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jean thiriart

  • Tour d'horizon... (259)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur le site Voxnr, Vincent Téma présente les idées politiques de Jean Thiriart...

    Le communautarisme européen de Jean Thiriart

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    - sur Les Chemins de la philosophie, une série d'émissions consacrée à Emil Cioran...

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  • De Jeune Europe aux Camps Hobbit...

    Les éditions Ars Magna viennent de publier un essai de Giovanni Tarantino intitulé De Jeune Europe aux Camps Hobbit - 1966-1986, vingt années d'expériences mouvementistes au-delà de la droite et de la gauche. Sicilien, l'auteur est journaliste et auteur de plusieurs essais.

     

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    " De Jeune Europe aux Camps Hobbit de Giovanni Tarantino donne à son lecteur (et aussi aux chercheurs, compte tenu de son niveau) une carte lui permettant de s’orienter à travers l’archipel complexe d’une jeune droite italienne qui se réinventa entre 1966 et 1986.
    Si les références italiennes de celle-ci sont majoritaires, on croise aussi dans ce livre un Belge : Jean Thiriart ; des Français : Alain de Benoist, Guillaume Faye et Jack Marchal ; et une série d’écrivains anglo-saxons non directement politiques : Jack Kerouac, Ezra Pound et John Tolkien.
    La lecture de cet ouvrage permettra de comprendre tant la mutation du MSI en Alliance nationale, que le substrat idéologique sur lequel est né Casa Pound.
    Last but not least, ce livre regorge d’exemples concrets qui restent d’actualité et qui peuvent être transposés, hic et nunc, d’Italie en France."

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  • Quinze visions de l'Europe...

    Nous reproduisons ci-dessous la traduction d'un article d'Erik Lehnert, de Benedikt Kaiser et de Till-Lucas Wessels cueilli dans le numéro d'octobre 2018 de la revue "néo-droitiste" allemande Sezession et consacré aux principales visions de l'Europe qui existent ou ont pu exister dans l'espace politico-idéologique.

     

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    Nation et Europe - Quinze conceptions

    Mitteleuropa
    La conception la plus connue de la Mitteleuropa repose sur le livre du même nom de l'homme politique libéral Friedrich Naumann (1860-1919). Paru en 1915, il devint rapidement un best-seller. Dans le contexte du débat général sur les buts de guerre, Naumann y revendiquait un "impérialisme libéral", par lequel il voulait avant tout assurer la survie des deux États allemands, l'Empire allemand et l'Autriche-Hongrie.
    Le long débat autour de ce livre a montré qu'en Allemagne, personne n'avait sérieusement réfléchi aux buts de guerre avant le début de la guerre et que beaucoup n'étaient pas d'accord avec les exigences exagérées des cercles völkisch.
    Le point de départ des réflexions de Naumann était la fusion de l'Empire allemand avec la double monarchie, d'abord sur le plan économique, puis sur le plan politique. Les causes en étaient la guerre, qui remettait en question la survie, et le fait, postulé par Naumann, que seuls les grands espaces économiques étaient capables de survivre à long terme.
    Naumann était convaincu que non seulement les deux pays seuls, mais aussi les deux ensemble étaient trop petits pour survivre et qu'il fallait donc, si l'on ne voulait pas sombrer dans l'isolement, se joindre à l'Angleterre ou à la Russie pour pouvoir survivre ensemble en tant que "monde".
    Mais la souveraineté n'existerait que si l'on devenait soi-même un centre, en réunissant un territoire plus grand, à l'instar du Zollverein allemand. L'Allemagne entière devait donc devenir une puissance économique de "première classe" et, pour ce faire, intégrer les autres États et nations d'Europe centrale afin de devenir ensemble un corps économique mondial propre.
    Naumann n'a été concret qu'en ce qui concerne l'union des deux États allemands, il est resté discret sur d'autres points et a misé sur l'attractivité de la nouvelle Mitteleuropa, à laquelle les États se rallieraient ensuite d'eux-mêmes.
    Fidèle à ses convictions nationales et sociales, Naumann voulait faire de ce projet l'affaire du peuple. La Mitteleuropa est l'une des "idées de 1914" qui ont finalement échoué à l'issue de la guerre, mais qui sont restées d'actualité en raison du chaos provoqué en Europe centrale par les traités de la banlieue parisienne. (EL)

