affaibli son système immunitaire et que surtout il avait aussi une méningite, maladie qui soit fut la vraie cause de sa mort soit qui amplifia considérablement les effets du Covid. On nous a aussi parlé de la mort d’un adolescent guyanais de 14 ans. Certes, le pauvre jeune homme était positif au Covid, mais il était surtout atteint de la fièvre jaune, une maladie tropicale très grave, qui a une mortalité de plus de 30 % et qui fut la vraie raison de sa mort.

    De même, sur son site, la BBC a consacré un article entier à la mort d’une petite fille de 5 ans. Au détour de l’article et sans insister sur cette information pourtant capitale, le média de référence britannique nous dit allusivement que la petite fille souffrait d’une autre pathologie, sans préciser laquelle. La mort d’un enfant est toujours un scandale. C’est injuste et horrible. Tout doit être fait pour empêcher que cela ne se produise. Mais ce sont des choses qui arrivent. Six millions d’enfants de moins de 15 ans meurent chaque année dans le monde. Un enfant meurt toutes les deux minutes du paludisme, soit 260 000 par an.

    Tout en étant factuel, l’article de la BBC alimente la psychose collective en faisant passer un message subliminal: les enfants meurent aussi du Covid-19! Or la réalité statistique est tout le contraire: le virus est quasiment inoffensif pour les enfants et les adolescents. 0,4 % des victimes ont moins de 45 ans. Sur 39 000 morts en France, 28 ont moins de 30 ans. Et les rares fois où il tue des enfants, ceux-ci sont très souvent atteints par ailleurs d’une pathologie lourde. Plus tard, il faudra que les sociologues analysent soigneusement le rôle qu’ont joué les médias dans l’émergence d’une psychose mondiale face à une maladie peu létale.

    La vie humaine a une valeur inestimable. Quel que soit son âge, toute personne doit être soignée et sauvée si cela est possible. Il est hors de question de laisser qui que ce soit mourir d’asphyxie alors que nous serions en mesure de l’empêcher. Mais mettre davantage en avant ces statistiques aurait trois avantages: réduire la psychose, mieux protéger les personnes à risque, laissez vaquer à leurs occupations habituelles tous ceux qui ne risquent rien.

    Nous ne pouvons pas mettre tout un pays à l’arrêt et détruire notre économie pour un virus à la létalité aussi faible et qui tue un public aussi âgé et aussi ciblé. Nous devons maintenant utiliser d’autres méthodes pour protéger les personnes à risque.

    Êtes-vous surpris par le consentement de la population française à ces mesures? Où sont passés les Gaulois réfractaires?

    La population fait preuve d’un admirable civisme, même si ce second confinement est déjà beaucoup moins bien accepté que le premier. Mais le Gaulois réfractaire est une bombe à retardement.

    Plus le confinement sera long, plus le risque de troubles sociaux violents est important. Déconfinons de toute urgence!

    Jean-Loup Bonnamy (Figaro Vox, 6 novembre 2020)

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  • Confinement, violences communautaires, terrorisme: ces 24 heures crépusculaires pour la France...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Loup Bonnamy, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la conjonction des crises qui secouent notre pays. Normalien, agrégé de philosophie, Jean-Loup Bonnamy est spécialiste de géopolitique et de philosophie politique. Il vient de publier, avec Renaud Girard, Quand la psychose fait dérailler le monde (Gallimard, 2020).

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    Confinement, violences communautaires, terrorisme: ces 24 heures crépusculaires pour la France

    «Plus jamais de confinement», «reconfiner serait un désastre pour notre économie», «il faut enfourcher le tigre et apprendre à vivre avec le virus». Le Président de la République avait pourtant bien juré qu’on ne l’y reprendrait plus à confiner le pays.

    Pourtant, face à la recrudescence épidémique du Covid-19 et au risque de saturation des hôpitaux, il a bien dû s’y résoudre.

    Mais pendant qu’il annonçait leur reconfinement aux Français, certains ont trouvé mieux à faire que d’écouter l’allocution du chef de l’État. C’est par exemple le cas de centaines de membres de la communauté turque dans la région lyonnaise. Visiblement peu soucieux du respect des gestes-barrières et n’ayant probablement pas eu vent de l’interdiction des rassemblements, ils se sont livrés à un véritable pogrom anti-arménien dans les rues.

    Le réveil du lendemain fut encore plus difficile. Moins de 15 jours après l’assassinat de Samuel Paty, un terroriste islamiste rentrait dans une église niçoise et tuait trois personnes. Notons au passage qu’on accuse souvent notre pays de racisme, qu’on dénonce ses «violences policières», mais à l’heure où nous écrivons ces lignes, nos médecins - alors que les hôpitaux sont surchargés - sont au bloc opératoire en train d’essayer de sauver la vie de l’assassin blessé par la Police. Au Maroc ou en Algérie, on l’aurait laissé se vider de son sang dans la rue. Dans la même journée, un attentat était déjoué à Avignon et un migrant afghan arrêté à Lyon. Armé d’un couteau, il a déclaré «vouloir faire comme à Nice».