    Paneurope/États-Unis d'Europe
    L'Union paneuropéenne du publiciste austro-japonais Richard Nikolaus Coudenhove-Kalergi (1894-1972) peut être considérée comme l'un des projets précurseurs de l'UE pendant un temps les plus réussis. L'élément central de l'œuvre de Coudenhove-Kalergi de 1923 était la création en plusieurs étapes d'une fédération européenne d'États : mise en place d'un traité d'arbitrage européen, d'une alliance défensive et d'une union douanière.
    Cette union d'États devait à son tour servir de point de départ à une unification globale sur le modèle des États-Unis, son objectif principal étant d'empêcher de nouveaux conflits armés en Europe et d'affirmer le continent face à l'Union soviétique et aux États-Unis d'Amérique.
    Coudenhove-Kalergi était donc tout aussi réticent à la participation de la Russie à cette alliance qu'à celle de la Grande-Bretagne, liée par essence aux États-Unis, bien qu'il n'exclue pas par principe l'adhésion de l'un ou l'autre pays.
    En revanche, les colonies d'outre-mer des États européens devaient être intégrées. Coudenhove-Kalergi les considérait comme une opportunité féconde pour nourrir la population croissante de l'Europe. En règle générale, Coudenhove-Kalergi est aujourd'hui perçu comme le représentant et le précurseur d'une union européenne démocratique.
    Winston Churchill s'est ainsi référé à lui lorsqu'il a appelé à la création des "États-Unis d'Europe" dans son "Discours à la jeunesse universitaire". Comme Coudenhove-Kalergi, il excluait toutefois la Grande-Bretagne et la Russie de cette Europe. (TLW)

     

    Union douanière européenne/Noyau européen (Kerneuropa)
    L'"Union douanière européenne" souhaitée par Otto Strasser (1897-1974) et d'autres nationaux- révolutionnaires dissidents a été modifiée à plusieurs reprises. Dans les années 1920, on a d'abord formulé l'objectif d'un "noyau européen". Celui-ci donnerait naissance à un marché intérieur qui comprendrait, outre l'Allemagne, les pays d'Europe centrale apparentés sur le plan économique, à savoir la Hongrie, le Danemark, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Suisse.
    On soulignait expressément qu e la création réussie d'un noyau européen avec un système monétaire commun signifierait qu'à partir de ce noyau, d'autres étapes de mutualisation pourraient avoir lieu au niveau de l'Europe.

    Les "États-Unis d'Europe"
    Les "États-Unis d'Europe" – avec l'Allemagne comme hégémon naturel – ont été évoqués comme objectif à long terme. Dans les années 1960 et 1970, les partisans de Strasser, autour de leur inspirateur, défendaient l'idée d'une "fédération européenne" qui, en fin de compte, s'en tenait à l’union douanière de la "Kerneuropa" dominée par l'Allemagne.
    Strasser formulait après la Seconde Guerre mondiale que cette fédération possédait une légitimité "si elle préservait la spécificité des peuples européens et assurait leur possibilité de développement". Comme Oswald Mosley ou Pierre Drieu la Rochelle, Strasser soulignait la nécessité de s'opposer à tout nivellement, car la diversité proprement européenne constituait "la force et la beauté de l'Europe" - la fédération européenne autour du noyau dur de l'Europe devait être conçue de manière à préserver la plus grande autonomie d'action possible pour chaque peuple.
    Contrairement à Drieu (avant 1945) et Mosley (après 1945), Strasser ne voulait pas que les États-nations se fondent dans un État européen, mais voulait "confédérer" les différentes nations ; la correspondance de Strasser avec Mosley, en particulier, illustre le fossé qui le sépare de la "nation Europe". (BK)

    L'Europe intermédiaire (Zwischeneuropa)
    De nombreux nouveaux États-nations sont nés en Europe centrale et orientale de l'héritage des empires disparus lors de la Première Guerre mondiale. Après la consolidation de l'Union soviétique, il est devenu clair qu'ils n'auraient guère de chance de survivre isolément.
    C'est dans ce contexte que des intellectuels et des hommes politiques ont discuté de différentes variantes de coopération transnationale, qui ont été balayées par la Seconde Guerre mondiale et la domination communiste qui s'en est suivie et qui ne sont redevenues d'actualité qu'après la fin de la Guerre froide et la dissolution de l'Union soviétique en différents États nationaux.
    Le précurseur de cette idée fut le maréchal polonais Piłsudski, qui voulait rétablir la Pologne dans ses frontières médiévales. A long terme, il envisageait la création d'une fédération slave qui s'étendrait de la mer Baltique à la Méditerranée (Miedzymorze, "mer intermédiaire").
    Cette idée, qui perdure aujourd'hui sous le nom d'Intermarium, a toujours été caractérisée par une opposition frontale à l'Allemagne à l'ouest et à la Russie à l'est. Le journaliste et économiste Giselher Wirsing (1907-1975) élargit l'idée et forgea en 1932 le terme d'"Europe intermédiaire" pour les États situés entre l'Allemagne et l'Union soviétique.
    Dans son livre du même nom, il préconisait que l'Allemagne, après l'échec de son incursion dans l'océan mondial et sa vaine recherche d'amitié avec l'Ouest, se tourne vers l'Est. L'Allemagne devait se rapprocher des peuples de l'Europe intermédiaire afin de développer une forme d'économie autonome, qui devait s'opposer aussi bien au marxisme doctrinaire qu'au capitalisme impérialiste.
    Il avait en tête une structure fédéraliste de l'espace germano-intereuropéen basée sur les nations, tout en ne reniant pas le modèle de l'Union soviétique. Le seul moyen d’affirmer une identité était que les États ne disposent que d'une souveraineté de façade.
    La renaissance actuelle du concept d'Intermarium n'a rien à voir avec Wirsing et est propagée comme une alternative à l'UE dominée par l'Allemagne, bien que la plupart des États concernés soient entre-temps eux-mêmes devenus membres de l'UE. Une variante de cette idée relevant de la realpolitik se cache derrière le regroupement des pays dits de Visegrád (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie) dans une union douanière, qui subsiste aujourd'hui sous le toit de l'UE en tant qu'alliance informelle. (EL)
    Eurasie
    La notion d'"Eurasie", utilisé notamment dans l'entourage du philosophe Alexandre Douguine (né en 1962), n'est qu'une ébauche d'une conception concrète de l'organisation. En fait, Douguine a d'abord formulé une série de théories sur les grands espaces qui examinent si et comment la Russie appartient à l'Europe et le contraire.
    Chez Douguine, le terme "Eurasie" a en outre une composante métaphysique et parfois même spirituelle. Les partisans de l'"Eurasie" défendent la thèse selon laquelle il existe un bloc eurasien qui s'oppose diamétralement à la partie atlantique et occidentale du monde.
    Il existe différentes idées sur l'étendue de ce bloc. Elles vont de l'espace couvert par l'Union économique eurasienne (composée en premier lieu de l'Arménie, du Kazakhstan, du Kirghizstan, de la Biélorussie et de la Russie) à l'"Eurasie de Dublin à Vladivostok", promue un temps par Douguine.
    Quoi qu'il en soit, les peuples européens et asiatiques en font partie à part égale, et la Russie occupe une position hégémonique naturelle. Du côté de la Révolution conservatrice et du nationalisme social-révolutionnaire de gauche, des revendications correspondantes avaient déjà été formulées avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, et elles se sont exprimées en conséquence après la guerre, par exemple par la voix d'Ernst Niekisch, d’Ernst von Salomon ou d’Otto Strasser.
    Au niveau européen, deux autres penseurs eurasistes, Jean Thiriart et son élève Carlo Terracciano, prenaient le relais. Le premier, athée matérialiste, propageait une approche rationnelle et géopolitique de la thématique, tandis que Terracciano se référait fortement à des aspects de la philosophie de Julius Evola et ne se limitait donc pas à la promotion d’une alliance anti-américaine, mais soulignait, comme les premiers eurasistes russes autour de Nikolaï Trubetskoï, le besoin d'un renouveau spirituel. (TLW)

     

    Ordre du grand espace
    Le juriste Carl Schmitt (1888-1985) a produit un approfondissement du concept d'empire en 1939 avec sa conférence intitulée "Völkerrechtliche Großraumordnung mit Interventionsverbot für raumfremde Mächte" (Le droit des peuples réglés selon le grand espace proscrivant l'intervention de puissances extérieures). Il y reprend les idées de base de la doctrine Monroe de 1823, dans laquelle le président américain Monroe avait proclamé, outre l'exigence d'indépendance des États américains, la non-intervention des puissances extra-américaines dans cet espace, avec en même temps la non-intervention de l'Amérique dans des espaces extra-américains.
    Selon Schmitt, le principe "l'Amérique aux Américains" a été interprété par la suite comme un droit de domination des Nord-Américains sur l'ensemble de l'Amérique, qui a finalement été étendu au monde entier en 1917 avec l'entrée en guerre des Américains.
    La raison en est que les Américains considèrent le monde comme un marché de capitaux ouvert, qui fonctionne au mieux avec une constitution libérale et démocratique, ce qui justifie toute intervention contre des forces réticentes. Schmitt reprend l'idée d'un grand espace concret et l'applique à l'Europe et à la situation précédant immédiatement le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
    Dans l'esprit de la doctrine Monroe originelle, il revendique pour l'Allemagne le droit de régler elle-même les affaires allemandes mais aussi européennes, sans ingérence de puissances étrangères à l'espace, et proclame un grand espace européen.
    Celui-ci s'oriente vers les frontières continentales et exclut donc la Grande-Bretagne. Ce grand espace est déterminé par l'Empire allemand, qui se trouve au centre de l'Europe et donc en position de front contre les deux universalismes : l'Est bolchevique et révolutionnaire mondial et l'Ouest libéral et démocratique assimilant les peuples.
    En revanche, le Reich doit défendre la "sainteté d’une organisation de la vie non universaliste, populaire et respectueuse des peuples", qui prend forme dans le Großraum. Schmitt voyait dans cette association la condition d'un véritable ordre nouveau, capable d'intégrer à la fois le peuple et l'État dans les représentations spatiales du XXe siècle.
    L'Empire allemand devait être pour les peuples d'Europe le garant de leurs formes de vie. Cette conception a été profondément discréditée par la suite, mais reste vivante en tant que forme opposée aux idées de politique européenne de l'après-guerre, si l'on conçoit l'UE comme le contraire du grand espace européen imprégné par l’idée d’empire. (EL)