    Infatigable VRP de l’émotion, le chef de l’État décida de se rendre immédiatement sur place. Comme après chaque attentat, on a entendu les même discours officiels, mêlant promesses de fermeté et valeurs républicaines. Décidément, ce fut la folle journée de Monsieur Macron.

    Voilà à quoi ressemble désormais notre actualité: une alternance attentats - Covid - communautarisme - attentats - Covid - communautarisme... Répétitives, les crises finissent par se ressembler.

    Qu’il s’agisse des attentats ou de la pandémie, le Président parle sur un ton martial et réunit dans les deux cas «un Conseil de sécurité et de défense». Dans les deux cas, on a le même vocabulaire: «rouge», «écarlate», «alerte» s’appliqueront aussi bien au virus qu’aux attentats. Pour la pandémie, on a le confinement. Pour le terrorisme, on a Vigipirate. Les deux ne servent à rien. Mais ce n’est pas grave. Faisons comme s’ils servaient à quelque chose.

    Aujourd’hui, la France est coupée en trois. Une France qui a peur du Covid et veut le confinement. Une France (de plus en plus nombreuse) qui est hostile au confinement et a peur pour l’économie. Et une France qui se moque bien du Covid et de l’économie et qui donne la priorité à la violence, au nationalisme communautaire et au fanatisme politico-religieux.

    Cette combinaison hallucinante d’événements survenus en moins de vingt-quatre heures révèle le délitement de notre pays. Délitement de notre système hospitalier qui est à nouveau débordé par l’afflux de quelques milliers de patients en réanimation. Délitement économique: le premier confinement avait déjà été une catastrophe absolue, le second va encore aggraver les choses. Délitement identitaire d’une nation fragmentée. Mais ce grand délitement est lui-même dû à l’absence de stratégie de l’État.

    Reprenons les faits un par un.

    Le confinement? Rien ne prouve l’efficacité sanitaire de cette méthode archaïque. L’Argentine est confinée depuis le printemps et le nombre de morts du Covid y augmente encore. Vouloir arrêter une épidémie avec le confinement, c’est comme vouloir arrêter la mer avec ses bras. Le virus est une création de la nature. Si l’épidémie s’est arrêtée partout en Europe en mai (y compris en Suède, pays qui n’a utilisé ni confinement ni masques), c’est en grande partie pour des raisons naturelles. Si elle reprend aujourd’hui (sauf en Suède pour le moment), ce n’est pas à cause d’un «relâchement» des Français ni d’un déconfinement trop rapide (comme le clame François Hollande) ni d’une perte de contrôle, mais pour des raisons naturelles. C’est un fait bien connu que dans les régions tempérées comme l’Europe (ce n’est pas le cas dans les autres types de climats), les virus respiratoires sont plus contagieux et plus violents à la saison hivernale, lorsque le temps est humide. Même sans le Covid, les services hospitaliers sont sous tension en hiver (comme le prouvent les reportages d’actualité de 2019, 2018, 2017…). Or, a priori, le confinement n’a pas la capacité d’influencer la météo.

    Le problème du Covid n’est pas du tout sa mortalité (bien inférieure à 0,5 %: sur 1 046 marins du Charles de Gaulle contaminés, aucun ne mourut) mais sa capacité à saturer les services hospitaliers. D’autant plus que depuis 15 ans, notre hôpital est affaibli par les coupes budgétaires, les

    35 heures et la mauvaise administration d’une bureaucratie aussi incompétente que pléthorique. Il aurait donc fallu vivre un été normal mais armer nos services hospitaliers pour qu’ils puissent faire face à la situation automnale et hivernale. Rien n’a été fait. Nous revoilà donc revenus à la situation du mois de mars.

    Il n’y a plus qu’une solution viable pour sortir le pays de l’ornière: lever le confinement le 1er décembre (voire avant) pour sauver notre économie et utiliser tout le mois de novembre pour mettre en place un grand plan d’urgence qui augmentera massivement les capacités hospitalières. Pour cela, nous devons mobiliser l’armée (comme le firent les Suédois au printemps), mais aussi les cliniques privées, les médecins et infirmiers libéraux, les infirmiers retraités, des femmes de ménage (pour décharger les soignants de toutes les tâches non-médicales, comme par exemple refaire les lits)... C’est la seule sortie de crise possible.

    Il faut 20 000 lits de réanimation au lieu des 5 000 actuels, ainsi qu’un grand nombre de lits de soins intensifs, et le pays pourra alors reprendre une vie tout à fait normale malgré la circulation du virus. Pour cela, il faut adopter les plans et les méthodes de l’économie de guerre. Nous pouvons y arriver. Nos ancêtres ont pu faire bien plus en 1914.