     

    Eurofascisme
    L'eurofascisme était un courant intellectuel idéo-politique qui connut son apogée de 1934 à 1945, avant que ses dernières ramifications ne se fondent diversement dans la "nation Europe" (Mosley) ou dans l'"Eurasie" (Douguine/Thiriart). Géographiquement, l'Etat fédéral euro-fasciste, tel qu'il était essentiellement défendu par Pierre Drieu la Rochelle (1893-1945), mais aussi par les Belges José Streel et Pierre Daye, englobait l'Europe actuelle sans la Russie, mais avec la Grande-Bretagne ; d'un point de vue purement géographique, il était identique au concept de Mosley.
    La différence résidait dans le degré de fédéralisation : le concept de Mosley était plus centralisé, celui de Drieu plus subsidiaire et fédéraliste selon la ligne "région, nation, Europe". Drieu voyait les obstacles à une unification européenne surmontés par une résolution des questions frontalières européennes au moyen de fonctions de pont régionales dans une "Paneurope" sociale (à ne pas confondre avec Coudenhove-Kalergi).
    Il faudrait d'abord se détourner de l'Europe "bourgeoise" pour aller vers une Europe "jeune", débarrassée du chauvinisme, de la décadence et de l'individualisme. L'eurofascisme en tant que phénomène "roman" était en outre un mouvement de protestation contre l'"Europe" allemande national-socialiste ("Grand Reich germanique", etc.).
    Le 15 juillet 1944, Drieu publie un règlement de comptes avec la politique étrangère nazie ; jusqu'à aujourd'hui, ce Bilan fasciste est considéré comme un texte clé des mondes d'idées "européistes" de droite. Dans l'environnement nazi lui-même, il n'y avait que des projets isolés, principalement économiques, d'instituts subordonnés ("Communauté économique européenne") [NDT : la lecture du récent essai de Georges-Henri Soutou, Europa ! - Les projets européens de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste (Tallandier, 2021) permet de nuancer fortement ce propos.].
    Outre le juriste Alexander Dolezalek, l'historien Karl Richard Ganzer a également réfléchi au nouvel ordre européen dans son ouvrage Das Reich als europäische Ordnungsmacht (1941). Ces tentatives et d'autres sont restées marginales jusqu'à la fin de la guerre, tandis que l'européisme des tranchées propre à la Waffen-SS a survécu à l'année 1945 dans les cercles de vétérans. (BK)

     

    Union européenne
    Les débuts de l'actuelle Union européenne ne sont pas le fruit de théories politiques européennes, mais s'inscrivent dans la tradition de la politique d'alliance classique. Dans le Pacte de Bruxelles de 1948, la France, la Grande-Bretagne et les pays du Benelux s'étaient réunis pour former une alliance défensive.
    L'arrière-plan était la guerre froide qui se profilait et la peur de l'Allemagne, dans laquelle on voyait un danger potentiel malgré la démilitarisation. Avec l'adhésion de l'Union occidentale à l'OTAN, créée un an plus tard, les efforts d'unification européenne se sont ensuite concentrés sur le domaine économique, auquel l'Allemagne a également pu participer.
    La Communauté du charbon et de l'acier de 1951, qui avait pour objectif principal d'harmoniser les industries allemande et française de l'acier et du charbon, et qui a également impliqué l'Italie et les pays du Benelux et créé pour la première fois une autorité supranationale, est considérée depuis lors comme l'embryon de la future Communauté européenne.
    Quatre ans plus tard, l'Allemagne a obtenu une souveraineté limitée par le traité de Paris et a adhéré au pacte de Bruxelles (aujourd'hui Union de l'Europe occidentale) et à l'OTAN, ce qui a cimenté la division de l'Europe en deux blocs. En 1957, les traités de Rome ont été suivis par la Communauté économique européenne et la Communauté de l'énergie atomique.
    Ces communautés sont devenues la Communauté européenne, à laquelle ont adhéré en 1973 quelques pays d'Europe du Nord. En 1981, la Grèce, le Portugal et l'Espagne, jusqu'alors exclus en raison de leur régime autoritaire, ont suivi.
    Le souhait exprimé depuis le milieu des années 1980, surtout par la France, d'élargir la CEE pour en faire un marché intérieur européen a été exaucé en 1992 avec le traité de Maastricht, qui a créé l'UE en tant qu'union économique et monétaire.
    En 1995 a suivi le deuxième élargissement au nord, en 2002 l'introduction de l'euro (que 19 pays ont aujourd'hui comme monnaie), et à partir de 2004 l'adhésion des pays d'Europe centrale et orientale. Le traité de Lisbonne, adopté en 2007 et définissant l'UE comme un super-État centralisé, était un compromis, la Constitution européenne n'étant pas applicable en raison de l'échec des référendums en France et aux Pays-Bas.
    La Croatie a été le dernier pays à rejoindre l'UE en 2013, ce qui signifie que 28 [NDT : article écrit en 2018, donc avant le Brexit] des 47 Etats européens font désormais partie de l'UE. (EL)