    Les pogroms communautaires dans la région lyonnaise, quatre mois après les affrontements entre Tchétchènes et maghrébins à Dijon? Ils sont - tout comme le terrorisme islamiste- le résultat de l’immigration de masse, qui a introduit dans notre pays des communautés, des mœurs et des problématiques venues de l’étranger. Le Président veut - à juste titre - lutter contre le séparatisme. Mais là encore, sa politique sera inefficace s’il n’attaque pas le problème à la racine: l’immigration. Quand on a un problème de stocks, on commence par couper les flux. Au lieu de disserter sur le halal dans les supermarchés, le ministre de l’Intérieur ferait mieux de rétablir la double peine (afin d’expulser tous les délinquants étrangers une fois leur peine purgée), de supprimer le statut de «mineur isolé» (80 % de fraude par des majeurs se faisant passer pour des mineurs!), d’abolir le regroupement familial, de démanteler les filières de l’immigration clandestine et d’arrêter de distribuer des titres de séjour à tour de bras. Il pourrait aussi être judicieux de démanteler les réseaux d’influence d’Erdogan en France et de légaliser le PKK kurde, qui lutte contre Erdogan mais que la France s’acharne à considérer comme une «organisation terroriste».

    Le terrorisme islamiste sunnite? Cela fait depuis 1994 que notre pays est attaqué! Après l’assassinat de Samuel Paty. Les motivations de cet acte horrible furent mal comprises et nous sommes repartis dans un énième débat sur les caricatures de Mahomet, la liberté d’expression et la laïcité.

    Pourtant Khaled Kelkal, Mohammed Merah, Mehdi Nemmouche, Coulibaly, l’assassin du père Hamel, les assaillants du Bataclan ou le terroriste niçois qui lança son camion sur la foule le soir du 14 juillet 2016, n’ont eu nul besoin des caricatures pour passer à l’acte. Si Charlie-Hebdo n’avait jamais publié de caricatures sur l’Islam, les frères Kouachi ne seraient pas restés tranquillement chez eux. Ils auraient tout simplement choisi une autre cible: militaires, policiers, juifs à la sortie d’une synagogue ou dans un magasin casher, chrétiens dans une église (comme cela vient de se passer à Nice) ou même passants au hasard des rues. De même, si Samuel Paty n’avait jamais montré les caricatures, son assassin aurait juste trouvé une autre personne à décapiter. Et les islamistes n’ont pas eu besoin de caricatures pour plonger l’Algérie et la Syrie, deux pays musulmans, dans une sanglante guerre civile ou pour faire sauter des bombes à Kaboul, Damas et Bagdad.

    Si on veut que la spirale s’arrête, il faut attaquer le terrorisme à sa racine: à la fois en prenant les mesures sécuritaires adéquates (expulsion des islamistes étrangers, détention à perpétuité des djihadistes français, rupture avec le Gouvernement des juges…) et en opérant notre réarmement moral (réhabilitation du patriotisme et du Roman national…). Comment demander aux jeunes musulmans d’aimer notre pays alors que notre pays ne s’aime pas lui-même? Lorsqu’il a lu publiquement la lettre d’Henri Fertet (fusillé à l’âge de 17 ans par les Nazis), Emmanuel Macron a mis de côté le passage où le jeune Résistant bisontin parlait de la «France éternelle». Ce n’est pas avec des discours vides, abstraits et mièvres sur la laïcité ou les valeurs de la République qu’on pourra refaire le tissu national. Le seul moyen d’y arriver est justement d’exalter la «France éternelle», son drapeau, son armée, ses batailles, ses héros: Clovis, Charlemagne (qui fut d’ailleurs l’ami du calife musulman de Bagdad Haroun al-Rachid, fait historique dont l’évocation auprès des élèves serait bien plus puissante que tous les appels niais au «vivre-ensemble»), Saint-Louis, Jeanne d’Arc, Napoléon, de Gaulle...

    On voit donc que notre pays est pris dans un certain nombre de spirales. À chaque fois le même schéma: nous sommes prisonniers de la spirale en raison d’un défaut de stratégie et d’un défaut d’analyse sur les causes réelles des problèmes. Avec le Covid-19 (et d’autres pandémies à venir), tant que nous n’aurons pas un plan de guerre pour les hôpitaux, nous irons de déconfinement en reconfinement. Avec le communautarisme, la France se fragmentera et ira de violences communautaires en violences communautaires tant qu’on ne tarira pas la source du problème, c’est-à-dire l’immigration. Avec le terrorisme, le cycle des attentats (ouvert en 1994) ne cessera pas tant qu’on ne prendra pas les mesures sécuritaires indispensables et qu’on n’opérera pas notre indispensable redressement patriotique.

    Jean-Loup Bonnamy (Figaro Vox, 29 octobre 2020)

     

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