    Nation Europe
    Le concept européen de "Nation Europe" est dû à Oswald Mosley (1896-1980). Mosley a été d'abord un politicien tory dans l'entre-deux-guerres, puis est passé au parti travailliste avant de se faire connaître en tant que fondateur du parti British Union of Fascists (BUF).
    Mosley et son entourage se sont progressivement détournés du fascisme et de l'un de ses fondements, le nationalisme. Dans les années 1930, l'image de la "nation européenne" centrée sur l'Occident avait déjà été esquissée, mais la conception proprement dite date de la période allant de 1945 à la mort de Mosley, 35 ans plus tard.
    L'objectif de la "nation Europe" était, comme le résume Mosley dans un texte de programme (Je crois en l'Europe, 1962), de former un État unitaire européen qui devait "préserver les peuples européens du nivellement et du mélange", "que ce danger vienne de l'américanisation ou de la bolchevisation".
    Marquée par les "guerres fratricides" européennes, la guerre froide et le déclin de l'énergie vitale européenne, la pensée de Mosley s'orientait vers un projet de grand espace qu'il concevait comme une union de tous les pays européens - y compris la Grande-Bretagne et l'espace colonial africain ("Eurafrique"), à l'exclusion de la Russie - conjugant les spécificités régionales et nationales afin d'agir ensemble comme un bloc de pouvoir avec un gouvernement central commun et une armée commune.
    Les différents pays devaient jouer un rôle similaire à celui des composantes fédérales de la Grande-Bretagne ou de l'Allemagne : selon Mosley, un Écossais restait finalement un Écossais même au Royaume-Uni, et un Bavarois un Bavarois même dans une Allemagne unifiée.
    Les idées de Mosley ("socialisme européen" dans un "Etat européen") ont circulé au sein de la droite d'après-guerre dans l'environnement de la (première) revue Nation Europa, de l'European et de certains cercles d'intellectuels autour de Maurice Bardèche, avant que l'idée de la nation européenne ne soit peu à peu reléguée à l'arrière-plan de la droite et développée par d'anciens "mosleyens" comme Jean Thiriart, par exemple dans le domaine eurasiatique. (BK)

    Une Europe à plusieurs vitesses
    Depuis la création de la Communauté européenne, des efforts ont été déployés pour rapprocher les situations juridiques des pays membres et aplanir les différences, notamment économiques, par le biais de la redistribution. Ces efforts, regroupés sous le terme de "politique de réforme", se basent sur l'Acte unique européen, entré en vigueur en 1987.
    La politique de cohésion qui en a résulté a permis de redistribuer dans le temps de sa mise en œuvre environ mille milliards d'euros. L'idée est que les conditions de vie au sein de l'UE doivent être aussi semblables que possible.
    La crise de l'euro en 2010 a mis un frein à cette idéologie, car il est devenu évident qu'il existait de trop grandes différences entre les économies des différents pays membres pour pouvoir les combler uniquement par des transferts.
    La crise a donc entraîné une renaissance de la vieille idée selon laquelle les pays européens au développement similaire devraient coopérer plus étroitement que les autres pays moins proches. L'application cohérente de cette idée aurait dû limiter l'euro à quelques pays.
    Toutefois, l'introduction de la monnaie unique ne reposait pas sur l'hypothèse de vitesses de développement différentes à long terme en Europe, mais suivait l'idéologie de ce que l'on appelle l'intégration par étapes.
    Celle-ci s'attendait d'une part à ce que la zone euro s'aligne rapidement et à ce que le reste des pays remplisse également rapidement les critères de l'euro grâce à des transferts (fonds de cohésion).
    L'appel à un euro du Nord et à un euro du Sud, qui diviserait la zone euro en deux, est l'expression d'une Europe à plusieurs vitesses, pensée de manière cohérente, qui veut éviter une Europe reposant sur le transfert sans remettre en question l'unification européenne.
    Le discours sur le noyau dur de l'Europe, qui englobe le Benelux, la France et l'Allemagne, a une tradition nettement plus longue. Jusqu'à présent, cette idée ne s'est concrétisée que par la création d'unités militaires communes.
    Parfois, la notion de noyau européen se réfère à l'"Europe intérieure", qui prend alors comme référence commune l'adhésion à l'OTAN, la participation aux accords de Schengen et l'euro, et qui englobe des États aussi différents que l'Allemagne, le Portugal et l'Estonie. (EL)

    L'Europe des patries
    Le slogan d'une "Europe des patries" est particulièrement apprécié parmi les populistes de droite, de l'AfD au Rassemblement national. L'expression remonte au général et président français Charles de Gaulle (1890-1970), qui l'a forgée au début des années 1960 pour la distinguer des "États-Unis d'Europe" et de l'intégration européenne qui y était liée.
    Avec ce concept, De Gaulle voulait satisfaire les intérêts nationaux des différents États et assurer le rôle de leader de la France face à l'influence américaine. La France devait rester le centre de l'Europe et les autres États devaient s'organiser autour d'elle comme un anneau satellite.
    Un noyau européen carolingien composé de la France, de l'Allemagne et des pays du Benelux devait ouvrir la voie et, par son rayonnement, favoriser la détente et les rapprochements entre les blocs. L'objectif à long terme était une "Europe de l'Atlantique à l'Oural". En 2018, on entend généralement par "Europe des patries" une alliance de coopération d'États-nations souverains coopérant dans certains domaines.

     

    Les pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif incombent aux États membres respectifs et il n'y a pas d'autorité centrale. La position hiérarchique des différents États d'une telle Europe est caractérisée par une tension permanente, car les questions d'hégémonie militaire et économique ne sont pas soumises à une régulation extérieure, mais dépendent de la fidélité aux traités et des relations diplomatiques des différents États.

    (TLW)

    L'Europe des régions
    L'idée d'une "Europe des régions" a régulièrement circulé au sein de la droite au cours des dernières décennies. Ce concept a d'abord été associé au penseur du fédéralisme et de la subsidiarité Denis de Rougemont (1906-1985) et à son image de l'Europe aux nombreuses régions associées qui, grâce à la participation des citoyens et à l'autogestion, rendraient l'État-nation superflu.
    Guy Héraud (1920-2003) a poursuivi ce travail en se concentrant sur le libre développement des minorités ethniques dans une Europe régionaliste grâce à la suppression des États centraux. Dans le sillage de Rougemont et d'Héraud, Henning Eichberg (1942-2017), par exemple, a proposé de dissoudre l'État-nation et de le remplacer par des dizaines de régions.
    Alain de Benoist a, un temps, défendu une image similaire de l'Europe comme mosaïque d’unités régionales spécifiques, avant de trouver la triade "région, nation, Europe", dans laquelle aucun niveau ne doit plus être absolutisé. Felix Menzel, qui réanime à notre époque le concept d'une Europe structurée par régions, part du principe "qu'une Europe des régions n'est pas une construction de rêve qui méconnaît les dangers de la fragmentation. Il s'agit simplement d'un premier pas pour remplacer le pouvoir abstrait de la domination bureaucratique par un ordre gérable conforme à ce que les gens souhaitent localement".
    Les approches de la droite libérale quant à une "Europe des régions" sont également connues. Hans-Hermann Hoppe s'attend à une "guerre civile fiscale" en Europe, car les différences régionales et nationales entre les cultures économiques sont trop importantes.
    Il espère qu'après l’effondrement des États-nations d'Europe et de l'UE, des sociétés de droit privé indépendantes et structurées par régions verront le jour.(BK)

    Un empire latin
    Au printemps 2013, le philosophe italien Giorgio Agamben (né en 1942) a publié un court article intitulé "Un empire latin contre la suprématie allemande". Agamben y reprenait des idées que le philosophe Alexandre Kojève (1902-1968) avait adressées à Charles de Gaulle en 1945 dans un essai intitulé L'Empire latin.
    Kojève affirmait alors que l'Allemagne redeviendrait en peu de temps la première puissance économique d'Europe, reléguant ainsi la France au rang de puissance européenne secondaire. Kojève partait également du principe que les États-nations allaient disparaître.
    Ceux-ci devraient, par analogie avec le remplacement du féodalisme par l'État-nation, céder la place à des entités politiques dépassant les frontières nationales. Il a appelé ces entités "empire". L'Empire soviétique et l'Empire anglo-saxon (composé du Royaume-Uni et des États-Unis) lui semblaient être des modèles à suivre.
    La France devrait donc se placer à la tête d'un empire latin qui réunirait les grandes nations latines, la France, l'Espagne, l'Italie, sur le plan économique et politique. Agamben associe à cette idée une critique de l'UE réellement existante, comme entité fragile.
    A l'idée économique, il oppose celle des héritages culturels et des modes de vie, qui risquent de disparaître dans la volonté d'unité de l'UE dominée par l'Allemagne. Agamben reprend également l'affect anti-allemand de Kojève, qui voulait faire de l'Allemagne un Etat agraire et la mine de charbon de l'Empire latin.
    Si cet article d'Agamben n’a guère suscité de réactions d'indignation, c'est surtout parce qu'il ne réclamait pas d'empire germanique et restait discret sur les possibilités d'unification offertes à d'autres héritages culturels et modes de vie.
    Agamben ne fait pas référence aux réflexions de Mussolini, qui considérait les peuples romans comme des alliés naturels. (EL)

    L'Eurosibérie
    Le concept aventureux d'un "Empire solaire eurosibérien" est dû au Français Guillaume Faye (né en 1949), qui part du principe que, suite à une convergence de catastrophes économiques, écologiques et politiques, une réorganisation multipolaire du monde devrait avoir lieu.
    Cette réorganisation implique l'effondrement des États-nations européens et la formation de nouveaux collectifs régionaux qui s'unissent finalement à la Fédération de Russie pour former la "Grande Patrie", une fédération eurosibérienne.
    Cette conception repose sur la conviction de Faye que la Fédération de Russie possède une plus grande stabilité que le noyau européen dans une période de catastrophes. Par ailleurs, Faye voit dans l'union de l'Europe et de la Russie une nécessité géopolitique, notamment en ce qui concerne les ressources naturelles.
    Alors que dans le modèle de Faye prévalent au niveau mondial des blocs quasi-impériaux qui rappellent la pensée de Schmitt sur les grands espaces ou les théories géopolitiques des eurasistes, les différentes régions de sa fédération sont autonomes à bien des égards, par exemple en ce qui concerne les questions de système politique, de langue, d'éducation et de culture.
    Dans ses écrits, Guillaume Faye souligne toujours que sa prétention n'était pas de présenter un concept d'organisation de l'espace prêt à l'emploi. Il s'agissait plutôt pour lui de montrer l'image d'un ordre post-catastrophique possible. La Fédération eurosibérienne doit donc être considérée moins comme un modèle achevé que comme un réservoir d'idées qui ne peuvent être comprises que dans le contexte de ses autres approches théoriques ("convergence des catastrophes", "archéofuturisme"). (TLW)

     

    République d'Europe
    Ulrike Guérot (1964), grâce à ses nombreux articles d'opinion, ses participations à des talk-shows, ses livres-programmes et sa position de professeur/chercheur dans le domaine de la politique européenne et de la démocratie, est la défenseur libérale de gauche la plus connue d'une "République d'Europe".
    Dans cette république, les nations classiques ne sont pas considérées comme des éléments constitutifs parmi d'autres, mais doivent être niées comme "dépassées". La fondatrice du European Democracy Lab (EDL) est le prototype de l'idéaliste européenne, qui sur la base d’analyses en partie justes - par exemple la "nostalgie d'une autre Europe" distincte de l'UE, la critique des réponses égoïstes et économistes – en arrive, du fait de son manque d'attachement aux patries charnelles et à leurs terroirs, à des conclusions fondamentalement erronées.
    "Son" Europe, au-delà des idées des Lumières et du cosmopolitisme, ne connaît pas de particularités ethniques, religieuses ou culturelles qu'il faudrait préserver en tant qu'héritage authentiquement européen. Le citoyen de la "République d'Europe" vit sans attaches, donc par hasard, sur le territoire de l'Europe.
    Elle exige le droit de vote pour tous les habitants de l'Europe, qui devraient élire un gouvernement central. Son modèle prévoit un député pour un million de voix et contient la rupture totale des liens nationaux : un Européen, une voix.
    On trouve également chez Guérot la revendication de la dissolution des États-nations : 60 à 80 régions et "métropoles" les remplaceraient, un État unitaire européen servant de structure chapeau. Une particularité de Guérot et de ses partisans : la politologue est favorable à la création de nouvelles villes pour les réfugiés et les immigrés extra-européens, au sein de la République d'Europe.
    Qu'il s'agisse de la "nouvelle Alep" ou de la "nouvelle Damas", les Européens devraient autoriser la création de nouvelles agglomérations, tout comme les Européens pouvaient autrefois créer de nouvelles colonies en Amérique - Guérot n'inclut pas les différences culturelles des nouveaux immigrants dans sa comparaison.
    La fondation de la République européenne est prévue pour le 8 mai 2045. La question de savoir si, d'ici-là, elle trouvera un peuple pour celle-ci reste ouverte. (BK)

    Erik Lehnert, Benedikt Kaiser et Till-Lucas Wessels (Sezession 86, Octobre 2018)

    Traduction Métapo infos, avec DeepL

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  • L'empire qui viendra...

    Les éditions Ars Magna viennent de publier un recueil de textes de Jean Thiriart sous le titre L'empire qui viendra. Pour découvrir qui était Jean Thiriart, le penseur d'une Grande Europe de de Reykjavik à Vladivostok, on pourra également lire avec profit Le prophète de la grande Europe, Jean Thiriart (Ars Magna, 2018) et  le Thiriart (Pardès, 2016), de Yannick Sauveu, publié dans l'excellente collection Qui suis-je.

     

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    " Jean Thiriart (1922-1992) fut, au XXe siècle, le principal théoricien de l’Europe-Nation ainsi annoncée dès le début des années 1960 dans Le Manifeste à la nation européenne : « Notre devoir est d’édifier une grande patrie : l’Europe unie, puissante, communautaire. Nous voulons une Europe résolument unitaire. L’Europe fédérale ou l’Europe des patries sont des conceptions qui cachent le manque de sincérité et la sénilité de ceux qui les défendent. Nous refusons l’Europe théorique. Nous refusons l’Europe juridique. Nous condamnons l’Europe de Strasbourg pour crime de trahison. L’Europe sera une nation ou elle ne sera pas indépendante. À cette Europe juridique que nous refusons, nous opposons l’Europe légitime, l’Europe des peuples, notre Europe. Nous sommes la nation européenne ».

    L’Empire qui viendra rassemble deux documents fondamentaux pour comprendre la pensée de Jean Thiriart. Ceux-ci, rédigés à la fin des années 1980 et au tout début des années 1990, prouvent qu’il resta fidèle à ses idées d’origine tout en intégrant la dimension eurasienne dans sa vision du monde. "

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  • Un prophète de la grande Europe...

    Les éditions Ars Magna viennent de publier un ouvrage intitulé Le prophète de la grande Europe, Jean Thiriart, qui rassemble des entretiens avec le fondateur du mouvement Jeune Europe, ainsi que des articles écrits par lui ou par de grands témoins qui l'ont fréquenté personnellement ou intellectuellement.

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    " Rares sont les Français chez qui le nom de Jean Thiriart évoque un souvenir. Pourtant de 1960 à 1969, au travers de l’organisation européenne transnationale Jeune Europe et du mensuel La Nation européenne celui-ci anima la première tentative, restée inégalée, de création d’un parti nationaliste-révolutionnaire européen, et définit clairement dans ses écrits ce qui forme maintenant le corpus doctrinal du mouvement NR.

    Après son retrait de la politique militante, Jean Thiriart continua de penser à l’avenir de l’Europe et d’écrire. Plusieurs entretiens qu’il donna furent publiés dans des revues depuis longtemps introuvables, quelques articles connurent un sort identique, tant et si bien que son œuvre était devenue totalement inaccessible. Il convenait donc d’en rééditer les éléments les plus signifiants, tout en les mettant en perspective grâce aux témoignages et critiques de militants ou journalistes qui l’ont connu ou beaucoup lu. "

     

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  • L'autre tiers-mondisme...

    Les éditions Akribéia viennent de publier un essai de Philippe Baillet intitulé L'autre tiers-mondisme - Des origines à l'islamisme radical. Traducteur d'italien, spécialiste d'Evola et collaborateur de nombreuses revues, Philippe Baillet est déjà l'auteur de Pour la contre-révolution blanche - Portraits fidèles et lectures sans entraves,(Akribéia, 2010) et de Le parti de la vie - Clercs et guerriers d'Europe et d'Asie (Akribéia, 2015).

     

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    " Le fait de parler d’un « autre tiers-mondisme », différent du tiers-mondisme progressiste, peut dérouter mais se justifie. En effet, s’appuyant sur une documentation très variée – du modeste bulletin militant à l’ouvrage classique – et puisant à des sources francophones, allemandes, italiennes, britanniques et nord-américaines, cet ouvrage met au jour un important corpus de textes, qui va des lendemains de la Grande Guerre à nos jours.
    À travers eux, l’ « autre tiers-mondisme », en cela bien antérieur à l’apparition de la formule « tiers-monde » en 1952, se dévoile comme inséparable d’une tentative de Troisième Voie européenne. Celle-ci s’affirme d’abord avec le préfascisme de D’Annunzio, se poursuit avec les nationaux-révolutionnaires allemands ou encore avec la gauche nationale-socialiste (des frères Strasser à Johann von Leers). Mais la « solidarité anti-impérialiste » ne passera jamais, aux yeux de Hitler et de Rosenberg, avant la « défense de la race ». Après 1945, l’ « autre tiers-mondisme » refait surface chez Maurice Bardèche admirateur de Nasser ou chez François Genoud soutien actif du FLN. Il trouve son théoricien proprement politique avec Jean Thiriart, auprès duquel se forme Claudio Mutti, ensuite favorable à la révolution islamique d’Iran et converti à l’islam.
    Ainsi se précisent les contours d’un « parti islamophile » présent en Europe de l’Ouest sous une forme « docte » et culturelle, qui doit beaucoup à l’influence de l’œuvre de René Guénon, et sous une forme « simple » et politique, dont les écrits d’Alain Soral sont la dernière expression en date.
    À l’heure où l’islamisme radical incarne de plus en plus la forme agressive du flot montant des peuples de couleur contre la race blanche, cette somme, caractérisée par le sens de la profondeur historique, remet dans leurs vraies perspectives de nombreuses questions d’une brûlante actualité. "

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